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     L’Évangile de Marie attribué à Marie de Magdala  


    Si les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, sont les livres canons reconnus par l’Église, il existe d’autres évangiles qui furent découverts vers 1945. Il en est un pratiquement méconnu, c’est celui attribué à Marie-Madeleine, Myriam de Magdala, premier témoin de la Résurrection du Christ. Ces écrits sembleraient même antérieurs aux évangiles canoniques.

    Il fut sinon écrit, du moins inspiré par Marie-Madeleine, « l’Initiée », qui fut considérée par l’apôtre Jean comme la fondatrice du christianisme. Ce texte met en évidence certains aspects soigneusement occultés par le christianisme comme celui de la relation intime de Jésus avec Marie-Madeleine : « L’Evangile de Marie », comme l’Evangile de Jean etl’
    Evangile de Philippe, nous rappelle que Yeshoua était capable d’intimité avec une femme.

    L’Evangile de Marie nous invite à nous rendre libres à l’égard de nos dualités, de nos attachements à la matière, en mettant de l’Amour là où il n’y en a pas, là où il n’y en a plus, par l’Imagination créatrice. L’Imagination créatrice, c’est le monde intermédiaire entre Dieu et l’homme, « ...c’est la mise en sympathie de l’invisible et du visible, du spirituel et du physique. » C’est ce monde qui peut permettre, par exemple, de voir des apparitions divines.

    Dans ce manuscrit, Myriam de Magdala, une des rares femmes de son époque à avoir accès à la « connaissance », nous transmet les enseignements de Jésus qui nous éclairent sur bien des points et lèvent le voile des interdits comme le droit des femmes à la parole. Ces écrits se révèlent d’une extraordinaire actualité.

    Tout au long de ce texte et à travers lui, « l’Initiée » tentera de nous éveiller à ce monde intermédiaire qui relie le monde subtil au monde physique afin que nous ayons une meilleure compréhension de notre vie et de celle de l’humanité.

    L’Évangile selon Marie, comme plusieurs écrits gnostiques, s’inscrit dans la tradition des apparitions du Sauveur ressuscité. Dans cet évangile, le Sauveur transmet d’abord ouvertement son enseignement à ses disciples, puis secrètement à Marie Madeleine au cours d’une vision intérieure. Ceci provoque une réaction violente de Pierre qui refuse de croire que le Sauveur ait pu transmettre un enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples. Cet évangile témoigne donc d’un conflit vécu à l’intérieur même d’un milieu chrétien au début de notre ère.

    L’Évangile de Marie est le premier texte du papyrus de Berlin 8502 (BG 8502), acquis au Caire en 1896 et daté du début du Vème siècle de notre ère. Ce papyrus contient trois autres écrits : l’Aprocryphon de Jean, la Sagesse de Jésus-Christ et l’Acte de Pierre. L’Aprocryphon de Jean et la Sagesse de Jésus-Christ se retrouvent également dans la bibliothèque copte de Nag Hammadi. Les parties du texte que nous possédons sont assez bien préservées, mais les pages 1 à 6 et 11 à 14 manquent entièrement. L’Évangile de Marie est écrit en sahidique, un dialecte copte, mais la première rédaction aurait été faite en grec au cours du IIème siècle. Cette date est attestée par un fragment grec, le papyrus Rylands 463 daté du IIIème siècle, dont l’identité avec le texte copte a été confirmée.

    L’auteur, Anne Pasquier, émet l’hypothèse que le texte aurait subi quelques remaniements. Un passage, la révélation de Marie, aurait peut-être été introduit ultérieurement dans le reste de l’écrit. Ce texte est divisé en deux parties, la première est constituée par la révélation du Sauveur, la deuxième, par la révélation de Marie. Malgré l’absence des pages 1 à 6, on peut présumer que la révélation du Sauveur occupait entièrement ou presque la première partie du texte. Le Sauveur y répond aux questions de ses disciples notamment sur le destin final de la matière. Le Sauveur répond à cette question et à une autre relative à Pierre (7,10) concernant la nature du péché du monde, en expliquant qu’il n’y a pas de péché inhérent au monde ou à la matière, mais que le péché pénètre le monde grâce son association impropre avec l’esprit, et que le rôle du Bien est de séparer ces éléments. Le Sauveur quitte ses disciples après ces explications et une dernière exhortation (8,14-9,5).

