Pour bien comprendre le rôle de la Vierge Marie dans le christianisme, il faut avoir présent à l’esprit que ce n’est pas la représentation humaine de Jésus, avec «barbe et vêtements» qui est le «Verbe» originel divin mais que c’est le Verbe originel éternel qui s’est incarné dans une chair et dans une forme humaine : celle du Christ Jésus, ressuscité d’entre les morts et «monté» aux «cieux» spirituels, en y entraînant ainsi notre nature et même notre forme pour la «trans-former». «L’anthropomorphisme» divin en Christ conditionne le «théomorphisme» humain en Jésus.
Mais, «In Principio», le créateur est non un homme, une image d’homme, mais le Son ou la vibration (ou la «Personne» — non pas l’individu) qui «émulsionne» le vide pur et vierge de tout sauf de lui, le Son primordial. Ce vide, cette vacuité d’existence que l’Essence divine va féconder de son Verbe, est le principe de la «chair virginale» en laquelle le Christ, Essence Suprême, s’in-carne. C’est une «substance» réfléchissante et non ternie, totalement pure, un «reflet de Dieu» (d’où la «conception immaculée» de Marie, c’est-à-dire sans le péché originel). On retrouve ici la représentation «solaire» du Christ et « lunaire» de la Vierge, le soleil étant aussi l’homme fécondant et la lune la femme fécondée : l’enveloppée. D’où encore, dans l’Apocalypse, la femme «revêtue» du soleil, la tête couronnée des douze étoiles et la lune sous ses pieds, symbole de l’assomption «christique» de la Vierge.

Aux confins de l’humain et du divin

A un autre point de vue la «Vierge» est comme l’aspect passif en lequel s’effectue l’activité du Divin. Quand celle-ci s’extériorise pour créer le monde, elle le fait en se dédoublant, en se faisant face, en créant quelque chose «entre Dieu et Dieu». «Je suis qui je suis». Dieu se mire dans son reflet. C’est le miroir divin, la «subtance» divine de «l’Essence divine», la Vierge de l’Éternel, l’Épouse du Cantique des Cantiques, l'eau immaculée ou encore la Jérusalem Céleste, «l’eau des sources que l’Éternel fit jaillir», ou, pour en revenir à la création du monde, celle dont il est dit : «Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies, avant de faire quoi que ce soit, dès le principe j’ai été établie» (1). Génération ad extra du Verbe créateur. Dans l’iconographie hindoue, il y a une représentation, généralement mal comprise par les occidentaux, d’un tel «mystère» : le Dieu enlaçant sa «déesse». En fait, celle-ci n’est pas une deuxième divinité, mais la «shakti» ou l’aspect féminin et «substantiel» en lequel le Dieu prend forme et se manifeste. Cette dualité apparente mais non réelle — car Dieu est Unique et la seule Réalité, avons-nous dit — est aussi décrite dans le taoïsme chinois comme la conjugaison de la Perfection Active (verticale comme le Rayon de soleil) et de la passivité receptive : «Perfection Passive» (horizontale comme la surface de l’eau réfléchissante).

A cette opposition relative et nécessaire de l’actif masculin et du passif féminin, correspond, dans les attributs que le christianisme donnera ensuite au Christ et à la Vierge qui «le porte en elle», le complémentarisme suivant sur lequel nous avons déjà attiré l'attention :
Christ : Toute Puissance agissante, libre, absolue : l’«ordre» proféré.
Vierge : Toute Puissance suppliante. Elle n'est exaucée qu’en priant Dieu ou, si l’on veut, c’est sa prière qui est toute puissante sur les déterminations du Fils, mais la prière n'est pas un “ordre”, elle est incluse de toute éternité dans la détermination du Christ.

On comprend mieux, désormais, le «recours à la Vierge» des chrétiens. Certes, elle ne peut se substituer à Jésus puisque, dans le «Principe-Verbe» elle n'est rien d’autre que sa création et sa créature, mais la première d’entre les créatures, et si proche de l'acte des origines qu’elle a été définie comme n'étant certes pas «divine», mais située aux confins de l'humain et du divin. Elle est ainsi la chair même du Christ. Voilà qui est à retenir, à «ruminer» si l’on peut dire.
D’où le fait qu’elle puisse «intercéder» avec une puissance infiniment plus grande que l’homme auprès de son Fils, tout comme la «substance vierge» des origines renvoie au «Verbe-essence-lumière» son propre son et sa propre image, sa «réflexion» dans un redoublement d’intensité lumineuse. (A ce propos il faut savoir qu’en hébreu la traduction de la Genèse peut se lire indifféremment : «Dieu fit l’homme dans son image, son miroir, son «négatif», son empreinte ... son ombre (Tselel) (2).

