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Par metanoia1 le 30 Octobre 2010 à 21:00
Les Rêves dans la Kabbale
La Kabbale des Rêves
Ou l’utilisation des rêves dans la démarche kabbalistique.
« Quoique j’aie caché Ma Face à Israël, Je veux communiquer avec lui par des songes »
(Khag. 5b).
Par Spartakus FreeMann, Nadir de Libertalia, août-septembre 2004 e.v.
Ce court travail se veut plus dossier à l’usage de ceux qui voudraient comprendre
la place et l’utilisation des rêves dans les pratiques Kabbalistiques. Il n’est pas travail
académique ou dogmatique, il se contente d’exposer des faits ou des idées et laisse ainsi
la voie ouverte à ceux qui désireraient aller plus loin dans l’étude et la pratique de
l’onirisme kabbalistique, branche ou élément autonome de la Kabbale prophétique.
Nous savons l’importance des rêves dans l’équilibre de notre vie. Celui qui ne
rêve plus meurt, coupé sans doute de l’Autre Monde, le Souffle ne reste pas dans le sein
de celui qui ne peut plus être en contact avec les Sphères supérieure. Nous savons
également que tous les rêves ne sont pas des « lumières » transmises mais des digestions
psychologiques des événements de la vie de tous les jours. Nous savons en outre que les
rêves peuvent n’être que la conséquence d’une mauvaise alimentation ou de l’abus
d’alcool. Nous ne discuterons ici que des rêves « prophétiques », les rêves qui induisent
un changement dans notre vie et qui nous placent devant notre divinité, en contact avec la
Divinité supérieure. Selon les sages rabbi, les sujets des rêves touchent l’âme humaine et,
dans Berakhot 57b), on en parle comme une part de prophétie. Au travers des rêves, nous
communiquons avec toutes les entités des autres mondes, qu’ils soient anges, démons, ou
Dieu lui-même. Le rêve, selon les rabbis, est aussi une mise en contact de notre esprit
avec notre Neshamah, inconscient.
Selon Zohar I, 183b, « rien ne se matérialise dans le monde qui n’ait été d’abord
révélé à une personne dans un rêve » et Zohar I 251b, « les édits de la Cour Céleste sont
d’abord montrés aux enfants de l’homme dans les rêves, ensuite après un court laps de
temps, les choses arrivent ».
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Un rêve peut nous révéler nos pensées intimes les plus secrètes et les plus
refoulées, nos peurs, nos aspirations, nos désirs (voir Berakhot 55b). En un mot, le rêve
est une arme, un élément de pouvoir que possède l’humain pour comprendre et
appréhender la Création et son Créateur. Toujours selon le traité Berakhot 55b, il y a trois
sortes de songes qui s’accomplissent : un songe matinal, un songe d’un ami qui nous
concerne, un songe interprété au milieu même d’un songe.
Les messages de nos rêves possèdent leur propre langage et leur interprétation est
une nécessité absolue comme cela nous est signalé dans Zohar I 183b, 199b : « un rêve
qui n’est pas interprété est comme une lettre qui n’est pas lue, il se réalisera même si l’on
n’en est pas conscient ». Le langage des rêves (et des visions) suit un système d’images
qui a la capacité de nous frapper plus efficacement que n’importe quel autre langage.
L’image se passe de mots pour communiquer avec nous et son message est plus
rapidement appréhendé par notre esprit, et notre âme. Enfants n’avons-nous pas d’abord
connu le monde par les images que par les mots ?
« Le Créateur nous a modelé afin que la part divine de notre âme puisse être
d’une certaine manière détachée durant le sommeil de ses liens physiques. Les aspects
supérieurs de l’âme sont élevés et séparés du corps. Un aspect de la part divine de l’âme
reste avec la part inférieure de l’âme. Les aspects détachés se meuvent dans certains
royaumes spirituels et sont impliqués là, soit avec des forces spirituelles qui se trouvent
dans la nature, soit avec des anges ou des démons. Ils expérimentent ce qui leur est
déterminés en ce royaume. Parfois, alors qu’ils se trouvent dans les sphères supérieures,
ils peuvent transmettre des informations reçues à l’âme qui est restée en bas. Cela
réveille l’imagination et cause des images mentales. Parfois l’information est vraie et
parfois elle est fausse, selon la source de ces informations. L’information elle-même
entre dans l’imagination et se mêle avec les autres pensées, désirs et phénomènes
physiques qui en perturbent la transmission. D’autres fois, les informations parviennent
clairement » (Rabbi Moshé Chaïm Luzzatto, La Voie de Dieu, III1:6).
