• Rose-Croix (7)

    LA PHILOSOPHIE
    ROSICRUCIENNE

     

    Le profond mystère qui a toujours entouré les Rose-Croix les a fait considérer pendant
    longtemps, même par des gens éclairés, comme des êtres un peu chimériques ou fantastiques.
    En effet, l'histoire officielle, telle qu'elle est enseignée dans les Universités ; n'en dit rien ou
    bien peu de chose et pour avoir quelques renseignements sur eux, il faut aller les chercher
    dans une littérature dont le grand public se tient généralement à l'écart. Aussi, beaucoup de
    personnes les considèrent nécessairement comme des thaumaturges ou des nécromanciens1,
    ayant des attaches profondes avec l'histoire du merveilleux du Moyen Age et avec les
    légendes dont les chroniques d'alors sont remplies.
    L'élite intellectuelle française a fait heureusement justice de toutes les erreurs qui ont eu cours
    sur les Rose-Croix, et il n'est plus nécessaire de la convaincre aujourd'hui.
    Le but de l'Ordre mystique des Rose-Croix depuis le Moyen Age a été d'éclairer de toute la
    lumière scientifique des vérités occultes le Christianisme incompris et déformé, et d'élever
    ainsi spirituellement par degrés la pensée et l'activité humaines, pour préparer l'avènement
    d'une époque future où l'humanité pourrait comprendre, accepter et mettre journellement en
    pratique les enseignements sublimes du Christ.
    Les Rose-Croix ont été ainsi les gardiens fidèles des connaissances sacrées sur les grands
    Mystères de l'Univers, de la Vie et de la Mort, qui remontent a une antiquité des plus reculées,
    qui se retrouvent dans les mystères égyptiens d'Hermès Trismégiste, et qui, à travers la
    Palestine et la Grèce antique, à travers la Bible, les Mystères d'Orphée, les Ecoles de Platon et
    de Pythagore sont parvenues jusqu'à nous. Par leur activité incessante dans le domaine
    scientifique, basée sur la recherche et l'étude des lois éternelles de la Nature, ils ont préparé
    les voies où la science moderne a pu s'engager; et qui devaient la conduire à ses découvertes
    les plus belles et les plus fécondes. Par leurs inlassables efforts dans le domaine mystique, où
    ils n'ont cessé de combattre sans relâche la terrible menace du matérialisme, ils ont été et sont
    toujours les guides spirituels des races de l'Occident vers cette ère future où le vrai
    Christianisme pourra enfin s'épanouir.
    La philosophie des Rose-Croix constitue un ensemble de connaissance occultes précises,
    rigoureusement logiques, le plus complet que l'on puisse rencontrer. Elle est comme un monument majestueux et grandiose où tout s'enchaîne dans une harmonie parfaite où pas un
    point ne reste obscur, où pas une question ne trouve sa réponse. Une des bases essentielles de
    cet ensemble est la Loi de Réincarnation. Cette loi n'est pas une conception de l'esprit ; elle
    est, au contraire, l'expression d'une des vérités éternelles de l'Univers. Elle nous enseigne que
    lorsque l'homme entre dans l'au-delà par le portail de la Mort, il ne quitte pas notre terre pour
    ne jamais plus y revenir. II retourne dans les Mondes Spirituels dont il est venu, pour y
    assimiler le fruit des expériences vécues durant son existence terrestre et pour préparer les
    conditions et les circonstances dans lesquelles il reprendra plus tard son activité dans le
    Monde Physique.
    Après un temps plus ou moins long passé sur les plans invisibles, il revient ici bas parmi
    nous ; il s'incarne à nouveau comme un petit enfant pour commencer et vivre une nouvelle
    existence, au cours de laquelle il passera par d'autres expériences. Et il reviendra ainsi sur
    terre un grand nombre, un très grand nombre de fois, dans une longue série de vies
    successives, pour progresser chaque fois un peu plus dans la voie de son évolution, pour
    gravir insensiblement, pas à pas, le sentier qui doit le conduire vers les sublimes hauteurs
    spirituelles. La Réincarnation est la seule explication possible des inégalités que nous
    constatons autour de nous dans le sort des divers êtres, et que nous sommes trop souvent
    tentés, dans notre ignorance de qualifier d'injustices.
    Ces inégalités s'expliquent aisément, de la manière la plus logique, par le fait que tous les
    êtres se trouvent d'une part à des degrés d'avancement différents, et que d'autre part, ils
    subissent dans chaque existence les effets des causes qu'ils ont créées eux-mêmes par les actes
    de leurs vies précédentes.
    La Philosophie des Rose-Croix n'est pas seulement un ensemble grandiose de connaissances
    occultes ; elle contient davantage encore. Elle est une école de la plus haute morale, de la
    morale chrétienne la plus élevée, basée sûr le vrai christianisme ésotérique. Ce qui rend cette
    morale si belle, c'est que, malgré ce nom de morale qui paraît sévère, elle n'est ni austère ni
    renfrognée. C'est une morale souriante, parce qu'elle est aimante ; et elle est aimante parce
    qu'elle exprime l'Amour Divin que le Christ est venu nous apporter sur terre. Elle tend à
    élever spirituellement l'humanité vers l'idéal du christianisme, c'est-à-dire à. faire naître et
    s'épanouir de plus en plus en elle le sentiment d'un altruisme exalté qui, seul, pourra nous
    donner plus tard la vraie Fraternité des hommes et des peuples. Et cette Fraternité Universelle,
    qui fera revivre sur terre l'âge d'or, l'âge du bonheur, il n'y a pas de lois, ni d'arrangements
    sociaux, ni d'organisation nouvelle qui pourraient nous la donner, car les lois ne valent que
    par la moralité des hommes auxquels elles s'adressent. Tous les efforts faits sous le domaine
    des lois et de nouveaux arrangements sociaux ne seront qu'éphémères et stériles, tant que le
    coeur des hommes ne les aura pas acceptés et sanctionnés.
    Par ses enseignements occultes, scientifiques et rigoureusement logiques, sur les grands
    Mystères de l'Univers, de la Vie et de la Mort, la Philosophie des Rose-Croix donne un
    apaisement total à l'Intellect; c'est-à-dire à l'intelligence et à la raison. Une fois que l'homme
    aura compris la réalité de ces grands Mystères, une fois qu'il en aura saisi l'explication et la
    démonstration ; quand son intelligence et son raisonnement logique auront été satisfaits par
    l'harmonie majestueuse des vérités éternelles, quand il aura reconnu sous le voile illusoire de
    tout ce qui l'entoure l'universelle présence immanente du Divin, alors son coeur commencera à
    vibrer, pour parler à son tour, pour ajouter sa compréhension intuitive, à celle de la tête, c'està-
    dire de l'intelligence et de la raison. L'homme pourra comprendre alors et mettre enfin en
    pratique les enseignements sublimes du Christ.