On a déjà une première idée de l’«influence spirituelle» de la Vierge lorsqu’elle intervient dans l'histoire directe, «charnelle», évènementielle, et c’est l'épisode de Cana :
- Côté divin : elle attire l’attention du Christ sur les besoins des hommes. Le Christ agit, bien que son heure «ne soit pas encore venue».
- Côté humain : elle enseigne aux hommes à se conformer au vouloir du Christ : «Faites ce qu’il vous dira», et ce bien que le Christ lui signifie nettement qu’en Dieu il n’a ni mère, ni frère, ni parent. L’un n’empêche pas l’autre !

Cette «totale réflexion» divine (en ce sens elle n’est rien d’autre que «Lui» quand Il prend chair, aussi, et à cet égard, n’a-t-il ni mère ni père, etc., il n'a que «Lui en mode d'incarnation»), on la trouve déjà lorsque l'Ange Gabriel lui annonce le dessein divin, et qu'elle répond : «Qu’il me soit fait selon votre Parole». C’est le «Fiat lux» de la Parole. De ce fait, les prières qu’on lui adressera ne peuvent donc absolument pas “faire obstacle” à la Foi en Jésus, mais être seulement “réfléchies” ou “focaIisées” par Elle en Lui. Elle n'est rien qu’une transparence divine du Christ, une “carnation de Jésus”. Lui seul est la Réalité. D’où le fait que si l’on ne peut «adorer» la Vierge, on peut solliciter son secours et ses grâces auprès du Christ. Elle «prie pour nous», car le Christ n’a pas à prier : Il Est l'Être et, de ce fait, l’exaucement ou l’actualisation de la prière.


"La «Vierge» est comme l’aspect passif en lequel s’effectue l’activité du Divin. Quand celle-ci s’extériorise pour créer le monde, elle le fait en se dédoublant, en se faisant face, en créant quelque chose «entre Dieu et Dieu»".



L’errance des âmes “sans amarre”…

Voilà ce qu'enseigne la vraie théologie catholique, loin des dévotions douteuses, des superstitions et des occultismes.
Mais il y a plus à notre sens. Et là, nous pénétrons à nouveau dans ce domaine complexe qui concerne les «états posthumes» de l'être, tels qu'ils sont longuement analysés par les Écritures du lamaïsme tibétain, et décrits dans le Bardo Thödol.
Il semble que le “moi” du défunt erre pendant 40 à 50 jours, dépourvu de support fixatif et stabilisateur charnel. Il entrevoit la lumière ou ressent l’appel de la Claire Lumière (en termes chrétien : Jésus-Christ), mais n’en peut supporter l’éclat et s'y absorber, à moins que sa queste charnelle, sa vie priante et rituelle, l’aide des moines qui le conduisent post mortem, ne lui permettent cette élection définitive. Faute de celle-ci, le poids des désirs et besoins individualisants l’emportera.
Pendant cette traversée posthume, il se sentira (…) balloté, isolé, sans amarre ou ancre dans le flot sonore et visuel intérieur et parmi les fantasmes irréels et oniriques surgis de ses propres “états d'âme” des souvenirs des mondes sensoriels qu’il s’est créés. Mondes peuplés de démons, de terreurs et d'épouvantes... mais aussi de désirs, de séductions, de regrets des sécurités et des douceurs de la terre, des amours et des transports charnels, des «extases» de toutes sortes, des extases d’«oubli du moment présent». C'est une forme de tentation suicidaire par rapport à la Vie éternelle. Pourchassée ou n’arrivant pas à se “situer”, l’âme défunte risque de ne pas parvenir à découvrir ce centre de l’état humain où «nul ne peut plus errer». Ainsi son “moi” devient un “errant” sans cesse éloigné du Soi libérateur pendant toute sa longévité posthume. Il est attiré par ce qui lui permet de subsister comme individu : le “moi” séparatif des sept “péchés capitaux”, tous formés de l’“avoir” possessif, car seul le moi possède quelque chose, l’Etre n’a pas d’avoir : il Est (3) en Je suis (4).
“Avoir-domination” de sensualité gustative, possessive et paresseuse ; besoin récupérateur de chaleur maternelle protectrice, matricielle, utérine. C'est le «désir d’Ève» dans l’être adamique chassé du centre du “Pardès”, de l’état humain, centre marquant... l’emplacement de l’Arbre de Vie qui est justement le Christ, le Verbe créateur et Rédempteur dans la perspective chrétienne.
Voilà donc ce que l’on pourrait appeler “l’attirance de l’utérus”, qui peut entraîner l’être vers un autre état “individuel” dont on a vu les risques d'excentricité périphérique eu égard à la réalisation spirituelle, repoussée cette fois dans les siècles des siècles ou les univers des univers... Pour le chrétien en état de «salut», le prolongement de l’individualité en mode subtil jusqu’à la résurrection — ou la mort totale — exclut l’éventualité précédante, mais le monde subtil, celui où le délire psychique est maître de toutes les représentations, reste ce qu’il est. Les mêmes peurs et les mêmes désirs, le même feu, constitueront le purgatoire et les enfers. D’où la valeur des prières et des rites pour les défunts ; d’où “l’intérêt”, si l’on ose dire, des protections formées par les anges, les Noms Divins, l'influence spirituelle de la Bienheureuse Vierge Marie, l’intercession de la Vierge.


