• Le Hassidisme

     

     

    Eléments d'histoire


    Le hassidisme (d'ou découle la 'hassidout) apparaît dans l'histoire juive au cours de second quart du 18ème siècle, fondé par Rabbi Israël Baal Chem Tov (1698-1760), lui-même né en Podolie, région qui fait aujourd'hui partie de l'Ukraine mais qui, à cette époque, appartient à la Pologne. C'est dans cette région du monde que le Baal Chem Tov commence son enseignement, mais le mouvement ainsi créé s'étend rapidement aux provinces voisines de Wolhinie, d'Ukraine, de Galicie puis au reste de la Pologne, avant de se propager, un peu plus tard, au travers de la Biélorussie, de la Lithuanie, de la Roumanie et de la Hongrie. C'est donc clairement la plus grande partie du monde juif de l'époque qui est touché par l'apparition du hassidisme, phénomène qui se confirmera avec la survenance des grands séismes historiques de la période suivante. En effet, la considérable émigration juive qui entraîne vers l'Ouest des populations importantes entre 1881 et 1914 répand le hassidisme en Europe puis outre-atlantique, où, après la destruction du judaïsme européen, il reprend racine, ainsi que dans l'état d'Israël moderne. Dans une période plus récente, le monde juif méditerranéen, déraciné par les soubressauts de la décolonisation, le découvre principalement en France où il sait constituer un pôle d'attraction dépassant largement ses origines culturelles.

    Sans s'arrêter à la portée spirituelle des événements analysés, le mouvement hassidique, dans sa première époque, doit probablement sa prodigieuse croissance à des facteurs très divers, tant sociaux que culturels ou économiques, aussi bien qu'à certaines des idées de base développées par le Baal Chem Tov (fondateur de la 'Hassidout 'Habad), qui apparaissent propres à séduire les masses juives. Il n'est pas sans intérêt de relever ici que les mêmes causes sont également à l'origine de l'opposition, parfois extrèmement virulente, rencontrée par le hassidisme.

     

     

    Le contexte historique

     

     

    Il semble qu'une présentation historique rapide du hassidisme pourrait se donner l'an 1648 comme point de départ. C'est là une année de drames, de massacres et d'horreur, une "année de sang" dans la conscience juive. C'est cette année-là que commence la révolte des Cosaques qui, sous les ordres de Bogdan Chmielnitski, s'attaquent, avec la plus grande sauvagerie, aux Polonais et aux Juifs. Parties d'Ukraine, les hordes cosaques et tartares balayent le territoire polonais, laissant derrière elles la mort et la désolation. Des centaines de communautés juives sont systématiquement exterminées dans des conditions d'une horreur sans précédent. Les massacres, et leur cortège d'atrocités, durent plusieurs années d'affilée sans que le royaume de Pologne paraisse capable d'y mettre fin. Ce n'est qu'au bout de durs combats que les révoltés sont défaits et renvoyés vers leurs steppes d'origine. Pour les Juifs de Pologne, qui avaient été les premières victimes des violences, toutes désignées par ce qu'il faut bien qualifier d'antisémitisme avant la lettre, dû aux préjugés sociaux autant qu'à un certain "enseignement de la haine" diffusé par l'église de l'époque, ce fut un soulagement immense. Cependant, les survivants ne connaissent pas longtemps le répit.

    Dans cette période de l'histoire, la Russie et la Suède sont des nations en phases d'ascension tandis que le royaume de Pologne, déjà ancien, est miné par son incapacité à se constituer en état "moderne", doté d'un pouvoir central disposant des moyens de gouverner. La Pologne est, en fait, en ce temps, une mosaïque de fiefs détenus par des nobles qui n'entendent renoncer à aucune de leurs prérogatives quel que soit le risque qu'il font courir à la pérennité de ce qui n'est pas encore complétement une nation. Les puissants voisins du pays entendent tirer partie de cette situation et des guerres sans fin éclatent avec les tentatives d'invasion de la Pologne par les Russes et les Suédois. De nombreuses régions qui avaient échappé aux massacres perpétrés par les Cosaques se trouvent sur le chemin des envahisseurs. Les Juifs constituent toujours des proies tentantes pour les conquérants de ce temps parce que marginalisées par leur culture particulière et généralement dénuées de capacités de défense. Ils paient, là encore, un prix très élevé.

    Les tentatives d'invasion de la Pologne repoussées, ce n'est pas le cours apaisé de la vie qui reprend pour les Juifs déjà infiniment éprouvés. Naît alors une période de "troubles", d'émeutes, plus ou moins spontanées, dirigées contre les Juifs. Elles ont une origine claire: l'intolérance religieuse. Comme souvent dans des événements de ce type, les préoccupations religieuses ne sont pas seules en cause. On soupçonne les Juifs d'une prospérité indue, on les accuse de tous les maux que la raison devrait imputer à la faiblesse de l'état central. Toutefois, ceux qui veulent voir disparaître le judaïsme en tant que foi particulière savent utiliser ces tensions et cultiver l'antisémitisme populaire. De tels troubles, les pogroms, éclatent sporadiquement sur tout le territoire polonais jusqu'à la fin du 17ème siècle. Ils font de nombreuses victimes, qui refusent de se soumettre à l'ordre de conversion intimé à ceux qui veulent survivre, causent pillages et destructions mais, surtout, brisent ce que les événements précédents avaient laissé subsister des cadres traditionnels de la vie communautaire. Le petit village juif est ainsi partout mis à mal et, avec lui, un certain mode de vie, bien ancré jusque là, centré autour de la synagogue, de l'étude religieuse organisée et des rythmes particuliers de la spiritualité juive. Certes, tout cela réapparaîtra peu à peu pour ne connaître sa fin définitive qu'avec la seconde guerre mondiale, cependant, dans la période analysée ici, tout cela crée une situation d'instabilité radicale, d'inquiétude constante, génératrice de modifications en profondeur de la structure des relations sociales.

    Ces événements laissent le judaïsme polonais numériquement décimé, économiquement ruiné, spirituellement bouleversé. Cela prend une note d'autant plus douloureuse que les Juifs de Pologne ne sont pas les seuls à souffrir durement: la guerre de Trente Ans, qui oppose les puissances européennes de 1618 à 1648, dévaste largement de prospères communautés, la persécution religieuse reste une menace toujours vivace en Autriche et, dans de nombreux pays, la position des Juifs est extrèmement précaire. Tous ont le sentiment que la période traversée est si obscure qu'elle défit toute compréhension.

     

     

    Les faux messies

     

    En de telles circonstances, il n'est guère surprenant que l'homme qui, en Turquie, s'auto-proclame messie, Sabbataï Tsvi (1626-1676), ait considéré que le moment lui était favorable, l'heure propice pour l'initiation d'un prétendu mouvement messianique. Il affirme alors que les massacres de Chmielnitski ont constitué ce que les prophéties avaient annoncé sous le nom de "douleurs d'enfantement du messie" et qu'il est lui-même le sauveur attendu. Dans l'atmosphère du temps, tendue émotionellement et intellectuellement par les épreuves subies, qui cherche à y trouver un sens, l'idée messianique rencontre un succés retentissant. Sabbataï Tsvi gagne de nombreux partisans et une ferveur très particulière s'empare des communautés juives en différents points du monde. De prime abord, certains des principaux rabbins de l'époque sont impressionnés par sa personnalité et son charisme que les témoins ont décrits comme très réels. Assez rapidement, cependant, ils comprennent que Sabbataï Tsvi et le mouvement qu'il a créé autour de lui constituent un danger de première gravité pour l'ensemble du peuple juif dans la mesure où ils font naître des attitudes millénaristes et, par là même, encouragent une certaine négligence de la pratique religieuse alors que celle-ci a constitué l'épine dorsale de la judéité au cours des siècles; ils entreprennent donc de s'opposer à lui. Mais nombreux sont ceux pour qui les condamnations rabbiniques, voire le débat intellectuel, sont sans pouvoir. Nombreux sont ceux qui, toute décision prise, ne peuvent songer à revenir en arrière, ils sont disposés à suivre aveuglément Sabbataï Tsvi, quoi qu'il entreprenne. L'attente d'une révélation messianique en la personne de Sabbataï Tsvi s'est, à ce point de l'histoire, si fortement enracinée dans les consciences que sa chute et sa conversion finale à l'islam ne parviendront pas à la détruire complètement. Malgré les efforts déployés par les plus prestigieuses autorités rabbiniques, le mouvement réussit à se maintenir parmi de nombreux disciples de Sabbataï Tsvi, particulièrement en Pologne. Il connaît ainsi un renouveau brutal, un demi-siècle plus tard, sous la forme de la secte franckiste. Son chef, Jacob Franck, est un contemporain du Baal Chem Tov, né également en Podolie. Il se proclame, comme son prédecesseur, le messie attendu et finit, avec les membres de sa secte, par se convertir au christianisme.

