• Un exposé clair sous forme de questions et de réponses

    DE L'ÉTHIQUE, DE LA SCIENCE ET DE LA PHILOSOPHIE

    pour l'étude desquelles la Société Théosophique a été fondée

    H. P. BLAVATSKY



    La clef de la Théosophie

     

    DÉDIÉ PAR

    « H. P. B. »

    À TOUS SES ÉLÈVES,

    AFIN QU'ILS PUISSENT APPRENDRE

    ET ENSEIGNER À LEUR TOUR.


    TABLE DES MATIÈRES

    Dédicace  -  Préface de l'Auteur, 13

    I. La Théosophie et la Société Théosophique

    La signification du nom, 15 - L'objectif de la Société Théosophique, 18 - La Religion-Sagesse ésotérique à travers les âges, 21 - La Théosophie n'est pas le bouddhisme, 26.

    II. La Théosophie exotérique et ésotérique

    Ce que la Société Théosophique moderne n'est pas, 29 - Théosophes et membres de la S.T., 33 - La différence entre la Théosophie et l'Occultisme, 38 - La différence entre la Théosophie et le spiritisme, 40 - Pourquoi la Théosophie est-elle acceptée ?, 48.

    III. L'organisation de la S.T.

    Les buts de la Société, 53 - L'origine commune des hommes, 55 - Nos autres buts, 61 - Du caractère sacré du serment, 62.

    IV. Les relations de la Société Théosophique avec la Théosophie

    Du perfectionnement de soi, 67 - L'abstrait et le concret, 71.

    V. Les enseignements fondamentaux de la Théosophie

    Dieu et la prière, 77 - Est-il nécessaire de prier ? , 82 - La prière détruit la confiance en soi, 87 - La source de l'âme humaine, 90 - Les enseignements bouddhiques sur ce qui précède, 93.

    VI. La nature et l'homme selon les enseignements Théosophiques

    L'unité de tout en tout, 99 - Évolution et illusion, 100 - La constitution septuple de notre planète, 103 - La nature septuple de l'homme, 106 - Distinction entre l'Âme et l'Esprit, 109 - Enseignements grecs, 112.

    VII. Des différents états après la mort

    L'homme physique et l'homme spirituel, 117 - De l'éternité de la récompense et du châtiment, et du nirvâna, 125 - Les différents « principes » de l'homme, 132.

    VIII. De la ré-incarnation ou re-naissance

    Qu'est-ce que la mémoire selon l'enseignement théosophique ? , 139 - Pourquoi ne nous souvenons-nous pas de nos vies passées ? , 143 - De l'individualité et de la personnalité, 149 - De la récompense et de la punition de l'Ego, 153.

    IX. Kâma loka et Dévachan

    De la destinée des  « principes » inférieurs, 159 - Pourquoi les théosophes ne croient pas au retour des  « Esprits » purs, 162 -  Quelques mots sur les skandha, 169 - La conscience postmortem et postnatale, 172 - Ce que l'on entend réellement par   « annihilation », 178 - Termes définis pour exprimer des choses définies, 186.

    X. De la nature de notre principe pensant

    Le mystère de l'Ego, 191 - De la nature complexe de Manas, 196 - Présence de cette doctrine dans l'Évangile selon saint Jean, 199.

    XI. Les mystères de la ré-incarnation

    Re-naissances périodiques, 211 - Qu'est-ce que Karma ? , 215 - Quels sont Ceux qui savent, 229 - Différence entre foi et connaissance, ou entre foi aveugle et foi raisonnée, 232 - Dieu a-t-il le droit de pardonner ? , 236.

    XII. Qu'est-ce que la Théosophie pratique ?

    Le devoir, 241 - Les rapports de la S.T. avec les réformes politiques, 245 - De l'abnégation, 251 - La charité, 256 - La Théosophie pour les masses, 259 - Comment les membres peuvent aider la Société, 262 - Ce qu'un théosophe ne doit pas faire, 263.

    XIII. Fausses conceptions sur la Société Théosophique

    La Théosophie et l'ascétisme, 271 - La Théosophie et le mariage, 275 - La Théosophie et l'éducation, 276 - Pourquoi y a-t-il alors tant de préjugés contre la S.T. ? , 284 - La Société Théosophique est-elle une organisation à but financier ? , 293 - L'équipe de travail de la S.T. , 298.

    XIV. Les  « Mahâtmas Théosophes »

    Sont-Ils des  « Esprits de Lumière » ou des   « démons maudits » ? , 301 - De l'abus des noms et des termes sacrés, 313.

    Conclusion : L'avenir de la Société Théosophique, 317.

    Appendice 1 : Informations concernant la Société dite The Theosophical Society

    Appendice 2 : La Theosophical Society FACE À LA LOI AMÉRICAINE

    Glossaire - 1 (Absoluité - Ego)
    Glossaire - 2 (Éleusinies - Mysticisme)
    Glossaire - 3  (Nazaræus - Zoroastrien)

    Index Analytique :  - A-H  -  I-S  -  T-Z


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    PRÉFACE DE L'AUTEUR

        Le but de ce livre est exactement exprimé par son titre, « LA CLEF DE LA THÉOSOPHIE » et ne demande que quelques mots d'explication. Ce n'est pas un exposé complet ou exhaustif de la Théosophie, mais seulement une clef pour ouvrir la porte menant à une étude plus approfondie. Il ébauche à grands traits la Religion-Sagesse, en explique les principes fondamentaux, tout en répondant aux objections généralement soulevées par l'Occidental moyen, et en s'efforçant de présenter, autant que possible sous une forme simple et dans un langage clair, des concepts peu familiers. On ne saurait guère s'attendre à ce qu'un tel livre parvienne à rendre la Théosophie intelligible au lecteur sans un effort mental de sa part, mais il faut espérer que les obscurités qui subsistent relèvent non du langage mais de la nature de la pensée, et sont dues à la profondeur du sujet non à la confusion. Pour ceux dont l'intelligence est paresseuse ou obtuse, la Théosophie restera sûrement une énigme, car, dans le monde intellectuel, aussi bien que dans le monde spirituel, chacun doit progresser par ses propres efforts. L'auteur ne peut penser à la place du lecteur ; celui-ci n'en profiterait d'ailleurs pas, à supposer qu'une telle réflexion par procuration fût possible. la nécessité d'un exposé comme celui-ci a été ressentie depuis longtemps parmi ceux qui s'intéressent à la Société Théosophique et à son travail ; il faut espérer qu'il apportera une information, aussi dépouillée que possible de difficultés techniques, à la plupart de ceux dont l'attention a été éveillée, mais qui n'ont pu encore franchir le cap des questions sans réponses pour se faire une conviction.

        Un certain soin a été pris pour démêler le vrai du faux dans l'enseignement des spirites au sujet de la vie post mortem et pour montrer la véritable nature des phénomènes spirites. Antérieurement déjà, des explications de ce genre ont attiré beaucoup de courroux contre la personne dévouée de l'auteur ; les spirites, comme bien d'autres, aiment mieux croire ce qui leur plaît que la vérité : ils se mettent dans une grande colère contre quiconque détruit une illusion qui leur est agréable. Durant l'année passée, la Théosophie a été la cible de toutes les flèches empoisonnées du spiritisme, comme si les détenteurs d'une partie de la vérité ressentaient plus d'antagonisme contre les détenteurs de toute la vérité que contre ceux qui ne peuvent se vanter d'en posséder une miette.

        L'auteur tient à remercier de tout cœur les nombreux théosophes qui lui ont adressé suggestions et questions, ou qui ont apporté quelque autre contribution pendant la rédaction de ce livre. L'ouvrage sera d'autant plus utile, grâce à leur aide, et ce sera là leur meilleure récompense.

    H.P.B.<o:p></o:p>

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    LA THÉOSOPHIE
    ET LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE


     

    LA SIGNIFICATION DU NOM

    QUESTION — On parle souvent de la Théosophie et de ses doctrines comme d'une nouvelle religion à la mode. Est-ce une religion ?

    LE THÉOSOPHE — Non, il n'en est rien. La Théosophie est la Connaissance ou Science Divine.

    QUESTION — Quel est le vrai sens du terme ?

    LE THÉOSOPHE — « Sagesse Divine », qeosojia (Theosophia) ou la Sagesse des dieux, comme qeogonia (theogonia) signifie la généalogie des dieux. En grec, le mot qeoV Theos veut dire un dieu, l'un des êtres divins, certainement pas « Dieu » au sens qu'on donne aujourd'hui à ce mot. Par conséquent, ce n'est pas « Sagesse de Dieu » qu'il faut dire, ainsi que le traduisent certains, mais Sagesse Divine, telle que celle que possèdent les dieux. Le terme remonte à bien des milliers d'années.

    QUESTION — Quelle est l'origine du nom ?

    LE THÉOSOPHE — II nous vient de philosophes d'Alexandrie qui se sont appelés amants de la vérité, ou philalèthes,  de yil (phil-) « qui aime », et alhqeia (alèthéia) « vérité ». Le mot Théosophie date du troisième siècle de notre ère et fit son


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    apparition avec Ammonios Saccas et ses disciples qui fondèrent le système des théosophes éclectiques (1)..

    QUESTION — Quel était le but de ce système ?

    LE THÉOSOPHE — avant tout d'inculquer certaines grandes vérités morales à ses disciples et à tous ceux qui étaient des « amants de la vérité ». D'où la devise adoptée par la Société Théosophique : « II n'y a pas de religion au-dessus de la vérité » (2). Le but principal des fondateurs de l'École Théosophique


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    Éclectique était l'un des trois buts de la Société Théosophique son successeur moderne : réconcilier toutes les religions, sectes et nations dans un système éthique commun, basé sur des vérités éternelles.

    QUESTION — Comment pouvez-vous démontrer que ce n'est pas là un rêve impossible, et que toutes les religions du monde sont effectivement basées sur une seule et même vérité ?

    LE THÉOSOPHE — Nous le démontrons par l'analyse et l'étude comparée de ces religions. La « Religion-Sagesse » était Une


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    dans l'antiquité, et l'identité de toutes les philosophies religieuses primitives nous est prouvée par les doctrines identiques enseignées aux Initiés au cours des mystères, institution autrefois universellement répandue. « Tous les anciens cultes révèlent l'existence d'une seule théosophie qui leur était antérieure. La clef qui en ouvre un, doit les ouvrir tous, ou ce n'est pas la vraie clef. » (A. Wilder, op. cit.)<o:p></o:p>

    L' OBJECTIF DE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE

    QUESTION — Au temps d'Ammonios Saccas, il y avait plusieurs grandes religions anciennes et, ne fût-ce qu'en Égypte et en Palestine, les sectes étaient déjà très nombreuses. Comment a-t-il pu les réconcilier ?

    LE THÉOSOPHE — En faisant ce que nous essayons de faire à présent. Les néo-platoniciens formaient un ensemble important, et appartenaient à diverses écoles de philosophie religieuse (3), comme c'est le cas pour nos théosophes. À cette époque, le Juif Aristobule affirmait que l'éthique d'Aristote représentait les enseignements ésotériques de la loi de Moïse ; Philon le Juif essayait de concilier le Pentateuque avec la philosophie pythagoricienne et platonicienne; et Josèphe prouvait que les Esséniens du Carmel n'étaient que les imitateurs et les continuateurs des Thérapeutes (ou guérisseurs) égyptiens. Il en est de même de nos jours. Nous pouvons indiquer la généalogie de chaque religion chrétienne, comme aussi de chaque secte, fût-ce la plus


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    petite. Ces sectes sont les pousses ou rameaux mineurs issus des branches principales ; mais branches et rameaux proviennent tous du même tronc : la RELIGION-SAGESSE. Prouver cela fut le but d'Ammonios qui s'efforça d'amener les gentils et les chrétiens, les juifs et les idolâtres, à mettre de côté leurs disputes et leurs controverses, en se souvenant seulement qu'ils étaient tous en possession de la même vérité sous des parures diverses, et qu'ils étaient tous enfants d'une même mère (4). C'est aussi le but de la Théosophie.

    QUESTION — Sur quelles autorités vous appuyez-vous pour avancer ce que vous dites des anciens théosophes d'Alexandrie ?

    LE THÉOSOPHE — sur un très grand nombre d'auteurs bien connus ; l'un d'entre eux, Mosheim, déclare :

    « Ammonios enseignait que la religion du peuple était étroitement liée à la philosophie et, comme celle-ci, elle s'était trouvée progressivement corrompue et obscurcie par des opinions purement humaines, des superstitions et des mensonges et qu'on devait lui restituer sa pureté originelle en la débarrassant de toutes ces scories et en l'expliquant selon des principes philosophiques ; selon lui, également, tout ce que le Christ avait eu en vue c'était de remettre à l'honneur et restaurer la Sagesse des anciens dans son intégrité primitive, de mettre des limites à l'extension universelle de la superstition, et, selon le cas, corriger ou <o:p></o:p>


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    déraciner les diverses erreurs qui s'étaient introduites dans les différentes religions populaires. »<o:p></o:p>

    Ici encore, c'est précisément ce que disent les théosophes modernes. Mais, tandis que le grand Philalèthe était soutenu et aidé dans son œuvre par deux Pères de l'Église, Clément et Athénagore, par les doctes rabbins de la Synagogue, par les philosophes de l'Académie et ceux du Jardin, et tandis que lui-même enseignait une commune doctrine pour tous, nous, qui le suivons dans cette même voie, non seulement nous ne sommes pas reconnus, mais, au contraire, nous sommes injuriés et persécutés. Cela prouve que les hommes étaient plus tolérants il y a quinze cents ans qu'ils ne le sont en notre siècle éclairé.<o:p></o:p>

    QUESTION — Ammonios était-il encouragé et soutenu par l'Église pour la raison que, malgré ses hérésies, il enseignait le christianisme, et était lui-même chrétien ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. Il était né chrétien, mais il n'accepta jamais le christianisme de l'Église. Comme le dit à son propos le même auteur [A. Wilder paraphrasant Mosheim] :

    « II n'eut qu'à exposer ses instructions en se conformant à celles des anciennes colonnes d'Hermès, que Platon et Pythagore avaient connues avant lui, et dont ils s'étaient inspirés pour élaborer leur philosophie. Trouvant les mêmes doctrines dans le prologue de l'Évangile selon St. Jean, il supposa très justement que le but de Jésus avait été de restaurer dans son intégrité primitive la grande doctrine de la sagesse. Il considérait que les récits de la Bible et les histoires des dieux devaient être des allégories visant à illustrer la vérité, ou bien de simples fables que l'on devait rejeter. »<o:p></o:p>

    Et comme on peut le lire dans The Edinburgh Encyclopaedia :<o:p></o:p>

    « II reconnut que Jésus-Christ était un homme excellent et " l'ami de Dieu " , mais il prétendit que son dessein n'était pas d'abolir entièrement le culte des démons (c'est-à-dire des dieux), et qu'il se proposait seulement de purifier l'ancienne religion. »<o:p></o:p>


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    LA RELIGION-SAGESSE ÉSOTÉRIQUE
    À TRAVERS LES ÂGES
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    QUESTION — Puisque Ammonios n'a jamais rien écrit, comment peut-on être certain que telles étaient ses doctrines ?

    LE THÉOSOPHE — Ni le Bouddha, ni Pythagore, niConfucius, ni Orphée, ni Socrate, ni même Jésus n'ont rien laissé par écrit. Néanmoins, la plupart d'entre eux sont des personnages historiques, et leurs doctrines sont toutes parvenues jusqu'à nous. Ce sont les disciples d'Ammonios (parmi lesquels se trouvaient Origène et Hérennius) qui ont écrit des traités et expliqué l'éthique de leur maître. Ces traités sont certainement aussi historiques, sinon plus, que les écrits des Apôtres. De plus, ses élèves, Origène, Plotin et Longin (qui fut conseiller de la fameuse reine Zénobie) ont tous laissé par écrit de volumineux témoignages sur le système des Philalèthes, au moins dans la mesure où leur profession de foi était connue publiquement, car l'École avait, outre ses doctrines exotériques, des doctrines ésotériques.<o:p></o:p>

    QUESTION — Comment ces dernières nous sont-elles parvenues puisque vous avancez que ce qui s'appelle en propre la RELIGION-SAGESSE était ésotérique ?

    LE THÉOSOPHE — La RELIGION-SAGESSE a toujours été une et, comme elle est le dernier mot de toute connaissance humaine possible, elle a été soigneusement préservée. Elle existait depuis de longs âges avant les théosophes alexandrins, elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours et elle survivra à toute autre religion et philosophie.

    QUESTION — Où a-t-elle été ainsi préservée et par qui ?

    LE THÉOSOPHE — Dans le cercle des Initiés de tous les pays : parmi les profonds chercheurs de la vérité — leurs disciples — et dans les parties du monde où de tels sujets ont toujours été


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    appréciés par-dessus tout et approfondis : en Inde, en Asie Centrale et en Perse.

    QUESTION — Pouvez-vous me donner des preuves de son ésotérisme ?

    LE THÉOSOPHE — La meilleure preuve que vous puissiez en avoir se trouve dans le fait que, dans l'Antiquité, tout culte religieux — ou plutôt philosophique — comprenait un enseignement ésotérique, ou secret, et un culte exotérique (ou extérieur et public). De plus, c'est un fait bien connu que les mystères des anciens se divisaient, dans toutes les nations, en mystères « Majeurs » (secrets), et en mystères « Mineurs » (publics), comme par exemple, dans les célèbres solennités appelées Éleusinies en Grèce. Depuis les hiérophantes de Samothrace ou d'Égypte, et les brâhmanes initiés de l'Inde antique jusqu'aux rabbins hébreux, tous, par crainte de profanation, tenaient secrètes leurs véritables croyances. Les rabbins juifs donnaient à leur théorie religieuse séculière le nom de Merkavah (ou corps extérieur), c'est-à-dire le « véhicule », ou l'enveloppe, qui contient l'âme cachée, en d'autres termes, la connaissance secrète la plus élevée de ces rabbins. Jamais, dans aucune nation de l'antiquité, les prêtres n'ont dévoilé aux masses les vrais secrets philosophiques : ils ne leur en ont livré que l'enveloppe extérieure. Le bouddhisme du Nord a ses véhicules, « majeur » et « mineur », connus sous le nom de Mahâyâna (l'École ésotérique) et de Hînayâna (l'École exotérique). On ne saurait les blâmer pour ces secrets, car vous n'auriez pas l'idée de donner en pâture à vos moutons de doctes dissertations sur la botanique au lieu de l'herbe qui leur convient. Pythagore appelait sa Gnose « la connaissance des choses qui sont » (h gnwsiV twn ontwn) ; il la réservait à ses seuls disciples assermentés, qui pouvaient assimiler une telle nourriture mentale et s'en satisfaire ; et il les tenait au silence et au secret par un serment. Les alphabets occultes et les codes chiffrés secrets dérivent des anciennes écritures hiératiques égyptiennes, dont la clef était jadis en la seule possession des hiérogrammatistes, ou prêtres initiés égyptiens. Comme nous le disent ses biographes, Ammonios Saccas


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    liait ses disciples par le serment de ne jamais divulguer ses doctrines supérieures, sauf à ceux qui avaient déjà été instruits dans la connaissance préliminaire et qui s'étaient aussi engagés par serment. Enfin, ne trouve-t-on pas la même distinction entre doctrines secrètes et doctrines publiques dans le christianisme primitif, chez les gnostiques,  et même dans les enseignements du Christ ? Jésus ne parlait-il pas à la multitude avec des paraboles à double sens et n'en réservait-il pas l'explication cachée à ses seuls disciples ? II leur disait : « À vous il est donné de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais à ceux-là, qui sont dehors, tout arrive en paraboles. » (Marc, 4, 11). « Les Esséniens de Judée et du Carmel faisaient de semblables distinctions en divisant leurs membres en néophytes, frères, et parfaits, ou initiés » (A. Wilder, op. cit.). On pourrait citer des exemples similaires dans tous les pays.

    QUESTION — Peut-on atteindre la « Sagesse Secrète » par l'étude seule ? Les encyclopédies définissent la théosophie à peu près comme le fait le Dictionnaire de Webster, «  une prétendue communication avec Dieu et des esprits supérieurs, assortie, en conséquence, de l'acquisition d'une connaissance surhumaine, par des moyens physiques et des procédés chimiques ». Est-ce exact ?

    LE THÉOSOPHE — Je pense que non. Et il n'existe pas de lexicographe qui puisse expliquer, à lui-même ou aux autres, comment on pourrait obtenir une connaissance surhumaine par des procédés physiques ou chimiques. Si Webster avait dit « par des procédés métaphysiques et alchimiques », sa définition aurait été à peu près correcte ; mais telle qu'elle se présente elle est absurde. Les anciens théosophes affirmaient, comme le font les modernes, que l'infini ne peut être connu par le fini, c'est-à-dire perçu par le Soi fini, mais que l'essence divine peut être communiquée au Soi Spirituel supérieur dans un état d'extase. Cet état ne peut guère être atteint, à la différence de l'hypnose, par des «moyens physiques et chimiques ».

    QUESTION — Quelle explication donnez-vous de l'extase ?

    LE THÉOSOPHE — Selon la définition de Plotin, la véritable


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    extase est « l'état dans lequel le mental est libéré de sa conscience finie, et communie avec l'infini en s'identifiant à lui ». C'est, dit le professeur Wilder, la plus haute condition que l'homme puisse atteindre, mais elle ne dure pas d'une façon permanente, et seuls peuvent y parvenir un très, très petit nombre d'individus. En effet, cet état est identique à celui que l'on connaît dans l'Inde sous le nom de samâdhi. Ce dernier est pratiqué par les yogis, qui le favorisent physiquement par la plus grande abstinence possible de nourriture et de boisson, et mentalement par un effort incessant de purification et d'élévation de la pensée. La méditation est la prière silencieuse non exprimée, définie par Platon comme « l'aspiration ardente de l'âme vers le divin ; non pour demander un bien particulier (selon la signification communément attribuée à la prière), mais pour le bien lui-même — le Bien Suprême universel dont nous sommes tous un fragment sur terre, et dont l'essence est la source d'où nous sommes tous issu ». C'est pourquoi, ajoute Platon : « reste silencieux en présence des êtres divins, jusqu'à ce qu'ils dissipent les nuages de tes yeux et te rendent capable de voir, à la faveur de la lumière qui émane d'eux-mêmes, non pas ce qui te semble bon à toi, mais ce qui est intrinsèquement bon » (5).

    QUESTION — La Théosophie n'est donc pas, comme certains le prétendent un système nouvellement inventé ?


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    LE THÉOSOPHE — Les ignorants seuls peuvent le dire. Elle est aussi vieille que le monde, sinon par son nom, du moins par ses enseignements et son éthique, comme elle est également le système le plus large et plus catholique de tous.

    QUESTION — Comment se fait-il alors que la Théosophie soit restée à ce point inconnue des nations de l'hémisphère occidental ? Pourquoi serait-elle restée un livre scellé pour des races qui, de l'aveu de tout le monde, sont les plus cultivées et les plus avancées ?

    LE THÉOSOPHE — Nous croyons qu'il y avait jadis des nations aussi cultivées, et certainement plus « avancées » spirituellement que nous le sommes. Mais il y a plusieurs raisons à cette ignorance délibérée. Saint Paul en fournit une aux Athéniens cultivés, en évoquant la perte, durant de longs siècles, de toute véritable intuition spirituelle et même de tout intérêt pour les choses de l'esprit, à cause d'une préoccupation trop exclusive pour les choses des sens et d'un long esclavage sous le joug de la lettre morte des dogmes et des rites. Mais la raison essentielle tient à ce que la véritable Théosophie a toujours été tenue secrète.

    QUESTION — Vous nous avez fourni des preuves de l'existence du secret gardé autour de ces doctrines, mais pourquoi ce secret, en vérité ?

    LE THÉOSOPHE — Les causes en étaient les suivantes : Premièrement, la perversité de la nature humaine, en général, et son égoïsme, poussant toujours les hommes ordinaires à la satisfaction de leurs désirs personnels, au détriment de leurs semblables et de leurs proches, il était impossible de jamais confier des secrets divins à de tels individus. Deuxièmement, on ne pouvait pas non plus se fier à eux pour préserver de l'avilissement la connaissance sacrée et divine. C'est cette dernière cause qui fut d'ailleurs à l'origine de la perversion des vérités et des symboles les plus sublimes, comme aussi de la transformation progressive des choses spirituelles en de grossières représentations


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    anthropomorphes et concrètes ; c'est elle, en d'autres termes, qui a conduit à rapetisser l'idée du divin et ouvert la porte à l'idolâtrie.

    LA THÉOSOPHIE N'EST PAS LE BOUDDHISME

    QUESTION — On vous appelle souvent des « bouddhistes ésotériques ». Êtes-vous donc tous disciples de Gautama le Bouddha ?

    LE THÉOSOPHE — Pas plus que tous les musiciens ne sont des disciples de Wagner. Certains d'entre nous sont bouddhistes par leur religion, cependant, il y a bien plus d'hindous et de brâhmanes que de bouddhistes parmi nous, et plus encore d'Européens et d'Américains nés chrétiens, que de bouddhistes convertis. L'erreur provient d'une fausse interprétation du sens véritable du titre de l'excellent ouvrage de M. Sinnett : Le Bouddhisme ésotérique (6). Ce terme bouddhisme aurait dû s'orthographier avec un « d » au lieu de deux, car alors boudhisme aurait signifié ce qu'on voulait lui faire dire, c'est-à-dire « Sagesse » (bodha, bodhi, « intelligence », « sagesse » ) au lieu de bouddhisme, la philosophie religieuse de Gautama. Car la Théosophie, comme je l'ai déjà dit, est la RELIGION-SAGESSE.

    QUESTION — Quelle différence y a-t-il entre le bouddhisme, religion fondée par le Prince de Kapilavastu, et le boudhisme, « Sagesse », qui, cmme vous venez de le dire, est synonyme de Théosophie ?

    LE THÉOSOPHE — Exactement la même qu'entre le ritualisme et la théologie dogmatique des Églises et des sectes, et les enseignements secrets du Christ, appelés « les mystères du Royaume des Cieux ». Bouddha veut dire l' « Illuminé » par bodha, ou entendement, Sagesse. Celle-ci a fourni la sève des enseignements ésotériques que Gautama donna seulement aux Arhat qu'il avait choisis.


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    QUESTION — Mais certains orientalistes nient que le Bouddha ait jamais enseigné aucune doctrine ésotériques.

    LE THÉOSOPHE — Ils pourraient aussi bien nier que la Nature ait des secrets pour les hommes de science. Je le prouverai plus loin en rappelant la conversation que le Bouddha eut avec son disciple Ananda. Ses enseignements ésotériques étaient tout simplement la Gupta Vidyâ (la connaissance secrète) des anciens brâhmanes, connaissance, dont leurs successeurs modernes, à l'exception de quelques-uns, ont complètement perdu la clef. Quant à cette Vidyâ elle-même, elle a pris la forme de ce qu'on appelle à présent les doctrines intérieures de l'École Mahâyâna du bouddhisme du Nord. Ceux qui le nient ne sont que d'ignorants pseudo-orientalistes. Je vous conseille de lire l'ouvrage Chinese Buddhism (7) du Révérend J. Edkins — particulièrement les chapitres sur les Écoles exotériques et ésotériques, et leurs enseignements — et d'examiner le témoignage de tout le monde antique sur le sujet.

    QUESTION — Mais l'éthique de la Théosophie n'est-elle pas identique à celle enseignée par le Bouddha ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement, car cette éthique est l'âme de la Religion-Sagesse, et parce qu'elle fut autrefois la propriété commune des Initiés de toutes les nations. Mais le Bouddha fut le premier à introduire cette morale sublime dans ses enseignements offerts à tous, et à en faire la base et l'essence même de son système public. C'est là ce qui fait l'immense différence entre le bouddhisme exotérique et toutes les autres religions. Dans celles-ci ce sont les rites et les dogmes qui de loin occupent la première place, tandis que dans le bouddhisme l'accent a toujours été mis davantage sur l'éthique. Ainsi s'explique la ressemblance, qui va presque jusqu'à l'identité, entre l'éthique de la Théosophie et celle de la religion du Bouddha.


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    QUESTION — Y a-t-il des différences importantes entre elles ?

    LE THÉOSOPHE — Une des plus grandes différences qui existent entre la Théosophie et le bouddhisme exotérique est que celui-ci, représenté par l'Église du Sud, nie absolument : a) l'existence de toute Divinité et b) toute vie consciente post mortem, ou même toute individualité soi-consciente capable de survivre dans l'homme. Tel est, du moins, l'enseignement de la secte siamoise, que l'on considère à présent comme la forme la plus pure du bouddhisme exotérique. Et il en est bien ainsi si l'on ne se réfère qu'aux enseignements publics du Bouddha ; j'expliquerai plus loin la raison de ses réticences. Quoi qu'il en soit, les écoles de l'Église bouddhiste du Nord, établies dans les pays où les Arhat initiés se retirèrent après la mort du Maître, enseignent tout ce que l'on appelle aujourd'hui les doctrines théosophiques, parce que celles-ci font partie de la connaissance des Initiés — ce qui montre comment la vérité a été sacrifiée à la lettre morte par l'orthodoxie trop zélée du bouddhisme du Sud. Mais quelle grandeur et quelle élévation ne pourrait-on trouver dans ces doctrines, plus philosophiques, plus nobles et plus scientifiques, même si on les prend au pied de la lettre, que celles de n'importe quelle autre Église ou religion ! Et pourtant la Théosophie n'est pas le bouddhisme.


    NOTES DU CHAPITRE I

    (1) Ils ont aussi été appelés des analogistes. Comme l'explique le prof. Alexander Wilder (membre de la Société Théosophique) dans son « Eclectic Philosophy » [La « Philosophie Éclectique », texte inclus dans New Platonism and Alchemy, Albany, N.Y. Weed, Parsons and Company, 1869 (N.d.T.)], on a désigné ainsi ces philosophes par suite de leur coutume d'interpréter tous les contes et légendes sacrés, aussi bien que les mythes et mystères, d'après une règle ou un principe d'analogie et de correspondance, de sorte que les événements relatés comme s'étant passés dans le monde extérieur étaient considérés comme représentant des opérations et des expériences de l'âme humaine. On les a appelés aussi néo-platoniciens. Bien qu'on situe ordinairement la Théosophie ou le système théosophique éclectique au troisième siècle, il faut en faire remonter l'origine à une époque beaucoup plus reculée s'il faut en croire Diogène Laërce qui attribue le système à un prêtre égyptien Pot-amon qui vécut au commencement de la dynastie des Ptolémées. Le même auteur nous dit que le nom est copte et signifie un être consacré à Amon, Dieu de la Sagesse. Le mot Théosophie est l'équivalent du sanskrit Brahma Vidyâ, connaissance divine.

    (2) La Théosophie éclectique comprenait trois aspects : 1° la croyance en une Divinité — ou essence infinie — absolue, inconcevable et suprême, racine de toute la nature, et de tout ce qui est, visible et invisible. 2° La croyance à la nature immortelle et éternelle de l'homme car celle-ci, étant un rayon issu de l'Âme Universelle, était considérée nécessairement comme d'essence identique à sa source. 3° La théurgie, ou « opération divine », ou production d'une oeuvre de dieux, d'après les mots : théos «  dieu », et ergon « acte » ou « œuvre ». Le terme est très ancien, mais, appartenant au vocabulaire des mystères, il n'était pas d'usage courant. Selon une croyance mystique — prouvée en pratique par les adeptes et les prêtres initiés — l'homme pouvait, en se rendant aussi pur que les êtres incorporels, c'est-à-dire en retournant à la pureté de sa nature originelle, amener les dieux à lui communiquer des Mystères divins, et même à se les rendre parfois visibles, soit subjectivement, soit objectivement. C'était l'aspect transcendant de ce que l'on appelle maintenant le « spiritisme » ; mais, la foule n'ayant pas compris la théurgie et en ayant abusé, certains en vinrent même à la tenir pour de la nécromancie, et elle fut presque partout interdite. La magie cérémonielle de certains cabalistes modernes n'est qu'un écho travesti de la théurgie de Jamblique. La Théosophie moderne évite et rejette ces deux sortes de magie et de « nécromancie » qu'elle considère comme très dangereuses. La théurgie divine authentique exige une pureté et une sainteté de vie presque surhumaines ; sinon elle dégénère en médiumnité ou en magie noire. Les premiers disciples d'Ammonios Saccas (qui fut appelé théodidaktos « instruit par la divinité », tels Plotin et son successeur Porphyre, rejetèrent d'abord la théurgie, mais ils furent finalement amenés à l'admettre grâce à Jamblique qui écrivit un livre à cet effet (connu sous le titre De Mysteriis) qu'il présenta sous le nom de son propre maître, un fameux prêtre égyptien, Abammon. Ammonios Saccas était né de parents chrétiens, mais comme la spiritualité dogmatique du christianisme l'avait rebuté dès son enfance, il devint néo-platonicien et on a dit de lui, comme de Jacob Boehme, et d'autres grands voyants et mystiques, que la sagesse divine lui avait été révélée en songe et par des visions. D'où son surnom de théodidaktos. Il résolut de réconcilier tous les systèmes religieux et, en démontrant l'identité de leur origine, d'établir une seule croyance universelle basée sur l'éthique. Sa vie fut si irréprochable et si pure, son savoir si profond et si vaste, que plusieurs Pères de l'Église furent secrètement ses disciples. Clément d'Alexandrie parle de lui avec une haute considération. Plotin, le « saint Jean » d'Ammonios, homme de la plus haute probité et de la plus profonde érudition, fut aussi universellement respecté et estimé. À l'âge de trente-neuf ans, il accompagna l'empereur romain Gordien et son armée en Orient, afin d'y être instruit par les sages de la Bactriane et de l'Inde. Il fonda une École de philosophie à Rome. Son disciple Porphyre, Juif hellénisé dont le vrai nom était Malchus (Malek),  rassembla toutes les œuvres de son maître ; il fut lui-même un auteur célèbre et donna une interprétation allégorique de certaines parties des œuvres d'Homère. Le système de méditation en usage chez les philalèthes fut l'extase, système qui s'apparente à la pratique indienne du yoga. Tout ce que l'on connaît de cette École Éclectique est dû à Origène, Longin et Plotin, disciples directs d'Ammonios. (Voir A. Wilder, op. cit.)<o:p></o:p>

    (3) Ce fut sous Philadelphe que le judaïsme s'établit à Alexandrie, et, tout de suite, les maîtres de l'hellénisme devinrent de dangereux rivaux du Collège des Rabbis de Babylone. Comme le remarque très judicieusement le professeur Alexander Wilder :
    « À cette époque, on trouvait exposés en même temps les philosophies de la Grèce et les systèmes bouddhique, védantin et mazdéen? Il n'y avait rien d'étonnant à ce que des hommes réfléchis en soient venus à penser que les querelles verbales dussent cesser, et qu'ils aient admis la possibilité de tirer de ces diverses doctrines un seul système harmonieux (...) Pantène, athénagore et Clément étaient parfaitement instruits de la phlosophie platonicienne et avaient bien compris son unité essentielle avec les systèmes orientaux. »

    (4) Voici ce que dit l'historien Mosheim à propos d'Ammonios : « Réalisant que non seulement les philosophes de la Grèce, mais aussi tous ceux des diverses nations barbares s'accordaient parfaitement sur tous les points essentiels, il se fixa pour but de présenter les mille doctrines de ces différentes sectes, de manière à démontrer qu'ayant toutes une seule et même origine elles tendaient toutes à une seule et même fin. » Si l'auteur qui traite d'Ammonios dans The Edinburgh Encyclopaedia sait bien ce dont il parle, c'est précisément les théosophes modernes qu'il décrit, avec leurs convictions et leur œuvre, lorsqu'il fait le commentaire suivant, au sujet du théodidaktos : « II adopta les doctrines admises en Égypte (les doctrines ésotériques étant celles de l'Inde) concernant, d'une part, l'univers et la Divinité, considérés comme formant un grand tout et, d'autre part, celles concernant l'éternité du monde (...) il établit un système de discipline morale qui laissait le peuple en général libre de vivre selon les lois de son pays et les injonctions de la Nature, mais qui exigeait du sage l'exaltation de la pensée par la contemplation. »

    (5) C'est ce que le savant auteur de l'ouvrage plusieurs fois cité, le professeur A. Wilder, décrit sous le nom de « photographie spirituelle » : « L'âme est la chambre noire dans laquelle sont également fixés les faits et les événements à la fois futurs, passés et présents ; et le mental en prend conscience. Au-delà de notre monde journalier et limité, tout est comme un seul jour, ou un seul état, où le passé et l'avenir sont compris dans le présent (...). La mort est l'ultime extase sur terre. Alors l'âme est libérée de la contrainte du corps et sa partie la plus noble s'unit à la nature supérieure et partage la sagesse et la prescience des êtres supérieurs » La vraie Théosophie est, pour les mystiques, cet état que décrit Apollonius de Tyane en ces termes : « Je peux voir le présent et l'avenir comme en un clair miroir. Le sage n'a pas à attendre les vapeurs de la terre ni la corruption de l'air pour prévoir les événements (...). Les théoi, ou dieux, voient l'avenir ; les hommes ordinaires, le présent ; les sages, ce qui est sur le point de se produire ». « La Théosophie des Sages » dont il parle est très bien traduite par l'expression; « Le Royaume de Dieu est au-dedans de nous » .

    (6) A.P. Sinnett, Esoteric Buddhism, Londres : Trübner and Co., 1881 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (7) J. Edkins, Chinese Buddhism, ( « Le Bouddhisme chinois » ), Londres 1870; 2ème édition révisée, Londres : K. Paul, Trench, Trübner & Co, 1893 (N.d.T.).

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    II

    LA THÉOSOPHIE
    ÉXOTÉRIQUE ET ÉSOTÉRIQUE


     

    CE QUE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE MODERNE N'EST PAS

    QUESTION — Vos doctrines ne sont donc pas un renouveau du bouddhisme, et ne sont pas non plus entièrement empruntées à la Théosophie néo-platonicienne ?

    LE THÉOSOPHE — Non. Mais je ne puis vous offrir de meilleure réponse à ces questions que ce passage tiré d'une étude sur « La Théosophie » présentée par le Docteur J.D.Buck, M.S.T. (l), au dernier Congrès Théosophique de Chicago, (avril 1889). Aucun théosophe n'a de nos jours mieux exprimé et compris l'essence réelle de la Théosophie que notre ami respecté, le Docteur :

    « La Société Théosophique fut fondée dans le but de répandre les doctrines théosophiques, et de promouvoir la vie théosophique. La Société Théosophique actuelle n'est pas la première de ce genre. Je possède un ouvrage intitulé : " Comptes Rendus Théosophiques de la Société Philadelphienne " (2), publié à Londres en 1697, et un autre portant comme titre : " Introduction à la Théosophie, ou la Science du Mystère du Christ, c'est-à-dire de la Divinité, de la Nature et de la


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    Créature, comprenant la philosophie de tous les pouvoirs actifs de la vie, magiques et spirituels, et formant un guide pratique conduisant à la pureté, la sainteté et la perfection évangélique les plus sublimes, ainsi qu'à l'acquisition de la vision divine, et des saints arts et pouvoirs angéliques comme aux autres prérogatives de la régénération " (3) — volume publié à Londres en 1855. Voici la dédicace de cet ouvrage :

    "Aux étudiants des Universités, Collèges et Ecoles de la chrétienté, aux Professeurs des Sciences métaphysiques, mécaniques et naturelles sous toutes leurs formes, aux hommes et femmes instruits en général et de foi orthodoxe fondamentale, aux Déistes, Ariens, Unitariens, Swedenborgiens et partisans d'autres croyances fautives et non-fondées, rationalistes, et sceptiques de toute espèce, aux fidèles d'esprit juste et illuminé, appartenant à l'islam, au judaïsme, comme aux religions patriarcales d'Orient, mais surtout aux ministres de l'évangile et aux missionnaires préchant aux peuples tant barbares qu'intellectuels, est dédiée très humblement et cordialement cette introduction à la Théosophie, ou science du fondement et du mystère de toutes choses "

    « L'année suivante (1856) parut un autre volume, in-octavo royal, de 600 pages, en caractères de corps quatre, intitulé « Miscellanées théosophiques » (4). Cet ouvrage ne fut tiré qu'à 500 exemplaires qui furent distribués gratuitement aux Bibliothèques et Universités. Ces tout premiers mouvements, qui furent nombreux, naquirent au sein de l'Eglise grâce à des personnes de grande piété et dévotion, et de réputation irréprochable ; et tous ces écrits, compatibles dans leur forme avec l'orthodoxie, faisaient usage des expressions chrétiennes, et, comme les œuvres de l'éminent homme d'Eglise William Law, ne se faisaient remarquer du lecteur ordinaire que par leur grand sérieux et leur piété. Dans leur diversité tous ces mouvements ne visaient qu'à faire apparaître et expliquer les significations profondes et la portée originale des Écritures chrétiennes comme à illustrer et à développer la vie théosophique. Ces ouvrages furent vite oubliés et sont maintenant


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    inconnus en général. Ils cherchaient à réformer le clergé, à réveiller la piété authentique, et ils ne furent jamais bien accueillis. Le seul mot d' " hérésie " suffisait à les faire tomber dans les oubliettes réservées à toutes les utopies de ce genre.À l'époque de la Réforme, Jean Reuchlin fit une tentative similaire, et obtint le même résultat, bien qu'il fût un ami intime et écouté de Luther. L'orthodoxie n'a jamais désiré qu'on l'instruise et qu'on l'éclaire. On fit comprendre à ces réformateurs, comme Festus le fit pour Paul, que leur trop grand savoir les avait rendus fous, et qu'il serait dangereux pour eux de vouloir aller plus loin. Si l'on sait regarder au-delà du langage un peu spécial employé, qui, chez ces auteurs, était, en partie, une question d'habitude et d'éducation et, en partie, une adaptation à la contrainte religieuse imposée par le pouvoir séculier, et si nous allons au coeur des choses, nous constatons que ces écrits étaient théosophiques, au sens le plus strict, consacrés uniquement à la connaissance de la nature humaine et de la vie supérieure de l'âme. On a dit parfois que le Mouvement théosophique actuel était une tentative en vue de convertir la chrétienté au bouddhisme, ce qui signifie simplement que le mot " hérésie " a perdu tout pouvoir de terroriser. De tout temps, il y a eu des individus qui ont plus ou moins clairement compris les doctrines théosophiques et les ont incorporées au tissu même de leur vie. Ces doctrines ne sont l'exclusivité d'aucune religion et ne se limitent à aucune société ni période. Elles sont l'héritage de toutes les âmes humaines. Chacun est conduit à définir sa propre orthodoxie, selon sa nature et ses besoins, et d'après ses diverses expériences. Cela peut expliquer pourquoi ceux qui s'imaginaient que la Théosophie était une nouvelle religion ont cherché en vain son credo et son rituel. Son credo c'est la Loyauté envers la Vérité, et son rituel consiste à honorer chaque vérité en la mettant en pratique.

    « On comprendra combien la masse des hommes saisit mal le principe de la Fraternité Universelle, combien rarement elle en reconnaît l'importance transcendante, en voyant la diversité des opinions et des interprétations fantaisistes qui circulent au sujet de la Société Théosophique. Cette Société fut fondée sur un principe unique : la Fraternité essentielle de tous les hommes, telle qu'elle a été brièvement esquissée et imparfaitement exposée ci-dessus. On l'a attaquée comme étant bouddhiste et antichrétienne, mais pouvait-elle être les deux à la fois, alors que le bouddhisme et le christianisme, tels que les ont exposés leurs fondateurs inspirés, font de la fraternité le point essentiel de leur doctrine et de la vie. On a également considéré la Théosophie comme quelque chose de nouveau sous le soleil, ou, au mieux, comme


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    un ancien mysticisme déguisé sous un nom nouveau. S'il est vrai que de nombreuses Sociétés, fondées sur les principes de l'altruisme ou de la fraternité essentielle, et unies dans le but de les soutenir, ont porté des noms divers, il est vrai aussi que beaucoup de groupements ont été appelés théosophiques et se sont consacrés à des principes et à des buts analogues à ceux de la société actuelle qui porte ce nom. Dans toutes ces diverses sociétés, la doctrine essentielle était la même, et tout le reste n'a jamais été que secondaire ; mais cela n'empêche pas que beaucoup de gens soient attirés par les détails secondaires et négligent ou ignorent l'essentiel. »

    On ne saurait donner à vos questions de réponse meilleure ou plus explicite que celle-ci que nous devons à l'un de nos théosophes les plus estimés et les plus sincères.

    QUESTION — À quel système, en dehors de l'éthique bouddhique, donnez-vous votre préférence, ou votre adhésion ?

    LE THÉOSOPHE — À aucun, et à tous. Nous n'adhérons à aucune religion ni à aucune philosophie en particulier ; nous prenons ce que chacune a de bon. Mais il convient de dire encore une fois que la Théosophie, comme tout autre système de l'Antiquité, est divisée en section exotérique et section ésotérique.

    QUESTION — Quelle est la différence ?

    LE THÉOSOPHE — Les membres de la Société Théosophique prise au sens le plus large sont libres de faire profession de n'importe quelle religion ou philosophie — ou d'aucune, s'ils le préfèrent — pourvu qu'ils soient en sympathie avec l'un (au moins) des trois buts de l'Association et prêts à le (ou les) mettre en application. La Société est une organisation philanthropique et scientifique visant à la propagation de l'idée de fraternité en pratique et non en théorie. Ses membres peuvent être chrétiens ou musulmans, juifs ou parsis, bouddhistes ou brahmanes, spirites ou matérialistes — cela n'a aucune importance ; mais chaque membre doit être soit un philanthrope, soit un érudit, un spécialiste en littérature aryenne et autres littératures anciennes, soit encore un chercheur dans le domaine des phénomènes


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    psychiques. En résumé, il doit contribuer, s'il le peut, à réaliser au moins l'un des buts du programme. Autrement, il n'a aucune raison de devenir « membre de la Société Théosophique ». Telles sont les personnes qui forment la majorité de la Société exotérique, qui est composée de membres « affiliés » et « non affiliés » (5). Ces membres peuvent, ou non, devenir effectivement des théosophes. Ils sont membres du fait qu'ils se sont joints à la Société, mais celle-ci n'a pas le pouvoir de rendre théosophe celui qui ne possède pas le sens de la divine disposition juste des choses, ou qui comprend la Théosophie — si l'on peut s'exprimer ainsi — à sa propre façon sectaire et égoïste. « Est bon celui qui fait le bien » , est un proverbe qu'on pourrait paraphraser ainsi : « Est théosophe celui qui pratique la Théosophie ».

    THÉOSOPHES ET MEMBRES DE LA «S.T. »

    QUESTION — D'après ce que je comprends, ce que vous venez de dire ne saurait s'appliquer qu'aux membres « laïques » , qui ne prennent pas d'engagement ? Mais qu'en est-il de ceux qui s'adonnent à l'étude ésotérique de la Théosophie ? Sont-ils eux-mêmes les véritables théosophes ?

    LE THÉOSOPHE — Pas nécessairement, à moins qu'ils en aient donné la preuve. Ils ont été admis dans le groupe intérieur et ont prêté le serment de suivre, aussi strictement que possible, les règles de l'organisme occulte. C'est une entreprise difficile, puisque la première et la plus importante de toutes les règles est le complet renoncement à la personnalité — ce qui signifie qu'un membre assermenté doit devenir un altruiste parfait, sans jamais penser à lui-même ; il lui faut oublier sa vanité et son orgueil en pensant au bien de ses semblables, comme à celui de ses frères-compagnons


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    du cercle ésotérique. S'il veut profiter des enseignements ésotériques, il doit mener une vie d'abstinence en toute chose, d'abnégation, de moralité la plus stricte, tout en accomplissant ses devoirs envers tous. Les quelques véritables théosophes de la S.T. se trouvent parmi ces membres. Cela n'implique pas qu'en dehors de la S.T. et du cercle intérieur il n'y ait point de théosophes ; car il y en a, et plus qu'on ne le suppose ; et ils sont certainement plus nombreux que ceux qui se trouvent parmi les membres laïques de la S. T..

    QUESTION — À quoi bon alors se joindre à cette Société dite Théosophique ? Quel motif pourrait-on invoquer ?

    LE THÉOSOPHE — Aucun, si ce n'est l'avantage d'obtenir des instructions ésotériques, avec les doctrines authentiques de la « Religion-Sagesse », et (si le véritable programme est bien appliqué) de tirer une grande aide de l'assistance et de la sympathie mutuelles. L'union fait la force et conduit à l'harmonie, et des efforts coordonnés et bien réglés produisent des merveilles. C'est là le secret de toutes les associations et de toutes les communautés depuis que l'humanité existe.

    QUESTION — Mais pourquoi un homme mentalement équilibré et déterminé dans la poursuite de son objectif, disons, un individu capable d'une énergie et d'une persévérance indomptables, ne pourrait-il devenir un Occultiste, ou même un Adepte, en travaillant seul ?

    LE THÉOSOPHE — II le pourrait ; mais il y a dix mille chances contre une pour qu'il échoue. Pour ne vous en donner qu'une raison parmi de nombreuses autres, il n'existe de nos jours aucun livre sur l'Occultisme ou la théurgie qui puisse révéler en langage clair les secrets de l'alchimie, ou la Théosophie médiévale. Tous sont rédigés en termes symboliques, ou en paraboles, et, puisque la clef de leur interprétation en a été perdue depuis des siècles en Occident, comment un homme pourrait-il apprendre la vraie signification de ce qu'il lirait et étudierait ? C'est là que gît le plus grand danger, avec la menace de donner dans la magie noire inconsciente, ou de tomber dans la médiumnité la plus incrable.