La périlleuse traversée posthume du défunt selon le Bardo Thödol et les Écritures du lamaïsme thibétain.



Le sein de la Vierge ou l’«Utérus divin»

Allons plus loin.
Le “désir de l’utérus”, sublimé dans la vénération et l’amour de Marie et dans le recours qu’on peut avoir à Elle, devient le «passage déi-formant» dans ce que saint Bernard dénomme, en qualifiant la Vierge, l’«Utérus divin», d'où l'antienne De meis visceribus genui Deum et hominem (Premières Vêpres de la Maternité de la Bienheureuse Vierge Marie.) C’est donc le sein de la Vierge qui va “capter” l'âme du chrétien errant post-mortem. On s’explique parfaitement, dès lors, les «fiançailles» mystiques du juste d’Israël, du pieux kabbaliste, avec la Shekinah, qui est aussi la Torah, l’Écriture roulée, contenant en elle le Saint — Béni soit-Il —, la fiancée du Cantique des Cantiques, ce poème aux accents de l'Eros spirituel. On s'explique parfaitement aussi le rôle curieux de la «Dame» du chevalier chrétien : Notre-Dame, fiancée mystique et mère. Il y aurait donc, grâce à la vénération mariale ou par l’amour de Marie — que Jean prit pour Mère à la demande du Crucifié, et sur tous ses biens (5) —, une sorte de «transfert psycho-spirituel» effectué dès cette vie terrestre et continué post-mortem, sublimant le besoin de l’amour dans la féminité maternelle du «Bel Amour» et permettant d’accéder, au terme des destinées célestes, à la Résurrection en “cours de vie posthume” et avant l’heure comme à Cana : «Mon heure n'est pas encore venue». Marie est alors le “paradigme” du complémentaire féminin, l’utérus déi-formant et formateur, christo-formateur, attirant en lui l’individualité chrétienne «maintenue en mode subtil» pour une renaissance, non plus cette fois dans un état individuel mais dans un «état inconditionné» divin : l'état de la nature divine.
Ainsi devenons-nous réellement “accouchés” spirituellement, dans cette troisième naissance glorieuse et éternelle et «participant de la nature divine» (6) car “régénérés” (ré-générés) non par «une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, la Parole Vivante de Dieu... mais la Parole du Seigneur demeure éternellement» (7).
Parole «incarnée» en la Vierge pour la naissance humaine du Verbe.
Semence chrétienne générée dans la même Vierge Marie, pour une naissance divine de l’homme, une résurrection, que l’on pourrait aussi qualifier, par rapport à la chair de corruption, de l’incarnation spirituelle.