Selon le Talmud (Berakhot 55b), il y avait du temps du Second Temple, 24
interprètes des rêves qui en faisaient leur profession. Un jour Rabbi Bina’ah eut un rêve
et il se rendit chez chacun des interprètes afin d’en connaître la signification. Les 24
interprètes donnèrent une signification différente. Cela pourrait signifier que les 24
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interprétations étaient fausses, mais, toutefois, Rabbi Bina’ah relate ensuite que les 24
interprétations se réalisèrent toutes. Cela signifie donc le rêves s’est accompli en 24
modalités différentes dans la vie de Rabbi Bina’ah. Cela nous suggère ici que
l’interprétation du rêve est toute aussi importante que le rêve lui-même et le Zohar I 183a
nous met en garde : « on ne doit jamais raconter son rêve à n’importe qui si ce n’est à un
ami proche ».
« Celui qui est capable de discerner le contenu de l’imagination est quelqu’un qui
est libre des désirs physiques comme Joseph, qui conquit le désir pour les femmes, et
Daniel qui conquit le désir pour la nourriture. Ils pouvaient interpréter les rêves. Cela
parce que la racine de toutes pensées réside dans nos désirs. Les désirs provoquent
l’imagination dans l’esprit. Quelqu’un absorbé par les pensées contrôlées par les désirs
ne peut extraire l’essence de la vérité qui repose au sein de ces pensées » (Tzidkas
HaTzaddik, Section Sept, Note 203).
Le Talmud, traité Berakhot est rempli d’instructions concernant les interprétations
des rêves et le Rabbi Shelomo Almoli a écrit également un magnifique manuel
d’interprétation des rêves, le Sefer Pitron Halamot.
Voici quelques exemples d’interprétations qui sont données par le Zohar :
- voir un chameau (gemal) dans un rêve est le signe que l’on a été condamné à
mort mais que l’on a été épargné de la sentence (Zohar II, 236a).
- voir la lettre Teth signifie du bon dans l’avenir (Zohar II, 230a) car cette lettre
est l’initiale du mot « tov », bon.
- voir du vin dans un rêve si l’on est Rabbi signifie « bon » (Zohar III, 14b), car
l’étude de la Torah est comme le bon vin.
On peut se demander, en repensant à l’histoire de Rabbi Bina’ah, pourquoi les
interprétations peuvent différer. En fait, puisque nous sommes dans le monde des
archétypes, il est normal que ce que verra un Rabbi selon sa propre conception du monde
différera de ce que verra un autre Rabbi. Les rêves sont donc individuels par leur
interprétation car un même archétype, ayant une base commune à tous, sera adapté de
manière différente par la psyché de telle ou telle personne.
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Un autre avertissement nous est donné par le Zohar (I, 150b) : « certains rêves
sont vrais et d’autres sont des mensonges » qui fait suite à Berakhot 55a « il n’y a aucun
rêve qui n’ait une part de mensonge en lui ». Ainsi, dans le message du rêve se glissent
des éléments perturbateurs, des parasites qui doivent être analysés comme tels et rejetés
lors de l’interprétation. De plus, il est certain que tous les rêves ne proviennent pas de
source divine ou sainte. Il se peut en effet qu’ils soient la résurgences de pulsions
enfouies et destructrices. L’univers des rêves est le royaume de l’inconscient et comme
tel il est le domaine du bien ET du mal. « Lorsque l’âme d’un homme s’élève lorsqu’il
dort, si il est un pécheur alors son âme est rejetée dans le lieu des forces et puissances du
mal, c’est pourquoi si l’on se voit dans un rêve dans un autre pays » (Zohar III, 222b).