    Ces mouvements prétendus messianiques connaissent donc, l'un après l'autre, une mort naturelle même si elle n'est guère paisible. Toutefois, leur disparition laisse des marques profondes dans la pensée juive. Une attitude délibérément méfiante se fait jour parmi les rabbins, soucieux de ne pas permettre que de telles erreurs, dont l'aboutissement a prouvé le caractère gravement dommageable puisqu'elles ont fait naître un espoir dont la déception a bouleversé d'importants segments des populations concernées, puissent se reproduire. C'est dans cette optique qu'il faut interpréter la tragique expérience connus par des Maïtres de l'époque, par exemple Rabbi Moché Haïm Luzzato (1707-1746) accusé de propager des doctrines pseudo-messianiques ou Rabbi Jonathan Eybchutz (1690-1764) qui se voit reprocher des tendances "sabbataïennes", ainsi que d'autres "affaires" de la période, plus ou moins importantes, auxquelles sont mélés des rabbins parmi les plus respectés; il s'agit, dans tous les cas, de contre-coups de ce pseudo-messianisme avorté. Cette inquiétude rabbinique, et la suspicion qui en découle, aboutit en mettre en cause toute démarche spirituelle qui se réfèrerait au mysticisme kabbalistique, perçu au mieux comme dérangeant et, au pire, comme nocif, voire hérétique. Conséquence logique de cette évolution, la Kabbale est, à partir de là, l'objet d'un dédain explicité, puis d'une proscription claire.

     

    .Les conséquences sociales

    Les épreuves du temps ont donc débouché sur un appauvrissement généralisé des Juifs de Pologne ainsi que de toutes les structures communautaires mises en place dans des périodes plus fastes. Ce fait, en soi dramatique par bien des aspects, a un effet secondaire désastreux: il entraîne une détérioration très sensible du niveau culturel des masses juives. Ce phénomène renforça une tendance connue de longtemps et qui portait en elle les germes d'un grave et douloureux problème social. Il apparaît, à l'analyse, que ce point revêt une importance non-négligeable dans le développement du hassidisme.

    La connaissance, l'érudition ont traditionnellement joué un grand rôle dans la vie juive. Perçues comme des ambitions nobles et dignes de louange, dans les valeurs de la société juive traditionnelle elles ont toujours largement devancé l'accumulation des richesses matérielles. En fait, on peut avancer que, dans le monde décrit ici, l'ignorance est plus sûrement motif d'exclusion sociale que la pauvreté.

    Certes, la précarité matérielle sont souvent le lot de segments numériquement importants des communautés juives. Toutefois, elles n'ont jamais pour corollaire obligé l'ignorance car toutes les communautés organisées ont su, dès le moyen-âge, mettre en place des systèmes qui assurent la gratuité des études aux plus démunis. Toutefois, dans la période qui précède immédiatement la naissance du hassidisme, le cours des choses connaît un bouleversement profond. Du fait de l'ampleur des épreuves traversées et de l'appauvrissement général qui s'ensuit, y compris au niveau des structures communautaires traditionnelles, les institutions existantes se trouvent hors d'état d'assurer une éducation gratuite à tous.

    Cette évolution est porteuse de conséquences littéralement dramatiques. L'énorme majorité de la communauté juive cesse de recevoir la moindre formation intellectuelle, la connaissance devient l'apanage d'une élite dont la sélection s'est opérée par son aptitude à subvenir aux frais inhérents à l'étude. Les anciens clivages réapparaissent, un véritable fossé se creuse entre les érudits et les ignorants.

    Ainsi, à la suite des tragédies de la seconde moitié du 17ème siècle, quelle que soit l'optique adoptée, que l'aune soit l'économique, le culturel ou le social, la vie juive, en ces provinces du royaume de Pologne, a atteint un degré de tension, de misère, voire de désespoir inconnu jusqu'alors. Les communautés se ressentent comme perdues alors que grandissent les ombres; tous se languissent d'un véritable guide spirituel qui saura montrer le chemin et relever ce qui a été détruit. C'est dans ce cadre que le Baal Chem Tov entreprend son action


    La naissance du `Hassidisme ( Hassidout )

    Il est très précisément conscient du problème soulevé par l'abaissement du niveau culturel des couches d'âge les plus jeunes et par l'état de dépression spirituelle et morale dans lequel se trouvent les adultes. Il décide de mettre en oeuvre une campagne à deux niveaux, en direction de ces deux publics. Toutefois, il est également conscient que les temps ne sont guère favorables à une démarche de ce type. Les erreurs "sabbataïenne" et "franckiste" sont encore trop proches pour qu'il soit possible d'agir dans ces domaines sans susciter la suspicion et, presque automatiquement, la condamnation des rabbins et des responsables communautaires. L'oeuvre doit donc, dans un premier temps, être menée à bien dans la plus grande discrétion. Le Baal Chem Tov est coutumier du fait. Il est lui-même un disciple d'un autre sage à qui ce même titre -" Baal Chem", "Maître du Nom" - a été donné. Il s'agit de Rabbi Adam Baal Chem de Ropchitz, également disciple d'un sage de la génération précédente, Rabbi Yoël Baal Chem de Zamochtz. En cette qualité, associé, dès l'âge de dix-huit ans, à un groupe de nistarim, de mystiques itinérants à qui Rabbi Adam Baal Chem a confié mission d'aller de village en village, de communauté en communauté pour apporter le réconfort nécessaire au peuple juif et contribuer à sa reconstruction morale et spirituelle, le Baal Chem Tov a pu prendre la pleine mesure des besoins; il sait la réalité de la condition juive. L'accés à la culture et au savoir lui paraît un terrain d'action si déterminant que, pour une courte période, il choisit d'exercer la fonction d'assistant auprès d'un instituteur de village, se consacrant ainsi, de la manière la plus concrète, à l'éducation des plus jeunes. Après la mort de Rabbi Adam Baal Chem, c'est le Baal Chem Tov qui prend la tête des nistarim.

    Il s'agit là d'une fonction priviligiée, propre à favoriser la diffusion souhaitée de l'enseignement. La structure va fonctionner de manière étonnament efficace, à telle enseigne que, lorsque, âgé de 36 ans, le Baal Chem Tov assume, au vu et au su de tous, la fonction de chef spirituel de ce que l'on allait bientôt appeler le mouvemement hassidique, il peut, d'ores et déjà, s'appuyer sur un certain nombre de noyaux de disciples répartis dans différentes communautés de Pologne et qui ont largement préparé le terrain pour l'impressionnante expansion que le mouvement va connaître.


    La synagogue du Baal Shem Tov

     

    Certes, parmi ces disciples de la première heure, on compte bien des érudits de premier plan, cependant, le Baal Chem Tov prend soin de maintenir le contact avec les masses juives. Il lui importe de conserver son rôle d'enseignant populaire. C'est précisément la raison pour laquelle il est possible de noter le recours fréquent qu'il fait à toutes les formes de la parabole ou de la métaphore, dans toute la mesure où elles permettent de transmettre des concepts profonds au travers de termes de la plus grande simplicité.

    Cependant, l'objectif affirmé de cet enseignement semble être davantage de répondre aux nouvelles questions du temps et aux prémisses de celles des époques à venir que de participer à une refondation dogmatique. Même dans les domaines où des innovations sont constatées, elles semblent plutôt de nature à renforcer et vivifier les croyances traditionnelles qu'à bouleverser l'édifice des siècles. Le Baal Chem Tov, lui-même, ne conçoit d'ailleurs pas son mouvement comme un groupe restreint, voire vaguement shismatique et, comme tel, appelé à se séparer du courant principal de la tradition juive. Bien au contraire, il y voit un mouvement de masse qui, commençant par des individus ou des groupes réduits, a pour vocation de s'étendre à toutes les classes du peuple juif. Il rencontre pourtant une opposition d'une remarquable intolérance.

    L'opposition de l'establishment

    Il a été longuement dit que l'époque est particulièrement difficile, que le peuple juif vient de traverser d'immenses épreuves, tant matérielles que spirituelles, qui ont décimé ses communautés et bouleversé ses points de repère traditionnels. Le temps est donc au soupçon et à la crainte. Il n'est guère étonnant qu'un nouveau mouvement, se référant de surcroît à la Kabbale, se soit vu taxé de sabbatianisme. Par ailleurs, certaines des idées développées par le Baal Chem Tov (fondateur de la 'Hassidout 'Habbad), comme celles tendant à effacer la distinction entre l'érudit et l'homme du commun ou celle mettant l'accent sur les qualités émotionnelles détenues par tous de préférence aux intellectuelles, apanage d'une minorité, sont perçues comme outrancièrement radicales. L'opposition qui se fait alors jour y voit une menace pour l'ordre communautaire établi, voire, indirectement, pour l'autorité rabbinique qui, en ce temps, constitue le ciment de toute les structures juives. Enfin, certains veulent voir dans ces enseignements des aspects grossièrement panthéistes, estimant à tort que l'une des phrases fortes du Baal Chem Tov, "Dieu est tout et tout est Dieu" revient à limiter la Divinité à sa propre création, ce qui donne lieu à une critique générale du mouvement.

