• Géographie & Architecture

    Sacrées

     

     

    Introduction

    Avant tout, je tiens à signifier la dette immense que j’éprouve envers certains écrivains-enseignants, dépositaires et transmetteurs de connaissances immémoriales, comme M. Eliade, R. Guénon, R. Otto, F. Schuon, R. A. Schwaller de Lubicz, M-M. Davy, F. Schwarz, G. Durand, A. Faivre, J. Servier, J. Hani, J. Riès, R. Berteaux, Enel, A.de Souzenelle, K. G. Durckheim et D. Rudyar, entre autres...

     

    Ces précurseurs émérites - souvent visionnaires tant dans leur analyse des sociétés traditionnelles que contemporaines - sont connus de tout chercheur de vérité. Grâce à leurs oeuvres fécondes fortifiant l’esprit, ils ont nourri bien des parcours individuels, effectués hors des sentiers battus.

     

    Tous leurs travaux tendent à démontrer que la perception intuitive du Sacré -le « Tout Autre » cher à Rudolf Otto- est une dimension inhérente à l’homme, quelques soient les sociétés dans lesquelles il évolue. Ils me firent prendre conscience de la priorité dans l’existence, de la notion d’être sur celle de l'avoir, qui implique la reconnaissance des forces de l’esprit sur celles de la matière.

     

    De l’existence de lois cosmiques émanant d’une force ou énergie Une qui régit l’ensemble des articulations organiques de la création. D’une loi fondamentale qui n’est pas une règle imposée après coup, mais un « équilibre essentiel et divin qui soutient la vie et sa croissance dans la lumière de la vérité et sa réalisation dans la plénitude de l’Absolu ».

     

     

    Intentions de l’auteur

    Partageant avec eux ces questionnements et convictions intérieures, j’ai d’abord décrit, dans la première partie d’exposition du livre, quelques rouages essentiels concernant l’origine, la nature et l’évolution du sacré, qui donneront naissance aux deux concepts, indissociables à mes yeux, qui font l’objet du sujet central « Géographie et Architecture sacrée ».

     

    Il sera approfondi dans les deux autres parties du livre, à travers un enchaînement de thèmes et de repères signifiants qui m’a semblé cohérent pour le lecteur. Ces derniers constituèrent la trame de cette longue ascension de l’humanité, à travers l’organisation des sociétés traditionnelles - guidée alors par des valeurs spirituelles dominantes -  imprégnant tout à chacun et structurant la collectivité.

     

    Option philosophique

    Plus qu’un ouvrage spécialisé et trop technique, j’ai choisi une option plus philosophique, en tissant des liens transversaux pluridisciplinaires, et dont le fil d’Ariane est la pensée symbolique, caractéristique de ces sociétés anciennes.

     

    En effet, que les thèmes spirituels et symboliques, tout comme les exemples architecturaux évoqués, soient connus - voir classiques - ou plus inédits et singuliers : l’important est ailleurs...

     

    Il réside dans l’objectif affiché d’un condensé de savoirs, déclinés de façon aussi pédagogique que possible à travers une approche renouvelée et une lecture originale de certains fondamentaux dans les domaines évoqués, dont j’ai privilégié certains angles de vue à travers une vision personnelle tant analytique que synthétique.

     

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    L’Homme et la dimension du Sacré                     1ère partie

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    Naissance de l’Homo Religiosus

    Suite à l’introduction exposant le sens du sacré et de son évolution à travers les siècles dans la pensée humaine occidentale, j’ai traité le concept de la nature du sacré à travers une présentation sélective de précurseurs de l’anthropologie religieuse, souvent méconnus - à l’origine de cette discipline - et de quelques figures marquantes dans ce domaine, jusqu’à nos jours.

     

    Préambule indispensable pour rentrer dans le vif du sujet avec la naissance et l’évolution de l'Homo Religiosus, lequel sera enfin accrédité -après beaucoup de tergiversations- de la capacité de spéculations irrationnelles qui se traduiront par une conduite d'intention, marquant une rupture avec les humains précédents.

     

    Grâce à cette irruption du sacré, provoquant un saut qualitatif dans sa conscience et entraînant une mutation irréversible, le nouvel Homo Sapiens Sapiens va éprouver le sentiment d'être, en démontrant que tout acte peut le relier et le faire communier avec le sacré à des degrés divers. Ce ressenti irrationnel ne cessera plus se de développer, au fil des temps, pour devenir une des composantes essentielles des sociétés humaines qui se développeront à partir du néolithique, à un rythme accéléré, jusqu’alors inconnu.