    Après son départ, les disciples sont affligés et irrésolus. Marie intervient alors et, se référant à l’enseignement du Sauveur, les console et les encourage. Pierre demande ensuite à Marie de leur rapporter d’autres paroles qu’eux, les disciples du Seigneur, n’auraient pas entendues. La réponse de Marie est un discours de révélation, discours qui est déterminé par une vision du Sauveur (10,7). L’enseignement de Marie, qui débute avec la description de cette vision, est également incomplet, il manque les pages 10 à 15. Le discours reprend avec l’explication sur des différentes fonctions des trois éléments de l’Âme dans l’accès à la vision (pneuma, noûs, psyché), et se poursuit avec le récit des différents stades de l’ascension de l’Âme et les réponses de chacune des puissances gardiennes des quatre Cieux. Le récit se termine par la victoire de l’âme et son accession au repos dans le Silence.

    La révélation de Marie suscite une réaction assez violente de la part d’André et surtout de Pierre, qui refuse cette fois de croire que le Sauveur ait pu transmettre son enseignement à une femme, à l’insu de ses disciples (17, 10-18, 5-21). Lévi intervient à son tour pour réprimander Pierre et témoigner de la préférence que le Sauveur accordait à Marie. Reprenant quelques-unes des paroles de l’exhortation finale du Sauveur, il invite enfin les disciples à proclamer l’Évangile. Finalement, ceux-ci se mettent en route pour annoncer et prêcher (19, 1-2).

    Dans son introduction et son commentaire, le professeur Anne Pasquier, décrit le texte comme un exemple de la pensée gnostique et comme un révélateur des tensions existant entre les différentes communautés chrétiennes dans les premiers temps du christianisme. L’auteur établit un lien entre, d’une part, les thèmes principaux abordés par Marie Madeleine dans son discours, notamment l’ascension de l’âme dans les quatre cieux et la description des quatre puissances gardiennes de ces cieux et, d’autre part, les différents écrits gnostiques ainsi que des sources se trouvant dans le Nouveau Testament et particulièrement l’Épître aux Romains. Traçant également la tradition du conflit entre Pierre et Marie à travers les autres écrits gnostiques, l’auteur démontre que les deux figures représentent deux traditions ecclésiastiques différentes : la première, incarnée par Pierre, est la tradition orthodoxe ou celle qui tend à le devenir. Cette tradition dénigrera l’autorité des révélations reçues lors de visions et interdira aux femmes toute participation active à l’intérieur de l’Église. L’autre, dont Marie est ici la figure symbolique, est légitimée avant tout par des révélations secrètes ou des visions et par une possible égalité entre les hommes et les femmes. Ces traditions ont aussi des approches théologiques différentes, notamment sur le thème de l’androgynie de Dieu qu’Anne Pasquier présente comme une des importantes croyances de certaines communautés gnostiques, et qui est mis en évidence dans L’Évangile selon Marie.

    1.2 Évangile de Marie - Traduction par Anne Pasquier Début de page


    Les six premières pages manquent entièrement.