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    Celui qui n'a pas pour maître un Initié ferait mieux de ne pas s'occuper d'une étude si dangereuse. Regardez autour de vous ; que voyez-vous ? Alors que les deux tiers des gens civilisés se moquent de l'idée même qu'il puisse exister quoi que ce soit qui vaille la peine dans la Théosophie, l'Occultisme, le spiritisme ou la cabale, l'autre tiers, qui n'a pas ce mépris, se compose des éléments les plus hétérogènes et les plus opposés. Certains croient à l'aspect mystique et même au surnaturel (!), mais chacun à sa manière. D'autres se précipitent seuls dans l'étude de la cabale, du psychisme, du mesmérisme, du spiritisme, ou de quelque autre forme de mysticisme. Résultat : il n'existe pas deux hommes qui pensent de la même manière, qui soient d'accord sur aucun des principes fondamentaux de l'Occultisme, bien qu'il y en ait beaucoup qui prétendent avoir trouvé l'ultima thule de la connaissance, et qui voudraient se faire passer aux yeux des profanes pour des adeptes parfaits. Non seulement il n'existe aucune connaissance scientifique et précise de l'Occultisme qui soit accessible en Occident — pas même celle de la véritable astrologie, la seule branche de l'Occultisme qui, dans ses enseignements exotériques, ait un système défini et des lois précises — mais personne n'a la moindre idée de ce que signifie le véritable Occultisme. Certains limitent la sagesse ancienne à la cabale et au Zohar juif, que chacun interprète à sa façon, en suivant la lettre morte des méthodes rabbiniques. D'autres considèrent Swedenborg, ou Boehme, comme les suprêmes représentants de la plus haute sagesse, tandis que d'autres encore trouvent dans le mesmérisme le grand secret de la magie ancienne. Sans exception, tous ceux qui mettent leurs théories en pratique finissent rapidement, en raison de leur ignorance, par tomber dans la magie noire. Heureux sont ceux qui y échappent, puisqu'ils n'ont ni test ni critère leur permettant de discerner le vrai du faux.

    QUESTION — Faut-il comprendre que le groupe intérieur de la S.T. prétend recevoir ses connaissances de véritables Initiés ou maîtres de la sagesse ésotérique ?

    LE THÉOSOPHE — Pas directement. La présence personnelle


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    de tels maîtres n'est pas nécessaire. Il suffit qu'ils donnent des instructions à certains de ceux qui ont étudié pendant des années sous leur direction, et qui ont consacré leur vie entière à leur service. Ceux-ci peuvent à leur tour transmettre les connaissances ainsi acquises à d'autres qui n'ont pas eu une telle opportunité. Mieux vaut une partie seulement de la vraie science qu'une masse d'érudition mal digérée et mal comprise. Une once d'or vaut mieux qu'une tonne de poussière.

    QUESTION — Mais comment savoir si l'once est vraiment de l'or pur et non une simple imitation ?

    LE THÉOSOPHE — On reconnaît l'arbre à ses fruits, et un système à ses résultats. Quand nos adversaires seront à même de nous prouver qu'un quelconque étudiant solitaire de l'Occultisme à travers les âges a été capable de devenir un saint adepte, comme Ammonios Saccas ou même Plotin, voire un théurge comme Jamblique, ou qu'il a pu produire des faits exceptionnels du genre de ceux qu'on attribue à Saint-Germain, sans avoir aucun maître pour le guider et tout cela sans être un médium, un psychique qui se leurre lui-même ou un charlatan, alors nous confesserons notre erreur. Mais jusque-là, les théosophes préfèrent suivre la loi naturelle et éprouvée de la tradition de la Science sacrée. Il y a des mystiques qui ont fait de grandes découvertes en chimie et dans les sciences physiques — découvertes qui frisent l'alchimie et l'Occultisme; d'autres qui, par la seule force de leur génie, ont redécouvert des fragments, sinon l'ensemble, des alphabets perdus de la « langue des Mystères » , et qui peuvent, en conséquence, lire correctement les rouleaux hébraïques ; et d'autres encore qui, étant des voyants, ont capté de merveilleux aperçus sur les secrets cachés de la Nature. Mais tous ces gens sont des spécialistes. L'un est un inventeur de théories, un autre un hébraïste — en l'occurrence, un cabaliste sectaire — un troisième est un Swedenborg des temps modernes qui rejette tout ce qui est en dehors de sa science ou de sa religion particulière. Mais il n'en est pas un seul qui puisse se vanter d'avoir ainsi apporté un bienfait au monde, ou même à la nation, voire à lui-même. À l'exception de quelques guérisseurs


    — de cette catégorie que les Académies de Médecine qualifieraient de charlatans — aucun d'entre eux n'a aidé l'humanité de sa science, pas même des individus de sa propre communauté. Où sont les Chaldéens du temps jadis — ceux qui opéraient des guérisons merveilleuses, « non par des charmes, mais par des simples » ? Où verra-t-on un nouvel Apollonius de Tyane, guérissant les malades et ressuscitant les morts, dans n'importe quel pays et n'importe quelles circonstances ? Nous connaissons, en Europe, quelques spécialistes de la première catégorie mais aucun de la seconde, si ce n'est en Asie, où est encore préservé le secret qu'ont les yogis de « vivre dans la mort » .

    QUESTION — Le but de la Théosophie est-il de produire de tels adeptes possédant le pouvoir de guérir ?

    LE THÉOSOPHE — Elle a plusieurs objectifs, mais entre tous, les plus importants sont ceux qui peuvent conduire au soulagement de la souffrance humaine, sous quelque forme que ce soit, aussi bien morale que physique. Et nous croyons que la souffrance morale est de loin plus importante que la souffrance physique. La Théosophie a pour tâche d'inculquer l'éthique ; elle doit purifier l'âme, si elle veut soulager le corps dont tous les maux, sauf dans les cas d'accidents, sont héréditaires. Ce n'est pas en étudiant l'occultisme à des fins égoïstes, pour la satisfaction d'une ambition personnelle, par orgueil ou vanité, que l'on pourra jamais atteindre le véritable but de la Théosophie : celui d'aider l'humanité qui souffre. Ce n'est pas non plus en étudiant une seule branche de la philosophie ésotérique que l'on devient un occultiste, mais en les étudiant toutes, sinon en maîtrisant chacune d'elle.

    QUESTION — Pour atteindre cet objectif essentiel, l'aide n'est-elle donnée qu'à ceux qui étudient les sciences ésotériques ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. Chacun des membres laïques a droit, pourvu qu'il le désire, aux instructions théosophiques générales, mais peu d'entre eux sont disposés à devenir ce qu'on appelle « des membres actifs » , et la plupart préfèrent rester des


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    frelons de la Théosophie. Mais il faut savoir que la recherche individuelle est encouragée dans la S .T., pourvu qu'elle ne dépasse pas la limite qui sépare l'exotérique de l'ésotérique, la magie inconsciente de la magie consciente.

    LA DIFFÉRENCE ENTRE LA THÉOSOPHIE ET L OCCULTISME

    QUESTION — Vous parlez de la Théosophie et de l'Occultisme. Sont-ils identiques ?

    LE THÉOSOPHE — Nullement. En effet, un homme peut être un très bon théosophe, que ce soit à l'intérieur ou en dehors de la Société, sans être d'aucune façon un occultiste. Mais personne ne peut être un véritable occultiste sans être en même temps un véritable théosophe ; autrement il est tout simplement un magicien noir, qu'il en ait conscience ou non.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par là ?

    LE THÉOSOPHE — J'ai déjà expliqué qu'un véritable théosophe devait mettre en pratique l'idéal moral le plus élevé, s'efforcer de réaliser son unité avec l'humanité entière, et travailler sans cesse pour les autres. Il est clair que si un occultiste ne s'acquitte pas de tous ces devoirs, il agit forcément d'une façon égoïste dans son intérêt personnel ; et s'il a acquis plus de pouvoir utilisable en pratique que les autres hommes, il devient, de ce fait même, un ennemi beaucoup plus dangereux pour le monde et ceux qui l'entourent, que le commun des mortels. C'est clair.

    QUESTION — Un occultiste serait donc tout simplement un homme possédant plus de pouvoir que les autres ?

    LE THÉOSOPHE — Bien plus, en réalité, s'il est réellement un occultiste éclairé et versé dans la pratique de son art — et non pas seulement un occultiste de nom. Les Sciences occultes ne sont pas, comme les encyclopédies les décrivent, des « sciences imaginaires


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    datant du Moyen Age, et traitant de l'action de l'influence supposée des qualités occultes, ou des pouvoirs surnaturels, telles que la magie, l'alchimie, la nécromancie et l'astrologie » . Ce sont, au contraire, des sciences réelles, véritables et très dangereuses. Elles enseignent la puissance secrète des choses de la Nature, en développant et cultivant les pouvoirs cachés, « latents dans l'homme » , en lui conférant ainsi de formidables avantages sur les mortels plus ignorants que lui. L'hypnotisme, aujourd'hui si répandu et devenu l'objet de recherches scientifiques sérieuses, en est un bon exemple. Le pouvoir hypnotique a été découvert presque par accident, une fois que le mesmérisme lui eût préparé la voie. Maintenant un habile hypnotiseur peut l'employer presque à n'importe quelle fin, en obligeant un homme à un comportement inconscient pour lui-même, depuis la simple suggestion d'une conduite ridicule jusqu'à celle de l'accomplissement d'un crime — souvent à la place de l'hypnotiseur et à l'avantage de celui-ci. Un tel pouvoir n'est-il pas terrible si on le laisse entre les mains de personnes sans scrupules ? Et cependant, souvenez-vous que l'hypnotisme n'est qu'une des branches mineures de l'Occultisme.

    QUESTION — Mais toutes ces sciences occultes, comme la magie et la sorcellerie, ne sont-elles pas considérées par les hommes les plus cultivés et instruits comme des vestiges témoignant de l'ignorance et de la superstition d'antan ?

    LE THÉOSOPHE — Permettez-moi de vous faire remarquer que votre observation est à double tranchant. Les hommes « les plus cultivés et instruits » parmi vous considèrent également le christianisme, ainsi que toutes les autres religions, comme des vestiges témoignant de l'ignorance et de la superstition. Quoi qu'il en soit, les gens commencent maintenant à croire à l'hypnotisme, et certains esprits, même parmi les plus cultivés, croient à la Théosophie et aux phénomènes. Mais qui donc parmi eux, exception faite pour les prédicateurs et pour d'aveugles fanatiques, avouera qu'il croit aux miracles de la Bible ? C'est là que réside la différence. On peut trouver de fort bons et authentiques théosophes qui croient au surnaturel, y


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    compris aux miracles divins, mais aucun occultiste n'y croira jamais. Car l'occultiste pratique la Théosophie scientifique, basée sur la connaissance exacte des opérations secrètes de la Nature ; tandis qu'un théosophe qui se sert des pouvoirs dits anormaux, sans disposer de la lumière de l'Occultisme, tendra simplement vers une forme dangereuse de médiumnité, puisque, tout en s'en tenant à la Théosophie, et à son éthique qui est la plus sublime qu'on puisse concevoir, il la pratique à l'aveuglette, soutenu par une foi sincère mais aveugle. Quiconque, théosophe ou spirite, tente de cultiver l'une des branches de la Science occulte — comme l'hypnotisme, le mesmérisme, ou même l'art des moyens secrets de produire les phénomènes physiques, etc. — sans posséder la connaissance de l'explication raisonnée de ces pouvoirs, est semblable à une barque sans gouvernail lancée sur un océan tumultueux.

    LA DIFFERENCE ENTRE LA THÉOSOPHIE ET LE SPIRITISME

    QUESTION — Mais ne croyez-vous pas au spiritisme ?

    LE THÉOSOPHE — Si par « spiritisme » vous entendez l'explication que donnent les spirites de certains phénomènes anormaux, nous n'y croyons certainement pas. Ils prétendent, en effet, que ces manifestations sont toutes produites par les « esprits » de personnes, généralement leurs parents, qui ont quitté ce monde et y reviennent, soi-disant pour entrer en communication avec ceux qu'ils ont aimés, ou auxquels ils sont attachés. Nous rejetons absolument cette idée. Nous affirmons que les esprits des morts ne peuvent pas revenir à la terre, sauf dans des cas rares et exceptionnels dont je parlerai sans doute plus tard ; ils ne communiquent pas davantage avec les hommes, si ce n'est par des moyens purement subjectifs. Ce qui apparaît objectivement n'est que le fantôme de l'ex-homme physique. Quand au spiritisme psychique et, pour ainsi dire, « spirituel » , nous y croyons, assurément.

    QUESTION — Rejetez-vous aussi les phénomènes ?


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    LE THÉOSOPHE — Absolument pas, sauf les cas de fraude délibérée.

    QUESTION — Comment les expliquez-vous alors ?

    LE THÉOSOPHE — De nombreuses façons. Les causes des manifestations de ce genre ne sont en aucune manière aussi simples que voudraient le croire les spirites. Tout d'abord, le deus ex machina (6) des soi-disant « matérialisations » est généralement le corps astral ou le « double » du médium ou de l'un des assistants. Ce corps astral est aussi la cause ou la force agissante qui est à l'oeuvre dans les phénomènes d'écriture sur ardoise, les manifestations du genre « Davenport » , etc.

    QUESTION — Vous dites « généralement » ; mais alors qu'est-ce qui produit les autres phénomènes ?

    LE THÉOSOPHE — Cela dépend de la nature des manifestations. Parfois ce sont les dépouilles astrales, les restes ou « coques » abandonnés dans le kâma loka par des personnalités disparues ; d'autres fois ce sont des élémentaux. Le mot « esprit » a une signification large et multiple. Je ne sais vraiment pas ce que les spirites entendent par ce terme ; mais, si nous comprenons bien ce qu'ils affirment, les phénomènes physiques seraient produits par l'Ego qui se réincarne, l' « Individualité » spirituelle et immortelle. C'est là une hypothèse que nous rejetons entièrement. L'Individualité consciente des êtres désincarnés ne peut pas se matérialiser ; elle ne peut pas non plus quitter sa propre sphère mentale du devachan, pour regagner le plan de l'objectivité terrestre.


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    QUESTION — Cependant, bien des communications reçues des « esprits » témoignent non seulement d'intelligence mais aussi d'une connaissance de faits qui sont ignorés du médium et qui, parfois même, ne sont pas consciemment présents dans le mental de l'investigateur ni d'aucun des assistants.

    LE THÉOSOPHE — Cela ne prouve pas nécessairement que l'intelligence et la connaissance dont vous parlez appartiennent aux esprits, ou émanent d'âmes désincarnées. On connaît des cas de somnambules qui, pendant qu'ils étaient en état de transe, ont composé de la musique et de la poésie, et résolu des problèmes mathématiques, sans avoir jamais fait d'études musicales ou mathématiques. D'autres ont répondu avec intelligence aux questions qu'on leur posait et même, dans plusieurs cas, ont parlé des langues, comme l'hébreu et le latin, qu'ils ignoraient complètement à l'état de veille — tout cela dans un état de profond sommeil. Maintiendrez-vous cependant que tout cela ait été l'œuvre d'« esprits » ?

    QUESTION — Mais alors comment l'expliqueriez-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Nous affirmons que puisque l'étincelle divine dans l'homme est, par essence, une avec l'Esprit Universel, et identique à Lui, notre « Soi spirituel » est pratiquement omniscient, mais qu'il ne peut manifester sa connaissance en raison des obstacles que lui oppose la matière. En conséquence, plus on réduit ces obstacles — en d'autres termes, plus le corps physique est paralysé dans son activité et sa conscience indépendantes, comme cela se produit dans le sommeil ou dans une transe profonde, ou encore dans le cas d'une maladie — plus le Soi intérieur peut se manifester parfaitement sur ce plan. Voilà notre explication des phénomènes vraiment merveilleux d'ordre supérieur qui témoignent incontestablement de la présence d'intelligence et de connaissance. Quant aux manifestations d'ordre inférieur, telles que les phénomènes physiques et les platitudes et propos vulgaires débités par l'« esprit » en général, il faudrait, pour expliquer seulement les plus importants de nos enseignements à leur sujet, plus d'espace et de temps que nous ne pouvons


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    leur en consacrer à présent. Nous n'avons, par ailleurs, aucun désir d'intervenir dans la croyance des spirites, pas plus que dans toute autre croyance. C'est à ceux qui croient aux «  esprits » que doit incomber l'onus probandi, l'obligation de fournir les preuves. Actuellement, bien qu'ils soient toujours convaincus que les manifestations d'ordre supérieur ont lieu par l'intermédiaire des âmes désincarnées, les spirites les plus influents, comme les plus instruits et intelligents d'entre eux, sont les premiers à avouer que ce ne sont pas tous les phénomènes qu'il faut attribuer aux esprits. Avec le temps, ils finiront par reconnaître la vérité dans sa totalité ; mais, en attendant, nous n'avons ni le droit, ni le désir, de les convertir à notre manière de voir, et cela d'autant moins que, lorsqu'il s'agit de manifestations purement psychiques et spirituelles, nous croyons nous-mêmes à l'intercommunication possible entre l'esprit de l'homme vivant et celui de personnes désincarnées (7).

    QUESTION — Autant dire que vous rejetez dans sa totalité la philosophie du spiritisme.


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    LE THÉOSOPHE — Assurément, si, par « philosophie » , vous entendez ses théories sommaires. Mais, en vérité, le spiritisme n'a pas de philosophie. C'est ce que disent les meilleurs de ses défenseurs, les plus intellectuels et les plus sérieux. Il n'est qu'une vérité fondamentale et incontestable qu'ils enseignent — à savoir que les phénomènes sont produits par les médiums, sous l'empire de forces et d'intelligences invisibles — et, cette vérité-là, personne, en dehors des matérialistes aveugles de l'école de Huxley, n'ira la nier, ni ne le pourra. En ce qui concerne leur philosophie, permettez-moi cependant de vous citer ce que le compétent rédacteur en chef de la revue Light, en qui les spirites n'auront jamais de défenseur plus éclairé ou plus dévoué, dit d'eux et de leur philosophie. Voici donc ce que « M. A. Oxon » — un des très rares spirites qui aient une disposition philosophique, écrit, à propos du manque d'organisation et de la bigoterie aveugle de ses confrères :

    « Considérons attentivement ce point qui est d'une importance vitale. Nous avons une expérience et une connaissance telles qu'elles rendent toute autre connaissance comparativement insignifiante. Le spirite ordinaire se met en colère contre quiconque s'avise de mettre en doute sa parfaite connaissance touchant l'avenir et son absolue certitude de la vie à venir. Là où d'autres hommes ont tendu des mains timides, en tâtonnant dans les ténèbres de l'avenir inconnu, lui avance hardiment, en homme qui possède la carte et connaît son chemin. Là où d'autres hommes se sont arrêtés en se contentant d'une pieuse aspiration ou des enseignements d'une croyance héréditaire, il se vante de connaître ce qui n'est pour eux qu'une croyance, et il s'enorgueillit de pouvoir suppléer, par la richesse de ses acquis, aux fois chancelantes bâties seulement sur l'espoir. Il a une façon toute magnifique de traiter des attentes les plus chères des hommes. " Vous ne faites qu'espérer ", semble-t-il dire, " ce que moi je peux démontrer. Vous avez accepté par tradition une croyance en des choses que moi je peux prouver par les méthodes scientifiques les plus rigoureuses. Les vieilles croyances s'affaiblissent de plus en plus : sortez-en et devenez indépendants. Elles renferment autant de faux que de vrai. Ce n'est qu'en bâtissant sur les fondations solides des faits irrécusables que vous pourrez ériger une construction stable. De tout côté, on voit s'écrouler les croyances de jadis. Abandonnez-les, si vous voulez échapper à la catastrophe. "
    «Mais, dans la pratique, lorsqu'on a affaire à cet homme merveilleux, quelle impression en tire-t-on ? Très curieuse et très décevante. Il


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    est si sûr de son dossier qu'il ne se donne pas la peine de s'enquérir de la façon dont les autres interprètent les faits qu'il accepte. La sagesse des âges s'est occupée de l'explication de ce qu'il considère à juste titre comme démontré ; mais il ne se soucie guère de telles recherches. Il n'est même pas complètement d'accord avec ses frères spirites. Cela rappelle l'histoire de la vieille Écossaise qui, conjointement avec son mari, avait fondé une " Église " . Eux seuls possédaient les clefs du Royaume des Cieux, ou plutôt c'était elle qui les détenait, car, au fond, elle n'était " pas bien sûre de Jamie " . De même, parmi les spirites, les nombreuses sectes qui se divisent, se subdivisent et se re-subdivisent hochent la tête, et " ne sont pas bien sûres " les unes des autres. Or, l'expérience collective de l'humanité est unanime à conclure que l'union fait la force et que la désunion est une source de faiblesse et d'échec. Remise en ordre, exercée et disciplinée, une cohue devient une armée dont chaque homme peut tenir tête à une centaine d'hommes indisciplinés. L'organisation dans tous les départements du travail humain amène le succès, économise le temps et le labeur, et est une source de bénéfice et de progrès. Le manque de méthode et de plan, un travail mené n'importe comment, une énergie vacillante et des efforts indisciplinés ne conduisent qu'à un lamentable gâchis. La voix de l'humanité atteste cette vérité. Le spirite accepte-t-il ce verdict et en tire-t-il les conséquences ? Pas du tout. Il ne veut pas d'organisation, il est à lui-même sa propre loi — et aussi une épine dans le flanc de son voisin. » (Light, 22 juin 1889.)

    QUESTION — On m'a dit que la Société Théosophique avait été fondée, à l'origine, dans le but d'écraser le spiritisme et la croyance à la survivance de l'individualité de l'homme ?

    LE THÉOSOPHE — On vous a mal renseigné, car toutes nos croyances sont fondées sur cette individualité immortelle. Mais, comme tant d'autres, vous confondez personnalité et individualité. Vos psychologues occidentaux n'ont pas l'air d'avoir établi de distinction bien nette entre les deux. C'est pourtant précisément cette différence qui fournit la clef de la compréhension de la philosophie orientale, et qui se trouve à l'origine de la divergence entre les enseignements théosophiques et spirites. Je dois déclarer ici, au risque d'exciter encore davantage contre nous l'hostilité de certains spirites, que c'est la Théosophie qui est le


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    Spiritualisme (8) pur et véritable, tandis que le système moderne pratiqué aujourd'hui par les masses, et qu'on désigne sous le nom de spiritisme, est tout simplement du matérialisme transcendantal.

    QUESTION — Veuillez expliquer plus clairement vos idées à ce sujet.

    LE THÉOSOPHE — Bien que nos doctrines insistent sur l'identité de l'esprit et de la matière, et que nous disions que l'esprit est de la matière potentielle, et la matière tout simplement de l'esprit cristallisé (de même que la glace n'est rien d'autre que de la vapeur solidifiée), nous maintenons que le terme esprit ne peut s'appliquer qu'à la véritable individualité, puisque la condition originelle et éternelle de tout n'est pas l'esprit, mais, pour ainsi dire, le méta-esprit (la matière visible et solide étant simplement sa manifestation périodique).

    QUESTION — Mais quelle distinction faut-il établir entre cette « véritable individualité » et le « Moi », ou « Ego » , dont nous avons tous conscience ?

    LE THÉOSOPHE — Avant que je puisse vous répondre, il nous faut nous entendre sur la signification à donner au « Moi » ou à l' « Ego » . Nous faisons une distinction entre le fait élémentaire de la conscience de soi-même, le sentiment tout simple du « je suis moi » , et la pensée plus complexe : « Je suis Monsieur Dupont » ou « Madame Durand » . Pour nous qui croyons à des renaissances successives du même Ego — ce qu'on appelle la réincarnation — cette distinction constitue le pivot fondamental sur lequel s'articule tout l'ensemble. Vous voyez que « Monsieur Dupont » représente, en réalité, une longue série d'expériences


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    journalières qui se trouvent liées ensemble par le fil de la mémoire, pour former finalement ce que « Monsieur Dupont » appelle « lui-même » . Mais aucune de ces « expériences » ne constitue réellement le « Moi » ou l'Ego, et elles ne donnent pas non plus à « Monsieur Dupont » le sentiment d'être lui-même, car il oublie la plus grande partie de ses expériences journalières, et elles ne lui donnent le sentiment d'Egoïté que tant qu'elles durent. Voilà pourquoi nous, théosophes, établissons une distinction entre cet agrégat d' « expériences » , que nous appelons la fausse personnalité (parce qu'elle est limitée et passagère), et cet élément dans l'homme qui lui donne le sentiment du « je suis moi » . C'est ce « je suis moi » que nous appelons la véritable individualité ; et nous disons que cet «  Ego » , ou individualité, joue, à la manière d'un acteur, bien des rôles sur la scène de la vie (9). Appelons chaque nouvelle vie du même Ego sur terre, une soirée passée sur la scène d'un théâtre. Un soir l'acteur, ou l' « Ego » , paraît dans le rôle de «  Macbeth » , un autre soir dans celui de « Shylock » , le troisième il est « Roméo », le quatrième « Hamlet » , ou le « roi Lear » , et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il ait parcouru tout le cycle des incarnations. L'Ego commence son pèlerinage de vie sous la forme d'un lutin, d'un « Ariel » ou d'un « Puck » ; il joue le rôle d'un figurant, il est soldat, domestique, ou membre du chœur ; ensuite il monte en grade et joue « des rôles parlés » — des rôles tantôt importants, tantôt insignifiants — jusqu'à ce qu'il se retire enfin de la scène, après avoir joué le rôle de « Prospero », le magicien.

    QUESTION — Je comprends. Vous dites que ce véritable Ego ne peut pas revenir sur terre après la mort. Mais l'acteur, s'il a conservé le sens de son individualité, n'est-il donc pas libre de revenir sur la scène de ses anciennes actions, s'il le désire ?

    LE THÉOSOPHE — Nous disons que non, parce qu'un tel retour sur terre serait incompatible avec un état quelconque de béatitude pure et sans mélange après la mort, comme je vais vous


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    le prouver. Nous disons que l'homme souffre tant de misère imméritée pendant sa vie, que ce soit par la faute de ceux avec lesquels il est associé, ou à cause de son milieu, qu'il a droit assurément à un état parfait de calme et de repos, sinon de béatitude, avant de reprendre le fardeau de la vie. Mais nous pourrons examiner plus tard cette question en détail.

    POURQUOI LA THÉOSOPHIE EST-ELLE ACCEPTÉE ?

    QUESTION — Je vous comprends jusqu'à un certain point ; mais je vois que vos enseignements sont bien plus compliqués et plus métaphysiques que ceux du spiritisme ou de la pensée religieuse courante. Pourriez-vous donc me dire pourquoi ce système de Théosophie que vous défendez a soulevé à la fois tant d'intérêt et tant d'animosité ?

    LE THÉOSOPHE —II y a, je crois, plusieurs raisons à cela. Mentionnons, entre autres : l° la grande réaction provoquée par les théories grossièrement matérialistes qui prévalent actuellement parmi ceux qui exposent les doctrines scientifiques ; 2° le mécontentement général causé par la pseudo-théologie des différentes Églises chrétiennes et par le nombre chaque jour plus grand de sectes qui se font la guerre ; 3° la perception sans cesse grandissante du fait que les différentes croyances qui, de façon flagrante, sont contradictoires en elles-mêmes et en conflit mutuel ne peuvent pas être vraies, et que les prétentions qui ne sont pas vérifiées ne peuvent pas être authentiques ; cette défiance naturelle envers les religions traditionnelles ne fait encore que se renforcer lorsqu'on observe leur complète impuissance à préserver la morale et à purifier la société et les masses ; 4° la conviction de beaucoup de personnes, et la certitude d'un petit nombre, qu'il doit exister quelque part un système philosophique et religieux, qui soit scientifique, et non simplement spéculatif, et finalement, le sentiment qu'il conviendrait peut-être de chercher un tel système dans des enseignements bien antérieurs à toute croyance moderne.


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    QUESTION — Mais comment se fait-il que ce système soit promulgué précisément maintenant ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que les temps se sont révélés mûrs, comme le prouvent les efforts résolus que font aujourd'hui tant de chercheurs sérieux pour arriver à découvrir la vérité à n'importe quel prix et où qu'elle se trouve cachée. Devant cette constatation, les gardiens de cette vérité ont permis que quelques parties au moins en soient divulguées. Si la fondation de la Société Théosophique avait été retardée de quelques années, la moitié des peuples civilisés serait devenue aujourd'hui matérialiste à outrance, et l'autre moitié anthropomorphiste et phénoménaliste.

    QUESTION — Faut-il considérer la Théosophie comme étant, d'une manière ou d'une autre, une révélation ?

    LE THÉOSOPHE — En aucune façon, pas même au sens d'une divulgation nouvelle provenant directement d'êtres supérieurs surnaturels, ou même surhumains ; si révélation il y a, il faut la prendre au sens d'un « dévoilement » d'anciennes — de très anciennes — vérités à des intelligences qui ne les connaissaient pas jusqu'à présent et qui ignoraient même qu'une telle connaissance archaïque (10) existât et eût été préservée à travers les siècles.


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    QUESTION — Vous avez parlé de « persécution » . Si la vérité est telle que la Théosophie la présente, pourquoi a-t-elle rencontré tant d'opposition et pourquoi ne l'a-t-on pas acceptée plus largement ?

    LE THÉOSOPHE — Ici encore, pour de nombreuses et diverses raisons, l'une d'elles étant la haine éprouvée par beaucoup de personnes pour ce qu'elles appellent des « innovations » . L'égoïsme est essentiellement conservateur et déteste qu'on trouble sa tranquillité. Il préfère un mensonge, facile et accommodant, à la plus grande vérité, si celle-ci réclame de sa part le sacrifice du moindre bien-être. La force d'inertie mentale est grande face à tout ce qui ne promet aucun avantage ni aucune récompense dans l'immédiat. Notre époque est essentiellement non spirituelle et prosaïque. De plus, il faut considérer le caractère peu familier des enseignements de la Théosophie ; la nature très abstruse de ses doctrines, dont certaines contredisent absolument de nombreuses fantaisies humaines chères aux sectaires, et profondément ancrées dans les croyances populaires. Si nous ajoutons à cela les efforts personnels et la grande pureté de vie qui sont exigés de ceux qui désirent devenir disciples du cercle intérieur, ainsi que le très petit nombre de gens qui sont attirés par un code moral entièrement dépourvu de tout mobile égoïste, vous comprendrez facilement pourquoi le progrès de la Théosophie est condamné à être aussi lent et aussi pénible. C'est essentiellement la philosophie de ceux qui souffrent, qui ont perdu tout espoir d'être tirés de la fange de la vie par quelque autre moyen. En outre, l'histoire de n'importe quel système de croyance ou de morale, nouvellement implanté dans un sol étranger, montre que ses débuts ont toujours été entravés par tous les obstacles qu'ont pu faire naître l'obscurantisme et l'égoïsme. En vérité « la couronne de l'innovateur est une couronne d'épines ! ». La


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    démolition de vieux bâtiments vermoulus ne va jamais sans quelque danger.

    QUESTION — Tout ce que vous venez de dire concerne plutôt l'éthique et la philosophie de la S. T. Pouvez-vous me donner maintenant une idée générale de la Société elle-même, de ses buts et de ses statuts ?

    LE THÉOSOPHE — Tout cela n'a jamais été tenu secret. Posez vos questions, et vous recevrez des réponses précises.

    QUESTION — Mais j'ai entendu dire que vous étiez liés par des serments ?

    LE THÉOSOPHE — Seulement dans la Section Arcane ou « Ésotérique ».

    QUESTION — J'ai aussi entendu dire que certains membres, en quittant la Société, ne se croyaient plus liés par les serments qu'ils avaient prêtés. Ont-ils raison ?

    LE THÉOSOPHE — Cela prouve que l'idée qu'ils ont de l'honneur est très imparfaite. Comment peuvent-ils avoir raison ? Comme cela a été bien exprimé dans le Path (11), notre revue théosophique publiée à New York, où un pareil cas a été évoqué : « Supposons qu'un soldat passe en jugement pour avoir violé son serment et manqué à la discipline, et qu'il soit limogé en conséquence. Furieux contre la justice qui le frappe, et dont il connaissait pourtant d'avance les sanctions, voici que ce soldat passe à l'ennemi en colportant une information mensongère - en devenant ainsi espion et traître — pour se venger de son ancien Chef, en prétendant que sa punition l'a délié de son serment de loyauté à la cause qu'il servait. » Pensez-vous qu'il soit justifié à le faire ? Ne mérite-t-il pas d'être traité comme un homme sans honneur, comme un lâche ?


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    QUESTION — C'est mon opinion ; mais certains pensent différemment.

    LE THÉOSOPHE — Tant pis pour eux ! Nous reparlerons plus tard de cela, si vous voulez.


    NOTES DU CHAPITRE II

    (1) « Membre de la Société Théosophique » (N.d.T.).

    (2) « Theosophical Transactions of the Philadelphian Society » , Londres (1697). (N.d.T.)<o:p></o:p>

    (3) « Introduction to Theosophy, or the Science of the Mystery of Christ ; that is, of Deity, Nature, and Creature, embracing the philosophy of all the working powers of life, magical and spiritual, and forming a practical guide to the sublimest purity, sanctity, and evangelical perfection ; also to the attainment of divine vision, and the holy angelic arts, potencies, and other prerogatives of the regeneration » — Londres (1855). (N.d.T.) <o:p></o:p>

    (4) « Theosophical Miscellanies » (N.d.T.).

    (5) Un membre « affilié » est celui qui s'est joint à une branche particulière de la S.T. Un membre « non affilié » appartient à la Société en général, possède un diplôme du Quartier Général (Adyar, Madras) mais n'est en rapport avec aucune branche ou loge.

    (6) Cette expression rappelle le théâtre antique, où un dispositif mécanique était utilisé pour faire apparaître un dieu d'une façon spectaculaire aux yeux du public en vue de dénouer une situation difficile. D'une façon générale, H.P.B. utilise l'expression dans le sens d'un agent ou d'une influence de caractère inconnu intervenant pour produire un effet apparemment " miraculeux ". (N.d.T.)

    (7) Dans de pareils cas, nous disons que ce ne sont pas les esprits des morts qui descendent sur terre, mais bien les esprits des vivants qui montent vers les pures Âmes Spirituelles. En vérité, il n'y ni montée ni descente, mais un changement d'état ou de condition chez le médium. Le corps de celui-ci se paralyse, ou entre en « transe » , et son Ego spirituel, étant dégagé de ses entraves, se trouve sur le même plan de conscience que les esprits désincarnés. Il s'ensuit que, s'il y a attraction spirituelle entre lui et eux, ils peuvent entrer en communication, comme cela arrive souvent dans les rêves. Il y a, entre la nature du médium et celle du non-sensitif, la différence que voici : l'esprit du médium, une fois libéré, peut influencer les organes passifs de son corps physique en transe, afin de les faire agir, parler et écrire, suivant sa volonté. L'Ego peut faire répéter à son corps, à la manière d'un écho — et en langage humain — les pensées et idées de l'entité désincarnée, aussi bien que les siennes propres. Mais l'organisme non-réceptif, ou non-sensitif, de celui qui est très positif ne peut pas être influencé de la sorte. Aussi, bien qu'il n'existe guère d'être humain dont l'Ego ne communique pas librement, pendant le sommeil du corps, avec ceux qu'il a aimés et perdus, l'être, une fois réveillé, ne conserve dans sa mémoire aucun souvenir de cette communication, sinon sous une forme très confuse, semblable à un rêve, par suite du caractère positif et non réceptif de son enveloppe et de son cerveau physiques.

    (8) En anglais, le mot spiritualism, qui signifie spiritualisme, a été aussi employé, à partir du XIXème siècle, au sens de spiritisme dans les cercles anglosaxons, d'où une certaine ambiguïté dont H.P.B. profite ici pour opposer Théosophie et spiritisme (N.d.T.).

    (9) Voir p. 149 (Section VIII) « De l'individualité et de la personnalité » .

    (10) II est devenu « de bon ton », surtout depuis peu, de se railler de l'idée qu'il ait pu y avoir, dans les Mystères des grandes nations civilisées, comme celle des Égyptiens, des Grecs ou des Romains, autre chose que l'imposture des prêtres. Même les Rose-Croix n'auraient été, paraît-il, que des demi-fous, des demi-imposteurs. D'innombrables livres ont été écrits à leur sujet ; et on a vu des novices qui, quelques années auparavant, avaient à peine entendu mentionner leur nom, se présenter un beau jour comme des critiques avertis, et de profonds gnostiques, discourant sur l'alchimie, les philosophes du feu et le mysticisme en général. Pourtant, tout un ensemble d'hiérophantes dÉgypte, Chaldée, Inde et Arabie, ainsi que les plus grands philosophes et sages de la Grèce et de l'Occident, sont connus pour avoir compris toute connaissance sous la même désignation de sagesse et de science divine, car ils considéraient que la base et l'origine de tout art et de toute science étaient essentiellement divines. Platon tenait les Mystères pour extrêmement sacrés, et Clément d'Alexandrie, qui avait été lui-même initié aux Mystères d'Éleusis, a déclaré « que les doctrines qu'on y enseignait contenaient la fin de toute connaissance humaine » {Stromates, livre V, chapitre XI, N.d.T.]. Platon et Clément étaient-ils deux imposteurs, ou deux fous, nous demandons-nous, ou peut-être les deux à la fois ?

    (11) The Path, Vol. IV, juillet 1889, p. 98 (N.d.T.).



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    III

    L'ORGANISATION DE LA S.T. (1)


     

    LES BUTS DE LA SOCIÉTÉ

    QUESTION — Quels sont les buts de la « Société Théosophique » ?

    LE THÉOSOPHE — Ils sont, et ont été dès le commencement, au nombre de trois : 1° former le noyau d'une Fraternité Universelle de l'Humanité, sans distinction de race, de couleur, ou de croyance ; 2° encourager l'étude des Écritures aryennes et autres Écritures, des religions et des sciences du monde, et prouver l'importance de l'ancienne littérature asiatique, notamment celle des philosophies brahmanique, bouddhique et zoroastrienne ; 3° étudier sous tous les aspects possibles les mystères cachés de la Nature, et spécialement les pouvoirs psychiques et spirituels latents dans l'homme. Voilà, exposés dans les grandes lignes, les trois buts principaux de la Société Théosophique.

    QUESTION — Pouvez-vous me donner des renseignements plus détaillés à leur sujet ?

    LE THÉOSOPHE — Nous pouvons diviser ces trois buts en autant de clauses explicatives qu'il peut paraître nécessaire.


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    QUESTION — Commençons donc par le premier. Quel moyen emploieriez-vous pour éveiller le sentiment de fraternité entre des races qui, comme on le sait, diffèrent tellement entre elles par les religions, les coutumes, les croyances et les façons de penser ?

    LE THÉOSOPHE — Permettez-moi d'ajouter ce que vous paraissez ne pas vouloir exprimer. On sait, bien sûr, que, si on met à part deux vestiges de races — les Parsis et les Juifs — non seulement les nations sont opposées les unes aux autres, mais chacune est en proie, en outre, à des divisions intérieures. Tel est le cas surtout des nations chrétiennes, soi-disant civilisées. Voilà pourquoi vous êtes étonné, et pourquoi notre premier but vous apparaît comme une utopie, n'est-ce pas ?

    QUESTION — Eh bien, oui ! Mais qu'avez-vous à objecter à cela ?

    LE THÉOSOPHE —Je ne nie pas le fait, mais j'aurais beaucoup à dire sur la nécessité de supprimer les causes qui font, à présent, de la Fraternité Universelle une utopie.

    QUESTION — Quelles sont ces causes, selon vous ?

    LE THÉOSOPHE — D'abord et surtout l'égoïsme foncier de la nature humaine. Au lieu d'être extirpé, cet égoïsme se trouve journellement fortifié et stimulé pour donner lieu à un sentiment féroce et irrésistible, par l'effet de l'éducation religieuse actuelle, qui tend non seulement à l'encourager mais manifestement à le justifier. Les notions qu'ont les gens du bien et du mal ont été entièrement faussées par l'acceptation littérale de la Bible hébraïque. Toute l'abnégation contenue dans les enseignements altruistes de Jésus est devenue tout simplement un sujet théorique se prêtant aux envolées oratoires du haut de la chaire ; au contraire, les préceptes d'égoïsme pratique enseignés dans la Bible mosaïque, et contre lesquels le Christ a si vainement prêché, se sont enracinés dans le tréfonds de la vie des nations occidentales. « Œil pour œil, dent pour dent » est devenu la première maxime de votre code légal. Or, je dis ouvertement et sans crainte que seule la Théosophie peut éliminer la perversité de cette doctrine, et de tant d'autres.


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    L'ORIGINE COMMUNE DES HOMMES

    QUESTION — Comment cela ?

    LE THÉOSOPHE — Tout simplement en démontrant les points suivants, par des arguments logiques, philosophiques, métaphysiques et même scientifiques : a) tous les hommes ont spirituellement et physiquement, la même origine, ce qui est l'enseignement fondamental de la Théosophie ; b) puisque l'humanité est essentiellement d'une seule et même essence, et que cette essence est une — infinie, incréée et éternelle, que nous l'appelions Dieu ou la Nature — il s'ensuit que rien ne peut influencer une nation ou un homme, sans influencer en même temps toutes les autres nations et tous les autres hommes. Cela est aussi certain et aussi évident que l'effet d'une pierre jetée dans un étang : la perturbation créée finit nécessairement par mettre en mouvement chacune des gouttes d'eau qui s'y trouvent.

    QUESTION — Tel n'est pas l'enseignement du Christ : c'est plutôt une notion panthéiste.

    LE THÉOSOPHE — C'est là qu'est votre erreur. Cette idée est purement chrétienne, bien que non judaïque. Et c'est peut-être pourquoi vos nations qui suivent la Bible préfèrent l'ignorer.

    QUESTION — Pareille accusation est injuste et beaucoup trop catégorique. Sur quelles preuves appuyez-vous une telle assertion ?

    LE THÉOSOPHE — Mes preuves sont là, à portée de la main. On fait dire au Christ : « Aimez-vous les uns les autres » , et « Aimez vos ennemis [...] car si vous aimez [uniquement] ceux qui vous aiment, quel salaire [ou mérite] aurez-vous ? Les publicains (2) eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne


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    saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les publicains ne le font-ils pas aussi ? » (3) Ce sont les paroles mêmes du Christ. Mais il est dit dans la Genèse (9, 25) : « Maudit soit Chanaan ! Qu'il soit pour ses frères l'esclave des esclaves !  ». Voilà pourquoi les gens qui sont chrétiens mais qui en réalité suivent la Bible préfèrent la loi de Moïse à la loi d'amour du Christ. Ils fondent sur l'Ancien Testament, qui complaisamment se prête à toutes leurs passions, leurs lois de conquête, d'annexion et de tyrannie envers les races qu'ils qualifient d'inférieures. Quels crimes n'a-t-on pas commis sur la foi de ce passage infernal de la Genèse (s'il est pris dans le sens de la lettre morte) ! Seule, l'histoire peut nous en donner une idée, bien qu'elle reste insuffisante (4).


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    QUESTION — Je vous ai entendu dire que l'identité de notre origine physique est prouvée par la science, et celle de notre origine spirituelle par la Religion-Sagesse. Cependant les darwinistes ne font pas montre d'une grande affection fraternelle.

    LE THÉOSOPHE — C'est parfaitement vrai. C'est justement ce qui montre l'insuffisance des systèmes matérialistes et qui prouve que c'est nous, théosophes, qui avons raison. Savoir que nous avons une même origine physique ne stimule pas en nous des sentiments plus élevés et plus profonds. La matière, privée de son âme et de son esprit, c'est-à-dire de son essence divine, ne peut parler au coeur humain. Mais l'identité de l'âme et de l'esprit, de l'homme réel et immortel, ainsi que la Théosophie nous l'enseigne, une fois démontrée et bien enracinée dans notre cœur, devrait nous conduire loin sur le chemin de la vraie charité et de la bienveillance fraternelle.

    QUESTION — Mais comment la Théosophie explique-t-elle l'origine commune de l'humanité ?

    LE THÉOSOPHE — En enseignant que la racine de toute la Nature, objective et subjective, et de tout ce qui peut exister d'autre dans l'univers, visible et invisible, est, a été, et sera toujours une essence unique absolue, d'où tout émane et au sein de laquelle tout retourne. Telle est la philosophie aryenne, qui n'est complètement représentée que dans les systèmes védantique et bouddhique. Avec cet objet en vue, c'est le devoir de tous les théosophes de contribuer par tous les moyens pratiques, et dans tous les pays, à répandre une éducation non sectaire.

    QUESTION — Mais, en dehors de cela, qu'est-ce que les statuts écrits de votre société conseillent à vos membres de faire ?


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    LE THÉOSOPHE — Dans le but d'éveiller le sentiment de fraternité parmi les nations, prêter notre concours à l'échange international des arts et produits utiles, en fournissant conseils et informations, et en coopérant avec tous les individus et associations dignes d'intérêt (à condition toutefois, ajoutent les statuts, « qu'aucun bénéfice ou pourcentage ne soit prélevé par la Société ou les " membres " pour leurs services dans le cadre de la S.T. »  Par exemple, pour prendre une illustration pratique, l'organisation de la société, telle qu'elle est décrite par Edward Bellamy dans son ouvrage magnifique Cent Ans après ou l'An 2000 (5), représente admirablement l'idée théosophique de ce que devrait être le premier grand pas vers la pleine réalisation de la fraternité universelle. L'état des choses qu'il décrit n'atteint pas la perfection, car l'égoïsme existe toujours et continue d'agir dans le cœur des hommes. Mais, dans l'ensemble, l'égoïsme et l'individualisme ont été surmontés par le sentiment de solidarité et de mutuelle fraternité, et le mode de vie qu'il nous présente réduit au minimum les causes tendant à créer et à entretenir l'égoïsme.

    QUESTION — En ce cas, en tant que théosophes, vous prendrez part à un effort en vue de réaliser un tel idéal ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement, et nous l'avons prouvé par l'action. N'avez-vous pas entendu parler des clubs « nationalistes » , ainsi que du parti « nationaliste » (6), qui ont été créés


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    en Amérique depuis la publication du livre de Bellamy ? Ils sont en train de s'affirmer d'une façon évidente, et le feront de plus en plus dans l'avenir. Eh bien ! ces clubs et ce parti ont été lancés au tout début par des théosophes. Un des premiers, le club nationaliste de Boston, a pour Président et Secrétaire des théosophes, et la majorité de ses membres exécutifs appartiennent à la S.T. La constitution de ces clubs et du parti qu'ils forment montrent clairement l'influence de la Théosophie et de la Société, car ils ont pris pour base, et pour premier principe fondamental, la fraternité de l'humanité telle que l'enseigne la Théosophie. Il est dit dans leur déclaration de principes :  « Le principe de la fraternité de l'humanité est l'une des vérités éternelles qui gouvernent le progrès du monde selon des voies qui distinguent la nature humaine de la brute » . Qu'y-a-t-il de plus théosophique que cela ? Mais ce n'est pas suffisant. Il importe aussi de faire pénétrer parmi les hommes l'idée que, si la racine de l'humanité est une, il doit exister également une seule vérité qui trouve son expression dans toutes les différentes religions — excepté dans la religion juive, car vous ne la trouvez pas exprimée même dans la cabale.

    QUESTION — Ceci fait référence à l'origine commune des religions ; il se peut que vous ayez raison sur ce point. Mais comment cela s'applique-t-il à la fraternité pratiquée sur le plan physique ?

    LE THÉOSOPHE — D'abord, parce que ce qui est vrai sur le plan métaphysique doit l'être aussi sur le plan physique. Ensuite, parce qu'il n'y a pas de source plus fertile de haines et de luttes que les différends religieux. Lorsqu'un groupe ou un autre se croit seul possesseur de la vérité absolue, il est tout naturel qu'il considère en même temps les autres comme étant complètement sous l'empire de l'Erreur ou du Diable. Faites comprendre une bonne fois aux hommes qu'aucun d'eux ne possède toute la vérité mais que leurs points de vue se complètent mutuellement, et que l'on ne peut trouver l'entière vérité que dans la combinaison de tous ces points de vue, après en avoir éliminé ce que chacun d'eux avait de faux, alors, la véritable fraternité en matière de religion sera établie. Le même raisonnement s'applique au monde physique.


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    QUESTION — Poursuivez votre explication, je vous en prie.

    LE THÉOSOPHE — Prenons un exemple : une plante se compose d'une racine, d'une tige et de nombreuses pousses et feuilles. De même que l'humanité, prise dans son ensemble, constitue la tige qui sort de la racine spirituelle, de même la tige peut être considérée comme constituant l'unité de la plante. Infligez une blessure à la tige, et il est évident que toutes les pousses et toutes les feuilles en souffriront. Il en est de même avec l'humanité.

    QUESTION — Oui, mais si vous blessez une feuille ou une pousse, vous n'infligez pas une blessure à toute la plante.

    LE THÉOSOPHE — Et, par conséquent, vous croyez qu'en portant atteinte à un seul homme vous ne nuisez pas à toute l'humanité ? Mais comment pouvez-vous le savoir ? Ignorez-vous que la science matérialiste elle-même enseigne que le moindre dommage causé à une plante peut influencer le cours entier de sa croissance et de son développement futurs ? L'analogie est donc parfaite, et c'est vous qui êtes dans l'erreur. Si, cependant, vous oubliez que le corps entier peut souvent souffrir d'une coupure à un doigt, et que cette blessure peut réagir sur tout le système nerveux, à plus forte raison devrais-je vous rappeler qu'il peut fort bien exister d'autres lois spirituelles qui agissent sur les plantes et sur les animaux comme sur l'humanité, même si vous en niez peut-être l'existence, du fait que vous ne reconnaissez pas leur action sur les plantes et sur les animaux.

    QUESTION — De quelles lois parlez-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Nous les appelons les lois karmiques. Mais vous ne comprendrez pas la pleine signification de ce terme à moins d'étudier l'Occultisme. Cependant, mon argument s'appuie en fait sur l'analogie avec la plante et non sur l'hypothèse de l'existence de ces lois. Développez cette idée, appliquez-la universellement, et vous verrez bientôt que, dans la véritable philosophie, toute action physique entraîne nécessairement


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    un effet moral et perpétuel. Si vous nuisez à un homme en lui faisant un mal physique, vous penserez peut-être que son mal et sa douleur ne pourront en aucune manière s'étendre à ses voisins, et encore moins aux hommes des autres nations. Nous affirmons, au contraire, qu'ils le feront en temps voulu. Voilà pourquoi nous disons que les sentiments fraternels prêchés par tous les grands réformateurs, et en particulier par le Bouddha et par Jésus, ne seront possibles sur terre que lorsque tous les hommes seront amenés à comprendre et à admettre, comme une vérité axiomatique, qu'on ne peut nuire à un seul homme sans nuire en même temps, non seulement à soi-même, mais, en définitive, à l'humanité entière.

    NOS AUTRES BUTS

    QUESTION — Pourriez-vous m'expliquer maintenant par quelles méthodes vous vous proposez de réaliser votre second but ?