Les rêves peuvent également être utilisés afin d’invoquer non des anges mais des
démons qui doivent répondre dans le domaine onirique aux questions posées par le
pratiquant : « Les manières licites de pouvoir appeler chaque puissance maléfique ou une
puissance satanique est d’invoquer son nom et ainsi qu’il te sera dit, c’est le vrai ; tu dois
dire « Je te jure telle et telle Ammon de Non, le ministre de l’impureté, siégeant au côté
gauche de Samaël, viens avec un arc recourbé dans ta main droite, et l’abomination de
la croix dans ta main gauche, viens juste cette nuit, dans un rêve, ou ce jour dans un rêve
et accomplis mon souhait en paroles ou sans paroles ». Ensuite, fais ton voeu. Et il
viendra et se révélera à toi sous la forme d’un homme chevauchant un âne noir ou un âne
blanc, dans ces deux formes il se révélera à toi » (cité dans Scholem « Le Maggid » p.
109). Il est interdit d’invoquer les démons dans la tradition juive et ici, par le biais du
monde des rêves, la Kabbaliste ne transgresse aucun interdit. Il sort de la sphère
temporelle et se transporte dans les sphères spirituelles où l’interdit ne semble pas jouer.
« Je t’invoque et te demande de paraître immédiatement, sans délai ni obstacle, viens à
moi dans un rêve de jour ou dans un rêve de nuit, pendant que je dors, et non lorsque je
suis éveillé » (Sefer ha-Meshiv cité par Scholem dans « The Maggid », p. 109).
Les seuls moyens d’éviter de tomber sous l’influence de démons ou d’esprits
impurs lorsque l’on entre dans le royaume des rêves sont : réciter le Shema Israël, ainsi
que des prières qui se révéleront de très bonnes protections pour le voyage nocturne.
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Un point important avec les rêves c’est que l’élément psychologique et l’élément
spirituel sont UN. On ne doit donc pas rejeter les éléments psychologiques des rêves car
eux aussi ils peuvent nous apporter un message. Cela est souligné par Zohar I, 199b :
« on doit se souvenir d’un bon rêve, et alors il se réalisera ; cependant, si le rêve est
oublié dans le coeur de l’homme, il sera également oublié dans le monde supérieur ».
« Dans un rêves, une vision de la nuit, … alors Il ouvre les oreilles des hommes…
afin qu’Il puisse guider l’homme dans sa conduite » (Job 33, 16-17). Les rêves nous sont
donnés afin de guider notre conduite et nous aider à retourner vers Dieu. Le Zohar III,
105b nous dit : « quelqu’un qui n’a rien de révélé par ses rêves est appelé démon ». Les
rêves implantent des messages dans le plus profond de notre psyché, une forme de
programmation qui ne préjuge en rien de notre libre-arbitre, puisque nous pouvons
décider encore d’oublier ces rêves.
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Dans la Kabbale, selon Zev ben Shimon Halevi, les rêves sont répartis en trois
catégories. La première concerne les événements immédiats qui sont liés à la triade de
Yessod, le lieu de l’ego, qui apportent dans les rêves les moments relatifs aux activités
mondaines. La seconde se focalise sur Tiphereth, le lieu du Moi. Là, les inquiétudes de
l’âme sont ramenées de l’inconscient et projetées sur l’écran de Yessod durant le
sommeil afin que l’attention de l’ego soit éveillée à ces problèmes. La troisième catégorie
de rêves au sein de la Kabbale est nommée « prophétique ». Selon la tradition, l’âme,
durant le sommeil, est libre de voyager dans le Monde de la Formation, ce genre de
voyage s’apparente aux voyage en astral. Il est dit que ceux qui ont atteint un
développement spirituel suffisant sont alors capable de s’élever vers Yetsirah et de là vers
Briah, le lieu où l’âme est alors en contact avec l’Esprit, ou Rouach ha-Kodesh, qui peut
conférer à celle-ci des visions prophétiques par le biais des rêves.
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Le mois de Kislev, les rêves et le Messie.