    Le sacré, idée-mère de toutes les religions

    Chacun sait que face aux puissances incontrôlables de la Nature, qui pouvaient tour à tour lui être favorables ou néfastes, l’Homme préhistorique éprouva la nécessité de se les concilier, pour prospérer dans les meilleures conditions, avant d'envisager un jour de les maîtriser.

     

    Une des conséquences de cette reconnaissance d’un plan invisible aux yeux, lui permettra de relativiser le monde observable alentour pour considérer cette autre « réalité » comme supérieure, car garante de l'existence même des choses manifestées. De fait, cette prise de conscience sera le détonateur d’un long processus d'alliances sacrées avec le monde surnaturel, témoignage d’une évolution majeure des mentalités.

     

    Cette perception indicible du sacré sera, non seulement, l’embryon des religions primitives - animisme, totémisme, chamanisme - qui régiront pendant des millénaires les sociétés claniques, mais elle se révèlera surtout l’idée-mère centrale des religions antiques en devenir.

     

    Elle induisit progressivement des concepts fondamentaux qui deviendront le substrat d'une certaine vision du monde, propre aux civilisations traditionnelles et où le ternaire magico-religieux indissociable, mythes, rites et symboles, joua un rôle essentiel.

     

    Mythes , Rites & Symboles

    Cette nouvelle disposition d'esprit suscita l’apparition des mythes liés au développement intensif de l’imagination créatrice, modifiant en profondeur les stratégies de comportements. Ces récits fondateurs - expliquant la genèse du monde et justifiant la création comme une surabondance de la « réalité » - devinrent des modèles exemplaires et des repères intangibles permettant à ces sociétés archaïques de se structurer.

     

    Les rites en seront le prolongement naturel, depuis les rites tribaux de passage et de socialisation jusqu’aux rituels magico-religieux et initiatiques. Ces différents modes d’expression permettront de restituer, sur terre, la compréhension d’un certain ordonnancement céleste, que les mythes, eux, évoquent dans leur composante métaphysique et morale.

     

    Peut-être, l’origine de ces premiers actes sacrés s’établit lors de la communication avec les esprits, réalisée par les chamans, guérisseurs ou sorciers, êtres humains aux pouvoirs psychiques hors du commun. Leur classification se complexifiera - reflet du degré d’évolution des sociétés - avant d’être savamment codifiée par les élites sacerdotales, détentrices du pouvoir spirituel ou garantes des traditions ancestrales.

     

    Il me faut ajouter que les rites - favorisant expressément la mutation d'un espace-temps profane en un espace-temps sacré - validera ces concepts intemporels de géographie et d’architecture sacrée. Or, cette notion de sacralisation de l'espace-temps sera un des fondements des sociétés traditionnelles à travers l’intime compréhension qu’en avaient les prêtres initiés.

     

    La pensée symbolique

    Elle va se révéler consubstantielle à l’homme et semble avoir précédé le langage et la raison discursive. Elle s’exprimera grâce à l'imagination active. Liée étroitement au plan des archétypes, celle-ci se révéla être la matrice du langage symbolique, qui a l'immense mérite d'être compréhensible par tous - puisque intemporel - au-delà des langues convenues.

     

    Le monde symbolique est révélateur d'une évidence des liens subtils unissant tous les hommes.

     

    Il en découlera tout un mode de fonctionnement, basé sur des concepts et une hiérarchie de priorités essayant de conjuguer croissance spirituelle et prospérité matérielle. Elle favorisera l’émergence de modèles de sociétés où le monde profane/physique/matériel et le monde sacré/ spirituel/métaphysique sont envisagés comme les deux facettes d'une même et unique réalité. Ces sociétés partageaient une vision du monde où les valeurs liées au monde du sacré guidaient leurs comportements au quotidien.

     

    Tradition ou sagesse primordiale

    De ce fond de croyances communes va émaner une Sagesse immémoriale - dite aussi Tradition primordiale - vivante au coeur de chaque peuple, quelque soit son contexte géo-politique et socio-culturel. Ses principes immuables régiront, plus tard, les sciences hermétiques ou occultes pour certains.