    [Page 7]

    Qu’est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? Le Maître répondit : « Tout ce qui est né, tout ce qui est crée, tous les éléments de la nature sont imbriqués et unis entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ; tout reviendra à ses racines ; la matière retournera aux origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. »

    Pierre lui dit : « Puisque Tu te fais l’interprète des éléments et des événements du monde, dis-nous : Qu’est-ce que le péché du monde ? » Le Maître dit : « Il n’y a pas de péché. C’est vous qui faites exister le péché lorsque vous agissez conformément aux habitudes de votre nature adultère là est le pêché. Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre nature afin de l’unir de nouveau à ses racines. » Il continua et dit : « Voici pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez, c’est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous éloigne... Comprenne qui pourra ! »

    [Page 8]

    « L’attachement à la matière engendre une passion contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps » ; c’est pourquoi je vous dis : « Soyez en harmonie... Si vous êtes déréglés, inspirez-vous des représentations de votre vraie nature. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. »

    Après avoir dit cela, le Bienheureux les salua tous en disant : « Paix à vous, que ma Paix naisse et s’accomplisse en vous ! Veillez à ce que personne ne vous égare en disant : Le voici, Le voilà. Car c’est à l’intérieur de vous qu’est le Fils de l’Homme ; allez à Lui : ceux qui Le cherchent Le trouvent en marche ! Annoncez l’Évangile du Royaume. »

    [Page 9]

    « N’imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le Témoin. N’ajoutez pas de lois à celles de celui qui a donné la Loi, afin de ne pas en devenir les esclaves. » Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la peine ; ils versèrent bien des larmes, disant : « Comment se rendre chez les païens et annoncer l’Évangile du Royaume du Fils de l’Homme ? Ils ne l’ont pas épargné, comment nous épargneraient-ils ? »

    Alors, Marie se leva, elle les embrassa tous et dit à ses frères : « Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa Grâce vous accompagnera et vous protégera : louons plutôt Sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement des êtres humains. » Par ces paroles, Marie tourna leurs coeurs vers le Bien ; ils s’éclairèrent aux paroles du Maître.

    [Page 10]

    Pierre dit à Marie : « Soeur, nous savons que le Maître t’a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu’Il t’a dites, dont tu te souviens et dont nous n’avons pas la connaissance... » Marie leur dit : « Ce qui ne vous a pas été donné d’entendre, je vais vous l’annoncer » : j’ai eu une vision du Maître, et je Lui ai dit : « Seigneur, je Te vois aujourd’hui dans cette apparition. » II répondit : « Soit bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue. Là où est l’intellect, là est le trésor. » Alors, je Lui dis : « Seigneur, dans l’instant, celui qui contemple Ton apparition, est-ce par l’âme qu’il voit ? Ou par l’esprit ? » Le Maître répondit : « Ni par l’âme ni par l’esprit ; mais l’intellect étant entre les deux, c’est lui qui voit et c’est lui qui [...] »

    Les quatre pages suivantes manquent entièrement.

    [Page 15]

    « Je ne t’ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois monter, dit le Désir, Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? » L’âme répondit : « Moi, je t’ai vue, toi, tu ne m’as pas vue. Tu ne m’as pas reconnue ; j’étais avec toi comme avec un vêtement, et tu ne m’as pas sentie. » Ayant dit cela, elle s’en alla toute joyeuse. Puis se présenta à elle la troisième atmosphère, appelé Ignorance ; celle-ci interrogea l’âme, lui demandant : « Où vas-tu ? N’as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ? Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. » L’âme dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi je n’ai pas jugé. On m’a dominée, moi je n’ai pas dominé ; on ne m’a pas reconnue, mais moi, j’ai reconnu que tout ce qui est composé sera décomposé sur la terre comme au ciel. »

    [Page 16]

    Libérée de cette troisième atmosphère, l’âme continua de monter. Elle aperçut la quatrième atmosphère. Elle avait sept manifestations. La première manifestation est Ténèbres ; la seconde, Désir ; la troisième, Ignorance ; la quatrième, Jalousie mortelle ; la cinquième, Emprise charnelle ; la sixième, Sagesse ivre ; la septième, Sagesse rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui oppriment l’âme de questions : « D’où viens-tu, homicide ? Ou vas-tu, vagabonde ? » L’âme répondit : « Celui qui m’opprimait a été mis a mort ; celui qui m’étreignait n’est plus ; mon désir alors s’est apaisé, et je fus délivrée de mon ignorance. »