Le mois de Kislev est considéré par les sages de la Kabbale comme le mois des
rêves par excellence. Ce mois est le neuvième mois juif, et sur le pectoral du Cohen ha-
Gadol, la neuvième pierre était l’améthyste ou « achlama », or, selon le Radak, on peut
rapprocher ce mot de « chalam » (,lx), rêve, et il nous dit à ce propos en son Livre des
Racines Hébraïques, « celui qui porte une améthyste à son doigt aura sans aucun doute
des rêves ».
De la racine « chalam » provient également le mot « hachlama » qui signifie santé
en général (à la fois physique et mentale). Selon certains, l’émergence d’un rêve dans
l’âme est similaire au phénomène d’une personne malade qui sue et qui en suant se
débarrasse des mauvaises humeurs.
A ce sujet, le Bahir (40) nous dit : « Ses disciples lui demandèrent : Que signifie
le point voyelle holem (,lvx)? Il leur répondit : C’est l’âme et son nom est holem
(rêveur) ; si tu lui obéis, tu guériras ton corps dans les temps à venir : Mais si tu te
révoltes contre elle, tu tomberas malade, et elle aussi ». On remarque ici que le mot
« holem » qui sert à désigner le point voyelle « o » est apparenté au mot hachlama qui
désigne guérison comme nous l’avons vu. Les trois mots « holem, hachlama et chalam
(rêve) » dérivent de la même racine. Dans l’édition du Bahir par Gottfarstein, on peut lire
en note : « Il est curieux de remarquer que le mot Halon (]vlx), qui signifie « fenêtre »,
est également apparenté à la notion d’ouverture, ouverture sur ce qui donne sur
l’intérieur de l’être, soit sur ce qui lui est extérieur. Dans les deux cas l’espace humain
gagne en profondeur et en hauteur ».
Le Bahir (41) continue ainsi : « Et on dit encore : Chaque rêve est dans le
domaine du holem de même que toute perle blanche découle de veahlamah » (Exode
28 :19).
Dans la Bible, celui qui connaît l’interprétation des rêves est Joseph le Tsaddik,
qui est le guérisseur des âmes (et lorsque l’âme est saine le corps l’est aussi). Joseph
« entend un rêve afin de l’interpréter » (Genèse 40, 15), il comprend la lumière intime, la
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dimension de l’âme du rêveur qui lui relate son rêve et donc, il sait comment interpréter
son rêve.
Le mois de Kislev se termine avec la fête de la Chanukah et le lien entre les rêves
et la Chanukah est rendu claire par la Torah Or de Rabbi Schneur Zalman de Liadi. Dans
ce livre, le lien est établi entre le Psaume 126 « nous seront comme des rêveurs » et le 25e
jour de Kislev qui marque la Chanukah. L’huile de la Chanukah est « l’huile pour la
lumière », la source de lumière que le Messie révélera. La vasque d’huile pure est le
secret de la révélation de la source divine des rêves, manifestations de l’essence de Dieu,
le niveau où les paradoxes sont levés et où les opposés sont unis. Le Targum traduit
« nous étions des rêveurs », « nous étions des malades et nous avons été guéris ». Le rêve
de l’exil, vécu en cette vie, est l’aspect de la maladie qui sera guérie par le Messie par le
rêve de la rédemption. « Nous étions comme des rêveurs » (hayinu k’cholmim)
commence par les lettre Kaf et He (25) qui font références au 25e jour de Kislev qui
débute la fête de Chanukah qui dure 8 jours. Huit (qui a la même racine que huile,
« shmone », « shemen ») est le nombre du Messie car sa lyre comporte huit cordes qui
font le parallèle avec les huit jours de Chanukah. Huit est le secret de « az » (alors).
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Prière à dire par ceux qui ne se souviennent pas de leurs rêves selon le traité
Berakhot.
« Seigneur de l’Univers ! Je suis Tien et mes rêves sont Tiens ; un rêve que j’ai
rêvé et dont je ne connais la signification… Si c’est un bon rêve, renforce et fortifie-le et
qu’il se réalise comme les rêves de Joseph ; mais si il doit être amendé, guéris-le comme
les eaux de Marah furent guéries par les mains de Moïses notre enseigneur, comme
Myriam fut soignée de la lèpre, comme Ezéchias le fut de sa maladie, et comme les eux
de Jéricho furent adoucies par les mains d’Elie. Et comme Toi Tu tournas la malédiction
des maudits de Ballam en une bénédiction, ainsi fais de mes rêves de bonnes choses »
(méditation du « Ribbono Shel Olam »).
