• CHRISTIAN ROSENKREUZ

     

    L'Ordre de la Rose-Croix est la grande école occidentale des mystères mineurs (les mystères majeurs, qui
    conduisent à l'état divin, ne nous concernent pas actuellement). Comme toutes les véritables écoles initiatiques,
    l'école des Rose-Croix est située dans la région éthérique du Monde Physique. En conséquence, elle ne peut être
    fréquentée que par des personnes capables d'utiliser le corps de l'âme, le véhicule éthérique que le Christ est
    venu nous apprendre à construire.
    La première des 9 initiations mineures enseigne au candidat comment il peut sortir de son corps et circuler en
    toute conscience dans les mondes invisibles en utilisant le corps de l'âme qu'il a édifié par la sainteté de sa vie.
    Les initiations suivantes lui permettront de développer ce véhicule et d'acquérir de nouveaux pouvoirs spirituels.
    Mais c'est seulement après avoir passé la neuvième initiation qu'il sera définitivement libéré de la croix du corps
    physique, autrement dit de la nécessité de se réincarner.
    Tous les élèves de l'école des mystères des Rose-Croix ont été initiés par un des douze Frères Aînés, mais ils ne
    portent pas le nom de Rose-Croix, qui désigne uniquement les Frères Aînés. Ils sont seulement des « Frères
    lais » de l'ordre des Rose-Croix et, comme les douze Frères Aînés, ils sont inconnus du grand public.
    Les Frères Aînés (c'est le seul titre qu'ils acceptent) sont également actifs dans le monde et ils s'efforcent de
    favoriser notre évolution. Mais ils nous laissent la responsabilité de nos actes et ils ne nous privent jamais de
    notre libre arbitre. C'est par conséquent pour éviter de nous influencer qu'ils ne se montrent pas publiquement et
    ne font pas savoir ce qu'ils sont en réalité. En Occident, nous n'avons pas à rechercher des maîtres ou des
    gourous. Nous devons trouver la vérité au-dedans de nous et apprendre à la distinguer du mensonge et de
    l'erreur.
    Pour donner une chance aux chercheurs de vérité d'échapper à l'endoctrinement matérialiste, qui nie l'existence
    de Dieu et de l'Esprit humain, les Frères Aînés ont jugé bon, au début du siècle dernier, de diffuser ouvertement
    une partie de leur enseignement et ils ont choisi Max Heindel, un Frère lai de l'Ordre des Rose-Croix, que tout le
    monde pouvait rencontrer, pour rédiger et publier cet enseignement.
    La Cosmogonie des Rose-Croix, nous dit Max Heindel, est un des premiers et un des rares fragments des
    enseignements des Rose-Croix qui soient livrés au public. Tout ce qui, antérieurement, a été imprimé et présenté
    comme tel est l'oeuvre de charlatans.
    Il est délicat de parler de Christian Rosenkreuz. Seuls les douze Frères Aînés de la Rose-Croix peuvent le
    contacter, et Max Heindel nous précise qu'ils restent très discrets lorsqu'on les questionne au sujet de leur
    auguste chef. Mais nous pensons qu'il n'est pas judicieux de laisser se répandre de fausses informations. C'est
    pourquoi, en nous basant sur les écrits de Max Heindel, nous donnons ici quelques explications.
    On peut diviser l'humanité en deux catégories de personnes : celles qui suivent le sentier du développement par
    la foi et celles qui progressent par les oeuvres. Cela correspond au côté féminin ou masculin de la nature humaine
    (le coeur et la tête).
    Il ne faudrait cependant pas penser que toutes les femmes suivent le sentier de la foi et tous les hommes celui des
    oeuvres, car l'inclination pour l'une des ces deux voies vient de l'Esprit et elle se manifestera indépendamment du
    sexe de son corps physique au cours d'une incarnation.

    Mais, bien entendu, ceux qui suivent le sentier de la foi seront plus à l'aise dans un corps féminin et ceux qui
    suivent le sentier des oeuvres pourront mieux exprimer leur tendance dans un corps masculin.
    Depuis la séparation des sexes opérée par Jéhovah au cours de l'Epoque lémurienne, on peut dire que la rivalité,
    pour ne pas dire la querelle, n'a guère cessé entre ces deux groupes d'êtres humains, que l'on appelle par ailleurs
    les fils de Seth et les fils de Caïn. C'est pourquoi une première tentative de réconciliation a été faite lors de la
    construction du Temple de Salomon.