    L'attaque frontale contre le Baal Chem Tov et le mouvement qu'il a créé a lieu de son vivant. Ce premier assaut date de 1755; il est concrétisé deux ans plus tard par une excommunication prononcée à Wilno, en accord avec des représentants des rabbinats de Sloutsk et de Chklov, hauts lieux de l'étude talmudique. Cependant, l'opposition ne se déploie avec toute sa vigueur qu'après la mort du Baal Chem Tov, en 1760, quand ses disciples, et, en particulier, son successeur, Rabbi Dov Ber de Mézéritch, entreprennent de diffuser les enseignements du hassidisme sur une plus large échelle, et y compris par le biais d'ouvrages imprimés. En 1772, année de la mort de Rabbi Dov Ber, l'excommunication des hassidim est réitérée à Wilno sans, cependant, encore atteindre la violence de celle prononcée à Zelva, en 1781, dans le cadre d'une convocation rabbinique. Ceux qui en viennent à se définir eux-mêmes comme les opposants , les mitnagdim, par rapport à ceux qu'ils dénomment, par dérision, les pieux, les hassidim, sont enflammés à la lecture d'un texte hassidique que vient alors de publier Rabbi Yaacov Yossef de Polnoye, l'un des disciples du Baal Chem Tov, sous le titre Toldot Yaacov Yossef. L'ouvrage adopte un ton délibérément polémique, mettant face à face la platitude de la vie non-hassidique et la vitalité grandissante du hassidisme. L'argumentaire enrage l'opposition qui en appelle à des sanctions plus sévères contre ce qui, à ses yeux, n'est qu'un groupe sectaire. Les hassidim sont désignés comme hérétiques, leur vin et leur viande interdits à la consommation comme non-conformes aux prescriptions rituelles et tout mariage avec eux strictement prohibé. Si ces mesures sont draconiennes, elles ne parviennent cependant pas à arrêter ou même ralentir le mouvement. Aussi, les différents Rabbinats jugent nécessaires de réaffirmer leur opposition virulente au hassidisme en 1784, à Mohilev, puis en 1796, de nouveau à Wilno.

    Le développement du mouvement

    C'est dans la même période que Rabbi Chnéour Zalman assume, à la demande de ses pairs, la direction du mouvement hassidique après le décès de son maître, Rabbi Dov Ber. A la tête de l'opposition se trouve le célèbre Gaon de Wilno, Rabbi Eliahou (1720-1797), reconnu tant pour son immense érudition que pour son élévation spirituelle. Par aileurs, le centre du combat s'est déplacé vers la Russie du tsar puisque les ex-territoires polonais de Lithuanie et de Russie Blanche viennent d'être cédés à la Russie après les partitions que connaît la Pologne en 1772, 1793 et 1795. C'est en 1798 que le mouvement hassidique affronte sa crise majeure, lorsque Rabbi Chnéour Zalman est dénoncé au tsar, par les opposants, comme un dangereux rebelle, événement qui se reproduira en 1800. Sans aller plus avant dans le déroulement de l'histoire, il suffit de noter que, après que le gouvernement russe ait innocenté Rabbi Chnéour Zalman et, à travers lui, l'ensemble du mouvement hassidique, l'opposition renonce à toute action concertée contre le hassidisme.

    Mais l'histoire du hassidisme, même brièvement résumée, n'est pas que celle d'une longue résistance à une opposition opinîatre et sûre de son bon droit. Elle est aussi celle d'une progressive structuration de son action par l'entremise d'un groupe de disciples qui se rassemblent autour du Baal Chem Tov d'abord, puis de Rabbi Dov Bèr de Mézéritch, son successeur. Un verset biblique est classiquement utilisé pour rendre compte de ce processus organisationnel: "un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin et, de là, se divisait en quatre têtes". "L"Eden", c'est-à-dire la source et l'origine des choses représente le Baal Chem Tov; "le fleuve", ce qui en découle, est mis pour Rabbi Dov Bèr de Mézéritch; "le jardin", ce qui profite de l'eau vivifiante, figure Rabbi Elimélèh de Lizensk; quant aux quatre têtes, qui sont les développements ultérieurs, c'est de Rabbi Menahem Mendel de Rimanov, Rabbi Israël de Koznitz, Rabbi Méïr de Apta et Rabbi Yacov Its'hak, le "Voyant de Lublin", qu'il s'agit. Dans ces premières générations du hassidisme, il convient de citer également ceux qui marquent son développement: Rabbi Nahman de Bratslav, Rabbi Lévi Itshak de Berditchev, Rabbi Ménahem Mendel de Kotsk et Rabbi Chnéour Zalman de Liady.

    Dans sa première période, sous la direction du Baal Chem Tov puis de Rabbi Dov Bèr de Mézéritch, le hassidisme reste un mouvement unitaire, chaque disciple apportant la richesse de sa personnalité à l'oeuvre commune. On trouvera ainsi tel disciple affirmant qu'il ne vient chez son maître que pour le voir lacer ses chaussures tandis que tel autre y développe une érudition reconnue par l'ensemble du monde rabbinique du temps. C'est dire que la pleinitude de l'émotion y rencontre la grandeur de la raison. Chacun, dans un tel cadre, connaît sa place, sa charge et sa mesure. Ainsi, rapporte l'anecdote, lorsque le Baal Chem Tov meurt, c'est naturellement son fils, Rabbi Barouh, qui lui succède. Il n'occupera pourtant cette fonction que moins d'un an, décidant, à la demande de son père expliquera-t-il, d'y renoncer au profit de Rabbi Dov Bèr. C'est, de fait, ce dernier à qui il revient de structurer le mouvement. Après sa mort, ses disciples choisissent, cependant, de ne pas rester grouper sous l'égide d'un maître unique. Après avoir désigné Rabbi Chnéour Zalman comme chef de file, ils estiment que le hassidisme se répandra d'autant mieux que chacun prendra la responsabilité de sa diffusion sur un territoire défini, y apportant toutes les modulations de sa personnalité. Les masses juives sont, à ce moment, en Pologne et en Russie, c'est donc d'abord ces deux mondes qu'il convient de convaincre. La Russie, particulièrement, est perçue comme le bastion de l'opposition. C'est là que se trouvent les grandes académies talmudiques. C'est à Rabbi Chnéour Zalman que ce domaine est confié, il est l'érudit d'entre les disciples, celui dont les autres diront: "nous avons tous mangé de la même assiette mais c'est lui qui a eu la meilleure part". Chacun va donc établir une école de pensée et fonder ce qu'il est convenu d'appeler une dynastie. Certes, la fonction de guide spirituel devient alors généralement héréditaire mais l'idée centrale reste la même. Le guide spirituel, le Rabbi, est nécessaire en tant qu'intercesseur ou, plus encore, en tant que seul à même d'indiquer le chemin, d'ouvrir la voie, de montrer l'intention de Dieu dont il convient de suivre le droit fil afin de s'élever de degré en degré sur l'échelle qui mène à Lui. Chacun d'eux s'établit dans une ville donnée dont le nom restera attaché à la mouvance concernée, jusqu'aujourd'hui. Ainsi en est-il des hassidim de Satmar, de Gour, de Vichnitz, de Belz ou de Loubavitch qui, loin de leur terre d'origine, ont reconstruit ailleurs ce que l'histoire a détruit, comme s'ils vivaient sur un territoire que seul le spirituel peut circonscrire et, de ce fait, hors d'atteinte des contingences évenementielles.

    Le temps passe et, avec lui, l'aspect scandaleux inhérent à la nouveauté. Les opposants commencent à réaliser que leur suspicion est sans fondement, leur hostilité largement injustifiée. L'heure est, relativement vite, au rapprochement.

    Ainsi, dès 1808, nous trouvons des démarches communes, menées par les dirigeants des communautés de hassidim et de mitnagdim, par exemple une approbation de l'édition du Talmud à Kopoust, ce qui aurait été impensable seulement dix ans plus tôt. Finalement, le fossé est comblé. Les hassidim sont acceptés comme des membres à part entière de la communauté et le mouvement comme un élément indissociable du judaïsme traditionnel. Plus encore, le hassidisme assume bientôt la position de représentant du judaïsme religieux en son sens le plus fort et le plus traditionnel. Il est vrai que les temps changent et que c'est lui qui soutient les attaques les plus violentes de la haskalah, le courant juif des lumières, qui, dès la fin du 18ème et surtout au 19ème siècle développe, dans son désir d'ouverture vers le monde et de reconnaissance sociale, des tendances grandissantes à l'acculturation et à la déjudaïsation, n'hésitant pas à recourir aux ukazes du tsar pour contraindre les Juifs à se conformer à ses propres options idéologiques. C'est là un nouveau combat qui s'engage pour le hassidisme qui en devient, paradoxalement si l'on se réfère aux premiers épisodes de son histoire, le défenseur de la tradition.

    L'histoire et, à tout le moins, la perception du mouvement hassidique changent donc radicalement en l'espace de seulement quelques générations. De vision soupçonnée d'hérésie, il devient co-gérant de la tradition pour en assumer enfin la pleine défense; c'est là un phénomène unique dans l'histoire juive.

    Aujourd'hui, le hassidisme est resté porteur du même message tout en ménageant l'ouverture sur le monde, le refus des attitudes sclérosées qui l'a, de fondation, caractérisé. Sans doute est-ce là ce qui en fait un élément moteur des communautés juives d'Israël comme de diaspora, soucieuses de trouver une grille de lecture aux événements du siècle, pressentant l'existence d'un sens de l'histoire sans savoir clairement le définir ni le nommer. Le hassidisme, familier des combats d'idées, propose un message inchangé.

     

     

    Le Baal Shem Tov - Chronologie  

    1700 à 1760

    1700

    Vie d’Israël Baal Shem Tov, le fondateur du Hassidisme. Il naît à Okop, en Podolie (dans le sud-ouest de l’actuelle Ukraine). Ses parents décèdent alors qu’il est assez jeune. Il est alors pris en charge par la communauté, dans laquelle il acquiert des notions d’hébreu, et le goût des promenades au bois. Parvenu à l’âge adulte, il devient l’auxiliaire de l’instituteur de la ville la plus proche, accompagne les enfants à l’école et leur fait réciter leur alphabet. Il se marie avec une fille de bonne famille et part s’installer avec elle dans une cabane, dans les Carpates. Israël y vit pauvrement d’extraction de la chaux et approfondit les doctrines mystiques. Au bout de quelques années, le couple retourne vivre dans la communauté et la femme y ouvre une auberge. C’est là qu’Israël va poursuivre sa vocation et devenir le Baal Shem Tov.