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Contrôler ses rêves selon le Zohar.
Le Zohar nous enseigne différents moyens afin de changer la qualité de nos rêves,
ces moyens doivent être utilisés avant le sommeil afin d’être efficaces.
Contemplation et introspection : chaque matin nous sommes renouvelés – nos
âmes sont telles une nouvelle création. Afin d’aider à la re-création de l’âme, il faut être
attentif à bien repasser dans son esprits les événements de la journée, de les examiner de
manière critique, tenter d’expurger les éléments négatifs. Le tout est de rester honnête
avec soi-même et de ne rien se cacher. Il est nécessaire de se questionner sur les
problèmes de la journée, ainsi que sur les choix de vie à opérer. S’endormir avec un esprit
clair mais calme, il ne faut pas essayer de fixer les problèmes au niveau de la conscience
à ce moment proche de l’endormissement, il faut simplement les passer en revue. Posez
alors vos questions. Selon le Zohar, ces questions trouveront réponses dans vos rêves.
La prière et la méditation : nous pouvons utiliser différentes lettres le soir avant de
nous endormir. On peut soit vibrer ou simplement méditer ces lettres qui attireront alors
les énergies adéquates auxquelles elles sont liées pendant le sommeil. Les lettres aideront
en outre l’âme à s’élever dans les sphères supérieures afin d’y recevoir le message
attendu. On peut également utiliser la prière kabbalistique : « Sh’ma Ysrael Adonaï
Eloheinu Adonaï Echad ». C’est le Sh’ma qui est la prière unitive à Dieu. Elle est très
puissante comme aide à entrer en contact avec les sphères supérieures. Par la méditation
sur cette prière et les lettres qui lui sont attachées, nous permettons à notre âme de se
rattacher à la Source, facilitant ainsi le voyage de l’âme durant le sommeil.
Les « She’eloth halom » ou questions formulées dans le rêve sont un ensemble de
techniques qui visent à répondre à une question par un verset de la Bible. On interprète le
verset selon le contenu du rêve et de la question.
Le Kabbaliste Rabbi Isaac ben Samuel d’Acre nous raconte la chose suivante :
« Moi, le jeune Isaac d’Acre, je dormais dans mon lit, et à la fin de la troisième garde
une merveilleuse question m’a été donnée par rêve, une véritable vision comme si j’étais
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en état de veille, et la voici « Tu seras parfait avec le Seigneur ton Dieu ». Rabbi Isaac
observe alors toute une série de combinaisons de mots et de leurs équivalents numériques
qui se réfèrent au nom Divin YBQ, et « pense aux lettres du Tétragramme alors qu’elles
sont prononcées… en une rumination conceptuelle, intellectuelle, non en une voie qui
arrive à la gorge par le coeur… » (Sefer Ozar Hayyim, MS Moscou-Guensburg 775,fol.
100b-101a).
Le Kabbaliste apprend par les rêves la technique pour obtenir des réponses aux
questions posées dans les rêves. Il doit prononcer les lettres des noms divins que l’on
trouve dans les versets bibliques et dont les mots sont permutés. Puisque la prononciation
du Tétragramme est interdite, on prononce des permutations et des combinaisons de
lettres avec des lettres autres que celles du Tétragramme. Cette technique est très
similaire à celle employée par Aboulafia dont le système est entièrement basé sur les
permutations des lettres des noms divins (tserouf), sur leur méditation (hitbodedouth) au
sein de la Kabbale extatique ou Kabbale des Noms Divins. Même si Aboulafia n’a pas eu
recours à la technique des rêves, il y a donc des ponts certains entre ses pratiques et celles
visant au prophétisme onirique.
