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Par metanoia1 le 13 Janvier 2008 à 18:35
ROGER BACON<o:p></o:p>
DE L'ADMIRABLE POUVOIR ET PUISSANCE DE L'ART, OU EST TRAITE DE LA PIERRE PHILOSOPHALE
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Traduite en Français par Jacques Girards de Tournus.
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A LYON
Par Macé Bonhomme
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1557
Le traducteur au lecteur,<o:p></o:p>
En un Petit corps gît souvent grande puissance.<o:p></o:p>
Ce quentendras (lecteur) lisant ce livre,<o:p></o:p>
Que jai traduit & mis en apparence,<o:p></o:p>
Pour daucun sots lerreur ne faire vivre :<o:p></o:p>
Car il démontre à lil ce quil faut suivre, <o:p></o:p>
Ou rejeter touchant faits admirables,<o:p></o:p>
Tend à ce que lArt imitant Nature, <o:p></o:p>
Peut bien ce là que maints estiment fables,<o:p></o:p>
Gens hors raison, & dinique censure.<o:p></o:p>
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<o:p>A </o:p><o:p></o:p>
<v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" id="_x0000_t75" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f"><v:stroke joinstyle="miter"></v:stroke><v:formulas><v:f eqn="if lineDrawn pixelLineWidth 0"></v:f><v:f eqn="sum @0 1 0"></v:f><v:f eqn="sum 0 0 @1"></v:f><v:f eqn="prod @2 1 2"></v:f><v:f eqn="prod @3 21600 pixelWidth"></v:f><v:f eqn="prod @3 21600 pixelHeight"></v:f><v:f eqn="sum @0 0 1"></v:f><v:f eqn="prod @6 1 2"></v:f><v:f eqn="prod @7 21600 pixelWidth"></v:f><v:f eqn="sum @8 21600 0"></v:f><v:f eqn="prod @7 21600 pixelHeight"></v:f><v:f eqn="sum @10 21600 0"></v:f></v:formulas><v:path gradientshapeok="t" o:connecttype="rect" o:extrusionok="f"></v:path><o:lock aspectratio="t" v:ext="edit"></o:lock></v:shapetype><v:shape id="_x0000_s1026" style="MARGIN-TOP: 6.05pt; Z-INDEX: 1; LEFT: 0px; MARGIN-LEFT: 0px; WIDTH: 75.75pt; POSITION: absolute; HEIGHT: 75.75pt; TEXT-ALIGN: left" type="#_x0000_t75"></v:shape>ucun y a, qui demandent lequel des deux est plus puissant, ou nature ou art. Répondant à laquelle question, ou demande, je dis combien que nature soit puissante et admirable, que toutefois lart, usant de nature pour instrument, est de plus grand pouvoir que la vertu naturelle, comme nous voyons en plusieurs choses. Or tout ce, qui est sans opération de nature, ou dart, ce nest point chose naturelle, cest-à-dire, que cest chose feinte, et environnée de fraudes et tromperies. Même il y en a aucuns, qui par un subit et léger mouvement, et par une apparence de membres, ou aussi par diversité de voix, subtilité dinstruments, ténèbres, ou accord, proposent aux hommes maintes choses admirables, qui ne sont aucunement vraie (Le monde est plein de ces balliverneries, comme il est manifeste). Quainsi soit les joueurs, plein de raillerie et gaudisserie, baillent maintes mensonges dune vélocité de mains. Et les divinateurs dune variété de voix au ventre et gosier, par choses controuvées et en leur bouche, forment voix humaine de loin, ou de près, ainsi quils veulent : et comme sil y avait humain esprit, qui lors parlât. Voire, ils feignent sons des bêtes brutes. Mais les causes ou raisons sujettes à lherbe et cachées aux côtés de la terre, démontrent que les choses que lesdits divinateurs feignent par grand mensonge, sont une puissance humaine, et non point esprit. Aussi ce nest vérité, ains fraude et déception, dire, que les choses inanimées se meuvent légèrement, ou souvent, par temps de nuit, ou par temps que le jour faut, quon appelle communément entre chien et loup. Au reste, consentement contrefait tout ce que les humains veulent, selon quils se disposent par ensemble. En toutes ces choses ny a considération daucune raison naturelle, ni dart, et ny est point la puissance de la nature : mais en ceci loccupation est plus méchante, quand lhomme méprise les lois de Philosophie, et contre toute raison invoque les méchants esprits, afin que par eux il accomplisse sa volonté. En quoi certes y a erreur, de ce quil croit, que les esprits shumilient à lui, et quon les contraint par humaine volonté (ce qui est impossible, pour autant que lhumaine puissance est beaucoup moindre, que celle des esprits) et aussi, que par certaines choses naturelles, desquelles il use, il a ferme opinion, quon appelle, ou quon figure lesdits malins esprits. Derechef, il y a abus, quand par invocations déprécations et sacrifices il sefforce de les apaiser, et amener pour lutilité des mortels. Considéré, que plus aisément sans comparaison faudrait impétrer de Dieu, ou des bons esprits, ce que lhomme doit réputer utile et profitable. Que comme soit ainsi, par telles choses inutiles les mauvais esprits nassistent point pour lui favoriser, ou pour obtempérer à sa volonté, sinon dautant que Dieu (lequel régit et gouverne le genre humain) permet pour les péchés des hommes. Et pource, ces voies et manières là, sont sans enseignement ou préceptes de sagesse (voire plutôt opèrent au contraire) ni jamais les Philosophes en ont eu cure et soin. Aussi ils ne se sont souciez des charmes et caractères. Et pour dire ce, quil en faut tenir et croire (après tout considéré) je connais, que sans doute toutes choses semblables de ce temps sont fausses et douteuses. Voire, ne plus ne moins, que cette uvre là serait faux et abusif, quiconque ferait caractères, et proférerait des charmes devant un chacun, afin quil se fit un e vertu et puissance dattraction de fer par laimant, comme si icelle totalement était inconnue. Certes aucunes choses y a entre les irraisonnables, cest-à-dire, dont on ne peut donner raison (comme on dirait de la susdite attraction) desquelles les amoureux de science ont fait mention par uvre de nature, et dart, afin, quils cachassent les secrets aux gens indignes. Pour raison desquels plusieurs choses sont cachées en diverses façons et manières, aux livres desdits Philosophes. Auxquels le sage et prudent personnage doit avoir cette considération et sagesse de mépriser les charmes et caractères, et approuver luvre de la nature, et de lart. Quoi faisant, il verra les choses animées et inanimées symboliser, et courir ensemble à nature, pour la conformité dicelle, non point pour la vertu du charme, ou du caractère. Et en ce point là, les ignares estiment maints secrets de nature, et dart, être chose magiques. Et aussi les magiciens follement se confient aux charmes et caractères, de ce quils attribuent, je ne sais quelle vertu à iceux, et que pour leur gain et attente, délaissent luvre de la nature et de lart pour labus desdits charmes et caractères. Pour cette raison de quoi lun et lautre genre de ces hommes là (savoir est, ignares et magiciens) sont dépouillés, ou privés de lutilité de sagesse, par leur sottie et folie, qui à ce les contraint. Or il y a certaines dépréciations anciennement instituées des hommes véritables, ou plutôt ordonnées de Dieux, et des Anges, lesquelles peuvent retenir leur première et originelle vertu. Mêmement en plusieurs régions se font encore certaines oraisons sur le fer ardent, et quasi blanc dêtre embrasé et allumé, et sur eau de fleuve, et semblables choses, quon