• Évangile de Pierre

     

    Attribué à Pierre. Il ignore les us et coutumes juives ! Semble détester les juifs. Origine syrienne. Daterait des années 30. Trouvé dans la tombe d’un moine en Égypte en 1886. Décrit la passion en minimisant les souffrances. Il fait ressortir la puissance pour montrer la divinité de Jésus.

     

     

    1. Nul d’entre les juifs ne se lava les mains, ni Hérode ni l’un de ses juges. Et comme ils n’avaient pas voulu se laver les mains, Pilate se leva et partit.

    2. Alors le roi Hérode ordonne que l’on emmène le Seigneur, disant : « Exécutez tous les ordres que je vous ai donnés à son sujet. »

    3. Joseph, l’ami de Pilate et du Seigneur, se trouvait là ; sachant qu’on allait le crucifier, il se rendit chez Pilate et lui demanda le corps du Seigneur, en vue de sa sépulture.

    4.Pilate fit demander le corps à Hérode.

    5. Hérode répondit : « Frère Pilate, même si personne ne l’avait réclamé, nous l’ensevelissions, puisque le sabbat va commencer. Car il est écrit dans la loi : Que le soleil ne se couche pas sur un supplicié. » Et il le livra au peuple, avant le premier jour des Azymes, leur fête.

    6. Ils saisirent le Seigneur et ils l’entraînaient en hâte, et disaient : « Emmenons le Fils de Dieu, maintenant que nous le tenons en notre pouvoir. »

    7. Ils le revêtirent de pourpre et le firent asseoir sur une chaire de jugement, disant : « Juge selon la justice, roi d’Israël ! »

    8. L’un d’eux apporta une couronne d’épine et la posa sur la tête du Seigneur.

    9. D’autres, dans l’assistance, lui crachèrent au visage, d’autres le giflèrent, d’autres le piquaient avec un roseau, certains le flagellaient, disant : « Voilà les honneurs que nous devons au fils de Dieu ! ».

    10. Ils amenèrent deux malfaiteurs, entre lesquels ils crucifièrent le Seigneur. Et lui se taisait, comme s’il n’éprouvait aucune souffrance.

    11. Lorsqu’ils avaient dressé la croix, ils y avaient inscrit : « Celui-ci est le roi d’Israël. »

    12. Ils déposèrent ses vêtements devant lui et se les partagèrent en les tirant au sort.

    13.Un des malfaiteurs les admonesta en ces termes : « Nos crimes nous ont mérité ce supplice, mais lui, qui est le sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait ? »

    14. Eux, pleins d’irritation, ordonnèrent de ne pas lui rompre les jambes, de peur que la mort ne mit un terme à ses souffrances.

    15. Il était midi et l’obscurité se répandit par toute la Judée. Ils étaient inquiets : ils craignaient que le soleil ne se couchât alors qu’il vivait encore. Leur loi dit en effet que le soleil ne doit pas se coucher sur un supplicié.

    16. Et l’un d’entre eux dit : « Donnez-lui à boire du fiel mêlé de vinaigre. » Ils préparèrent le breuvage et le lui donnèrent.

    17. Et ils accomplirent toutes choses, et ils amoncelèrent leurs fautes sur leurs têtes.

    18. Beaucoup circulaient avec des torches, croyant que c’était la nuit, et ils tombèrent.

    19. Et le Seigneur cria, disant : « Force, ô ma force, tu m’as abandonné ! » Ayant parlé, il fut élevé.

    20. A cet instant, le voile du temple de Jérusalem se déchira en deux.

    21. Alors ils retirèrent les clous des mains du Seigneur et l’étendirent sur le sol. Et toute la terre trembla, et il y eut une grande frayeur.

    22. Puis le soleil se remit à briller : c’était la neuvième heure.

    23. Les juifs se réjouirent, et donnèrent son corps à Joseph, afin qu’il l’ensevelît, puisqu’il avait vu tout le bien qu’il avait accompli.

    24. Joseph prit le Seigneur, le lava, l’enveloppa dans un linceul et le porta dans son propre tombeau appelé jardin de Joseph.

    25. Alors les juifs, les Anciens et les prêtres, conscients du mal qu’ils s’étaient fait à eux-mêmes, commencèrent à se frapper la poitrine et à dire : « Malheur à nos fautes ! Le jugement approche et la fin de Jérusalem ! »

    26. Mes compagnons et moi étions dans l’affliction. Blessés dans nos âmes, nous nous tenions cachés, car ils nous recherchaient, ainsi que des malfaiteurs, et comme si nous voulions incendier le temple.