Voici ce qu’écrit Aboulafia dans son Sefer Hayyé Olam ha-Ba : « L’autre partie
[de la science traditionnelle de la Kabbale] consiste en la connaissance de Dieu au
moyen des 22 lettres dont les Noms Divins et les Sceaux [hotamoth ou combinaisons
différentes des lettres du Tétragramme] sont composés, avec leurs voyelles et leurs signes
de cantillation. Ils [les noms divins et les sceaux] parlent aux prophètes dans leurs rêves,
dans les Ourim ve-Toummim, dans l’Esprit Saint et pendant les prophéties ».
Un autre exemple de pratique oniromancienne de she’elat halom est fourni par le
Kabbaliste Rabbi Hayyim Vital qui recommande : « tu iras au lit, tu prieras la « Que Ta
volonté soit » et tu utiliseras les prononciations des noms divins écrits devant toi, et tu
dirigeras tes pensées vers les sphères mystiques auxquelles elles sont liées. Ensuite,
pense à ta question soit pour découvrir un problème lié à un rêve et aux choses futures,
soit pour réussir n’importe quelle chose que tu désires, et ensuite pose la question »
(Ketavim Hadashim, Rabbi Hayyim Vital (Jérusalem 1988), p. 8.).
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Ailleurs, ce Kabbaliste offre une technique de visualisation des couleurs afin
d’atteindre à la résolution de questions posées dans les rêves : « Visualise ce qui est audessus
du firmament « d’Aravot », il y a un grand rideau blanc sur lequel est inscrit le
Tétragramme, en écriture assyrienne d’une certaine couleur… et les grandes lettres sont
inscrites là, chacun aussi grande qu’une montagne. Et tu dois imaginer dans tes pensées
que tu poses ta question à ces combinaisons de lettres qui sont écrites là, et elles
répondront à ta question, ou elles placeront leur esprit en ta bouche, ou tu seras assoupi
et elles répondront comme dans un rêve ».
Enfin, pour en finir avec Isaac d’Acre, il faut noter qu’il utilisait souvent
l’expression « nim ve lo nim » qui signifie « état de vigilance et de non vigilance » afin
d’exprimer l’état dans lequel il se trouvait lors de ses pratiques oniriques. C’est dans ces
états intermédiaires de conscience que ses révélations lui furent données et il est plausible
de voir dans ce genre de pratiques une influence soufie (selon Moshe Idel dans « Les
Kabbalistes de la nuit » éditions Allia).
Une autre technique qui est élaborée sur les textes mystiques hébreux est le pleur
mystique. C’est-à-dire un effort pour atteindre un résultat direct d’un pleur qui est
provoqué. Le résultat recherché va de la conscience totale à la vision en passant par la
révélation prophétique.
Voici une histoire tirée d’un midrash (Kohelet Ecclésiastes-Rabbah 10:10) qui
donne l’exemple du pleur mystique comme procédé onirique d’obtenir des perceptions ou
communications paranormales : « Un des étudiants de Rabbi Siméon Bar Yochaï avait
oublié ce qu’il avait appris. En pleurs, il alla au cimetière. A cause de ses grands pleurs,
Rabbi Siméon vint à lui en rêve et lui dit : « Lorsque tu te lamentes, jette trois brindilles
et je viendrai ». L’étudiant alla chez un interprète des rêves et lui raconta ce qui était
arrivé. Celui-ci lui dit : « Répète ton chapitre [ce que tu as appris] trois fois et il te
reviendra ». L’étudiant fit ainsi et cela se réalisa effectivement ».
La corrélation entre les pleurs et la visite du cimetière semble se rapporter à une
pratique destinée à induire une vision. La technique est l’ensemble des pleurs, de la visite
au cimetière et de l’endormissement qui doit conduire le personnage à obtenir une vision
ou un rêve prophétique.
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La technique consistant à utiliser les pleurs afin d’obtenir une vision est un thème
développé par Abraham ha-Levi Berukhim, un des disciples de Louria. Selon lui, la
première condition du travail est le silence qui est suivi par « en toutes vos prières, à
chaque heure de l’étude, en un endroit difficile [de l’étude], que vous ne pouvez
comprendre et appréhender par la science propédeutique ou par quelque secret, tirez
alors les larmes les plus amères, et le plus vous pleurerez le plus vous vous lamenterez,
faites-le. Accroissez vos lamentations, tandis que les portes des larmes ne sont pas
fermées et que les portes supernelles vous sont ouvertes » (MS Oxford 1706, fol. 494b).