    LE THÉOSOPHE — En rassemblant pour la bibliothèque de notre quartier général d'Adyar-Madras (les membres des Branches faisant d'ailleurs de même pour leurs bibliothèques locales) tous les bons ouvrages que nous pouvons trouver sur les religions du monde ; en mettant sous forme écrite des informations correctes concernant les diverses philosophies, traditions et légendes du passé, et en les diffusant largement par tous les moyens utilisables, par exemple en traduisant et publiant des ouvrages originaux de valeur, ainsi que des extraits de ces ouvrages et des commentaires à leur sujet, ou encore en organisant des cours ou conférences avec des personnes instruites dans leurs domaines respectifs.

    QUESTION —Et en ce qui concerne le troisième but : développer dans l'homme ses pouvoirs spirituels ou psychiques latents ?

    LE THÉOSOPHE — Ceci doit se faire aussi au moyen de publications dans les lieux où il n'est pas possible de donner des conférences ou des enseignements directs à des personnes. Notre


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    devoir est de maintenir vivantes chez l'homme ses intuitions spirituelles ; de nous opposer à la bigoterie et d'annuler ses effets, après l'avoir analysée judicieusement et avoir fourni les preuves de son caractère irrationnel, quelle que soit la forme de cette bigoterie, religieuse, scientifique ou sociale, et surtout de combattre la fausse piété, que ce soit sous la forme du sectarisme religieux ou de la croyance aux miracles, ou à quoi que ce soit de surnaturel. Ce qui nous incombe, c'est de chercher à obtenir la connaissance de toutes les lois de la Nature et de la répandre ; d'encourager l'étude de ces lois qui sont si mal comprises par l'humanité moderne — ce qu'on appelle les sciences occultes, qui sont en réalité basées sur la vraie connaissance de la Nature, et non, comme elles le sont actuellement, sur des croyances superstitieuses fondées sur la foi aveugle et une autorité irrationnelle. Les légendes et traditions populaires, quelque fantastiques qu'elles soient dans certains cas, conduisent, si on les analyse soigneusement, à la découverte d'importants secrets de la Nature perdus depuis longtemps. Ainsi la Société vise à poursuivre cette ligne de recherches, dans l'espoir d'élargir le champ de l'observation scientifique et philosophique.

    DU CARACTÈRE SACRÉ DU SERMENT

    QUESTION — Avez-vous un système particulier d'éthique appliqué dans la Société ?

    LE THÉOSOPHE — Les principes de l'éthique sont là, clairement définis et à la portée de quiconque veut les suivre. Ils constituent la crème et l'essence de l'éthique universelle, recueillies dans les enseignements de tous les grands réformateurs du monde entier. Vous y trouverez donc représentés Confucius et Zoroastre, Lao-Tseu et la Bhagavad Gîtâ, les préceptes de Gautama le Bouddha et de Jésus de Nazareth, ceux d'Hillel et de ses disciples, ainsi que ceux de Pythagore, de Socrate, de Platon et de leurs écoles.

    QUESTION — Mais les membres de votre Société suivent-ils ces


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    préceptes ? J'ai entendu dire qu'il y avait entre eux de graves dissensions et des querelles.

    LE THÉOSOPHE — C'est tout à fait normal car, bien qu'on puisse dire que la réforme (dans sa présentation actuelle) soit nouvelle, les hommes et les femmes qu'il s'agirait de réformer possèdent la même nature humaine pécheresse qu'autrefois. Comme nous l'avons dit, les membres actifs sérieux sont peu nombreux ; par contre, nombreuses sont les personnes sincères et bien disposées qui font de leur mieux pour vivre conformément à leur propre idéal et à celui de la Société. Il est de notre devoir d'aider et d'encourager chaque membre à se perfectionner lui-même, intellectuellement, moralement et spirituellement ; mais nous ne devons ni blâmer ni condamner ceux d'entre eux qui échouent dans cette entreprise. Nous n'avons, strictement parlant, aucun droit de refuser l'admission de qui que ce soit, surtout dans la Section Ésotérique de la Société dans laquelle « celui qui entre est comme né de nouveau » . Mais si un membre, en dépit de ses serments solennels sur sa parole d'honneur, et au nom de son Soi immortel, choisit après cette « nouvelle naissance » — avec l'homme nouveau — de continuer d'entretenir les vices et les défauts de son ancien mode de vie et de s'y complaire encore au sein de la Société, alors, bien sûr, on lui demandera très probablement de donner sa démission et de se retirer ; et s'il refuse, il s'exposera à l'expulsion. Nous avons, pour les cas extrêmes de ce genre, les règles les plus strictes.

    QUESTION — Pouvez-vous mentionner certaines d'entre elles ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément. En premier lieu, aucun membre de la Société, exotérique ou ésotérique, n'a le droit d'imposer ses opinions personnelles à un autre membre. « II n'est pas licite, pour tout représentant officiel de la Société Mère, d'exprimer publiquement, en parole ou en acte, une hostilité ou une préférence marquée pour une section (7) quelconque, religieuse


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    ou philosophique. Tous les hommes ont un droit égal à voir les caractéristiques essentielles de leur croyance religieuse exposées devant le tribunal d'un monde impartial, et aucun représentant officiel de la Société, dans l'exercice de ses fonctions, n'a le droit de prêcher ses propres idées et croyances sectaires à une assemblée de membres, sauf si l'auditoire est formé de coreligionnaires. Après un avertissement en bonne forme, la violation de cette règle est punissable de suspension ou d'expulsion » . C'est là une des fautes envers la Société considérée dans son ensemble. En ce qui concerne la section intérieure, qu'on appelle maintenant la section Ésotérique, voici les règles qui avaient été formulées et adoptées dès 1880 : « Nul membre ne devra faire égoïstement usage d'aucune des connaissances que lui aura communiquées un membre de la première section (actuellement un « degré » supérieur) ; toute infraction à cette règle sera punie d'expulsion » . Toutefois, avant qu'aucune connaissance de ce genre puisse être communiquée, celui qui désire la recevoir doit s'engager solennellement à ne pas en faire usage à des fins égoïstes et à n'en rien révéler sans autorisation.

    QUESTION — Mais si quelqu'un est expulsé, ou s'il démissionne de la Section Ésotérique, est-il libre de révéler ce qu'il a pu apprendre, ou d'enfreindre l'une quelconque des clauses du serment par lequel il s'était lié ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement pas. Son expulsion ou sa démission ne le délie que de son obligation d'obéissance à l'instructeur, et de son devoir de prendre une part active aux travaux de la Société, mais certainement pas de son serment sacré de préserver le secret.

    QUESTION — Mais est-ce raisonnable et juste ?

    LE THÉOSOPHE — Très certainement. Pour tout homme ou toute femme qui posséde le moindre sentiment de l'honneur, un serment de secret prêté en engageant sa parole d'honneur et, à plus forte raison, en invoquant son Soi Supérieur — le Dieu intérieur — doit lier jusqu'à la mort. Et, même après avoir quitté la Section


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    et la Société, aucun homme, aucune femme d'honneur ne saurait s'aviser de se retourner contre un organisme envers lequel il, ou elle, s'était engagé par serment, pour l'attaquer ou lui nuire.

    QUESTION — Mais n'est-ce pas trop exiger ?

    LE THÉOSOPHE — Peut-être, au gré du jugement moral actuel qui est de bas niveau. Mais à quoi sert un serment s'il ne nous lie même pas à cela ? Comment peut-on s'attendre à recevoir des connaissances secrètes si l'on peut, à sa guise, s'affranchir de tous les engagements qu'on a contractés ? Quelle sécurité, quelle confiance, quel crédit existeraient entre les hommes si des serments de ce genre pouvaient n'avoir réellement aucune force de contrainte ? Croyez-moi, la loi de rétribution (karma) ne tarderait pas à rattraper quiconque briserait ainsi son serment, et peut-être aussi promptement que le ferait le mépris de tout homme d'honneur, même sur ce plan physique. Comme l'exprime très bien la revue The Path, de New-York, que nous avons déjà citée à ce sujet : « Un serment une fois prêté engage un homme à jamais, dans le monde moral aussi bien que dans les mondes occultes. Si nous le violons une fois et si nous en sommes punis, nous ne sommes pas justifiés pour autant à le violer de nouveau ; aussi longtemps que nous le ferons, le puissant balancier de la Loi (de karma) réagira sur nous » . {The Path, Vol. IV, juillet 1889, pp. 98-9).


    NOTES DU CHAPITRE  III

    (1) Voir (  " APPENDICE  1 " ) les règles officielles de la S.T.. N.B. « S.T.  » est, rappelons-le, une abréviation pour « Société Théosophique » .

    (2) Les publicains étaient considérés, en ce temps-là, comme des voleurs et des filous. Chez les juifs, le nom et la profession de publicain étaient ce qu'il y avait de plus détestable au monde. On ne leur permettait pas d'entrer au Temple, et Matthieu (18, 17) parle d'un païen et d'un publicain comme de personnes similaires. Pourtant, les publicains n'étaient que les percepteurs des impôts romains, à la même enseigne que les fonctionnaires anglais en Inde, et dans d'autres pays conquis.

    (3) Matthieu (5, 44-47) (N.d.T.).

    (4) À la fin du Moyen Âge, l'esclavage, cédant au pouvoir des forces morales, avait presque entièrement disparu de l'Europe ; mais deux événements très importants eurent lieu qui l'emportèrent sur ces forces morales à l'œuvre dans la société européenne, et déchaînèrent sur la terre une foule de calamités comme n'en avait peut-être jamais connu l'humanité. L'un de ces événements fut le premier voyage d'un navire vers une côte peuplée et barbare où le trafic des êtres humains était chose coutumière. L'autre fut la découverte d'un nouveau monde, où se trouvaient des mines d'une richesse fabuleuse, qui n'attendaient que la main-d'œuvre pour être exploitées. Durant quatre cents ans, des hommes, des femmes et des enfants furent arrachés à tous ceux qu'ils connaissaient et aimaient, et furent vendus sur la côte d'Afrique à des négociants étrangers ; pendant l'épouvantable traversée de l'Océan [middle passage], ils étaient enchaînés à fond de cale, les morts étant souvent attachés aux vivants. Selon Bancroft, historien impartial, sur 3.250.000 de ces malheureux 250.000 furent, pendant cette fatale traversée, jetés à la mer tandis que les survivants devaient être livrés à une misère inouïe dans les mines, ou sous le fouet des planteurs, dans les champs de canne à sucre et dans les rizières. La responsabilité de ce grand crime pèse sur l'Église chrétienne. Le Gouvernement espagnol (catholique romain) conclut, « au nom de la très Sainte Trinité » , plus de dix traités autorisant la vente de 500.000 êtres humains. En 1562, sur un vaisseau qui portait le nom sacré de Jésus, Sir John Hawkins entreprit un voyage diabolique pour aller acheter des esclaves en Afrique afin de les revendre aux Antilles ; et Elisabeth, la reine protestante, le récompensa pour le succès de cette expédition, la première accomplie par les Anglais dans ce commerce inhumain, en l'autorisant à mettre sur ses armoiries « un demi-Maure, de sa couleur naturelle attaché par une corde, ou, en d'autres termes, un esclave noir enchaîné » . Conquests of the Cross [Conquêtes de la Croix] (citation tirée de l'Agnostic Journal).

    (5) Edward Bellamy, Looking Backward, 2000-1887. États-Unis 1887. Nouvelle édition, New York : Random House, Inc., 1951. Édition française, trad. Paul Rey, Paris : E. Dentu éditeur 1891. Réédition, Paris : Elie Pizzoli, 1978. (N.d.T.).

    (6) H.P.B. se réfère au Nationalisme, mouvement né aux États-Unis avec Edward Bellamy après la parution de Cent Ans après. Largement inspiré par l'idéal de la fraternité entre les hommes et de l'égalité économique et sociale, il préconisait la nationalisation de certaines institutions, d'où le mot Nationalisme — qui pourrait prêter à confusion. Les « clubs nationalistes » furent d'abord soutenus par les théosophes américains mais perdirent l'appui de ces derniers (en 1890) lorsqu'ils se furent impliqués dans le domaine politique. (N.d.T.).

    (7) Une « branche » , ou loge, composée uniquement de coreligionnaires, ou branche in partibus, comme on dit maintenant pompeusement.



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    IV

    LES RELATIONS DE LA   SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE
    AVEC LA THÉOSOPHIE


     

    DU PERFECTIONNEMENT DE SOI

    QUESTION — Est-ce donc sur l'élévation morale que votre Société insiste spécialement ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement ! Celui qui veut devenir un véritable théosophe doit s'efforcer de vivre comme tel.

    QUESTION — S'il en est ainsi, comme je l'ai déjà fait remarquer, la conduite de certaines membres dément singulièrement cette règle fondamentale.

    LE THÉOSOPHE — C'est effectivement vrai. Mais cela n'est pas plus évitable parmi nous que parmi ceux qui prennent le nom de chrétiens mais agissent en démons. La faute n'incombe pas à nos statuts ni à nos règles, mais relève de la nature humaine. Même dans certaines branches publiques exotériques, les membres prêtent serment sur leur « Soi Supérieur » de mener effectivement la vie prescrite par la Théosophie. Ils doivent faire appel à leur Soi Divin pour guider chacune de leurs pensées et de leurs actions, tous les jours et à tous les moments de leur vie. Un véritable théosophe devrait « agir avec justice et marcher avec humilité ».

    QUESTION — Que voulez-vous dire par là ?


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    LE THÉOSOPHE — Tout simplement ceci : le soi d'un homme doit s'oublier pour le bien du soi des autres hommes. Permettez-moi de vous répondre avec les paroles d'un vrai philalèthe, membre de la S. T., qui a si admirablement exprimé cette pensée dans le Theosophist : « Le besoin le plus urgent pour un homme est de se découvrir lui-même, puis de faire loyalement l'inventaire de ses possessions subjectives : aussi mauvais ou proche de la faillite que soit son bilan, il n'est pas sans rédemption possible si l'individu se met sérieusement à l'ouvrage. » Mais combien agissent ainsi ? Tous veulent travailler à leur propre développement et leur progrès personnel ; très peu sont disposés à travailler pour ceux d'autrui. Citons encore une fois le même auteur : « Les hommes se sont laissé trop longtemps abuser et induire en erreur ; il faut qu'ils brisent leurs idoles et rejettent leurs illusions trompeuses, pour se mettre à œuvrer pour eux-mêmes  —  mais, en vérité, il y a là un petit mot de trop ; car celui qui œuvre pour lui-même ferait mieux de ne pas le faire du tout. Qu'il œuvre plutôt pour autrui, pour tous. Pour chaque fleur d'amour et de charité qu'il plantera dans le jardin de son prochain, une désagréable mauvaise herbe disparaîtra du sien ; et, de cette manière, ce jardin des dieux — l'humanité — fleurira comme une rose. Ceci est dit très clairement dans toutes les Bibles, toutes les religions ; mais des hommes intrigants se sont mis à les interpréter de façon erronée, pour finir par les mutiler, les matérialiser et les priver de sens. Point n'est besoin d'une révélation nouvelle. Que chaque homme soit à lui-même sa propre révélation. Que l'esprit immortel de l'homme prenne une bonne fois possession du temple de son corps, qu'il en chasse les marchands et toute l'impureté qui s'y trouve, alors sa propre humanité divine le rachètera ; car, lorsqu'il sera ainsi en communion avec lui-même, il connaîtra le "bâtisseur du Temple" ».

    QUESTION — C'est là du pur altruisme, je l'avoue.

    LE THÉOSOPHE — Oui. Si un seul membre sur dix de la S.T. mettait cela en pratique, nous serions un vrai groupe d'élus. Mais, il y a, parmi ceux qui n'appartiennent pas à la Société, des


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    gens qui refuseront toujours de voir la différence essentielle entre la Théosophie et la Société Théosophique, entre l'idée et son imparfait véhicule. Ces personnes-là rendraient responsable de tous les péchés et défauts de son véhicule — le corps humain — l'esprit pur qui répand sur celui-ci sa lumière divine. Est-ce là rendre justice aux deux ? Ils jettent la pierre à une association qui s'efforce, contre vents et marées, de s'élever à la hauteur de l'idéal qu'elle propage dans le monde. Les uns dénigrent la Société Théosophique pour la seule raison qu'elle ose tenter de réaliser ce en quoi d'autres systèmes — l'Église et le christianisme d'État, principalement — ont échoué de toute évidence ; les autres, parce qu'ils voudraient bien conserver l'actuel état de choses où Pharisiens et Sadducéens occupent le siège de Moïse, tandis que publicains et pécheurs s'amusent dans les lieux publics de plaisir, comme au temps de la décadence de l'empire romain. En tout cas, les gens équitables devraient se souvenir que, dans ce monde de possibilités relatives, celui qui fait tout ce qu'il peut fait autant que celui qui accomplit le plus. C'est là une vérité banale, un axiome qui, pour ceux qui croient aux Évangiles, est confirmé par la parabole des talents donnée par leur Maître : le serviteur qui avait reçu deux talents et en avait gagné deux autres fut récompensé autant que celui qui en avait reçu cinq. À chacun il est donné « selon ses capacités ».

    QUESTION — Mais il est assez difficile de définir la limite entre l'abstrait et le concret dans ce cas, car ce n'est que d'après ce dernier que nous pouvons juger.

    LE THÉOSOPHE — Alors, pourquoi faites-vous une exception pour la S. T. ? La justice, comme la charité, doit commencer par soi-même. Allez-vous mépriser et tourner en ridicule le « Sermon sur la Montagne », sous prétexte que vos lois sociales, politiques et même religieuses, n'ont pas réussi, jusqu'à présent, à mettre ses préceptes en pratique, non seulement dans l'esprit, mais même à la lettre ? Abolissez donc le serment dans les Palais de justice, dans l'armée, au Parlement, et partout, et faites comme les quakers, si vous voulez vraiment vous appeler des chrétiens. Abolissez les Palais de justice eux-mêmes, car, si vous voulez


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    suivre les Commandements du Christ (l), vous devrez donner votre manteau à celui qui vous prend votre tunique, et présenter votre joue gauche au rustre qui vous frappe sur la droite. « Ne résistez pas au mauvais, aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous persécutent, faites le bien à ceux qui vous haïssent » , car «  celui qui violera un seul de ces commandements les plus petits et enseignera aux hommes à faire ainsi sera déclaré le plus petit dans le Royaume des Cieux » ; et « celui qui dira : Fou ! sera passible de la géhenne du feu » . Et pourquoi jugeriez-vous, si vous ne voulez pas être jugé à votre tour ? Si vous insistez sur le fait qu'il n'y a pas de différence entre la Théosophie et la Société Théosophique, vous exposez le système et l'essence même du christianisme aux mêmes accusations, mais plus gravement encore.

    QUESTION — Pourquoi plus gravement ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que, tandis que les leaders du Mouvement théosophique, en reconnaissant pleinement leurs limitations, font tout leur possible pour mieux faire et pour extirper le mal qui existe dans la Société, et tandis que les règles et statuts de celle-ci sont inspirés par l'esprit de la Théosophie, les législateurs et les Églises des nations et des pays soi-disant chrétiens font tout le contraire. Nos membres, même les pires d'entre eux, ne sont pas plus mauvais que le chrétien moyen. De plus, si les théosophes occidentaux éprouvent tant de difficulté à mener la véritable vie théosophique, c'est parce qu'ils sont tous enfants de leur génération. Chacun d'eux a été chrétien au départ, est né et a été élevé dans le cadre des sophismes de son Église, ainsi que dans les coutumes sociales et les lois paradoxales de son milieu. Voilà ce que chacun a été avant de devenir théosophe, ou plutôt membre de la Société qui évoque ce nom. Car, on ne saurait trop le répéter, il existe une différence des plus importantes entre l'idéal abstrait et son véhicule.


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    L ABSTRAIT ET LE CONCRET

    QUESTION — Veuillez expliquer un peu plus clairement en quoi consiste cette différence.

    LE THÉOSOPHE — La Société est une vaste association d'hommes et de femmes formée des éléments les plus hétérogènes. La Théosophie, dans son sens abstrait, est la Sagesse Divine, ou l'agrégat des connaissances et de la sagesse qui sont à la base de l'Univers — l'homogénéité du BIEN éternel. Dans son sens concret, elle est l'ensemble complet des éléments de cette Théosophie abstraite que l'homme a obtenu de la Nature sur cette terre, et rien de plus. Certains membres cherchent sérieusement à réaliser la Théosophie et la rendre, pour ainsi dire, objective dans leur vie ; tandis que d'autres ne désirent que s'informer à son sujet, sans vouloir la mettre en pratique. Il y en a d'autres encore qui ne se sont joints à la Société que par curiosité, ou par suite d'un intérêt passager, ou bien encore parce que certains de leurs amis en faisaient partie. Comment alors peut-on juger le système théosophique d'après ceux qui s'arrogent le titre de théosophes sans avoir le droit de le porter ? Juge-t-on la poésie, ou sa muse, d'après ces soi-disant poètes qui affligent nos oreilles ? De même, la Société ne saurait être considérée comme l'expression vivante de la Théosophie que dans les motifs abstraits qu'elle poursuit ; elle n'aura jamais la présomption de s'en déclarer le véhicule concret, aussi longtemps que les imperfections et faiblesses humaines se trouveront toutes représentées dans son sein ; autrement, la Société ne ferait que répéter la grande erreur et les sacrilèges en série des soi-disant Églises du Christ. S'il est permis d'utiliser des métaphores orientales, la Théosophie est l'océan sans rivages de la vérité, de l'amour et de la sagesse universels, qui reflète sa splendeur sur la terre ; tandis que la Société Théosophique n'est qu'une bulle visible à la surface de cette réflexion. La Théosophie est la nature divine, visible et invisible ; sa Société est la nature humaine, s'efforçant de s'élever jusqu'à son parent divin. Enfin, la Théosophie est comparable au soleil immuable et éternel, sa Société à la comète


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    fugitive qui cherche à s'établir dans une orbite pour pouvoir se changer en planète, tournant à jamais dans le champ d'attraction du soleil de la vérité. La Société a été fondée pour contribuer à démontrer aux hommes qu'il existe une chose telle que la Théosophie, et pour les aider à s'élever vers elle par l'étude et par l'assimilation de ses vérités éternelles.

    QUESTION — Je croyais que vous aviez dit que vous n'aviez en propre ni dogmes ni doctrines ?

    LE THÉOSOPHE — Nous n'en avons pas, en effet. La Société n'a aucune sagesse à elle qu'elle doive défendre ou enseigner. Elle est simplement dépositaire de toutes les vérités énoncées par les grands voyants, initiés et prophètes des âges historiques et même préhistoriques — du moins, de tout ce qu'elle peut en rassembler. Elle est donc simplement le canal par lequel est répandu dans le monde un fragment plus ou moins grand de la vérité qui se trouve dans la somme des enseignements des grands instructeurs de l'humanité.

    QUESTION — Mais une telle vérité est-elle inaccessible en dehors de la Société ? Toutes les Églises ne prétendent-elles pas la même chose ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. L'existence indéniable de grands Initiés — de véritables « Fils de Dieu » — prouve que souvent des individus isolés ont atteint cette sagesse, jamais cependant sans être au début sous la direction d'un maître. Mais la plupart de leurs disciples, une fois devenus maîtres à leur tour, se sont mis à limiter l'universalité de ces enseignements aux dimensions de l'étroit sillon de leurs dogmes sectaires. C'est alors que les préceptes d'un seul maître choisi ont été adoptés et suivis à l'exclusion de tous les autres — si tant est qu'ils furent suivis, notez-le bien, comme on peut se le demander dans le cas du Sermon sur la Montagne. Chaque religion est ainsi un fragment de la vérité divine, dont on s'est servi pour projeter un vaste panorama produit par l'imagination humaine qui prétendait représenter toute cette vérité et la remplacer.


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    QUESTION — Mais vous dites que la Théosophie n'est pas une religion ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément, elle n'en est pas une, en effet, puisqu'elle est l'essence de toute religion et de la vérité absolue, dont une goutte seulement constitue la base de chaque croyance. Pour me servir encore une fois d'une métaphore, la Théosophie est, ici-bas, comme la lumière blanche du spectre solaire, et chaque religion seulement l'une des sept couleurs prismatiques. Chaque rayon de couleur, méconnaissant tous les autres et les déclarant faux avec mépris, prétend non seulement à la suprématie mais affirme être cette lumière blanche elle-même, en condamnant même ses propres nuances de teinte, du clair au foncé, comme autant d'hérésies. Cependant, de même que le soleil de la vérité se lève toujours plus haut au-dessus de l'horizon de la perception des hommes, et que chaque rayon de couleur s'estompe peu à peu jusqu'à ce qu'il soit complètement réabsorbé à son tour, l'humanité finira bien par ne plus être affligée par des polarisations artificielles, pour se trouver alors baignée dans la pure lumière solaire incolore de la vérité éternelle. Et ce sera la vraie Theosophia.

    QUESTION — Vous prétendez donc que toutes les grandes religions proviennent de la Théosophie, et que c'est en assimilant cette Théosophie que le monde sera finalement délivré du fléau de ses grandes illusions et erreurs ?

    LE THÉOSOPHE — Précisément. Et nous ajoutons que notre Société Théosophique est l'humble semence qui, si on l'arrose et la laisse vivre, produira finalement l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal qui est greffé sur l'Arbre de la Vie Éternelle. Car ce n'est qu'en étudiant les diverses grandes religions et philosophies de l'humanité, et en les comparant sans passion et sans parti pris, que les hommes peuvent espérer atteindre la vérité. C'est surtout en découvrant et en notant les divers points où elles sont d'accord que l'on pourra arriver à ce résultat. En effet, dès qu'on pénètre leur signification intérieure — que ce soit par l'étude, ou en recevant l'instruction d'une personne éclairée — on


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    trouve, dans presque tous les cas, qu'elles expriment quelque grande vérité de la Nature.

    QUESTION — Nous avons entendu parler d'un Âge d'Or qui a existé jadis, et ce que vous décrivez serait un Âge d'Or à réaliser un jour dans l'avenir. Quand cela arrivera-t-il ?

    LE THÉOSOPHE — Pas avant que l'humanité, prise dans son ensemble, n'en éprouve le besoin. Une maxime de l'ouvrage persan Javidan Kherad dit : « La Vérité est de deux sortes : l'une manifeste et évidente en soi ; l'autre demandant constamment de nouvelles démonstrations et preuves » . Lorsque cette deuxième sorte de vérité sera devenue aussi évidente à tous qu'elle est maintenant obscure — et par là même exposée à être défigurée par les sophismes et la casuistique — et lorsque ces deux sortes de vérité seront retournées à leur unité première, alors seulement tous les hommes seront amenés à voir de la même façon.

    QUESTION — Mais, sans doute, le peu de gens qui éprouvent le besoin de telles vérités ont bien dû se décider à adopter une croyance déterminée ? Vous me dites que, la Société n'ayant en propre aucune doctrine, chaque membre est libre de croire ce qu'il veut et d'accepter ce qui lui plaît. Cela donne l'impression que la Société Théosophique vise à faire revivre la confusion des langues et des croyances de l'antique Tour de Babel. N'avez-vous pas de croyances en commun ?

    LE THÉOSOPHE — Quand nous affirmons que la Société n'a en propre ni dogmes ni doctrines, nous voulons dire qu'il n'y a pas chez elle de doctrines ou de croyances spéciales obligatoires pour ses membres. Mais, naturellement, cela ne s'applique qu'à la Société prise dans son ensemble. Celle-ci, comme je l'ai déjà dit, comprend deux divisions, l'une extérieure et l'autre intérieure. Ceux qui appartiennent à cette dernière ont naturellement une philosophie, ou, si vous le préférez, un système religieux à eux.

    QUESTION — Est-il permis de savoir ce qu'il est ?

    LE THÉOSOPHE — Nous n'en faisons pas mystère. Ce système


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    fut ébauché, il y a quelques années, dans le Theosophist et dans le Bouddhisme ésotérique et, sous une forme plus élaborée, dans la Doctrine Secrète (2). Il est basé sur la philosophie la plus ancienne du monde, appelée la Religion-Sagesse ou la Doctrine Archaïque. Vous pouvez, si vous le désirez, poser des questions et nous essaierons d'y répondre.


    NOTES DU CHAPITRE  IV

    (l) Matthieu, 5 ,40 . (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (2) H. P. Blavatsky, The Secret Doctrine, Londres : The Theosophical Publishing Company Limited, 1888.
    On trouvera également cité dans la suite du texte le premier grand ouvrage de Mme Blavatsky, Isis Dévoilée, publié sous le titre original : Isis Unveiled, New York : J.W. Bouton, 1877. Ces livres ont été republiés en fac-similé photographique des éditions originales par The Theosophy Company, Los Angeles, U.S.A. (disponibles à Paris : Textes Théosophiques, 11 bis, rue Kepler, 75116) (N.d.T.).



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    V

    LES ENSEIGNEMENTS FONDAMENTAUX
    DE LA THÉOSOPHIE


     

      DIEU ET LA PRIÈRE 

    QUESTION — Croyez-vous en Dieu ?

    LE THÉOSOPHE — Cela dépend de ce que vous entendez par ce terme.

    QUESTION — J'entends le Dieu des chrétiens, le Père de Jésus et le Créateur, en un mot le Dieu de Moïse et de la Bible.

    LE THÉOSOPHE — Nous ne croyons pas en un tel Dieu. Nous rejetons l'idée d'un Dieu personnel, ou extra-cosmique et anthropomorphe, qui n'est que l'ombre gigantesque de l'homme, et encore, pas de ce que l'homme a de meilleur en lui. Le Dieu de la théologie, disons-nous — et nous sommes à même de le prouver — est un amas de contradictions, une impossibilité logique. Voilà pourquoi nous n'avons rien à faire avec lui.

    QUESTION — Quelles sont vos raisons ?

    LE THÉOSOPHE — Elles sont nombreuses, et on ne peut les considérer toutes. Mais en voici quelques-unes. Ce Dieu est appelé infini et absolu par ses fidèles, n'est-ce pas ?

    QUESTION — Je le crois.


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    LE THÉOSOPHE — Eh bien ! s'il est infini, c'est-à-dire sans limites, et surtout s'il est absolu, comment peut-il avoir une forme et être le créateur de quoi que ce soit ? Forme implique limitation, un commencement aussi bien qu'une fin ; et, pour créer, il faut qu'un Être pense et établisse un plan. Comment peut-on s'imaginer que l'ABSOLU pense, c'est-à-dire entre en relation quelconque avec ce qui est limité, fini et conditionné ? C'est une absurdité, aussi bien du point de vue philosophique que logique. Même la cabale hébraïque rejette une telle idée et fait donc du Principe Un, Déifique et Absolu, une Unité infinie, appelée Ain Soph (l). Pour créer, il faut que le Créateur devienne actif, et comme cela est impossible pour ce qui est l'ABSOLU en soi (2), il a fallu représenter le principe infini comme devenant la cause de l'évolution (non de la création) d'une manière indirecte, c'est-à-dire en lui faisant émaner de lui-même les séphiroth (une autre absurdité, qu'il faut mettre cette fois au compte des traducteurs de la Cabale) (3).

    QUESTION — Mais comment expliquez-vous qu'il y ait des cabalistes qui puissent croire en Jéhovah, ou le Tétragramme ?

    LE THÉOSOPHE — Ils peuvent croire à ce qui leur plaît ; leur croyance ou non-croyance ne changera pas un fait qui est évident en soi. Les jésuites nous disent que deux et deux ne font pas nécessairement quatre, et que 2 x 2 = 5, si telle est la volonté de Dieu. Accepterons-nous leurs sophismes pour autant ?

    QUESTION — Mais alors vous êtes des athées ?


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    LE THÉOSOPHE — Pas que nous sachions, à moins que l'épithète d'« athée » ne s'applique à tous ceux qui ne croient pas en un Dieu anthropomorphe. Nous croyons en un Principe Universel et Divin, racine de TOUT, d'où tout procède et en qui tout sera absorbé à la fin du grand cycle d'Existence.

    QUESTION — Mais c'est là la vieille, la très vieille idée du panthéisme. Si vous êtes panthéistes, vous ne pouvez être déistes ; et si vous n'êtes pas déistes, il faut bien que vous répondiez à l'appellation d'athées.

    LE THÉOSOPHE — Pas nécessairement. Le mot « panthéisme » est encore un des nombreux termes mal employés, dont la signification véritable et primitive a été déformée par des préjugés aveugles et un point de vue partial. Si vous acceptez l'explication étymologique chrétienne de ce mot composé, qui dérive de pan, « tout », et de qeoV , « dieu », et si vous vous imaginez (et enseignez) qu'il signifie que chaque pierre et chaque arbre dans la Nature est un Dieu, ou le Dieu UN, il est évident que vous aurez raison. Vous ferez des panthéistes, en plus de ce que signifie légitimement leur nom, des adorateurs de fétiches. Mais vous y réussirez moins facilement si vous considérez l'étymologie du mot « panthéisme » du point de vue ésotérique, tel que nous l'interprétons.

    QUESTION — Quelle définition en donnez-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Permettez-moi de vous poser une question à mon tour. Qu'entendez-vous par Pan, ou la Nature ?

    QUESTION — La Nature est, je suppose, la totalité des choses qui existent autour de nous ; l'ensemble des causes et des effets dans le monde matériel, la création ou l'univers.

    LE THÉOSOPHE — Et, par conséquent, n'est-ce pas la somme et l'ordre personnifiés des causes et des effets connus, la totalité de tous les agents et forces finis, sans aucun rapport avec un Créateur ou des Créateurs intelligents, et, peut-être, une réalité


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    « conçue comme formant une seule force distincte », selon la définition de vos encyclopédies ?

    QUESTION — En effet, je le crois.

    LE THÉOSOPHE — Eh bien ! nous ne tenons aucun compte de cette nature-là, objective et matérielle, que nous appelons une illusion éphémère ; et nous n'entendons pas, non plus, par pan, la Nature, si on s'en tient à l'étymologie usuelle du latin Natura (réalité en devenir, de nasci, naître). Lorsque nous parlons de la Déité, et que nous disons qu'elle est identique, donc coexistante, avec la Nature, c'est de la nature éternelle et incréée que nous parlons, non de votre ensemble d'ombres passagères et de chimères finies. Nous abandonnons aux faiseurs d'hymnes le soin d'appeler le ciel visible, ou la sphère céleste, le Trône de Dieu, et notre terre de boue, le reposoir pour ses pieds. Notre DÉITÉ n'est ni au paradis, ni dans un arbre, une montagne ou un bâtiment particuliers, mais partout, dans tout atome du Cosmos visible ou invisible, à l'intérieur, au-dessus et autour de chaque atome invisible et de chaque molécule divisible, car cette réalité — CELA — est le pouvoir mystérieux de l'évolution et de l'involution, la potentialité créatrice, omniprésente, omnipotente et même omnisciente.

    QUESTION — Arrêtez-vous ! L'omniscience est la prérogative de ce qui pense, et vous refusez à votre Absolu le pouvoir de penser.

    LE THÉOSOPHE — Nous le refusons à l'ABSOLU, puisque la pensée est une chose limitée et conditionnée. Mais vous oubliez évidemment qu'en philosophie l'inconscience absolue est aussi la conscience absolue, car, autrement, elle ne serait pas absolue.

    QUESTION — Votre Absolu pense donc ?

    LE THÉOSOPHE — Non, IL ne pense pas, pour la simple raison qu'il est la Pensée Absolue elle-même. Il n'existe pas non plus, pour la même raison ; car il est l'existence absolue, l'Être-té (4), et


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    non pas un Être. Lisez le superbe poème cabalistique de Salomon Ben-Jehudah Gabirol, dans le Kether Malchut, et vous comprendrez : « Tu es un, la racine de tous les nombres, mais non comme élément de numération ; car l'unité n'admet point de multiplication, de changement ou de forme. Tu es un et, dans le secret de Ton unité, se perdent les plus sages parmi les hommes, parce qu'ils ne la connaissent pas. Tu es un, et Ton unité ne diminue jamais, n'augmente jamais, et ne peut être modifiée. Tu es un, et aucune de mes pensées ne peut Te fixer une limite, ni Te définir. Tu ES, mais non comme un être qui existe, car l'entendement et la vision des mortels ne peuvent atteindre Ton existence, ni trouver sur Toi de réponses à des questions comme où, comment et pourquoi » , etc..., etc... En bref, notre Déité est l'éternel constructeur de l'univers, qui ne crée pas, mais élabore sans cesse par l'évolution ; cet univers lui-même n'est pas fait de toutes pièces, mais se développe par émanation à partir de sa propre essence. Symboliquement, c'est une sphère sans circonférence, qui n'a que SOI-MÊME comme attribut, toujours actif et comprenant tous les autres attributs existants ou concevables. C'est la loi unique, qui donne l'impulsion aux lois manifestées, éternelles et immuables, contenues dans celle qui ne se manifeste jamais, du fait qu'elle est la LOI absolue, et qui, durant les périodes de manifestation, se traduit comme l'éternel devenir.

    QUESTION — J'ai entendu un de vos membres observer que la Déité Universelle, étant partout, se trouvait aussi bien dans une coupe d'honneur que dans une coupe de déshonneur, et par conséquent était dans chaque atome de la cendre de mon cigare ! N'est-ce pas là un grossier blasphème ?

    LE THÉOSOPHE — À mon avis, non ; car ce qui est simple logique ne saurait être blasphématoire. Si nous excluions le principe omniprésent d'un seul point mathématique de l'univers, ou d'une particule de matière occupant un espace concevable quelconque, comment pourrions-nous le considérer encore comme infini ?


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    EST-IL NÉCESSAIRE DE PRIER ?

    QUESTION — Croyez-vous à la prière, et vous arrive-t-il de prier ?

    LE THÉOSOPHE — Nous ne prions pas. Nous agissons au lieu de parler.

    QUESTION — N'adressez-vous pas de prières même au Principe Absolu ?

    LE THÉOSOPHE — Pour quelle raison le ferions-nous ? Nous sommes trop occupés pour perdre notre temps à adresser des prières verbales à une pure abstraction. L'Inconnaissable ne peut avoir d'autres relations que celles de ses différentes parties entre elles, mais il est non existant en ce qui concerne une quelconque relation limitée. L'univers visible dépend, pour son existence et ses phénomènes, de ses formes agissant les unes sur les autres, et de leurs lois, non de la prière, ou de prières.

    QUESTION — Vous ne croyez pas du tout à l'efficacité de la prière ?

    LE THÉOSOPHE — Pas à l'efficacité de celle dont on vous apprend le texte pour le répéter extérieurement, si du moins, par prière, vous entendez la pétition que l'on vient présenter à un Dieu inconnu considéré comme le destinataire. Ce sont les Juifs qui instituèrent ce genre de prière, et les Pharisiens l'ont popularisé.

    QUESTION — Y a-t-il un autre genre de prière ?

    LE THÉOSOPHE — Très certainement. Nous l'appelons la PRIÈRE-VOLONTÉ, et c'est plutôt un commandement intérieur qu'une pétition.

    QUESTION — Et qui priez-vous alors, dans ce cas ?


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    LE THÉOSOPHE — « Notre Père qui est dans les cieux » (5), au sens ésotérique de ces termes.

    QUESTION — Ce sens est-il différent de celui que lui donne la théologie ?

    LE THÉOSOPHE — Entièrement différent. Un occultiste, ou un théosophe, adresse sa prière à son Père qui est dans le secret (lisez et tâchez de comprendre Matthieu, 6, 6), non pas à un Dieu extra-cosmique et, par conséquent, fini. Ce « Père » est dans l'homme lui-même.

    QUESTION — Alors, vous faites de l'homme un Dieu ?

    LE THÉOSOPHE — Dites « Dieu », je vous prie, et non pas un Dieu. Selon nous, l'homme intérieur est le seul Dieu que nous puissions connaître. Comment pourrait-il en être autrement ? Accordez-nous notre postulat selon lequel Dieu est un principe infini et universellement présent : dans ces conditions comment l'homme ferait-il exception et pourrait-il ne pas être entièrement pénétré par le Divin et immergé en Lui ? Nous appelons notre « Père qui est dans les cieux » cette essence déifique que nous sentons exister au-dedans de nous, dans notre cœur et notre conscience spirituelle, et qui n'a aucun rapport avec l'anthropomorphisme que notre cerveau matériel et son imagination peuvent s'en former. « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu [l'absolu] habite en vous » ? (6) (7). Mais que nul n'aille donner un caractère anthropomorphe


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    à cette essence en nous-mêmes. Que nul théosophe — s'il veut s'attacher à la vérité divine et non à la vérité humaine — ne dise que ce « Dieu qui est dans le secret » est à l'écoute de l'homme fini ou de l'essence infinie, ou qu'il en est distinct, car tout cela ne fait qu'un. Et, comme nous venons de le faire observer, que nul théosophe ne considère la prière comme une pétition. C'est un mystère plutôt, un procédé occulte par lequel les pensées et les désirs finis et conditionnés, qui ne peuvent être assimilés par l'esprit absolu, inconditionné, sont convertis en volitions spirituelles, et en la volonté ; un tel procédé s'appelle « une transmutation spirituelle ». L'intensité de nos aspirations ardentes convertit la prière en la « pierre philosophale », cette pierre qui transmue le plomb en or pur. La seule essence homogène, notre « prière-volonté », devient la force active ou créatrice qui produit des effets selon notre désir.

    QUESTION — Voulez-vous dire que la prière est un procédé occulte qui produit des résultats physiques ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. Le pouvoir de la Volonté devient un pouvoir vivant. Mais, malheur à ces occultistes et à ces théosophes qui, au lieu d'anéantir les désirs de l'ego personnel inférieur (ou homme physique), en s'adressant à leur EGO Supérieur et Spirituel, inondé de la lumière à'Atma-Buddhi, lui disent : « que ta volonté soit faite, et non la mienne », etc., en émettant des ondes énergétiques de volonté dans des buts égoïstes et impies ! Car c'est là de la magie noire, une abomination, et de la sorcellerie spirituelle. Malheureusement, c'est l'occupation favorite de nos hommes d'État et de nos généraux chrétiens, surtout quand ces derniers lancent deux armées l'une contre


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    l'autre pour s'entre-tuer. Et, avant de passer à l'action, les uns et les autres se livrent à un petit exercice de sorcellerie de ce genre, en offrant, chacun dans son camp, des prières au même Dieu des Armées, et en invoquant son aide pour mieux trancher la gorge de l'ennemi.

    QUESTION — David pria le Dieu des Armées de l'aider à vaincre les Philistins et à tuer les Syriens et les Moabites, et « l'Eternel protégea David partout où il se rendit » . Nous ne faisons que suivre en cela ce que nous trouvons dans la Bible.

    LE THÉOSOPHE — Bien sûr. Mais puisque vous vous plaisez, pour autant que nous sachions, à vous appeler chrétiens et non israélites ou juifs, pourquoi ne suivez-vous pas de préférence la parole du Christ ? II vous ordonne clairement de ne pas suivre « les anciens » , ou la loi mosaïque, mais de faire ce qu'il vous dit, et il avertit ceux qui prendront le glaive pour tuer qu'ils périront aussi par le glaive (8). Le Christ vous a donné une seule prière, dont vous avez fait une prière du bout des lèvres, et un sujet de gloriole, alors que personne n'en comprend le sens en dehors d'un véritable occultiste. Quand vous la récitez, en ne la prenant qu'à la lettre, vous dites : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs » (9), mais vous ne le faites jamais. Jésus vous a dit aussi d'aimer vos ennemis, et de faire du bien à ceux qui vous haïssent. Ce n'est assurément pas le « doux prophète de Nazareth » qui vous a enseigné à prier votre « Père » de tuer vos ennemis et de vous accorder la victoire sur eux. Voilà pourquoi nous rejetons ce que vous appelez « prières » .

    QUESTION — Mais comment expliquez-vous ce fait universel que toutes les nations et tous les peuples aient prié et adoré un Dieu, ou des Dieux ? Certains ont même adoré des démons et des esprits malfaisants et sollicité leurs faveurs, mais cela ne fait que prouver l'universalité de la croyance à l'efficacité de la prière.


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    LE THÉOSOPHE — Cela s'explique par le fait que la prière a plusieurs autres significations, outre celle que lui donnent les chrétiens. Elle ne signifie pas seulement une intercession, ou une pétition, mais, dans les temps anciens, elle était bien plutôt une invocation et une incantation. Le mantra, prière des hindous chantée rythmiquement, a précisément cette signification, car les brâhmanes se jugent supérieurs au commun des deva ou « Dieux » . Une prière peut être un appel ou une incantation pour maudire, ou une imprécation (comme dans le cas où deux armées prient simultanément pour leur destruction réciproque), aussi bien qu'une bénédiction. Or, comme, dans leur grande majorité, les hommes sont extrêmement égoïstes et ne prient que pour eux-mêmes, en demandant qu'on leur donne leur « pain quotidien » , au lieu de le gagner par leur travail, de même qu'ils supplient Dieu de ne point les « induire en tentation » mais de les délivrer (eux, les pétitionnaires seulement) du mal, il en résulte que la prière, telle qu'elle est comprise aujourd'hui, est doublement pernicieuse : a) elle détruit dans l'homme la confiance en soi ; b) elle développe en lui un égoïsme et un égotisme plus féroces encore que ceux dont il est déjà doté par nature. Je le répète, nous croyons à la «  communion » avec notre « Père qui est dans le secret » et à une action simultanée à l'unisson avec lui ; nous pensons aussi qu'il est possible, pendant de rares moments de béatitude extatique, de parvenir à l'union étroite de notre âme supérieure — attirée comme elle l'est vers son origine et son centre — avec l'essence universelle. Cet état s'appelle, pendant la vie, samâdhi, et après la mort, nirvâna. Nous refusons d'adresser des prières à des êtres finis et créés, c'est-à-dire à des dieux, des saints, des anges, etc., parce que nous considérons cela comme de l'idolâtrie ; et nous ne pouvons pas prier I'ABSOLU, pour les raisons déjà expliquées ; nous tâchons donc de remplacer cette prière inutile et vaine par des actions méritoires et productrices de bons effets.

    QUESTION — Les chrétiens qualifieraient cela d'orgueil et de blasphème. Auraient-ils tort ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. Ce sont eux, au contraire,


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    qui font preuve d'un orgueil satanique en croyant que l'Absolu, ou l'Infini — à supposer qu'il puisse y avoir une relation quelconque entre l'inconditionné et le conditionné — soit capable de s'abaisser à écouter toutes les prières insensées dictées par les préoccupations personnelles. Ce sont eux encore qui blasphèment, en réalité, en enseignant qu'un Dieu omniscient et omnipotent a besoin que nous récitions des prières pour savoir ce qu'il doit faire ! Ceci, compris d'un point de vue ésotérique, est corroboré par le Bouddha aussi bien que par Jésus. Le premier dit : « N'attendez rien des Dieux impuissants, ne priez point ! Mais agissez plutôt ; car les ténèbres ne s'éclairciront point. Ne demandez rien au silence, car il ne peut parler ni entendre (10). » Et le second, Jésus, conseille : « Tout ce que vous demanderez en mon Nom [celui de Christos], Je le ferai » (l l). Bien sûr, cette citation, prise au pied de la lettre, contredit notre argument. Mais si on l'accepte ésotériquement, avec la pleine connaissance du sens du terme « Christos » , qui, à nos yeux, représente Atma-Buddhi-Manas, le « SOI », cette citation s'interprète ainsi : le seul Dieu que nous devrions reconnaître et prier, ou plutôt avec lequel il nous faudrait agir à l'unisson, est cet esprit de Dieu dont notre corps est le temple et dans lequel il demeure.

    LA PRIERE DETRUIT LA CONFIANCE EN SOI

    QUESTION — Mais le Christ lui-même n'a-t-il pas prié, et recommandé la prière ?

    LE THÉOSOPHE — Telle est la tradition ; mais ces « prières » appartiennent précisément au genre de communion dont nous venons de parler, c'est-à-dire la communion avec le « Père qui est dans le secret » . Autrement, si nous identifiions Jésus avec la


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    déité universelle, la conclusion inévitable à laquelle nous serions amenés serait beaucoup trop absurde et illogique, puisque lui, « le vrai Dieu en personne », se serait prié lui-même, en distinguant ainsi la volonté de ce Dieu de la sienne propre !

    QUESTION — Encore un argument — argument, dont certains chrétiens se servent d'ailleurs beaucoup. Ils disent : « Je ne me sens pas capable de surmonter mes passions et mes faiblesses par mes propres forces. Mais, quand je prie Jésus-Christ, je sens qu'Il me donne de la force, et que par Son pouvoir je suis capable de vaincre » 

    LE THÉOSOPHE — II n'y a rien d'étonnant à cela. Si « Jésus-Christ » est Dieu, s'il est indépendant et séparé de celui qui prie, tout est et doit être naturellement possible à un tel « Dieu puissant ». Mais alors où est le mérite ou la justice d'une telle victoire ? Pourquoi le pseudo-vainqueur serait-il récompensé pour ce qui ne lui a coûté que des prières ? Vous-même, qui n'êtes qu'un simple mortel, voudriez-vous payer à un ouvrier le salaire d'une journée entière, si vous aviez dû faire à sa place la plus grande partie de son travail, pendant qu'il restait assis tout le temps sous un pommier, en vous priant de travailler ? Cette idée de passer toute sa vie dans une paresse morale, en faisant faire à un autre — qu'il soit Dieu ou homme — le plus dur de son travail et de son devoir, nous semble aussi révoltante que dégradante pour la dignité humaine.

    QUESTION — II en est peut-être ainsi. Cependant, l'idée de pouvoir se fier à un Sauveur personnel qui vous aide et vous fortifie dans la bataille de la vie est l'idée fondamentale du christianisme moderne. Cette croyance est sans aucun doute très efficace subjectivement, c'est-à-dire que ceux qui y adhèrent se sentent réellement aidés et fortifiés.

    LE THÉOSOPHE — Mais il n'est pas douteux non plus que certains malades traités par les « Mental Scientists » , et les « Christian Scientists » , les grands « Négateurs » (12), soient


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    aussi guéris quelquefois, et que l'hypnotisme, la suggestion, la psychologie, et même la médiumnité, produisent des résultats semblables aussi souvent, sinon plus souvent. Vous ne prenez en considération que les cas de réussite, pour en tirer argument. Mais que dites-vous des cas d'insuccès, qui sont dix fois plus nombreux ? Assurément vous ne vous aviseriez pas de dire, même avec la suffisance de la foi aveugle, que l'insuccès est inconnu des chrétiens fanatiques ?