      1736

    1736

    Naissance du Hassidisme avec le début de la vocation d’Israël Ben Eliezer, dit le « Baal Shem Tov ».
    Le « Baal Shem » (maître du nom) était un personnage important dans le monde Juif de Pologne, particulièrement en Pologne du sud où l’érudition était plus rare que dans le nord, bastion de l’étude du Talmud. Il amenait les idéaux de la Torah au niveau du peuple et les traduisait pour lui. Il prodiguait conseils et consolations, mais également amulettes et remèdes.
    En 1736, Israël devient un « Baal Shem ». Il commence à exercer une influence sur son entourage qui vient le voir pour demander une bénédiction, un conseil ou un remède. La réputation d’Israël s’accroît rapidement, il attire de plus en plus de monde et on l’appelle finalement le « Baal Shem Tov » le maître du bon nom. Le personnage est humble et simple, sa piété et sa foi sont grandes. Peu charismatique, il se sert de son imagination féconde pour mettre à la portée de tous des concepts demeurés jusqu’alors complexes et l’apanage des studieux. Sa doctrine se fonde sur plusieurs idées importantes :
    - Le premier devoir de l’homme est de rechercher Dieu et de s’identifier avec son œuvre dans le monde.
    - Dieu est partout dans l’univers et l’homme doit savoir aller au-delà des apparences du monde physique pour le découvrir.
    - Dieu doit être servi dans la joie et non pas dans la mortification.
    - Entre Dieu et les hommes, il y a un intermédiaire : c’est le Tsadik, guide spirituel des Hassidim (les piétistes, fidèles de l’idéologie du Baal Shem Tov) qui intercède en leur faveur auprès des cieux.


      1760

    1760

    Mort du Baal Shem Tov, le fondateur du Hassidisme. Son nom est abrégé en « Besht ». A sa mort, le Hassidisme est en pleine expansion dans tout le sud-est de l’Europe, et commence sa course vers le nord. Une à une, les communautés sont conquises par les idées du hassidisme. En même temps, celui-ci se diversifie et ne reste pas uniforme. Chaque lieu dans lequel s’implante le hassidisme a bientôt son Tsadik (son juste), guide spirituel qui fonde un courrant en insistant sur des idées particulières. Une des idées hassidiques qui s’affirmera avec clarté est le rôle spécial assigné par Dieu au Tsadik. Cette idée mènera tout droit à l’idée de la filiation du Tsadik, à savoir de la création de dynastie de Hassidim. Avec le hassidisme, c’est donc à l’établissement d’une véritable aristocratie du judaïsme que l’on assiste. Le tsadik n’a ni plus, ni moins qu’une cour autour de lui. Mais c’est une aristocratie à substrat « spirituel » où l’on insiste sur le rôle du Tsadik, réparateur des fautes des autres et intercédant auprès des forces célestes. Un des disciples des dernières années du Baal Shem Tov, Rabbi Jacob Joseph, rassemblera ses enseignements, les publiera et contribuera grandement à les faire connaître. A la mort du Besht, le principal à continuer l’œuvre du Hassidisme est l’un des ses disciples, Rabi Dov Ber, connu sous le nom de Maggid de Meseritch. Doté d’une solide formation talmudiste et connaissant bien les ouvrages de kabbale classique, il reprend l’enseignement du Baal Shem Tov, l’étoffe et le renforce. Il formera un grand nombre de fondateurs de dynasties hassidiques.

     

    Lexique du Hassidisme

    par le Rav Yehoshua Ra'hamim Dufour

     

    Introduction
    Il est indispensable de bien connaître pour bien aimer.
    Il est indispensable d'aimer TOUTES les différentes composantes du peuple juif qui sont les fonctions du même corps.
    Le Chla ou le 'Hida allaient de communautés en communautés pour les connaître profondément et apprendre d'elles. Ribbi Yisraël Abou'hatséra également et tous les Sages de tous les courants venaient le visiter.
    Dans cette même intention, avant de présenter le 'hassidisme, je place le grand maître de l'époque qui représentait une tendance très différente, le Gaone de Vilna. Justement parce qu'il fut en conflit avec courant 'hassidique. Dans le corps juif.
    Voir la paracha
    Balaq sur l'importance d'une parole qui soit de qualité envers tous.

     


    Gaone. 
    Traduction : éminent. Explication : Gaone, ou écrit aussi Gaon, signifiant "éminent". Pluriel, guéonim. Chef des grandes yéshivotes et communautés de Babylone jusqu'au 10e siècle environ, spécialement à Soura et Poumbédita. Les téchouvote  haguéonim sont les consultations rabbiniques de ces époques et régions.
    Par extension, nom donné à quelques rares Sages qui ont brillé par leurs connaissances en tous les domaines du judaïsme et dans la sainteté de leur vie, comme le Gaone de Vilna. Références dans le Tanakh : Psaume 47, 5. 

    Gaone de Vilna.


    Le 19 Tichri, hiloula (décès) du Rav Eliahou ben Chlomo Zalmane, dit le Gaone de Vilna en Lithuanie (1720-1797). Ici, sa maison:

    et ici son tombeau (il veilla à ce qu'on n'en fasse pas un lieu de culte)

    Né à Pessa'h comme le Rambam, il fut dès l'enfance et toute sa vie un génie intellectuel, possédant la Torah à trois ans et demi, capable de soutenir des discussions talmudiques à six ans et demi, et préparé avec soin pour devenir un grand maître en Torah. Il ne dormait que trois périodes d'une demi-heure par nuit consacrant le reste à l'étude de la Torah. Ses écrits couvrent tout le champ des sciences juives et il fut en même temps un mystique et un maître en middotes, dans la science du comportement moral selon la sainteté (qéddoucha) de la Torah. Il fut le maître de Rabbi 'Hayim de Volojine (1749-1821), le pédagogue des yeshivotes actuelles. Photo de cette célèbre yeshiva de Volojine:


    Son opposition à la montée du 'hassidisme fut très importante et constante malgré toutes les tentatives des fondateurs du 'hassidisme de recevoir une recommandation. L'auteur du Taniak et fondateur de la dynastie Habad sollicita en 1772 une audience, accompagné du Rav Ména'hem Mendel de Vitebsk, avec toutes les formes d'obédience et de reconnaissance du rôle du Gaon, mais il refusa de les recevoir et resta dans cette position jusqu'au bout, démentant les bruits qu'il était revenu sur cette opposition dans sa vieillesse. Le Tséma'h Tsédéq, 3e Rabbi de la lignée de Loubavitch fut reconnaissant au Gaone de son opposition qui constitua un frein et évita au mouvement 'hassidique de dévier vers les pratiques extatiques puis d'autres déviances. Il l'écrivit précisément.
    Voir
    le commentaire du Gaone de Vilna sur la paracha Béréchite.

    Volozhyne. 
    Rabbi 'Hayim de Volozhyne (1749-1821) est un éminent disciple du Gaone de Vilna. Il a écrit  (Néféche Ha'hayim. L'âme de la vie), qui procure un sens de l'équilibre des différentes composantes nécessaires dans la vie juive.

     



    Situation historique
    Le 'hassidisme est un mouvement qui a pris naissance en Russie blanche et en Pologne après les terribles persécutions quand le peuple était abattu, dans la misère et souvent inculte. Plus de 200.000 juifs avaient péri dans les massacres de Chmielnitzki en 1648-9, par exemple.

    Caractéristiques
    Des leaders charismatiques se sont levés, ont présenté un enseignement caractérisé par la continué de l'étude traditionnelle et de la pratique des mitsvotes mais avec une insistance primordiale sur le côté chaleureux et affectif ('hassidoute), l'enthousiasme et la ferveur intérieure et extérieure (hitlahavoute), l'amour (ahava) de D.ieu, du prochain, des rites et de la création, un prosélytisme dans la communauté, une vie communautaire avec un style de vie commun, des techniques de chant (niggoune), de méditation et d'orientation des intentions dans la prière (cavanna), etc.
    Sur tous ces points il y a des différences entre chaque courant du 'hassidisme.

    Le Rebbe
    Ces leaders ont organisé des communautés centrées autour de leur charisme, de leur orientation et de leur orientation. Leur rôle va bien au delà du rôle classique du Roch Yeshiva, du talmid 'hakham, du tsaddiq mais le Rebbe est vu comme le modèle, le canal de la bérakha (bénédiction). Les fondateurs sont à l'origine de véritables dynasties de maîtres dont les fonctions se transmettent héréditairement de manière monarchique. 
    La théorie de la dynastie  est centrée sur la personnalité du Rabbi comme tsaddiq, leader de la  génération, personnalité messianique, sur l'importance de la littérature propre au  mouvement en particulier le Tanya, la dévéqoute, l'amour de tout le peuple juif, et  l'appel actif à la téchouva. 
    Le fondateur est Rabbi Chnéour Zalmane de Lyady, auteur du Taniah (1745-1813); son successeur Dov Baer de Loubavitch (1773-1827). Le Tséma'h Tsaddoq (1789-1866), est le petit-fils du fondateur de la dynastie des Loubavitch ou 'Hassidé 'Habad.
    Décimées par la Choa, les différentes communautés ont eu une remarquable renaissance. Les courants contemporains de retour au judaïsme ('hazara bitéchouva) fournissent d'importantes forces à certains courants comme les Loubavitch.