croit se faire par lautorité de prélats : et auxquelles les simples et innocents sont approuvés, et les coupables condamnés : comme on dirait les exorcismes ou conjurations, que les prêtres font en leau bénite : et comme on lit en la loi ancienne de leau de purgation, par laquelle lon approuvait adultères, ou fidélité au mari, et plusieurs autres choses de cette, ou telle et semblable sorte. Mais quand est des choses, et des déprécations, qui sont contenues aux livres des magiciens, on les doit toutes rejeter (combien quil y ait quelque chose de vérité) parce quil y a tant de choses fausses, quon ne peut discerner vérité dentre mensonge. Dont il faut nier, que Salomon, et je ne sais quels autres sages, les aient composées à tous ceux qui le disent : joint, que tels livres ne sont point reçus de lautorité de lEglise, ni des sages gens, ains de séducteurs, qui prennent la simple lettre, composant nouveaux livres, multipliant nouvelles inventions : afin, que plus fort, ils attirent à eux les hommes (comme nous savons par expérience) proposent titres renommés à leurs uvres et les attribuent impudemment à lautorité de tels ou tel Auteur (comme sils nopinaient rien deux-mêmes) et aussi font haut style aux choses contingentes, et sous ombre de texte feignent leur mensonges. Mais pour revenir et choir à notre premier propos, les caractères (qui contiennent sens doraison inventée) ou ils sont composés et pour traits à la volée, ou ils sont fait à la culture des étoiles en temps esseulés. Or tout ainsi comme nous avons parlé des oraisons, aussi nous jugerons premièrement desdits caractères, et secondement des signets ou images. Si les caractères ne sont fait en leur temps, lon connaît quils nont totalement aucune efficace vertu. Et pour ce celui qui les pourrait ainsi quils ont formés aux livres, nayant égard, sinon quà la seule figure, laquelle il fabrique à lexemplaire est jugé de tout homme sage et de bon esprit, quil ne fait chose qui vaille. Au contraire, celui-là, qui en dues constellations, (ou notation dastres) fait uvre ou aspects, ou inspection des cieux, peut disposer non seulement les caractères, mais toutes ces uvres tant dart que de nature, selon la vertu ou influence du ciel. Toutefois, pource quil est difficile de percevoir la certitude des corps célestes à cette cause, en ces choses il y a grand erreur en plusieurs, et par façon, que peu de gens y a, qui peuvent véritablement et utilement ordonner quelque chose. Même pour cela le vulgaire des Mathématiciens, qui jugent et opèrent par les étoiles magiques, et par uvres, comme par jugement en temps élu, nexcelle point beaucoup, ores queux très expert, et suffisamment ayant lart pourraient faire plusieurs utilités. Néanmoins il est à considérer, que le médecin expert, et un chacun de autre pratique et vacation, peut bien utilement ajouter des charmes et des caractères (ores quils soient feints) selon lopinion de Constantin médecin. Non point pour ce quiceux caractères et charmes soient de quelque valeur, mais bien afin que plus dévotement, et de plus grande avidité ou courage le patient reçoive la médecine, quon lui baillerait, quil se confie davantage, quil se réjouisse, et que lesprit dicelui sexcite. Aussi lâme étant excitée, peut renouveler au propre corps plusieurs choses, tellement que dinfirmité ou maladie il prendrait convalescence, et viendrait à santé par le joie et confiance fait tel ou semblable cas, et vient à magnifier son uvre, à fin que ledit patient soit incité davoir espérance de guérison, mais quil ne face point cela pour aucune fraude et tromperie, ni pour croire faire croire audit patient quil se porte bien, il nest point abominable de bailler à aucun des charmes et brevets, si nous croyons audit Constantin médecin. Car lui en lépître des choses quon pend au col, ainsi permet des charmes et caractère, et les soutient en ce cas là. Joint (comme dessus) que lâme peut beaucoup sur son corps par ses véhéments effets, ainsi que démontre bien Avicenne au livre de lâme, et au VIII des animaux, et tous les sages sy accordent. A cette cause et raison lon fait des jeux, et apporte lon choses délectables devant les malades (voire aucunes fois on permet à leur appétit maintes choses contraires) lesquelles esjouissent tant iceux quelquefois, que laffection et désir de lâme, et leur grand espoir vient à vaincre et surmonter leur maladie. Sur quoi, pource quil ne faut aucunement blesser vérité, cest à dire , mentir, il convient diligemment considérer, que tout agent (non point seulement les substances, ne pareillement les accident de la III, espèce de qualité) fait vertu, et apporte ombre et apparence en nature extrinsèque, et que des choses se font certaines vertus sensibles. Pour autant, cela (savoir est faire des jeux, et apporter choses délectables, devant malades) peut profiter et faire (tant pource quil est plus notable quaucunes choses corporelles, que principalement pour lexcellence, et la dignité de lâme raisonnable) espèce hors soi. Et nexerce les hommes seulement de chaleur, mais aussi les esprits sont excités de lui, tout ainsi que des autres animaux. Cela nest point de merveille, joint, que nous voyons bien quaucun animaux se transmue, et attirent des choses obéissantes à eux. Comme lon dirait, et que nous lisons du Basilic, qui tue par le seul regard du Loup, qui rend lhomme enroué, sil le voit le premier, que lhomme le voie, et de la hyène (ainsi que raconte Solinus des merveilles du monde, et les autres auteurs) qui ne permet quentre son ombre le chien jappe et aboie. Item des jugements en aucuns Royaumes, qui semplissent et conçoivent par lodeur de chevaux, comme narre ledit Solinus. Au cas pareil, et qui plus est, Aristote dit au livre des choses végétables, que les fruits des palmes femelles prennent maturité par lodeur des mâles. Ainsi donc plusieurs choses semblables et merveilleuses adviennent par les espèces et vertus des animaux, et des plantes, comme affirme ledit Aristote au livre des secret. Non point quil faille dire pour cela, que les plantes, et les animaux puissent atteindre à la dignité de nature humaine. Car sil était ainsi, ils pourraient aucunement faire vertus et espèces, et rendre ou donner chaleurs pour attirer les corps dehors eux, ce quils ne peuvent faire. Pour raison de quoi icelui Aristote dit au livre du sommeil et veille, que si la femme menstrueuse regarde le miroir, elle linfecte, et quen icelui appert nuée de sang. Aussi Solinus encore narre, quil y a en Scythie des femmes, qui ont doubles prunelles ès yeux (dont Ovide dit, Nos quoque pupilla duplex) lesquelles quand elles se courroucent, tuent les hommes, par leur seul regard. Certes nous savons que lhomme de mauvaise complexion, et ayant maladie contagieuse, comme lèpre, mal caduque, fièvre aiguë, les yeux fort malades, ou autres cas semblables, quil contamine et infecte les autres, qui sont devant lui. Et à lopposé, nous connaissons, que les hommes bien complexionnés, et sains (et notamment ceux-là, qui sont jeunes) confortent les autres, et quon se réjouit de leur présence. Qui est pour causes des suaves esprits, des