• LA FRANC-MAÇONNERIE


    La religion de l’homme qui se fait dieu face à la religion du Dieu qui se fait homme (Paul VI)
    1. Un peu d’histoire
    Date et lieu de naissance
    Elle est née à Londres le 24 juin 1717, en la fête de saint Jean-Baptiste qui, avec saint Jean l’Évangéliste (27 décembre),
    est considéré comme le « patron » de la secte. La religion n’a rien à y voir : les deux dates correspondent aux
    solstices. Les loges « spiritualistes », pour témoigner de leur modération, placent une bible sur leur autel. Elle est ouverte
    au Prologue de « Jean » (et non pas saint Jean). L’équerre et le compas sont posés sur le livre. Tout sent
    l’équivoque, une équivoque du genre blasphématoire qui fait partie du système.
    Le milieu était favorable à cette éclosion. Nous sommes dans la patrie de ceux qu’on a appelés les théologiens matérialistes.
    La Franc-maçonnerie s’organisa en corporation, seul moyen légal d’exister à l’époque pour une association. Une
    corporation de maçons existait déjà. Face à cette « maçonnerie opérative », il y eut désormais une « maçonnerie spéculative
    ».
    Diffusion
    La franc-maçonnerie se répandit rapidement, en France, en Italie, dans les deux Amériques (surtout celle du Nord).
    « Dès ses origines l’Amérique s’est trouvée dans les mains des sociétés politiques sorties des loges » (Augustin
    COCHIN).
    Le secret des francs-maçons
    L’Église fut la seule à comprendre. En 1789, la secte avait déjà subi deux condamnations (bulle In Eminenti de Clément
    VII en 1738, confirmée par Benoît XIV en 1751). Outre son caractère subversif que nous verrons plus loin (le
    franc-maçon Louis Blanc avouait en 1842 : « Elle offrait partout l’image d’une société fondée sur des principes contraires
    à ceux de la société civile »), l’autorité pontificale s’en prenait au secret qui fait la force des loges. Le mystère entoure
    le programme, les membres, les délibérations. Chaque frère est tenu au secret vis-à-vis des autres frères et bien
    entendu des profanes.
    Note : la discipline du secret n’est pas forcément mauvaise. On peut s’y astreindre si le but est honnête et quand la
    publicité est gênante et compromet le succès d’une entreprise. Augustin Cochin montre comment, aussi bien chez les
    maçons que dans leur activité politique ou sociale, le secret a permis la mise au point des règles éprouvées de la manipulation
    des assemblées par une minorité. Notons d’autre part que des sanctions peuvent être prises contre tout
    maçon qui ne respecterait pas le secret (et pas seulement l’exclusion).
    Les armes utilisées sont la corruption, l’espionnage, l’intimidation, la passivité des masses. On exploite la peur,
    l’ambition.
    Toutes les sociétés fermées du 18e siècle se caractérisent par le secret. Elles l’ont toutes supprimé depuis, sauf les
    loges maçonniques.
    Un système de défense très au point.
    1) L’étude de la franc-maçonnerie demande du courage. Elle excite les accusations et les calomnies de la secte.
    Une historienne anglaise, Nesta Webster, n’a pas craint de les affronter. Voici ce qu’elle écrit : « La tactique
    des maçons est très astucieuse. On tente de ridiculiser l’oeuvre (écrite de l’adversaire) et de boycotter sa vente,
    ou de jeter le discrédit sur son auteur » (Secret societies and subversive movements, 1928).
    2) À longueur d’histoire, la maçonnerie essaie de faire croire aux Catholiques qu’elle n’est plus ce qu’elle était;
    qu’elle s’est « rangée ». Mais la vérité lui échappe parfois. Le 25 février 1985, deux de ses représentants suisses
    ont indiqué clairement à la radio qu’on n’entrait pas chez eux comme on voulait ; que le secret demeurait
    de rigueur ; que les membres n’hésitaient pas à s’entraider, à régler entre eux leurs différends (et non pas devant
    la justice).