    QUESTION — Mais comment pouvez-vous expliquer les cas où la réussite est complète ? Et où le théosophe trouve-t-il le pouvoir de maîtriser ses passions et son égoïsme ?

    LE THÉOSOPHE — II se tourne pour cela vers son Soi Supérieur, l'esprit divin ou le Dieu en lui, et vers son karma. Combien de fois faudra-t-il que nous répétions qu'on reconnaît l'arbre à ses fruits, et la nature d'une cause à ses effets ? Vous parlez de maîtriser les passions, et de devenir bon avec l'aide ou par l'effet de Dieu, ou du Christ. Nous demandons : où trouve-t-on le plus de gens vertueux et innocents qui s'abstiennent du péché et du crime ? Est-ce dans la chrétienté ou dans le bouddhisme ? Dans les pays chrétiens ou les contrées païennes ? Les statistiques sont là pour répondre à cette question et corroborer ce que nous disons. Selon le dernier recensement fait à Ceylan et en Inde, les tableaux de criminalité comparée entre les chrétiens, les musulmans, les hindous, les eurasiens, les bouddhistes, etc., dans une population de deux millions d'habitants pris au hasard, et portant sur plusieurs années, nous montrent que la proportion des crimes commis par la population chrétienne est de 15 contre 4 par rapport à celle des crimes commis par la population bouddhiste (Voir Lucifer, avril 1888, p. 147, article : « Christian Lecturers on Buddhism » (13). Aucun orientaliste ou historien distingué, aucun homme ayant voyagé en pays bouddhiste, depuis l'évêque Bigandet et l'abbé Huc, jusqu'à Sir William Hunter, aucun fonctionnaire de bonne foi,


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    n'a jamais manqué d'accorder la palme de la vertu aux bouddhistes, plutôt qu'aux chrétiens. Cependant, les premiers ne croient ni en Dieu, ni en aucune récompense future ailleurs que dans ce monde (en tout cas, les fidèles de l'authentique secte bouddhiste siamoise n'y croient pas). Ils ne prient point — ni les prêtres, ni les laïques. « Prier ! » s'écrieraient-ils avec étonnement, « mais qui, ou quoi ? »

    QUESTION — Ce sont donc de véritables athées.

    LE THÉOSOPHE — Incontestablement ; mais ce sont aussi des gens qui aiment la vertu par-dessus tout, et qui la pratiquent plus que tout autre peuple au monde. Le bouddhisme enseigne : Respectez la religion des autres et restez fidèles à la vôtre ; mais le christianisme de l'Église, qui dénonce tous les dieux des autres nations comme autant de démons, voudrait condamner à la perdition éternelle toute personne non chrétienne.

    QUESTION — Mais les prêtres bouddhistes ne font-ils pas de même ?

    LE THÉOSOPHE — Jamais. Ils tiennent trop au sage précepte du DHAMMAPADA pour agir ainsi, car ils savent que « Si un homme quelconque, instruit ou non, se tient pour si grand qu'il méprise les autres hommes, il ressemble à un aveugle tenant une chandelle à la main — aveugle lui-même, c'est les autres qu'il éclaire »

    LA SOURCE DE L'ÂME HUMAINE

    QUESTION — Comment expliquez-vous alors le fait que l'homme soit doué d'un Esprit et d'une Âme ? D'où proviennent-ils ?

    LE THÉOSOPHE — De l'Âme Universelle ; ce ne sont certainement pas les dons d'un Dieu peersonnel. D'où vient l'élément humide qu'on trouve dans la méduse. De l'Océan qui l'entoure,


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    dans lequel elle vit, respire, existe, et dans lequel elle retournera lorsqu'elle se décomposera.

    QUESTION — Ainsi, vous rejetez l'enseignement suivant lequel c'est Dieu qui donne l'âme à l'homme, ou qui l'insuffle en lui ?

    LE THÉOSOPHE — Nous y sommes bien obligés. L' « Âme » dont il est question dans la Genèse {2, 7) est, ainsi qu'il est dit, l' «  Âme vivante » ou nephesh (l'âme vitale, animale) que Dieu (nous disons, la « Nature » et la loi immuable) donne à l'homme, ainsi qu'à chaque animal. Ce n'est pas du tout l' Âme pensante, ou le mental, et encore moins l'Esprit immortel.

    QUESTION — Fort bien. Posons alors la question d'une autre manière : est-ce Dieu qui dote l'homme d'une  Âme humaine rationnelle et d'un Esprit immortel ?

    LE THÉOSOPHE — Encore une fois, si vous posez la question de cette façon, une objection doit s'imposer. Puisque nous ne croyons pas à un Dieu personnel, comment pourrions-nous croire qu'il dote l'homme de quoi que ce soit ? Mais supposons, pour les besoins de la discussion, qu'il existe un Dieu qui prend sur lui de créer une Âme nouvelle pour chaque nouveau-né : tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on ne saurait guère considérer un tel Dieu comme doué lui-même de sagesse ou de prévoyance. Certaines autres difficultés, et l'impossibilité de concilier cet acte de création particulière avec la miséricorde, la justice, l'équité et l'omniscience attribuées à ce Dieu, sont autant de mortels écueils sur lesquels ce dogme théologique vient se briser à chaque instant.

    QUESTION — Que voulez-vous dire ? De quelles difficultés parlez-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Je pense à un argument irréfutable qu'un prêtre bouddhiste cinghalais, prédicateur célèbre, employa un jour en ma présence, pour répondre à un missionnaire chrétien qui n'était d'ailleurs pas un ignorant incapable de soutenir une


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    discussion publique comme celle au cours de laquelle l'argument fut avancé. L'affaire eut lieu près de Colombo : le missionnaire avait défié le prêtre Megattivati d'expliquer valablement pourquoi les « païens » ne sauraient accepter le Dieu des chrétiens. Eh bien ! comme il arrive en pareil cas, ce fut le missionnaire qui eut le dessous dans cette discussion mémorable.

    QUESTION — J'aimerais bien savoir de quelle façon.

    LE THÉOSOPHE — Le prêtre bouddhiste commença par demander tout simplement au padre si son Dieu avait donné à Moïse des commandements que seuls les hommes devaient respecter, mais que Dieu lui-même pourrait violer. Le missionnaire nia une telle supposition avec indignation. « Bien ! » dit son adversaire, « vous nous dites que Dieu ne souffre aucune exception à cette règle, et aussi que nulle  Âme ne naît indépendamment de sa volonté. Or, entre autres choses, Dieu défend l'adultère, mais voici que vous dites en même temps que c'est lui qui crée chaque nouveau-né et qu'il lui donne une  Âme. Faut-il entendre alors que les millions d'enfants nés dans le crime et l'adultère sont l'œuvre de votre Dieu ? Que votre Dieu interdit et punit la violation de ses lois, et que, néanmoins, il crée justement tous les jours et à toute heure des âmes pour de tels enfants ? D'après la logique la plus élémentaire, votre Dieu se fait complice du crime, puisque, sans son aide et son intervention, de tels enfants du péché ne pourraient naître. Est-il juste de punir non seulement les parents coupables, mais même l'enfant innocent, pour ce qu'a fait ce Dieu lui-même, que vous exonérez cependant de toute culpabilité ? » Le missionnaire regarda sa montre, et trouva qu'il était trop tard pour continuer la discussion.

    QUESTION — Vous oubliez que tous les cas inexplicables, tels que celui-ci, sont des mystères, et que notre religion nous défend de chercher à pénétrer les mystères de Dieu.

    LE THÉOSOPHE — Non, nous ne l'oublions pas, mais nous rejetons simplement de telles impossibilités. Nous n'exigeons pas non plus que vous croyiez comme nous. Nous ne faisons que


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    répondre aux questions que vous posez. Cependant, nous donnons un autre nom à ce que vous appelez « mystère » .

    LES ENSEIGNEMENTS BOUDDHIQUES
    SUR CE QUI PRÉCÈDE

    QUESTION — Qu'enseigne le bouddhisme au sujet de l'Âme ?

    LE THÉOSOPHE — Cela dépend si vous voulez parler du bouddhisme populaire exotérique ou de ses enseignements ésotériques. Si on se fie au premier, on trouve l'explication suivante, donnée dans Le Catéchisme Bouddhique (14) : « L'Âme est un mot employé par les ignorants pour exprimer une idée fausse. Si tout est sujet au changement, l'homme l'est également, et tous ses éléments matériels doivent changer. Ce qui est sujet au changement n'est pas permanent ; aussi ne peut-il y avoir de survivance immortelle d'une chose transitoire » . Ceci semble simple et clair. Mais si nous considérons que la personnalité nouvelle dans chaque re-naissance successive est l'agrégat de skandha — ou attributs — de l'ancienne personnalité, et si nous nous demandons si ce nouvel assemblage de skandha est pareillement un être nouveau, dans lequel rien ne demeure du précédent, voici ce que nous lisons : « Dans un sens, c'est un être nouveau, dans un autre ce n'en est pas un. Pendant cette vie, les skandha changent continuellement et bien que l'homme A.B. de 40 ans soit identique, en tant que personnalité, au jeune homme A.B. de 18 ans, il n'en est pas moins un être différent par l'effet de l'usure et de la réparation continuelles de son corps, ainsi que par les modifications constantes de son intelligence et de son caractère. Néanmoins, dans sa vieillesse, l'homme récolte équitablement la récompense ou la punition consécutive à ses pensées et actions remontant à toutes les étapes précédentes de sa vie. Ainsi, le nouvel être qui apparaît dans cette re-naissance est bien la même


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    individualité que précédemment (mais non la même personnalité), pourvue seulement d'une forme modifiée, un nouvel ensemble de skandha, et recueille équitablement les conséquences des actions et pensées de son existence antérieure ». Ceci est de la métaphysique abstruse, mais n'exprime pas du tout une absence de croyance en l'Âme.

    QUESTION — N'est-il pas question de quelque chose de semblable dans le Bouddhisme ésotérique ?

    LE THÉOSOPHE — Effectivement, car cet enseignement appartient à la fois au Boudhisme ésotérique, ou Sagesse Secrète, et au bouddhisme exotérique, ou philosophie religieuse de Gautama le Bouddha.

    QUESTION — Mais on nous dit clairement que la plupart des bouddhistes ne croient pas à l'immortalité de l'Âme.

    LE THÉOSOPHE — Nous n'y croyons pas non plus, si vous entendez par Âme l'ego personnel, ou l'Âme vitale — le nephesh hébreu. Mais tous les bouddhistes instruits croient comme nous à l'Ego individuel ou divin. Ceux qui n'y croient pas sont dans l'erreur ; ils se trompent tout autant sur ce point que les chrétiens qui acceptent comme des paroles exactes de Jésus les interpolations théologiques de ceux qui ont fait les dernières recensions des Évangiles, au sujet de la damnation et du feu de l'enfer. Ni le Bouddha ni le « Christ » n'ont jamais écrit la moindre chose eux-mêmes ; tous deux parlèrent par allégories et se servirent de « paroles obscures » , comme l'ont fait tous les vrais Initiés, et comme ils le feront longtemps encore. Les Écritures bouddhiques et chrétiennes traitent de toutes ces questions métaphysiques avec beaucoup de prudence ; et les unes comme les autres pèchent par excès d'exotérisme, l'interprétation selon la lettre morte étant très loin du sens véritable, dans les deux cas.

    QUESTION — Voulez-vous dire que jusqu'à présent on n'a pas correctement compris les enseignements du Bouddha, ni ceux du Christ ?


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    LE THÉOSOPHE — Oui, c'est précisément cela. Les deux Évangiles, celui des bouddhistes et celui des chrétiens, furent prêchés dans le même but. Les deux réformateurs furent d'ardents philanthropes et des altruistes, dans la pratique, qui prêchèrent sans aucun doute un socialisme du type le plus élevé et le plus noble  : le sacrifice de soi-même jusqu'à la dernière extrémité. « Que les péchés du monde entier retombent sur moi » , s'écrie le Bouddha, « afin que je puisse soulager la misère et la souffrance des hommes ! ...  » . « Je ne voudrais pas laisser pousser un seul cri de douleur qu'il me fût possible d'épargner » , dit encore le Prince-mendiant, qui s'était revêtu de haillons abandonnés dans les champs de sépulture. « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous donnerai du repos » (15) est l'invitation que fait aux pauvres et aux déshérités l' « Homme de Douleurs » , qui n'avait pas de lieu où reposer sa tête. Tous deux ont enseigné l'amour sans bornes de l'humanité, la charité, le pardon des offenses, l'abnégation et la pitié pour les peuples abusés ; tous deux ont fait preuve du même mépris des richesses, et n'ont fait aucune différence entre meum et tuum, ce qui est à moi et ce qui est à toi. Sans révéler à tous les mystères sacrés de l'initiation, ils ont eu le désir de donner aux ignorants et aux égarés, pour qui le fardeau de la vie était trop lourd, assez d'espérance et d'aperçus de la vérité pour les soutenir dans leurs heures les plus pénibles. Mais les efforts des deux réformateurs ont été détournés de leur but par l'excès de zèle de ceux qui, plus tard, les ont suivis. Les paroles des Maîtres ayant été mal comprises et faussement interprétées, voyez-en les conséquences !

    QUESTION — Mais le Bouddha a certainement dû rejeter l'immortalité de l'âme, si tous les orientalistes et même ses propres prêtres le disent !

    LE THÉOSOPHE — Les Arhat commencèrent par suivre la ligne adoptée par leur Maître ; la plupart des prêtres qui leur succédèrent n'étaient pas initiés, pas plus que ceux du christianisme ;


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    ainsi, peu à peu, les grandes vérités ésotériques furent presque perdues. Une preuve éclatante en est que, des deux sectes existant maintenant à Ceylan, l'une, la siamoise, croit que la mort est l'annihilation absolue de l'individualité ainsi que de la personnalité, tandis que l'autre explique le nirvâna de la même façon que nous théosophes.

    QUESTION — Mais pourquoi, dans ce cas, le bouddhisme et le christianisme représentent-ils les deux pôles opposés de cette croyance ?

    LE THÉOSOPHE — Parce qu'ils ne furent pas prêchés dans les mêmes contextes. En Inde, les brahmanes, jaloux de leur connaissance supérieure dont ils excluaient toutes les castes autres que la leur, avaient conduit des millions de gens à tomber dans l'idolâtrie, voire presque dans le fétichisme. Il fallut que le Bouddha portât un coup mortel aux exubérances d'une imagination malsaine et d'une superstition fanatique, produites par une ignorance telle que l'on en a rarement connue de semblable, ni avant ni après. Mieux vaut un athéisme philosophique que le culte ignorant de ceux

    « Qui lancent des cris d'appel vers leurs dieux,
    Sans s'en faire entendre
    Ni attirer leur attention... »

    et qui vivent et meurent dans la détresse morale. Le Bouddha a dû commencer par arrêter le flot de tout ce torrent boueux de superstition, extirper les erreurs avant de révéler la vérité. Et comme il ne pouvait pas tout révéler — pour la même bonne raison que Jésus qui rappela à ses disciples que les Mystères du Royaume des Cieux n'étaient pas pour les masses dénuées d'intelligence mais pour les élus seulement, et qui, pour cette raison, « parlait au peuple en paraboles » (Matthieu, 13, 3, 11) — la prudence amena le Bouddha à trop cacher. Il refusa même de dire au moine Vacchagotta s'il existe ou non un Ego dans l'homme. Pressé de répondre, « le Bienheureux garda le silence » (16).


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    QUESTION — Tout cela se rapporte à Gautama, mais en quoi cela concerne-t-il les Évangiles ?

    LE THÉOSOPHE — Lisez l'histoire et méditez-la. À l'époque où l'on prétend qu'eurent lieu les événements rapportés par les Évangiles, il y avait une même fermentation de la pensée qui se produisait dans le monde civilisé tout entier, mais ses résultats en Orient et en Occident furent opposés. Les anciens dieux se mouraient. Pendant que les classes civilisées, en Palestine, se laissaient entraîner à la suite des Sadducéens incrédules, pour tomber dans les négations du matérialisme et l'acceptation de la lettre morte de la loi mosaïque, et qu'à Rome ces mêmes classes sombraient dans la dissolution morale, les gens des classes les plus basses et les plus pauvres se précipitaient dans la sorcellerie et le culte de dieux étranges, ou bien devenaient des hypocrites et des pharisiens. Une fois encore le temps était venu pour une réforme spirituelle. Le Dieu des Juifs, cruel, anthropomorphe et jaloux, avec ses lois sanguinaires exigeant « œil pour œil, et dent pour dent », avec l'effusion du sang et les sacrifices d'animaux, devait être relégué au second rang pour faire place au miséricordieux


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    « Père qui est dans le secret » . II fallait montrer que celui-ci n'était pas un Dieu extra-cosmique, mais un Sauveur divin de l'homme de chair, qui résidait dans le cœur et l'âme de tous, des pauvres aussi bien que des riches. Pas plus en Palestine qu'en Inde, les secrets de l'initiation ne pouvaient être divulgués car, si on avait donné des choses sacrées aux chiens et jeté les perles aux pourceaux, le Révélateur et ses révélations auraient pu être foulés aux pieds. Que Jésus ait vécu ou non à la période de l'histoire qui lui est attribuée, il s'abstint, comme le Bouddha, de révéler clairement les Mystères de la Vie et de la Mort. Mais cette réticence de leur part aboutit, dans un cas aux négations catégoriques du bouddhisme du Sud, et dans l'autre aux trois grandes divisions antagonistes de l'Église chrétienne, et aux 300 sectes que compte à elle seule l'Angleterre protestante.


    NOTES DU CHAPITRE  V

    (l) Ain Soph , le sans-fin, ou l'illimité, dans la Nature et avec elle, le non-existant, qui EST, mais n'est pas un Être [to pan = to apeiron].

    (2) H.P.B. emploie ici le terme Absoluteness — l'absoluité (N.d.T.).

    (3) Comment le principe éternel, non-actif, peut-il émaner ou émettre ? Le Parabrahm des védantins ne fait rien de tel, ni l'Ain Soph de la Cabale chaldéenne. C'est une loi éternelle et périodique qui, au commencement de chaque Mahâmanvantara, ou nouveau cycle de vie, provoque l'émanation d'une force active et créatrice (le logos) à partir du principe unique, incompréhensible et à jamais insaisissable.

    (4) En anglais, Be-ness, en quelque sorte ; le fait d'être, d'où « l'être-té » . (N.d.T.)

    (5) Matthieu, 6, 9 (N.d.T.).

    (6) l. Corinthiens, 3, 16. (N.d.T.).

    (7) On trouve souvent dans les ouvrages théosophiques des affirmations contradictoires au sujet du principe Christos dans l'homme. Certains l'appellent le sixième principe (Buddhi), d'autres le septième {Âtman). Si les théosophes chrétiens tiennent à se servir de telles expressions, qu'ils les rendent philosophiquement exactes en suivant l'analogie des vieux symboles de la Religion-Sagesse. Nous disons que Christos n'est pas l'un seulement des trois principes supérieurs, mais tous les trois considérés comme une Trinité. Cette Trinité représente le Saint-Esprit, le Père et le Fils, puisqu'elle correspond à l'esprit abstrait, l'esprit différencié et l'esprit incarné. Krishna et le Christ sont philosophiquement le même principe sous son triple aspect de manifestation. Dans la Bbagavad-Gîta, nous voyons que Krishna se nomme lui-même, indifféremment, Âtman, l'Esprit abstrait, Kshetrajña, l'Ego Supérieur, ou l'Ego qui se réincarne, et le SOI Universel — noms qui, transposés de l'univers à l'homme, correspondent à Âtma, Buddhi et Manas. L'Anugîta est pénétrée de la même doctrine.

    (8) Matth., 26, 52 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (9) Matth., 6, 12 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (10) E. Arnold, The Light of Asia, Livre VIII (N.d.T.). <o:p></o:p>

    (11) Jean, 14, 13 (N.d.T.).

    (12) Nouvelle secte de guérisseurs qui, en niant l'existence de quoi que ce soit en dehors de l'esprit — qui ne peut ni souffrir, ni être malade — prétend guérir toutes les maladies, pourvu que le malade ait la foi que ce qu'il nie ne peut exister. C'est là une nouvelle forme d'auto-hypnose.

    (13) « Des conférenciers chrétiens parlent du bouddhisme » (N.d.T.).

    (14) H.S. Olcott, The Buddhist Catechism (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (15) Matth., II, 28. (N.d.T.)<o:p></o:p>

    (16) Le Bouddha donne à Ananda, son disciple initié, qui lui demande la raison de ce silence, une réponse claire et sans équivoque dans un dialogue, traduit du Samyuttaka-Nikâya par Oldenberg : « Si, ô Ânanda, alors que le moine errant Vacchagotta me demandait : " Y a-t-il un Ego ? " Je lui avais répondu : " II y a un Ego " , cela aurait confirmé, ô Ânanda, la doctrine des Samana et des brâhmanes qui croient à la permanence. Si, ô Ânanda, alors que le moine errant Vacchagotta me demandait : " N'y a-t-il pas d'Ego ? " j'avais répondu : " II n'y a pas d'Ego " , cela aurait confirmé, ô Ânanda, la doctrine de ceux qui croient à l'annihilation. Si, ô Ânanda, quand le moine errant Vacchagotta me demandait : " Y a-t-il un Ego  ? " j'avais répondu : " II y a un Ego " , me serais-je bien fait comprendre, et aurait-il réalisé en lui-même que " toutes les existences (dhamma) sont non-ego ? " Si, d'autre part, ô Ânanda, je lui avais répondu : " II n'y a pas d'Ego " , cela n'aurait-il pas eu pour seul résultat de précipiter le moine errant Vacchagotta d'étonnement en étonnement : " Mon Ego n'existait-il pas auparavant ? Et maintenant voici qu'il n'existe plus ! » Voilà qui montre mieux que tout que Gautama le Bouddha refusa de livrer ces difficiles doctrines métaphysiques aux masses pour ne pas les jeter dans une perplexité encore plus grande. Ce qu'il voulait montrer, c'était la différence qui existe entre l'ego personnel temporaire et le Soi Supérieur qui répand sa lumière sur l'Ego impérissable, le « Moi » spirituel de l'homme.

    <o:p> </o:p>



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    VI

    LA NATURE ET L'HOMME
    SELON LES ENSEIGNEMENTS
    THÉOSOPHIQUES


     

    L'UNITÉ DE TOUT EN TOUT

    QUESTION — Vous m'avez dit, selon votre point de vue, ce que Dieu, l'Âme et l'Homme ne sont pas ; pourriez-vous me dire ce qu'ils sont, selon vos enseignements ?

    LE THÉOSOPHE — Dans leur origine et dans l'éternité tous trois, comme l'univers et tout ce qu'il contient, constituent une unité inséparable de l'Unité absolue, l'essence déifique inconnaissable dont j'ai parlé plus haut. Nous ne croyons à aucune création, mais nous croyons aux apparitions périodiques et successives de l'univers, du plan subjectif au plan objectif de l'être, à des intervalles réguliers qui couvrent d'immenses périodes de temps.

    QUESTION — Pouvez-vous expliquer ce sujet d'une façon plus détaillée ?

    LE THÉOSOPHE — Pour vous aider à vous en former une conception plus correcte, faites une comparaison en prenant, d'une part, l'année solaire et, d'autre part, les deux moitiés de cette année qui correspondent, au Pôle Nord, à un jour et une nuit de six mois chacun. Imaginez maintenant, si vous le pouvez, au lieu d'une année solaire de 365 jours, l'ÉTERNITÉ. Admettez que le soleil représente l'univers et que les jours et les nuits polaires de


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    six mois représentent, au lieu de 182 jours chacun, des jours et des nuits dont chacun aura une durée de 182 trillions et quadrillions d'années. Comme le soleil se lève tous les matins au-dessus de notre horizon objectif, en sortant de l'espace subjectif, ou de l'antipode, (par rapport à nous), de la même manière l'Univers apparaît périodiquement sur le plan de l'objectivité, en émanant du plan de la subjectivité, antipode du premier. Tel est le « Cycle de Vie » . Et, de même que le soleil disparaît de notre horizon, de même l'Univers disparaît à des périodes régulières, chaque fois que revient la « Nuit Universelle ». Les hindous appellent ces alternances « les Jours et les Nuits de Brahmâ » , ou les périodes de manvantara et de pralaya (dissolution). Les Occidentaux peuvent, s'ils préfèrent, les appeler Jours et Nuits Universels. Pendant ces dernières (les Nuits), Tout est en Tout ; chaque atome s'est résorbé dans une Homogénéité unique.

    ÉVOLUTION ET ILLUSION

    QUESTION — Mais qui crée l'Univers, chaque fois qu'il renaît ?

    LE THÉOSOPHE — Personne ne le crée. La science donnerait à ce qui vous apparaît comme création le nom d'évolution ; les philosophes pré-chrétiens et les Orientaux l'appelaient émanation ; nous, occultistes et théosophes, nous n'y voyons que le processus par lequel la seule réalité universelle et éternelle projette un reflet d'elle-même sur les profondeurs infinies de l'Espace, pour la durée d'une période limitée. Ce reflet, que vous regardez comme l'univers objectif et matériel, nous le considérons comme une illusion temporaire et rien de plus. Seul ce qui est éternel est réel.

    QUESTION — Dans ce cas, vous et moi sommes aussi des illusions.

    LE THÉOSOPHE — En tant que personnalités éphémères — aujourd'hui celle-ci, demain celle-là — c'est bien ce que nous sommes. Appelleriez-vous les éclairs soudains de l'aurore boréale, qui illumine le ciel septentrional, une « réalité » ,


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    quoiqu'elle soit aussi réelle que possible pendant que vous la regardez ? Certainement non ; la seule réalité est la cause qui la produit, si celle-ci est permanente et éternelle, tandis que l'effet n'est qu'une illusion passagère.

    QUESTION — Tout cela ne m'explique pas comment se produit cette illusion appelée l'univers ; comment le conscient appelé à être arrive à se manifester à partir de l'inconscience qui est ?

    LE THÉOSOPHE — C'est l' inconscience seulement pour notre conscience finie. En vérité nous pourrions paraphraser ainsi les paroles de saint Jean (l, 5) : « Et la lumière (Absolue — qui est ténèbres) brille dans les ténèbres (c'est-à-dire la lumière matérielle illusoire) ; et les ténèbres ne la comprirent pas » . Cette lumière absolue est également loi absolue et immuable. Que ce soit par rayonnement, ou par émanation — ne nous disputons pas sur les termes — l'univers sort de sa subjectivité homogène pour se déployer sur le premier plan de la manifestation, laquelle en comporte sept, nous enseigne-t-on. En passant d'un plan à l'autre, l'univers devient de plus en plus dense et matériel, jusqu'à ce qu'il atteigne celui-ci (le nôtre) dont le seul monde qui soit approximativement connu et compris, dans sa composition physique, par la science, est notre système planétaire ou solaire, qui est, nous dit-on, sui generis.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par sui generis ?

    LE THÉOSOPHE — Ceci : bien que la loi fondamentale et l'opération universelle des lois de la Nature soient uniformes, notre système solaire, ainsi que tout autre système similaire parmi les millions de tous ceux qui se trouvent dans le Cosmos, et même notre Terre, possède chacun son propre programme de manifestation, qui diffère du programme respectif de chacun des autres systèmes. Nous parlons des habitants des autres planètes, et nous nous imaginons que si ce sont des hommes, c'est-à-dire des entités pensantes, ils doivent être semblables à nous. L'imagination débordante des poètes, des peintres et des sculpteurs ne manque jamais de représenter les anges eux-mêmes sous la forme


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    humaine idéalisée, avec des ailes en plus. Nous disons que tout ceci n'est qu'erreur et illusion ; car, si l'on trouve déjà sur notre petite terre une telle variété dans la flore, la faune et l'espèce humaine — depuis l'algue jusqu'au cèdre du Liban, depuis la méduse jusqu'à l'éléphant, depuis le Bushman et le sauvage d'Afrique jusqu'à l'Apollon du Belvédère — il suffirait d'un changement dans les conditions cosmiques et planétaires pour que se développent des formes toutes différentes de flore, de faune et d'humanité. Les mêmes lois façonneront un ensemble entièrement différent de choses et d'êtres, même sur notre plan, auquel appartiennent aussi toutes nos planètes. Dans ce cas, combien plus différente encore doit être la nature extérieure dans d'autres systèmes solaires ! Et comme il est vain de vouloir juger des autres étoiles, des autres mondes, et des autres êtres humains d'après ce que nous savons des nôtres, comme le fait la science physique !

    QUESTION — Mais sur quelles données vous fondez-vous pour avancer une telle chose ?

    LE THÉOSOPHE — La science ne les acceptera jamais comme preuves car c'est par les témoignages accumulés d'une lignée sans fin de Voyants que ces faits ont été attestés. Leurs visions spirituelles — fondées sur de véritables explorations accomplies au moyen des sens physiques et spirituels, et par le canal de ces sens, libérés des entraves de la chair aveugle — ont été systématiquement vérifiées et comparées les unes avec les autres, et leur nature a été soigneusement examinée. Tout ce que n'a pas corroboré l'expérience unanime et collective a été rejeté, tandis que seul a été enregistré comme vérité établie ce qui s'est révélé en accord parfait — et a reçu constamment de nouvelles confirmations — à diverses époques, sous des latitudes différentes, et tout au long d'une incroyable succession d'observations incessantes. Les méthodes employées par nos savants et par nos étudiants des sciences psycho-spirituelles ne diffèrent guère de celles des étudiants des sciences naturelles et physiques, comme vous le voyez. La seule différence tient à ceci : les domaines que nous explorons se trouvent sur deux plans différents, et nos instruments ne sont pas faits de mains humaines ; pour cette raison peut-être


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    n'en sont-ils que plus sûrs. Les cornues, les accumulateurs et les microscopes du chimiste et du naturaliste peuvent devenir hors d'usage ; le télescope et les instruments d'horlogerie de l'astronome peuvent se détériorer ; nos instruments de mesure, au contraire, sont en dehors de l'influence des conditions météorologiques ou des éléments.

    QUESTION — C'est pourquoi vous avez une foi implicite en eux ?

    LE THÉOSOPHE — Foi est un mot qui ne se trouve dans aucun dictionnaire théosophique ; nous disons connaissance basée sur l'observation et sur l'expérience. Il y a cette différence cependant : tandis que l'observation et l'expérience des sciences physiques conduisent les savants à presque autant d' « hypothèses de travail » qu'il y a de cerveaux pour les élaborer, notre connaissance, au contraire, ne consent à ajouter à son acquis que des faits qui sont devenus indéniables, et que l'on a pleinement et absolument démontrés. Nous n'avons pas deux croyances ou deux hypothèses sur le même sujet.

    QUESTION — Est-ce sur la base de telles données que vous avez été amené à accepter les étranges théories que l'on trouve dans le Bouddhisme ésotérique ?

    LE THÉOSOPHE — Précisément. Ces théories sont peut-être légèrement incorrectes dans les détails mineurs, et même défectueuses dans l'exposé qu'en font les étudiants non initiés (ou « laïques » ), néanmoins, ce sont des faits de la nature, et ils sont plus près de la vérité qu'aucune hypothèse scientifique.

    LA CONSTITUTION SEPTUPLE DE NOTRE PLANÈTE

    QUESTION — J'ai cru comprendre que vous enseigniez que notre terre faisait partie d'une chaîne de terres ?

    LE THÉOSOPHE — C'est exact. Mais les six autres « terres » , ou


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    globes, ne se trouvent pas sur le même plan d'objectivité que notre terre ; c'est pourquoi nous ne pouvons pas les voir.

    QUESTION — Est-ce à cause de leur grande distance de la nôtre ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout, puisque nous voyons à l'œil nu des planètes éloignées, et même des étoiles qui sont à des distances infiniment plus grandes ; si nous ne percevons pas ces six globes c'est qu'ils se trouvent hors de la portée de nos moyens physiques de perception, en dehors de notre plan d'existence. Non seulement leur densité matérielle, leur masse et leur texture, sont totalement différentes de celles de notre terre et des autres planètes connues, mais ces globes sont (pour nous), pour ainsi dire, dans une couche de l'espace entièrement différente, une couche que nous ne pouvons ni percevoir ni sentir au moyen de nos sens physiques. Et, bien que je dise « couche » , ne laissez pas votre imagination vous suggérer des couches superposées les unes au-dessus des autres, à la manière de strates, car cela ne ferait que vous conduire à une autre conception erronée et absurde. Ce que je veux dire par « couche » c'est un plan de l'espace infini qui, par sa nature même, n'est pas susceptible d'entrer dans le champ de nos perceptions ordinaires à l'état de veille (qu'elles soient mentales ou physiques), mais qui existe dans la nature en dehors du champ normal de notre mentalité ou de notre conscience, en dehors de notre espace à trois dimensions, ainsi que de nos divisions du temps. Chacun des sept plans fondamentaux (ou couches) de l'espace — en considérant, bien entendu, ce dernier comme un tout, comme l'espace pur, selon la définition de Locke, et non comme notre espace fini — a sa propre objectivité et sa propre subjectivité, son propre espace et son propre temps, et est caractérisé par son propre type de conscience, et son propre ensemble de sens. Mais tout cela sera peu intelligible à celui dont l'esprit a été formé selon les méthodes de la pensée moderne.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par un ensemble différent de sens ? N'existe-t-il par sur notre plan humain d'illustration dont vous puissiez vous servir pour donner une idée plus claire de ce que vous


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    voulez dire par cette variété de sens, d'espaces et de perceptions respectives ?

    LE THÉOSOPHE — II n'en existe pas, sauf peut-être une qui fournirait assez facilement à la science l'occasion de développer un argument contre nous. Nous avons, n'est-ce pas, à l'état de rêve un ensemble de sens tout différent ? Nous sentons, parlons, entendons, voyons, goûtons et agissons en général sur un plan différent. Le changement qui s'opère dans notre état de conscience est prouvé par le fait qu'une série d'actions et d'événements s'étendant, nous semble-t-il, sur une période de plusieurs années, traverse en images notre mental en l'espace d'un instant. Eh bien ! cette rapidité extrême de nos opérations mentales pendant nos rêves, alors que toutes nos autres fonctions sont dans un état parfaitement naturel, nous démontre que nous nous trouvons sur un plan tout à fait différent. Notre philosophie nous enseigne que, de même qu'il existe sept forces fondamentales dans la nature et sept plans de l'être, il y a aussi sept états de conscience dans lesquels l'homme peut vivre, penser, se souvenir et exister. Il est impossible de les énumérer ici et, pour les connaître, il faut se livrer à l'étude de la métaphysique orientale. Mais l'analyse de ces deux états — de veille et de rêve — donne une preuve suffisante pour le commun des mortels, depuis le savant philosophe jusqu'au pauvre sauvage ignorant, que de tels états diffèrent.

    QUESTION — Vous n'accepterez donc pas les explications bien connues offertes par la biologie et la physiologie pour rendre compte de l'état de rêve ?

    LE THÉOSOPHE — Non. Nous rejetons même les hypothèses de vos psychologues, et leur préférons les enseignements de la Sagesse orientale. Nous croyons à sept plans de l'être Kosmique, ainsi qu'à sept états de Conscience, en ce qui concerne l'univers ou le macrocosme, mais nous nous arrêtons au quatrième plan, car nous estimons qu'il n'est pas possible d'aller au-delà de celui-ci avec une certitude quelconque. Quant au microcosme, ou l'homme, nous discutons librement de ses sept états et principes.


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    QUESTION — Quelles explications en donnez-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Nous trouvons, tout d'abord, deux êtres distincts dans l'homme — l'être spirituel et l'être physique ; l'homme qui pense et l'homme qui enregistre tout ce qu'il peut assimiler de ces pensées. Nous le divisons, par conséquent, en deux natures distinctes : la supérieure (ou l'être spirituel), qui se compose de trois « principes » , ou aspects, et l'inférieure, (ou le quaternaire physique), qui est formée de quatre principes — ce qui nous donne bien, en tout, sept principes.

    LA NATURE SEPTUPLE DE L'HOMME

    QUESTION — Est-ce là ce qu'on appelle l'Esprit et l'Âme, d'une part, et l'homme de chair, d'autre part ?

    LE THÉOSOPHE — Non. Ceci est l'ancienne division platonicienne. Platon, étant un Initié, ne pouvait pas entrer dans des détails défendus ; mais quiconque connaît la doctrine archaïque retrouvera les sept principes dans les diverses combinaisons de l'Âme et de l'Esprit faites par Platon. Il considérait l'homme comme étant constitué essentiellement de deux parties : l'une éternelle, formée de la même essence que l'Absoluité, l'autre, mortelle et corruptible, tirant ses parties constituantes des dieux « créés » , d'ordre mineur. Pour lui, l'homme était composé : 1° d'un corps mortel ; 2° d'un principe immortel ; et 3°  « d'une sorte d'Âme mortelle et séparée » . C'est ce que nous appelons respectivement l'homme physique, l'Âme Spirituelle ou Esprit (Noûs), et l'Âme animale (psuchè). C'est la division qui a été adoptée par Paul (un autre Initié) qui, pour sa part, affirme qu'il existe un corps psychique, semé dans le corruptible (il s'agit en l'occurrence de l'âme astrale, ou du corps astral), et un corps spirituel constitué d'une substance incorruptible. Jacques lui-même corrobore cette assertion quand il dit (III, 15) que la


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    « sagesse » (de notre âme inférieure) n'est pas venue d'en haut, mais qu'elle est terrestre (« psychique » et « démoniaque » , comme l'ajoute le texte grec), tandis que l'autre est la sagesse céleste. Bien que Platon, et même Pythagore, ne parlent que de trois « principes » , il est si évident qu'ils leur attribuent sept fonctions différentes dans leurs diverses combinaisons qu'il suffit de comparer nos enseignements avec les leurs pour nous en rendre compte. Donnons un aperçu rapide de ces sept aspects au moyen des tableaux suivants :

    DIVISION THÉOSOPHIQUE

    LE QUATERNAIRE INFÉRIEUR

    Termes sanskrits

    Signification exotérique

    Explication


    (a) Rûpa, ou sthûla
         sharîra


    (a) Corps physique


    (a) C'est le véhicule de tous les autres "principes" pendant la vie.


    (b) Prâna


    (b) Vie, ou principe vital


    (b) Nécessaire seulement à a,c,d, ainsi qu'aux fonctions du Manas inférieur qui englobent toutes celles qui sont limitées au cerveau (physique).


    (c) Linga sharîra<o:p></o:p>


    (c) Corps astral


    (c) Le Double, le corps fantôme.


    (d) Kâmarûpa


    (d) Le siège des désirs et passions animaux


    (d) C'est le centre de l'homme animal, où se trouve la ligne de démarcation qui sépare l'homme mortel de l'entité immortelle.

     

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    LA TRIADE SUPÉRIEURE IMPÉRISSABLE

    Termes sanskrits

    Signification exotérique

    Explication


    (e) Manas - un principe double dans ses fonctions.


    (e) Mental, Intelligence ; le mental humain supérieur dont la lumière ou le rayonement unit, durant la vie, la MONADE à l'homme mortel.


    (e) L'état futur et la destinée       karmique de l'homme dépendent du devenir de Manas, selon qu'il descend plus bas, vers kâmarûpa, le siège des passions animales, ou qu'il s'élève en gravitant vers Buddhi, l'Ego spirituel. Dans ce dernier cas, la conscience supérieure des aspirations spirituelles individuelles du mental (Manas), assimilant Buddhi, est absorbée par ce principe et constitue l'Ego, qui entre dans la béatitude dévachanique (*).


    (f) Buddhi


    (f) L'Âme Spirituelle


    (f) Le véhicule de l'esprit pur et universel.


    (g)Âtma


    (g) L'Esprit


    (g) Un avec l'Absolu (du fait qu'il en est le rayonnement).

    (*) Dans le Bouddhisme ésotérique de M. Sinnett, d, e, et f, s'appellent respectivement l'Âme animale, l'Âmee humaine, et l'Âme spirituelle, ce qui est aussi correct. Bien que les principes soient numérotés dans le Bouddhisme ésotérique, cette numérotation est, strictement parlant, inutile. Seule la Monade avec ses deux aspects (Âtma-Buddhi) peut être considérée comme correspondant aux deux nombres les plus élevés (le 6e et le 7e principes). En ce qui concerne tous les autres, aucune numérotation n'est possible en général, puisqu' on ne doit considérer comme premier que le « principe » qui est prédominant dans l'homme. Chez certains hommes, c'est l'Intelligence supérieure (Manas ou le 5e principe) qui domine, chez d'autres, c'est l'Âme animale (kamarûpa) qui règne par-dessus tout, et manifeste les instincts les plus bestiaux, etc.

    Maintenant, qu'enseigne Platon ? II parle de l'homme intérieur comme étant constitué de deux parties — l'une immuable et toujours identique, formée de la même substance que la Divinité, et l'autre mortelle et corruptible (l). Ces « deux parties » correspondent respectivement à notre Triade supérieure et à notre quaternaire inférieur (voir le tableau). Il explique que, « toutes


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    les fois que l'Âme (psuchè) prend comme allié le Noûs » — l'esprit divin ou la substance divine (2) — « (...) elle mène toute chose avec rectitude et bonheur ; mais si elle s'associe à anoia » — la déraison, ou l'Âme animale et irrationnelle — « c'est tout le contraire qu'elle produit comme effet » (3). Nous avons donc ici Manas (ou l'Âme en général) sous ses deux aspects : en s'attachant à anoia (notre kamarûpa, l'« Âme animale », dans le Bouddhisme ésotérique), il se précipite vers l'annihilation complète, pour ce qui est de l'Ego personnel ; au contraire, en s'alliant au Nous (Âtma-Buddhi) il se fond dans l'Ego immortel et impérissable, et sa conscience spirituelle de la personnalité qui fut devient alors immortelle.

    DISTINCTION ENTRE L'ÂME ET L'ESPRIT

    QUESTION — Enseignez-vous vraiment, comme vous en accusent certains spirites français et anglo-saxons, l'annihilation de chaque personnalité ?

    LE THÉOSOPHE — Nullement. Nos adversaires ont répandu cette absurde accusation, parce que cette question de dualité — l'individualité de l'Ego divin et la personnalité de l'animal humain — implique celle de la possibilité de l'apparition de l'Ego réel et immortel dans les séances médiumniques sous la forme d'un « esprit matérialisé » , ce que nous nions, comme nous l'avons déjà expliqué.

    QUESTION — Vous avez dit que psuchè se précipite vers son annihilation complète en s'attachant à anoia. Qu'est-ce que Platon a voulu dire, et vous-même qu'entendez-vous par là ?


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    LE THÉOSOPHE — Ceci, je crois : l'annihilation complète de la conscience personnelle, qui est un cas rare et exceptionnel. La règle générale et presque invariable est la fusion de la conscience personnelle dans la conscience individuelle ou immortelle de l'Ego, c'est-à-dire une transformation ou une transfiguration divine, et l'annihilation complète du quaternaire inférieur seulement. Croyez-vous que l'homme de chair ou la personnalité temporaire, son ombre, l' « astral  » , ses instincts animaux et même sa vie physique, puissent survivre avec l' « Ego spirituel » , et devenir sempiternels ? Naturellement tout cela cesse d'exister au moment de la mort du corps, ou peu après, et avec le temps se désagrège entièrement et disparaît de la vue, annihilé en tant qu'entité.

    QUESTION — Alors vous niez aussi la possibilité de la résurrection de la chair ?

    LE THÉOSOPHE — Absolument ! Comment nous, qui croyons à la philosophie ésotérique archaïque des Anciens, pourrions-nous accepter les spéculations non philosophiques de la théologie chrétienne ultérieure, empruntées aux systèmes exotériques égyptien et grec des gnostiques ?

    QUESTION — Les Égyptiens révéraient les esprits de la Nature et déifiaient même les oignons ; vos hindous sont des idolâtres encore aujourd'hui ; les zoroastriens adoraient le Soleil et l'adorent encore, et les meilleurs d'entre les philosophes grecs étaient soit des rêveurs soit des matérialistes, exemples : Platon et Démocrite. Comment pouvez-vous donc les comparer aux chrétiens ?

    LE THÉOSOPHE — II se peut que vos catéchismes modernes de théologie chrétienne, et même de Science, enseignent de telles choses, mais les esprits impartiaux ont une autre compréhension. Les Égyptiens révéraient l' « Un seul et unique » sous le nom de Nout ; et c'est de ce mot qu'Anaxagore forgea son terme Noûs ou, comme il l'appelle, NouV autokrathV , « le Mental, ou l'Esprit, qui tient de lui-même sa puissance », l' arch  thV  kinhsewV , le principe directeur de tout mouvement, ou primum mobile de tout. Pour lui le Nous était Dieu, et le logos était l'homme, son


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    émanation. Le Noûs est l'esprit (dans le Kosmos, comme dans l'homme), et le logos, qu'on le considère comme l'Univers ou comme le corps astral, est l'émanation du premier, tandis que le corps physique n'est que l'aspect animal. Nos pouvoirs extérieurs perçoivent les phénomènes ; notre Noûs seul est capable de reconnaître leurs noumènes. C'est le logos seul, ou le noumène, qui survit, parce qu'il est immortel dans sa nature même et dans son essence ; dans l'homme, le logos est l'Éternel EGO qui se réincarne et dure à jamais. Mais comment l'ombre éphémère et extérieure, c'est-à-dire le vêtement temporaire de cette Émanation divine qui retourne à la source d'où elle est venue, peut-elle être ce qui ressuscitera incorruptible ?

    QUESTION — Je ne vois cependant pas comment vous pouvez vous défendre de l'accusation d'avoir inventé une nouvelle division des constituants spirituels et psychiques de l'homme, car aucun philosophe n'en fait mention, bien que vous croyiez que Platon en ait parlé.

    LE THÉOSOPHE — Et je maintiens ce que j'ai dit. En dehors de Platon, on peut citer également Pythagore qui a suivi la même division (4). Il a décrit l'Âme comme une Unité (monade) capable de se mouvoir elle-même, composée de trois éléments : — Noûs (l'Esprit), phrên (le mental) et thumos (la vie, le souffle ou le nephesh des cabalistes) (5). Ces trois éléments correspondent respectivement à notre « Âtma-Buddhi » (l'Âme-Esprit supérieur), à Manas (l'Ego) et à kâmarûpa conjointement avec le reflet inférieur de Manas. Ce que les anciens philosophes grecs appelaient Âme, en général, nous l'appelons Esprit, ou Âme spiri-


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    tuelle, Buddhi, considérée comme le véhicule d'Âtma, (l'Agathon, ou la Divinité Suprême de Platon). Le fait que Pythagore, et d'autres avec lui, affirment que nous partageons phrên et thumos avec les animaux prouve que, dans ce cas, il s'agit, d'une part, du reflet inférieur de Manas (l'instinct) et, d'autre part, de kâmarûpa (les passions animales vivantes). Et, comme Socrate et Platon acceptèrent également le sens de ces termes et s'y conformèrent, si, aux cinq divisions suivantes : Agathon (la Déité, ou Âtma), Psuchè (l'Âme prise au sens collectif), Noûs (l'Esprit ou le Mental), phrên (le mental physique) et thumos (kâmarûpa, ou les passions) nous ajoutons l'eidolon des Mystères (la forme-ombre, ou le double humain) et le corps physique, il nous est facile de démontrer que les idées de Pythagore et de Platon sont identiques aux nôtres. Même les Égyptiens avaient adopté la division septuple. Ils enseignaient que l'Âme (l'Ego), à sa sortie du corps, devait passer par ses sept chambres, ou principes, comprenant aussi bien ceux qu'elle abandonnait que ceux qu'elle emmenait avec elle. Pour comprendre la différence qui peut exister avec nos enseignements, il ne faut pas perdre de vue que la peine attachée à la révélation des doctrines enseignées pendant les Mystères était la mort : c'est pourquoi les Anciens n'énonçaient la doctrine que dans ses grandes lignes, tandis que nous la développons et l'expliquons dans ses détails. Néanmoins, bien que nous en divulguions autant qu'il nous est permis de le faire, même dans ce que nous enseignons maints détails importants sont omis, détails qu'ont seuls le droit de connaître ceux qui étudient la philosophie ésotérique et ont prêté le serment de silence.

    ENSEIGNEMENTS GRECS

    QUESTION — Nous avons d'admirables érudits en grec et en latin, en sanskrit et en hébreu. Comment se fait-il que nous ne trouvions rien dans leurs traductions qui nous fournisse un indice de ce que vous dites ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que vos traducteurs, malgré leur grand savoir, ont fait des philosophes — et surtout des philosophes


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    grecs — des auteurs obscurs au lieu des mystiques (6) qu'ils sont. Prenez comme exemple Plutarque et lisez ce qu'il dit sur les « principes » de l'homme. On prend ce qu'il dit au sens littéral et on l'attribue à la superstition métaphysique et à l'ignorance. Permettez-moi d'illustrer ceci en le citant : « L'homme » , dit Plutarque, « est un être composé, mais ceux-là se trompent qui le croient composé de deux parties seulement. Car ils s'imaginent que l'entendement » — l'intellect cérébral — « fait partie de l'âme » — la Triade supérieure ; « en cela, ils ne sont pas moins dans l'erreur que ceux qui considèrent que l'âme fait partie du corps » — c'est-à-dire qui envisagent la Triade comme faisant partie du quaternaire mortel et corruptible. « Car l'entendement (noûs) est autant supérieur à l'âme, que l'âme est meilleure et plus divine que le corps. Or, cette composition de l'âme yuch  avec l'entendement nouV forme la raison, tandis qu'avec le corps (ou thumos, l'âme animale) elle forme les passions ; de ces deux compositions, la seconde est le commencement ou principe du plaisir et de la douleur, et la première celui de la vertu et du vice. De ces trois parties jointes et unies ensemble, la terre a fourni le corps, la lune l'âme, et le soleil l'entendement dans la genèse de l'homme » (7).