    Cette union de tous les coeurs que prépare de longue date la philosophie des Rose-Croix se
    manifestera plus tard dans tous les domaines, de l'activité humaine, pour les fondre dans un
    tout unique qui comprendra même ceux qu'il semble impossible aujourd'hui de concilier.
    Autrefois, la Religion, la Science et l'Art étaient enseignés dans les Temples des Mystères,
    comme les trois expressions de la Sagesse. Ce sont les trois moyens d'éducation les plus
    importants pour élever l'homme dans la voie du progrès ; ils formaient alors une triade sacrée
    dont les anciens connaissaient la puissance, et c'est pourquoi ils étaient réunis dans un même
    enseignement.
    Au cours des siècles, cette triade s'est désagrégée peu à peu, et il s'est établi entre ses trois
    branches une scission profonde qui a pris le caractère de l'antagonisme le plus farouche. Ce
    fut d'abord la Religion, qui jugula par sa toute puissance la Science et l'Art, durant la sombre
    époque du Moyen Age où l'obscurantisme régnait en maître. L'Art n'obtint d'abord une liberté
    relative qu'en se soumettant totalement et servilement aux exigences de la Religion ; puis il
    finit par secouer victorieusement le joug à partir de l'époque de la Renaissance, tandis que la
    Science continuait à se courber devant les foudres de la Religion. Il n'y a que trois cents ans à
    peine que Galilée dut abjurer ses « erreurs » devant l’Inquisition. Mais si la Science est restée
    enchaînée longtemps encore après que l'Art se fût libéré, elle a pris, depuis, une formidable
    revanche, et, venant en aide au matérialisme, c'est elle qui à son tour terrassa la Religion.
    La suprématie de 1a Religion a été funeste à l'humanité ; l'ignorance, l'intolérance, le
    sectarisme et la superstition ont été la cause de maux cruels et de souffrances indicibles. Mais
    si la Science venait à bout de la Religion, ce serait bien plus désastreux encore, et nous
    assisterions à une catastrophe sans précédents, car l'Espérance, cette chose qui nous soutient
    ici-bas dans l'attente d'une vie meilleure, disparaîtrait sous les coups du matérialisme, de
    l'agnosticisme et du positivisme, pour nous laisser épouvantés devant le gouffre du néant.
    Mais cela ne sera pas. La réaction nécessaire contre cet état de choses a déjà commencé et se
    dessine de plus en plus. Il faut que cette réaction brise finalement toutes les barrières entre la
    Religion, la Science et l'Art. Mais, il faut pour cela que la Religion devienne scientifique,
    c'est-à-dire qu'elle soit basée sur la connaissance des vérités occultes ; il faut qu'à son tour la
    Science se spiritualise, c'est-à-dire qu'elle soit fondée sur l'Esprit unique universel, au lieu de
    s'appuyer sur la matière inerte et périssable, afin de devenir ainsi la collaboratrice de la
    Religion et son meilleur soutien.
    C'est à cela que s'emploie en définitive, la Philosophie des Rose-Croix. Elle tend à fondre
    l'Art, la Religion et la Science dans une seule Connaissance afin d'élever toujours davantage
    l'humanité vers le Beau, le Bien et le Vrai, dans cette voie lumineuse que le Christ lui a tracée
    et qui doit la conduire finalement vers la Divinité.