    Localisation
    Certains courants sont défavorables à la montée actuelle sur la terre d'Israël (Satmar), la majorité sont favorables, plusieurs courants sont très favorables et engagés. Presque tous ont des communautés puissantes en nombre et rayonnement en Israël et dans d'autres pays ; une circulation rapide et continue existe entre ces centres.

    Pays
    Le 'hassidisme avait donc commencé en Russie blanche avec Rabbi Chnéour Zalmane de Lyadi et Dov Beer. Il se développa en Galicie avec Rabbi Méïr, Rabbi Yisraël de Riskine et Rabbi Elimélékh de Lizensk. 
    En Pologne ses promoteurs pricipaux furent le Voyant de Loubline, Rabbi Lévi de Berditchév et le Kotsér Rebbe. En Hongrie, commença le courant de Rabbi Moché Teitelbaum et de Rabbi Tsvi de Dinov.

    Nomination
    Les communautés sont souvent nommées par le nom de leur ville d'origine qui désignent également la dynastie.

    Dynasties
    Les plus connues de ces dynasties sont Alexander, Apta-Koupichnitz, Belz, Berditchév, Bobov, Chernobyl-Dkever, Dinov-Bluzhov, Dinov-Mounkatch, Ger ou Gour, Hanipol, 'Houst, Kaliv, Karline-Stoline, Kossov-Viznitz, Liadi, Loubavitch, Mézéritch, Modzhitz, Nechiz-Novominsk, Prémychlane-Nadverna, Qotsq, Radomsk, Ropchitz, Salenter, Sanz, Satmar-Sighéte-Oujel, Vilna, Vorki-Amchinov. 

    Vie interne
    On le voit, il s'agit de toute une société qui a sa presse, ses publications, ses circuits continus de déplacement, ses immenses réunions mondiales à l'occasion des mariages ou enterrements ou nominations du successeur. Chaque groupe a des rites particuliers et célèbre avec ferveur les anniversaires de son propre courant dans l'histoire.
    On parle couramment des nouvelles l'Alexander Rebbe, du Belzer Rebbe, du Gerer Rebbe, du Satmarer Rebbe, etc.


    Le Belzer Rebbe

    Noms actuels
    Dans notre génération, voici quelques noms des grands Rebbe selon les courants. 
    Leurs nouvelles et actes parcourent la presse spécialisée ou, souvent, nationales : 
    Alexander : R. Avraham Ména'hem Danziguér, l'Alexander Rebbe (Bné Braq).
    Belzer: R. Issakhar Dov, le Belzer Rebbe.
    Chernobyl : R.David Twersky, le Skever Rebbe.
    Gour : R. Pin'has Ména'hem Alter, le Gere Rebbe.
    Kalev : R. Ména'hem Mendel Taub, le Kalever Rebbe.
    Karline : R. Baroukh Meïr Chochét, le Stoliner Rebbe.
    Loubavitch : R. Ména'hem Mendel Schneersohn, le Loubavitcher Rebbe (1902-1994).
    Mézéritch : R. Na'houm Dov Brayer (Jérusalem).
    Novominsk : R. Yaâqov Perlow, le Novominsker Rebbe (New York).
    Prémichlane-Nadverna : R. Moché Léifer (New York).
    Satmar : R. Moché Teitelbaum, le Satmarer Rebbe (New York).
    Viznitz : R.Mordékaï, le Viznitzer Rebbe (New York-Bné Braq).
    Vorki : R. Yossef Kaliche, le Amchinover Rebbe.

    A lire également : 
    Avraham Yaakov Finkel. The great Chasidic Masters.. Ed. Aronson. USA 
    Avraham Yaakov Finkel. Contemporary Sages. Ed. Aronson. USA. 
    Calendrier
    Hassidique. Ed. Beit Loubavitch. Paris.
     

     


    Principaux noms des Sages 'hassidiques

    Alter (Rabbi Israël Alter de Gour).
    Le 2 Adar, hiloula de Rabbi Israël Alter de Gour, auteur de Beit Yisraël (Gour en Pologne. 1894-1977 à Jérusalem. Son père était le petit-fils du Sfate Eméte, livre contre la médisance et il fonda la plus grande dynastie 'hassidique, la dynastie de Gour décimée par les nazis. Rabbi Israël Alter parvint à s'échapper du guetto de Varsovie et se consacra à la reconstruction et, actuellement, la yeshiva de Gour à Jérusalem est le centre de formation et d'animation d'une immense et puissante collectivité. 

    Baâl Chém Tov. 
    Le Rav Yisraël ben Eliêzér (18 Elloul 1698-1760), nommé le Bécht, est le fondateur du 'Hassidisme, le grand-père de Dob Baër célèbre pour ses écrits extatiques sur la prière, et l'arrière grand-père de Rabbi Na'hmane de Braslav. Il est né à Okop ou Akoup en Podolie et fut rapidement orphelin, s'appuyant sur ce que son père lui avait dit avant de mourir : "ne crains personne hormis Haqqaddoche Baroukh Hou". 
    Il apprit la Torah de l'enseignement reçu dans une relation mystique au Tana A'hiya de Chilo à partir de l'anniversaire de ses 26 ans, pendant 10 ans. Il décida ensuite de manifester son savoir.
    Il avait acquis par ailleurs une sérieuse formation talmudique mais ses adversaires lui reprochaient de ne pas en faire état dans sa prédication. 
    Il devint une figure charismatique influente à qui on attribua de nombreux miracles, extases dans la prière comme élément central, etc. Il gagna ainsi le titre de Yisraël Baâl Chém Tov qu'il appréciait et adopta dans sa signature.
    Il tenta de monter en Eréts Yisraël mais ne persévéra pas dans sa tentative.
    Le centre de sa théorie est la dévéqoute, l'adhésion à Dieu par la prière, dont quelques tsaddiqim sont l'expression la meilleure et dont les membres de tout le peuple bénéficient et dont il ramène les "étincelles" et les sauve des écorces négatives (klipotes) qui les enferment. De même, il insiste fortement sur les techniques d'élévation de la néchama (âme).
    Bien qu'il ne soit pas éloigné dans l'histoire, sa vie est autant connue par des légendes bien établies que par des faits et écrits assurés. Un exemple : il écrit qu'à Roche Hachanna 1746 (5507) lors d'une de ces techniques, il a eu une vision extraordianire dans laquelle il demande au Roi Machia'h (messie) quand Il viendra. Celui-ci lui répondit : "lorsque tes sources se répandront à l'extérieur". Ses disciples sont mus par de nombreux écrits ou récits de ce type.
    Son influence sur tout le judaïsme est considérable.
    Il est décédé le 2 Sivane 5420 (1660).Sa tombe est à Meghbough.
    C'est d'abord son fils, Rabbi Tsvi qui lui succéda puis, un an après, le Maguide de Mézéritch qui décéda le 7 Sivane 5521 (1761). Rabbi Dov Beer succéda à ce dernier.

    Béer (Rabbi Dov Béer)
    Rabbi Dov Béer, le maguid de Mézéritch (5533-1772), enterré à Anapoly, est décédé le 19 Kislév.

    Belz ('Hassidisme)
    Le 23 Chévate est la Hiloula du Rabbi Yehoshua de Belz ou Belzer, en Galicie (1825-1894), fils du fondateur de la dynastie des 'hassidim de Belz, Rabbi Chalom Roqéa'h (1779-1855), qui descend du célèbre auteur d'études sur la prière, le Roqéa'h d'Amsterdam. 
    Ce courant a mise en valeur l'importance de l'étude talmudique dans le 'hassidisme et garde une force considérable dans le milieu orthodoxe. 
    Devant l'expansion de la haskala (émancipation par la culture), Rabbi Yehoshua créa une forte résistance psychologique à ce courant. 
    Les autres grands opposants au courant de la haskala au 19e siècle furent les 'hassidim des dynasties de Vichnitz (Rabbi Ména'hem Mendel, 1768-1825), de Sanz (Rabbi 'Hayim Halverstam, 1793-1876) et de Gour (Rabbi Yits'haq Méïr Alter, 1799-1866).

    Berditchév.
    Le 25 Tichri, hiloula (décès) de Rabbi Lévi Yit'haq ben Méïr de Berditchév (1740-1810). auteur de Qédouchate Lévi. De la 3e génération du 'hassidisme, il fut l'élève de Dov Baer le magguide de Mézéritch. Il fut en controverse avec les mitnaguedim qui s'opposaient à ce nouveau courant dans le judaïsme qu'il développait avec ardeur. Il insistait sur une piété intense, joyeuse. émotionnelle et très mystique, qu'il développait dans ses contes et poèmes, sur l'absence de critique envers les juifs, se contentant de prier pour eux. Il est aussi connu par les contes 'hassidiques de Martin Buber. Il est enterré à Berditchev. L'épouse du Rabbi de Loubavitch était une descendante à la 7e génération de Rabbi Lévi Yit'haq de Berditchev.