    [Page 17]

    « Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une représentation s’est effacée Grâce a une représentation plus haute. Désormais je vais vers le Repos où le temps se repose dans l’Éternité du temps. Je vais au Silence ». Après avoir dit cela, Marie se tut. C’est ainsi que le Maître s’entretenait avec elle. André prit alors la parole et s’adressa à ses frères : « Dites, que pensez-vous de ce qu’elle vient de raconter ? Pour ma part, je ne crois pas que le Maître ait parlé ainsi ; ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. »

    Pierre ajouta : « Est-il possible que le Maître se soit entretenu ainsi, avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes, écouter tous cette femme ? L’a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous ? »

    [Page 18]

    Alors Marie pleura. Elle dit a Pierre : « Mon frère Pierre, qu’as-tu dans la tête ? Crois-tu que c’est toute seule, dans mon imagination, que j’ai inventé cette vision ? ou qu’à propos de notre Maître je dise des mensonges ? » Levi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t’acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si le Maître l’a rendue digne, qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, le Maître la connaît très bien Il l’a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, et devenons l’être humain dans son intégrité ; laissons-le prendre racine en nous et croître comme Il l’a demandé. Partons annoncer l’Évangile sans chercher a établir d’autres règles et d’autres lois en dehors de celle dont Il fut le témoin. »

    [Page 19]

    Dès que Levi eut prononcé ces mots, ils se mirent en route pour annoncer l’Évangile.

    1.3 Jésus, Marie-Madeleine, l’incarnation... Début de page


    Jean-Yves Leloup a publié en septembre 2005, chez Albin Michel, « Tout est pur pour celui qui est pur » dans lequel il aborde le thème épineux de la sexualité du Christ. Enfin ! Il aura fallu le succès d’un roman (Le da Vinci code) qui scandalise les grenouilles de bénitiers pour que des théologiens en parlent publiquement. Jean-Yves Leloup avait déjà abordé très pudiquement le sujet dans sa traduction de l’Évangile selon Philippe, mais là, il va beaucoup plus loin, sans tabou, et nous pousse à nous interroger.

    « La question de la sexualité du Christ est pour beaucoup de l’ordre de la stupeur et pour certains de l’ordre du blasphème. Pourquoi une telle réticence, autrefois et encore aujourd’hui ? »

    « Pourquoi le christianisme nous a-t-il que trop souvent présenté la sexualité comme avilissante, dégradante, « mère de tous les péchés », et trop rarement comme divinisante, source de vie et de créativité ? »

    « Jésus est-il moins divin parce qu’il est plus humain et aime une femme ? Quelle drôle d’image de la femme cela suppose ! »

    L’auteur rappelle que dans l’Évangile selon Philippe, le terme koïnonos est employé pour définir le lien qui unissait Yeshoua (Jésus) et Marie de Magdala. « Le terme koïnonos en grec comme en copte fait référence au coït, qu’on le traduise par « fiancée », « compagne » ou « épouse ». Dans ce texte, Marie-Madeleine apparaît comme celle qui partage le « coït » avec l’Enseigneur. »

    Jean-Yves Leloup nous apporte beaucoup d’autres réponses en se basant sur la théologie, l’histoire, la psychologie et en s’appuyant sur des textes anciens et des études plus récentes.

    Oui, Jésus était marié.
    Oui, il avait une sexualité.
    Oui, il a aimé Marie-Madeleine d’un amour non platonique.

    Un livre superbe qui, enfin, pourrait bien réconcilier chrétiens et féministes ! Ouf ! (mieux vaut tard que jamais).