“Moulé en Jésus-Christ”

D’aucuns penseront peut-être que cette “interprétation” (…) relève de l’imagination et force l’exégèse, ou du moins n'est point étayée par la tradition chrétienne... Il faut répondre à cela que, déjà, saint Bernard, dans ses Sermons sur la Bienheureuse Vierge Marie et le Cantique des Cantiques, a eu des audaces descriptives qui peuvent nous surprendre et que, plus près de nous cette fois, saint Louis Grignion de Montfort, a exposé les mêmes considérations que celles que nous venons de formuler. Nous citerons de lui ce texte d’un saisissant réalisme : «Saint Augustin appelle la Vierge «Forma Dei», le moule de Dieu : si Formam Dei te appelem, digna existu (sermon n° 208 : «Vous êtes digne d'être appelée moule de Dieu»), le moule propre à former et mouler des dieux. Celui qui s’est jeté dans ce moule divin est bientôt formé et moulé en Jésus-Christ et Jésus-Christ en lui : à peu de frais et en peu de temps il deviendra dieu puisqu’il s’est jeté dans le même moule qui a formé un Dieu» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge) (8).
Le saint précise encore dans le Secret de Marie sur l’esclavage de la Très Sainte Vierge (numérotation de l’édition type de la Confrérie de Marie Reine des Cœurs) :
14 8° : «Marie a reçu de Dieu une domination paticulière sur les âmes pour les nourrir et les faire croître en Dieu». Saint Augustin dit même que dès ce monde les prédestinés sont tous enfermés dans le sein de Marie et qu'ils ne viennent au jour que lorsque cette bonne Mère les enfante à la vie éternelle». 16 1° : «Marie est appelée par saint Augustin et est, en effet, le moule vivant de Dieu Forma Dei, c’est-à-dire que c’est en Elle seule que Dieu-homme a été formé au naturel sans qu’il lui manque aucun trait de la Divinité et c’est aussi en Elle seule que l’homme peut être formé en Dieu au naturel, autant que la nature humaine en est capable, par la grâce de Jésus-Christ.»

Pour nous résumer, dans tous les cas de devenir posthume — hormis ceux de «réalisation spirituelle» effective ou, inversement, de chute infernale —, il y a recherche d’un nouvel “uterus” par l’âme défunte, recherche qui peut la conduire à une naissance dans un nouvel état individuel extra-humain, périphérique ou central. En ce qui concerne le défunt situé dans le «corps du Christ» par le baptême, l’alimentation eucharistique, la vie, etc., la renaissance à un autre état individuel est exclue jusqu’à «la fin des temps». Cependant la queste utérine demeure, mais compte tenu de l’«économie eschatologique» propre à l’incarnation du Verbe («et le Verbe s'est fait chair»), cette queste aboutit aux «entrailles déiformantes» de la Bienheureuse Vierge Marie qui “enfante” le défunt en lui donnant la chair spirituelle du Christ et, de ce fait, les prémices du corps de résurrection ou Corps glorieux. Il est virtuellement dans le corps de son Fils.
L’être divin demeure le Christ, et le Christ seul, mais la chair spirituelle de cet Etre, doté de nature divine et humaine, est celle qui fut élaborée dans le ventre de la Vierge : et benedictum fructus ventri tui ; elle est nécessairement aussi celle de ceux qui participent à la nature divine du Fils, chair élaborée, mortifiée mais ressuscitée, en corps de gloire, en corps d’éternité sans corruption.
Cette parturition virginale peut donc s’opérer dans la durée du prolongement en mode subtil du défunt et interrompre l’épreuve du feu purificateur.
Pour le secours ultime, vient en aide la qualité des relations spirituelles unissant dans le temps de sa vie corporelle le défunt à la Mère du Christ. C’est alors l’aspect d’intercession et de protection qui est à considérer plus spécialement, et il est la réplique des modalités de vénération, de confiance et d’amour qui lient l’homme à la Vierge.