    Braslav.
    Le 18 Mar'héchvane, hiloula (décès) du Rav Na'hmane ben Sim'ha de Braslav (1772-1811). Arrière petit-fils du Baâl Chém Tov (1698-1760), le fondateur des 'hassidim et fils de Féiga. Il fut considéré comme tsaddiq dans la lignée messiannique selon la tradition 'hassidique par ses proches ; sa personnalité et les pratiques qu'il instaurait (confession) furent l'objet de nombreuses controverses et il théorisa le conflit et la persécution comme une part essentielle de sa théorie mystique de la correction du monde (tiqqoune) et de la venue du machia'h. Il n'a pas laissé de successeur mais des écrits (Likouté moharane). Sa tombe est l'objet d'un culte et de pélerinages par ses fidèles à cette date à Oumane. en Ukraine. Ils diffusent aussi avec un grand prosélytisme la formule N NH NHM NHMN MEOUMANE qui se trouve à la 7e ligne sur un billet laissé par lui et donc voici la photocopie. Ce billet a été oublié puis retrouvé, puis diffusé par un rabbin qui y a consacré sa vie, enfin un visiteur l'a dérobé. Il fait aujourd'hui l'objet d'un véritable culte dans ce groupe 'hassidique très prosélyte.

    Chernobyl. 'Hassidisme
    Le 27 Chévate est la hiloula de Rabbi Ména'hém Na'houm de Chernobyl, en Ukraine. Il était un disciple du Baâl Chém Tov  et le fondateur de la dynastie des 'hassidim de Chernobyl décimés par les Nazis. 
    Une branche est constituée actuellement par la famille David Skverer ou Twersky et ses h'assidim, ilôt de calme et de prospérité aux USA près de New York sous l'égide de Rabbi Yaâqov Yossef de Skver.

    Eiger. 
    Le Rav Yéhouda Leb Eiger (1816-1888) de Loubline. Il étudia auprès de R. Alter qui fonda la dynastie de Gour, en Pologne. Sa haute conduite morale lui valut le titre de Tsaddiq et l'estime même des opposants au courant 'hassidique. Sa concentration dans la prière était proverbiale et lui suscita des adversaires. Il écrivit Torate Eméte sur les fêtes. Hiloula, le 22 Chévate (8 février).

    Eizik. Rabbi Yits'haq Eizik
    Le 7 Adar 1821, ce fut la hiloula de Rabbi Yits'haq Eizik, fils de R. Moché Yé'hézqel de Kaliv, l'un des principaux diffuseurs du 'hassidisme en Roumanie et Hongrie.

    Ger, ou Gerer. Voir Gour

    Gour. 
    Importante dynastie de 'hassidims.
    Elle commence avec R. Yits'haq Méïr Alter (1799-1866) élève du R. Menakhém Mendel de Kotzk. 
    Le plus célèbre est R. Yéhouda Arié Léb Alter de Gour dit le Tséfate Eméte (1847-1905). 
    Ensuite, R. Avraham Mordekhaï, (1886-1948), R. Yisraël (1894-1977, le Béit Yisraël, titre de son commentaire de la Torah). 
    Puis R. Sim'ha Bunam Alter (1896-1992, nommé le Lév Sim'ha, son amour de chaque membre du peuple lui a valu une popularité immense) et son frère,  l'actuel leader, Rabbi Pin'has Ménakhém Alter. 
    R. Avraham Mordekhaï, (1886-1948) nommé le Imré Eméte selon son commentaire de la Torah est celui qui a donné au mouvement son ampleur populaire actuelle non seulement en Israël et aus USA mais dans de nombreux pays ; il est le fondateur de l'Agoudate Yisrael, le puissant mouvement politique 'haridi des 'hassidim en Israël. Plusieurs des leaders de Gour comme d'autres courants du 'hassidisme échappèrent miraculeusement à l'extermination de la Choa et contribuèrent au nouvel essor. C'est un courant qui est très engagé pour enseigner l'importance d'habiter sur la terre d'Israël ; dans cette logique, ils luttent politiquement pour déveloper l'habitat des familles religieuses dans des conditions minimales.

    'Houst et Leifer. 
    Le 9 Adar 1929, ce fut la hiloula de Rabbi Yisraël Yaâqov Leifér, de 'Houst, en Tchécoslovaquie. Il est la 6e génération depuis Rabbi Méïr de Prymichlane, élève du Baâl Chém Tov, après Rabbi Aharone Léb, Rabbi Yits'haq de Kaliche, Rabbi Méïr de Prymichlane, Rabbi Issakhar Ber (dit Reb Bertche), et son père Rabbi Mordékhaï de Nadverna en Hongrie (décédé en 1894 et dit Reb Mord'hélé) qui écrivit Maamar Mordékhaï sur la Torah et fut considéré comme un faiseur de miracles. 

    Karline ou Karline-Stoline. C'est une dynastie de rabbins 'hassidiques qui a commencé avec R. Aharone Haggodol de Karline (1736-1772) qui était le disciple du Maguide de Mézérich. Les générations suivantes furent : R. Achér puis R. Aharone, R. Achér, R. YIsraël, R. Yo'hanane de Loutszk, R. Moché et l'actuel Stoliner Rebbe, qui est R. Baruch Méïr Yaâqov Halévi Chochéte.

    Lipqine. 
    Le 25 Chévate est la hiloula du Rav Israël Lipqine de Salenter (1810-1883), fondateur du courant du Moussar (morale, éthique) en Lithuanie, à Vilna puis à Kovno. Puis, en plus de son activité, il s'intégra à la vie civile en Allemagne et voyagea beaucoup. Son ouvrage le plus connu est Iguéréte hammoussar, la Lettre de la morale, qui reste une base classique de la formation des jeunes étudiants dans les yeshivotes. Il fut un grand pédagogue et son fils Yom Tov devint un grand mathématicien universitaire.

    Loubavitch. Voir Baâl Chem Tov. Voir Schneersohn.

    Mendel. Rabbi Ména'hem Mendel de Qotsq
    Rabbi Ména'hem Mendel de Qotsq (1787-1859). Il fut élève du Voyant de Loubline, R. Yaâqov Yits'haq Horowitz. Il se distinguait de la chaleur populaire 'hassidique par une rigueur sévère qui s'adressait à une élite soucieuse de vérité sans aller dans le sens des approximations qui plaisent aux masses même religieuses ; c'est donc un 'hassid proche de la ligne du Gaone de Vilna, le mitnagued lithuanien opposant au 'hassidisme. Il termina sa vie dans l'isolement volontaire. Hiloula, le 22 Chévate.

    Prémychlane.
    Le 2 Adar 1832, ce fut la Hiloula de Rabbi Aharone Leb de Prémychlane, fils de Rabbi Méïr, l'un des grands animateurs du dévelopspement du 'hassidisme en Galicie.

    Rebbétzine. La femme du rabbin, en yiddish.

    Roche Hachanna de la 'hassidoute.
    Le 19 Kislév est le jour de la libération de l'Admour Hazzaqéne, auteur du livre le Tanya ; il avait été accusé injustement. Les 'hassidim en font le "Roche Hachanna de la 'hassidoute" en terminant l'étude du Tanya et en la recommençant immédiatement.

    Satmar. 
    Nom d'une importante communauté 'hassidique et très active, essentiellement située aux USA et minoritairement en Israël. Le leader  intellectuel et charismatique en fut Rabbi Yoél Teitelbaum (1888-1979), dénommé  le Satmarer Rebbe ou Reb Yoiliche. On dit qu'il descend du Maharcha et du Réma (
    voir ces noms). Il fit partie du petit nombre de juifs échangés et libérés des camps de la mort. Il fut un des  plus violents opposants à la constitution de l'Etat d'Israël. Il est décédé le 26 av. Son successeur, est Rabbi Moché Teitelbaum. 

    Schneersohn. 
    Célèbre dynastie de 'hassidim. En voici les principaux leaders selon les générations.
     

    Shnéour Zalmane de Lyady, l'Admor ha zaqén, auteur du Tanya,
    livre de base des "Loubavitch". (1745-1813, le 24 Tévét)
    Dov Baer de Loubavitch ( 1773-1827)
    Ména'hém Mendel Schneersohn, le Tséma'h Tsédéq (1789-1866)
    'Hayim Shnéour Zalmane de Lyady (1814-1880)
    Yits'haq Dov Baer de Lyady (1826-1910)
    Lévi Yits'haq (1878-1944)
    Ména'hém Mendel Schneersohn (1902-1994)

    Rabbi Ména'hém Mendel Schneersohn 
     Le célèbre Rabbi de Loubavitch (Ména'hém Mendel ) est né en 1902. Il est la 4e génération après son homonyme et la 6e génération après le fondateur, Rabbi Schnéour  Zalmane. 
     