    Il n’est donc pas facile de parler de la secte. Rares sont les transfuges qui ont eu le courage et le temps de
    s’exprimer. Tel fut le cas de Marquès-Rivière dans les années 1930 : « Cette pseudo-mystique se base avant tout sur le
    principe de démocratie. On affirme, et c’est la clef de voûte maçonnique, que le grand secret en quelque sorte est
    l’éminente Royauté de l’Homme. C’est l’affirmation de la primauté de l’homme sur la Révélation. » Cette doctrine
    subversive sera étudiée en détail plus loin.
    Les dernières années de l’Ancien Régime
    Pour en revenir à la période qui précède la Révolution, il est bien sûr que certaines réformes s’imposaient, qui auraient
    pu s’effectuer dans l’ordre. Mais le choc vint de l’extérieur. Pour l’abbé Augustin BARRUEL (Mémoires pour
    servir à l’étude du Jacobinisme, 1797), il s’agit d’un complot. Bailly, maire de Paris au début de la Révolution, ne
    pense pas autrement : « En 1789, il y avait un moteur invisible qui semait à propos les fausses nouvelles pour perpétrer
    le trouble. Ce moteur a dû avoir un grand nombre d’agents, et pour avoir exécuté ce plan abominable, il faut un esprit
    profond et beaucoup d’argent. »
    La secte avait infiltré le haut clergé, la noblesse, l’armée. Le bas clergé se portait mieux, sinon que le jansénisme et
    le gallicanisme (qui avaient aussi infecté les milieux parlementaires) lui avaient donné des habitudes d’insoumission à
    Rome.
    Le climat était favorable (l’aufklärung ou illuminisme, Rousseau, Voltaire – qui d’ailleurs était maçon mais n’avait
    pas besoin de cela pour mériter des paires de claques – avaient frayé la voie. Ne parlons pas de l’Encyclopédie qui fut
    l’oeuvre de la secte).
    Le peuple était intact : on se proposait simplement de le manipuler (c’est ainsi que la Garde Suisse qui n’avait pas
    été infiltrée, fut massacrée le 10 août 1792 par la populace, qui ne l’avait pas été non plus).
    Les milieux romains n’étaient pas indemnes. Il y avait dans l’entourage du Pape (comme dans celui du Roi) un certain
    nombre de personnages qui avaient renoncé au Ciel pour posséder la terre (qui allait d’ailleurs leur échapper sous
    peu).
    La Révolution française
    Le premier acte avait été la suppression des Jésuites (1773).
    Augustin Cochin a fait ressortir le rôle des Sociétés de Pensée dans la rédaction identique des cahiers de doléance.
    C’est ensuite la Déclaration des Droits de l’Homme (l’homme abstrait) où il n’est pas question des droits de Dieu.
    Puis l’anarchie organisée : l’opinion, en deux ou trois ans, exprime les opinions les plus contradictoires. Pour finir les
    libertés disparaissent pour faire place à la liberté (« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ») ; l’égalité se fait au
    pied de la guillotine. La fraternité devient synonyme de délation. On estime à trois cent mille le nombre des victimes de
    la Terreur (trois mille pour la noblesse). Cette phase de la Révolution est particulièrement satanique.
    D’ailleurs, les églises sont fermées ; les prêtres et les fidèles persécutés, suppliciés, mis à mort.
    Les maçons eux-mêmes connaissent des « épurations » successives. « On a [noté] que la révolution française mène
    les hommes plus que les hommes ne la mènent. […] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n’y
    entrent que comme de simples instruments. […] On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent
    la révolution ; c’est la révolution qui emploie les hommes » (Joseph de MAISTRE, Considérations sur la France,
    chapitre 1er).