     

    A la faveur des prémisses de l'agriculture, permettant la sédentarisation de nombreuses communautés, un des premiers mythes de l’humanité va émerger... Cette activité sera confiée d'abord aux femmes, identifiées à un processus fécond de gestation et de procréation les rapprochant des cycles saisonniers de la Nature.

     

    De cette troublante analogie ressentie par les Anciens, découlera une dévotion quasi-mystique envers la Terre, assimilée à une mère nourricière qui évoluera par la suite en l’instauration d’un culte universel envers une Grande Déesse-Mère, dans toutes les religions anciennes.

     

    Bientôt, grâce à la découverte et pratique de nouvelles techniques, l'homme du néolithique démontrera un élan créatif dans des sphères artistiques jusque là inconnues. Lequel, fait majeur, n’a pas pour but un assouvissement immédiat de besoins matériels, liés à la survie du groupe, mais à un désir d’exprimer sa dévotion envers le Tout Autre.

     

    Cette dernière se manifestera à travers la naissance de l’art sacré multiforme, dont une des plus abouties sera l’Art royal, qu’incarne l’Architecture sacrée, synthétisant tous les autres.

     

    Par ailleurs, autre facteur d’évolution et non des moindres, la
    pensée conceptuelle fera son chemin. Et quel chemin ! Atteignant les plus hauts degrés de l’abstraction au sein des textes sacrés, fondateurs des civilisations anciennes, elle s’exprimera à travers les premières langues sacrées qui se devaient d’avoir pour les Anciens, plusieurs degrés de lecture grâce à des agencements subtils, dont l’un d’entre eux impliquait naturellement une relation symbolique avec les nombres.

     

    En effet, comme le décrit le dernier chapitre, les modes d’expression -lettres et nombres- découverts par l’humanité pour décrypter la réalité qui les entoure, se révèleront être un puissant  vecteur de connaissances à travers l’étude de leurs correspondances symboliques. Savoirs antiques occultés depuis longtemps.

     

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    Monde sacré, Monde profane                          2ème partie

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    Une certaine vision globale du monde

    Après avoir planté le décor de l’évolution spirituelle, mentale et matérielle de ces sociétés traditionnelles, le deuxième volet s’attache à évoquer un certain nombre de référents, liés à leur représentation du monde. Elle impliquait un monde profane et un monde sacré, apparemment opposés à nos yeux, mais pourtant vécus, durant des millénaires, comme harmonieusement complémentaires par les acteurs de l’époque.

    Comme introduction à l’Architecture invisible naturelle, je développe le concept de Géographie sacrée, peu connu et décrypté dans ses ressorts internes symboliques. Il reflétait la volonté des Anciens de projeter et d’assimiler sur terre les principes cosmiques, induisant leur perception et compréhension des lois de correspondance entre macrocosmos et microcosmos.

     

    Son rôle intervint dans la sélection d’espaces sacrés propices aux cultes et initiations et où les orientations - liées aux points cardinaux et au parcours soli-lunaire - jouaient un rôle essentiel.

     

    Le centre - point quintessence névralgique

    Ce choix délibéré d’un espace sacralisé va impliquer l’obligation de déterminer un centre autour duquel ce dernier va s’organiser. Nous touchons là à une des clés de voûte du système de pensée traditionnel, qui induira un des critères majeurs caractérisant l’élaboration d’un édifice ou complexe religieux.

     

    Le centre, c’est « la caverne du coeur » selon les hindouistes, mais aussi le vide, en tant que notion transcendante, sur laquelle repose toutes les mystiques orientales, y compris et surtout le taoisme. «Etre dépouillé, ne rien avoir, être vide, transforme la nature. Le vide fait monter l’eau au sommet des montagnes et opère bien d’autres merveilles » exprime ce courant de pensée.

     

    Temps profane, temps sacré

    Parallèlement à cette scénographie de la transcendance, va émerger la reconnaissance d’un temps sacré qui induira, au coeur des civilisations les plus élaborées, l’apparition de calendriers rythmant les saisons agricoles et instituant les périodes dévolues aux célébrations religieuses.

     

    Divinités & esprits de la Nature

    Les croyances irréductibles envers un monde invisible, lieu de séjour de l’esprit des ancêtres et des génies de la nature, s'exprimeront donc au c¦ur des premiers sanctuaires  naturels où j’invite le lecteur à me suivre, à travers une sorte de promenade initiatique...