vapeurs salubres et délectables, et de la bonne chaleur naturelle : et aussi pour cause des vertus, qui se font diceux, ainsi que Galien enseigne aux arts. Et ces choses viennent au mauvais, si lâme est corrompue par divers et grands péchés, si le corps est débile et de mauvaise complexion, et semblablement si la cogitation est très forte, et le désir véhément à nuire, et porter mal encontre. Car lors la nature de complexion, et de fermenté agit plus fort par les cogitations de lâme, et par les grands désirs, quon a. Donc le Lépreux, qui par grand souhait cogitation, et véhémente sollicitude, pourchasserait dinfecter ou envenimer un autre, qui serait devant lui, linfecterait plutôt et plus fort, que sil ne pensait point à cela ni le désirerait, et poursuivrait, joint, que nature (ainsi que démontre ledit Avicenne aux lieux prédit) obéit aux pensées et véhémentes affections de lâme. Voire il ne se fait aucune opération humaine, sinon par cela, que la vertu naturelle obéit aux membres, cogitations et souhaits de lâme. Or ledit Avicenne démontre au III de la Métaphysique, que cogitation est le premier mouvant, en après le désir conferme à cogitation, puis la vertu de lâme étant aux membres, qui obéissent aux cogitations et désirs. Et cela (comme dit est) advient aux mauvais. Par quoi quand ces choses se trouvent être en lhomme, à savoir bonne complexion, santé de corps, jeunesse, beauté, élégance de membres, âme nette de péché, forte pensée, et ardent désir à quelque uvre, alors tout ce qui se peut faire par lespèce, et vertu de lhomme, par les esprits, et la chaleur naturelle, il est de nécessité quil se fasse plus fort avec plus grandes véhémences, que sil défaillait en aucune de ces choses. Et principalement (dis-je) il est de besoin quil se face avec plus grand effort, sil y a grand désir, et forte intention. Ainsi donc se peuvent faire de grandes choses par paroles et uvres dhomme, quand toutes les causes ci-devant dites, concourent, joint, que lesdites paroles sont de lintérieur par pensées de lâme, et que le désir est par mouvement des esprits, chaleur, et vocale arterie, et leur génération à voies ouvertes par lesquelles y a grand ressort desprit, de chaleur, dévaporation, de vertu, et despèces qui se peuvent faire de lâme, et du cur. Même nous voyons que haleine et bâillement proviennent du cur par telles arterie aux parties intérieures, et que plusieurs résolutions desprits, et de chaleur se font, lesquelles nuisent aucune fois, quand elles proviennent dun corps malade, et quil soit de mauvaise complexion, et à lopposite aident, et confortent, quand elles sont produites dun corps net, sain, et de bonne complexion. Au moyen de quoi certaines opérations naturelles se peuvent par conséquent faire en la génération, et en la prolation de paroles, avec intention et désir dopérer. Dont non sans cause lon dit, que vive voix a grande vertu : non point quelle ait cette efficace, ou puissance, que les magiciens seignent, ni semblablement, quils estiment à faire, et altérer, mais selon que nature a ordonné. Et à cette cause, il faut bien sagement prendre garde en ces choses : joint que lhomme peut facilement décliner et en lune et en lautre partie : et que ia plusieurs errent, de ce, que les uns nient toute opération, et les autres en croient plus quil ne faut, et déclinent à lart magique. Par façon quil y a eu au monde plusieurs livres de charmes, caractères, oraisons, conjurations, sacrifices et semblable folies, qui sont purement magiques.<o:p></o:p>
Comme on dirait, le livre des offices des esprits, le livre de la mort de lâme, le livre de lart notoire, & autres infinis, qui ne contiennent ( comme dit est) pouvoir & puissance ni de art, ni de nature : mais bien choses controuvées par les magiciens. Toutefois il est nécessaire de considérer quon répute & estime plusieurs livres être de ceux des magiciens, qui ne sont pas tels, mais qui contiennent dignité de sapience. Et quant à ce, lexpérience dun chacun démontrera ceux là, qui sont suspects, & ceux qui ne le sont point. Même si aucun trouve en quelquun diceux luvre de nature ou dart, quil le preuve & reçoive : si autrement, quil le délaisse, comme étant suspect & indigne dun homme sage considère que tel livre serait superflu, & que cest à faire à un magicien de pénétrer chose superflue, & non nécessaire. Et ne faut douter quen éprouvant la nature & lart, on ne parvienne à chef de lintention, quon aurait. Parce que, comme Isaac a estimé au livre des fièvres, lâme raisonnable nest empêchée en ses opérations, si elle nest détenue par lignorance ? & que Aristote sus allégué est dopinion au livre des secrets, quen telles choses le personnage sain & bon, peut toutes choses qui sont nécessaires à lhomme, avec toutefois influence de la vertu divine. Ce que témoigne le dit Aristote au troisième des Météores, disant, quil ny a vertu, sinon par la puissance de Dieu, & à la fin des Ethiques quil ny a vertu ni morale, ni naturelle de céleste vertu, sans influence céleste & divine. Donc quand nous parlons de lénergie & pouvoir des choses particulières opérantes, nous ne rejetons point lagent universel de la première de la première cause, qui infonde plus en la chose causée, que ne fait la seconde, comme contient la première proposition des cause.<o:p></o:p>
Je raconterai donc maintenant merveilles par uvres dart & de nature, pour puis après (assignant les causes & manières des choses, auxquels il ny a rien dart magique ) dire & conclure, que toute puissance magique est inférieure à ces opérations, & indigne dicelles. Premièrement par figuration de lart même instruments pour naviguer se peuvent faire, sans quil y ait hommes nageant, comme des grands & marins navires, qui iraient par un seul homme gouvernant en plus grande légèreté, que si elles étaient pleines dhommes navigants. Se peuvent aussi faire des chariots, qui sans bête ou animal se mouvraient avec inestimable effort, comme on estime avoir été les chariots garnis, & munis de rançon, desquels on bataillait anciennement. Aussi peuvent être fait instrument pour volet, où lhomme étant assis au milieu de linstrument, virerait aucun engin, & par icelui les ailes, pource faites & composées artificiellement, battaient lair à la manière dun oiseau volant. Item se peut faire instrument petit en quantité, pour élever ou abaisser plusieurs poids, duquel il nest rien plus utile au cas posé : joint que par instrument de la hauteur de doigts & largeur diceux, & de moindre quantité, pourrait quelquun, soi-même & ses compagnons délivrer de tout péril des prisons & les élever & descendre. Plus se peut facilement faire un engin, par lequel un homme tirerait à soi mille hommes par violence, sans aucune volonté diceux, se peuvent aussi faire instruments pour marcher en mer & au fleuve près dun pré, sans péril du corps (même Alexandre le grand a usé de ces choses, afin quil vît les secrets de la mer, selon que narre le moral astronome) & tels instruments anciennement & de notre temps ont été faits & est certain quil y a instrument pour voler, lequel nai vu, & nai connu homme qui lait vu, mais bien connais par nom & surnom le sage, qui a découvert cet artifice. Bref, ils se peuvent faire infinies choses semblables, comme des ponts sur fleuves sans colonne, ou pilier, en arc, & aucun empêchement, & des machines & engins, desquels on a point encore ouï parler. Mais quoi ? on trouve plus des figurations naturelles, savoir est quon peut ainsi figurer choses claires, & miroirs, quune chose se montrerait plusieurs, un homme exercite, & plusieurs, & quil apparaîtrait tant de soleils, & tant de lunes, que nous voudrions. Car si aucunes fois les vapeurs se figurent tellement, que deux soleils, ou trois, & deux lunes apparaissent ensemble en lair (comme Pline dit, au second livre de lhistoire naturelle) par même raison aussi peut une chose apparaître plusieurs & infinies. Raison cest que après ce quelle excède sa vertu, il ny a (comme argumente Aristote, au chapitre de la chose vaque) nombre déterminé. Au moyen de quoi, se peuvent faire infinie terreurs à toute cité & exercite, & certes périlleux, ou par multitude dapparition détoiles ou dhommes, sur eux assemblés, principalement sil choit & advenait quelque cas, sous lequel ils se trouvaient. Emme (dis-je ) se peuvent figurer de choses si claires, quelles, étant mises très loin, apparaîtraient très prochaine, & au contraire, tellement, que par incroyable distance nous aurions lu des lettres très petites, & vu choses autant petites, que lon eut pu percer, & aussi aurions fait apparaître des étoiles en quelque part nous aurions voulu. Et estime-t-on que Jules César en ce point a aperçu, par grands miroirs, au bort & rivage de la mer, en la Gaule, la disposition & assiette des châteaux & cités de la petite Bretagne. Il se peut aussi figurer des corps de telle industrie, que les très grands apparaîtraient très petits, & au contraire : & les hauts apparaîtraient bas & petits, & à lopposité, & les occultes apparaîtraient manifestes. Quil soit ainsi, Socrate trouva & aperçut que le dragon qui corrompait la cité, & la région de son haleine & pestilence influence, résider entre des cavernes de montagnes ( & ainsi toutes les choses qui seraient contraires aux cités, & exercites, peuvent être aperçues des ennemis ). Aussi se peuvent tellement figurer des corps que les espèces & influences venimeuses & infectes iraient là où lhomme voudrait, ce quon dit quAristote enseigna à Alexandre, par lequel enseignement ou doctrine il détourna contre la cité même le venin du basilic, qui était élevé sur les murailles dicelle, encontre son exercite. Ils se peuvent pareillement figurer des miroirs, tels que tout homme, qui entrerait en quelque maison, verrait véritablement or, argent, pierres précieuses, & tout ce quil voudrait, & quiconque se hâterait de découvrir le lieu, ne trouverait rien. Mais pour dire ce que je vois dire, est des plus hautes puissances de figuration, quon peut amener & assembler rayons par diverses flexions & réflexion, en toute distance, que nous voulons, par façon, que tout objet se brûlerait ( ce que les miroirs, qui brûlent devant & derrière témoignent, comme certains auteurs enseignent aux livres traitant telles choses ) & davantage le plus grand cas de toutes les figurations & choses figurées, cest quon décrive les corps célestes selon leurs longitudes & latitudes en figure corporelle, par laquelle ils se meuvent corporellement au mouvement diurnal. Lesquelles choses vaudraient un royaume à un homme discret & sage. Et quant est pour exemples de figurations, icelles suffiront, combien quon pourrait proposer, & mettre en avant plusieurs autres choses admirables. Or à icelles il y en a aucunes annexées sans figurations, & ( en toute distance que nous voulons ) pouvons artificiellement composer feu brûlant de salpêtre, dhuile, de pétrole rouge, & dautres, dambre, de naphte, de pétrole blanc, & de semblables choses. Selon laquelle façon de feu Pline préallégué dit au 2. livre, quil y en eut a Rome un, qui se défendit contre lexercite des Romains, & que par plusieurs projets il brûla les gendarmes armés. A quoi est prochain le feu Grégeois, & maintes choses brûlantes. En outre, se peuvent faire perpétuelle lumières, & de bains ardents sans fin ( ainsi comme nous avons connu plusieurs choses, qui ne brûlent point, mais qui se purifient seulement ) & dautres choses merveilleuses & épouvantables de nature. Même lon peut faire en lair des sons comme de tonnerres , voir en plus grande horreur, que ne sont point les tonnerres, qui se font naturellement ( & certes un peu de matière, adaptée a la quantité dun poulse, fait horrible son, & démontre véhémente éclair, ce qui advient en plusieurs sortes & manières ) par lesquels on détruirait toute cité & tout exercite, à la manière de lartifice de Gédéon, qui a détruit lost & larmée des Madianites avec seulement trois cens hommes, par trousses de flèches & carquois vides & par flambeaux ou torches, desquelles il sortait du feu, avec un bruit si violent, & un son si éclatant, quon ne le pourrait bonnement dire ou exprimer. Lesquelles choses sont merveilleuses, qui en pourrait user pleinement en due quantité & matière. Mais je propose de lautre genre, savoir est des effets de lart, choses émerveillables, lesquelles ores quelle ne soient de moult grande utilité, toutefois ont indicible démontrance de sapience, & se peuvent appliquer à la probation de toutes choses occultes ( auxquelles lignare vulgaire contredit ) & sont semblables à lattraction de fer par laimant. Car qui est celui qui croirait telle attraction, si ne la voit, attendu quil y a en icelle plusieurs choses merveillables de nature, que le populaire ne sait point comme lexpérience montre, & enseigne lhomme désireux. Mais ces choses sont plus grandes & plus copieuses, de ce quil y a pareillement attraction de tous métaux par la pierre dor & dargent, & dailleurs que la pierre court au vinaigre, & aussi les plantes lune à lautre, & que les parties des animaux divisées localement concurrent au mouvement naturel. Ce quaprès quai entendu, il ma été rien difficile à croire ( quand je considère bien tout ) soit ceci, soit cela, tant en choses artificielles, que naturelles. Mais il y a plus grandes chose, que celles là ne sont, savoir est, que toute la puissance de mathématique ( jouxte lartifice de Ptolomée, au viij de lAlmageste ) ne met pour instrument, sauf superficie, auquel toutes les choses, qui sont au ciel seraient véritablement décrites par leurs longitudes & latitudes : & que néanmoins ce nest en la puissance du mathématicien, savoir, quicelles se mouvraient naturellement au mouvement diurnal. Pour autant le fidèle, & excellent expérimentateur souhaite, que est instrument se fit de telle matière, & par telle matière, & par tel artifice. Et pour ce que plusieurs choses se tournent au mouvement des corps célestes comme les comètes, la mer en son cours, & autres choses, en tout ou en leurs parties, il lui semble être possible, que naturellement elles se meuvent par le diurnal mouvement. Que sil était ainsi tous instruments dastrologie seraient inutiles, tant les exquis, que vulgaires, ni le trésor dun roi se pourrait à grand peine acquérir. Or, pour suivre