Hayyim Vital à ce sujet dit : « En 1566, la veille de Shabbat, le huit de Tevet, j’ai
récité le Kiddush et me suis assis pour manger ; et les yeux laissaient couler des larmes,
et j’étais triste depuis… que j’étais lié par la sorcellerie… et je me lamentai pour ma
négligence de la Torah pendant les deux dernières années… et parce que j’étais soucieux
je ne mangeais pas du tout, et je reposais sur mon lit sur le ventre, me lamentant, et je
suis tombé endormi de m’être lamenté, et j’ai rêvé de merveilleux rêves » (Sefer Ha-
Hezyonot (Livre des Visions), éd. A.Z. Aeshcoli (Jérusalem 1954), p. 42).
Un autre Kabbaliste, Rabbi Abraham ben Eliezer ah-Levi nous dit quant à lui :
« Les experts en conversations avec les anges serviteurs au moyen de la question dans un
rêve, ou au moyen d’une question dans un état de veille, savent que l’ange donne quelque
fois, d’une manière claire, une réponse qui suffit, et quelque fois au moyen d’une
allusion, une réponse douteuse, alors que ne revient pas aux anges serviteurs de
répondre à quiconque pose une question, a fortiori lorsque quelqu’un pose une question
concernant un point qui n’est pas approprié, ou lorsque l’ange n’a pas la permission de
dévoiler, ou ne connaît pas la réponse, parce que les anges serviteurs ne connaissent pas
tous les thèmes » (Igeret Sod ha-Gedoulah, Ms Oxford, Bodleiana 2569).
L’utilisation des techniques oniriques (questions des rêves, visualisations des
couleurs, les lamentations mystiques) par les Kabbalistes, mais aussi par les mystiques
juifs, démontre qu’ils considèrent que le mystique peut entrer dans les royaumes
supérieurs et que par ce contact, des messages peuvent guider le pratiquant.
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Au XVII° siècle, le mouvement sabbatéen à la suite de Sabbataï Tsevi, le Messie
juif, utilisera également les techniques oniriques, en voici quelques traces.
Dans une lettre à Rabbi Abraham Rovigo datée du 12 septembre 1677, Rabbi
Meir Rofe écrit au sujet de l’annonce de la mort de Sabbataï Tsevi : « Que ton coeur ne
soit s’évanouisse point, et dans une autre lettre je t’écrirai encore plus à ce sujet. En
attendant, tu dois poser une question par le moyen du rêve prophétique, à savoir
comment les mots de Sabbataï peuvent se réaliser après sa mort, et pourquoi et pour
quelle raison cela est arrivé, et si la mort est bien réelle. Cherche assidûment à ce sujet
et questionne le Maître des Rêves (Baal Chalom) afin qu’il te dise la vérité… et fais-moi
savoir ce qu’il t’a révélé » (cité dans Scholem, « Sabbataï Tsevi », pages 918-919). Nous
voyons ici que l’on questionne le «Maître des Rêves » qui est un Avatar de l’esprit divin
selon les sabbatéens.
Voici enfin le récit du rêve de Jacob Franck, l’héritier de Sabbataï Tsevi du
XVIIIe siècle. Les rêves de Franck étaient considérés par ses disciples comme étant de
nature prophétique et divine. Ils étaient pris non pas figurativement mais littéralement
comme expériences directes de son esprit selon les mots de Rabbi Eliezer :
« vagabondant sur toute la terre » ainsi que dans les sphères supérieures, et revenant afin
d’instruire ses disciples par ce qu’il y a vu.
« J’entendis une voix appeler « Vas et mène Jacob le Sage dans les Chambres. Et
lorsque tu l’y auras mené à la première chambre, je t’avertirai que le commandement est
sur toit d’ouvrir toutes les fenêtres et les portes devant lui ».