Ceci posé, il reste qu’une telle “intuition privilégiée” n'est pas générale ; d'où la grâce du Christ qui se suffit à ellemême. Qui oserait lui assigner des limites (9)? Même en dehors du christianisme, n’existe-t-il pas un «baptême de désir» ? Une intégration dans le «corps mystique» du Christ? La constitution Lumen Gentium promulguée par Vatican II (…) admet que Dieu a «décidé d’élever tous les hommes à la communion de sa vie divine.» Aussi le peuple de Dieu comprend «tous les justes, depuis Abel le juste, jusqu’au dernier élu», même ceux «qui n’ont pas encore reçu l’Évangile» et qui «cherchent Dieu d'un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’accomplir sa volonté, telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel». Par ailleurs, celui qui inscrit les hommes au «Livre de Vie» est aussi l’Envoyé, le «Schiloh» d’Israël, comme il est l’Israël des Nations et leur circonsision salvatrice. Aussi le disciple du Maître est-il appelé, conscient ou non, à ressusciter dans le Corps glorieux du Messie triomphant et, de ce fait, sera-t-il nécessairement, métaphysiquement, engendré en Lui dans la chair incorruptible et virginale. En définitive, nous pouvons dire qu’à son insu il «passera» par la Vierge. Cependant ce passage est déjà virtuellement acquis et «avant que l’heure ne soit venue» — comme à Cana — pour celui dont l’œil du cœur s'est ouvert et qui a pris sur tous ses biens, à l’instar de Jean l’Évangéliste, la Rose Mystique du Bel Amour, avec la Croix du Sauveur.

J.T.


* On peut encore néanmoins se procurer l’ouvrage sur Internet. Nota : Les inter-titres sont de la redaction de Symbole.

(1) 8, 22-35. (2) C'est d'ailleurs la traduction de Fabre d’Olivet. A noter aussi à propos des “états multiples de l'être” et de l'indéfinité des “univers” ou modalités de l'être, que Dieu est dit «Seigneur des Univers» (Olamim) dans la formule «», le mot siècle et le mot univers étant identiques. (3) Exode 3. 14 : « Dieu dit alors à Moïse :“Je suis qui je suis”. (4) Jean 8,24 : Je Suis. (traduction Bible de Jérusalem). Jean 8. 28 : «Quand vous aurez élevé le Fils de l'Homme, vous saurez qui Je Suis» (Bible de Jérusalem). Jean 8. 58 : «En vérité en vérité, Je vous le dis, avant qu’Abraham fut, Je Suis». Nous indiquons la référence à la Bible de Jérusalem (Éd. du Cerf, Paris, 1955) car elle donne des majuscules à “Je” et à “Suis” pour les deux premières lettres et diffère des traductions autres, telle celle de Segond. (5) Une remarque pourrait être faite à propos de Jean l'Évangéliste, «fils du tonnerre» et disciple «que Jésus aimait», celui dont le Christ a dit : «S'il me plait de le conserver jusqu'à mon retour» (Jean 21-22) et qui, dit-on, fut aussi enlevé au ciel comme la Vierge Marie après sa mon physique. En effet, au pied de la croix, il devint comme un substitut du Christ : «Jean, voici ta mère» et «à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui» (Jean 19,27). Ainsi, comme le rappelait le Pape Jean-Paul II à Fatima le 13 mai 1982 : «Jean devint surtout, par la volonté du Christ, le fils de la Mère de Dieu. Et à travers Jean, tout homme devint son fils à elle... le mystère de la maternité spirituelle de Marie a trouvé son accomplissement dans l’histoire avec une ampleur sans limites... elle a accepté Jean et elle a accepté tout homme et tout l’homme ...la maternité spirituelle de Marie est donc une participation à la puissance de l’Esprit Saint, de celui «qui donne la vie» ... », Cf. la Documentation Catholique, N° 1831, pp. 539-542, Éd. de la Bonne Presse, Paris, 6 juin 1982. (6) 2 Pierre 1, 4. (7) 1 Pierre 23, 25. (8) Éd. de la Confrérie Marie Reine des Cœurs, saint Laurent sur Sèvres, 1936. Nous donnons cette dernière date mais croyons qu'il y a eu plusieurs éditions ultérieures, plus récentes dont une aux éditions Les Traditions françaises, Pontchâteau, 1945. (9) Le Christ ne dit pas «nul ne va au Père que par Marie», mais il écoute Marie comme à Cana et sans qu'elle puisse un instant se subtituer à lui, ce qui serait pure idôlatrie. La formule «qu'y a-t·il entre toi et moi ?» est classique en hébreu, ici «Mah-Li Valach... ? » ; elle s'emploie dans les fraternités mystiques pour évoquer l'existence d'un lien caché ou d'un secret.