     

    En effet, les guides spirituels des communautés projetteront la demeure de certains esprits ou divinités sur leur environnement, telles que les montagnes ou les pierres dressées, pendant que d’autres éléments naturels -grottes, forêts et arbres, fleuves et sources- se verront investis d’une charge symbolique, en tant que parfaits médiateurs entre le monde céleste et terrestre.

     

    Grottes & Labyrinthes

    Qui se révèleront autant des lieux de vie à travers de nouveaux champs d’expériences qu’elles soient artistiques ou cérémonielles que des lieux de mort, puisque révélateurs des traces laissées par les premiers rituels funéraires.

     

    En effet, elles témoignent, à travers les premières créations d’images qu’offrent les peintures pariétales, de la reconnaissance de l’impact de l’esprit sur la matière par ces communautés.

     

    Ces sites serviront de cadre - pendant des millénaires - à de nombreuses pratiques cultuelles magico-religieuses et de drames mythiques, avant de jouer le rôle ambigu, dans les religions anciennes de frontière entre le monde des vivants et des morts. Les labyrinthes -naturels ou artificiels et donc créations humaines liés à différentes périodes de l’histoire de l’humanité, avec tous leurs ressorts symboliques, en sont le prolongement dans l’inconscient collectif .

    La montagne sacrée

    Symbole ascensionnel par excellence, incarnera, elle, parfaitement le concept ésotérique fondamental d’axe du monde, sensé relier les trois plans connus : le sous-terre, la terre et le ciel.

     

    Elle suscite toujours cette quête de dépassement de soi, d’absolu - voir de transcendance - décrite si bien par certains mystiques, en tant que montagne intérieure inscrite en chacun de nous.

     

    Par ailleurs, sous toutes les latitudes, certains monts sacralisés rempliront une fonction symbolique pour tout un peuple et feront l’objet de pèlerinages assidus.

     

     

     

    L’arbre sacré

    Ce référent vertical et symbolique universel, jouera, lui aussi, ce rôle d’intercesseur entre hommes et dieux. La notion de centre me tenant à coeur, j’ai établi des relations symboliques intéressantes entre ce point originel, l’arbre et la Croix -symbole universel.

     

    Si trois arbres mythiques incontournables traversent toutes les religions -l’Arbre de Vie, l’Arbre renversé et l’Arbre de Mort, trois arbres emblématiques - le chêne et le frêne dans la tradition celtique et l’olivier dans la culture proche-orientale auront leur mot à dire...

    Enfin, j’espère que le lecteur -tout comme moi- se remémora avec plaisir, des bribes de souvenirs de certaines légendes grecques où il est question de courses-poursuites entre les dieux et les mortels et, de métamorphoses végétales de ces derniers pour échapper à leurs assiduités...

     

    Les forêts et bois sacrés -musées de l’imaginaire-

    Ils révèleront l’impact qu’elles eurent, en tant qu’environnement immédiat et frontières naturelles pour l’humanité préhistorique, avant de devenir des enjeux de stratégie politico-religieuse dans la chrétienté médiévale.

     

    Une invitation est faite au lecteur de découvrir autrement ce cadre majestueux ou discret - voir de refuge - qui permit à de nombreux cultes païens et rituels initiatiques de s’exercer, mais aussi d’accueillir, à l’instar du désert, des ermites éperdus de silence, des héros mythiques et des enchanteurs mystiques, sans oublier les fameux hors-la-loi en rupture avec la société.

     

    Le culte des pierres levées

    Il se traduira par l’élaboration des alignements ou des cromlechs énigmatiques de menhirs et la reconnaissance ou sacralisation de pierres « fécondantes ou guérisseuses ». Son amplitude favorisera l’essor de la civilisation mégalithique qui essaimera sur tous les continents, nous léguant un héritage remarquable qui nous interpelle encore aujourd’hui.

    Il se compose autant de lieux cultuels et d’observations astronomiques à travers des temples notoires -Stonehenge, Ile de Malte- que de sépultures collectives énigmatiques représentées par l’érection de dolmens spectaculaires, comme sur l’île de Gravinis ou à Newgrange en Angleterre.

     

    Autant de sites fascinants, révélateurs des connaissances pluridisciplinaires étonnantes des connaissants de ces époques. Mais, quelles que soient les formes esthétiques empruntées, tous les espaces sacrés médiateurs manifestent la reconnaissance implicite d'un plan métaphysique, de la part de leurs utilisateurs, tout en favorisant les liens sociaux.