    Jean-Yves Leloup est auteur de nombreux livres dont « Marie-Madeleine, une femme innombrable ». Il est également traducteur de l’Évangile de Marie (Madeleine), l’Évangile de Thomas, et l’Évangile de Philippe.

    Victor Mortis - 2005

    1.4 Évangile de Marie - Traduction par Jean-Yves Leloup Début de page


    Les six premières pages manquent entièrement.

    [Page 7]

    « Qu’est-ce que la matière ? Durera-t-elle toujours ? » L’Enseigneur répondit : « Tout ce qui est né, tout ce qui est créé, tous les éléments de la nature sont imbriqués et unis entre eux. Tout ce qui est composé sera décomposé ; Tout reviendra à ses racines ; La matière retournera aux origines de la matière. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. » Pierre lui dit : « Puisque Tu te fais l’interprète des éléments et des évènements du monde, dis-nous : Qu’est-ce que le péché du monde ? » L’Enseigneur dit : « Il n’y a pas de péché. C’est vous qui faites exister le péché Lorsque vous agissez conformément aux habitudes de votre nature adultère ; là est le péché. Voilà pourquoi le Bien est venu parmi vous ; Il a participé aux éléments de votre nature Afin de la ré-unir à ses racines. » Il continua et dit : « Voici pourquoi vous êtes malades et pourquoi vous mourrez : c’est la conséquence de vos actes ; vous faites ce qui vous éloigne… Comprenne qui pourra. »

    [Page 8]

    « L’attachement à la matière engendre une passion contre nature. Le trouble naît alors dans tout le corps ; C’est pourquoi je vous dis : « Soyez en harmonie… » Si vous êtes déréglés, Inspirez-vous des représentations De votre vraie nature. Que celui qui a des oreilles Pour entendre entende. » Après avoir dit cela, le Bienheureux Les salua tous en disant : « Paix à vous – que ma Paix soit engendrée et s’accomplisse en vous § » Veillez à ce que personne ne vous égare En disant : « Le voici, Le voilà. » Car c’est à l’intérieur de vous Qu’est le Fils de l’Homme ; Allez à Lui : Ceux qui Le cherchent Le trouvent En marche ! Annoncez l’Evangile du Royaume. »

    [Page 9]

    « N’imposez aucune règle, hormis celle dont je fus le Témoin. N’ajoutez pas de lois à celles de celui qui a donné la Thora, Afin de ne pas en devenir les esclaves. » Ayant dit cela, Il partit. Les disciples étaient dans la peine ; Ils versèrent bien des larmes, disant : « Comment se rendre chez les païens et annoncer l’Evangile du Royaume du Fils de l’Homme ? Ils ne l’ont pas épargné, Comment nous épargneraient-ils ? » Alors, Marie se leva, Elle les embrassa tous et dit à ses frères : « Ne soyez pas dans la peine et le doute, car Sa grâce vous accompagnera et vous protégera : louons plutôt Sa grandeur, car Il nous a préparés. Il nous appelle à devenir pleinement Humains » Par ces paroles, Marie tourna leurs cœurs vers le Bien ; Ils s’éclairèrent aux paroles de l’Enseigneur.

    [Page 10]

    Pierre dit à Marie : « Sœur, nous savons que l’Enseigneur t’a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu’Il t’a dites, Dont tu te souviens Et dont nous n’avons pas la connaissance… » Marie leur dit : « Ce qui ne vous a pas été donné d’entendre, je vais vous l’annoncer : j’ai eu une vision de l’Enseigneur, et je lui ai dit : « Seigneur, je Te vois aujourd’hui dans cette apparition. » Il répondit : « Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue Là où est le noùs, là est le trésor » Alors, je lui dis : « Seigneur, dans l’Instant, celui qui contemple Ton apparition, Est-ce la psyché (l’âme) qu’il voit ? Ou par le Pneuma (l’Esprit, Souffle) ? » L’Enseigneur répondit : Ni par la psyché ni par le Pneuma ; Mais le noùs étant entre les deux, C’est lui qui voit et c’est lui qui (…) »

    Les quatre pages suivantes manquent entièrement.