    27. Nous jeûnions de surcroît, et restions assis dans le deuil et les larmes, nuit et jour, jusqu’au sabbat.

    28. Les scribes, les pharisiens et les anciens se réunirent entre eux, parce qu’ils avaient appris que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine, disant : « Si ces signes inouïs se sont produit à sa mort, voyez comme il était juste ! »

    29. Inquiets, les Anciens vinrent trouver Pilate et le supplièrent en ces termes :

    30. « Donne-nous des soldats. Nous surveillerons son tombeau pendant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le dérober, que le peuple l’imagine ressuscité des morts et ne cherche à nous nuire. »

    31. Pilate leur donna le centurion Petronius avec des soldats pour garder le sépulcre. Des Anciens et des scribes les accompagnèrent au tombeau.

    32. Ayant roulé la grande pierre, tous, aidés du centurion et des soldats la poussèrent à la porte du sépulcre.

    33. Ils y apposèrent sept sceaux, puis ils dressèrent une tente et montèrent la garde.

    34. Le lendemain, au commencement du sabbat, de Jérusalem et des environs arriva une foule qui voulait voir le sépulcre scellé.

    35. Dans la nuit qui précéda le dimanche, tandis que les soldats relevaient la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel.

    36. Et ils virent s’ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière, en descendre et s’approcher du tombeau.

    37. La pierre qui avait été placée à la porte roula d’elle-même, et se rangea de coté, et le tombeau s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent.

    38. A cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là, eux aussi à monter la garde.

    39. Et quand ils leurs eurent raconté ce qu’ils avaient vu, ils virent à nouveau trois hommes sortir du tombeau ; deux d’entre eux soutenaient le troisième et une croix les suivait.

    40. Et tandis que la tête des deux premiers atteignait le ciel, celle de l’homme qu’ils conduisaient par la main dépassait les cieux : « As-tu annoncé la nouvelle à ceux qui dorment ? »

    42. Et de la croix on entendit la réponse : « oui. »

    43.Ces gens combinaient entre eux d’aller rapporter ces prodiges à Pilate.

    44. Ils en débattaient encore, quand on vit à nouveau les cieux s’ouvrir et un homme descendre et entrer dans le sépulcre.

    45. A ce spectacle, le centurion et son escorte, dans la nuit, coururent chez Pilate, abandonnant le tombeau dont ils assuraient la garde, et en grand émoi, ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu, disant : « Il était véritablement le fils de Dieu. »

    46. Pilate répondit : « Je suis pur du sang du fils de Dieu. C’est vous qui l’avez voulu ? »

    47. S’étant approchés, tous le priaient et le suppliaient d’ordonner au centurion et à ses soldats de ne répéter à personne ce qu’ils avaient vu.

    48. « Mieux vaut pour nous, disaient-ils, nous charger du plus grand péché devant Dieu, que de tomber aux mains du peuple juif et d’être lapidés. »

    49. Pilate donna donc ordre au centurion et aux soldats de ne pas souffler mot.

    50. Le dimanche matin, Marie de Magdala, la disciple du Seigneur, craintive à cause des juifs, parce qu’ils étaient enflammés de colère, n’avait pas accompli au tombeau les devoirs que les femmes ont coutume d’acquitter vis-à-vis des morts qui leur sont chers.

    51. Elle prit avec elle ses amies et entra dans le sépulcre où il avait été déposé.

    52. Craignant d’être aperçues des juifs, elles disaient : « Puisque le jour où il a été crucifié nous n’avons pu pleurer et nous frapper la poitrine, faisons-le au moins aujourd’hui sur sa tombe.

    53. Mais qui nous roulera la pierre que l’on a placée à la porte du sépulcre, pour que nous puissions rentrer, nous asseoir auprès de lui et remplir notre office ?

    54. La pierre est grande et nous craignons que l’on ne nous voie. Si la force nous manque, jetons au moins devant la porte les offrandes que nous apportons en souvenir de lui ! Pleurons et frappons-nous la poitrine jusqu’à l’heure de rentrer chez nous. »

    55. A leur arrivée, elles trouvèrent le tombeau ouvert. Elles s’approchèrent et se penchèrent pour regarder. Et elles virent un jeune homme, assis au milieu du tombeau. Il était beau et habillé d’un vêtement éblouissant. Il leur dit : « Pourquoi êtes-vous venues ? Qui cherchez-vous ? Ne serait-ce pas le crucifié ? Il est ressuscité et il est parti. Si vous ne me croyez pas, baissait-vous et regardez l’endroit où il gisait. Il n’y est pas, puisqu’il est ressuscité et qu’il s’en est allé là d’où il a été envoyé. »

    57.Alors les femmes, épouvantées, s’enfuirent.

    58. C’était le jour des Azymes, et beaucoup s’en retournaient chez eux, la fête étant finie.

    59. Nous les douze disciples du Seigneur, nous pleurions, nous étions dans le désarroi. Et chacun, consterné par ces évènements, rentra chez lui.

    60. Moi, Simon Pierre et André mon frère, nous prîmes nos filets et gagnâmes la haute mer… Et Lévi était avec nous, fils d’Alphée, que le Seigneur…





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