     

    Ils sont tous chargés de remplir la même mission : hisser ponctuellement la conscience à un niveau supérieur, en permettant au pratiquant de se relier à son propre espace intérieur, lors d’une parenthèse ressourçant l’esprit.

     

    L’Eau dans tous ses états

    En tant qu’élément régénérateur universel, les Anciens l’ont rapidement sanctifié, car associé à l’Océan primordial et indifférencié, porteur de toutes les virtualités et milieu matriciel de la création. Il rejoint ainsi la dimension psychanalytique qu’on lui attribue comme symbole des énergies inconscientes. On l’appréciera à travers, sources, lacs, étangs...

     

    L’évocation de deux fleuves exemplaires, Le Nil et le Gange - don des dieux pour leurs civilisations respectives - illustrera parfaitement leur appartenance au monde de la Géographie sacrée.

     

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    De la Nature à la Culture                     3ème partie

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    Naissance des édifices religieux

    Aux espaces naturels sanctifiés vont succéder un certain nombre d’édifices religieux qui ne tarderont pas à acquérir la position enviable et privilégiée de « hauts-lieux de l’esprit ».

     

    En effet, si les premiers continuent à jouer un rôle important au cours de l’Antiquité, les sociétés archaïques, de plus en plus élaborées, exprimeront désormais leur dévotion au sein de temples qui refléteront, tels des miroirs sacrés, l’essentiel de cette architecture naturelle.

     

    En effet, cette dernière va inspirer fortement la conception de nouvelles résidences divines puisque les premiers bâtisseurs vont imiter et transposer sur le plan symbolique, à travers différents matériaux utilisés, les composantes minérales et végétales du paysage élémentaire les environnant.

     

    Devenu maître d'¦uvre puis architecte, l'homme traditionnel - en faisant évoluer les autels votifs rudimentaires vers des constructions impressionnantes - concevra des projets grandioses où la Géométrie sacrée s’imposera comme une discipline à part entière.

     

    Témoignage exemplaire de l’ évolution des mentalités, l’architecture sacrée est le signal fort, que donne l’humanité s’inscrivant dans l’Histoire. S’inspirant des lois cosmiques présidant à l’harmonie universelle, elle va contribuer, en mettant les sanctuaires au centre de cités prestigieuses, à leur donner un sens et une cohérence inégalée.

     

    Rituels de fondation et d’orientation

    Ces procédures complexes prouveront leur capacité à établir un lien magique entre les différents plans. Ils rappelaient à tous que l’architecture sacrée était dépositaire de la pensée symbolique opératoire, quelles que soient les représentations esthétiques et socio-religieuses spécifiques à chaque civilisation.

     

     

    Les premiers temples deviendront des repères essentiels pour l’enracinement d’une communauté - voir d’une nation - adhérant aux mêmes croyances, car riches d'enseignements symboliques, exprimés à travers l’ensemble de ces composantes architecturales et éléments décoratifs.

     

    A cet égard, la description très détaillée d’un temple égyptien aidera à cette compréhension, en exposant la vision mythique, source d’inspiration principale.

     

    Les temples-montagnes

    Plus suggestifs que d’autres, certains édifices seront des répliques mimétiques des montagnes sacralisées - d’où cette appellation qui adoptera plusieurs formes architecturales, selon les régions du monde.

     

    Ziggourats de Mésopotamie

    Parmi les plus anciens connus, les ziggourats dominèrent les premières cités-états du Proche-Orient, un des berceaux de la civilisation. Ces premières montagnes saintes impressionnantes, s’inspirant des autels à gradins, évoluèrent vers de véritables escaliers cosmiques qui représentaient un univers organisé et complet en soi, d’une très grande complexité.

     

    Pyramides d’Egypte

    Parallèlement, au coeur du royaume égyptien, surgiront les pyramides du sol désertique, pièces maîtresses de vastes complexes funéraires. Elles incarneront, dans l’ordre géométrique, la montagne sacrée et, dans l’ordre symbolique, la notion d’absolu, à travers la perfection de tétraèdres hiératiques qui nous interpellent encore aujourd’hui.

     

    Après l’élévation de la sépulture royale de Djoser, première pyramide à degrés en pierres, érigée sur le plateau de Saqqarah et les expériences réalisées à Meïdoum sous le règne de Snefrou, les architectes atteindront la perfection avec les pyramides de Giza, mausolées grandioses des pharaons de la quatrième dynastie : Khéops, Khefren et Mykérinos.

     

    Elles incarneront, au-delà du tombeau, des objets de culte analogues - sur le plan symbolique - à la colline primordiale des mythes cosmogoniques. Avec son volume géométrique parfait, la Grande Pyramide synthétisera toute la puissance cosmique des nombres existant au coeur de toute architecture sacrée.

     

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    Cités saintes exemplaires :

    Jérusalem et La Mecque

    Un chapitre leur est consacré valorisant leurs points communs, dont la longévité exceptionnelle de ces deux sites hors-normes. Leurs temples et lieux saints respectifs, véritables centres du monde spirituels pour les trois monothéismes existants ont une histoire  qui plonge leurs racines dans des temps très anciens.

     

    La fondation de ces espaces sacrés exceptionnels, ainsi que la force d’attraction qu’ils continuent d’exercer sur leurs fidèles respectifs, est longuement commentée.

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    Civilisations précolombiennes

    Ces cultures mésoaméricaines successives nous lègueront - en dépit de destructions massives - un patrimoine architectural exceptionnel, ainsi que des créations artistiques très expressives, dans les arts décoratifs, qui ont particulièrement valorisé le monde mythique et le langage symbolique.

     

    Certains temples-montagnes dominèrent de grandioses cités religieuses - Teotihuacan et Tenochtitlan - capitales de royaumes et d’empires plus ou moins éphémères, mais aussi de nombreuses cités-états mayas : Palenque, Chichèn Itzá ou Tikal...

     

    Leurs bâtisseurs émérites s’inspireront de la forme pyramidale archétypale, tout en les « réinterprétant » selon leurs traditions culturelles et religieuses.

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    Civilisations orientales : architecture bouddhique & hindoue

    Pour clore l’ouvrage, les deux derniers chapitres sont consacrés à une approche de ces architectures si exotiques et fascinantes à nos yeux - avec quelques temples exemplaires et symboles emblématiques de leurs pays respectifs -  pour constater à quel point elles se sont mutuellement influencées sur les nombreuses aires culturelles de l’Asie du Sud-Est.

     

    Cambodge. Indonésie, Inde,

    L’étude des stupas démontrera que de modestes édifices au départ, ils deviendront de véritables montagnes cosmiques, à l’image des cosmogrammes orientaux - comme à Borobudur - qui vont symboliser l’espace temps.

     

    Les temples-montagnes s’imposeront au sein de complexes religieux et cités saintes exemplaires, comme ceux d’Angkor Vat, de Khajurâho ou de Madurai.

     

    En Inde, de superbes édifices religieux marquent à jamais de leurs empreintes spirituelles les paysages de ces contrées lointaines, depuis les cellas rupestres et les monastères troglodytes - site d’Ajanta - aux temples-sculptures étourdissants - Ellora- en passant par les tours impressionnantes -Civa à Tanjore - ou celles du temple Mahabodi à Bodh Gaya, cité sainte du bouddhisme, pour n’en citer que quelques’uns.

     

     

    Conclusion

    J’espère que cette présentation vous donnera envie d’en savoir davantage et de rentrer dans ce passionnant périple symbolique et culturel.

     

    L’ouvrage a été conçu  tant pour répondre aux attentes de lecteurs néophytes - en posant quelques jalons sur les chemins de la connaissance, concernant l’évolution du sacré et de ses multiples résonances sur l’évolution de l’humanité, qu’à celles d’amateurs éclairés et intéressés par le développement approfondi des sujets concernés. 

     

    Quant à moi, l’objectif essentiel de ce livre, à l’instar de ce magnifique oiseau choisi comme messager, est de vous transmettre ce que j’ai reçu et de le partager avec le plus grand nombre, en se souvenant qu’il est de notre devoir de renouveler avec force le message délivré inlassablement par les aînés : « Tout est dans tout » et participe d’une même « réalité » qui nous dépasse.

     

    Ouvrages spécialisés pour aller plus loin

    « Manière de montrer Versailles » fut une épître composée par Louis XIV lui-même à l'usage de milliers de courtisans et de nombreux visiteurs étrangers. Loin de vouloir réaliser un guide touristique, il soulignait que la visite du château revêtait un caractère rituel. Versailles obéit à une volonté secrète du Roi : oublier les épisodes des guerres de Religion et de la Fronde pour réunir enfin les meilleurs dans toutes les corporations de métiers du royaume. Ainsi s'y retrouvèrent Le Nôtre, Mansart, Louvois aussi bien que Lully, Molière et Perrault. Ce sont eux « les grands architectes » de Versailles : de midi à minuit et de minuit à midi, des dizaines de milliers de personnes peuvent suivre la course du soleil, une bien étrange alchimie, du noir le matin au blanc le midi, pour s'achever dans le rouge du soleil couchant. Les quatre éléments sont représentés, à savoir l'air, par les 9000 ha du parc, la terre plantée de milliers d'arbres, l'eau par les innombrables bassins sans oublier la galerie des Glaces, et le feu par l'appellation même du Roi-Soleil. Voltaire pourra ainsi écrire que cette période de l'histoire fut réellement le Siècle de Louis XIV. À votre tour, grâce à ce véritable « guide initiatique », partez à la découverte de ce trésor de notre patrimoine et décryptez toutes les clés ésotériques qu'il recèle.

    Et si les bâtisseurs avaient glissé, pour ceux qui prennent la peine de regarder, des messages autres que religieux pour les temps à venir ? C'est cette histoire que Patrick Burensteinas vient nous conter dans ce premier volume consacré à la cathédrale de Chartres. Cette visite initiatique que l'auteur vous propose pas à pas, détail après détail, n'est qu'une transposition du voyage que tout alchimiste fait sur le chemin de sa pierre. Ces différents arcanes sont autant de passages sur le chemin que le franc-maçon accomplit jusqu'à sa maîtrise. Grâce à ce guide unique, magnifiquement illustré, redécouvrez la cathédrale de Chartres comme vous ne l'avez jamais vue. Tel un pèlerinage, cheminez sans hâte et avec sérénité. N'attendez rien. C'est la seule manière de recevoir le Tout. Patrick Burensteinas est scientifique de formation et s'est intéressé très jeune à l'alchimie. Il est auteur, conférencier et formateur international. Il est reconnu autant pour son enthousiasme, sa convivialité et son esprit de synthèse que pour sa faculté à vulgariser les principes et notions de l'alchimie. Il a participé à la série de sept films Le Voyage alchimique de Bruxelles à Saint-Jacques-de-Compostelle (dont l'un est consacré à Chartres) réalisée par Georges Combe.

    Tous les édifices construits par les bâtisseurs sont basés sur des tracés géométriques rigoureux. Le livre a comme objectif de vous donner les outils nécessaires pour retrouver leurs tracés (lorsqu'ils ont disparu) ou comprendre les lieux sacrés existants : menhirs, mégalithes, dolmens, cromlechs, villas gallo-romaines, temples égyptiens, chapelles, autels, cathédrales, collégiales, églises…

    Véritable approche philosophique, cette étude porte un éclairage nouveau sur une connaissance ancestrale qui s’exprime, dans la plupart des constructions sacrées, au moyen du nombre d'or, véhicule de la vie divine. Mégalithes, mosquées, temples grecs, hindous ou bouddhistes sont décryptés à la lumière de la symbolique des nombres. Cette «géométrie sacrée » sert de lien entre les divers courants religieux, en soulignant comment la Vie et ses manifestations indiquent une recherche constante de la lumière de l'esprit, selon une grande variété d'expressions symboliques. Broché - 19 x 25 - 350 pages

    De la pierre de Jacob, décrite dans la Bible à la pierre philosophale ; des mégalithes de Stonehenge à la pierre cubique des francs-maçons, combien de fois la pierre a-telle été représentée en tant que symbole ! L'auteur invite le lecteur à faire ce voyage dans l'espace et dans le temps, où, systématiquement, la pierre va se trouver associée à un événement qui a marqué l'humanité : les mégalithes, alignés dans la direction du lever du soleil aux solstices, les « pierres tombées du ciel », dont on s'est demandé si elles n'étaient pas messagères des dieux ; les pierres qui guérissent, celles utilisées pour prédire l'avenir... La pierre résiste à l'usure du temps. Elle va donc servir de mémoire, de support pour transcrire les grands faits marquants qui ont ponctué notre histoire. Mais elle est aussi le matériau noble de la construction, celle avec laquelle on construit des temples pour rendre hommage aux divinités. La Franc-maçonnerie, ensuite, reprendra à son compte l'héritage et le corpus symbolique des métiers de la construction : la pierre brute, la pierre cubique, la pierre de fondation, la pierre d'angle, la clef de voûte, pour en tirer un enseignement philosophique.





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