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    Cette dernière phrase est purement allégorique, et seuls la comprendront ceux qui sont versés dans la science ésotérique des correspondances et qui savent quelle planète est en rapport avec chaque principe. Plutarque divise les principes en trois groupes. Il fait du corps un composé de l'organisme physique, de l'ombre astrale et du souffle : c'est la partie inférieure, triple dans sa nature, qui a été « prise à la terre et qui retourne à la terre » . Le second groupe comprend le principe intermédiaire et l'âme instinctive : il provient de la lune, est élaboré par elle et subit en permanence son influence (8). Enfin, c'est seulement la partie supérieure, ou l'Âme spirituelle, contenant en elle-même les éléments Âtmique et Manasique, qu'il fait émaner directement du Soleil, lequel représente ici l'Agathon, la Déité Suprême. Cela est prouvé par ce que dit Plutarque dans le passage suivant :

     

    « Quant à la mort que nous subissons, une première transition fait passer l'homme de trois éléments à deux, et une seconde de deux éléments à un seul, la première a lieu dans la région terrestre qui est sous la juridiction de Dèmèter — c'est pourquoi le mot qui veut dire « mourir » (teleutan) ressemble au mot qui signifie « être initié à ses mystères » (telein). D'ailleurs, les Athéniens appelaient jadis les morts les sujets de Dèmèter. Quant à la seconde mort, elle a lieu dans la lune, domaine de Perséphone (9). »

    Voilà exposée notre doctrine qui présente l'homme comme une entité septuple durant la vie ; un composé de cinq principes immédiatement après la mort, en kâma loka, et un Ego triple, Âme-Esprit et conscience en devachan. Cette séparation, qui s'accomplit d'abord dans les « Prairies de l'Hadès » , comme Plutarque appelle le kâma loka, et ensuite en devachan, faisait partie des cérémonies des Mystères sacrés, pendant lesquels les candidats à l'initiation jouaient le drame entier de la mort, et de la résurrection comme un esprit glorifié — mot par lequel nous désignons la Conscience. Ainsi l'entend Plutarque quand il dit :


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    « À la première déesse est associé l'Hermès terrestre, à la seconde l'Hermès céleste. La première dissocie l'âme du corps rapidement et avec violence ; mais Perséphone désunit doucement, et dans un long laps de temps, l'entendement de l'âme (10). Pour cette raison, elle s'appelle Monogénès, seule engendrée, ou plutôt, celle dont l'enfant est unique car la meilleure partie de l'homme vient à naître seule, lorsque la déesse l'a séparée. Or, chacune de ces deux séparations se produit de façon naturelle comme il suit. Il est décrété par le Destin (fatum ou karma) qu'en quittant le corps chaque âme, pourvue ou non de l'entendement (mental), erre pendant un certain temps, qui n'est cependant pas le même pour toutes, dans la région qui se trouve située entre la terre et la lune (kâma loka) (11). Car les âmes qui ont été injustes et impures subissent alors la punition due à leurs délits. Mais celles qui ont été bonnes et vertueuses sont retenues jusqu'à ce qu'elles soient purifiées, comme purgées par un souffle d'air, de tous les miasmes dont elles se sont chargées par l'effet de la contagion du corps, comme d'une source malsaine, et elles demeurent dans la région la plus douce de l'atmosphère, appelée les Prairies de l'Hadès, pour y rester pendant un temps bien déterminé. Ensuite, comme si elles retournaient dans leur patrie après un pèlerinage ou un long exil, elles goûtent une joie analogue à celle des initiés aux Mystères Sacrés, joie mêlée de confusion et de saisissement et pleine de l'attente du bonheur espéré (12) » .

    C'est une béatitude nirvânique, et nul théosophe ne saurait décrire en un langage plus clair (bien qu'ésotérique) les joies mentales du devachan, où chacun se trouve dans le paradis que sa conscience a créé. Mais il faut se garder de l'erreur générale où tombent trop de nos théosophes. Ne vous imaginez pas, sous prétexte que l'homme est appelé un être septuple, puis quintuple, et enfin une triade, qu'il soit un composé de sept, de cinq, ou


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    même de trois entités, ou, comme l'a bien exprimé un auteur théosophe, qu'il ait un tel nombre de peaux qu'on pourrait séparer comme des pelures d'oignon. Car, ainsi que nous l'avons déjà dit, à l'exception du corps, de la vie, et de l'eidolon astral, qui se dispersent tous trois au moment de la mort, les « principes » sont tout simplement des aspects et des états de conscience. Il n'y a qu'un seul homme réel, permanent pendant tout le cycle de vie, et immortel dans son essence, sinon dans sa forme : et c'est Manas, l'homme-Mental,ou la Conscience incorporée. L'objection soulevée par les matérialistes qui nient la possibilité que le mental et la conscience agissent sans la matière est sans valeur pour nous. Nous ne nions pas le caractère raisonnable de leur objection, mais nous demandons simplement à nos adversaires : « Connaissez-vous tous les états de matière, vous qui, jusqu'à présent, n'en avez reconnu que trois ? Et comment savez-vous que ce que nous nommons la CONSCIENCE ABSOLUE, ou le Divin à jamais invisible et inconnaissable, n'est pas l'universelle matière-Esprit, ou l'Esprit-matière dans son infinitude absolue — même si cette réalité échappe à jamais à notre conception humaine limitée. C'est donc un des aspects les plus inférieurs de cet Esprit-matière — et même un aspect fractionné, si on le considère dans ses manifestations manvantariques — qui constitue l'Ego conscient qui se crée son propre paradis, paradis d'halluciné, peut-être, mais néanmoins un état de béatitude.

    QUESTION — Mais qu'est-ce que le devachan ?

    LE THÉOSOPHE — Littéralement le « pays des dieux » ; une condition ou un état de béatitude mentale. Au point de vue philosophique, c'est une condition mentale analogue au rêve, mais infiniment plus vive et plus réelle que le plus saisissant des rêves. C'est l'état après la mort que connaissent la plupart des mortels.


    NOTES DU CHAPITRE VI

    (l) Voir Tlmée, 69 (N.d.T.).

    (2) Paul appelle « Esprit » le Noûs de Platon, mais, puisque cet esprit est « substance » , il s'agit évidemment de Buddhi, et non d'Âtma, qui, au point de vue philosophique, ne peut être en aucun cas qualifié de « substance » . Nous avons inclus Âtma dans les « principes » humains pour ne pas causer plus de confusion. En réalité ce n'est pas un principe « humain », mais le principe absolu, universel, dont Buddhi, l'Esprit-Âme, est le véhicule.

    (3) Les Lois, 897 a-b, extraits (N.d.T.).

    (4) « Platon et Pythagore » , a dit Plutarque, « divisent l'âme en deux parties : l'âme rationnelle (noétique) et l'âme irrationnelle (agnoïa) ; cette partie de l'âme humaine qui est rationnelle est éternelle, car, bien qu'elle ne soit pas Dieu, elle est cependant le produit d'une déité éternelle ; mais la partie de l'âme qui est privée de raison (agnoïa) est mortelle » {De placitis philosophorum, IV, 4, 7, (N.d.T.)]. Le terme moderne agnostique, vient d'agnosis, un mot de la même famille. Nous nous demandons comment M. Huxley, l'auteur de ce terme, a bien pu croire que sa grande intelligence était liée à l'« âme privée de raison » , qui est mortelle ? Est-ce là l'effet d'une humilité exagérée de ce matérialiste moderne ?

    (5) Diogène Laërce, Vitae, VIII, 1, 30 (N.d.T.).

    (6) H.P.B. fait ici un jeu de mots, intraduisible en français, en opposant à l'épithète mystic (mystique) le mot misty (obscur, vague, fumeux) (N.d.T.)

    (7) Dans Isis Dévoilée (édition originale, 2° vol., pp. 283-4) Mme Blavatsky a déjà cité ce remarquable passage qui apparaît comme il suit dans le texte original :
    «... l'homme est un être composé, mais ceux-là se trompent qui le croient composé de deux parties seulement. Car ils s'imaginent que l'entendement (noûs) est, en quelque sorte, une partie de l'âme (psuchè) et, en cela, ils ne sont pas moins dans l'erreur que ceux qui considèrent que l'âme est une partie du corps (sôma) ; car l'âme est autant supérieure au corps que l'entendement est meilleur et plus divin que l'âme. Or, du mélange (mixis) du corps et de l'âme, résulte l'aspect irrationnel (alogon) et affectif {pathètikon), tandis que la rencontre (sunodos) de l'entendement et de l'âme donne naissance à la raison (logos) ; de ces deux compositions, la première est la source, ou principe (archè), du plaisir et de la douleur, la seconde de la vertu et du vice. Dans la composition de ces trois aspects, la terre fournit le corps, la lune l'âme, et le soleil l'entendement (tout comme il donne la lumière à la lune elle-même) pour la genèse de l'homme. » De fade quae in orbe lunae apparet, 943 (N.d.T.).

    (8) Les cabalistes qui connaissent la relation entre Jéhovah, celui qui donne la vie et les enfants, et la Lune, et l'influence que celle-ci exerce sur la procréation, comprendront de quoi il s'agit, certains astrologues également.

    (9) De facie, 943 a, b. (N.d.T.).

    (10) Perséphone ou Proserpine représente ici le karma post mortem, qui, est-il dit, règle la séparation des « principes » inférieurs et des « principes » supérieurs — en d'autres termes, la séparation de l'âme (nephesh, le souffle de vie animale, qui reste pendant un certain temps en kâma loka) et de l'Ego (composé de trois principes supérieurs), qui entre dans l'état de devachan, ou de béatitude.

    (11) Cette situation dure jusqu'à ce que le « principe » supérieur et spirituel soit séparé des principes inférieurs, qui restent en kâma loka pour y être désagrégés.

    (12) Plutarque, Ibid. (N.d.T.).

    chapitre suivant



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    VII

    DES DIFFÉRENTS ÉTATS
    APRÈS LA MORT


     

    L'HOMME PHYSIQUE ET L'HOMME SPIRITUEL

    QUESTION—Je suis heureux de vous entendre dire que vous croyez à l'immortalité de l'âme.

    LE THÉOSOPHE — Non pas à celle de l' «  âme » , mais à celle de l'Esprit divin, ou plutôt à l'immortalité de l'Ego qui se réincarne.

    QUESTION — Quelle est la différence ?

    LE THÉOSOPHE — Elle est très grande d'après notre philosophie. Mais c'est une question beaucoup trop complexe et difficile pour qu'on ne fasse que l'effleurer. Il nous faudra analyser chaque aspect séparément, et ensuite ensemble. Commençons par l'Esprit, si vous voulez.
    Nous disons que l'Esprit (le « Père dans le secret » , selon Jésus), ou Âtman, n'est la propriété individuelle d'aucun homme, mais est l'essence Divine qui n'a ni corps ni forme, qui est impondérable, invisible et indivisible ; on peut dire de lui qu'il n'existe pas mais pourtant qu'il est, comme le disent les bouddhistes en parlant du nirvâna. Il étend son influence sur le mortel, sans être enfermé en lui. Seuls les rayons omniprésents d'Âtman — ou sa lumière — diffusés à travers Buddhi, son véhicule et son émanation directe, entrent dans l'homme et pénètrent tout son corps. C'était le sens secret des affirmations de presque tous les


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    anciens philosophes quand ils disaient que « la partie rationnelle de l'âme humaine » (l) n'entrait jamais entièrement dans l'homme mais étendait sur lui son influence, d'une façon plus ou moins marquée, par l'intermédiaire de lÂme spirituelle irrationnelle, ou Buddhi (2).

    QUESTION — Je pensais que seule l'« âme animale » était irrationnelle, mais non l'Âme Divine.

    LE THÉOSOPHE — II faut que vous appreniez à distinguer entre ce qui est négativement ou passivement « irrationnel » , parce que dans un état non différencié, et ce qui est irrationnel parce que trop actif et positif. L'homme est un ensemble complexe d'éléments en relations mutuelles, comprenant des pouvoirs spirituels aussi bien que des forces chimiques et physiques, amenés à fonctionner par l'effet de ce que nous appelons les « principes » .

    QUESTION — J'ai beaucoup lu sur ce sujet, et il me semble que les idées des anciens philosophes diffèrent considérablement de celles des cabalistes médiévaux, bien qu'elles soient parfois d'accord entre elles sur certains détails.

    LE THÉOSOPHE — La différence la plus importante qui existe entre les cabalistes et nous c'est que nous croyons, comme


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    l'avancent les néo-platoniciens et les enseignements orientaux, que l'Esprit (Âtma) ne descend jamais hypostatiquement dans l'homme vivant, mais qu'il déverse plus ou moins son rayonnement sur l'homme intérieur (la combinaison psychique et spirituelle formée des principes astraux). Par contre, les cabalistes prétendent que l'Esprit humain, se détachant de l'océan de lumière et de l'Esprit Universel, pénètre dans l'Âme de l'homme, et y demeure durant toute la vie, emprisonné dans la capsule astrale. Tous les cabalistes chrétiens l'affirment encore, parce qu'ils ne peuvent pas se débarrasser entièrement de leurs doctrines bibliques et anthropomorphiques.

    QUESTION — Et que dites-vous ?

    LE THÉOSOPHE — Nous n'admettons que la présence du rayonnement de l'Esprit (ou Âtma) dans la capsule astrale, et uniquement ce rayonnement spirituel. Nous disons que l'homme et l'Âme doivent conquérir leur immortalité en s'élevant vers l'unité à laquelle, s'ils réussissent à l'atteindre, ils se trouvent finalement liés et dans laquelle ils finissent, pour ainsi dire, par être absorbés. Après la mort, l'individualisation de l'homme dépend de l'esprit, non de l'âme et du corps. Bien que le terme « personnalité » , au sens où on l'entend d'ordinaire, soit une absurdité si on l'emploie littéralement pour désigner notre essence immortelle, cette dernière est néanmoins, en tant que notre Ego individuel, une entité distincte, immortelle et éternelle par soi-même. Ce n'est que dans le cas de magiciens noirs ou de criminels, pour qui n'existe plus aucune chance de rachat — criminels qui ont été tels pendant une longue série de vies — que le fil lumineux, qui, dès le moment de la naissance de l'enfant, relie l'esprit à l'âme personnelle, se rompt avec violence, et que l'entité désincarnée se trouve séparée de l'âme personnelle, celle-ci étant anéantie sans laisser la moindre impression d'elle-même sur la première. Si cette union entre le Manas inférieur, ou personnel, et l'Ego individuel, l'entité qui se réincarne, ne s'est pas effectuée pendant la vie, alors le premier est abandonné et doit partager le sort des animaux inférieurs, pour se dissoudre peu à peu dans l'éther et subir l'annihilation de sa personnalité. Mais, même


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    alors l'Ego demeure un être distinct. Après cette vie spéciale qui, dans ce cas, est en fait inutile, il (l'Ego spirituel) ne perd qu'un seul état dévachanique, dont il aurait joui sous les traits de cette personnalité idéalisée : il se réincarne presque immédiatement, après avoir, pendant une courte période, joui de sa liberté en tant qu'esprit planétaire.

    QUESTION — II est dit dans Isis Dévoilée que de tels esprits planétaires, ou de tels Anges, « les dieux des païens, ou les Archanges des chrétiens » , ne seront jamais des hommes sur notre planète.

    LE THÉOSOPHE — C'est parfaitement exact. Mais au lieu de « tels esprits planétaires » , c'est certaines classes d'esprits planétaires supérieurs qu'il faudrait dire. Ces derniers ne seront jamais des hommes sur cette planète, parce que ce sont des Esprits libérés provenant d'un ancien monde qui a existé avant le nôtre, et, comme tels, ils ne peuvent re-devenir des hommes sur notre terre. Pourtant, ils revivront tous dans le prochain Mahâmanvantara (qui sera bien supérieur au présent), une fois que se sera écoulé le présent « grand Âge » ainsi que le « Pralaya de Brahmâ » (une courte période de quelque 16 chiffres) qui lui fera suite. Vous devez naturellement avoir entendu dire que la philosophie orientale nous enseigne que ce sont de tels « Esprits » emprisonnés dans des corps humains qui forment notre humanité. La différence qui existe entre les hommes et les animaux est la suivante : les animaux ne sont animés par les « principes » que d'une façon potentielle, alors que les hommes le sont effectivement (3). Voyez-vous la différence maintenant ?

    QUESTION — Oui, mais cette spécialisation a été de tout temps la pierre d'achoppement des métaphysiciens.

    LE THÉOSOPHE — C'est vrai. Tout l'ésotérisme de la philosophie bouddhique est basé sur cet enseignement mystérieux, que


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    si peu comprennent et que tant de savants modernes parmi les meilleurs dénaturent tout à fait. Les métaphysiciens eux-mêmes ne sont que trop enclins à confondre l'effet avec la cause. Un Ego qui a gagné sa vie immortelle comme esprit restera le même soi intérieur à travers toute la série de ses renaissances sur la terre ; mais cela n'implique pas nécessairement qu'il doive rester le M. Dupont, ou M. Durand, qu'il était sur terre, ou perdre son individualité. Voilà pourquoi l'âme astrale et le corps terrestre d'un homme peuvent, dans le sombre au-delà, être absorbés dans l'océan cosmique des éléments sublimés et cesser d'avoir la conscience du dernier Ego personnel de cet homme (si cet Ego n'a pas mérité de s'élever plus haut). Et l'Ego divin peut rester néanmoins la même entité, sans subir aucun changement, bien que cette expérience terrestre vécue par son émanation puisse être totalement oblitérée dès l'instant où il se sépare de son indigne véhicule.

    QUESTION — Si l'« Esprit » , ou la partie divine de l'âme, a préexisté de toute éternité comme un être distinct, ainsi que l'ont enseigné Origène, Synésius et d'autres philosophes mi-chrétiens et mi-platoniciens, et s'il est la même chose et rien de plus que l'âme métaphysiquement objective, comment peut-il être autre qu'éternel ? Dans ce cas, qu'importe-t-il que l'homme mène une vie pure ou une vie animale, s'il ne peut jamais perdre son individualité quoi qu'il fasse ?

    LE THÉOSOPHE — Une telle doctrine, comme vous la présentez, n'est pas moins pernicieuse dans ses conséquences que celle de la rémission des péchés. Si l'on avait dévoilé au monde ce dernier dogme sous sa véritable lumière et dénoncé l'idée fausse que nous sommes tous immortels, on aurait, de ce fait, amélioré l'humanité.
    Permettez-moi de vous répéter encore une fois : Pythagore, Platon, Timée de Locres, et l'ancienne École d'Alexandrie faisaient dériver l'Âme de l'homme (c'est-à-dire ses «  principes » et attributs supérieurs) de l'Âme Universelle du Monde, celle-ci étant, d'après leurs enseignements, AEther (Pater-Zeus). Il s'ensuit qu'aucun de ces « principes » ne peut être identifié à l'essence pure et vierge de la Monade [Monas] pythagoricienne


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    — notre Âtma-Buddhi — parce que l'Anima Mundi n'est que l'effet, l'émanation subjective, ou plutôt le rayonnement de la première. L'Esprit humain (ou l'individualité) c'est-à-dire l'Ego Spirituel qui se ré-incarne, et Buddhi, l'Âme Spirituelle, sont tous deux préexistants. Mais tandis que le premier existe comme une entité distincte, une individualisation, l'âme n'existe que comme un souffle préexistant, un fragment non conscient d'un tout intelligent. À l'origine, tous deux furent formés de l'Océan Éternel de lumière ; mais, comme l'ont exprimé les Philosophes du Feu, les théosophes médiévaux, il y a dans le feu un esprit visible et un esprit invisible. Et ils faisaient une distinction entre l'anima bruta et l'anima divina. Empédocle croyait fermement que tous les hommes et tous les animaux possédaient deux âmes ; quant à Aristote, nous constatons qu'il appelle l'une l'âme raisonnante nouV [Noûs] et l'autre l'âme animale yuch [Psuchè]. Selon ces philosophes, l'âme raisonnante vient de l'intérieur de l'âme universelle, et l'autre de l'extérieur.

    QUESTION — L'Âme, c'est-à-dire l'Âme humaine pensante, ou ce que vous nommez l'Ego, l'appelleriez-vous matière ?

    LE THÉOSOPHE — Matière, non, mais substance, certainement. Toutefois nous n'aurions rien à objecter contre le mot « matière », pourvu qu'il fût suivi de l'adjectif « primordiale ». Cette matière, disons-nous, est co-éternelle avec l'Esprit ; elle n'est pas notre matière visible, tangible et divisible, mais son état sublimé au plus haut point. L'Esprit pur ne diffère que d'un degré du non-Esprit, ou du tout absolu. À moins que vous n'admettiez que l'homme a été produit par émanation à partir de cette matière-Esprit primordiale et qu'il représente une échelle régulière et progressive de « principes » , depuis le méta-Esprit jusqu'à la matière la plus grossière, comment pourrait-on jamais arriver à considérer l'homme intérieur comme immortel et en même temps comme une Entité spirituelle et un homme mortel ?


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    QUESTION — Mais pourquoi alors ne pas croire en un Dieu qui serait une telle Entité ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que ce qui est infini et inconditionné ne peut avoir de forme et ne peut être un être — du moins selon toute philosophie orientale digne de ce nom. Une « entité » est immortelle, mais elle ne l'est que dans son essence ultime, non dans sa forme individuelle. Arrivée au dernier point de son cycle, elle est absorbée dans sa nature primordiale et elle devient esprit, perdant alors son nom d'Entité.
    En tant que forme, l'immortalité de l'entité est limitée à son cycle de vie, le Mahâmanvantara ; celui-ci écoulé, elle est indissolublement unie avec l'Esprit Universel et identique à lui, en cessant d'être une Entité distincte. Quant à l'Âme personnelle, c'est-à-dire l'étincelle de conscience qui conserve dans l'Ego Spirituel l'idée du « Moi » personnel de l'incarnation précédente, elle ne dure, en tant que souvenir séparé et distinct, que jusqu'à la fin de la période dévachanique. À l'expiration de celle-ci, elle s'ajoute à la série des autres incarnations innombrables de l'Ego, comme le souvenir qui reste dans notre mémoire, à la fin de l'année, d'un seul jour parmi tous les autres. Voulez-vous lier à des conditions finies l'infinitude que vous attribuez à votre Dieu ? Seul est immortel ce qui est indissolublement cimenté par Âtma (c'est-à-dire Buddhi-Manas). L'Âme de l'homme (c'est-à-dire de la personnalité) n'est en soi ni immortelle, ni éternelle, ni divine. Comme le dit le Zohar (Vol. III, p. 616) (4) : « Quand elle est envoyée sur cette terre, l'âme se couvre d'un vêtement terrestre, pour se préserver ici-bas ; de même, elle reçoit en haut un vêtement lumineux, afin de pouvoir regarder sans préjudice dans le miroir dont la lumière provient du Seigneur de Lumière. » Le Zohar nous enseigne, en outre, que l'âme ne peut atteindre le séjour de béatitude avant d'avoir reçu le « saint baiser » : avant d'être réunie à la substance dont elle est émanée, l'esprit (5). Toutes les âmes ont une nature de dualité; et tandis


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    que l'âme est un principe féminin, l'esprit est un principe masculin. Tant qu'il est emprisonné dans le corps, l'homme est une trinité, à moins qu'il ne soit souillé au point de s'être séparé complètement de l'esprit. « Malheur à l'âme qui préfère à son époux divin (l'esprit) les liens conjugaux avec son corps terrestre » , tel est l'avertissement qui figure dans le Livre des Clefs, un ouvrage hermétique. Malheur, en vérité, car rien de cette personnalité ne restera à inscrire sur les tablettes impérissables de la mémoire de l'Ego.

    QUESTION — Mais comment ce qui, de votre aveu, est de substance identique au divin, même sans avoir été insufflé par Dieu dans l'homme, pourrait ne pas être immortel ?

    LE THÉOSOPHE — Chaque atome, chaque particule de matière (et non seulement de substance), est impérissable dans son essence, mais non pas dans sa conscience individuelle. L'immortalité n'est rien d'autre qu'une conscience ininterrompue de soi, et la conscience personnelle ne peut guère durer plus longtemps que la personnalité elle-même, n'est-ce pas ? Une telle conscience, comme je vous l'ai déjà dit, ne survit que pendant toute la durée du devachan ; celle-ci terminée, elle est réabsorbée, d'abord dans la conscience individuelle, puis dans la conscience universelle. Demandez plutôt à vos théologiens comment il peut se faire qu'ils interprètent si mal les Écritures juives. Lisez la Bible et vous verrez que les auteurs du Pentateuque, tout particulièrement de la Genèse, n'ont jamais considéré nephesh — ce que Dieu insuffle à Adam (Gen. 2, 7) — comme l'âme immortelle. En voici quelques exemples : «  Et Dieu créa... chaque nephesh [vie] qui se meut » (Gen. l, 21), le texte signifiant par là les animaux. Ensuite, il est dit : « Et l'homme devint un nephesh » , (une âme vivante), (Gen. 2, 7), ce qui montre que le mot nephesh s'appliquait indifféremment à l'homme immortel et à l'animal mortel. « Et certainement je demanderai compte de votre sang, du sang de vos nepheshim (vies), j'en demanderai compte à tout animal et à tout homme » (Gen. 9, 5). « Sauve-toi pour ton nephesh »—on a traduit : « Sauve-toi, sur ta vie » (Gen. 19, 17). « Ne le tuons pas » , dit la version anglaise (Gen. 37, 21); et dans le texte


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    hébre  : « Ne tuons point son nephesh » . « Nephesh pour nephesh  », dit le Lévitique (17, 8). « Celui qui frappera mortellement un homme, quel qu'il soit, sera puni de mort » , — textuellement : « Celui qui frappera le nephesh d'un homme »... (Lev. 24, 17). Aux versets 18 et suivants, on li  : « Qui frappera une bête (nephesh) mortellement la remplacera... bête pour bête » , tandis que dans le texte original il est dit : « nephesh pour nephesh » . Comment un homme pourrait-il tuer ce qui est immortel ? Ces citations nous montrent aussi pourquoi les Sadducéens niaient l'immortalité de l'âme. Elles apportent aussi une autre preuve que, très vraisemblablement, les juifs qui suivaient la loi de Moïse — ceux du moins qui n'étaient pas initiés — ne crurent jamais à la survie de l'âme.

    DE L'ÉTERNITÉ DE LA RÉCOMPENSE
    ET DU CHÂTIMENT?
    ET DU NIRVÂNA

    QUESTION —Il est à peine nécessaire, je suppose, de vous demander si vous croyez aux dogmes chrétiens du paradis et de l'enfer, ou aux récompenses et châtiments futurs, tels que l'enseigne l'orthodoxie des Églises.

    LE THÉOSOPHE — Nous les rejetons absolument tels qu'ils sont décrits dans vos catéchismes ; et nous rejetons par-dessus tout leur caractère éternel. Mais nous croyons fermement à ce que nous appelons la loi de rétribution, ainsi qu'à la justice et la sagesse absolues qui guident cette loi, ou karma. Par conséquent, nous refusons catégoriquement d'accepter cette croyance, aussi cruelle que non philosophique, en une récompense ou une punition éternelle. Avec Horace nous disons :

    « Ayons des lois qui contiennent notre colère,
    Et punissent le crime d'une peine proportionnée ;
    Mais ne fouettez pas jusqu'au sang celui qui, pour sa faute,
    Ne mérite qu'un coup de lanière. »

    Voilà une règle juste, et qui s'applique à tous les hommes.


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    Devons-nous croire que Dieu qui, selon vous, personnifie en soi la sagesse, l'amour et la miséricorde, mérite moins ces qualités que l'homme mortel ?

    QUESTION — Avez-vous d'autres raisons pour repousser ce dogme ?

    LE THÉOSOPHE — Le fait de la ré-incarnation nous fournit la principale d'entre elles. Nous rejetons, comme je l'ai déjà dit, l'idée de la création d'une âme nouvelle pour chaque enfant nouveau-né ; mais nous croyons que chaque être humain est le porteur, ou le Véhicule, d'un Ego aussi ancien que tout autre Ego ; parce que tous les Ego sont de la même essence et appartiennent à l'émanation primordiale qui est issue d'un seul Ego universel et infini. Platon appelle ce dernier le logos (ou le second Dieu manifesté) ; nous l'appelons le principe divin manifesté, qui est indissociable du mental universel ou de l'âme universelle, mais qui n'est pas le Dieu personnel, anthropomorphe et extracosmique en qui croient tant de théistes. Veuillez ne pas confondre l'un avec l'autre.

    QUESTION — Mais, dès que l'on accepte un principe manifesté, où est la difficulté de croire que l'âme de chaque nouveau mortel est créée par ce principe, ainsi que l'ont été toutes les âmes qui l'ont précédée ?

    LE THÉOSOPHE — On ne peut pas y croire, parce que ce qui est impersonnel ne peut guère créer, tracer des plans et penser selon son bon plaisir. Étant une Loi universelle, immuable dans ses manifestations périodiques au cours desquelles il rayonne et projette dans le monde phénoménal sa propre essence au commencement de chaque nouveau cycle de vie, ce principe divin n'est pas censé créer des hommes pour se repentir quelques années plus tard de l'avoir fait. Si nous devons croire à un quelconque principe divin, ce doit être à un principe d'harmonie, de logique et de justice absolues, autant que d'amour, de sagesse et d'impartialité absolus. Un Dieu qui créerait chaque âme pour le court espace d'une vie terrestre, sans se soucier du fait que cette âme doive animer le corps d'un homme riche et heureux ou celui d'un pauvre diable souffreteux, destiné à être malheureux


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    de sa naissance jusqu'à sa mort, bien qu'il n'ait rien fait pour mériter un sort si cruel, serait un démon insensé plutôt qu'un Dieu. (Voir plus loin « De la Punition de l'Ego »). Même les philosophes juifs, croyant en la Bible mosaïque (ésotériquement, bien sûr), n'ont jamais pensé une telle chose. D'ailleurs, ils croyaient, comme nous, à la ré-incarnation.

    QUESTION — Pouvez-vous me donner des exemples comme preuves de ce que vous avancez ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. Comme le dit Philon le Juif (dans De Somniis p. 455 (6)) : « L'air contient des âmes nombreuses [comme les étoiles] celles qui sont le plus attirées par la terre (...) descendent se faire lier à des corps mortels (...) ; ayant pris goût à la vie humaine, elles y reviennent en hâte —  palindromousin auqiV .  Dans le Zohar, l'âme est censée faire valoir sa liberté devant Dieu : « Seigneur de l'Univers ! Je suis heureuse dans ce monde et ne souhaite point m'en aller dans un autre, où je serai une servante, livrée à toutes sortes de pollutions » (7). La réponse de la divinité affirme la doctrine de la nécessité inéluctable, de la loi éternelle et immuable : « Contre ta volonté tu deviendras un embryon, et contre ta volonté tu naîtras » (8). La lumière serait incompréhensible sans les ténèbres qui la rendent manifeste par contrast ; le bien ne serait plus le bien sans le mal qui en montre la valeur inestimable ; de même, la vertu de l'individu serait sans mérite si elle ne passait par la fournaise de la tentation. Rien n'est éternel et immuable, sauf le Divin invisible. Rien de ce qui est fini — pour avoir eu un commencement ou devoir s'arrêter ultérieurement — ne peut demeurer stationnaire. Il faut qu'il y ait progrès ou recul ; et l'âme qui désire ardemment la réunion avec son esprit — réalisation qui, à elle seule, lui confère l'immortalité — doit se purifier en passant par les transmigrations cycliques qui la conduisent vers le seul pays de béatitude et


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    de repos éternel qui soit, et qui est appelé dans le Zohar le « Palais d'Amour», (9), dans la religion hindoue « Moksha » , chez les gnostiques, le « Plèrôme de la Lumière Éternelle » et, chez les bouddhistes, « nirvâna » . Tous ces états ne sont pas éternels, mais temporaires.

    QUESTION —Je ne vois pas qu'il soit fait mention de la réincarnation dans tout cela.

    LE THÉOSOPHE — Une âme qui demande qu'on lui permette de rester là où elle est, doit être préexistante, et ne peut pas avoir été créée pour l'occasion. Toutefois, dans le Zohar (Vol. III, p. 61) (10) il y a une preuve encore meilleure. À propos des Ego qui se réincarnent (les âmes rationnelles) et dont la dernière personnalité est vouée à disparaître entièrement, il y est dit : « Toutes les âmes qui se sont détournées du Saint dans les cieux — béni soit Son nom — se sont jetées elles-mêmes dans l'abîme au péril de leur existence même et ont anticipé l'heure marquée pour descendre une fois de plus sur la terre » . Le « Saint » veut dire ici, ésotériquement, l'Âtman, ou Âtma-Buddhi.

    QUESTION — II est également étrange d'entendre parler du nirvâna comme de quelque chose de synonyme du Royaume des cieux ou du paradis, car, selon tous les orientalistes réputés, nirvâna est synonyme d'annihilation !

    LE THÉOSOPHE — C'est vrai, quand on le prend dans son sens littéral, relativement à la personnalité et à la matière différenciée, mais pas autrement. Nombre de Pères de l'Église primitive professaient ces idées au sujet de la réincarnation et de la trinité de l'homme. C'est la confusion faite par les traducteurs du Nouveau Testament, et des anciens traités philosophiques, entre les termes âme et esprit, qui a été la cause des multiples


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    interprétations erronées ultérieures. C'est aussi une des nombreuses raisons pour lesquelles on accuse le Bouddha, Plotin et tant d'autres Initiés, d'avoir souhaité l'extinction totale de leur âme — l' « absorption dans le Divin » , ou la « réunion avec l'Âme Universelle » — ce qui veut dire, d'après les idées modernes, annihilation. L'âme personnelle doit naturellement se désagréger en toutes ses particules avant que son essence la plus pure puisse se réunir à jamais à l'esprit immortel. Mais les traducteurs des Actes et des Épîtres, qui jetèrent les fondations du Royaume des Cieux, ainsi que les commentateurs modernes du Sûtra de l'établissement du Royaume de la Justice de la tradition bouddhique (11), ont embrouillé la pensée du grand apôtre du christianisme, aussi bien que celle du grand réformateur de l'Inde. Les premiers ont tellement déformé le sens du mot yucikoV [psuchikos] que le lecteur ne peut imaginer qu'il se rapporte à l'âme et, à cause de cette confusion entre les mots âme et esprit, les lecteurs de la Bible n'ont qu'une compréhension dénaturée de tout ce qui se rapporte à ce sujet. De leur côté, les interprètes du Bouddha n'ont compris ni la signification ni le but des quatre degrés de la voie bouddhique de Dhyâna. Que disent les pythagoriciens ? « Peut-on réduire à l'état de non-entité cet esprit qui donne la vie et le mouvement et qui participe de la nature de la lumière ? » Et, même, comme le font observer les occultistes, « l'esprit sensitif des animaux, qui fait preuve de mémoire — une des facultés rationnelles — peut-il mourir et se réduire à néant ? » Dans la philosophie bouddhique, annihilation ne veut rien dire d'autre qu'une dispersion de matière, sous quelque forme, ou apparence de forme, que cette matière puisse être, car tout ce qui a forme est temporaire et, par suite, n'est, en réalité, qu'une illusion. Face à l'éternité, les périodes de temps les plus longues sont comme un clignement d'oeil. Il en est de même de la forme. Avant qu'on ait eu le temps de se rendre compte qu'on la voyait, elle a disparu à jamais, avec la rapidité d'un éclair. C'est seulement lorsque l'entité Spirituelle se libère définitivement de toute particule de matière, de substance, ou de forme, et


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    qu'elle redevient un souffle Spirituel, qu'elle entre dans le nirvâna éternel et inchangeable, qui durera autant qu'a duré le cycle de vie — une éternité, assurément. Et d'ailleurs, du fait qu'il existe en Esprit, ce Souffle n'est rien parce qu'il est tout ; en tant que forme, apparence, ou image définie, il est complètement anéanti ; mais, en tant qu'Esprit absolu, il est toujours, car il est devenu l'Être-té (12) même. L'expression: « absorbée dans l'essence universelle » employée pour parler de l' « Âme » en tant qu'Esprit, veut dire « en complète communion » . Elle ne peut jamais suggérer l'annihilation, car cela voudrait dire séparation éternelle.

    QUESTION — Mais, en vous servant ainsi de ces expressions, ne vous exposez-vous pas à l'accusation d'enseigner ? Ne venez-vous pas, par exemple, de dire que l'Âme de l'homme retourne à ses éléments primordiaux ?

    LE THÉOSOPHE — Mais vous oubliez que je vous ai indiqué les différences qui existent entre les diverses significations du mot « Âme » , et souligné la manière vague dont on a jusqu'à présent traduit le terme « Esprit » . Nous parlons d'une Âme animale, d'une Âme humaine et d'une Âme spirituelle, et nous faisons bien la distinction entre elles. Par exemple, ce que Platon appelle « Âme rationnelle » , nous l'appelons Buddhi, en ajoutant toutefois au mot « âme » l'épithète « spirituelle » ; mais ce que nous désignons par l'Ego qui se réincarne, Manas, lui l'appelle Noûs, l'esprit (l 3), etc. ; tandis que pour nous, le mot Esprit, employé seul et sans qualification, désigne uniquement Âtma. Quant à Pythagore, il reprend notre doctrine archaïque lorsqu'il dit que l'Ego (Noûs) est éternel avec le Divin ; que l'âme ne passe par des


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    stades divers que dans le but d'arriver à l'excellence divine ; tandis que thumos retourne de nouveau à la terre, et que phrên même, le Manas inférieur, est éliminé. De même, Platon définit l'Âme (Buddhi) comme « principe moteur autonome » . « L'Âme » , ajoute-t-il (Lois, X) « est la plus ancienne de toutes les choses et l'origine de tout mouvement » , désignant ainsi par « Âme », Âtma-Buddhi, et par « Esprit » , Manas ce que nous ne faisons pas.

    « L'âme a priorité d'origine sur le corps ; le corps est postérieur et secondaire : conformément à la Nature, l'âme le dirige et il obéit. »

    « Cette âme qui administre et règle du dedans toute chose mue de quelque manière que ce soit, (...) administre aussi le Ciel. »

    « L'âme dirige donc tout ce qui est au Ciel, sur la terre et dans la mer, par ses propres mouvements que nous appelons volition, attention, prévoyance, délibération, jugement vrai ou faux, joie ou tristesse, confiance ou crainte, aversion ou amour, ainsi que par d'autres mouvements primaires semblables associés à ceux-ci (...) Et cette âme, toutes les fois qu'elle prend comme allié l'Intellect divin [noûs théios] est vraiment une déesse qui mène toute chose avec rectitude et bonheur ; mais, si elle s'associe à anoia [la déraison], et non au noûs, c'est tout le contraire qu'elle produit comme effet (14). »

    Dans ce langage, comme dans les textes bouddhiques, la non-existence est considérée comme l'existence essentielle ; et l'annihilation est interprétée de la même façon. L'état positif est l'être essentiel, mais n'est nullement une manifestation en tant que telle. Lorsque l'esprit, dans le langage des bouddhistes, entre en nirvâna, il perd son existence objective, mais conserve son être subjectif. Pour les intelligences objectives, cela revient à dire qu'il est devenu le « rien » absolu ; pour les intelligences subjectives, au contraire, il est devenu tout simplement AUCUNE CHOSE (l 5) — rien qui soit capable de se manifester aux sens.


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    Ainsi, le nirvâna des bouddhistes signifie la certitude de l'immortalité individuelle en Esprit, non pas en tant qu'Âme, puisque celle-ci, tout en étant « la plus ancienne de toutes les choses » , n'en est pas moins une émanation finie, en tant que forme et individualité, sinon en tant que substance — comme le sont tous les autres Dieux.

    QUESTION —Je ne saisis pas encore tout à fait votre pensée et je vous saurais gré de me l'expliquer par quelques exemples.

    LE THÉOSOPHE — II est effectivement très difficile de comprendre ces idées, surtout pour celui qui a été élevé dans les idées tout à fait orthodoxes de l'Église chrétienne. Mais je dois ajouter que vous n'aurez guère de chances de comprendre notre philosophie orientale si vous n'étudiez pas sérieusement les fonctions séparément attribuées à tous les « principes » humains, ainsi que les états réservés à chacun d'eux après la mort.

     

    LES DIFFÉRENTS « PRINCIPES » DE L'HOMME

    QUESTION —J'ai beaucoup entendu parler de cette constitution de l' « homme intérieur » , comme vous l'appelez, mais elle n'a jamais eu « ni queue ni tête » pour moi, selon l'expression de Gabalis.

    LE THÉOSOPHE — Bien sûr ; il est fort difficile, et cela peut vous paraître, comme vous le dites, une entreprise « déroutante » , d'arriver à comprendre les divers aspects que nous appelons les « principes » de I'EGO réel, et de les distinguer correctement les uns des autres. Et cela d'autant plus qu'il existe une notable différence dans la numérotation des principes selon les diverses écoles orientales, bien qu'au fond il y ait une base identique commune d'enseignement.

    QUESTION — Faites-vous allusion aux auteurs du Vedânta, par exemple ? Ne réduisent-ils pas à cinq vos sept « principes » ?

    LE THÉOSOPHE — Effectivement ; mais bien que je ne m'aviserais


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    pas de discuter ce point avec un érudit védantin, je pourrais cependant avancer qu'à mon avis personnel ils ont une raison évidente pour le faire. C'est uniquement à l'assemblage spirituel composé de divers aspects mentaux qu'ils donnent la désignation d'Homme, car, selon eux, le corps physique, qui n'est qu'une illusion, n'est pas digne d'être pris en considération. Et le Vedânta n'est pas la seule philosophie qui compte de cette manière. Lao Tseu ne fait mention, dans son Tao Te King, que de cinq principes, parce que comme les védantins, il en exclut deux, à savoir : l'esprit (Âtma) et le corps physique, en appelant d'ailleurs ce dernier le « cadavre ». Ensuite, il y a l'École du Târaka Râja Yoga qui ne reconnaît en fait que trois « principes » . En réalité, cependant, son sthûlopâdhi, (ou corps physique, à l'état de conscience de veille), son sûkshmopâdhi, (le même corps dans le svapna ou état de rêve), et son kâranopâdhi, ou « corps causal » (ce qui passe d'une incarnation à une autre), ont tous trois un double aspect et composent ainsi six principes. Ajoutez-y Âtma, le principe divin impersonnel ou l'élément immortel dans l'Homme, qui ne se distingue pas de l'Esprit Universel, et vous aurez à nouveau nos sept principes (l6). Libre aux disciples de cette École de s'en tenir à leur classification, nous conservons la nôtre.

    QUESTION — Elle me paraît à peu près identique à celle des chrétiens mystiques — corps, âme et esprit ?

    LE THÉOSOPHE — Tout à fait. On pourrait facilement faire du corps le véhicule du « double vital » ; de celui-ci le véhicule de la Vie, ou prâna ; de kâmarûpa, ou âme (animale), le véhicule du mental supérieur et du mental inférieur : on composerait ainsi six principes, et l'esprit un et immortel viendrait couronner le tout. En Occultisme, tout changement qualitatif de l'état de notre conscience donne à l'homme un aspect nouveau ; si celui-ci persiste et devient partie intégrante de l'Ego vivant et agissant, il


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    faut lui donner un nom spécial (et on le lui donne en effet), afin de distinguer l'homme qui est dans cet état particulier de l'homme qu'il est lorsqu'il se place dans un autre état.

    QUESTION — C'est justement cela qui est si difficile à comprendre.

    LE THÉOSOPHE — Cela me paraît, au contraire, très facile une fois qu'on a saisi cette idée essentielle : que ce soit sur ce plan de conscience ou un autre, l'homme agit strictement en accord avec sa condition mentale et spirituelle. Mais, le matérialisme actuel est si grand que plus nous donnons d'explications, moins les gens semblent capables de comprendre ce que nous disons. Divisez, si vous voulez, l'être terrestre qu'on appelle l'homme en trois aspects principaux : à moins que vous ne fassiez de lui un animal pur et simple, vous ne pourrez pas faire moins. Vous trouvez d'abord son corps objectif; ensuite, le principe pensant en lui (qui est à peine plus élevé que l'élément de l'instinct dans l'animal) ou l'âme vitale consciente ; et ce qui le situe si incommensurablement au-delà de l'animal et au-dessus de lui : son âme raisonnante ou « esprit » . Eh bien ! Si nous prenons ces trois groupes, ou entités représentatives, et si nous les subdivisons selon l'enseignement occulte, qu'obtenons-nous ?
    Tout d'abord, l'Esprit (au sens du TOUT Absolu, et par suite indivisible) ou Âtma. On ne saurait en aucun cas l'appeler un principe « humain » , puisqu'on ne peut, philosophiquement parlant, ni le localiser ni le limiter, du fait qu'il est tout simplement ce qui EST dans l'Éternité, et qui ne peut être absent du plus petit point géométrique ou mathématique de l'univers de matière ou de substance. Ce serait tout au plus, en métaphysique, le point qu'occupent dans l'espace, pendant la durée de chaque vie, la Monade humaine et son véhicule, l'homme. Mais, ce point est aussi imaginaire que l'homme lui-même, et n'est en réalité qu'une illusion, une maya. Cependant, pour nous-mêmes comme pour tous les autres Ego personnels, nous sommes des êtres réels durant cette crise d'hallucination qu'on appelle l'existence, et nous devons bien nous prendre en considération nous-mêmes — au moins dans notre propre imagination — si personne d'autre ne le fait. Pour aider l'intelligence humaine à pénétrer


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    plus aisément ces idées en abordant l'étude de l'Occultisme, et pour résoudre l'A B C de l'énigme de l'homme, l'Occultisme appelle ce 7ème principe la synthèse du 6ème, et lui donne pour véhicule l'Âme Spirituelle, Buddhi. Or cette dernière recèle un mystère qui n'est jamais révélé à qui que ce soit, à l'exception des chélas qui se sont liés irrévocablement par un serment ou, du moins, à ceux qui sont dignes de toute confiance. Il est évident que la confusion serait moindre si on pouvait divulguer ce mystère ; mais, étant donné qu'il concerne directement le pouvoir de projeter sciemment et à volonté son double et que ce don serait, comme « l'anneau de Gygès » , aussi funeste à la société en général qu'à l'homme qui le possèderait, ce secret est soigneusement gardé. Mais revenons à nos « principes » . L'âme divine, ou Buddhi, est donc le véhicule de l'Esprit. En communion, ces deux aspects constituent une unité impersonnelle et privée de tout attribut (sur ce plan-ci, bien entendu), et forment dans l'homme deux « principes » spirituels. Si nous en venons à l'Âme Humaine, Manas ou mens (17), tout le monde est d'accord pour dire que l'intelligence de l'homme est, pour le moins, double dans sa nature : par exemple, l'individu à l'intelligence supérieure ne pourra guère devenir borné et mesquin ; et un abîme sépare l'homme très intellectuel, qui nourrit des pensées spirituelles, de celui dont le mental, lourd et obtus, est plein de préoccupations matérielles, sinon animales.

    QUESTION — Mais pourquoi ne pas représenter l'homme comme ayant deux « principes » , ou plutôt deux aspects

    LE THÉOSOPHE — Chaque homme a en lui ces deux principes, l'un étant plus actif que l'autre ; parfois même, dans des cas exceptionnels, l'un des deux est, pour ainsi dire, entièrement atrophié dans sa croissance, ou paralysé, sous tous les rapports, par la puissance et la domination de l'autre aspect. Ce sont donc


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    là ce que nous appelons les deux principes ou aspects de Manas, l'un supérieur, l'autre inférieur. Le Manas supérieur, ou l'EGO conscient et pensant, tend à s'élever vers l'Âme spirituelle (Buddhi), alors que l'autre, son aspect qui est de la nature de l'instinct, est attiré en bas vers kâma, le siège des désirs animaux et des passions dans l'homme. Nous pouvons ainsi rendre compte de quatre « principes » . Les trois qui restent à nommer sont en premier lieu le « Double » , que nous nous accordons à nommer l'Âme protéenne ou plastique, ce Double étant le véhicule du second, le principe de vie, et le troisième étant le corps physique. Il va sans dire que nul physiologiste, ou biologiste, ne consentira à accepter ces principes, auxquels il ne trouvera « ni queue ni tête » . Et voilà, peut-être, pourquoi aucun d'eux ne comprend encore aujourd'hui ni les fonctions de la rate, qui est le véhicule physique du Double protéen, ni celles d'un certain organe qui est placé à droite dans l'organisme humain et qui est le siège de l'élément des désirs et des passions mentionné plus haut. Voilà pourquoi ils ne savent rien non plus de la glande pinéale qu'ils décrivent comme une glande cornée contenant un peu de sable, tandis qu'elle est, en vérité, le siège même de la conscience la plus élevée et la plus divine dans l'homme, de son intelligence omnisciente, spirituelle et universelle dans sa portée. Et cela vous démontre encore plus clairement que nous n'avons pas inventé ces sept principes, et qu'ils ne sont pas quelque chose de nouveau dans le domaine de la philosophie, comme nous pouvons facilement le prouver.

    QUESTION — Mais qu'est-ce donc qui se réincarne selon votre croyance ?

    LE THÉOSOPHE — L'Ego Spirituel et pensant, le principe permanent dans l'homme, ou ce qui est le siège de Manas. Ce n'est pas Âtma — ni même Âtma-Buddhi, envisagé comme la Monade dans sa dualité — qui est l'homme individuel ou divin, mais Manas ; car Âtman est le TOUT Universel et ne devient le SOI SUPÉRIEUR de l'homme qu'en conjonction avec Buddhi, son véhicule, qui L'unit à l'individualité (ou l'homme divin). C'est en effet le Buddhi-Manas qui est appelé le corps causal (les 5e et


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    6e principes unis) et qui est la Conscience, qui relie l'homme individuel à chaque personnalité qu'il habite sur terre. Ainsi, en prenant l'Âme comme un terme générique, il existe dans l'homme trois aspects de l'Âme : l'Âme terrestre ou animale, l'Âme Humaine, et l'Âme Spirituelle ; elles ne sont à proprement parler qu'une seule Âme sous ses trois aspects. Or, du premier rien ne subsiste après la mort ; quant au second (noûs, ou Manas), seule survit son essence divine, si elle n'a pas été souillée ; et pour ce qui est du troisième — en dehors du fait qu'il est immortel —il devient consciemment divin en s'assimilant le Manas supérieur. Mais pour rendre tout cela plus clair, il faudra dire d'abord quelques mots au sujet de la ré-incarnation.

    QUESTION — Vous ferez bien, car c'est cette doctrine que vos adversaires combattent avec le plus d'acharnement.