mon dernier propos de lart, ils se peuvent faire de plus grandes choses, que navons dites, quant à lutilité publique & privée, non point quant à aucun miracle, cest à savoir que lhomme amènerait quantité dor & dargent sur le champ, & promptement, tant quil lui plairait, selon la perfection de lart, & non toutefois selon la possibilité de nature. Quil soit ainsi, il y a dix sept espèces dor, cest à savoir huit de la mixtion dargent avec or, & huit de ladmixtion de cuivre avec or, comme la première manière se fait de parties de lor avec aucunes parties de largent, jusque qu^il parvienne au vingt deuxième carat ou degré de lor, augmentant toujours un degré dor avec un dargent ; tellement, que la dernière espèce soit de vingt quatre degrés ou carats de pur or, sans mixtion dautre métal. Outre lesquels vingt quatre carats, nature ne peut point procéder, comme lexpérience démontre. Mais quant à lart, il peut augmenter lor en beaucoup plus de degrés de pureté, & semblablement laccomplir sans fraude ou déception. Mais cela est plus grand cas que ne sont point les choses précédentes, savoir est, que lâme raisonnable ne peut être contrainte, & toutefois peut être de fait disposée, induite, & excitée à vouloir delle-même, & de plein gré changer ses meurs, affections, & cupidités, selon le désir & arbitre dautrui. A quoi faire non seulement une personne singulière peut être provoquée, mais aussi toute une cité, & tout le peuple dun royaume ( Et le philosophe Aristote démontre telle expérience au livre des secrets, tant de région, que dexercite, & dune chacune personne ) auxquelles choses est presque la fin de la nature, & de lart. Toutefois le dernier point, & degré jusquoù peut la perfection de lart, avec toute la puissance de nature, cest prolongation de vie jusquà un longtemps, laquelle certes plusieurs expériences ont démontré être possible. Même Pline, fus allégué, récite quun gendarme puissant de corps, & desprit, dura en état, outre accoutumé, ou commun age dhomme. Auquel, comme Octavien Auguste eut dit, & demandé, quil eut fait, pour quil vivait si longuement, il répondit en énigme, quil avait mis de lhuile par dehors, & du vin miellé par-dedans. Aussi depuis plusieurs car adviendrent. Même un rustique fouillant aux champs avec un fossoir, ou une houe, trouva un vaisseau dor plein dexcellente liqueur, de laquelle ( estimant que cétait rosée du ciel ) lava sa face, & en but, au moyen de quoi il a été renouvelé desprit, de corps ,& de bonté de sapience. Dun bouvier a été fait messager du roi de Sicile, ce qui advint au temps du roi Ozias. Plus, il est prouvée par témoignage de lettres papales, que Almanic, étant captif entre les Sarrasins, récent médecine, par le bénéfice de laquelle il prolongea sa vie jusquà cinq cent ans, lors & quand le roi dédit Sarrasins, qui le détenait prisonnier, ayant reçu les messagers du roi Magus, avec cette médecine, que lui était envoyée, la voulut éprouver & expérimenter au dit captif, pour ce quil lavait suspecte, & ne sy fiait point. Aussi la dame de Tormery en la grande Bretagne, cherchant une biche blanche, trouva de longuent, duquel un forestier de bois sétait oint par tout le corps, sauf aux plantes des pieds, & vécut trois cent ans sans corruption, excepter douleurs & passions de pieds. Et nous avons expérimenté de notre temps plusieurs fois, quaucuns hommes ruraux ont vécu sans conseil & aide de médecin cent soixante ans, ou environ. Lesquelles choses se confirment par uvres des animaux, comme on dirait du cerf, de laigle, du serpent, & de plusieurs autres, lesquels par la vertu des herbes, & des pierres, renouveler leur age & jeunesse. A raison de quoi les sages & philosophes se sont adonnés à tel secret étant excités par les exemples des bêtes irraisonnables, & estimant quil est possible à lhomme ce, qui est possible, & permis aux animaux bruts. Dont Artéphius en sa rapièce des secrets ( ou il enquiert les vertus desdits animaux, des pierres, & dautres choses ) se glorifie pour les secrets de nature, quil a su, & principalement pour la longitude de vie, quil a vécu, & a régné par lespace de 1025 ans. Ainsi par-là se corrobore & confirme la possibilité & prolongation de vie, joint, que lâme est naturellement immortelle, & ne peut point mourir, & aussi quaprès le péché Artéphius a pu vivre environ mille ans, dès lequel temps petit à petit, lui est abrégé la longitude de vie. Pour raison de quoi faut dire, que telle abréviation soit accidentelles, & vu quelle est telle, faut aussi dire que la vie humaine se pourra prolonger, si ce nest en tout, du moins en partie. Que si nous voulons chercher la cause accidentelle ( comme dit est ) de cette abréviation, nous trouverons quelle nest du ciel, ni dautre chose, sauf que du défaut de régime de santé, & de la corruption des père & mère. Même en temps ci les parents sont corrompus, & advient par cela quils engendrent enfants de corrompue complexion & composition & leur fils de semblable cause se gâtent, & descend la corruption des pères aux fils, jusquà ce que labréviation de vie survienne, comme au temps de aujourdhui. Toutefois pour cela ne sensuit point, que toujours elle sabrégera, attendu quil y a temps posé ou préfixé aux choses humaines, savoir est que pour le plus les hommes vivent septante ans, & au surplus ne leur reste que labeur & douleur. Or est il quil y aurait remède, contre la propre corruption dun chacun, si un chacun exerçait de sa jeunesse un parfait gouvernement de santé, qui consiste au boire & manger, sommeil & veille, mouvement & repos, évacuation, constriction, au passion desprit. Même si aucun observait ce régime-là dès sa nativité, il vivrait tant que permettrait nature prise des parents, & parviendrait au dernier but de cette nature tombée dès loffense originelle, lequel terme toutefois il ne pourrait passer, pour autant que régime na remède, ou antidote contre lantique souillure de nos premiers pères. Mais quoi ? impossible est que lhomme soit ainsi régi en tout par médiocrité des choses susdites, comme requiert & demande le dit régime de santé. Et pourtant il faut ( comme dit est ) que labréviation de vie advienne, non seulement de la corruption des pères & mères, mais aussi de cette cause là. Or lart de médecine détermine suffisamment ce régime là. Combien que ni le riche, ni le pauvre, ni le sage , ni le fol, ni les médecins mêmes, tant parfait quils soient, ne peuvent en eux, ni en autres accomplir & observer icelui régime également. Toutefois pour dire, nature ne défaut point en choses nécessaires, ni lart absolu, mais au contraire peut surmarcher & vaincre les passions accidentelles, de sorte quelles soient effacées en tout, ou en partie. Et au commencement que lage des hommes commença décliner, le remède eut été facile. Mais de six mille ans, & plus de temps en ça, il est difficile dy mettre remède. Toutefois & nonobstant cela, les gens savants, mus (comme dit est) des raisons & considérations susdites, se sont évertués & efforcés de trouver les voies, non seulement contre le propre défaut de quelque régime que ce soit, mais aussi contre la pollutin & corruption des parents.