     

    Il a diffusé la 'hassidoute de 'Habad dans les différentes communautés et dans les différentes régions du monde, par l'intermédiaire de l'insistance sur l'amour d'Israël, l'envoyé de nombreux émisaires mandatés, et un un sens incomparable de l'utilisation des médias.
    Son décès a été l'occasion de grands mouvements et dissensions dans le  mouvement loubavitch. Trois tendances sont apparues,  entre
    - ceux qui continuent la conception juive et 'hassidique active mais classique du Rabbi, de la vie posthume de tout Sage décédé et de la venue du Machia'h, et qui estiment préjudiciables au mouvement Loubavitch les clivages actuels ; ensuite,
    - ceux qui affirment que le Rabbi  était "le" Machia'h ;
    - enfin, ceux qui continuent à dénier sa mort concrète et le considèrent en Machia'h vivant concrètement mais caché. Cette dernière tendance messianique radicale est ferme sur ses positions qu'elle estime être la vérité historique et définitive ; certains, à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement craignent que cette tendance rejoigne la liste longue des célèbres déviations qui ont marqué périodiquement et de façon dangereuse l'histoire du judaïsme.
    Ces trois courants ont une même vénération pour tout ce qui concerne le Rabbi et vivent le temps dans le calendrier précis des événements qui ont été ceux de cette lignée.
    A l'extérieur du mouvement, ceux ceux qui n'appartiennent pas à cette collectivité précise, on retrouve des sympathies ou des positions qui correspondent à ces lignes, et en général l'ensemble apprécie le travail généreux d'aide aux Juifs (URSS, Pessa'h organisé dans les endroits les plus retirés du globe là où il y a des Juifs, activité de téchouva, activité envers la terre d'Israël). La position du mouvement envers les Juifs d'Ethiopie a été fluctuante mais ce problème est aujourd'hui totalement tranché dans le sens de la judéité totale des ces Juifs, hormis les cas de ceux qui se sont convertis volontairement ou sous contrainte au christianisme mais cela est un problème général et non particulier. Et les procédures de retour sont classique comme pour tout Juif au monde.
    S'il le souhaite, chacun peut s'informer sur ces trois  courants auprès de leurs adeptes ; nous ne prenons aucune position ; il s'agit ici d'information.
    Pour objectivité, voici des sites francophones de ces tendances différentes avec leurs orientations:

    http://perso.club-internet.fr/afriatl/
    http://www.loubavitch.fr
    http://yehi.net/
    et leur centralité, le site du 770 à New York http://www.770live.com/

    De façon générale:
    Il n'y a pas à s'étonner de ce que une partie de ses fidèles disent qu'il n'est pas mort. En effet, c'est un enseignement constant dans le judaïsme qu'un Sage n'est pas "mort" mais est vivant et plus vivant lorsqu'il a atteint la plénitude après le décès. En effet, le judaïsme voit cette vie -ci comme un hall vers le monde à venir (cf. le Principes des Pères), et le passage est une montée (ilouï) et une fête (hiloula) pour ceux qui passent de la sainteté (qodéche) à la sainteté plus éclatante, et qui font souvent ce passage par "un baiser" (mitate néchiqa) en douceur. La connaissance évite toujours les discussions qui divisent au lieu de s'apprécier.

    On dit que Yaaqov avinou lo méte, notre père Yaâqov n'est pas mort. Et le Sage tunisien est nommé le "Ribbi Taïeb lo met" (qui n'est pas mort) et cela est écrit sur sa tombe. Il n'y a donc pas à s'imaginer qu'il y a là quelque chose qui distingue exceptionnellement un seul des Sages et qui, pour cela, serait dans une position que certains diraient même plus élevée que celle de Moché rabénou. Il suffit de connaître nos traditions pour ramener les choses dans le bon sens.

    Le fait que une partie conséquente de ses disciples pensent qu'il est le Machia'h qui reviendrait ne pose pas non plus de problème tant que cela reste dans le cadre de l'enseignement de toute la tradition. En effet, le Roi David est le Machia'h, personne ne niera cela. Et chaque roi qui recevait l'onction (sens de Machia'h) aurait pu l'être, c'est pour cela que David l'était éminemment. Cela est totalement dans le verset 7 du psaume 20 que
    vous trouvez sur le site.

    Le temps du Machia'h se distinguera seulement, disent nos Sages, par le fait que les nations n'auront plus de domination sur Israël. Le Rambam a accordé de nombreuses pages à ces problèmes. Et, comme disait un Sage du Talmud: si on me dit que le Machia'h est arrivé et qu'il est à la porte de la ville, je continuerai à planter l'arbre que je plante car, ainsi, mes petits enfants verront certainement les fruits de cet arbre. Il savait qu'il est inutile de discuter de ce faux problème à l'avance car le Machia'h ne sera pas reconnu avant sa venue mais uniquement après sur la base des fruits positifs de son action. C'est la seule règle. Cela est écrit.

    D'ici là, notre tradition est très prudente sur cette question car il y a eu tant d'erreurs et de déceptions, chaque fois, chaque fois, chaque fois que des grands Sages ont voulu se prononcer sur quelqu'un et le reconnaître; combien ont annoncé sur toutes les radios que le Rabbi reviendrait 3 jours après sa mort (comme un autre) et les déceptions sont dangereuses ensuite. Le mieux est de bénéficier des exemples et des enseignements de ces Sages, de les respecter car ils sont effectivement exceptionnels et hors de nos petites dimensions, ils ont fait un bien inégalable dans le peuple et leur enseignement les continue. Discuter ensuite sur des questions qui ne sont pas de notre niveau frise l'orgueil qui est l'une des pires fautes. Et cela ne fait que diviser, voyons ce qui nous unit.
    Quant à la question du "retour" d'un Sage décédé, c'est une question très complexe et qui ne peut être traitée que par des Sages du niveau du Ari, zal qui ne sont plus de notre génération, dit le Rav Yaâqov Hillel dans ses ouvrages, l'un des plus grands caballistes de Jérusalem. Nul ne voit aujourd'hui à qui nous sommes reliés dans notre néchama et donc ce qui revient de passages dans des existences précédentes.

    Etudions la Torah, pratiquons-la. Et surtout, nous avons le devoir de la réaliser selon nos traditions. Il est interdit d'abandonner nos propres traditions familiales et communautaires pour celle d'un autre courant, le Rabbi de Loubavitch était le premier à l'enseigner. Sur cette question, voyez ce que sont les minhaguim, ces coutumes de chaque communauté (
    paragraphe 11 de cette page sur la tradition orale).
    Même si, bien entendu
    nous avons à nous enrichir des enseignements de tous les courants, et à les aimer tous
    . Voir les pages à ce sujet.

    Tanya. 
    Le 20 Kislév, a eu lieu la première impression du livre de l'Admour Hazzaqéne, le Tanya, base de la 'hassidoute, en l'honneur du Maguid de Mézéritch.

    Tiqqoune
    Ce concept n'est pas du tout exclusivement 'hassidique mais il est très utilisé par la spiritualité 'hassidique, c'est pourquoi nous l'insérons ici également, en  précisant bien qu'il fait partie du vocabulaire de la majorité des courants du judaïsme actuellement.
    1. c'est la réparation d'un manque ou d'un défaut, qu'ils soient dans la fabrication ou dans ce qu'est devenu un objet, une personne, une situation. 

    2. C'est la technique de réparation établie par nos Sages et qui consiste dans des programmes précis de textes à étudier, de prières à dire, à des dates ou heures particulières ou dans des circonstances précises, après avoir réalisé des actes précis de purification des intentions (par exemple, miqvé, tsédaqa, viddouï ; bain de purification, bienfaisance, aveu des fautes, etc.). Ainsi,  le Tiqqoune 'hatsote qui se dit la nuit à minuit.

    3. Un tiqqoune particulier basé également sur des textes composés par les Sages, est le corpus de textes que l'on lit pendant la nuit de certaines fêtes comme le tiqqoune Chavouôte, le Tiqqoune de la nuit de Hochaâna Rabba (voir ces deux mots, à la suite de celui-ci).

    4. Le "tiqqoune néchama" entre dans ces cadres qui dépassent le niveau du commun. Il s'agit d'améliorer l'être, non plus seulement dans ses comportements et dans ses attitudes intérieures, mais dans la nature de son âme car il y aurait eu des accidents de parcours, soit dans les vies antérieures, soit dans le processus de purification après la mort, et l'âme aurait besoin de l'aide de prières. Les plus grands mystiques juives parlent de cela. Mais, ici, c'est plus qu'une mise en garde qu'il faut placer ; en effet, qui peut prétendre qu'il vit à ces niveaux de pureté, qu'il a reçu le don divin de voir et de comprendre ces niveaux ? Qui se prononce là-dessus et prétend interpréter ou donner des conseils en ce domaine est un dangereux charlatan, hormis les rares Sages reconnus comme tels par les plus grands tsaddiqim de la génération. Le judaïsme, qui a une longue expérience millénaire des conduites des hommes, met en garde contre les tentatives de s'égarer dans les situations extrêmes. Les fils de Aharone ont péri dans cette voie ; le roi David pensait pouvoir aisément affronter ces voyages avec leurs épreuves et il a reçu des épreuves qu'il lui furent très difficile de supporter. Et aucun de nous n'avons  ces niveaux. Il existe une pathologie de ces expériences, dont parle la littérature 'hassidique et le folklore concernant le "dibbouq".

    5.En ce sens, dans la conduite populaire, on parle aussi de "tiqqouné chabbate" (au pluriel) pour désigner la pratique de lire des ensembles de cantiques ou psaumes qui mettent en valeur la beauté du Chabbate, et qui ont été organisés par les caballistes, spécialement le Ari zal.

    6 Dans la même ligne, on désigne le "tiqqoune Klali" mis en valeur par Rabbi Na'hmane de Braslav pour la purification des pensées. et du corps.