    Les XIXe et XX e siècles
    Beaucoup pensent que Napoléon appartenait à la maçonnerie. Il la patronnait en effet, l’avait placée sous l’autorité
    de ses frères. Sa fortune changea peut-être le jour où il cessa d’être un exécuteur docile.
    La secte est au pouvoir en Italie depuis le milieu du XIXe siècle, en France depuis 1880. Actuellement, elle installée
    partout, sauf dans l’Église (dont elle n’est pourtant pas absente).
    2 . Organisation
    Les Franc-maçons se répartissent en principe en trente-trois grades. On connaît bien les trois grades de l’initiation :
    apprentis, compagnons, maîtres (maçonnerie bleue). Ensuite, c’est plus flou, sauf ce qui concerne les deux dernier grades
    dont l’existence est sûre. On connaît aussi en gros les rites qui marquent l’entrée de chacun des trois premiers. La
    légende de l’ordre maçonnique place son origine au temps de Salomon, le constructeur du Temple. Le scénario un peu
    ridicule s’établit dans ce vieux contexte. Pour les rites supérieurs, consulter les initiés de haut grade.
    Le système comporte deux hiérarchies qui ne coïncident pas forcément : le Grand-Maître de la loge, celui qu’on a
    déclaré à la préfecture, n’est peut-être pas le chef réel.
    J’imagine un petit roman pour me faire comprendre. Trois amis on demandé le même jour à entrer en loge. Le premier
    trouve les rites stupides : il s’en va ; bon débarras pour la secte. Le deuxième trouve cela merveilleux : on le
    garde ; il fera nombre, jouira de quelques avantages. Le troisième soupçonne autre chose et son flair sera récompensé. Il
    avait été repéré dans leurs réunions (leurs « tenues »), par quelqu’un qui lui fait un jour une visite et lui propose de
    monter en grade. Les conditions sont acceptées. Dans les tenues qui suivront (une « tenue blanche » est une réunion où
    les profanes sont admis), il aura l’avantage de connaître le rang de son recruteur mais sans plus ; quand il en aura fait
    monter d’autres, qui ensuite en auront eux-mêmes fait autant, sa géographie s’étendra (dans le sens descendant).
    3. Les Sources idéologiques
    La maçonnerie se prétend l’héritière des constructeurs de cathédrales. En réalité, elle est au service de la nouvelle
    religion naturelle de l’humanité qui détruit et étouffe toute forme de surnaturel. Elle déclare la guerre à l’Église et aux
    nations catholiques, mais prend l’aspect d’une société philanthropique.
    On n’a pu prouver l’influence judaïque aux origines, mais il est certain que les Juifs occupent actuellement une
    belle place dans l’institution. Leur haine de la religion du Christ les y disposait et leur importance financière en faisait
    de précieux auxiliaires.
    L’Angleterre, en s’engageant à ne laisser aucune puissance catholique s’imposer sur le continent, a fait cause commune
    avec tout ce beau monde.
    En France, la franc-maçonnerie est tellement entrée dans les moeurs qu’on ne sait plus où commence et se termine
    son influence. A-t-elle par exemple dirigé ou noyauté l’Encyclopédie ? Voltaire n’était-il qu’un outil, ou davantage ?
    Ceci pour ne s’en tenir qu’à des temps très anciens.
    Autre composante, l’occultisme ésotérique d’origine gnostique (les mystères du Temple) et orientale (la cabale
    juive). Peut-on le croire de ces « libres penseurs » qui font profession de lutter contre la superstition ? Alec Mellor, le
    premier catholique qui soit entré officiellement en maçonnerie, l’a nié. Mais chaque frère n’est pas obligé de tout savoir.