Non point pour dire que lhomme peut retourner à la vie dAdam, ou dArtéphius, pour la corruption déjà corroborée, mais quil peut vivre jusquà cent ans, ou que plusieurs peuvent prolonger leur vie outre le commun age des hommes, à présent vivant, quand les passions de vieillesse se retarderaient & ou elles ne pourraient être re tardées & cohibées, se adouciraient. Tellement, quoutre estimation humaine la vie se prolongerait utilement, toutefois environ toujours le dernier terme. Pour laquelle chose connaître, faut entendre quil y a une fin de nature qui est établie aux premiers hommes après le péché, & une autre fin ou terme dun chacun, venant de la propre corruption des parents. Outre lesquels termes lon ne peut passer, mais on peut bien passer celui-là de propre corruption, & non point toutefois parvenir jusquau premier terme. A laquelle prolongation de vie je crois que tel sage, que lon voudrait dire en ce temps, pourrait, atteindre combien que laptitude de lhumaine nature ne soit possible, selon quelle a été aux premiers hommes ( ce que nest de merveille ) & que celle-ci sétend à immoralité, tout ainsi quelle a été devant le péché, & quelle sera après la résurrection. Mais si lon dit que ni Aristote, ni Platon, ni Hippocrate, ni Galien, sont parvenus à tel prolongement de vie, je répondrai quaussi ils ne sont parvenus à plusieurs médiocres vertus & sciences, qui après eux ont été sus par dautres gens vertueux, & que par ce ils ont pu ignorer ces choses très grandes, combien quils y aient travaillé, & pris peine à icelles. La cause cest quils se sont trop occupés aux autres, & sont plutôt parvenus à vieillesse, consumant leur vie aux pires choses, & vulgaires, & non pas aux meilleures & rares combien quils aient aperçu plusieurs & divers secrets. Nous nignorons point que Aristote dit aux prédicamens, que la quadrature du cercle peut être connue restant néanmoins pour lors encore sue. Par quoi taisiblement il confesse lavoir ignorée, & aussi tous les autres jusquà son temps. Mais au contraire, nous sommes certains quaujourdhui la vérité sen fait. Que comme soit ainsi, beaucoup plus pouvait Aristote ignorer les plus profonds secrets de nature, quand il na su la quadrature du cercle. Aussi les sages ou doctes de maintenant ignorent plusieurs cas, que les moyennement doctes sauront au temps avenir. Dont en toute sorte & manière que ce soit, cette objection est vaine & de nulle valeur. Ayant donc nombré certaines choses touchant la puissance de nature, & de lart ( afin que nous concluons & assemblons beaucoup de peu de cas, le tout des parties, les choses universelles des particulières, selon que nous voyons quil ne nous est nécessaires daspirer à lart magique, & vu que nature & lart suffisent ) je veux maintenant poursuivre par ordre chacune choses susdites, & donner causes, & manière particulièrement. En premier lieu je considère, quau poils des chèvres & brebis, les secrets de nature ne sont point enseignés de pour quun chacun les entende, comme veut Socrate & Aristote. Lequel même dit au livre des secrets, que celui là serait infracteur du céleste sceau & cachet, qui communiquerait les secrets de nature & de lart, ajoutant que plusieurs maux adviennent à celui-là qui les révèle. Davantage il dit, comme est récité au livre des nuits Attiques, de la collation ou comparaison des sages, que cest folie de donner des laitues à un âne, vu que les chardons lui suffisent. Et est écrit au livre des pierres, que celui qui divulgue les choses mystiques, ravale & diminue la majesté des choses. Aussi ne sont certains & stables les secrets, que la tourbe ou multitude fait & connaît, si nous avons égard à la probable division du vulgaire, qui toujours dit lopposé des sages. Que ainsi soit, cela quun chacun voit & semblablement ce que voient les sages, principalement renomés, est vrai. Par quoi ce plusieurs voient, cest à savoir, ce que le vulgaire voit, pour le regard de telle chose & telle, il faut que ce soit chose fausse ( je parle du vulgaire, lequel lon s épare davec les sages en ce mot vulgus ). Car quant aux communes conceptions de lesprit, le dit vulgaire saccorde bien avec les sages, mais quant aux propres principes & aux conditions des arts & sciences, il discorde, se travaillant empres apparences, emphysèmes, subtilités, & en choses desquelles les doctes nont soin & cure. Le dit vulgaire donc erre & faut, tant en choses propres que secrètes. Au moyen desquelles (comme est dit) il est séquestré dentre les sages, mais quant est pour le regard des communes, il est compris sous la loi de tous, & ny a différence dicelui avec les sages. Or est il que les choses communes sont de petite valeur, & ne sont proprement à suivre, sauf que pour les particulières & propres. Mais pour dire qui aurait été la cause ou raison que toutes gens de savoir nont déclarés leur secret, & quils ont usé dobscurité, ça été pour ce, que le vulgaire se moque des secrets de sagesse, les méprise, & ne fait ou peut juger des choses très dignes, & dautre part, si quelque chose dexcellence tombe en sa notice, il la reçoit de fortune & par accident, & en abuse en diverses manières au dommage des personnes & de la communauté. Par quoi il est fol & bien bête, qui écrit quelque secret, sil nest scellé & caché du vulgaire, & si à grand peine se peut entendre des vertueux & sages. La vie desquels ainsi certes a été dès le commencement, & ont mussé au vulgaire les secrets de sagesse en diverses sortes & manières. Car aucun les ont cachés par caractères & charmes, & plusieurs autres par énigmes & choses figurées, comme dit Aristote au susdit livre des secrets, ô Alexandre je te veux montrer le plus grand secret des secrets, plût à la divine providence taider à le cacher, & à parfaire le propos de lart de cette pierre, qui est point pierre, & est en chacun homme, & en chacun lieu, & en chacun temps, & qui sappelle le terme ou la fin de tous les philosophes. Et trouve-t-on en plusieurs livres & en diverses sciences (comme dessus est dit) innombrables choses obscurcies par telles paroles, & manière de parler, que personne nentendrait sans quelque docteur. Tiercement, je dis que les sages ont caché les secrets sous ombre & espèce décriture, savoir est tant seulement par lettres consonantes, que personne ne pourrait lire sil ne savait la signification des dictions comme on dirait que les Hébreux, Chaldéens, Assyriens, & Arabes écrivent, & aussi les Grecs. Pour raison de quoi y a