    7. On parle aussi de "tiqqoune ha lachone" quand une lettre supplémentaire apparait et produit des anomalies dans une forme grammaticale d'un mot. Voyez l'analyse de ce phénomène par Rachi dans son commentaire de Béréchite 49, 22 et Chémote 18, 8 et Bamidbar 11, 16 et Isaïe 9, 6 et Job 32, 3. Il y a des raisons très profondes à ces anomalies, qui transmettent souvent des secrets de la Torah, ou parfois ce sont des formes qui permettent d'éviter une lecture qui porterait préjudice à la dignité de la Torah.

    8.On parle alors de "tiqqoune sofrim". On parle aussi de tiqqoune qoreim  à propos d'un livre qui donne toutes les précisions pour ne pas faire d'erreurs dans la lecture de la Torah .

    9. Last but not least, les Tiqqouné hazzohar sont l'un des livres du Zohar qui, en 70 chapitres, commentent uniquement le premier mot de la Torah et décrivent les nombreuses correspondances qui existent entre les lettres ou les versets de la Torah, aux niveaux les plus élevés. Ce livre est écrit en araméen. Il est la base de la plupart des commentaires de la cabale qui sont développés ultérieurement

    10. Une expression courante, qui joue sur tous ses niveaux, mais en revenant sur le plan de l'organisation sociale, est le "tiqqoune haôlam" ; c'est souvent une décision d'un Sage reconnu par la génération entière qui décide d'une mesure qui change les usages, mais justement parce que cela remet dans le bon ordre des choses. On en parle ainsi pour ce qui vient améliorer les choses dans la paix.

    11. Enfin, tout cet ensemble s'insère dans une conception générale présente dans le judaïsme le plus authentique que le peuple juif est engagé dans un "tiqqoune" du monde où agissent des forces positives et négatives depuius la faute d'Adam. La réparation a commencé avec les patriarches, elle s'est poursuivie sur le plan familial puis national ; il y a eu des rechutes comme les phases de destruction du Temple ; il y a aussi une certitude que le processus de réparation n'échouera pas et qu'il y aura des phases propices au retour au projet divin. On trouve là le concept de téchouva (retour), celui de Machia'h qui est très complexe et est analysé avec précision à la fin du Traité Sanhédrine et par le Rambam. Il y a toujours eu des individus qui exploitent ces espérances pour abuser des personnes de qualité qui n'ont pas de formation suffisante dans le discernement. C'est tout le problème constant des faux-messies.  En résumé, à la fois, la réalité du tiqqoune est authentiquement juive, et le processus est très complexe à mobiliser et à discerner. C'est cependant une des bases de la émouna juive, confiance et foi ; c'est pour cela que le Rambam l'a introduit dans ses iqarim, principes de base.

    Tsaddiq
    Traduction : Juste. C'est un homme qui accomplit le bien dans le concret, en essayant d'aller jusqu'au bout, en se différenciant de la violence de la génération, avec intention d'amour,  crainte du ciel, et qui ne se glorifie pas de ses qualités. Il porte ainsi le monde et le sauve, parce qu'il le fait fonctionner comme il prévu dans la Création et fait agir la bénédiction. C'est celui qui a totalement confiance en D.ieu. Voir aussi :
    Noa'h. Références dans le Tanakh : Dévarim 4, 5 et 16, 19. Psaume 15.Proverbes 14, 26.A lire également : Rachi sur Chémote 23, 8.

    Tsimtsoum. 
    Rétraction. constriction ; c'est une phase dans la Création du monde, selon la caballe.

    Vizhnitz. 
    Petite ville en Ukraine qui fut le commencement d'une dynastie de 'hassidim sous l'impulsion de R. 'Hayim Méîr Hagér, nommé le Imré 'Hayim (1888-1972). Animateur d'une importante communauté, il émigra en Israël pendant le nazisme et le siège de leur communauté se trouve à Bné Brak près de Ramat Gane en Israël dans le quartier Vizhnitz (qiriate Vizhnitz). Les rabbis actuels sont en Israël R. Moché  Yehoshua de Vizhnitz et, aux USA, R. 'Hayim Méïr dit Reb Motélé. 

     


    Hommage au 'hassidisme en quelques photos
    Je ne suis pas un 'hassid de Pologne, ni un descendant de 'hassid de Pologne ou de Galicie (contrairement à mon collègue Freud), mais j'aime tous les courants du judaïsme car chacun ouvre une porte du Ciel (comme dit le Ari, zal dans son Introduction à Péri Ets 'Hayim). Et je connais beaucoup d'amis appartenant à ces familles. Habillés comme moi, ou autrement, ou comme ces amis-ci qui viennent chez moi comme je vais chez eux aussi,


    avec qui je me sens autant à l'aise pour parler de tout qu'avec mes amis à kippa sérouga ou avec mes étudiantes 'hilonim et pas toujours habillées selon les convenances de la Torah qu'elles ignorent car personne ne leur a ouvert le coeur à ces douceurs. Cela s'apprend, avec volonté, pour arriver au même contact vrai et réciproque, et aller dire bonjour à un ami à Méa Chéarim autant qu'à un ami informaticien laïc.

    Nul ne peut nier que le 'hassidisme a eu l'art de ranimer la flamme de Juifs endormis, partout dans le monde. Ici, au Maroc,
    où on voit le Rav Chalom Messas en costume local avec les envoyés du Rabbi qu'il appréciait mais ne leur permettait jamais d'entraîner à abandonner des coutumes des ancêtres, ce qu'ils n'auraient jamais osé faire dans la région de son obédience. D'ailleurs, le Rabbi, lui-même insistait sur le devoir absolu pour les non-hassidimes de ne jamais abandonner les coutumes des pères.


    C'est cela la fraternité.
    Et voici une rencontre entre deux grands Sages de la Torah:


    Ces 'hassidim, aujourd'hui sont intégrés parmi les autres communautés, et le monde juif a toujours eu ses particularités incompréhensibles pour d'autres; en cela, on représente l'altérité à améliorer.
    Mais je veux rendre hommage en ce jour, ou plutôt en cette nuit du monde, à ceux qui réaniment des fleurs que d'autres ignoraient parmi nous. C'est pour cela que je suis allé dans la nuit de Jérusalem, en ce 3 Tamouz, vous faire connaître de splendides fleurs que l'on ne voit que la nuit et qui s'éteignent chaque matin. Ainsi de beaucoup d'âmes, elles ne sont visibles que pour ceux qui savent voir dans le noir.
    Il fait nuit noire, un immense cactus se remplit de ses bourgeons comme il est dit dans le chapitre 2 du Cantique des Cantiques: ha nitsnamim nireou ba arets, êt ha zamir higuiya, les bourgeons sont visibles sur la terre d'Israël, le temps des chants est arrivé:

    La nuit est noire, seul mon flash éclaire ces espoirs invisibles pour ceux qui, partout, sont devant leur TV à cette heure-ci.
    N'est-ce pas beau de voir que deux fleurs dans la nuit se parlent au lieu d'être solitaires chacune pour soi seule?

    Cette nuit, il y a eu un miracle, c'est bien la bat Israël qui court dans la nuit noire du Cantique et qui rencontre à qui parler.
    Elles se disent: "de nuit comme de jour, louons le Créateur".

    Laissons ces grands échanger, l'important c'est l'enfant qui va rivaliser. A leur exemple, il va espérer.
    Hommage aux hassidim actifs partout dans le monde.

    Ils n'ont pas peur de certains Juifs hargneux, se défendant de toutes leurs griffes qui piquent,
    ils sont là main tendue si vous avez besoin d'eux.

    C'est bien le rôle des Juifs: tout le monde fabrique de belles lanternes magiques, mais nous témoignons de quelques fleurs essentielles dans un monde noir et qui pique. Tant qu'il y a aura des Juifs entêtés, le monde espérera et ne pourra se détruire.
    Comme cette fleur nocturne, il suffit de vivre et d'être une Torah qui respire.



    Regardez bien l'image suivante, dans quelque temps j'espère vivre pour vous le montrer toute en fleurs.
    Ainsi de tous nos amis qui ne sont pas encore venus vivre sur la terre de vie qu'ils ont reçue en héritage et qu'ils laissent en otage à d'autres qui en font leur partage. Sachons une bonne fois que aucune nuit n'empêchera pas les Juifs de fleurir.
    N'est-ce pas la nuit que
    nous allons au Kotel (lien ici)? N'est-ce pas la nuit que nous disons le tiqqoune 'hatsote (lien ici)?
    N'est-ce pas la nuit que
    nous admirons les éclipses (lien ici)? N'est-ce pas la nuit que nous admirons la renaissance en couleur du jour dès l'aurore (lien ici)
    ? Découvrez sur Modia tous ces liens sur Jérusalem de nuit.
    Mais quand donc dorment les Juifs? ;-))
    Voilà des millénaires que nous illuminons et les jours et les nuits.
    C'est pour cela que tant d'autres nous envient, essayent de nous voler la Torah et la rebaptisent, comme on peut se substituer aux fleurs que le Créateur a choisies! Infantile bêtise.



    Je rentre chez moi, il est près de minuit, mon flash illumine le mur, ici encore les fleurs vivaient la nuit.
    Avec vous, j'ai rendu hommage à nos frères 'hassidim qui réaniment nos nuits.
    Souvent, dans leur imagination débordante, ils m'ont surpris. J'en suis sûr, vous aussi.
    Mais, comme les Lévi au temps du Temple,
    ils apportent une musique.

     Bientôt, je vous montrerai, si D.ieu veut, l'explosion de cette moisson de fleurs de nuit.





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique