• Le Prieuré de Sion


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    Voilà un réel mystère. Les avis à son sujet sont souvent tranchés, car tout ce qui entoure le Prieuré de Sion est un entremêlement de vérités, de faux documents, de révélations et de contradictions. Qu'en est-il vraiment ? Je ne sais pas, mais je souhaite quand même exposer ici quelques faits relevés de ci, de là. J’ai un peu de mal à me positionner entre la raison qui me fait douter et l'attirance de possibilités étonnantes.

    Nous sommes devant un sujet où les informations abondent mais ne sont peut-être pas toutes fiables, où ceux qui ont commencé à parler du Prieuré sont ensuite avoué leur supercherie tout en laissant planer un doute sur la véracité de cet aveu… Bref, c'est un vrai casse-tête, volontairement difficile voire impossible à dénouer.


     

    Les "faits" ?


     

    En décembre 1953, Pierre Plantard est condamné à six mois de prison pour abus de confiance. Libéré de prison, il déclare être le dépositaire d'une organisation cachée : le "Prieuré de Sion". Il commence par en déposer les statuts à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois le 7 mai 1956 pour officialiser sa "révélation", et déposera plus tard de façon anonyme une série de faux documents à la Bibliothèque Nationale de Paris.
    Le premier est déposé en janvier 1964, sous le titre "Généalogie des rois mérovingiens et origine de diverses familles françaises et étrangères de souche mérovingienne". Le document mécanographié est signé d'un certain Henri Lobineau.
    Le second dépôt légal date d'août 1965 : "Les descendants mérovingiens ou l'énigme du Razès Wisigoth",dont l'auteur serait Madeleine Blancasall.
    Un des plus fameux documents des Dossiers Secrets est "Le Serpent Rouge", une révélation sous forme de poème.
    Le dernier dépôt fait à la Bibliothèque Nationale, "Dossiers Secrets d'Henri Lobineau", est fait en avril 1967.

    Les Dossiers Secrets présentent le Prieuré comme une confrérie remontant à 1099, liée à l'Ordre du Temple et dont la mission aurait été de préserver le secret d'une descendance cachée des Mérovingiens pour la restauration d'une monarchie mérovingienne en France.
    Le Prieuré de Sion verrait sa fondation lors de la première croisade dirigée par Godefroi de Bouillon, qui en serait l'initiateur. Pour ce faire, il fonda une abbaye sur le mont Sion de Jérusalem (fait véridique). Godefroi de Bouillon, initié au secret de la descendance Mérovingienne, aurait eu la charge de la protéger par le biais du Prieuré de Sion. Il en devient le premier grand maître.
    De par sa nature, le Prieuré de Sion doit d'être discret et ne peut mener d'action dans le siècle. Il doit concevoir un bras séculier qui lui permettra de mener des actions sans être mentionné. Quelques chevaliers membres du Prieuré de Sion ont charge de mettre cette structure en place : l'Ordre des Templiers.

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    sceau templier
     
    De la fondation de l'Ordre du Temple à 1188, les deux ordres auront des Grands Maîtres communs. Mais soixante-dix ans plus tard, une scission se produit entre l'Ordre du Temple et le Prieuré de Sion. L'acte est pris à Gisors où, dans un geste symbolique, un orme géant est abattu. A dater de ce moment, l'Ordre du Temple ira vers le destin qu'on lui connaît et le Prieuré de Sion entrera dans une phase secrète.
    La fraternité aurait compté parmi ses membres un grand nombre de personnages illustres de l'histoire et de la civilisation occidentale plus ou moins liés à l'occultisme :


     

    Godefroi de Bouillon (1099-1119)
    Hugues de Payen (1119-1136)
    Robert de Craon (1136-1147)
    Evrard de Barres (1147-1150)
    Ugo de Blancheford (1150-1151)
    Bernard de Tremblay (1151-1153)
    Guillaume de Chanaleilles (1153-1154)
    Evrard de N...? (1154-1154)
    André de Montbard (1155-1156)
    Bertrand de Blanquefort (1156-1169)
    Philippe de Milly (1169-1170)
    Eudes de Saint-Amand (1170- 1180)
    Arnaud de Toroge (1181-1184)
    Gérard de Ridefort (1184-1188)
    Jean de Gisors (1188-1220)
    Marie de Saint-Clair (1220-1266)
    Guillaume de Gisors (1266-1307)
    Édouard de Bar (1307-1336)
    Jeanne de Bar (1336-1351)
    Jean de Saint-Clair (1351-1366)
    Blanche d'Évreux (1366-1398)
    Nicolas Flamel (1398-1418)
    René d'Anjou (1418-1480)
    Iolande de Bar (1480-1483)
    Botticelli (1483-1510)
    Leonardo da Vinci (1510-1519)
    Charles III (Duc de Bourbon-Montpensier) (1519-1527)
    Ferdinand de Gonzague (1527-1556)
    Nostradamus (1556-1566)
    Duc de Longueville & Nicolas Froumenteau (1566-1575)
    Louis de Nevers (1575-1595)
    Robert Fludd (1595-1637)
    Johann Valentin Andreae (1637-1654)
    Robert Boyle (1654-1691)
    Isaac Newton (1691-1727)
    Charles Radclyffe (1727-1746)
    Charles de Lorraine (1746-1780)
    Maximillien de Lorraine (1780-1801)
    Charles Nodier (1801-1844)
    Victor Hugo (1844-1885)
    Claude Debussy (1885-1918)
    Jean Cocteau (1918-1963)

    Pierre Plantard (1963-1984)

     
    Toujours selon ces dossiers secrets, le Prieuré de Sion comprenait 1 093 membres, structurés en sept niveaux. À mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie, le nombre des membres se divise par trois, jusqu'à la charge de nautonier, exercée par une personne seule.

    Preux (729 membres)
    Ecuyers (243 membres)
    Chevaliers (81 membres)
    Commandeurs (27 membres)
    Croisés de Saint-Jean (9 membres)
    Princes noachites de Notre-Dame (3 membres)
    Nautonier (1 membre)


     

    Dans les années 83-84, Jean-Luc Chaumeil, écrivain spécialisé en ésotérisme et en énigmes historiques, renie ses fonctions de secrétaire du Prieuré et révèle le passé trouble de Pierre Plantard. Plantard démissionnera du Prieuré de Sion le 10 juillet 1984. Discrédité, il réapparait en 1989 avec une nouvelle mythologie sur le Prieuré, qui cette fois aurait été fondé à Rennes-le-Château en 1681. En 1993, suite à l'intervention de Roger-René Dagobert, le juge d'instruction Thierry Jean-Pierre sera amené à interroger Pierre Plantard et à découvrir chez lui plusieurs documents présentant Plantard comme étant le "vrai Roi de France". Celui-ci avouera finalement son imposture et s'en tirera avec un avertissement sévère à ne plus jouer avec la justice française.
     
    Point central de l'affaire Rennes-le-Château, les Dossiers Secrets sont certes des faux, mais sont-ils pour autant  sans valeur ? Leur analyse montre qu'ils ont permis de favoriser l'affaire de Rennes mais aussi qu’ils sont une pièce de puzzle que de Sède et Plantard voulaient résoudre à tout prix. Plantard et son prieuré de conspirateurs visaient, de manière voilée, à obtenir des informations qu'ils ne pouvaient obtenir qu'en prêchant le faux pour avoir le vrai.
    Le Prieuré de Sion est omniprésent dans l'affaire de Rennes-le-Château. Est-ce une création de Pierre Plantard de Saint-Clair ou une société secrète ? Ne serait-il point un leurre pour masquer des sociétés mieux établies ?
     
    Le Prieuré de Sion a une existence officielle, bien moins mystérieuse et ésotérique, sous la forme d'une association loi de 1901 fondée le 7 mai 1956 par Pierre Plantard. Elle prend pour sous-titre l'acronyme CIRCUIT (Chevalerie d'institution et règle catholique et d'union indépendante traditionaliste) et comme emblème un coq blanc. Le 27 décembre 2002, un communiqué annonce la réactivation de la société. Le message est signé de Gino Sandri, ancien secrétaire particulier de Pierre Plantard, et d'une femme anonyme, censée être le nouveau nautonier.

     
    Deux personnages : Pierre Plantard et Philippe de Chérisey
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    Pierre Athanase Marie Plantard, né à Paris (7e) le 18 mars 1920 et décédé à Colombes (92 Hauts-de-Seine) le 3 février 2000, est le fils unique d'une famille modeste. Devenu sacristain à l'église Saint-Louis-d'Antin, il milite dans diverses associations d'extrême droite. Son orientation monarchiste, et ses tendances à l'antisémitisme durant le régime de Vichy le menèrent à des tentatives de collaboration avec le gouvernement, et à la fondation de divers groupes antijuifs tels que Rénovation nationale française ou Alpha Galates. Plantard s'est imaginé une ascendance noble à travers une généalogie -mérovingienne- fabriquée sur mesure et toute une série de noms d'emprunt au fil de sa vie : "Varran de Verestra", "Pierre De France", "Chyren" (en référence à la prophétie de Nostradamus sur la venue d'un grand monarque) et après 1975 "Pierre Plantard de Saint-Clair".
     
    Le 27 décembre 1937, Plantard devient responsable du mouvement "Alpha Galates" fondé 3 ans plus tôt. L'Alpha Galates se traduit littéralement comme "premier Gaulois". Les statuts mentionnent que c'est un "Grand ordre de chevalerie" et d'entraide sociale dont la devise est "Honneur et Patrie". Ce mouvement qui est "interdit aux juifs" ainsi qu'aux Maçons s'inspire de manière superficielle de la tradition ésotérique Celte et de la Chevalerie. Bien qu'ayant souligné son indépendance, certains analystes prétendent pourtant que l'Alpha Galates faisait partie de la Grande Loge du rite Écossais Rectifié et était donc un ordre maçonnique dont les statuts avaient été davantage approuvés pour la forme aux services du régime Nazi. D'autres chercheurs prétendent au contraire qu'il fut une des cellules dispersées essayant d'apporter et d'entretenir le pouvoir indispensable à l'époque pour Charles de Gaulle.

    En décembre 1940, Plantard se dit dirigeant de "Rénovation nationale française", un groupuscule "antijuif et antimaçonnique" selon une note policière, et "se donnant pour but l'épuration de la France". L'association n'a pourtant aucune activité.
    En 1947, Pierre Plantard rassemble les papiers légaux nécessaires pour créer une autre organisation appelée l'Académie Latine. Son chef titulaire est sa propre mère. Officiellement le but est la "recherche historique" ; ce qui lui permet en fait sous cette couverture de poursuivre ses ambitions politiques. C'est un peu plus tard au milieu des années 50 que Plantard commence à faire de l'auto-promotion dans les cercles catholiques en tant que Mérovingien descendant de Dagobert II et prétendant au trône de France. Un endroit où il s'est engagé dans ces activités était l'église Saint-Sulpice et son séminaire à Paris.
     
     

     
    Philippe de Chérisey (13 février 1923 – 17 juillet 1985) était un écrivain et humoriste à la radio, il était aussi acteur sous le nom de scène d'Amédée. Originaire d'une illustre et vieille famille de Lorraine, Chérisey décida de devenir comédien contre la volonté de sa famille.
    Il créa un faux parchemin pour son ami Pierre Plantard, le présentant comme descendant du roi Dagobert II. Philippe de Chérisey a aussi élaboré plusieurs "documents sur le Prieuré" qui ont été déposés à la Bibliothèque nationale à Paris durant les années 1960.
    Il a été découvert récemment que le texte d'un des "parchemins" avait été copié du Codex Bezae, un texte en latin ancien et grec du Ve siècle contenu dans le livre de Fulcran Grégoire Vigouroux, Dictionnaire de la Bible. Bien que polyglotte, parlant anglais, espagnol, latin et chinois, il fit quelques erreurs (volontaires?) dans la reprise du texte Codex Bezae pour ses parchemins.
    Mais cette version est incompatible avec ses déclarations de 1979. À cette époque, Cherisey affirmait : "Les parchemins ont été fabriqués par moi, dont j’ai pris le texte en onciale à la Bibliothèque Nationale sur l’œuvre de Dom Cabrol, l’Archéologie chrétienne". Or il n'y a aucun extrait du Codex Bezae dans le dictionnaire de Dom Cabrol.
    Dans ses explications liées à la rédaction des deux parchemins, base la moitié de son argumentation sur les mots : Secundo Primo.
    "En fait, il faut prendre ce qui est en second. Ce qui est en second doit venir en premier (...) Toute la beauté du décryptage réside dans un des Evangiles de Luc, qui commence ainsi : "In Sabbato Secundo Primo". (…) Il faut dire que "Un certain jour de Sabbat, second premier" n'est pas, à proprement parler, traduisible."
    Mais aucun texte européen en oncial autre que le Codex Bezae ne contient ces mots.
    Chérisey n'était qu'un demi-farceur, selon ses propres mots. Il y aurait donc un fond de vrai dans cette histoire. Cela signifierait-il qu'il a recopié son texte d'après des parchemins authentiques ?
    Un post-scriptum énigmatique de Philippe de Chérisey avant son départ pour Rennes-le-Château
    "P.S. Sainte Madeleine fut ramenée en France à une époque très ancienne. D'anciennes traditions plus ou moins légendaires font état d'un pèlerinage à son sépulcre. A l'arrivée des "infidèles" on la sortit de son sépulcre d'albâtre pour la mettre à l'abri dans un sépulcre de marbre. On ne l'a jamais retrouvée. Certains prétendent qu'elle est dans une grotte à flanc de montagne, à proximité d'une route et l'on donne même les dimensions de cette grotte (29 x 24 x 4). Le bon roi René d'Anjou fit faire des fouilles en Provence en 1448; il n'a pas preuve qu'elles aient abouti. Il ne peut y avoir de confusion sur la personne car deux saintes seulement ont porté le nom de Madeleine (la seconde est hors de question, elle vécut au XVIIe siècle et porte le nom de sour Catherine en religion) il faut bien que ce soit celle qui répandit un parfum d'ambre sur le Christ, pleure au calvaire. Elle avait, dit-on, de fort beaux cheveux qui lui servirent d'appât lors de sa vie pécheresse et de manteau pour couvrir sa nudité quand elle se fut retirée dans une caverne.
    Que crois tu que j'aille chercher à Rennes le Château ? Prie pour moi.
    Si je réussis je n'aurai pas le droit d'en parler.
    " (6 novembre 1964)
    Philippe de Chérisey ne possédait visiblement pas en 1964 les connaissances dont il fera montre dans son "Pierre et Papier", quelques années plus tard. Pourquoi dit-il : "Que crois-tu que j'aille chercher à Rennes-le-Château ? Prie pour moi. Si je réussis je n'aurai pas le droit d'en parler." ? La découverte du tombeau de Marie-Madeleine n'aurait eu au contraire que des effets bénéfiques, une telle découverte ne pouvant qu'encourager les fidèles à plus de ferveur. Si Chérisey avait réussi à mettre à jour un tel sépulcre, la chose ne serait pas restée dans le silence, et on lui aurait apporté toute la publicité nécessaire.
    "Circuit", l'ouvrage majeur de Philippe de Chérisey a souvent été cité. Commencé en 1964, ce document a été remanié à de nombreuses reprises par son auteur et fut déposé en 1971 à la Bibliothèque Nationale. Curieusement, dans sa première mouture, Circuit s'appelait "Le méridien zéro : Une aventure de Dédé la Pendule", il ne comportait pas encore la partie consacrée à Marie-Madeleine, comptait vingt-et-un chapitres tous différents de ceux de la dernière version et il n'y était pas encore question des couplets de la chanson du roi Dagobert.
    Selon Philippe de Cherisey, la signification cachée  de la "culotte à l'envers" de la chanson serait que l'on a "trafiqué la généalogie du bon roi", ce qui semble aujourd'hui confirmé.




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