    « Quantité de maçons s’imaginent connaître la maçonnerie, alors qu’ils ne soupçonnent même pas l’existence de
    ses mystères et de son ésotérisme » (Oswald WIRTH, Le livre de l’Apprenti). Le rabbin Benamozegh déclarait en 1931 :
    « Il est certain que la théologie maçonnique correspond assez bien à celle de la cabale » (Israël et l’Humanité). Et
    l’éditeur ajoute en note : « À ceux qui s’étonnent d’entendre parler de “théologie maçonnique”, nous voulons dire qu’il
    y a une théologie maçonnique dans le sens qu’il existe dans la maçonnerie une doctrine secrète, à la fois philosophique
    et religieuse, introduite par les rosicruciens gnostiques à l’époque de leur adhésion à la maçonnerie en 1717.
    En 1843, un organisme juif s’est constitué aux États-Unis, qui devait finalement s’étendre à divers pays et représente
    à peu près « l’état major » du judaïsme : la loge maçonnique juive du B’Nai B’Rith (les Fils de l’Alliance).
    4. Objectif : la domination universelle
    Le traité de Versailles de 1919, la Société des Nations, Yalta, l’O.N.U. sont autant d’étapes vers le gouvernement
    mondial.
    En premier, la déchristianisation, puis le gouvernement mondial. Ensuite, le règne de l’homme. Tout d’abord (selon
    la doctrine ésotérique) l’âge de fer caractérisé par la perte de la notion du sacré ; puis l’âge d’argent (symbolisé par la
    lune) ; enfin l’âge d’or (symbolisé par le soleil).
    Il paraît que nous approchons à grands pas de l’âge d’or. « Qu’on le veuille ou non, nous aurons un gouvernement
    mondial. La seule question est de savoir si on y aboutira par le consentement ou par la force » (James Paul WARBURG,
    devant le Sénat Américain, le 17 février 1950).
    5. La « religion » maçonnique
    L’homme étant un animal religieux, les franc-maçons ont inventé une divinité abstraite, le Grand Architecte de
    l’Univers, mais voici ce qu’en écrit pour ses frères, au début du XXe siècle un de leurs maîtres réputés : « Gardonsnous
    de céder à cette paresse intellectuelle qui fait confondre le Grand Architecte des initiés avec le Dieu des croyants »
    (Oscar WIRTH).
    En fait, chacun s’en fait l’idée qu’il veut, une idée conforme à sa philosophie.
    À la fin du XXe siècle, certaines loges en vinrent même à rejeter cette apparence de croyance en la divinité (par
    exemple le Grand Orient de France). En réalité, le dieu des maçons est l’homme. Leur religion est le non serviam luciférien
    (cf. Jr 2 20). Leurs manuels ne s’en cachent pas (ceux qui, bien entendu, ne sont pas destinés au grand public) :
    « À la foule, nous devons dire : “Nous adorons Dieu, mais Dieu adoré sans superstition”. Par contre, à toi Souverain
    Grand Inspecteur Général, nous disons ce que vous pourrez répéter ensuite aux frères des 32e, 21e et 30e degrés (ces
    deux derniers grades auraient-ils survécu à l’oubli des autres ?) : “nous tous, initiés des hauts grades, nous devons
    rester fidèles à la religion maçonnique, dans la pureté de la doctrine luciférienne.” » (Albert PIKE, 1832).
    NOTE : Le culte de Satan a tenté de concurrencer le Christ dès le début de l’Église. Au XXe siècle, il s’est installé
    en force dans la littérature, particulièrement en France. Actuellement la musique (?) lui sert de support. On voit se multiplier
    les messes noires. En 1937, Albert Lantoine, 33e degré, écrivait dans sa Lettre au Souverain Pontife : « Église et
    franc-maçonnerie sont en guerre depuis deux siècles… Possédés par l’esprit de libre examen, nous sommes les serviteurs
    de Satan. Vous, détenteurs de la vérité, vous êtes les serviteurs de Dieu. Ces deux maîtres se complètent. Ils ont
    besoin l’un de l’autre. »
    Matérialisme absolu, naturalisme, culte de l’homme, refus du Créateur et Rédempteur et finalement matérialisation
    du spirituel dans ses manifestations les plus basses. Le G qu’on trouve sur l’étoile maçonnique à cinq branches signifie
    « Géométrie » pour les non-initiés, « Génération » pour les autres. « Les connaisseurs des sciences ésotériques savent
    fort bien que l’Étoile de Vénus, appelée aussi Étoile de Lucifer, lorsqu’elle apparaît à l’aube, est précisément
    l’Étoile des initiations » (Maria RYGIER, de l’obédience féminine française du Droit Humain, 1930).