moult grande occultation entre eux, & notamment entre les Hébreux, gens de haut savoir. Car Aristote dit deux au livre ci-devant mentionné, que Dieu leur aurait donné toute sagesse, autant ce quils eussent été philosophes, & que des Hébreux toutes nations ont eu commencement de philosophie. Ce que Albumasat au livre appelé Introductory maioris, enseigne & montre manifestement, & les autres philosophes au VIII. Livre des antiquités. Quartement, se fait occultation par mixtion de lettres de divers genres ou espèce. Même le moral astronome ainsi cacha sa sagesse, de ce quil laurait écrite par lettres Hébraïques, grecques, & Latines, en même ordre décriture. Quintement, les philosophes ont couvert & caché les secrets par autres lettres que celles-là qui se font par les gens de leur pays, cest à savoir, par lettres étranges & dautres nations, quils feignent pour leur volonté. Et cest le plus grand empêchement, du quel Artéphius ait usé en son livre des secrets de nature. Sextement, se sont figures non point de lettres, mais de Géométrie, lesquelles, selon la diversité des points, & notes ont la puissance des lettres, & dicelles figures semblablement le dit Artéphius a usé en sa science. Septièmement, y a plus grand artifice de cacher des secrets, lesquels on baille en lart notoire, qui est art de noter & écrire par telle brièveté que nous voulons, & par telle vélocité que désirons. Ainsi donc plusieurs secrets sont écrits aux livres Latins, & ai estimé quil était nécessaire de toucher ces occultations, parce que pour la magnitude des secrets, userai peut être daucune de ces manières, afin que du moins en cette affaire jaide le studieux, ainsi quil me sera possible. Je dis donc que je veux exposer par ordre les choses que jai narrées ci-devant, & que partant je veux dissoudre luf philosophal, & chercher (qui est le commencement à autres choses) les parties ou offices dhomme philosophique. Quon broie donc le sel diligemment avec ses eaux, & quon le purifie dautres eaux broyées, & que par divers broiements on le froisse fort avec sels, & quon le brûle par plusieurs brûlements, afin qu il se fasse pure terre libre des autres éléments laquelle je pleige pour la grandeur de ma longitude, être digne dun chacun (quon entende sil est possible, que sans doute ce sera chose composée déléments, & pour autant partie de la pierre, qui nest point pierre,& qui est en tout homme, & en tout temps de lan, se quon trouvera en son lieu) après quon prenne de lhuile comme caillé de fromage & visqueux pour la première fois insecable, au quil trouve la vertu ignée soit divisée, & séparée par dissolution ( or elle se dissout en eau aiguë de tempérée agnité, avec feu lent) & quon le cuise jusquà ce que sa graisse ainsi que celle de chair, se sépare par distillation & quil ne sorte aucune chose de lonctuosité, qui est la noire vertu en laquelle lurine se distille, & après quon le cuise en vinaigre, jusquà ce (qui est cause dadution) quil se dessèche en braise, & que lon ait la dite noire vertu. Mais si lon ne se soucie dicelle, que lon recommence, & quon veille, & prenne garde à ce que je dis, dautant que la locution ou manière de parler est difficile. Or lhuile dissout, & en eaux aiguës, & en huile commune, qui opère plus expressément (voire en huile aiguë damendres sur le feu, tellement que lhuile se sépare, & que lesprit occulte demeure) & en partie des animaux, & en soufre & arsenic. Même les pierres (auxquelles y a huile de superflue humidité) ont terme de leurs humeurs pource en partie quil ny a véhémente union, vu que lun se pourront dissoudre de lautre, pour la nature de leau, qui est subjecté à liquéfaction de lesprit, laquelle est moyenne entre ses parties & lhuile. Dissolution donc être faite, il demeurera humidité pure en esprit, comme bien fort mêlée des parties sèches, qui se meuvent en icelle, laquelle toutefois le feu (qui est appelé des philosophes, soufre fusil) résoudrait. Aucune fois lhuile, aucune fois lhumeur aéré, aucunes fois substance conjonctive ( que le feu ne sépare point ) aucune fois le camphre, quon le lave. Cest luf des amoureux de science, ou plutôt le terme & la fin dudit uf. Et voilà qui est parvenu à nous de ces huiles. Et est celui là réputé entrer huile de Chenesuc, lequel se sépare de leau, & de lhuile, dans lequel il se purge. Davantage lhuile se corrompt (comme on fait) le broyant, ou froissant avec choses séchantes ( comme sont le sel, lancre )& le brûlant (toutefois passion se fait du contraire ) après il se sublime, jusquà ce quil soi séquestré ou privé de son oléaginéité, & leau est comme soufre, ou arsenic, aux minéraux. Il se peut préparer tout ainsi quiceux, néanmoins meilleur est quil se cuise en eaux tempérées en agnité, jusquà ce quil se purge, ou devienne blanc. Certes il se fait autre salutaire coction en feu sec ou humide ( selon que le fait se porte assez bien) ou le distille derechef, jusquà ce que il se rectifie, de la rectification duquel les plus derniers signes sont, blancheur & sérénité cristalline. Mêmement cette huile devient blanc du feu, se nettoie, reluit de sérénité, & merveilleuse splendeur ( ores que les autres en deviennent noirs ) & quand la matière en cette mode ou façon été arse, elle se congèle. De leau & de la terre dicelui il sengendre vif argent, même elle est comme vif argent en minéraux. Mais pour dire, la pierre de lair, qui nest point pierre se met en une pyramide ( cest à dire, un grand bâtiment carré, large par le bas, & aigu par le haut, à la façon de la flamme du feu) en lieu chaud, ou bien en un ventre de cheval ou de buf, & se mue en fièvre aiguë. Par quoi quand elle vient dicelle fièvre en 10 & de 10 en 21 afin, que les lies & bourbes des huiles se dissolvent en son eau, devant quelle soit séparée, quon itère dissolution & distillation par plusieurs fois, & jusquà ce quelle soit rectifiée. Et ce est la fin de cette intention. Néanmoins saches quaprès quon aura tout accompli ou parachevé, il faudra recommencer. Mais je veux chercher un autre secret. Que lon prépare argent vif, mortifiant icelui avec vapeur détain par marguerites , & avec vapeur de plomb par la pierre Iherus, après quon le broie avec choses dessicantes & âcres, & choses semblables (comme il est dit ) & quon le brûle, en après quon lélève en lair , tant quil vienne a union de 12, & à rougeur de 21. & jusquà ce que lhumidité dicelui se corrompe. Et nest possible que son humidité se sépare pour lamour de la vapeur ( comme lhuile devant dit ) parce quelle est véhémentement mêlée en ses parties sèches, & ne constitue point terme ou fin, ainsi quil est dit & récité des métaux dessus dit en ce chapitre. Que veux dire ! On sera déçu & abusé, si lon lentend bien les significations de ces termes & vocables. Or il est temps de traiter obscurément le troisième chapitre, afin quon entende la clef de luvre, quon quiert & cherche. Aucune fois lon met le corps calciné ( & cela se fait afin que lhumeur en icelui se corrompe par sel, & sel armoniac, & vinaigre ) & quelquefois on le cimente de vif argent, & on le sublime desdits sel, sel armoniac, & vinaigre, jusquà ce quil soit en poudre. Par ainsi les clefs de lart, sont congélation, résolution, incération, projection (& est ici la fin & le commencement) toutefois purification, distillation, séparation, sublimation, calcination, inquisition coopèrent, & alors on se peut reposer. Or il y six cent & deux ans des Arabes passés que lon me pria daucuns secrets. Quon prouve donc la pierre, & quon la calcine avec lente décoction, & quon la broie fort, sans toutefois choses aiguës, & que sur la fin on entremêle un peu deau douce, & quon compose médecine laxative de sept choses ( si lon veut ) ou de six, ou de cinq, ou de quantes il plaira ( toutefois mon esprit se contente de deux ) desquelles la meilleure sera en six, quen autre proportion, ou environ, comme lexpérience peut enseigner le désireux, faut néanmoins résoudre lor au feu, & le couler mieux. Mais si on me veut croire, on prendra une chose, cest à savoir, le secret des secrets, de nature, qui peut choses merveilleuses. Quon mêle donc de deux, ou de plusieurs, ou du phnix (qui est singulier animal) lor au feu, &quon lincorpore par véhément mouvement, auquel si on ajoute liqueur chaude quatre ou cinq fois, on aura le dernier propos, mais en après nature céleste se vient à débiliter & saffaiblit si on y verse eau chaude trois ou quatre fois. Par quoi lon divisera le faible du fort, en divers vaisseaux (si lon me croit) & évacuera-t-on ce qui est bon. Davantage on mettra ou ajoutera de la poudre, & exprimera-t-on diligemment leau qui est demeurée (car assurément elle amènera les parties indivisibles de la poudre) &pource on amassera à part soi cette eau, dautant que la pondre desséchée dicelle, à vertu ou puissance de médecine en corps laxatif. Quon fasse donc ( comme devant est dit ) jusquà tant que lon vienne à distinguer le fort du faible, &que par trois, ou quatre, ou cinq, ou plus de fois, on ajoute la poudre, & quon fasse toujours en une même manière. Et si on ne peut opérer avec eau chaude, on fera violence. Que si pour aiguité ou tendreur de médecine elle vient à se rompre, après ce que lon aura mis de la poudre, lon ajoutera cautement plus de lor & du mol. Au contraire. si pour labondance de la poudre elle se rompt, lon mettra plus de médecine. Et si pour la force de leau, on la réinsérera avec un pilon, & amassera-t-on la matière tant bien quil sera possible, & lon séparera leau petit à petit (& retournera en état) laquelle eau on séchera, joint, quelle contient poudre & eau de médecine, quil faut incorporer comme poudre. Or quon ne sendorme point en ce lieu, car il y est contenu un moult utile & grand secret. Mais si on savait bien ordonner les parties dun petit arbrisseau brûlé, ou dun faulx, & de plusieurs choses naturellement garderont union, & quon ne mette cela en oubli parce quil sert, & est profitable à plusieurs choses. Or on mêlera trinité avec union amollie ou fondue, & proviendra (comme je crois) chose semblable à la pierre appelée des Latins Ibetus. Et sans doute quon mortifie ce qui es t à mortifier par la vapeur de plomb (on trouvera le plomb, si lon à pris du mort) & quon ensevelisse le mort au four de circulation (Quon tienne ce secret, car il nest pas sans utilité) & on fera le semblable avec vapeur de marguerite, ou avec la pierre dite des latin Tagus, & toutefois on enselevira le mort, comme jai dit. Or les ans des Arabes, savoir est passés, je réponds à ma manière, il faut avoir médecine qui dissolue en chose molle, & soit jointe en icelle, & quelle pénètre en son terme deux, & mêlée avec elle, & ne soit point cerf fugitif, & quelle transmue icelle, mais soit mêlé lesprit par la racine, & soit par la chaux du métal fixe ( or lon ^estime que fixation prépare, quand le corps & lesprit se mettent en leur lieu, & se subliment ) & quil se fasse autant de fois, que corps soit fait esprit, & esprit soit fait corps. Quon prenne donc des os dAdam, & de la chaux sous même poids ( six choses y a à la pierre petralle, & cinq à la pierre dunion ) & quon broie cela avec leau de vie ( de laquelle le propre est de dissoudre toutes autres choses ) par façon quelle soit dissoute en icelle, & brûlée ( or signe dincération est que médecine ne coule sur le feu bien ardant ) en après quon la mette en même eau en lieu humide, ou que lon la suspende en vapeurs deaux moult chaudes & liquides, puis que lon la congèle au soleil, finalement on prendra du sel pierre, & convertira-t-on argent vif en plomb, & derechef on lavera tant le plomb, & le mondifiera-t-on tant, que la dite chaux soit prochaine à argent. Alors on opérera comme devant est dit. Item, on fera boire ainsi tout cela. Mais toutefois on prendra du sel pierre, lu, ru, vo, po, vir, can, utri, & du soufre, & ainsi lon fera tonnerre & coruscation, & conséquemment artifice. Sur ce néanmoins quon voie considère, si je parle point en énigme, & en sens, couvert, ou bien selon sens littéral. Certes aucun ont autrement estimé, & nont été de cet avis. Même il ma été dit, quon doit tout résoudre la matière, de laquelle on aura dAristote aux lieux vulgaires & célèbres, pour lamour de quoi je nen veux parler. Or quand on aura ces choses là, alors on aura plusieurs simples & égaux, & fera-t-on cela par choses contraires & par diverses opérations, lesquelles jai ici appelées les clefs de lart. Et Aristote dit, que qualité de puissance contient action & passion de corps, ce que aussi dit Averrois, en réprouvant Galien. Or cette médecine est estimée la plus simple quon puisse trouver, & la plus pure, & qui est bonne contre fièvres & passions de lâme & des corps, & qui est de meilleur prix & marché que nulle autre quelquelle soit. Qui récrira ces choses aura la clef qui ouvre, & que personne ne clôt, & quand il laura close personne nouvrira.<o:p></o:p>
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