    Le roi Salomon, homme de foi et de religion, reçut la mission d'édifier un Temple selon des plans établis par le
    dieu Jéhovah. Mais pour réaliser cette oeuvre, il dut faire appel au savoir-faire du maître artisan Hiram Abiff. La
    Bible nous raconte cette histoire, mais la légende du Temple (reprise, avec des variantes, par les francs-maçons)
    est plus explicite en ce qui concerne la rivalité que nous venons d'évoquer.
    Salomon était le représentant des hommes d'Eglise, dans le sens large du terme, et Hiram celui de ceux qui
    oeuvrent dans le monde et s'engagent sur le sentier de l'initiation. Salomon était le plus avancé des fidèles
    serviteurs de la religion et Hiram était le plus grand de tous les initiés de cette époque.
    Au début de la construction du Temple, la coopération entre le personnel de Salomon et les ouvriers d'Hiram fut
    loyale et fructueuse. Mais l'arrivée de la reine de Saba eut pour résultat de raviver l'ancienne inimitié.
    La renommée de Salomon dépassait largement les limites de son royaume et la reine de Saba désirait le
    rencontrer. Elle voulait aussi visiter ce Temple grandiose dont elle avait entendu parler. Elle tomba bien vite
    amoureuse de Salomon et un mariage fut envisagé.
    Cependant, en visitant le Temple elle se rendit compte que les ouvriers qui construisaient ce splendide édifice
    n'étaient pas aux ordres de Salomon mais qu'ils se conformaient aux directives d'Hiram. Elle en conçut une
    grande estime pour Hiram, et Salomon se sentit délaissé.
    Le Temple était maintenant presque achevé et Hiram entreprit son chef-d'oeuvre final, la mer de verre, une fusion
    alchimique de tous les métaux avec lesquels il avait travaillé et contenant la quintessence de ses connaissances
    acquises dans le Monde Physique. Celui qui se serait imprégné de cette précieuse substance aurait été doué d'une
    éternelle jeunesse et de la faculté de pénétrer à volonté dans les mondes invisibles.
    Malheureusement, un complot fomenté par des ouvriers mécontents ruina son travail. Ceux-ci versèrent de l'eau
    dans le creuset destiné à recevoir la mer en fusion et une terrible explosion détruisit son chef-d'oeuvre. Salomon
    avait été mis au courant du complot mais la jalousie avait arrêté son bras. En s'éloignant du lieu du désastre qu'il
    venait de contempler, Hiram fut tué par trois mauvais compagnons qui voulaient connaître le mot des maîtres.
    Mais Hiram ne pouvait pas le leur donner.
    Le Temple de Salomon est le monde dans lequel nous travaillons et apprenons au cours de nos vies physiques.
    La reine de Saba est l'humanité qui ne sait pas bien si elle doit s'en remettre pour son salut aux hommes d'Eglise
    ou aux dirigeants temporels. La mer de verre est une synthèse des qualités et des aptitudes que nous devons
    acquérir dans ce monde matériel avant de pouvoir le quitter définitivement pour la région éthérique, la Nouvelle
    Jérusalem, revêtus des deux éthers supérieurs du corps de l'âme. Hiram ne put réaliser son ambition car il ne
    savait pas mélanger l'eau et le feu et réunir ainsi les deux courants de l'humanité.
    Cet objectif sera atteint par le Christ.
    A l'avènement du Christ, les deux antagonistes de naguère réapparurent sur la scène du monde et ils
    s'émancipèrent de leurs anciens guides. Salomon se réincarna en Jésus, qui donna ses véhicules au Christ, et
    Hiram devint Lazare. Tous deux abandonnèrent leur différend et ils s'engagèrent à servir l'humanité sous la
    direction du Christ. Depuis les mondes invisibles, Jésus encourage ceux qui suivent le sentier de la foi religieuse
    et Lazare s'efforce également de favoriser l'évolution de ceux qui progressent par l'expérience acquise en
    oeuvrant dans le monde matériel.
    Dans l'Evangile de saint Jean, un passage concerne la « résurrection de Lazare » (le fils de la veuve de Naïn dans
    l'évangile de saint Luc). Ce récit voilé est en réalité celui de la nouvelle initiation majeure que le Christ a conféré
    à l'auteur de l'Evangile, l'ancien Hiram (celui que tu aimes est malade, disent les soeurs de Lazare).