    Beaucoup de maçons n’en savent pas aussi long. Certaines choses ne s’avouent que dans les très hauts grades.
    6. L’Église et la Franc-Maçonnerie
    On dit parfois qu’il y a Maçonnerie et Maçonnerie. En réalité les divergences s’expliquent par les circonstances de
    temps et de lieux, des raisons tactiques, le souci de recrutement.
    Le recrutement se fait habituellement par le jeu des relations. Les rosicruciens, eux, distribuent des prospectus dans
    les boites à lettres : le tri se fera ensuite.
    Le Rotary Club et le Lyon’s sont paraît-il des viviers de la secte. On entre là pour s’y faire des relations utiles, et
    parfois, on se retrouve où on ne pensait pas.
    Quoi que ses dirigeants puissent en dire, un catholique pratiquant n’est jamais admis en maçonnerie, sinon le temps
    d’y renoncer à sa foi. La tolérance a des limites.
    L’Église ne s’y est jamais trompée. Les condamnation se sont succédées jusqu’à la dernière, portée par le Cardinal
    Ratzinger en 1985 (qui rappelait les précédentes). Voici ce que répliqua l’adversaire, et qui le dépeint tout entier : « Les
    francs-maçons de la Grande Loge de France ne tomberont pas dans le piège de l’engrenage de la haine. Ils ne confondront
    pas les obsessions d’un prince de l’Église avec les aspirations généreuses du peuple catholique et de nombreux
    membres de son clergé. »
    7. Par manière d’illustration : les Illuminés de Bavière
    En 1776, rêvant de réunir les hommes en une société fraternelle, Adam Weishaupt fonde l’Ordre des Perfectibilistes,
    qui deviendra l’Ordre des illuminés.
    Les « degrés du Savoir »
    1. Ce que tout le monde peut en entendre : en 1782, à l’issue du Convent de Wilhemlsbad, l’ordre publiait le
    communiqué suivant : « Nous avons décidé que l’unique but de notre société est de se rendre utile, avec le plus
    sincère dévouement à la doctrine, aux devoirs et à la pratique de notre sainte religion chrétienne, en obéissant
    aux autorités et aux lois de nos pays respectifs. »
    2. Ce qu’on révèle à certains : la raison est substituée à la foi ; chacun peut trouver place dans l’ordre, quelle que
    soit sa confession.
    Il y eut des fuites. Dès 1784, l’ordre fut interdit par l’Électeur de Bavière.
    3. Ce que seuls connaissaient les « grands initiés » : j’ai mis « connaissaient » car il se trouve que tout le monde
    fut un jour mis au courant. « Tout ce qui concerne l’illuminisme est bien connu, car on possède ses archives.
    En 1786, un des hauts adeptes de cette société fut frappé par la foudre près de Ratisbonne. En ramassant son
    corps, la police trouva sur lui des papiers tellement compromettants que l’on arrêta les principaux membres,
    après avoir saisi et publié tous les documents concernant cette association. Cependant leur chef Weishaupt,
    avait pu s’enfuir… » (Léon de PONÇINS).
    Nous savons ainsi que le programme des Illuminés tient en six points : 1) Abolition de la monarchie et de tout autre
    gouvernement légal. 2) Abolition de la propriété privée. 3) Abolition des droits d’héritage privé. 4) Abolition du
    patriotisme et de la loyauté militaire. 4) Abolition de la famille, de la moralité familiale, du mariage (union libre :
    l’éducation des enfants étant confiée à la communauté). 6) Abolition de toute religion.