    LE THÉOSOPHE — Vous parlez des spirites ? (18) Je le sais ; et nombreuses sont les objections absurdes qu'ils ont péniblement ourdies et dont ils remplissent les pages de la revue Light. Il y a des spirites qui sont si bornés et si malveillants que rien ne les arrête. Tout récemment, l'un d'eux a découvert une contradiction qu'il discute gravement dans une lettre adressée à cette revue. Cette contradiction lui est apparue dans les deux phrases suivantes, relevées dans des conférences de M. Sinnett : « II se peut que le retour prématuré à la vie terrestre, dans les cas où il se produit, soit dû à une complication karmique... » , et « II n'y a pas d'accident dans l'action suprême de la justice divine qui régit l'évolution » . Un si profond penseur verrait sans doute une contradiction à la loi de la gravitation si un homme étendait la main pour arrêter une pierre en train de tomber et l'empêcher d'écraser la tête d'un enfant !


    NOTES DU CHAPITRE  VII

    (l) Dans son sens générique, le terme « rationnel » désigne ce qui émane de la Sagesse Éternelle.
    [Selon la citation de Plutarque au chapitre précédent, la raison (logos) dans l'homme résulte de l'interaction entre l'âme (psuchè) et le noûs, le pouvoir d'intelligence et d'entendement, dérivant lui-même du Soleil, symbole du Logos. En grec, le mot logos a de multiples significations, depuis la parole — d'où le Verbe — jusqu'à la raison — l'élément rationnel de l'âme humaine. (N.d.T.)]

    (2) Irrationnelle, dans le sens qu'étant une pure émanation du Mental Universel, Buddhi n'a aucune raison individuelle propre sur notre plan de matière, mais, de même que la Lune emprunte sa lumière du Soleil et sa vie de la Terre, Buddhi reçoit sa lumière de la Sagesse d'Âtma, et ses qualités rationnelles de Manas. Per se, en tant qu'essence homogène, Buddhi n'a pas d'attributs.

    (3) Voir les stances du 2è volume de la Secret Doctrine.

    (4) Zohar, I, 65c, 66a, (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (5) Zohar, II, 97a (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (6) De Somniis, I, 138-139 (N.d.T.).

    (7) Zohar. Vol. Il, 96. [(a) éd. Amsterdam, N.d.T.]<o:p></o:p>

    (8) «Mishna», [Pirke] «Aboth». Vol. IV, p. 29.<o:p></o:p>

    (9) Zohar, II, 97a, (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (10) Zohar, III, 61b), (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (11) Dhamma-chakka-ppavatana Sutta (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (12) Voir note p. 80 (N.d.T.).

    (13) II faut noter que le mot noûs a plus d'un sens en grec, et les traducteurs l'ont rendu diversement par esprit, entendement, intellect, mental, etc. Il en va de même du terme psuchè (l' « âme » ) qui peut désigner aussi bien la partie psychique de la personnalité terrestre, que l'Ego soumis à la réincarnation, voire même l'Âme collective universelle (comme dans le présent contexte, où H.P.B. semble l'identifier à Buddhi). (N.d.T.).

    (14) Les Lois, X, 896 c-d, 897 a-b, extraits (N.d.T.).

    (15) Dans le texte anglais, H.P.B. oppose nothing (rien, ou le néant absolu) à NO-THING (AUCUNE-CHOSE manifestée) par une sorte de jeu de mots intraduisible) (N.d.T.).

    (16) Voir, pour une explication plus claire : The Secret Doctrine, Vol. l, p. 157.

    (17) On note la parenté entre le mot latin mens (d'où dérive le français mental) et le terme sanskrit manas, provenant de la racine man- qui signifie penser (N.d.T.).

    (18) L'auteur se réfère ici aux spirites anglo-saxons, américains en particulier (N.d.T.).

    chapitre suivant


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    VIII

    DE LA RÉ-INCARNATION OU RE-NAISSANCE


     

    QU'EST-CE QUE LA MÉMOIRE
    SELON L'ENSEIGNEMENT THÉOSOPHIQUE ?

    QUESTION — Le plus difficile pour vous sera d'expliquer cette croyance et d'en fournir un fondement raisonnable. Aucun théosophe n'a réussi jusqu'à présent à donner une seule preuve valable capable d'ébranler mon scepticisme. Tout d'abord, on peut opposer à cette théorie de la réincarnation le fait que l'on n'a pas encore trouvé un seul homme qui se souvienne d'avoir vécu antérieurement et encore moins qui se rappelle ce qu'il a été pendant sa vie passée.

    LE THÉOSOPHE — Votre objection repose sur un vieil argument : la perte, pour chacun de nous, de la mémoire de notre incarnation précédente. Vous croyez que cela infirme notre doctrine ? Je réponds que non et qu'en tout cas une telle objection ne peut être définitive.

    QUESTION — Je voudrais bien entendre vos arguments.

    LE THÉOSOPHE — Ils sont brefs et tiennent à quelques points. Si vous considérez, d'une part, la totale incapacité des meilleurs psychologues modernes à expliquer au monde la nature du mental et, d'autre part, leur complète ignorance de ses potentialités, ainsi que de ses états supérieurs, il vous faudra admettre que l'objection dont vous parlez s'appuie sur une conclusion a priori, fondée sur des preuves toutes superficielles et indirectes plus que


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    sur toute autre chose. Mais, dites-moi, comment concevez-vous la « mémoire » ?

    QUESTION — Selon la définition généralement acceptée, c'est la faculté dont jouit notre mental de se rappeler et de retenir la connaissance des pensées, des actions et des événements passés.

    LE THÉOSOPHE —Veuillez ajouter qu'il y a une grande différence entre les trois formes de la mémoire. En dehors de la mémoire en général, il y a le souvenir, le rappel à la mémoire et la réminiscence. Avez-vous jamais réfléchi à ce qui les différencie ? La mémoire, ne l'oubliez pas, est un terme générique.

    QUESTION — Mais tous ces termes sont synonymes.

    LE THÉOSOPHE — Certainement pas — du moins pas en philosophie. La mémoire est simplement, chez les êtres pensants, et même chez les animaux, un pouvoir inné qui reproduit des impressions passées, par l'effet d'une association d'idées principalement suggérée par des choses objectives, ou par une action quelconque sur nos organes des sens externes. La mémoire est une faculté qui dépend entièrement du fonctionnement plus ou moins sain et normal de notre cerveau physique ; et le souvenir et le rappel à la mémoire sont les attributs et les serviteurs de cette mémoire. Mais la réminiscence est une chose entièrement différente. Le psychologue contemporain la définit comme un phénomène intermédiaire entre le souvenir et le rappel à la mémoire ou encore comme « un procédé conscient de rappel d'événements passés, mais sans cette référence complète et variée à des choses particulières qui caractérise le rappel à la mémoire » . Parlant du souvenir et du rappel à la mémoire, Locke dit  « Quand une idée revient à l'esprit sans qu'un objet semblable agisse sur les sens externes, c'est le souvenir ; mais s'il faut que le mental la cherche et ne se la représente qu'avec peine et effort, c'est le rappel à la mémoire » . Mais même Locke ne donne pas de définition claire de la réminiscence, parce qu'elle n'est pas une faculté, ou un attribut, de notre mémoire physique, mais une perception intuitive qui est indépendante de notre cerveau physique et extérieure


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    à lui. Or, cette perception (stimulée par la connaissance toujours présente de notre Ego spirituel) inclut toutes les visions de l'homme qui sont considérées comme anormales, depuis les images suggérées par le génie, jusqu'aux divagations de la fièvre et même de la folie, — images qui, d'après la science, n'existent point en dehors de notre imagination. L'Occultisme et la Théosophie envisagent cependant la réminiscence d'une manière tout à fait différente. Pour nous, tandis que la mémoire est physique et évanescente, et qu'elle dépend des conditions physiologiques du cerveau — proposition fondamentale de tous ceux qui enseignent la mnémonique, et étayée par les recherches des psychologues scientifiques modernes — nous appelons réminiscence la mémoire de l'âme. Et c'est cette mémoire qui donne à presque tout être humain la certitude, qu'il se l'explique ou non, d'avoir vécu antérieurement et de devoir vivre à nouveau. En toute vérité, comme dit le poète Wordsworth :

    « Notre naissance n'est que sommeil et oubli ;
    L'âme qui se lève avec nous, étoile de notre vie,
    A eu ailleurs son couchant
    Et vient de loin (l).

    QUESTION — Si c'est sur ce genre de mémoire — qui, de votre propre aveu, n'est que poésie et production anormale de l'imagination — que vous appuyez votre doctrine, je crains que bien peu de gens se laissent convaincre.

    LE THÉOSOPHE — Je n'ai pas « avoué » qu'elle n'était qu'un effet de l'imagination. J'ai simplement dit que la plupart des physiologistes et des scientifiques considèrent que de telles réminiscences ne sont que des hallucinations et des inventions fantaisistes ; libre à eux de s'en tenir à cette savante conclusion. Quant à nous, nous ne nions pas que ces visions du passé et ces furtives échappées rétrospectives dans les dédales du temps soient


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    anormales, lorsqu'on les compare à notre expérience de la vie quotidienne normale et à la mémoire physique. Néanmoins nous affirmons avec le professeur W. Knight que « l'absence de mémoire d'une action quelconque accomplie dans un état antérieur n'est pas une preuve concluante que nous n'ayons pas vécu cette action » . Et tout adversaire loyal doit reconnaître le bien-fondé de ce que dit Butler dans ses Lectures on Platonic Philosophy (2) : « le sentiment d'extravagance qui nous frappe dans cette idée (de la pré-existence) a sa source secrète dans nos préjugés matérialistes ou semi-matérialistes ». De plus, nous maintenons que la mémoire n'est autre que l'imagination incontrôlée — la phantasia (3), au sens que lui donne Olympiodore — et c'est l'élément le moins fiable en nous. Ammonios Saccas affirmait que la mémoire était la seule faculté de l'homme qui soit opposée directement à la faculté de pronostiquer, ou de voir dans l'avenir. D'ailleurs, il faut se souvenir que la mémoire est une chose, et que le mental, ou la pensée, en est une autre : la mémoire est une machine à stocker des images, un registre, qui se détraque très facilement, mais les pensées sont éternelles et impérissables. Refuseriez-vous de croire à l'existence de certaines choses, ou de certains hommes, pour la seule raison que vous ne les avez pas vus de vos propres yeux ? Le témoignage collectif des générations


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    passées qui ont vu Jules César ne suffit-il pas à garantir qu'il a vraiment vécu ? Pourquoi ne pas prendre en considération le témoignage analogue des sens psychiques d'une multitude d'hommes ?

    QUESTION — Mais ne croyez-vous pas que ces distinctions sont trop subtiles pour être acceptées par la majorité des hommes ?

    LE THÉOSOPHE — Dites plutôt par la majorité des matérialistes. À ceux-ci nous disons : voyez, la mémoire est trop faible, même dans la courte durée d'une existence ordinaire, pour enregistrer tous les événements de cette existence. Que de fois des événements, même des plus importants, gisent endormis dans notre mémoire jusqu'à ce qu'ils soient réveillés par quelque association d'idées, ou que quelque autre relation les rappelle à l'activité ! C'est particulièrement le cas des personnes âgées chez qui on constate toujours une difficulté à se souvenir. Ainsi donc, si nous tenons compte de ce que nous savons des principes physiques et spirituels de l'homme, ce qui devrait nous surprendre ce n'est pas le fait que notre mémoire n'ait pas conservé la trace de notre vie précédente, ou d'autres existences, mais bien le contraire, si un tel souvenir se manifestait.

     

    POURQUOI NE NOUS SOUVENONS-NOUS PAS
    DE NOS VIES PASSÉES ?

    QUESTION — Vous m'avez donné un aperçu général des sept principes. Comment permettent-ils d'expliquer que nous n'ayons aucun souvenir d'avoir vécu auparavant ?

    LE THÉOSOPHE — D'une façon très simple. Les « principes » que nous appelons physiques, et dont la science ne nie aucun, bien qu'elle leur donne d'autres noms (4), se désintègrent après la


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    mort, avec les éléments qui les composent, et la mémoire disparaît en même temps que son cerveau. Cette mémoire évanouie d'une personnalité disparue ne peut donc se souvenir de rien, ni enregistrer quoi que ce soit dans la réincarnation suivante de l'Ego. La réincarnation veut dire que l'Ego sera pourvu d'un corps nouveau, d'un cerveau nouveau et d'une mémoire nouvelle. Il serait donc aussi absurde de s'attendre à ce que cette mémoire nouvelle se souvienne de ce qu'elle n'a jamais enregistré que d'examiner au microscope la chemise qu'un assassin n'a jamais portée, pour y chercher les taches de sang qui ne se trouvent que sur des vêtements qui ont été les siens. Ce n'est pas la chemise propre qu'il faut inspecter, mais bien les habits portés au moment où le crime a été commis ; cependant, si ceux-ci ont été brûlés ou détruits, comment faire pour les retrouver ?

    QUESTION — Oui ; mais alors comment pouvez-vous acquérir la certitude que le crime a jamais été commis, ou que « l'homme à la chemise propre » a vécu auparavant ?

    LE THÉOSOPHE — Ce ne sera certainement pas par des procédés physiques, ni en comptant sur le témoignage de ce qui n'existe plus. Mais il y a ce qu'on appelle les preuves indirectes, qui ont une valeur puisque nos lois, dans leur prudence, les acceptent, peut-être même plus souvent qu'elles ne le devraient. Pour se convaincre de la réalité de la ré-incarnation et des vies passées, ce n'est pas avec sa mémoire passagère que l'individu doit se mettre en rapport, mais avec son Ego réel et permanent.

    QUESTION — Mais comment les gens peuvent-ils croire à ce qu'ils ne connaissent pas et n'ont jamais vu, et qui, plus est, avec quoi ils ne sont jamais entrés en rapport ?

    LE THÉOSOPHE — Si des hommes — et des plus instruits — croient à la pesanteur, à l'éther, à la force, et à toutes les autres abstractions et « hypothèses de travail » de la science, sans les avoir jamais touchées, senties, vues, entendues, ni goûtées pourquoi d'autres personnes ne pourraient-elles pas croire, selon le même principe, à leur Ego permanent, qui est une « hypothèse de travail »


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    beaucoup plus logique et importante que n'importe quelle autre ?

    QUESTION — Mais, en définitive, qu'est-ce que ce mystérieux principe éternel ? Pouvez-vous en expliquer la nature, afin de le rendre intelligible à tous ?

    LE THÉOSOPHE — C'est l'Ego qui se ré-incarne, le « Moi » individuel et immortel, et non le « Moi » personnel ; en un mot, c'est le véhicule de la MONADE Âtma-Buddhique ; ce qui est récompensé en devachan et puni sur la terre ; enfin, c'est ce à quoi se rattache le reflet seulement des skandha, ou attributs de chaque incarnation (5).

    QUESTION — Qu'entendez-vous par skandha ?

    LE THÉOSOPHE — Exactement ce que je viens de dire : des « attributs » , parmi lesquels se trouve la mémoire, et qui tous périssent comme une fleur, ne laissant derrière eux qu'un faible parfum. Citons à ce propos un autre paragraphe du Catéchisme Bouddhique de H. S. 0lcott (6) qui traite directement du sujet. Voici comment il envisage la question : « L'homme âgé se souvient des incidents de sa jeunesse, bien qu'il ait changé physiquement et mentalement. Pourquoi, dans ces conditions, ne ramenons-nous pas les souvenirs de nos vies passées dans notre naissance actuelle ? Parce que la mémoire est incluse dans les skandha et, comme ceux-ci ont changé lors de la nouvelle


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    existence, une nouvelle mémoire se développe, qui retient les faits de cette existence-ci. Pourtant, l'enregistrement, ou le reflet, de toutes les vies antérieures doit survivre car, lorsque le Prince Siddhartha devint le Bouddha, Il découvrit toute la suite de Ses naissances antérieures... et quiconque atteint l'état deJhâna (7) peut ainsi voir rétrospectivement la succession de ses vies » . Ceci vous prouve que, si les qualités impérissables de la personnalité, telles que l'amour, la bonté, la charité, etc., s'attachent à l'Ego immortel, en photographiant sur lui, pour ainsi dire, une image permanente de l'aspect divin de l'homme disparu, ses skandha matériels (ceux qui produisent les effets karmiques les plus marqués) sont aussi fugitifs qu'un éclair et ne peuvent impressionner le nouveau cerveau de la personnalité nouvelle ; pourtant le fait qu'ils n'impriment aucune trace n'entame pas du tout l'identité de l'Ego qui se ré-incarne.

    QUESTION — Peut-on en conclure, d'après vous, que seule survit la mémoire de l'Âme, comme vous l'appelez, l'Âme ou l'Ego n'étant qu'une seule et même chose, tandis que rien ne subsiste de la personnalité ?

    LE THÉOSOPHE — Ce n'est pas tout à fait cela.  moins qu'il ne s'agisse de celle d'un matérialiste absolu, sans la plus petite ouverture dans sa nature par où puisse filtrer un rayon spirituel, quelque chose de chaque personnalité doit survivre, du fait qu'elle laisse son empreinte éternelle sur le Soi permanent ou l'Ego Spirituel qui s'incarne (8). (Voir la section « La conscience post mortem et postnatale » .) La personnalité, avec ses skandha, change constamment avec chaque nouvelle naissance. Comme nous l'avons déjà dit, elle ne représente que le rôle joué par l'acteur (le véritable Ego) durant une seule soirée. Voilà pourquoi nous ne conservons, sur le plan physique, aucune mémoire de nos


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    vies passées, quoique le véritable « Ego » les ait vécues intégralement et les connaisse toutes.

    QUESTION — Comment se fait-il alors que l'homme réel ou Spirituel n'imprime pas cette connaissance dans son nouveau « Moi » personnel ?

    LE THÉOSOPHE — Comment se fait-il que des servantes dans une pauvre ferme aient pu parler hébreu et jouer du violon quand elles étaient en transe, ou dans un état somnambulique, alors qu'elles n'avaient rien appris de pareil dans leur condition normale ? Parce que, comme vous le dirait tout psychologue authentique de l'ancienne école, non de votre école moderne : l'Ego Spirituel ne peut agir que lorsque l'Ego personnel est paralysé. Le « Moi » Spirituel de l'homme est omniscient et possède toute connaissance innée en lui, tandis que le soi personnel est la créature de son environnement, et l'esclave de la mémoire physique. Si le premier pouvait se manifester sans interruption et sans entraves, il n'y aurait plus d'hommes sur la terre : nous serions tous des dieux.

    QUESTION — II devrait toutefois y avoir des exceptions et certaines personnes devraient se souvenir de leurs vies passées.

    LE THÉOSOPHE — Et, en effet, certaines s'en souviennent. Mais qui croit à ce qu'elles disent ? Le matérialisme moderne considère de tels sensitifs comme autant d'hystériques hallucinés, d'enthousiastes détraqués ou de charlatans. Mais les gens feraient bien de lire les ouvrages qui ont été écrits sur ce sujet, principalement Reincarnation A Story of Forgotten Truth (9) par E.D. Walker, membre de la S.T. ; ils y découvriraient toute la masse de preuves que verse cet auteur compétent au dossier de cette question controversée. Si vous parlez de l'âme aux gens,


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    certains vous demanderont : « Mais qu'est-ce que l'âme ? » ,  « Avez-vous jamais prouvé son existence ? ». Bien sûr, il est mutile de discuter avec les matérialistes, cependant, même à eux, je voudrais poser la question : « Pouvez-vous vous rappeler ce que vous étiez ou ce que vous faisiez, quand vous aviez l'âge d'un bébé ?  Avez-vous conservé le moindre souvenir de votre vie, de vos pensées, de vos actions ou de quoi que ce soit de ce que vous avez vécu pendant les dix-huit premiers mois ou les deux premières années de votre existence ? Pourquoi donc ne niez-vous pas, au nom du même principe, avoir jamais vécu comme des bébés ?  » . Par ailleurs, si nous ajoutons à tout cela que l'Ego qui se réincarne, ou l'individualité, ne conserve, pendant la période du devachan que l'essence de l'expérience de sa vie antérieure sur la terre (c'est-à-dire celle de la personnalité), l'expérience physique tout entière se trouvant réduite à un état de réalités potentielles (10), ou étant traduite, pour ainsi dire, en formules spirituelles ; et si, de plus, nous n'oublions pas que le temps qui s'écoule entre deux renaissances correspond (selon ce qui est dit) à une durée de dix à quinze siècles, pendant lesquels la conscience physique est entièrement et absolument inactive, puisqu'elle n'a pas d'organes pour agir et, par conséquent, n'a pas d'existence, il devient parfaitement clair qu'il ne peut y avoir aucun souvenir d'existence passée dans la mémoire purement physique.

    QUESTION — Vous venez de dire que L'EGO SPIRITUEL est omniscient. Que devient alors cette omniscience, dont vous faites tant de cas, pendant ce que vous appelez la vie en devachan ?

    LE THÉOSOPHE — Pendant ce laps de temps, elle est latente et potentielle ; avant tout, parce que l'Ego Spirituel (le composé de Buddhi-Manas) n'est pas le Soi Supérieur qui, étant un avec l'Âme Universelle, ou le Mental Universel, est seul omniscient. Ensuite, parce que le devachan est le prolongement idéalisé de la


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    vie terrestre qui vient de se terminer, une période d'ajustement rétributif et une récompense pour tous les torts et pour toutes les souffrances immérités subis dans cette vie particulière. L'Ego Spirituel n'est omniscient que potentiellement en devachan ; c'est exclusivement en nirvana qu'il le devient de facto, en s'immergeant dans l'Âme-Mental Universelle. Néanmoins, l'Ego redevient quasi-omniscient pendant les heures de la vie terrestre où certaines conditions anormales et certaines modifications physiologiques du corps le dégagent des entraves de la matière, comme, par exemple, dans le cas déjà cité de ces somnambules : une pauvre servante qui parle hébreu et une autre qui joue du violon. Cela ne veut pas dire que les explications que la médecine donne de ces deux cas ne contiennent rien de vrai. Une de ces jeunes filles avait, en effet, quelques années auparavant, entendu son maître, un pasteur, lire à haute voix des textes hébraïques et l'autre avait entendu un artiste jouer du violon à la ferme. Mais ni l'une ni l'autre n'auraient pu accomplir aussi parfaitement ce qu'elles ont fait, si elles n'avaient été animées par CELA qui est omniscient, en vertu de l'identité de sa nature avec le Mental Universel. Dans l'un de ces deux cas, le principe supérieur a agi sur les skandha et les a mis en mouvement ; dans l'autre, la personnalité étant paralysée, l'individualité s'est elle-même manifestée. Veuillez bien ne pas confondre les deux.

     

    DE L'INDIVIDUALITÉ ET DE LA PERSONNALITÉ (11)

    QUESTION — Mais quelle différence y a-t-il entre les deux ? J'avoue que tout cela n'est pas encore très clair pour moi. C'est précisément sur cette différence que vous n'insisterez jamais assez.


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    LE THÉOSOPHE — C'est ce que je m'efforce de faire, mais, hélas ! il est plus difficile de faire comprendre cette différence à certains que de leur inspirer de la vénération pour de puériles impossibilités, simplement parce que celles-ci sont orthodoxes, et parce que l'orthodoxie est respectable. Pour bien saisir cette distinction, il faut d'abord étudier les deux ensembles de « principes » : les principes spirituels qui appartiennent à l'Ego impérissable, et les principes matériels dont sont faits les corps ou véhicules qui sont toujours soumis au changement, et qui constituent les personnalités successives de cet Ego. Donnons-leur donc des noms définitifs et disons que :


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    I — Âtma, le « Soi Supérieur » , n'est ni votre Esprit ni le mien ; comme la lumière du soleil, il brille sur tout. C'est le « principe divin » universellement répandu et inséparable de son Méta-Esprit un et absolu, de même que le rayon solaire est inséparable de la lumière du soleil.

    Il — Buddhi (l'âme spirituelle), n'est que son véhicule. L'un et l'autre — qu'on les prenne séparément ou ensemble — ne sont pas plus utiles au corps de l'homme que ne le sont la lumière du soleil et ses rayons à une masse de granit ensevelie dans la terre, à moins que la Duade divine ne soit assimilée par quelque conscience et reflétée en elle. Ni Âtma ni Buddhi ne peuvent jamais être atteints par karma, parce que le premier est l'aspect le plus élevé de karma — d'un certain point de vue, son agent actif par SA NATURE MÊME — tandis que l'autre est inconsciente sur notre plan. Cette conscience ou mental est :

    III — Manas (12), le dérivé ou le produit, sous une forme reflétée, d'Ahamkara, « le sens du Je » , ou l' « EGO-ITÉ » . Aussi, lorsque Manas est lié inséparablement aux deux premiers principes, il est appelé l'EGO SPIRITUEL et Taijasa (le radieux). C'est là l'Individualité réelle, ou l'homme divin. En s'incarnant à l'origine dans la forme humaine, qui était dépourvue d'intelligence et animée par la présence en elle-même de la double monade (sans toutefois être consciente de cette présence, puisque cette forme était privée de conscience), c'est cet Ego précisément qui a fait de cette forme d'apparence humaine un homme réel. C'est aussi cet Ego, ce « Corps Causal » , qui tient dans sa sphère d'influence chaque personnalité dans laquelle karma le


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    force à s'incarner, et c'est lui qui est tenu pour responsable de tous les péchés commis par l'intermédiaire de chaque corps nouveau, chaque personnalité — ces masques éphémères qui cachent le véritable Individu au cours de la longue série des renaissances.

    QUESTION — Mais cela est-il juste ? Pourquoi cet EGO reçoit-il une punition comme conséquence d'actions qu'il a oubliées ?

    LE THÉOSOPHE —II ne les a pas oubliées ; il connaît ses fautes et se les rappelle aussi bien que vous vous rappelez ce que vous avez fait hier. Sous prétexte que la mémoire qui appartient à ce faisceau d'éléments physiques appelé « le corps » ne se souvient pas des actes de son prédécesseur (la personnalité qui fut jadis), vous imaginez-vous que l'Ego réel les a oubliés ? Autant dire qu'il est injuste que les brodequins neufs aux pieds d'un gamin, qu'on fouette pour avoir volé des pommes, soient punis pour un larcin dont ils ignorent tout.

    QUESTION — Mais n'y a-t-il pas des moyens de communication entre les plans spirituel et humain de conscience ou de mémoire ?

    LE THÉOSOPHE —II y en a, naturellement, mais les psychologues scientifiques modernes ne les ont jamais reconnus. À quoi attribuez-vous l'intuition, la « voix de la conscience », les prémonitions, les réminiscences vagues et imprécises, etc., etc., sinon à de telles communications ? Si seulement la majorité des hommes instruits pouvaient avoir les perceptions spirituelles raffinées de Coleridge, qui fait preuve d'une si grande intuition dans certains de ses commentaires ! Ecoutez, par exemple, ce qu'il dit sur le fait probable que « toutes les pensées sont en elles-mêmes impérissables » : « S'il fallait donner à la faculté intelligente (par laquelle nous entendons ces " réveils " soudains de la mémoire) une ouverture plus large, elle aurait seulement besoin d'une organisation différente et appropriée — le corps céleste au lieu du corps terrestre — pour que se déroulât devant chaque âme humaine l'expérience collective de toute son existence passée (ou plutôt de ses existences passées) » . Et ce corps céleste c'est notre EGO Manasique.


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    DE LA RÉCOMPENSE ET DE LA PUNITION DE L'EGO

    QUESTION— Je vous ai entendu dire que l'Ego, qu'elle qu'ait pu être la vie sur terre de la personnalité dans laquelle il s'est incarné, ne subit jamais de punition après la mort.

    LE THÉOSOPHE — Jamais, sauf dans des cas très exceptionnels et très rares dont nous ne parlerons pas ici, puisque la nature de cette « punition » ne ressemble en rien à vos conceptions théologiques de la damnation.

    QUESTION — Mais si c'est l'Ego qui est puni dans cette vie des fautes commises dans une vie antérieure, c'est lui aussi qui devrait être récompensé, que ce soit ici-bas, ou une fois désincarné.

    LE THÉOSOPHE — II en est effectivement ainsi. Si nous n'admettons pas de punition ailleurs que sur cette terre, c'est parce que le Soi Spirituel ne connaît pas d'autre état dans l'au-delà que celui d'une béatitude sans mélange.

    QUESTION — Que voulez-vous dire ?

    LE THÉOSOPHE — Tout simplement ceci : les crimes et les péchés commis sur un plan d'objectivité et dans un monde de matière ne peuvent être punis dans un monde de pure subjectivité. Nous ne croyons pas à un enfer, ni à un paradis, considérés comme des localités, ni à des flammes qui brûlent et des vers qui rongent, comme des réalités objectives qui durent à jamais, ni à des Jérusalem dont les rues sont pavées de saphirs et de diamants. Mais nous croyons à un état post mortem, ou à une condition mentale après la mort, semblable à ce que nous vivons quand nous sommes dans un rêve d'une grande intensité. Nous croyons à une loi immuable d'Amour, de Justice et de Miséricorde absolus. Et, avec cette conviction, nous disons : quel qu'ait été le péché et quels que soient les terribles résultats de la transgression


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    karmique originelle des Egos actuellement incarnés (13), nul homme (si nous appelons ainsi la forme extérieure, matérielle et périodique, de l'Entité Spirituelle) ne peut, en toute justice, être considéré comme responsable des conséquences de sa naissance. Il ne demande pas à naître, et il ne peut pas choisir les parents qui lui donneront la vie. Sous tous les rapports, il est victime de son milieu, l'enfant de circonstances sur lesquelles il n'a point de pouvoir. Et, si l'on examinait impartialement chacune de ses fautes, on trouverait neuf fois sur dix qu'il fut celui contre qui le péché a été commis, plutôt que le pécheur lui-même. La vie n'est guère mieux qu'une pièce de théâtre d'où tout sentiment est exclu, une mer orageuse à traverser, un lourd fardeau souvent trop difficile à porter. Les plus grands philosophes ont essayé en vain de la sonder et d'en découvrir les explications dernières, mais tous ont échoué à l'exception de ceux qui en détenaient la clef, à savoir les sages de l'Orient. La vie, comme le dit Shakespeare :

    ...«n'est qu'une ombre errante, semblable à un pauvre comédien
    Qui s'enfle d'orgueil et s'agite sur la scène
    L'espace d'une heure, pour rentrer ensuite à tout jamais
    Dans le silence. C'est une fable
    Contée par un idiot, pleine de tumulte et de fureur
    Et qui ne signifie rien »... (14)


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    Elle ne signifie rien si on l'envisage par fragments séparés, mais elle est de la plus grande importance dans son aspect collectif embrassant l'ensemble des existences successives. En tout cas, chaque vie individuelle, considérée dans son plein développement est presque toujours un chagrin. Faudrait-il croire que le sort de l'homme, malheureux et impuissant, soit d'être livré à une sempiternelle damnation, ou même à un châtiment temporaire, après avoir été ballotté comme un tronc d'arbre pourri sur les flots déchaînés de la vie, s'il s'est montré trop faible pour y résister ? Jamais ! Qu'il s'agisse d'un pécheur ordinaire ou d'un grand pécheur, d'un être bon ou mauvais, coupable ou innocent, une fois qu'il est délivré du fardeau de la vie physique, le Manu ( « l'Ego pensant » ), fatigué et épuisé, a gagné le droit à une période de repos et de béatitude absolus. La même Loi, infailliblement sage et juste, plutôt que miséricordieuse, qui inflige à l'Ego incarné la punition karmique de tous les péchés commis pendant la vie précédente sur terre, a prévu pour l'Entité, maintenant dépouillée du corps, une longue période de repos mental, c'est-à-dire d'oubli complet de tous les tristes événements — et même, jusqu'à la moindre pensée douloureuse — qui se produisirent du vivant de sa dernière personnalité, en ne laissant dans la mémoire de l'âme que le souvenir de ce qui fut félicité, ou de ce qui conduisit au bonheur. Plotin, en disant que notre corps était le véritable fleuve du Léthé, car « les âmes qui s'y plongent oublient tout » , voulait exprimer plus que le simple sens des mots. Car, si notre corps terrestre est, ici-bas, comme le Léthé, notre corps céleste en devachan l'est également, et même bien davantage.

    QUESTION — Dois-je entendre alors qu'il est permis à l'assassin, au transgresseur de toute loi humaine et divine, d'échapper à la punition ?

    LE THÉOSOPHE — Qui a jamais dit cela ? La doctrine qu'enseigne notre philosophie à l'égard de la punition est aussi sévère que celle du calviniste le plus intransigeant, mais infiniment plus philosophique et conforme à la justice absolue. Nulle action ne restera impunie — pas même la moindre pensée coupable. Cette dernière est même punie plus sévèrement que la première, car une pensée est, en puissance, bien plus prometteuse de


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    mauvais résultats que ne l'est même une action (15). Nous croyons à KARMA, cette loi infaillible de Rétribution qui se manifeste par un enchaînement naturel des causes et de leurs résultats inévitables.

    QUESTION — Mais où et comment cette loi agit-elle ?

    LE THÉOSOPHE — Tout ouvrier est digne de son salaire, dit la Sagesse dans l'Évangile ; toute action, bonne ou mauvaise, est une mère féconde, dit également la Sagesse des Âges. Rapprochez ces deux vérités et vous trouverez le « pourquoi » . Après avoir accordé à l'Âme, soustraite aux douleurs de la vie personnelle, une compensation suffisante — et même, cent fois plus que suffisante — karma, avec son armée de skandha, monte la garde sur le seuil du devachan d'où l'Ego va ré-émerger, pour assumer une nouvelle incarnation. C'est à ce moment que la destinée future de l'Ego, maintenant reposé, oscille dans la balance d'une juste Rétribution, car il (16) retombe maintenant sous la coupe de la loi karmique en action. C'est dans cette renaissance qui est prête pour lui (16) — renaissance choisie et préparée par cette Loi mystérieuse, inexorable et pourtant infaillible dans l'équité et la sagesse de ses décrets — que les péchés de la vie précédente de l'Ego seront punis. Cependant, l'Ego n'est jeté dans aucun enfer imaginaire, avec flammes théâtrales et diables ridicules munis d'une queue et d'une paire de cornes, mais tout bonnement sur cette terre, sur le plan et les lieux de ses péchés, où il devra expier toute pensée et toute action mauvaises. Ce qu'il a semé, il le moissonnera. La réincarnation rassemblera autour de lui tous les autres Ego que la personnalité passée a fait souffrir, directement ou indirectement, ou même par son intermédiaire inconscient. C'est Némésis qui les lancera sur le chemin de l'homme nouveau, qui cache l'ancien, l'Ego éternel, et...


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    QUESTION — Mais où est l'équité dont vous parlez, puisque ces « personnalités » nouvelles ignorent également qu'elles ont péché, ou qu'elles ont souffert à cause des péchés des autres ?

    LE THÉOSOPHE — Peut-on dire d'un habit volé qu'il est bien traité, lorsque son propriétaire le déchire en voulant l'arracher au voleur sur lequel il le reconnaît ? La « personnalité » nouvelle n'est rien d'autre qu'un habit neuf, avec ses caractéristiques spécifiques de couleur, forme et qualités, bien que l'homme réel qui le porte soit le coupable de jadis. C'est l'individualité qui souffre par l'intermédiaire de sa « personnalité » . C'est cela, et cela seulement qui peut expliquer la terrible injustice qu'on remarque dans la distribution du destin qui échoit aux hommes, encore que cette injustice soit seulement apparente. Lorsque vos philosophes modernes auront réussi à nous montrer une bonne raison nous expliquant pourquoi tant d'hommes bons, et apparemment innocents, ne voient le jour que pour souffrir toute leur vie, pourquoi tant de malheureux naissent dans la pauvreté pour finir par mourir de faim dans les quartiers sordides des grandes cités, abandonnés également par le destin et par les hommes, pourquoi les uns viennent au monde dans des taudis, tandis que les autres ouvrent les yeux à la lumière dans des palais, pourquoi une naissance noble et une grande fortune semblent souvent données aux pires des hommes, et rarement à ceux qui en sont dignes, pourquoi il y a des mendiants dont le Soi intérieur est l'égal de celui des plus élevés et des plus nobles de tous les hommes, lorsque vos philosophes et vos théologiens pourront expliquer toutes ces choses, et bien d'autres encore, alors seulement, mais pas avant, vous aurez le droit de rejeter la théorie de la réincarnation. Les plus grands et les plus inspirés des poètes ont eu souvent comme une intuition de cette vérité des vérités. Shelley a cru en elle, et Shakespeare a dû y penser en écrivant ses vers sur l'insignifiance de la naissance. Rappelez-vous ses paroles :

    « Pourquoi ma naissance retiendrait-elle mon esprit qui s'exalte ?
    La moindre créature n'est-elle pas soumise au temps ?
    II est, de par le monde) des légions de mendiants,
    Qui par leurs origines, sont descendants de rois)


    [ PAGE_158 ]

    Et l'on voit, aujourd'hui, maint monarque dont le père
    Fut la canaille de son temps... »

    Remplacez le mot « père » par « Ego », et vous aurez la vérité.


    (l) « Ode : Intimations of lmmortality from Recollections of Early Childhood » (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (2) « Conférences sur la philosophie platonicienne » (N.d.T.).

    (3)   « L'imagination (phantasia) », dit Olympiodore (in Platonis Phaed.), « est un obstacle à nos conceptions intellectuelles ; et en conséquence, lorsque nous sommes agités par l'influence inspiratrice de la Divinité, si cette imagination intervient, l'énergie de l'enthousiasme cesse : car l'enthousiasme et l'extase se contrarient. Si l'on nous demande si l'âme peut agir sans cette faculté, nous répondrons que le fait qu'elle perçoive des idées universelles le prouve. Elle a donc des perceptions indépendantes de l'imagination ; en même temps, cependant, cette dernière l'accompagne dans ses mouvements, comme la tempête poursuit celui qui navigue sur la mer » .
       [Le mot grec jantasia (phantasia) a le sens d'apparition (éventuellement de choses extraordinaires, qui font illusion), d'image qui se forme à l'esprit par le pouvoir de l'imagination. Il désigne aussi la faculté mentale créatrice d'images — l'imagination. (On notera que ces images peuvent être la représentation de perceptions directes ou de souvenirs réactivés — voire d'apparences illusoires). Le mot jantasma (phantasma) dérive de la même racine. (N.d.T.).]

    (4) À savoir : le corps, la vie, les instincts passionnels et animaux, ainsi que l'eidôlon astral de chaque homme (qu'il soit perçu par la pensée ou par l'œil de notre mental, ou qu'il ait une apparence objective, distincte du corps physique) ; ces principes sont ainsi désignés : sthûla sharîra, prâna, kâmarûpa et linga sharîra (voir plus haut).

    (5) D'après l'enseignement bouddhique, il y a cinq skandha ou attributs : « rûpa (forme ou corps), les qualités matérielles ; vedanâ, la sensation ; sanna, les idées abstraites ; samkhâra, les tendances du mental ; vinnâna, les pouvoirs mentaux. C'est de ces skandha que nous sommes formés ; c'est par eux que nous avons conscience de l'existence ; c'est par leur moyen que nous communiquons avec le monde qui nous entoure » .

    (6) H. S. Olcott, Président et Fondateur de la Société Théosophique. L'exactitude de l'enseignement est confirmée par le Rév. H. Sumangala, Grand Prêtre de Sripada et Galle, et Directeur du Collège Widyodaya Parivena de Colombo, qui le reconnut conforme au Canon de l'Église bouddhique du Sud.

    (7) Mot pâli signifiant absorption. Il rappelle le mot sanskrit dhyâna. (N.d.T.)

    (8) Le Soi Spirituel par opposition au Soi personnel. L'étudiant ne doit pas confondre cet Ego Spirituel avec le « SOI SUPÉRIEUR » Âtma, le Dieu qui est au-dedans de nous et inséparable de l'Esprit Universel.

    (9) E.D. Walker, Reincarnation A Story of Forgotten Truth ( « La Réincarnation, une histoire de Vérité oubliée » ), Boston , New York, 1888. (N.d.T.)

    (10) En anglais : « a state of in potentia » , un état d'existence en puissance (N.d.T.).

    (11) Même dans son Catéchisme bouddhique, le Col. Olcott se trouva obligé, de par la logique de la Philosophie ésotérique, de corriger les erreurs d'orientalistes qui avaient écrit avant lui sur le sujet et n'avaient pas fait cette distinction ; il en donna la raison au lecteur en ces termes :
    « Les apparitions successives sur terre ou les descentes au plan de la génération des skandha d'un être donné — les éléments de cet être qui sont maintenus en cohésion par tanhâ (la soif de vie) — constituent la succession des personnalités. À chaque naissance, la PERSONNALITÉ diffère de celle de l'incarnation précédente, ou de la suivante : karma, le DEUS EX MACHINA [Voir note p.41 (N.d.T.)]., se déguise (ou, dirons-nous, se reflète) tantôt dans la personne d'un sage, tantôt dans celle d'un artisan, et ainsi de suite dans toute la succession des renaissances. Mais, bien que les personnalités changent sans cesse, la ligne de vie unique sur laquelle elles s'enfilent comme des perles se poursuit sans arrêt ; c'est toujours cette ligne particulière, jamais une autre. Elle est donc individuelle : c'est une ondulation vitale particulière qui commença en nirvâna, le côté subjectif de la nature (comme la vibration de lumière ou de chaleur qui traverse l'aether a commencé à sa source dynamique) et cette ondulation se développe du côté objectif de la nature sous l'impulsion de karma et la conduite créatrice de tanha (le désir inassouvi de l'existence) pour revenir au nirvâna après des changements qui se poursuivent à travers de nombreux cycles. M. Rhys Davids appelle ce qui passe d'une personnalité à une autre, le long de la chaîne individuelle, le « caractère » ou la « ligne d'action » . Cependant, comme le « caractère » n'est pas une simple abstraction métaphysique mais la somme des qualités mentales et des tendances morales, ne verrions-nous pas s'éclairer ce que M. Rhys Davids appelle « l'expédient désespéré d'un mystère » (Buddhism, p. 101) si nous considérions l'ondulation vitale comme l'individualité et chacune de ses manifestations ici-bas comme une personnalité séparée ? L'individu parfait — en parlant du point de vue bouddhique — est un Bouddha, dirais-je ; car le Bouddha n'est que la fleur rare de l'humanité, sans le moindre élément surnaturel surajouté. Et comme il faut d'innombrables générations ( « quatre asankheyya et cent mille cycles » selon Fausböll et Rhys Davids, dans Buddhist Birth Stories, p. 13) pour qu'un homme se développe en un Bouddha, et comme la volonté de fer d'en devenir un se maintient dans toutes les naissances successives, comment appellerons-nous ce qui ainsi veut et persévère ? Le caractère ? Disons plutôt : l'individualité, une individualité qui ne se manifeste que partiellement à chaque naissance, mais qui est constituée par des fragments provenant de toutes ses naissances ? » (Bud. Cat., Appendix A. 137).

    (12) MAHAT, ou le « Mental Universel » est la source de Manas. Celui-ci est Mahat (c'est-à-dire le mental) dans l'homme. Manas est aussi appelé kshetrajña, « l'Esprit incarné » , parce que, d'après notre philosophie, ce sont les Mânasaputra, les « Fils du Mental Universel » , qui créèrent (ou plutôt produisirent) l'homme pensant, « manu », en s'incarnant dans l'humanité de la troisième Race dans notre Ronde. C'est donc Manas qui est le véritable Ego Spirituel permanent qui se réincarne, l'INDIVIDUALITÉ ; tandis que nos personnalités diverses et innombrables ne sont que ses masques extérieurs.

    (13) C'est sur cette transgression que l'on a érigé ce dogme aussi cruel qu'illogique des Anges Déchus. Ceci est expliqué dans le second volume de l'édition anglaise originale de la Doctrine Secrète. Tous nos « Ego » sont des entités pensantes et rationnelles (Mânasaputra) qui avaient vécu, soit sous la forme humaine soit sous d'autres formes, dans le précédent cycle de vie (manvantara) et dont le karma fut de s'incarner dans l'homme du cycle de vie actuel. On enseignait dans les MYSTÈRES qu'ayant différé le moment de se soumettre à cette loi (ou ayant « refusé de créer » , comme le disent à la fois l'hindouisme à propos des kumâra et la légende chrétienne à propos de l'Archange Michel) — c'est-à-dire, ayant manqué de s'incarner en temps voulu — les corps qui leur avaient été prédestinés furent souillés. (Voir Stances VIII et IX dans les « Sloka de Dzyan », Secret Doctrine, Vol.II,, pages 19 et 20). D'où le péché originel des formes sans intelligence et la punition des Ego . La légende des anges rebelles précipités dans l'Enfer signifie simplement que ces purs Esprits ou Ego furent emprisonnés dans des corps de matière impure, c'est-à-dire de chair.

    (14) Macbeth, Acte 5, scène 5, (N.d.T.).


    (15) « En vérité, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis l'adultère avec elle dans son coeur. » (Matthieu, 5. 28).

    (16) H.P.B. emploie le pronom neutre it (rendu ici par il, ou lui) suggérant que l'Ego qui se réincarne n'est ni masculin ni féminin. (N.d.T.).

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    [ PAGE_159 ]

    IX

    KÂMA LOKA ET DEVACHAN


     

    DE LA DESTINÉE DES « PRINCIPES » INFÉRIEURS

     

    QUESTION — Qu'est-ce que le kâma loka dont vous venez de parler ?

    LE THÉOSOPHE — Quand l'homme meurt, ses trois principes inférieurs se séparent de lui pour toujours ; il s'agit du corps, de la vie, et du véhicule de cette dernière (c'est-à-dire le corps astral, ou le double de l'homme vivant). Alors, ses quatre principes — le principe central ou intermédiaire (l'âme animale, ou kâmarupa) avec ce qu'il a assimilé du Manas inférieur, et la triade supérieure se trouvent en kâma loka. Le kâma loka est une localité astrale, les limbes de la théologie scolastique, l'Hadès des anciens ; strictement parlant, ce n'est une localité que dans un sens relatif. Il n'a ni étendue ni frontières définies, mais il existe dans les limites de l'espace subjectif, c'est-à-dire, au-delà des perceptions de nos sens. Il existe néanmoins, et c'est là que les eidôla astraux de tous les êtres qui ont vécu, y compris les animaux, attendent leur seconde mort. Pour les animaux, cette mort vient avec la désintégration et la disparition complète de leurs particules astrales jusqu'à la dernière. Pour l'eidôlon humain, elle commence quand la triade Âtma-Buddhi-Manas « se sépare » , comme il est dit, de ses principes inférieurs, ou du reflet de l'ancienne personnalité, pour se plonger dans l'état dévachanique.


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    QUESTION — Et qu'arrive-t-il après cela ?

    LE THÉOSOPHE — Alors, le fantôme kâmarupique s'effondre du fait que, d'une part, il se trouve privé du principe pensant qui l'animait (le Manas supérieur), et que, d'autre part, l'aspect inférieur de ce principe, l'intelligence animale, ne reçoit plus la lumière du mental supérieur et ne dispose plus de cerveau physique pour opérer.

    QUESTION — Que lui arrive-t-il en fait ?

    LE THÉOSOPHE — II est réduit à l'état d'une grenouille à laquelle le vivisecteur a ôté certaines parties du cerveau. Il ne peut plus penser, même sur le plan animal le plus bas. Dès lors, il n'est même plus le Manas inférieur, puisque cet « inférieur » n'est rien sans le «supérieur».

    QUESTION — Est-ce cette non-entité qui se matérialise dans les séances auxquelles participent des médiums ?

    LE THÉOSOPHE — C'est cette non-entité ; mais c'est une non-entité seulement en ce qui concerne ses pouvoirs de raisonner et de penser ; sous tous les autres rapports, quoique astrale et fluidique, c'est encore une entité, et, comme le prouvent les cas où elle est attirée magnétiquement et inconsciemment vers un médium, elle se ranime pendant un certain temps et vit dans celui-ci, pour ainsi dire, par procuration. Ce « fantôme » , ou ce kâmarûpa, peut être comparé à la méduse, qui a une apparence éthérée et visqueuse tant qu'elle est dans son propre élément, l'eau (dans ce cas, l'AURA spécifique du médium), mais qui, aussitôt sortie de l'eau, se dissout dans la main ou sur le sable — surtout au soleil. Dans l'Aura du médium, le fantôme vit d'une sorte de vie d'emprunt ; il raisonne et parle, que ce soit par l'intermédiaire du cerveau du médium, ou par celui des autres personnes présentes. Mais c'est un sujet qui nous entraînerait trop loin, sur le terrain des autres où je n'ai nulle envie de pénétrer. Restons donc sur le sujet de la réincarnation.


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    QUESTION — Précisément, pendant combien de temps l'Ego, qui subit le processus de la réincarnation demeure-t-il dans l'état dévacha-nique ?

    LE THÉOSOPHE — On nous enseigne que cette durée dépend du degré de spiritualité, ainsi que du mérite ou du démérite de la dernière incarnation. Il se passe en moyenne dix à quinze siècles, comme je vous l'ai déjà dit.

    QUESTION — Mais pourquoi cet Ego ne pourrait-il se manifester et communiquer avec des mortels, comme le prétendent les spirites ? Qu'est-ce qui empêche une mère de communiquer avec les enfants qu'elle a laissés sur terre, ou un mari avec sa femme, etc... ? C'est une croyance fort consolante, je l'avoue, et je ne suis pas surpris que ceux qui l'entretiennent soient peu disposés à l'abandonner.

    LE THÉOSOPHE — Ils n'y sont pas forcés, à moins qu'ils ne préfèrent la vérité à la fiction, aussi « consolante » soit-elle. Il se peut que les spirites n'éprouvent aucune sympathie pour nos doctrines ; cependant ce qu'ils prêchent est deux fois plus égoïste et cruel que ce que nous croyons et enseignons.

    QUESTION —Je ne vous comprends pas. Qu'y a-t-il d'égoïste ?

    LE THÉOSOPHE — Leur doctrine du retour des Esprits — les réelles « personnalités » , comme ils disent. Et voici pourquoi. Si le devachan — appelez-le le « paradis » , si ça vous plaît, ou pour le moins un « lieu de béatitude et de félicité suprême » — est bien un tel lieu (disons plutôt un tel état), la logique nous montre que l'on ne saurait y éprouver le moindre chagrin, ni même l'ombre d'une douleur. « Dieu essuiera toutes les larmes des yeux » de ceux qui sont au paradis, lit-on dans le livre des nombreuses promesses. Or, si les « Esprits des morts » sont capables de revenir voir tout ce qui se passe sur terre et surtout dans leurs foyers, de quelle sorte de béatitude peuvent-ils bien jouir ?


    [ PAGE_162 ]

    POURQUOI LES THÉOSOPHES NE CROIENT PAS
    AU RETOUR DES « ESPRITS » PURS

    QUESTION — Que voulez-vous dire ? Pourquoi cela nuirait-il à leur béatitude ?

    LE THÉOSOPHE — C'est bien simple ; prenons un exemple. Une mère meurt, en abandonnant derrière elle ses pauvres petits enfants orphelins qu'elle adore ; peut-être laisse-t-elle aussi un mari chéri. Nous disons que son « Esprit » ou Ego, (cette individualité qui est maintenant complètement imprégnée, pour toute la durée de la période dévachanique, des sentiments les plus nobles qu'avait entretenus sa dernière personnalité — l'amour pour ses enfants, la pitié pour ceux qui souffrent, etc.) nous disons que son Ego est maintenant entièrement séparé de cette « vallée de larmes » et que sa future félicité tient à cette bienheureuse ignorance de tous les maux qu'il a laissés derrière lui. Les spirites, au contraire, affirment que l' « Esprit » en a une perception aussi vive, plus vive même qu'auparavant, car « les Esprits voient plus que les mortels incarnés » . Nous, nous disons que la béatitude de l'être en devachan consiste en une conviction totale qu'il n'a jamais quitté la terre, et qu'il n'existe absolument rien qui ressemble à la mort. Nous affirmons que la conscience spirituelle post mortem de la mère lui donnera l'impression qu'elle vit entourée de ses enfants et de tous ceux qu'elle a aimés : elle n'aura conscience d'aucune interruption, et aucun lien ne manquera pour contribuer à faire de l'état désincarné où elle se trouve un état de bonheur parfait et absolu. Les spirites nient cela entièrement. D'après leur doctrine, il apparaît que l'homme infortuné n'est même pas délivré par la mort des douleurs de l'existence : il n'y a pas une goutte de la coupe de vie, remplie de chagrin et de souffrance, qu'il ne lui faille boire ; il la videra donc, bon gré mal gré, jusqu'à la lie la plus amère, puisque désormais il lui est donné de tout voir. Ainsi, l'épouse aimante qui, de son vivant, était prête à épargner tout chagrin à son mari, fût-ce au prix du sang de son coeur, se voit maintenant condamnée à assister, sans rien pouvoir faire pour le soulager,


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    au désespoir de son mari, ainsi qu'à chaque larme brûlante qu'il verse parce qu'elle n'est plus. Pis encore, elle verra peut-être ces larmes sécher trop vite, et un autre visage aimé lui sourire, à lui, le père de ses enfants, si une autre femme vient la remplacer dans son affection ; et peut-être lui faudra-t-il même entendre ses orphelins donner le saint nom de « mère » à une indifférente, et voir ses petits négligés, sinon maltraités. D'après cette doctrine, « l'aimable entrée dans la vie immortelle » devient sans aucune transition l'accession à une nouvelle vie de souffrance mentale ! Et cependant les pages du plus ancien journal des spirites américains, Banner of Light, sont remplies de messages des morts — ces « chers disparus » — qui écrivent tous pour nous dire combien ils sont heureux ! Un tel état de connaissance est-il compatible avec une quelconque béatitude ? Mais alors, dans un cas pareil, la « béatitude » ne serait guère autre chose que la plus grande malédiction auprès de laquelle la damnation dont parle la religion devrait être un soulagement !

    QUESTION — Mais comment votre théorie évite-t-elle cela ? Comment pouvez-vous concilier la théorie de l'omniscience de l'âme avec son aveuglement à l'égard de tout ce qui a lieu sur terre ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que telle est la loi d'amour et de miséricorde. Pendant chaque période dévachanique, l'Ego, omniscient comme il l'est per se, se revêt, pour ainsi dire, du reflet de la « personnalité » qui fut. Je viens de vous dire que l'efflorescence idéale de toutes les qualités, ou attributs, de caractère abstrait, donc de nature impérissable et éternelle, s'attachait à l'Ego après la mort et le suivait ainsi en devachan. Il s'agit de qualités telles que l'amour, la miséricorde, l'amour du bien, du vrai et du beau, qui se sont toujours manifestées dans le cœur de la « personnalité » de son vivant. Alors, pour la durée de cette période, l'Ego devient la réflexion idéale de l'être humain qu'il fut la dernière fois sur terre, mais cette réflexion-là n'est pas omnisciente. Si elle l'était, il ne serait jamais dans l'état que nous appelons devachan.

    QUESTION — Pourquoi cela ?


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    LE THÉOSOPHE — Si vous désirez une réponse qui soit strictement conforme à notre philosophie, je vous dirai que c'est parce que tout est illusion (maya) en dehors de la vérité éternelle, qui n'a ni forme, ni couleur, ni limitation. Ceux qui se sont placés au-delà du voile de maya — c'est le cas des plus hauts Adeptes et Initiés — ne peuvent avoir aucun devachan. Quant au mortel ordinaire, sa béatitude en devachan est totale. C'est l'oubli absolu de tout ce qui lui a causé de la souffrance ou du chagrin dans l'incarnation passée, et même l'oubli du fait qu'il puisse exister quoi que ce soit comme la souffrance ou le chagrin. Durant le cycle intermédiaire entre deux incarnations, l'être en devachan vit entouré de tout ce à quoi il a vainement aspiré et en compagnie de tous ceux qu'il a aimés sur terre. Les plus ardents désirs de son âme se trouvent comblés. Et ainsi, il vit pendant de longs siècles une existence de béatitude sans mélange, qui est la récompense des douleurs qu'il a endurées pendant la vie terrestre. Bref, il baigne dans l'océan d'une félicité ininterrompue, rehaussée seulement, à intervalles, d'événements d'un bonheur encore plus intense.

    QUESTION — Mais c'est pire qu'une simple illusion ; c'est une vie tissée d'hallucinations démentes !

    LE THÉOSOPHE — À votre avis, peut-être, mais non pas du point de vue de la philosophie. D'ailleurs, toute notre vie terrestre n'est-elle pas remplie de telles illusions ? N'avez-vous jamais rencontré des hommes et des femmes qui vivent pendant des années dans un paradis imaginaire ? Si vous appreniez par hasard qu'un mari est infidèle à sa femme qui l'adore et qui se croit payée de retour, iriez-vous lui briser le cœur et détruire son beau rêve en lui révélant brutalement la vérité ? Je ne le crois pas. Je le répète donc, un tel oubli et une telle hallucination, si vous l'appelez ainsi, ne sont rien d'autre que l'effet d'une loi miséricordieuse de la nature et d'une stricte justice. En tout cas, c'est une perspective beaucoup plus attrayante que la harpe d'or et la paire d'ailes qu'on nous promet dans la religion. L'assurance que « l'âme qui a la vie éternelle monte souvent à la Jérusalem céleste, en parcourt familièrement les rues, en saluant les apôtres et


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    admirant l'armée des martyrs, en allant aussi rendre visite aux patriarches et aux prophètes » peut paraître d'un caractère plus pieux aux yeux de certains. Néanmoins, c'est là une hallucination encore bien plus grande car, si nous savons que les mères aiment leurs enfants d'un amour immortel, les personnages dont il est question dans la « Jérusalem céleste » restent d'une nature plutôt douteuse. Mais j'aimerais mieux me retrouver dans la « nouvelle Jérusalem » , avec ses rues constellées de pierres précieuses comme une vitrine de joaillier, plutôt que de me voir obligé de chercher un réconfort dans la cruelle doctrine des spirites. À elle seule, l'idée que les âmes intelligentes et conscientes d'un père, d'une mère, d'une fille ou d'un frère pourraient trouver leur béatitude dans un « summerland » — un peu moins artificiel, il est vrai, mais tout aussi ridicule que la « nouvelle Jérusalem » — serait suffisante pour nous faire perdre tout respect envers nos « chers disparus » . Supposer qu'un pur esprit pourrait être heureux, s'il était obligé de voir les péchés, les fautes, la perfidie, et par-dessus tout, les douleurs de ceux dont il a été séparé par la mort et qu'il aime toujours, sans pouvoir les aider, serait une pensée affolante.

    QUESTION — Votre argument donne à réfléchir, car, je l'avoue, je n'avais jamais envisagé la question de ce point de vue.

    LE THÉOSOPHE — Précisément. Il faut être foncièrement égoïste, et entièrement dénué du sentiment de la justice rétributive, pour avoir jamais imaginé pareille chose. Nous sommes avec ceux qui sont morts et que nous avons perdus dans la forme matérielle, et beaucoup, beaucoup plus près d'eux maintenant que lorsqu'ils étaient en vie. Et ce n'est pas seulement dans l'imagination de l'être en devachan, comme certains pourraient le penser, mais dans la réalité des choses. Car le pur amour divin n'est pas simplement l'efflorescence d'un cœur humain, mais il a ses racines dans l'éternité. L'amour saint et spirituel est immortel, et karma amènera tôt ou tard tous ceux qui se sont aimés d'une telle affection spirituelle à s'incarner une fois de plus dans le même groupe familial. De plus, nous disons que l'amour étend son influence au-delà de la tombe, bien que vous puissiez le


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    qualifier d'illusion, et possède un pouvoir magique et divin qui réagit sur les vivants. L'Ego d'une mère, rempli d'amour pour les enfants imaginaires qu'il voit auprès de lui, coulant une vie de bonheur, aussi réelle pour lui que lorsqu'il était sur terre — cet Ego fera toujours sentir son amour à ses enfants vivants. Cet amour s'exprimera dans leurs rêves, ainsi que dans maintes circonstances variées — sous forme de protections et de secours providentiels, car l'amour est un bouclier puissant et n'est limité ni par l'espace, ni par le temps. Et, ce qui est vrai de cette « mère » dévachanique l'est tout autant des autres relations et attachements humains, pourvu qu'ils ne soient pas purement égoïstes ou matériels. L'analogie vous suggérera le reste.

    QUESTION — En aucun cas vous n'admettez donc la possibilité d'une communication entre les vivants et l'esprit désincarné ?

    LE THÉOSOPHE — Si, il existe un cas, et même deux exceptions à cette règle. La première concerne les quelques jours qui suivent immédiatement la mort d'une personne, avant que l'Ego ne passe dans l'état dévachanique. Mais, que des vivants aient jamais tiré un grand bénéfice du retour de l'esprit au plan objectif est une autre question. Cela peut se produire, toutefois, dans des cas tout à fait exceptionnels, lorsque l'intensité du désir éprouvé par le mourant de retourner sur terre pour y accomplir quelque dessein force la conscience supérieure à rester éveillée ; c'est alors réellement l'individualité, l' « Esprit » , qui entre en communication. Après la mort, l'esprit tombe dans un état d'hébétude, et s'enfonce très vite dans ce qu'on appelle « l'inconscience pré-dévachanique » . La seconde exception est celle des Nirmânakâya.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par ce nom ?

    LE THÉOSOPHE — On désigne ainsi ceux qui, par pitié pour le genre humain et pour leurs frères qu'ils ont laissés sur terre, renoncent à l'état nirvânique, bien qu'ils aient acquis le droit au nirvâna et au repos cyclique — (non pas au « devachan » , car celui-ci n'est qu'une illusion de notre conscience, un rêve heureux, et tous ceux qui sont prêts pour le nirvâna doivent avoir


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    entièrement perdu tout désir ou affinité pour les illusions de ce monde, et même la possibilité d'entretenir de telles illusions). Un tel Adepte, ou Saint, peu importe le nom que vous lui donnez, considère que c'est agir égoïstement que de se reposer dans la béatitude alors que l'humanité gémit sous le fardeau de la misère produite par l'ignorance ; voilà pourquoi il renonce au nirvâna et décide de demeurer invisible, en esprit, sur cette terre. Les Nirmânakâya n'ont pas de corps matériel, car ils l'ont abandonné ; à part cela, ils conservent tous leurs principes, et restent dans la vie astrale en rapport avec notre sphère. Ils peuvent communiquer, et le font en effet, avec quelques élus mais assurément pas avec les médiums ordinaires.

    QUESTION—Je vous ai posé cette question concernant les Nirmânakâya parce que j'ai lu, dans certains livres allemands et divers autres, que dans les enseignements du bouddhisme du Nord on désigne par ce nom les apparitions ou corps terrestres, utilisés par les Bouddhas.

    LE THÉOSOPHE — C'est exact, mais les orientalistes ont obscurci la question en entendant par corps « terrestre » quelque chose d'objectif et de physique au lieu d'un corps purement astral et subjectif.

    QUESTION — Mais quel bien ces Nirmânakâya peuvent-ils faire sur terre ?

    LE THÉOSOPHE — Pas beaucoup en ce qui concerne les individus, attendu qu'ils n'ont pas le droit d'interférer dans le karma et qu'ils ne peuvent que conseiller les mortels et les inspirer pour le bien général. Néanmoins, ils accomplissent plus d'actions bienfaisantes que vous ne l'imaginez.

    QUESTION — Voilà ce que la science et même la psychologie moderne n'admettront jamais. Selon leur point de vue, aucune parcelle d'intelligence ne peut survivre au cerveau physique. Que répondriez-vous à cela ?

    LE THÉOSOPHE — Je ne me donnerais même pas la peine de


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    répondre. Je répéterais seulement les propos reçus par « M. A.Oxon  » : « L'intelligence se perpétue après la mort du corps. Quoiqu'il ne s'agisse pas d'une simple question de cerveau... D'après ce que nous savons, il est raisonnable de poser en principe l'indestructibilité de l'esprit humain. » (Spirit Identity, p. 69) (l).

    QUESTION — Mais « M. A. Oxon » est un spirite ?

    LE THÉOSOPHE — Parfaitement ; c'est le seul vrai spirite spiritualiste que je connaisse, quoique nous restions en désaccord avec lui sur de nombreux points de détail. En dehors de cela, aucun spirite n'approche autant que lui des vérités occultes. Il parle constamment, comme chacun de nous, des « dangers évidents qui serrent de près l'étourdi mal préparé qui s'adonne à l'occultisme, et qui en franchit le seuil sans avoir calculé les risques de son entreprise » (2). Notre seul point de désaccord avec lui porte sur la question de « l'Identité de l'Esprit » . Pour le reste, en ce qui me concerne, je partage presque entièrement son opinion et j'accepte les trois propositions présentées dans son allocution de juillet 1884. En définitive, ce serait plutôt cet éminent spirite qui serait en désaccord avec nous, et non l'inverse.

    QUESTION — Quelles sont ces propositions ?

    LE THÉOSOPHE —

    « l. — II y a une vie qui coïncide avec la vie physique du corps mais est indépendante de lui.

    « 2. — Comme corollaire nécessaire, cette vie se prolonge après celle du corps ; (nous, théosophes, disons qu'elle se prolonge jusqu'à la fin du devachan).


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    « 3. — II y a communication entre ceux qui se trouvent dans cet état d'existence et ceux qui sont dans le monde où nous vivons actuellement. »

    Tout dépend, comme vous le voyez, de détails et d'aspects secondaires de ces propositions fondamentales  : de ce que nous entendons par Esprit et Âme, ou Individualité et Personnalité. Les spirites confondent les deux choses et n'en font qu'une, tandis que nous, nous les séparons et disons qu'à part les exceptions déjà citées, aucun Esprit ne revisitera la terre, bien que l'âme animale puisse le faire. Mais revenons une fois de plus au sujet qui nous intéresse directement, les skandha.

    QUESTION — Je commence maintenant à mieux comprendre. C'est l'esprit, pour ainsi dire, des skandha les plus ennoblissants, qui, en s'attachant à l'Ego qui subit la réincarnation, survit et s'ajoute à l'ensemble de ses expériences angéliques. Quant aux attributs qui se rapportent aux skandha matériels, aux motifs égoïstes et personnels, ils disparaissent du champ d'action entre deux incarnations, pour reparaître au moment de la prochaine renaissance en tant que résultats karmiques, qui devront être expiés. Voilà pourquoi l'Esprit ne quitte pas le devachan. Est-ce bien cela ?

    LE THÉOSOPHE — À peu près. Ce serait tout à fait exact si vous ajoutiez que la loi de rétribution, ou karma, qui récompense en devachan les aspects les plus élevés et les plus spirituels, ne manque jamais de les récompenser de nouveau sur la terre, en leur donnant l'occasion de se développer davantage et en fournissant à l'Ego un corps adapté à cet effet.

     

    QUELQUES MOTS SUR LES SKANDHA

    QUESTION — Que deviennent, après la mort du corps, les autres skandha — les skandha inférieurs de la personnalité ? Sont-ils entièrement détruits ?

    LE THÉOSOPHE — Ils le sont, et cependant ils ne le sont pas — voilà encore un mystère occulte et métaphysique pour vous. En tant qu'ensemble d'éléments fonctionnels propres à la personnalité,


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    ils sont détruits, mais en tant qu'effets karmiques, ils demeurent comme germes en suspension dans l'atmosphère du plan terrestre, prêts à revivre comme autant de démons vengeurs, et à s'attacher à la nouvelle personnalité de l'Ego, quand celui-ci se réincarnera.

    QUESTION — Cela dépasse réellement ma compréhension. C'est bien difficile à saisir.

    LE THÉOSOPHE — II n'en sera plus ainsi quand vous aurez assimilé tous les détails, car alors, vous verrez que par sa logique, sa cohérence, sa philosophie profonde, sa miséricorde et son équité divines, cette doctrine de la réincarnation n'a pas son égale au monde. C'est une croyance dans un progrès perpétuel de tout Ego ou âme divine qui se réincarne, dans une évolution qui va de l'extérieur vers l'intérieur, depuis le matériel jusqu'au spirituel et qui conduit, à la fin de chaque étape, à une unité absolue avec le Principe divin. S'élever d'un état d'énergie à un autre, passer de la beauté et de la perfection d'un plan à la beauté et à la perfection encore plus grandes d'un autre plan, parvenir à des niveaux toujours plus élevés de gloire, de connaissance et de puissance à chaque nouveau cycle, telle est la destinée de tout Ego, qui devient ainsi son propre Sauveur dans chaque monde, et à chaque incarnation.

    QUESTION — Mais le christianisme enseigne la même chose ; lui aussi, prêche une doctrine de progrès.

    LE THÉOSOPHE — En effet, mais il ajoute qu'il est impossible d'atteindre le salut sans l'aide d'un Sauveur miraculeux, et condamne ainsi à la perdition tous ceux qui ne veulent pas accepter ce dogme. C'est en cela que réside la différence entre la théologie chrétienne et la Théosophie. La première oblige à croire en la descente de l'Ego Spirituel dans le soi inférieur, tandis que l'autre inculque la nécessité pour chaque homme de s'efforcer de s'élever jusqu'à l'état de Christos ou de Buddhi.

    QUESTION — Cependant ne croyez-vous pas qu'enseigner l'annihilation


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    de la conscience en cas d'échec revient au même que d'enseigner l'anéantissement du Soi, du moins pour ceux qui ne sont pas versés dans la métaphysique ?

    LE THÉOSOPHE — Bien sûr, si on se place du point de vue de ceux qui croient littéralement à la résurrection du corps et qui insistent sur le fait que chaque os, chaque artère et chaque atome de chair ressusciteront corporellement au Jour du Jugement. Si vous tenez absolument à ce que ce soient la forme périssable et les qualités finies qui constituent l'homme immortel, nous aurons du mal à nous entendre. Si vous ne comprenez pas qu'en limitant à une seule vie sur terre l'existence de chaque Ego vous faites de la Divinité une sorte d'Indra perpétuellement ivre, selon la lettre morte des Purâna, un Moloch cruel, un dieu qui, non content de faire un gâchis inextricable sur terre, exige encore qu'on l'en remercie, mieux vaut arrêter là la discussion.

    QUESTION — Maintenant que nous avons réglé la question des skandha, revenons plutôt au sujet de la survivance de la conscience après la mort. C'est un sujet qui intéresse la plupart des gens. Possédons-nous plus de connaissance en devachan que pendant notre vie terrestre ?

    LE THÉOSOPHE — En un sens, nous pouvons y acquérir plus de connaissance, c'est-à-dire que nous pouvons y développer à un plus haut degré l'une quelconque des facultés que nous aimions et que nous nous efforcions d'acquérir durant notre vie, pourvu toutefois qu'elle se rapporte à des choses abstraites et idéales, comme, par exemple, la musique, la peinture, la poésie, etc. ; car le devachan n'est qu'une continuation idéalisée et subjective de la vie terrestre.

    QUESTION — Mais si, en devachan, l'Esprit est libéré des entraves de la matière, pourquoi ne posséderait-il pas toute connaissance ?

    LE THÉOSOPHE — Parce que, comme je vous l'ai déjà dit, l'Ego est, pour ainsi dire, enchaîné à la mémoire de sa dernière incarnation. Si donc vous réfléchissez à ce que j'ai déjà dît à ce sujet et mettez tous les faits bout à bout, vous vous rendrez compte


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    que l'état dévachanique n'est pas un état d'omniscience, mais la continuation transcendantale de la vie personnelle qui vient de se terminer. C'est le repos de l'âme après les labeurs de la vie.

    QUESTION — Mais les matérialistes scientifiques affirment que rien ne reste après la mort ; que le corps humain se désagrège simplement en ses éléments constitutifs, et que ce qu'on appelle l'âme n'est qu'une soi-conscience temporaire, apparaissant comme un sous-produit de l'activité organique, qui se dissipera comme une vapeur. C'est un curieux état d'esprit que le leur, n'est-ce pas ?

    LE THÉOSOPHE — Pas le moins du monde à mon avis. En disant que le soi-conscience cesse avec la destruction du corps, ils sont inconsciemment prophètes en ce qui les concerne ; car, dès lors qu'ils sont inébranlablement convaincus de ce qu'ils affirment, il ne peut y avoir pour eux de vie consciente post mortem. Car il y a des exceptions à toutes les règles. 

    LA CONSCIENCE POST MORTEM ET POSTNATALE  (3)

     

    QUESTION — Mais pourquoi y aurait-il des exceptions, si c'est la règle que la soi-conscience humaine survive après la mort ?

    LE THÉOSOPHE — Il n'y a pas d'exceptions possibles aux principes fondamentaux du monde spirituel. Mais il y a des règles pour ceux qui voient et des règles pour ceux qui préfèrent rester aveugles.

    QUESTION — Je comprends parfaitement. Vous voulez dire qu'il s'agit ici d'une aberration analogue à celle de l'aveugle qui nie


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    l'existence du soleil parce qu'il ne le voit pas. Mais, après la mort, ses yeux spirituels le forceront certainement à voir malgré lui. Est-ce là ce que vous voulez dire ?

    LE THÉOSOPHE — Rien ne le forcera à voir ; et il ne verra rien non plus. Ayant nié avec persistance de son vivant la continuation de l'existence après la mort, il sera incapable de la voir car, sa faculté spirituelle ayant été atrophiée pendant la vie, elle ne pourra pas se développer après la mort et il demeurera aveugle. En insistant sur le fait qu'il devra voir, il est évident que vous voulez dire une chose et moi une autre. Vous parlez de l'esprit qui vient de l'Esprit, de la flamme émanée de la flamme — d'Âtma, en un mot — que vous confondez avec Manas, l'âme humaine. Vous ne me comprenez pas ; je vais donc tâcher de rendre tout cela plus clair. Au fond, votre question revient à demander si, pour un matérialiste catégorique, la perte complète de la soi-conscience et de la soi-perception est possible après la mort, n'est-ce pas ? Je réponds : oui, elle est possible. Croyant fermement à notre doctrine ésotérique qui enseigne que la période post mortem, l'intervalle entre deux vies et deux naissances, n'est qu'un état transitoire, je dis que l'état post mortem entre deux actes du drame illusoire de la vie — que la durée de cet entracte soit d'une année ou d'un million d'années — peut correspondre exactement à l'état d'un homme plongé dans un coma profond, sans pour cela constituer une infraction à la loi fondamentale.

    QUESTION — Mais comment cela se pourrait-il ? Ne venez-vous pas de dire que les lois fondamentales de l'état après la mort n'admettent pas d'exception ?

    LE THÉOSOPHE —Je ne dis pas non plus le contraire. Mais la loi spirituelle de continuité ne s'applique qu'à ce qui est vraiment réel. Pour celui qui a lu et compris la Mândûkya Upanishad et le Vedanta Sâra tout cela devient très clair. Je dirai plus : il suffit de comprendre ce que nous entendons par Buddhi et par la dualité de Manas, pour parvenir à concevoir clairement pourquoi une survie soi-consciente après la mort peut faire défaut au matérialiste. Manas étant, dans son aspect inférieur, le


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    siège du mental terrestre, ne peut fournir d'autre conception de l'univers que celle qui s'appuie sur les données propres de ce mental, il ne peut pas procurer la vision spirituelle. Dans l'école orientale, il est dit qu'il n'existe pas, en réalité, d'autre différence entre Buddhi et Manas (l'Ego), ou entre Ishvara et Prajñâ (4) que celle qui existe entre une forêt et ses arbres, entre un lac et ses eaux, comme l'enseigne la Mândûkya. Qu'un arbre, ou même des centaines d'arbres, meurent par perte de leur vitalité ou en étant déracinés, cela n'empêche pas une forêt de rester une forêt.

    QUESTION — Mais, si je comprends bien l'analogie, Buddhi représente la forêt, et Manas-Taijasa (5) les arbres. Or, si Buddhi est immortelle, comment se peut-il que ce qui lui est semblable, c'est-à-dire Manas-Taijasa, perde entièrement conscience jusqu'au jour de sa nouvelle incarnation ? Voilà ce qu'il m'est impossible de comprendre.

    LE THÉOSOPHE — Vous ne pouvez pas le comprendre, parce que vous persistez à confondre la représentation abstraite du tout avec les changements occasionnels de forme de ce tout. Il faut vous souvenir que, si l'on peut dire que Buddhi-Manas est immortel inconditionnellement, on ne peut pas en dire autant du Manas inférieur et encore moins de Taijasa qui n'en est qu'un attribut. Ni l'un ni l'autre, ni Manas ni Taijasa ne peuvent exister séparés de Buddhi, l'âme divine, parce que le premier (Manas) est, dans son aspect inférieur, un attribut qualificatif de la personnalité terrestre, et que le second (Taijasa) est identique au premier, puisqu'il n'est que ce même Manas avec la lumière de Buddhi réfléchie sur lui. À son tour, Buddhi demeurerait simplement un esprit impersonnel sans cet élément qu'elle emprunte à


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    l'âme humaine, qui la conditionne et en fait, dans cet univers illusoire, quelque chose, pour ainsi dire, de séparé de l'âme universelle pendant toute la période du cycle d'incarnation. On doit plutôt dire que Buddhi-Manas ne peut ni mourir ni perdre dans l'éternité sa soi-conscience composée, pas plus que le souvenir de ses incarnations antérieures dans lesquelles les deux aspects — c'est-à-dire l'âme spirituelle et l'âme humaine — se sont trouvés étroitement liés l'un à l'autre. Mais il n'en va pas de même dans le cas d'un matérialiste, dont l'âme humaine non seulement ne reçoit rien de l'âme divine mais encore refuse d'en reconnaître l'existence. On ne saurait appliquer cet axiome aux attributs et aux qualifications de l'âme humaine, car cela reviendrait à dire que, du fait que votre âme divine est immortelle, le velouté de votre joue doit l'être aussi, tandis que ce velouté, comme la condition de Taijasa, n'est simplement qu'un phénomène transitoire.

    QUESTION — Dois-je entendre par là qu'il ne faut pas faire de confusion mentale entre le noumène et le phénomène, la cause avec ses effets ?

    LE THÉOSOPHE — C'est cela même, et je le répète : la splendeur radieuse de Taijasa elle-même, limitée strictement à Manas, ou à l'âme humaine, n'est qu'une question de temps, puisque, pour la personnalité terrestre de l'homme, l'immortalité et la conscience après la mort deviennent toutes les deux simplement des attributs conditionnés, car elles dépendent entièrement des conditions et des croyances qu'a créées l'âme humaine elle-même durant la vie du corps. Karma agit sans cesse : nous ne moissonnons dans notre vie après la mort que les fruits de ce que nous avons semé nous-mêmes pendant celle-ci.

    QUESTION — Mais si, après la destruction de mon corps, mon Ego est plongé dans un état d'inconscience complète, où donc les péchés de ma vie passée pourront-ils être punis ?

    LE THÉOSOPHE — Notre philosophie nous enseigne que la punition karmique n'atteint l'Ego que dans sa prochaine incarnation.


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    Après la mort, il reçoit seulement la récompense pour les souffrances imméritées qu'il a endurées pendant sa dernière incarnation (6). Toute la punition après la mort, même pour le matérialiste, consiste donc en l'absence de toute récompense et en la perte complète de la conscience de la béatitude et du repos. Karma est l'enfant de l'Ego terrestre, le fruit des actions de cet arbre qu'est la personnalité objective visible pour tous, aussi bien que le fruit de toutes les pensées et même de toutes les intentions du « Moi » spirituel. Mais karma est également la tendre mère qui guérit les blessures infligées par elle pendant la vie précédente, avant de recommencer à torturer cet Ego en lui en infligeant de nouvelles. Même si l'on peut dire qu'il n'y a aucune souffrance, mentale ou physique, dans la vie d'un mortel qui ne soit le fruit direct et la conséquence de quelque péché commis dans une existence précédente, cela n'empêche pas l'homme qui, dans sa vie actuelle, ne conserve pas le moindre souvenir de ses fautes antérieures, d'avoir le sentiment de ne pas mériter la punition qu'il subit et de penser, en conséquence, souffrir de ce dont il n'est pas coupable : cela seul suffit à accorder à l'âme humaine le droit à la plus grande mesure de consolation, de repos et de félicité dans l'existence post mortem. La mort se présente toujours à notre soi spirituel comme une libératrice et une amie. Pour le matérialiste qui, malgré son matérialisme, ne fut pas un mauvais homme, l'intervalle entre les deux vies sera comme le sommeil ininterrompu et paisible d'un enfant, entièrement dépourvu de rêves, ou éventuellement peuplé d'images dont il n'aura pas de perception précise, tandis que, pour le mortel ordinaire, ce sera un rêve aussi réel que la


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    vie elle-même, rempli de félicité et de visions s'imposant à lui avec réalisme.

    QUESTION — II faudra donc que l'homme personnel continue toujours de souffrir aveuglément les peines karmiques que l'Ego aura encourues ?

    LE THÉOSOPHE — II n'en est pas tout à fait ainsi. Au moment solennel de la mort, même dans le cas de mort subite, chaque homme voit toute sa vie passée se dérouler devant lui dans ses plus minimes détails. Pendant un court instant, l'ego personnel devient un avec l'Ego individuel et omniscient. Mais cet instant suffit pour lui montrer tout l'enchaînement des causes qui ont opéré sa vie durant. Il se voit et se comprend alors tel qu'il est, dépouillé de tout masque flatteur et affranchi de ses propres illusions. Il déchiffre sa vie en spectateur qui contemple d'en haut l'arène qu'il quitte ; il sent et reconnaît la justice de toute la souffrance qu'il a subie.

    QUESTION — Et cela arrive-t-il à tout le monde ?

    LE THÉOSOPHE — À tout le monde, sans exception. Comme on nous l'enseigne, des hommes très bons et très saints peuvent voir non seulement la vie qu'ils quittent mais même plusieurs existences antérieures où avaient été produites les causes qui les firent tels qu'ils furent dans la vie qui vient de se terminer. Ils reconnaissent la loi de karma dans toute sa majesté et dans toute sa justice.

    QUESTION — Y a-t-il quelque chose qui corresponde à cette vision avant la re-naissance ?

    LE THÉOSOPHE — Oui. De même qu'au moment de la mort l'homme passe en revue rétrospectivement la vie qu'il a menée, de même, au moment où il renaît sur terre, l'Ego qui se réveille de l'état du devachan a une vision prospective de la vie qui l'attend et se rend compte de toutes les causes qui l'y ont conduit. Il en prend conscience et voit le futur, parce que c'est entre le devachan


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    et la re-naissance que l'Ego regagne sa pleine conscience manasique, et redevient, pendant un court espace de temps, le dieu qu'il était avant de descendre pour la première fois dans la matière, conformément à la loi karmique, et s'incarner dans le premier homme de chair. Le «  fil d'or » voit toutes ses « perles » et il n'en manque pas une.

    CE QUE L'ON ENTEND RÉELLEMENT PAR « ANNIHILATION »

    QUESTION —J'ai entendu, en effet, certains théosophes parler d'un fil d'or sur lequel leurs vies seraient en quelque sorte enfilées. Que veulent-ils dire par là ?

    LE THÉOSOPHE — Dans les livres sacrés hindous, il est dit que ce qui subit périodiquement l'incarnation c'est le Sutrâtma, littéralement l' « Âme-fil » . C'est un synonyme de l'Ego qui se réincarne — Manas en conjonction avec Buddhi — qui absorbe le contenu des souvenirs manasiques de toutes nos vies précédentes. Il est ainsi appelé parce que la longue série des vies humaines est réunie en chapelet sur ce fil unique, comme autant de perles enfilées sur un même fil. Dans une des Upanishad, on compare ces re-naissances successives à la vie d'un mortel qui oscille périodiquement entre le sommeil et la veille.

    QUESTION — Ceci, je l'avoue, ne me semble pas clair ; et voici pourquoi. Pour l'homme qui s'éveille, c'est un nouveau jour qui commence, mais cet homme, en tant que corps et âme, est le même que ce qu'il était la veille. Par contre, à chaque incarnation, un changement complet s'opère, en ce qui concerne non seulement l'enveloppe extérieure, le sexe et la personnalité, mais encore les capacités mentales et psychiques. La comparaison ne me paraît pas tout à fait juste. L'homme qui se réveille se rappelle distinctement ce qu'il a fait hier, avant hier, et même il y a des mois et des années. Mais aucun de nous n'a le moindre souvenir d'une vie précédente ni d'aucun fait ou événement s'y rapportant... Il se peut que j'oublie le matin ce que j'ai rêvé pendant la nuit, mais je sais bien que j'ai dormi et j'ai la certitude d'avoir vécu pendant mon sommeil. Mais quel souvenir puis-je avoir


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    de mon incarnation passée en attendant le moment de la mort ? Comment concilier tout cela ?

    LE THÉOSOPHE — II existe des gens qui, effectivement, pendant cette vie, se rappellent leurs incarnations passées, mais ce sont les Bouddhas et les Initiés. Dans cet état, que les yogis appellent sammâsambodhi (7), est obtenue la connaissance de toute la série des incarnations passées.

    QUESTION — Mais nous, mortels ordinaires, qui n'avons pas atteint sammâsambodhi, comment pouvons-nous comprendre cette analogie ?

    LE THÉOSOPHE — En l'étudiant et en essayant d'arriver à une compréhension plus correcte de ce qui caractérise le sommeil, avec ses trois modes. Le sommeil est une loi à la fois générale et immuable pour l'homme aussi bien que pour la bête, mais il y a différents types ou modes de sommeil et encore plus de différentes sortes de rêves et de visions.

    QUESTION — Mais cela nous conduit à un autre sujet. Revenons plutôt au matérialiste, qui, bien que ne niant pas les rêves — ce qu'il pourrait difficilement faire — nie pourtant l'immortalité en général et la survie de sa propre individualité.

    LE THÉOSOPHE — Et le matérialiste, sans le savoir, a raison. Car, pour celui qui n'a aucune perception intérieure de l'immortalité de son âme, ni aucune foi en elle, dans cet homme, l'âme ne peut jamais devenir Buddhi-Taijasî mais restera tout simplement Manas ; or il n'y a pas d'immortalité possible pour Manas seul. Et, pour vivre d'une vie consciente dans le monde suivant, il faut avant tout y croire dans cette vie, pendant l'existence terrestre. C'est sur ces deux aphorismes de la Science Secrète que s'érige toute la philosophie de la conscience post mortem


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    et de l'immortalité de l'âme. L'Ego reçoit toujours selon ses mérites. Pour lui, après la dissolution du corps, commence, selon les cas, une période de conscience pleinement éveillée, ou un état de songes chaotiques, ou encore un sommeil entièrement dépourvu de rêves que l'on ne saurait distinguer de l'annihilation. Et cela correspond précisément au trois modes de sommeil. Si nos physiologistes voient la cause des rêves et des visions dans la préparation inconsciente où leur trame se forme pendant les heures de veille, pourquoi ne pourrait-on admettre une élaboration analogue pour les rêves post mortem ? Je le répète : la mort est un sommeil. Après la mort, commence, devant les yeux spirituels de l'âme, une représentation qui se déroule selon un programme que nous avons appris et très souvent composé nous-mêmes inconsciemment : là se déploie, dans des faits vécus, la réalisation des croyances correctes, ou bien des illusions que nous avons nous-mêmes créées de toutes pièces. Celui qui a été méthodiste y est méthodiste, le musulman, musulman — au moins pendant quelque temps —dans un paradis parfaitement imaginaire, que chacun s'est créé et construit lui-même. Tels sont les fruits post mortem de l'arbre de vie. Bien entendu, que nous croyions ou non au fait de l'immortalité consciente ne saurait changer quoi que ce soit à la réalité inconditionnée du fait lui-même, dès lors qu'il existe ; mais, lorsqu'il s'agit d'entités indépendantes ou séparées, qui croient ou ne croient pas en cette immortalité, leur attitude ne peut manquer, cette fois, de donner à ce fait une couleur particulière dans son application à chacune d'entre elles. Commencez-vous maintenant à comprendre ?

    QUESTION — Je pense que oui. Le matérialiste, qui se refuse à croire à tout ce qui ne lui est pas prouvé par ses cinq sens, ou par un raisonnement scientifique appuyé exclusivement sur des données fournies par ces sens — malgré leur imperfection — et rejette toute manifestation spirituelle, n'accepte comme vie consciente que l'existence présente. Il lui sera donc fait selon sa croyance. Il perdra son ego personnel et sera plongé dans un sommeil sans rêves, jusqu'à ce qu'il s'éveille de nouveau. N'est-ce pas cela ?

    LE THÉOSOPHE — A peu près. Pénétrez-vous bien de la doctrine pratiquement universelle selon laquelle il y a deux sortes d'existence


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    consciente, l'une terrestre et l'autre spirituelle. Il faut considérer cette dernière comme réelle par le fait même que la Monade éternelle, immuable et immortelle l'habite, alors que, pour la vie terrestre, l'Ego qui se réincarne doit se revêtir d'habits nouveaux, qui sont entièrement différents de ceux de ses incarnations passées et en qui tout, à l'exception de son prototype spirituel, est condamné à subir un changement si radical qu'il n'en reste aucune trace.

    QUESTION — Mais comment cela ? Mon « Moi » conscient terrestre peut-il périr, non seulement pour un temps comme la conscience du matérialiste, mais d'une manière si complète qu'il n'en reste aucune trace ?

    LE THÉOSOPHE — D'après l'enseignement, il faut qu'il périsse ainsi, et entièrement, à l'exception du principe qui, en s'unissant à la Monade, est devenu, de ce fait, une essence purement spirituelle et indestructible, pour rester uni à elle dans l'éternité. Mais, dans le cas du matérialiste endurci, dans le « Moi » personnel duquel jamais aucune trace de Buddhi ne s'est reflétée, comment cette dernière pourrait-elle emporter dans l'éternité une seule parcelle de cette personnalité terrestre ? Votre « Moi » spirituel est immortel ; mais de votre soi actuel il ne peut emporter dans l'éternité que ce qui est devenu digne d'immortalité — l'arôme seul de la fleur que la mort a fauchée.

    QUESTION — Bien, mais la fleur, le « moi » terrestre ?

    LE THÉOSOPHE — Comme toutes les fleurs passées et futures qui ont fleuri, ou fleuriront, sur la branche-mère, le Sutrâtma — et qui sont autant de pousses issues d'une même racine, ou Buddhi — cette fleur retournera en poussière. Votre « Moi » réel, comme vous le savez vous-même, n'est pas le corps qui est maintenant assis devant moi ; ce n'est pas non plus ce que j'appellerais Manas-Sutrâtma, mais Sutrâtma-Buddhi.

    QUESTION — Mais cela ne m'explique pas du tout pourquoi vous qualifiez la vie après la mort d'immortelle, d'infinie et de réelle, et la


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    vie terrestre de simple fantôme ou de pure illusion, puisque cette vie post mortem elle-même a ses limites, bien que ces limites soient beaucoup plus étendues que celles de la vie terrestre.

    LE THÉOSOPHE — Sans doute. L'Ego spirituel de l'homme se meut dans l'éternité comme un pendule qui oscille entre les heures de la naissance et la mort. Mais si ces heures qui marquent les périodes de vie terrestre et de vie spirituelle sont limitées dans leur durée, et si la série de ces étapes à travers l'éternité, entre le sommeil et la veille, entre l'illusion et la réalité, a un commencement et une fin, le pèlerin spirituel n'en est pas moins éternel. Ainsi, à notre point de vue, ce qui constitue la seule réalité pendant la période de ce pèlerinage appelé le « cycle des re-naissances » , ce sont les heures de la vie post mortem où, désincarné, il se trouve face à face avec la vérité, et non plus avec les mirages de ses existences terrestres et passagères. Malgré leurs limites, ces intervalles n'empêchent cependant pas l'Ego, qui se perfectionne toujours, de suivre, sans dévier — bien que graduellement et lentement — le chemin qui l'amènera jusqu'au point de sa dernière transformation où, ayant atteint son but, il deviendra un être divin. Ces intervalles et ces étapes aident à atteindre le résultat final au lieu d'en entraver la réalisation. Et, sans de tels intervalles limités, l'Ego divin ne pourrait jamais atteindre son but ultime. Je vous ai déjà donné de cette progression une illustration familière en comparant l'Ego, l'individualité à un acteur, et ses incarnations nombreuses et variées aux rôles joués par ce dernier. Appelleriez-vous ces rôles ou leurs costumes l'individualité de l'acteur lui-même ? Semblable à l'acteur, l'Ego est obligé, pendant le cycle de nécessité, de jouer bien des rôles, dont certains peuvent lui déplaire, jusqu'à ce qu'il atteigne le seuil même de paranirvâna. De même que l'abeille recueille son miel de chaque fleur qu'elle visite et laisse le reste en pâture aux vers de la terre, de même notre individualité spirituelle — que nous l'appelions Sutrâtma ou Ego — ne recueille de chaque personnalité terrestre, dans laquelle karma la force à s'incarner, que le nectar des qualités spirituelles et de la soi-conscience ; elle réunit l'ensemble de ses récoltes en un tout unique et sort finalement de sa chrysalide comme un Dhyan Chohan glorifié.


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    Tant pis pour les personnalités terrestres dont elle n'a rien pu recueillir ; elles ne pourront certainement pas survivre consciemment à leur existence terrestre.

    QUESTION — II semble donc que, pour la personnalité terrestre, l'immortalité soit toujours conditionnelle. Cependant, l'immortalité elle-même n'est-elle pas inconditionnelle ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. Mais l'immortalité ne peut toucher ce qui est non existant ; car, pour tout ce qui existe en tant que SAT, ou émane de SAT, l'immortalité et l'éternité sont absolues. La matière est le pôle opposé de l'esprit et pourtant les deux ne sont qu'un. Et l'essence de tout cela — je veux dire l'essence de l'esprit, de la force ou énergie et de la matière, ou les trois en un — est sans commencement ni fin. Mais la forme acquise par cette triple unité pendant ses incarnations, son aspect extérieur, n'est certainement que l'illusion de nos conceptions personnelles. Voilà pourquoi nous n'appelons réalité que nirvâna et la vie universelle, tandis que nous reléguons la vie terrestre, sans en exclure sa personnalité terrestre ou même son existence en devachan, dans le domaine chimérique de l'illusion.

    QUESTION — Mais pourquoi, dans ce cas, appelez-vous le sommeil réalité et l'état de veille illusion ?

    LE THÉOSOPHE — Ce n'est là qu'une comparaison qui a pour but de faciliter la compréhension du sujet, et, du point de vue de nos conceptions terrestres, elle est très correcte.

    QUESTION — Je persiste cependant à ne pas comprendre : si la vie qui nous attend après la mort est basée sur la justice et la rétribution méritée de toutes nos souffrances ici-bas, pourquoi, dans le cas des matérialistes, dont beaucoup sont des hommes véritablement honnêtes et charitables, ne resterait-il rien de leur personnalité sauf le rebut d'une fleur fanée ?

    LE THÉOSOPHE — Personne n'a dit pareille chose. Aucun matérialiste, quelque incroyant qu'il soit, ne peut périr pour


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    toujours dans la plénitude de son individualité spirituelle. Ce que j'ai dit c'est que la conscience du matérialiste peut disparaître soit entièrement, soit partiellement, au point qu'aucun vestige conscient de sa personnalité ne survive.

    QUESTION — Mais c'est sûrement cela l'annihilation ?

    LE THÉOSOPHE — Nullement. Pendant un long voyage en chemin de fer, on peut dormir d'un sommeil si profond que l'on passe plusieurs stations sans en avoir la moindre conscience ni le moindre souvenir, puis se réveiller à une autre station, et continuer son voyage en passant par un nombre incalculable d'autres arrêts, jusqu'à ce que le voyage se termine et qu'on arrive à destination. Je vous ai parlé de trois sortes de sommeil : le sommeil sans rêves, le sommeil avec rêves cahotiques, et le sommeil où les rêves sont si réels qu'ils deviennent des réalités absolues pour le dormeur. Si vous croyez à ce dernier genre de sommeil, pourquoi ne croyez-vous pas au premier ? La vie qui attend un homme dans l'au-delà sera modelée sur ce qu'il croyait qu'elle serait, et sur ce qu'il s'attendait à y trouver. Celui qui ne s'attend à aucune vie future trouvera, dans l'intervalle entre deux renaissances, un vide absolu qui équivaudra à l'annihilation. C'est précisément la réalisation du programme dont nous avons parlé, programme créé par les matérialistes eux-mêmes. Mais il y a, comme vous le dites, différentes sortes de matérialistes. L'égoïste méchant, et qui ne pense qu'à lui, qui n'a jamais versé de larmes que sur lui-même et qui a ainsi ajouté à son incroyance l'indifférence la plus complète envers le monde entier, perdra à jamais sa personnalité au seuil de la mort. Comme cette personnalité n'a, pour ainsi dire, aucun lien de sympathie pour le monde qui l'entoure, et, par conséquent, n'a rien à accrocher au Sutrâtma, toute connexion entre elle et lui sera nécessairement rompue au moment du dernier soupir. Puisqu'il n'y aura pas de devachan pour un tel matérialiste, le Sutrâtma se réincarnera presque immédiatement. Mais le matérialiste dont la seule erreur fut de ne pas croire à une vie future dormira profondément et ne laissera passer qu'une station. Le temps viendra où cet ex-matérialiste aura la perception de lui-même dans l'éternité et se


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    repentira peut-être alors d'avoir perdu même une journée, une seule étape de la vie éternelle.

    QUESTION — Ne serait-il pas plus correct de dire que la mort n'est qu'une naissance à une vie nouvelle, ou bien un nouveau retour à l'éternité ?

    LE THÉOSOPHE — Si vous voulez. Mais il faut vous souvenir que les naissances diffèrent entre elles, et qu'il naît des « morts-nés » qui sont des échecs de la nature. En outre, les idées fixes que vous avez en Occident au sujet de la vie matérielle sont telles que les termes « vivant » et « être » sont tout à fait inapplicables au pur état subjectif de l'existence post mortem. Et cela pour la bonne raison que voici : à l'exception de quelques philosophes que très peu de gens lisent, et qui d'ailleurs n'ont pas eux-mêmes une conception assez claire pour présenter ces sujets d'une manière bien précise, les notions des Occidentaux relativement à la vie et à la mort sont devenues si étroites qu'elles ont, d'un côté, conduit au matérialisme le plus grossier, et de l'autre, à la conception plus matérielle encore de la vie future qui a trouvé son expression dans le « summerland » des spirites. Là, les âmes humaines mangent, boivent, se marient et vivent dans un paradis tout aussi sensuel, mais moins philosophique, que celui de Mahomet. Les conceptions courantes du chrétien sans instruction ne valent guère mieux non plus ; elles sont même plus matérielles, si tant est que ce soit possible. Le ciel chrétien, avec ses anges privés de corps, ses trompettes de cuivre, ses harpes d'or, aussi bien que l'enfer avec ses flammes matérielles, ressemble à la scène féerique d'une pantomime de Noël.

    C'est à cause de ces conceptions étroites que vous éprouvez tant de difficultés à comprendre. Et c'est bien parce que la vie de l'âme désincarnée est entièrement dépourvue de toute forme grossièrement objective de vie terrestre, sans rien manquer de l'impression vivante de réalité que l'on a dans certains rêves, que les philosophes orientaux l'ont comparée aux visions du sommeil.


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    TERMES DÉFINIS POUR EXPRIMER
    DES CHOSES DÉFINIES

    QUESTION — Ne pensez-vous pas que c'est parce qu'il n'y a pas de termes définis et déterminés pour désigner chaque « principe » dans l'homme qu'il se produit une telle confusion dans nos esprits par rapport aux fonctions respectives de ces « principes » ?

    LE THÉOSOPHE —J'y ai pensé moi-même. Toute la difficulté est venue de ceci : quand nous avons commencé à exposer et discuter les notions concernant les « principes » , nous avons employé les mots sanskrits qui les désignent au lieu de forger, à l'usage des théosophes, des vocables équivalents en anglais. Il faut tenter d'y remédier maintenant.

    QUESTION — Vous ferez bien, car cela évitera une plus grande confusion à l'avenir. Il me semble qu'il n'y a pas deux auteurs théosophes qui soient d'accord pour appeler le même « principe » du même nom.