    C'est ainsi que le plus grand initié des anciens mystères est devenu le premier et le plus grand initié des
    nouveaux mystères, les mystères chrétiens. Sachant maintenant allier les deux éléments antagonistes, l'eau et le
    feu, il prit pour emblème la rose et la croix et il reçut le nom symbolique de Christian Rosenkreuz.
    ~
    Dans l'interprétation macrocosmique de la légende du Temple, Hiram est le Soleil physique qui chaque année
    redonne vie à la nature en construisant le nouveau Temple du monde matériel afin que nous puissions disposer
    d'un environnement propice à notre évolution.
    Le Soleil annuel naît au solstice d'hiver, dans le froid et ténébreux signe astrologique du Capricorne. Il grandit
    lentement en parcourant les signes du Verseau et des Poissons avant d'entrer dans son signe d'exaltation, le
    Bélier, à l'équinoxe de printemps. Hiram prononce alors le « mot » créateur qui donne vie à toute la nature
    pendant les mois de printemps et d'été, favorisant ainsi les activités physiques et les expériences nouvelles.
    Mais à partir de l'équinoxe d'automne, Hiram est frappé par les trois meurtriers : la Balance, le Scorpion et le
    Sagittaire, qui causent son affaiblissement et finalement sa mort.
    Le premier meurtrier le frappe avec une règle de 24 pouces symbolisant les 24 heures de la journée. Atteint à la
    gorge, Hiram ne peut plus prononcer le « mot » car Saturne, le moissonneur des fruits de la vie, est exalté dans la
    Balance, et à partir de ce signe de l'équinoxe d'automne les heures de la nuit l'emportent sur celles du jour.
    Le second meurtrier le frappe avec une équerre, issue du carré symbolisant les 4 saisons. L'équerre correspond
    au dernier des 4 signes fixes de l'année, le signe mortel du Scorpion qui est en quadrature avec le signe solaire du
    Lion gouvernant le coeur, l'endroit frappé par le meurtrier.
    Enfin, le troisième assassin achève Hiram d'un coup de maillet sur le front. La forme ronde du maillet indique
    que le Soleil a terminé sa ronde annuelle dans le Sagittaire, après avoir favorisé les travaux de l'humanité au
    cours de l'année écoulée. Un nouveau Soleil va naître alors dans le Capricorne, au solstice d'hiver. Et le cycle se
    renouvellera jusqu'à ce que nous ayons suffisamment progressé pour pouvoir entrer dans la Nouvelle Jérusalem,
    située dans la région éthérique du Monde Physique et qui est symbolisée par la « mer de verre », l'idéal des
    constructeurs du Temple.
    Dans l'interprétation microcosmique de cette légende, le Temple de Salomon est le corps humain habité par
    l'Esprit. Celui-ci s'incarne alternativement dans un corps masculin et dans un corps féminin afin de développer
    ses qualités divines en expérimentant dans le monde matériel. L'Esprit s'efforce d'équilibrer les deux tendances
    de sa nature, représentées par Salomon et Hiram, et de construire son chef-d'oeuvre « la mer de verre », c'est-àdire
    le corps de l'âme dans lequel les deux pôles de la force créatrice, les deux sexes, seront réunis. Ce nouveau
    corps, composé des deux éthers supérieurs, sera notre véhicule d'expression dans la Nouvelle Jérusalem.
    Semblable au Soleil annuel qui reconstruit la nature afin de favoriser notre évolution, l'Ego reconstruit à chaque
    vie ses véhicules pour venir expérimenter dans le Monde Physique et travailler à l'édification de son Temple
    personnel, le corps de l'âme. Mais, comme Hiram, il n'est pas encore capable d'achever son chef-d'oeuvre et il
    quitte la scène du monde tué par les trois meurtriers, car il ne peut prononcer « le mot » de la vie. Et le dernier
    assassin le renvoie dans les mondes invisibles d'un coup de maillet sur la tête, l'endroit par lequel l'Esprit quitte
    le corps physique.
    Le premier meurtrier est symbolisé par la Balance, le signe de l'équinoxe d'automne qui annonce la fin des beaux
    jours. Ce premier meurtrier est la vieillesse.
    Le second meurtrier est symbolisé par le signe mortel du Scorpion, qui sonne le glas du corps physique.
    Le troisième meurtrier représente le passage de l'Ego dans les mondes invisibles entre deux incarnations. Il est
    symbolisé par le signe du Sagittaire qui correspond à la neuvième maison astrologique, celle des « grands
    voyages dans les pays étrangers ».
    Tout au long de nos vies, nos mauvaises actions accomplies sous l'impulsion de la passion luciférienne sont
    régulièrement brûlées dans la fournaise de l'affliction. Peu à peu, notre nature inférieure est épurée de la matière
    émotionnelle la plus grossière, tandis que nos bonnes actions, inspirées par les nobles désirs de l'âme, attirent la
    substance dorée des éthers supérieurs qui forment le « corps de l'âme ». Lentement mais sûrement, les métaux
    vulgaires des alchimistes se transforment en or.

    Un jour, enfin, on peut retirer les bondes et laisser s'écouler la mer de verre. C'est-à-dire retirer les clous de la
    croix du corps physique et libérer le corps de l'âme. Ces clous ainsi que la couronne d'épines indiquent les 5
    endroits principaux où le corps de l'âme est attaché au corps physique. Ce renseignement nous est également
    donné dans le récit de la résurrection de Lazare, car on nous précise que celui-ci avait les pieds et les mains liés
    et qu'il portait un suaire sur la tête.
    Le corps de l'âme est le véhicule des initiés. Il est représenté sur la rose-croix par l'étoile d'or à 5 branches qui
    rayonne de la croix. La rose, symbole de pureté dans l'acte créateur, est le nouveau mot, le mot qui permet de
    prononcer le verbe de vie et de se libérer de la croix de la souffrance à laquelle nous ont enchaîné les esprits
    lucifers. C'est en effet grâce à la force sexuelle non profanée et non gaspillée que l'on peut éveiller les facultés
    spirituelles et finir par échapper aux trois meurtriers, qui sont la vieillesse, la mort et la roue des renaissances et
    des morts.
    Tel est l'idéal sublime vers lequel nous conduit la Rose-Croix. Un idéal exprimé dans la salutation rosicrucienne,
    adressée ici à tous les lecteurs : Mes chères soeurs et mes chers frères, que les roses fleurissent sur votre croix.
    ~
    Dans certains ordres maçonniques, on compte 33 degrés et le 18ème est celui des Rose-Croix. Mais ces degrés
    n'existent pas dans la maçonnerie spirituelle. Les nombres 33 et 18 sont seulement des indications voilées du
    chiffre 9 (3 x 3 = 9) et (1 + 8 = 9), car il n'y a que 9 degrés d'initiation dans l'école des mystères de la Rose-Croix
    (ces 9 degrés permettent d'accéder aux 9 couches subtiles de la Terre et aux mystères qu'elles renferment). Celui
    qui a atteint, symboliquement, le 33ème degré a en réalité passé les 9 initiations et il est libéré de la nécessité des
    renaissances successives.
    Le nombre 33 (3 x 3) correspond par conséquent à la libération définitive de la croix du corps physique. Ce
    renseignement nous est d'ailleurs donné par l'âge de Jésus au moment de la crucifixion : 33 ans.
    Les descendants de Salomon progressent également sur le sentier de l'initiation, grâce à leurs qualités de coeur,
    leur dévotion et leur intuition. Mais, comme la plupart des grands saints, ils ne savent généralement pas pourquoi
    ils obtiennent certaines facultés spirituelles au cours des premières phases de leur développement. Par la suite, ils
    devront ajouter la connaissance à leur foi. Ils sont donc aussi, à leur manière, des constructeurs du Temple. On
    nous précise d'ailleurs dans les Evangiles que Jésus et Joseph étaient des constructeurs (tekton), constructeurs du
    Temple de l'Esprit, et non de simples charpentiers.
    Il est plus difficile pour les descendants d'Hiram de développer la spiritualité et la compassion. C'est pourquoi
    l'Evangile de saint Jean met l'accent sur l'amour du prochain, quel qu'il soit. Cet amour christique est le feu
    ardent qui brûle les liens enchaînant l'homme à la croix du corps physique.
    Dans l'Evangile de saint Jean, au moment de la crucifixion, le Christ dit à la mère de Jésus en parlant du disciple
    qu'il aimait (Jean) : « Femme, voici ton fils ». Ceci signifie que Jésus et Jean sont désormais des frères et que
    l'ancienne rivalité entre Salomon et Hiram appartient maintenant au passé, sauf, malheureusement, pour ceux qui
    ne sont pas encore de vrais chrétiens.





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