    Les socialistes et les communistes n’ont donc rien inventé.
    Parmi les membres figurent Goethe, Herder, von Dalberg (coadjuteur de l’évêque de Mayence), Mozart, Wieland,
    les princes Louis et Auguste de Saxe Cobourg-Gotha, initiés dans la mesure convenable à chacun.
    Un mot sur l’organisation de l’ordre. Il se répartissait en trois classes : 1. Le séminaire (trois degrés : novices, minervals,
    illuminés mineurs). 2. La maçonnerie écossaise (deux degrés : novices, chevaliers). 3). Les grades, au nombre
    de quatre (prêtres, régents, philosophes, hommes-rois).
    Le secret était sévèrement inculqué dans l’ordre dont la devise était Der Sweck heiligt die Miettel (« La fin justifie
    les moyens »). Ce qui motivait cette déclaration : « Tout est permis pourvu que vous trompiez les gouvernements » (cf.
    le mot d’ordre des Jacobins : « Tout est permis à qui agit dans le sens de la Révolution »). Et donc, « ce qui advint dans
    ce terrible congrès (de Wilhelmsbad) ne sera jamais connu du monde extérieur » (Nesta WEBSTER).
    Chaque membre de l’ordre était désigné par un pseudonyme ; Weishaupt était « Spartacus ».
    Quelles sont les sources de « Spartacus » ? Il connaît Machiavel, semble très au courant du mouvement philosophique
    en France. Rousseau est un de ses auteurs. De la Révolution, « Jean-Jacques n’avait que préparé les voies » (Nesta
    WEBSTER), Weishaupt en construit le mécanisme.
    N’oublions pas parmi les sources les anciens gnostiques. Et notons qu’on trouve déjà des illuminé dans
    l’Allemagne du XVe siècle, qui pratiquaient le satanisme.
    Notice sur Adam Weishaupt
    Il naquit à Ingolstadt (dont les Jésuites dirigeaient l’université) en 1748. C’est chez eux qu’il fit ses études. C’est
    encore chez eux qu’il professe ensuite, jusqu’à leur suppression. Il les attaquait d’ailleurs sans ménagement.
    0n le trouve finalement titulaire de la chaire de droit civil et canonique.
    Entre temps, l’ordre se développait rapidement en Allemagne et dans les Pays-Bas. Le principal auxiliaire du fondateur,
    le baron Adolf von Knigge (un maçon de haut grade), deviendra rapidement le cerveau très actif de l’organisation.
    À Vienne, la loge Zur Wahren Eintracht (« la Vraie Concorde ») était sous la protection de Joseph II. Elle était affiliée
    à la Loge des Neuf Soeurs de Paris.
    Après les sanctions, l’ordre subsista, plus ou moins disloqué. Reconstitué au XIXe siècle, il avait son siège à Dresde.
    Quant au fondateur, il avait gagné la France où il passa le temps de la Révolution. On ne sait rien de son activité à Paris
    (il ne resta sûrement pas à ne rien faire). On le retrouve à Gotha sous la Restauration. Il y mourra en 1830, laissant
    quelques ouvrages de philosophie.
    Personnalité de Weishaupt. L’homme abonde en contradictions. Formé par les Jésuites, il en devient l’ennemi acharné,
    les combattant même après la suppression de leur ordre. Il en garde pourtant les méthodes pédagogiques et la discipline,
    « forgeant le caractère de ses adeptes en vue d’atteindre le but qu’il s’était fixé » (FRANCOVICH, Storia della Massoneria
    in Italia, 1974). Par ailleurs, cet homme de science accueille les yeux fermés l’occultisme, oriental ou autre.
    De nature calme (aucune pression ne l’entame), il s’engage pourtant dans des activités sociales et politiques qui jetteront
    dans le désarroi la Bavière, l’Autriche et la France.





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