«Ainsi j’étais là, volant dans le vent. Et à ma gauche et à ma droite étaient deux
Vierges, comme ces beautés que l’on ne voit jamais. Dans ces Chambres, je vis
principalement des femmes et des Vierges. Certaines d’entres elles étaient des
enseignantes et des étudiantes. Et lorsque j’entendis un mot de leur discours, je compris
immédiatement tout ce qu’elles voulaient dire ».
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« Et là, il y avait un grand nombre de Chambres. Et dans la dernière, je vis le
Premier [c’est-à-dire Sabbataï] assis tel un maître avec ses étudiants, portant les habits
turcs. Et il se tourna vers moi et me demanda : « Es-tu ce Jacob le Sage ? J’ai entendu
parler de toi, que tu es un héro et que tu as une âme. Moi aussi je suis allé là où tu vas,
mais je n’ai pas la force de continuer. Si tu veux le faire, sois fort ! Et YHVH t’assistera.
Beaucoup de Pères ont pris de fardeau et ont échoué ».
« Et là il me montra par la fenêtre une étendue comme la Mer Noire, couverte du
noir le plus effrayant. Et sur le côté de l’étendue je vis une grande montagne qui
atteignait le ciel et je criai alors : ARRIVE CE QUE PEUT ! JE VIENS ! DIEU AIDE
MOI ».
Si l’on analyse ce rêve, l’on peut voir que les Chambres sont l’Arbre de Vie et ses
Sephiroth et l’ascension de Jacob est donc une ascension au sein de cet Arbre jusqu’à la
Chambre, ou la Sephira, la plus élevée. Dieu demande que les 32 Sentiers qui sont les
fenêtres et les portes lui soient ouvertes. Jacob, en ce rêve, se voit donner la permission
de s’élever dans les sphères célestes les plus hautes. Puisque Jacob nous parle de Vierges
sur les côtés, on peut suggérer qu’il s’élève par la Colonne du Milieu à partir de Malkhut,
principe féminin, lieu de résidence de Shekhinah, afin de se rendre à Kether où il
rencontre Sabbataï.
Franck se trouve alors devant Sabbataï qui lui montre une étendue pareille à la
Mer Noire. Il est alors en face de l’Aïn Soph Aur, la Lumière Sans Limite. Franck se voit
alors couronné Messie par Sabbataï par le fait de la divulgation de ce qui est au-delà de
Kether, lieu où seul le Messie peut se rendre.
Nous voyons ici que Franck par le prophétisme de son rêve confirme sa nature
messianique. La réalité même du rêve importe peu, ce sont les éléments divins ou
archétypaux qui importe. A n’en pas douter, Franck pu obtenir ce genre de prophétie par
les techniques oniriques chère à Sabbataï et à ses disciples.
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Les Rêves dans la Kabbale
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Ce travail est terminé pour nous, mais il commence pour vous. Peut-on conclure
quelque chose au point où nous en sommes ? A notre sens non, tout au plus pouvonsnous
juger telle ou telle autre pratique onirique comme étant valide ou non, si l’on se
donne la peine de les tester du moins.
Le monde des rêves, depuis la nuit des temps, est le lieu de rencontre de l’homme
et de la divinité, le lieu de tous les possibles. A l’aube de l’humanité, le monde onirique
était un outil social, interprété par un shaman ou un prêtre, ce monde et ses
avertissements étaient pris au sérieux. Le monothéisme ne pourra enfouir ce fait établi, il
n’est donc pas étonnant de voir les techniques oniriques implantées dans le judaïsme et
dans le courant de la Kabbale.
A l’heure actuelle, les rêves reviennent en force, leur étude depuis Freud et Jung
se développe, et plus personne aujourd’hui ne niera la valeur des avertissements et surtout
de l’importance psychologique de l’existence des rêves.
Osons espérer, en guise de conclusion finale, que les hommes suivent plus leurs
rêves et acceptent ceux-ci comme la révélation de leur nature profonde et supérieure.
Osons espérer que les hommes qui ont le destin de notre planète en leurs mains rêves
comme lorsqu’ils étaient enfants et être ce que Rabbi Nachman de Braslav entendait par
son « il est interdit d’être vieux ».
Spartakus FreeMann, 15 Ellul 5764.
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