    [Page 15]

    « Je ne t’ai pas vu descendre, mais maintenant je te vois monter », dit la Convoitise. « Pourquoi mens-tu, puisque tu fais partie de moi ? » L’Âme répondit : « Moi, je t’ai vue, toi, tu ne m’as pas vue. Tu ne m’as pas reconnue ; J’étais avec toi comme avec un vêtement, Et tu ne m’as pas sentie. » Ayant dit cela, Elle s’en alla toute joyeuse. Puis se présenta à elle le troisième climat, Appelé Ignorance ; Celui-ci interrogea l’âme, lui demandant : « Ou vas-tu ? N’as-tu pas été dominée par un mauvais penchant ? Oui, tu étais sans discernement, et tu as été asservie. » L’âme dit alors : « Pourquoi me juges-tu ? Moi je n’ai pas jugé. On m’a dominée, moi je n’ai pas dominé ; On ne m’a pas reconnue, Mais moi, j’ai reconnu Que tout ce qui est composé sera décomposé Sur la terre comme au ciel. »

    [Page 16]

    Libérée de ce troisième climat, l’âme continua de monter. Elle aperçut le quatrième climat. Il avait sept manifestations. La première manifestation est Ténèbres ; La seconde, Convoitise ; La troisième Ignorance ; La quatrième, Jalousie mortelle ; La cinquième, Emprise charnelle ; La sixième, Sagesse ivre ; La septième, Sagesse rusée. Telles sont les sept manifestations de la Colère qui oppriment l’âme de questions : « D’où viens-tu, homicide ? Où vas-tu, vagabonde ? » L’âme répondit : « Celui qui m’opprimait a été mis à mort ; celui qui m’encerclait n’est plus ; ma convoitise alors s’est apaisée, et je fus délivrée de mon ignorance. »

    [Page 17]

    « Je suis sortie du monde grâce à un autre monde ; une représentation s’est effacée grâce à une représentation plus haute. Désormais je vais vers le Repos Où le temps se repose dans l’Eternité du temps. Je vais au Silence. » Après avoir dit cela, Marie se tut. C’est ainsi que l’Enseigneur s’entretenait avec elle. André prit alors la parole et s’adressa à ses frères : « Dites, que pensez-vous de ce qu’elle vient de raconter ? Pour ma part, je ne crois pas Que l’Enseigneur ait parlé ainsi ; Ces pensées diffèrent de celles que nous avons connues. » Pierre ajouta : « Est-il possible que l’Enseigneur se soit entretenu ainsi avec une femme, sur des secrets que nous, nous ignorons ? Devons-nous changer nos habitudes ; Ecouter tous cette femme ? L’a-t-Il vraiment choisie et préférée à nous ? »

    [Page 18]

    Alors Marie pleura. Elle dit à Pierre : « Mon frère Pierre, qu’as- tu dans la tête ? Crois-tu que c’est toute seule, dans mon imagination, Que j’ai inventé cette vision, Ou qu’à propos de notre Enseigneur je dise des mensonges ? » Lévi prit la parole : « Pierre, tu as toujours été un emporté ; je te vois maintenant t’acharner contre la femme, comme le font nos adversaires. Pourtant, si l’Enseigneur l’a rendue digne, Qui es-tu pour la rejeter ? Assurément, l’Enseigneur la connaît très bien… Il l’a aimée plus que nous. Ayons donc du repentir, Et devenons l’Être humain dans son entièreté ; Laissons-Le prendre racine en nous Et croître comme Il l’a demandé. Partons annoncer l’Evangile Sans chercher à établir d’autres règles et d’autres lois En dehors de celle dont il fut le témoin.

    [Page 19]

    Dès que Lévi eut prononcé ces mots, Ils se mirent en route pour annoncer l’Evangile.






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