    LE THÉOSOPHE — La confusion est cependant plus apparente que réelle. J'ai entendu certains de nos théosophes en exprimer de la surprise, et critiquer plusieurs articles traitant de ces « principes » . Cependant, après examen, on ne peut y trouver d'autre faute que celle d'avoir employé le mot « Âme » pour désigner les trois principes, sans spécifier les distinctions. Le premier et, sans contredit, le plus clair de nos auteurs théosophes, M. A.P. Sinnett, a écrit des pages d'un style admirable où il traite de façon approfondie du « Soi Supérieur » (8). Sa véritable idée a également été mal interprétée par certains, du fait qu'il a utilisé le mot « Âme » dans un sens général. Voici toutefois quelques passages qui vous montreront combien tout ce que M. Sinnett écrit sur ce sujet est clair et d'une large portée :


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    «... Dès qu'elle est lancée dans le fleuve de l'évolution comme individualité humaine (9), l'âme humaine passe par des périodes alternées d'existence physique et d'existence relativement spirituelle. Elle passe d'un plan, ou strate, ou état de la Nature, à un autre, en fonction de ses affinités karmiques ; incarnée, elle vit la vie que son karma lui a préparée ; elle modifie sa marche en avant selon les limitations des circonstances, et — en créant du nouveau karma par l'utilisation bonne ou mauvaise des occasions offertes — elle retourne après chaque vie physique, en passant par la région intermédiaire du kâma loka, à l'existence spirituelle (devachan) afin de s'y reposer, renouveler ses forces et absorber graduellement dans son essence, comme autant de progrès cosmique, l'expérience récoltée durant la vie « sur terre » , c'est-à-dire pendant l'existence physique. Cette façon d'envisager le sujet suggérera bon nombre de conclusions accessoires à ceux qui voudront réfléchir à cette question : on songera par exemple que le transfert de la conscience du kâma loka au stade dévachanique doit être graduel (10), qu'en réalité il n'existe pas de ligne de séparation bien nette entre les divers états spirituels ; et que les plans spirituel et physique eux-mêmes, comme le prouvent les facultés psychiques des vivants, ne sont pas aussi désespérément isolés l'un de l'autre, comme voudraient le suggérer les théories matérialistes ; qu'en outre, tous les états de la nature nous entourent simultanément et s'adressent à des facultés différentes de perception, etc. (...) II est clair que les personnes douées de facultés psychiques restent en rapport pendant l'existence physique avec les plans de la conscience supra-physique ; et, bien que la généralité des gens puissent ne pas être doués de ces facultés, nous sommes tous capables d'entrer dans des états de conscience qui n'ont rien à voir avec les cinq sens physiques, comme on peut le voir dans les états comme le sommeil et... surtout les phénomènes du somnambulisme et du mesmérisme. Nous — c'est-à-dire les âmes en nous — ne sommes pas entraînés complètement à la dérive sur l'océan de la matière. Nous conservons nettement le souvenir de certains intérêts ou droits qui nous rattachent au rivage dont nous nous sommes écartés


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    pour un moment. Le processus de la réincarnation n'est donc pas complètement décrit si nous nous contentons de parler d'une alternance d'existence entre les plans physique et spirituel, et si nous dépeignons l'âme comme une entité complète, passant intégralement d'un état d'existence à l'autre. Une définition plus correcte du processus représenterait l'incarnation comme se produisant sur ce plan physique de la nature par l'effet d'un pouvoir émanant de l'âme. Le royaume Spirituel resterait ainsi l'habitat propre de l'Âme qui ne le quitterait jamais complètement ; dans cette optique, ce fragment de l'Âme, qui n'est pas matérialisable et qui demeure perpétuellement sur le plan spirituel, pourrait peut-être valablement être considéré comme le Soi SUPÉRIEUR. »

    Le « Soi Supérieur » est ÂTMA et, naturellement, « n'est pas matérialisable » comme le dit M. Sinnett. Bien plus encore, il ne peut jamais être rendu « objectif » dans aucune circonstance, même à la perception spirituelle la plus haute. Car Âtma, ou le « Soi Supérieur » , est réellement Brahma, l'ABSOLU, et on ne saurait l'en distinguer. Dans les heures de samâdhi, la conscience spirituelle la plus haute de l'Initié est entièrement absorbée dans l'essence UNE, qui est Âtman, et par conséquent comme elle est unie avec le tout, il ne peut rien y avoir d'objectif pour elle. Or, certains de nos théosophes ont pris l'habitude d'employer comme synonymes les mots « Soi » et « Ego » et d'associer le terme « Soi » avec des aspects de l'homme tels que son individualité supérieure ou même son Ego personnel — en parlant ainsi de « Soi » personnel, etc... — alors que l'on ne devrait jamais appliquer ce terme qu'au Soi Un et universel. D'où la confusion. Quand nous parlons de Manas, le « corps causal » en union avec la lumière rayonnée de Buddhi, nous pouvons l'appeler l' « EGO SUPÉRIEUR » , jamais le « Soi Supérieur » . Car même Buddhi, l' « Âme Spirituelle » , n'est pas le Soi, mais seulement le véhicule du Soi. Il ne faudrait jamais parler ni écrire au sujet des autres « Soi » , tels que le soi « Individuel » et le soi « personnel » , sans mentionner en même temps leurs qualités et caractères distinctifs.

    Ainsi, dans cette excellente étude sur le « Soi Supérieur » , ce terme s'applique au sixième principe, ou Buddhi, (naturellement uni à Manas, car, sans cette union, il n'y aurait pas de principe ou élément pensant dans l'âme spirituelle) et cela a donné lieu à


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    bien des malentendus. L'affirmation « qu'un enfant n'acquiert son sixième principe, ou ne devient un être moralement responsable, c'est-à-dire capable de produire du karma, qu'après sa septième année » , indique bien le sens qu'il faut accorder ici au terme SOI SUPÉRIEUR. Par suite, l'auteur de talent a parfaitement raison en expliquant que lorsque le « Soi Supérieur » a pénétré l'être humain, et saturé de sa conscience la personnalité — ce qui ne peut se produire que chez certains êtres très purs de constitution — « des gens doués de facultés psychiques peuvent réellement percevoir ce Soi Supérieur, de temps en temps, grâce à leurs sens subtils » . Mais ceux qui limitent la portée du terme « Soi Supérieur » au Principe Divin Universel ont aussi « parfaitement raison » de ne pas comprendre ce que veut dire cet auteur. Car, lorsque nous lisons, sans être préparés à ces fluctuations dans le sens accordé aux termes métaphysiques (11), que, tout « en se manifestant pleinement sur le plan physique... le Soi Supérieur reste néanmoins un Ego spirituel conscient sur le plan correspondant de la Nature » , nous sommes en droit de présumer que le « Soi Supérieur » , dans cette phrase, signifie « Âtma » , et l'Ego spirituel, « Manas » , ou plutôt Buddhi-Manas, et de nous mettre aussitôt à critiquer l'ensemble comme étant incorrect.

    Pour éviter désormais de tels malentendus, je propose de rendre les termes occultes orientaux par leurs équivalents occidentaux, afin qu'on les utilise dans l'avenir.

    Le Soi Supérieur est : Âtma, l'inséparable rayon du Soi UN et Universel. C'est plus le Dieu Au-dessus qu'au-dedans de nous. Heureux l'homme qui réussit à en saturer son Ego intérieur !

    L'EGO divin Spirituel est : l'âme Spirituelle ou Buddhi, en étroite union avec Manas, le principe mental, sans lequel Buddhi n'est point du tout un EGO, mais uniquement le Véhicule âtmique.


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    L' « Ego » Supérieur ou « Ego » Intérieur, est : Manas, le « cinquième » principe, comme on l'appelle, considéré indépendamment  de Buddhi. Le principe mental ne constitue l'Ego Spirituel que lorsqu'il est fusionné en une unité avec Buddhi : aucun matérialiste n'est censé avoir en lui un tel Ego Spirituel, quelque grandes que soient ses capacités intellectuelles.

    L' « Ego » INFÉRIEUR ou « Ego » PERSONNEL est : l'homme physique en conjonction avec son soi inférieur, c'est-à-dire les instincts animaux, les passions, les désirs, etc... On l'appelle la « fausse personnalité » : elle se compose du Manas inférieur combiné au kâmarûpa, et opère par l'intermédiaire du corps physique et de son fantôme, ou « double » .            

    Le « principe » restant, prâna ou « Vie » est, strictement parlant, la force rayonnante ou l'énergie d'Âtma — si on l'envisage comme la Vie Universelle et le Soi UN — c'est l'aspect comparativement inférieur de cette énergie, ou plutôt (dans ses effets) son aspect relativement plus physique, du fait qu'il se manifeste. Prâna, ou la Vie, pénètre l'être entier de l' « Univers objectif » ; on en parle comme d'un « principe » uniquement parce que c'est un facteur indispensable, et le deus ex machinâ (12) de l'homme vivant.

    QUESTION — Cette division des principes, qui est si simplifiée dans ses combinaisons, sera, je crois, mieux adaptée. L'autre est beaucoup trop métaphysique.

    LE THÉOSOPHE — Si elle était adoptée d'un commun accord par les profanes ainsi que par les théosophes, le sujet deviendrait certainement beaucoup plus compréhensible.


    (l) William Stainton Moses, Spirit Identity ( « L'Identité de l'Esprit » ), 1879, (N.d.T.).

    (2) « Some things that l do know of Spiritualism and some that I do not. » ( « Des choses que je sais du spiritisme, et de celles que je ne sais pas. » )

    (3) Quelques parties de ce passage et du précédent furent publiées dans la revue Lucifer sous la forme d'un « Dialogue sur les Mystères de l'Au-delà » , dans le numéro de janvier 1889. L'article n'était pas signé, comme s'il avait été écrit par la rédactrice en chef, mais il était dû à la plume de l'auteur du présent livre. [Article publié en français dans Râja Yoga ou Occultisme, Paris : Textes Théosophiques, 1983, p.249. N.d.T.]

    (4) Ishvara est la conscience collective de la déité manifestée, Brahm⠗ c'est-à-dire la conscience collective de l'Armée des Dhyân Chohan (voir la Doctrine Secrète), et Prajñâ est leur sagesse individuelle.

    (5) Taijasa signifie « le radieux », par suite de l'union de Manas avec Buddhi — l'âme humaine illuminée par le rayonnement de l'âme divine. On peut donc décrire Manas-Taijasa comme le mental radieux, la raison humaine éclairée par la lumière de l'esprit : Buddhi-Manas est donc la révélation de la combinaison des deux aspects, divin et humain, de l'intellect et de la soi-conscience.

    (6) Certains théosophes ont trouvé à redire à cette phrase, mais les mots sont ceux du Maître, et la signification attachée au terme « imméritées » est celle donnée ci-dessus. Dans la brochure T.P.S., N° 6, se trouvait une phrase (critiquée plus tard dans la revue Lucifer) qui visait à exprimer la même idée. Elle péchait par la forme, il est vrai, et se prêtait à la critique qu'elle souleva ; mais l'idée essentielle en était que les hommes souffrent souvent des effets d'actions faites par les autres, effets qui ainsi n'appartiennent pas strictement à leur propre karma ; et pour ces souffrances-là ils méritent naturellement une compensation.

    (7) Le mot pâli sammâsambodhi (sanskrit : samyaksambodhi) désigne l'état d'illumination et d'omniscience atteint par un être parfaitement et complètement éveillé (appelé en pâli sammâsambuddha). (N.d.T.)

    (8) Voir les comptes rendus de la « London Lodge of the Theos. Society » , n° 7, oct. 1885.<o:p></o:p>

    (9) II s'agit de l' « Ego qui se ré-incarne » ou l' « âme humaine » comme il l'a appelée — le Corps causal pour les hindous.

    (10) La durée de ce « transfert» dépend toutefois du degré de spiritualité de l'ex-personnalité de l'Ego désincarné. Pour ceux dont la vie a été très spirituelle, ce transfert, bien que graduel, est très rapide. Il s'allonge dans la mesure où l'être a des tendances matérialistes.

    (11) Ces fluctuations ne concernent que les variations apportées dans la traduction et l'interprétation de termes orientaux dans les langues occidentales. Comme il n'a jamais existé dans le passé d'équivalents dans notre vocabulaire, il a bien fallu que chaque théosophe se les forge pour exprimer ses idées. Il est donc grand temps de fixer une nomenclature bien déterminée.

    (12) Voir note 6 du chapitre 2 (N.d.T.).

    chapitre suivant



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    X

    DE LA NATURE
    DE NOTRE PRINCIPE PENSANT


     

    LE MYSTÈRE DE L'EGO

    QUESTION —J'ai remarqué, dans le passage du Catéchisme Bouddhique que vous avez signalé précédemment, une contradiction que j'aimerais vous voir expliquer. On y disait que les skandha — y compris la mémoire — changent à chaque incarnation nouvelle. Pourtant, il est admis que le reflet des éléments des vies passées (qui sont, comme il est dit, entièrement composés de skandha) « doit survivre » . Qu'est-ce qui survit en réalité ? Je vous saurais gré de me l'expliquer. Est-ce seulement cette « réflexion » , ou bien ces skandha, ou est-ce toujours le même EGO, le Manas dont vous parlez ?

    LE THÉOSOPHE — Je viens de vous expliquer que le principe qui se réincarne, ou ce que nous appelons l'homme divin, est indestructible pendant toute la durée du cycle de vie : indestructible non seulement en tant qu'entité pensante, mais même en tant que forme éthérée. Le « reflet » n'est que le rappel sur le mode spirituel (pendant la période du devachan) des souvenirs de l'ex-personnalité, Monsieur A., ou Madame B., avec laquelle l'Ego s'identifie pendant cette période. Puisque ce rappel n'est, pour ainsi dire, que la continuation des souvenirs de la vie terrestre — où revit, en un enchaînement ininterrompu d'images merveilleuses, la quintessence des quelques moments heureux de cette existence désormais écoulée — il faut que l'Ego s'identifie avec la conscience personnelle de cette existence, s'il doit en rester quelque chose.


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    QUESTION — Cela signifie que l'Ego, en dépit de sa nature divine, passe par un état d'obscuration mentale ou de folie temporaire pendant chacune des périodes qui s'écoulent entre deux incarnations ?

    LE THÉOSOPHE — Vous pouvez en penser ce que vous voulez. Nous qui croyons qu'en dehors de la Réalité UNE tout n'est qu'illusion passagère, y compris l'univers entier, nous ne considérons pas cet état comme de la folie mais comme une suite très naturelle, ou un développement, de la vie terrestre. Qu'est-ce que l'existence humaine ? Un faisceau complexe d'expériences les plus variées, d'émotions, d'opinions toujours changeantes. Dans notre jeunesse, nous nous vouons souvent avec enthousiasme à un idéal, à quelque héros ou héroïne, dont nous nous efforçons de suivre l'exemple et que nous essayons de faire revivre en nous. Quelques années plus tard, lorsque la fraîcheur de nos sentiments juvénils s'est fanée et que leur ardeur s'est calmée, nous sommes les premiers à rire de nos illusions. Et pourtant, il fut un temps où nous avions identifié dans notre mental notre propre personnalité à un tel degré avec l'image de l'idéal que nous chérissions, surtout s'il s'agissait d'un être vivant, qu'elle s'y fondait entièrement et s'y perdait. Peut-on dire d'un homme de cinquante ans qu'il est le même être qu'il était à vingt ans ? L'homme intérieur est le même, la personnalité vivante extérieure s'est complètement transformée et changée. Qualifierez-vous aussi de folie ces changements qui s'opèrent dans l'état mental de l'homme ?

    QUESTION — Mais vous, comment les qualifieriez-vous ? Et surtout, comment expliqueriez-vous la permanence de l'un et le caractère éphémère de l'autre ?

    LE THÉOSOPHE — Cela s'explique bien facilement par nos doctrines et ne présente pour nous aucune difficulté. La clef se trouve dans la double conscience de notre mental, ainsi que dans la double nature du « principe » mental. Il existe d'une part une conscience spirituelle — l'intelligence Manasique illuminée par la lumière de Buddhi — qui perçoit les abstractions subjectivement, et d'autre part une conscience liée aux sensations (la


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    lumière Manasique inférieure) inséparable de notre cerveau et de nos sens physiques. Cette conscience-là est tenue sous contrôle par le cerveau et les sens physiques, et comme, par ailleurs, elle dépend d'eux pour fonctionner, elle doit nécessairement s'éteindre et, finalement, disparaître complètement avec la disparition du cerveau et des sens physiques. C'est seulement la conscience spirituelle, dont la racine est dans l'éternité, qui survit et dure à jamais et qui peut donc être considérée comme immortelle. Toute autre chose n'appartient qu'au domaine des illusions passagères.

    QUESTION — Mais qu'entendez-vous, en réalité, par illusion dans ce cas ?

    LE THÉOSOPHE — Vous trouverez une très bonne explication sur le sujet dans l'étude que j'ai signalée plus haut sur le « Soi Supérieur » . Voici ce que dit l'auteur :

    « La théorie que nous considérons (l'échange d'idées entre l'Ego Supérieur et le soi inférieur) s'harmonise très bien avec la façon de considérer notre monde comme le monde illusoire et phénoménal, tandis que les plans spirituels de la Nature constituent le monde du noumène ou de la réalité. Cette région de la Nature où, pour ainsi dire, l'âme permanente a sa racine, est plus réelle que celle où ses fleurs éphémères s'épanouissent durant un bref espace de temps, pour se faner ensuite et disparaître, tandis que la plante récupère de l'énergie pour produire de nouvelles fleurs. Si nous vivions dans un monde où seules les fleurs seraient perceptibles aux sens ordinaires, et où leurs racines existeraient dans un état de la Nature intangible et invisible pour nous, les philosophes d'un tel monde qui se douteraient qu'il existe des racines dans un autre plan d'existence seraient portés à dire des fleurs qu'elles ne sont pas les plantes réelles, qu'elles sont sans importance véritable — de simples phénomènes illusoires d'un moment. »

    Voilà ce que je veux dire. Ce n'est pas le monde où croissent les fleurs passagères et fugitives des vies personnelles qui est le monde réel et permanent, mais celui où se trouve la racine de la


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    conscience, cette racine qui est au-delà de l'illusion et subsiste dans l'éternité.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par la racine qui subsiste dans l'éternité ?

    LE THÉOSOPHE — Cette racine est l'entité pensante, l'Ego qui s'incarne, que nous le considérions comme un « Ange » , un « Esprit » , ou une force. De tout ce que nous percevons au moyen de nos sens, cela seul qui croît directement à partir de cette racine cachée dans le monde supérieur, ou qui se rattache à cette racine, peut participer de sa vie immortelle. Il s'ensuit donc que toutes les pensées, idées et aspirations nobles de la personnalité animée par cet Ego doivent devenir permanentes dans la mesure même où elles émanent de cette racine et en sont nourries. Quant à la conscience physique, du fait qu'elle est une qualité du « principe » sensible, mais « inférieur » (kamarupa, ou l'instinct animal illuminé par le reflet manasique inférieur), qu'on peut encore appeler l'âme humaine, elle doit disparaître. Ce qui manifeste une activité pendant que le corps est endormi, ou paralysé, c'est la conscience supérieure, même si notre mémoire n'enregistre de telles expériences que faiblement et imparfaitement (parce que d'une manière automatique), ou si souvent même elle est incapable d'en conserver la plus légère impression.

    QUESTION — Mais comment se fait-il que MANAS, bien que vous l'appeliez Noûs, un « Dieu », soit si faible pendant ses incarnations qu'il s'y trouve réellement vaincu et assujetti par le corps ?

    LE THÉOSOPHE — Je pourrais vous retourner la question et vous demander : « Comment se fait-il que celui que vous considérez comme le " Dieu des Dieux " et le seul Dieu vivant, soit si faible qu'il ait permis au mal (ou au diable) de l'emporter à la fois sur lui et sur toutes ses créatures — et cela aussi bien quand il reste au Ciel que lorsqu'il vient s'incarner sur la terre ? » Vous me répondriez certainement : « C'est un mystère, et il est défendu de chercher à pénétrer les mystères de Dieu. » Mais notre philosophie religieuse ne nous fait pas de telles défenses, aussi je vous


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    dirai qu'à moins qu'un Dieu ne descende comme un Avatâra, aucun principe divin ne peut faire autrement qu'être entravé et paralysé par la matière turbulente et animale. Sur ce plan d'illusions, ce sera toujours l'hétérogénéité qui l'emportera sur l'homogénéité, et plus une essence est proche de son principe-racine — l'Homogénéité Primordiale — plus il est difficile pour celle-ci de s'affirmer sur terre. Des pouvoirs spirituels et divins sommeillent dans tout être humain et plus sa vision spirituelle s'élargit, plus le Dieu en lui devient puissant. Mais comme peu d'hommes peuvent avoir conscience de ce Dieu et que, dans la plupart des cas, le divin est constamment paralysé et limité dans notre pensée par de fausses conceptions enracinées en nous (en conséquence des idées qui nous ont été inculquées dès l'enfance), il n'est pas surprenant que vous éprouviez tant de difficultés à comprendre notre philosophie.

    QUESTION — Est-ce donc cet Ego qui est notre Dieu ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. « Un Dieu » n'est point la déité universelle, mais seulement une étincelle de l'unique océan de Feu Divin. Notre Dieu au-dedans de nous, ou « notre Père qui est dans le secret » , est ce que nous appelons le « SOI SUPÉRIEUR » , Âtma. Notre Ego qui se réincarne était à son origine un Dieu, comme l'étaient toutes les émanations primordiales du Principe Un et Inconnu. Mais, comme il a été forcé, depuis sa « chute dans la Matière » , de s'incarner pendant toute la durée du cycle, à intervalles successifs, du début jusqu'à la fin, ce n'est plus un dieu libre et heureux, mais un pauvre pèlerin qui va son chemin pour recouvrer ce qu'il a perdu. Cette explication sera plus complète si je rappelle ici ce qui a été dit au sujet de I'HOMME INTÉRIEUR dans Isis Dévoilée (édition anglaise originale Vol. Il, p. 593) :

    « Depuis l'Antiquité la plus reculée le genre humain, pris dans son ensemble, a toujours été convaincu de l'existence d'une entité spirituelle et personnelle dans l'homme physique personnel. Cette entité intérieure était plus ou moins divine suivant son degré de proximité avec la couronne. Plus cette union était intime, plus la destinée de l'homme était sereine, et moins les conditions extérieures étaient dangereuses. Une telle croyance n'est ni de la bigoterie ni de la superstition, mais un


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    sentiment instinctif toujours présent de la proximité d'un autre monde spirituel et invisible, qui, bien que subjectif pour les sens de l'homme extérieur, est parfaitement objectif pour l'ego intérieur. De plus, ces hommes de l'Antiquité croyaient qu'il y avait des conditions extérieures et des conditions intérieures qui pouvaient influencer la détermination de notre volonté sur nos actions. Ils rejetaient le fatalisme, car le fatalisme suppose l'action aveugle de quelque pouvoir plus aveugle encore. Mais ils croyaient à la destinée ou karma que, de sa naissance à sa mort, tout homme tisse fil par fil autour de lui-même, ainsi qu'une araignée sa toile ; et, pour eux, cette destinée était guidée par cette présence que certains appellent l'ange gardien, ou au contraire, par l'homme intérieur astral qui nous est plus familier, mais qui n'est que trop souvent le mauvais génie de l'homme de chair, la personnalité. Ces deux réalités mènent l'HOMME, mais l'une d'elle doit nécessairement l'emporter ; et dès le commencement même de la lutte invisible, la loi de compensation et de rétribution, sévère et implacable, entre en jeu et accomplit son œuvre en suivant avec vigilance les péripéties du combat. Quand le dernier fil est tissé, et que l'homme paraît comme enveloppé dans le filet qu'il a lui-même ourdi, il se trouve alors complètement sous l'empire de cette destinée qu'il a lui-même créée. Celle-ci l'immobilise alors comme le coquillage inerte au rocher immuable, ou l'emporte comme une plume, dans un tourbillon que ses propres actions ont soulevé. »

    Telle est la destinée de I'HOMME, le véritable Ego — et non de l'Automate, la coque vide que l'on prend pour lui. Et il lui appartient de devenir le vainqueur de la matière.

     

    DE LA NATURE COMPLEXE DE MANAS

     

    QUESTION — Mais vous alliez me dire quelque chose sur la nature essentielle de Manas, et les rapports qui existent entre ce dernier et les skandha de l'homme physique.

    LE THÉOSOPHE — C'est cette nature mystérieuse, protéenne, insaisissable, presque irréelle dans ses corrélations avec les autres principes, qu'il est si difficile de comprendre et encore plus difficile d'expliquer. Manas est un « principe » et cependant une « entité » et une individualité ou un Ego. Il est un « Dieu » , et


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    pourtant il est condamné à parcourir un cycle interminable d'incarnations : pour chacune d'elles, il est tenu responsable et, pour chacune d'elles, il a à souffrir. Tout cela semble aussi contradictoire qu'énigmatique ; il existe néanmoins des centaines de personnes, même en Europe, qui réalisent tout ceci parfaitement, car elles envisagent l'Ego, non seulement dans son intégralité, mais aussi sous ses multiples aspects. Mais si je désire me faire comprendre, il faut bien que je commence par le commencement et que je vous donne brièvement la généalogie de cet Ego.

    QUESTION — Faites donc

    LE THÉOSOPHE — Tâchez de vous représenter un « Esprit » , un être céleste — peu importe le nom que nous lui donnions — divin dans sa nature essentielle, mais pas assez pur pour être un avec le TOUT, et qui, pour y parvenir, soit obligé de purifier suffisamment sa nature pour être capable d'atteindre ce but final. Il ne peut le faire qu'en passant individuellement et personnellement — c'est-à-dire spirituellement et physiquement — par chaque expérience et chaque sensation qui existent dans les multiples aspects de l'univers différencié. En conséquence, après avoir acquis cette expérience dans les règnes inférieurs, et après être monté de plus en plus haut, en gravissant chaque échelon de l'échelle de l'être, il lui faut aussi passer par chaque expérience sur les plans humains. Dans son essence même, il est PENSÉE, et est appelé, en conséquence, dans sa manifestation collective les Mânasaputra, c'est-à-dire, «les Fils du Mental (universel) » . C'est cette « Pensée » , individualisée que nous, théosophes, appelons le véritable EGO humain, l'entité pensante emprisonnée dans une enveloppe de chair et d'os. Il s'agit assurément d'une entité spirituelle, et nullement de matière. De telles Entités sont les EGO qui se réincarnent en animant cet agrégat de matière animale appelé le genre humain ; leur nom est Mânasa, ou « Intelligences » . Mais une fois emprisonnée ou incarnée, leur essence se dédouble, c'est-à-dire qu'en tant qu'entités individuelles, ces rayons du Mental divin et éternel revêtent un double attribut : (a) leur caractéristique inhérente essentielle, celle du


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    mental qui aspire au ciel (le Manas supérieur), et (b) la faculté humaine de penser ou la cogitation animale, devenue rationnelle grâce à la supériorité du cerveau humain, le Manas inférieur qui tend vers kâma. L'un gravite vers Buddhi ; l'autre tend vers le bas, vers le siège des passions et des désirs animaux. Ces derniers n'ont pas de place en devachan, ni ne peuvent s'associer à la triade divine qui s'élève comme une UNITÉ pour entrer dans la béatitude mentale. Et pourtant c'est l'Ego, l'entité Mânasique, qui est tenue pour responsable de tous les péchés des attributs inférieurs, de même que les parents doivent répondre des fautes commises par leur enfant tant que celui-ci demeure irresponsable.

    QUESTION — Et cet « enfant » , est-ce la personnalité ?

    LE THÉOSOPHE — Oui. Mais quand on dit que la « personnalité » meurt avec le corps, on n'a pas tout dit. Le corps, qui n'était que le symbole objectif de Monsieur A. ou de Madame B., disparaît avec tous ses skandha matériels, qui sont ses expressions visibles. Mais tout ce qui, pendant la vie, a constitué l'ensemble complexe des expériences spirituelles telles que les aspirations les plus nobles, les affections impérissables, ainsi que la nature désintéressée de Monsieur A. ou de Madame B., tout cela se rattache durant la période dévachanique à l'Ego qui s'identifie avec la partie spirituelle de cette entité terrestre, désormais disparue. L'ACTEUR est tellement pénétré du rôle qu'il vient de jouer, qu'il en rêve pendant toute la nuit dévachanique, et cette vision se poursuit jusqu'à ce que sonne pour lui l'heure de retourner sur la scène de la vie, pour y jouer un nouveau rôle.

    QUESTION — Mais comment se fait-il que cette doctrine, que vous dites aussi vieille que la pensée humaine n'ait pas trouvé place dans la théologie chrétienne, par exemple ?

    LE THÉOSOPHE — Vous vous trompez, car c'est bien le cas, mais la théologie l'a dénaturée au point de la rendre méconnaissable, comme tant d'autres doctrines. La théologie appelle l'Ego l'ange que Dieu nous donne au moment de notre naissance pour


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    prendre soin de notre âme. Mais au lieu de rendre cet « ange » responsable des fautes de la pauvre « âme » impuissante, la logique théologique punit celle-ci de tous les péchés de la chair et du mental. C'est l'âme, le souffle immatériel de Dieu, sa prétendue création qui est condamnée, par un tour de force intellectuel on ne peut plus étonnant, à brûler sans y être jamais consumée dans un enfer matériel (1), tandis que l' « ange » s'échappe, parfaitement indemne, en repliant ses blanches ailes qu'il mouille de quelques larmes. Oui, tels sont les « Esprits secourables » , les « messagers de miséricorde » qui nous sont envoyés, comme le dit l'évêque Mant,

    «...pour le bonheur des héritiers du Salut ;
    De nos péchés ils s'affligent sans fin,
    Mais se réjouissent du repentir. »

    II est pourtant bien évident que si l'on demandait à tous les évêques du monde de définir une fois pour toutes ce qu'ils entendent par l'Âme et ses fonctions, ils en seraient tout aussi incapables que de nous montrer ne serait-ce qu'un brin de logique dans la croyance orthodoxe !

     

    PRÉSENCE DE CETTE DOCTRINE
    DANS L'ÉVANGILE SELON SAINT JEAN

    QUESTION — Ceux qui adhèrent à cette croyance pourraient répondre que même si, d'une part, le dogme orthodoxe menace le pécheur impénitent et le matérialiste d'une grande souffrance dans un Inferno un peu trop réaliste, il leur accorde, d'autre part, la chance de se repentir, même à la dernière minute. D'ailleurs, ils n'enseignent pas l'annihilation ou, ce qui revient au même, la perte de la personnalité.

    LE THÉOSOPHE — Si l'Église n'enseigne rien de tel, il en va


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    autrement de Jésus ; et cela n'est pas sans importance, au moins pour ceux qui placent le Christ plus haut que le christianisme.

    QUESTION — Mais le Christ enseigne-t-il de telles choses ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement, comme vous le dira tout occultiste (et même tout cabaliste averti), le Christ, ou tout au moins le quatrième Évangile, enseigne la réincarnation, ainsi que l'annihilation de la personnalité, pourvu que l'on s'en tienne à l'esprit ésotérique, en oubliant la lettre morte. Souvenez-vous des versets l et 2 du chapitre 15 de saint Jean. De quoi parle la parabole, sinon de la triade supérieure dans l'homme ? Âtma est le vigneron ; l'Ego Spirituel, ou Buddhi (Christos), est le cep de la vigne ; tandis que l'âme animale et vitale, ou la personnalité, est le « sarment » . « Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Il retranche tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi... Comme le sarment ne saurait de lui-même porter de fruit s'il ne demeure attaché au cep, ainsi, vous non plus, vous n'en pouvez porter si vous ne demeurez en moi. Moi, je suis le cep et vous êtes les sarments (...). Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche (...) on le jette au feu, et il brûle (2). »

    Donnons maintenant l'explication de cette parabole. Comme nous ne croyons pas aux feux de l'enfer que la théologie se plaît à découvrir sous la menace qui vise les « sarments » , nous disons que le « vigneron » signifie Âtma, symbole du Principe infini, impersonnel (3) tandis que le cep est l'Âme Spirituelle, Christos, et que chaque « sarment » représente une nouvelle incarnation.

    QUESTION — Mais quelles preuves pouvez-vous avancer à l'appui d'une interprétation aussi arbitraire ?

    LE THÉOSOPHE — Le symbolisme universel est garant de


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    l'exactitude de cette interprétation et prouve qu'elle n'est pas arbitraire. Hermas (4) dit de Dieu qu' « il planta la vigne » , c'est-à-dire qu'il créa le genre humain. Et, dans la cabale, l'Ancien des Anciens, ou « Longue Face » , est représenté comme plantant une « vigne » qui symbolise le genre humain, et un « cep » qui signifie la Vie. On nous montre donc l'Esprit du « Roi-Messie » lavant, dès la création du monde, ses vêtements dans le vin d'en haut (5). Et le Roi-Messie est l'Ego qui se purifie en lavant ses vêtements (c'est-à-dire les personnalités de ses renaissances) dans le vin d'en haut ou BUDDHI. Adam, ou A-Dam, est le « sang ». L'âme de la chair est dans le sang (nephesh-âme) {Lévitique, 17, 11). Et Adam Kadmon est l'Unique-Engendré. Noé aussi plante une vigne, berceau allégorique de l'humanité .future. Cette allégorie ayant été généralement adoptée, nous la retrouvons dans le Codex Nazaraeus. Sept ceps y sont produits (nos sept Races, avec leurs sept Sauveurs, ou Bouddhas) engendrés par Iukabar Zivo, et Ferho (ou Parcha) Raba les arrose (6) Quand les bienheureux monteront parmi les créatures de Lumière, ils verront Iavar-Xivo, le Seigneur de VIE et le Premier CEP (7). Ainsi ces métaphores cabalistiques se retrouvent naturellement dans l'Évangile selon saint Jean (15, l).

    N'oublions pas que, dans la constitution humaine — même dans les philosophies qui ignorent notre division septuple — l'Ego, ou l'homme pensant, est appelé le Logos, ou le Fils de l'Âme et de l'Esprit. Comme le dit un ouvrage occulte, « Manas est le fils adoptif du Roi —et de la Reine — » (termes ésotériques équivalant à Âtma et à Buddhi). C'est l' « homme-Dieu » de Platon, qui se crucifie lui-même dans l'Espace (c'est-à-dire la durée du cycle de vie) pour la rédemption de la MATIÈRE. Il le fait en se réincarnant d'innombrables fois, afin de guider l'humanité vers la perfection, en ouvrant ainsi la voie pour permettre aux formes inférieures de se développer en formes supérieures. Il ne


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    cesse pas, même pendant le cours d'une seule vie, de progresser et d'aider à l'avancement de la nature matérielle tout entière. Même dans les cas très rares où il lui arrive de perdre une de ses personnalités, parce que celle-ci est complètement privée de la moindre étincelle de spiritualité, cette perte contribue à son progrès individuel.

    QUESTION — Mais, si l'Ego est tenu pour responsable des fautes de ses personnalités, il doit l'être aussi de la perte, ou plutôt, de l'annihilation complète de l'une d'elles.

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout ; à moins qu'il n'ait rien fait pour éviter ce destin déplorable. Mais, si malgré tous ses efforts, sa voix, celle de notre conscience, n'a pu traverser la muraille de la matière, alors l'impénétrabilité de cette dernière, due à la nature imparfaite des matériaux, se range parmi les autres échecs de la nature. L'Ego est suffisamment puni par la perte du devachan et surtout par l'obligation où il se trouve de s'incarner presque immédiatement.

    QUESTION — Cette doctrine de la possibilité de perdre son âme — ou, comme vous l'appelez, sa personnalité — milite à la fois contre les théories idéales des chrétiens et contre celles des spirites, encore que Swedenborg l'adopte jusqu'à un certain point dans ce qu'il appelle la « mort spirituelle » . Les chrétiens et les spirites ne l'accepteront jamais.

    LE THÉOSOPHE — Cela ne peut en aucune façon modifier un fait de la nature, pourvu qu'il soit un fait, ni empêcher que cette perte se produise parfois. L'univers, avec tout ce qu'il contient de moral, mental, physique, psychique ou spirituel, est édifié sur une loi parfaite d'équilibre et d'harmonie. Il a été dit déjà (voir Isis Dévoilée) (8) que la force centripète ne pourrait jamais se manifester sans la force centrifuge dans les révolutions harmonieuses des sphères, et que toutes les formes ainsi que leur progrès résultent du jeu de cette double force dans la nature. Or, l'Esprit (ou Buddhi) est l'énergie spirituelle centrifuge et l'âme (Manas)


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    l'énergie spirituelle centripète ; pour produire un résultat, il faut qu'ils soient en parfaite union et harmonie. Que le mouvement centripète de l'âme terrestre, tendant vers le centre qui l'attire, soit brisé ou entravé, que son progrès soit arrêté par l'alourdissement créé par un poids de matière trop grand pour qu'elle le supporte ou pour permettre l'état dévachanique, et voilà l'harmonie de l'ensemble détruite. La vie personnelle ou, pour mieux dire, peut-être, sa réflexion idéale, ne peut se perpétuer que si elle est soutenue dans chaque renaissance, ou existence personnelle, par l'effet de cette double force, c'est-à-dire par l'union intime de Buddhi et de Manas. La moindre altération de leur harmonie lui est nuisible ; et quand elle est détruite au-delà de toute rédemption, les deux forces se séparent au moment de la mort. Il ne faut pas longtemps pour que la forme personnelle (appelée indifféremment kâmarûpa et mâyâvirûpa) — dont normalement l'efflorescence spirituelle s'attache à l'Ego pour le suivre en devachan et prêter (pro tempore pour ainsi dire) sa couleur personnelle à l'individualité permanente — soit entraînée dans le kâma loka, pour y être graduellement annihilée. Car c'est après la mort qu'arrive le moment critique suprême pour ceux qui sont entièrement dépravés, qui sont dépourvus de toute spiritualité, et dont la méchanceté est sans rédemption. Si, pendant la vie, l'effort suprême et désespéré du SOI INTÉRIEUR (Manas), pour unir quelque chose de la personnalité à lui-même et à la pleine lumière qui rayonne de la divine Buddhi est voué à l'échec, s'il est permis à l'enveloppe du cerveau physique de devenir assez épaisse pour empêcher finalement le passage du moindre rayon, alors l'Ego spirituel ou Manas, une fois affranchi du corps, demeure complètement séparé de la dépouille éthérée de la personnalité ; et celle-ci, ou kâmarûpa, obéissant à son attraction pour la terre, est entraînée dans l'Hadès, que nous appelons kâma loka, et n'en ressort plus. Ce sont là « les sarments desséchés » mentionnés par Jésus et que l'on retranche du cep. L'annihilation n'est, cependant, jamais instantanée et demande parfois des siècles pour s'accomplir. La personnalité demeure donc là, en kâma loka, en compagnie des restes d'autres Ego personnels moins infortunés et elle devient, parmi eux, une coque et un Élémentaire. Comme il a été dit dans Isis Dévoilée, ce sont ces deux classes d' « Esprits » , les


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    coques et les Élémentaires, qui jouent les rôles de « vedettes » sur la grande scène des « matérialisations » spirites. Et, je vous l'assure, ce ne sont pas eux qui s'incarnent ; voilà pourquoi si peu de ces « chers disparus » savent quelque chose de la réincarnation, et qu'ils trompent ainsi les spirites.

    QUESTION — Mais n'a-t-on pas accusé l'auteur d'Isis Dévoilée d'avoir prêché contre la ré-incarnation ?

    LE THÉOSOPHE — Si, mais ceux qui l'en ont accusée n'avaient pas compris ce qu'elle disait. À l'époque où cette œuvre fut écrite, il ne se trouvait personne parmi les spirites anglais et américains qui crût à la ré-incarnation, et ce qui en fut dit, dans Isis, s'adressait aux spirites français, dont la théorie est aussi absurde et peu philosophique que l'enseignement oriental est logique et évident en soi dans sa vérité. Les ré-incarnationnistes de l'école d'Allan Kardec croient à une ré-incarnation immédiate et arbitraire. Selon eux, un père peut mourir et s'incarner dans sa propre fille qui n'est pas encore née, et ainsi de suite. Ils ne connaissent ni devachan, ni karma, ni aucune théorie philosophique qui puisse garantir ou prouver la nécessité de re-naissances consécutives. Mais comment l'auteur d'Isis Dévoilée aurait-elle pu soulever des objections contre la réincarnation karmique, à de longs intervalles qui peuvent varier entre mille ans et quinze cents ans, alors que c'est la croyance fondamentale des bouddhistes aussi bien que des hindous ?

    QUESTION — Ainsi vous rejetez entièrement les théories des spirites français comme des spirites anglo-saxons ?

    LE THÉOSOPHE — Pas entièrement, mais seulement en ce qui concerne leurs croyances fondamentales respectives. Les deux écoles font crédit à ce que leur disent leurs « Esprits » et ne s'accordent pas plus entre elles que nous, théosophes, nous accordons avec elles. La vérité est une ; et lorsque nous entendons les fantômes français prêcher la réincarnation, et les fantômes anglais nier et dénoncer cette doctrine, nous disons que nécessairement les « esprits » français ou les « esprits » anglais ne savent


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    pas ce qu'ils disent. Quant à nous, nous croyons avec les deux écoles à l'existence d' « Esprits » , ou d'êtres invisibles doués de plus ou moins d'intelligence. Mais tandis que, selon nos enseignements, leurs espèces et leurs genres sont légion, nos adversaires n'admettent pas d'autres Esprits que les « Esprits » humains désincarnés, qui sont pour la plupart, à notre connaissance, des COQUES, vides de conscience, qui peuplent le kâma loka.

    QUESTION — Vous faites montre de beaucoup d'amertume contre les Esprits. Mais, puisque vous avez bien voulu m'exposer vos vues et vos raisons de ne croire ni à la matérialisation des esprits désincarnés (ou des « esprits des morts » ), ni à une communication directe avec eux dans les séances spirites, je vous serais obligé de m'expliquer un autre fait. Pourquoi certains théosophes ne se lassent-ils pas de dire à quel point est dangereux tout rapport avec les esprits, de même que la médiumnité ? Ont-ils des raisons particulières pour le faire ?

    LE THÉOSOPHE — II faut le croire. Pour ma part, je sais que j'en ai. Ayant appris à bien connaître, depuis plus d'un demi-siècle, ces « influences » , qui, pour être invisibles, sont trop réelles pour être niées, depuis les élémentaux conscients, et les coques semi-conscientes, jusqu'aux indescriptibles fantômes complètement inconscients de toute espèce, je prétends avoir un certain droit à mes idées sur ce sujet.

    QUESTION — Pourriez-vous me fournir un ou plusieurs exemples montrant pourquoi on devrait tenir ces pratiques pour dangereuses ?

    LE THÉOSOPHE — Cela exigerait plus de temps que je ne puis vous en accorder. Il faut juger chaque cause d'après les effets qu'elle produit. Passez en revue l'histoire du spiritisme pendant ces cinquante dernières années, depuis sa réapparition au siècle dernier en Amérique, et jugez vous-même s'il a fait à ses partisans plus de bien que de mal. Mais comprenez-moi bien : je n'ai rien à dire contre le Spiritualisme véritable, je m'élève seulement contre le mouvement moderne qui en porte le nom (9) et


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    contre la soi-disant philosophie qui a été inventée pour expliquer ses phénomènes.

    QUESTION — Est-ce que vous ne croyez pas du tout aux phénomènes du spiritisme ?

    LE THÉOSOPHE — C'est, au contraire, parce que j'ai de trop bonnes raisons d'y croire, et que je sais qu'en dehors de quelques cas de supercherie délibérée ils sont aussi vrais que vous et moi nous vivons, que tout mon être se révolte contre eux. Mais, je le répète, je ne parle que des phénomènes physiques, et non des phénomènes mentaux, ou même psychiques. Qui se ressemble s'assemble. Je connais personnellement plusieurs hommes et plusieurs femmes d'une bonté et d'une pureté remarquables, et d'une grande noblesse d'âme, qui ont passé des années de leur vie sous l'influence directe et même sous la protection d' « Esprits » élevés, désincarnés ou même planétaires. Mais ces intelligences-là ne sont pas du tout du type des « John King » et des « Ernest » qui figurent aux séances spirites. Ce n'est qu'en des circonstances rares et exceptionnelles que ces Intelligences guident et gouvernent les mortels vers lesquels elles sont attirées, par affinité magnétique, en raison du karma passé de l'individu ; et pour les attirer, il ne suffit pas de s'asseoir passivement, « en attendant les événements » . De cette façon, on ne fait qu'ouvrir la porte à un essaim de « revenants » , bons, mauvais et indifférents, dont le médium devient l'esclave pour la vie. C'est contre une telle médiumnité ouverte à toutes les influences et un tel commerce avec des lutins en tous genres, que j'élève ma voix pour protester, et non pas contre le mysticisme spirituel. Celui-ci est saint et ennoblissant ; tandis que la médiumnité relève exactement de ces phénomènes pour lesquels, il y a deux siècles, tant de sorciers et de sorcières ont eu à souffrir. Lisez ce que disent de la sorcellerie Glanvil et d'autres auteurs : vous trouverez déjà décrits dans leurs livres sinon la totalité, du moins la plupart des phénomènes physiques du prétendu « spiritualisme » du dix-neuvième siècle.

    QUESTION — Voulez-vous dire que le spiritisme n'est que de la sorcellerie et rien de plus ?


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    LE THÉOSOPHE—Je veux dire que tout ce commerce (conscient ou inconscient) avec les morts est de la nécromancie et que c'est une pratique fort dangereuse. Bien longtemps avant Moïse, cette évocation des morts était considérée par toutes les nations intelligentes comme un acte coupable et cruel, dans la mesure où elle trouble le repos des âmes dont elle entrave le développement évolutif vers des états supérieurs. La sagesse collective de tous les siècles passés a toujours protesté avec véhémence contre les pratiques de ce genre. Enfin, je répéterai ce que je ne cesse depuis quinze ans de dire, par la parole et par écrit : tandis que certains de ces soi-disant « esprits » ne savent pas ce qu'ils disent et ne font que répéter, comme des perroquets, ce qu'ils puisent dans le cerveau du médium, ou d'autres personnes, il en existe d'autres qui sont éminemment dangereux et ne peuvent qu'entraîner vers le mal. Ces deux faits sont évidents en soi. Visitez les cercles spirites de l'école d'Allan Kardec et vous trouverez des « esprits » qui affirment la vérité de la réincarnation et s'expriment comme de vrais catholiques romains. Par contre, adressez-vous aux « chers défunts » en Angleterre et en Amérique ; vous les entendrez nier carrément la réincarnation, dénoncer ceux qui l'enseignent, et professer les croyances protestantes. Quant à vos médiums, les meilleurs et les plus forts d'entre eux ont tous été atteints dans leur santé physique et morale. Songez à la fin lamentable de Charles Poster, mort fou furieux dans un asile d'aliénés ; à l'épileptique Slade ; à Eglinton, actuellement le meilleur médium d'Angleterre, sujet à la même maladie. Rappelez-vous la vie de D.D. Home, dont l'âme était remplie de fiel et d'amertume, qui n'avait jamais un mot bienveillant à l'égard de ceux qu'il croyait doués de pouvoirs psychiques, et qui médit de tous les autres médiums jusqu'à sa mort. Ce Calvin du spiritisme souffrit pendant des années d'une terrible maladie de l'épine dorsale causée par son commerce avec les « esprits » , pour finir comme une véritable épave. Songez encore à la triste fin du pauvre Washington lrving Bishop. Je l'ai connu à New York lorsqu'il n'avait que quatorze ans : c'était indiscutablement un médium. Il est vrai que le pauvre homme joua un tour à ses « esprits » en les qualifiant d' « action musculaire inconsciente » : il fit ainsi la grande joie de toutes les corporations


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    d'imbéciles érudits et scientifiques, mais en même temps se remplit les poches. Toutefois, de mortuis nil nisi bonum (10) : sa fin fut bien triste. Il avait eu grand soin de cacher ses attaques d'épilepsie — le premier et le plus sûr symptôme de la véritable médiumnité — et qui sait s'il était bien mort, ou s'il était simplement en transe, lorsqu'on fit le constat de son décès ? Ses parents maintinrent qu'il vivait encore, s'il faut en croire les dépêches de l'agence Reuter. Enfin, considérez ces vétérans de la médiumnité — les Soeurs Fox — fondatrices et promotrices du spiritisme moderne. Après plus de quarante ans de rapports avec les « anges » , elles sont devenues, par la faute de ceux-ci, ces folles incurables qui, dans des conférences publiques, dénoncent maintenant comme une supercherie l'œuvre et la philosophie de leur vie entière. Quel genre d' « esprits » a bien pu les inspirer, je vous le demande ?

    QUESTION — Mais les conclusions que vous tirez de là sont-elles justes ?

    LE THÉOSOPHE — Quelles conclusions tireriez-vous du fait que les meilleurs élèves d'une école de chant en arrivent à perdre la voix par suite d'exercices forcés de la gorge ? Assurément que la méthode enseignée est mauvaise. Et il ne me semble que juste, quand on voit échouer ainsi misérablement ses meilleurs médiums, de conclure d'une manière analogue à l'égard du spiritisme. La seule chose à dire est celle-ci : que ceux qui s'intéressent à cette question jugent l'arbre du spiritisme à ses fruits, et qu'ils en méditent la leçon. Nous autres, théosophes, avons toujours considéré les spirites comme des frères ayant les mêmes inclinations mystiques que nous, tandis qu'eux nous ont toujours traités en ennemis. Nous, qui possédons une philosophie de beaucoup plus ancienne, nous avons cherché à les aider et à les mettre en garde ; mais, en guise de remerciements, ils nous ont calomniés et diffamés, nous et nos intentions, de toutes les manières possibles. Malgré cela, les meilleurs spirites anglais


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    nous donnent raison toutes les fois qu'ils traitent sérieusement de leurs croyances. Écoutez « M.A. Oxon » , qui avoue cette vérité : « Les spirites sont trop enclins à insister exclusivement sur l'intervention des esprits extérieurs dans les affaires de notre monde, et à ne tenir aucun compte des pouvoirs de l'Esprit incarné » (11). Pourquoi donc nous injurier et nous tramer dans la boue alors que nous disons précisément la même chose ? Désormais, nous ne nous occuperons plus du spiritisme. Et maintenant, revenons au sujet de la ré-incarnation.


    (1)  Parce qu'elle est « de la nature de l'amiante » selon l'expression éloquente et véhémente d'un moderne Tertullien anglais.

    (2) Jean, 15, 1-6 (N.d.T.).

    (3) Pendant les Mystères, c'était l'hiérophante, le « Père » , qui plantait le cep. Il y a sept clefs à chaque symbole. Celui qui révélait le Plérôme était toujours appelé « Père » .

    (4) Hermas , Le Pasteur, similitude V, 6 (N. d .T.).

    (5) Zohar, comm. sur la Genèse (XL, 10).

    (6) Codex Nazaraeus, III. pp. 60-61.

    (7) Ibid., II, p. 281.<o:p></o:p>

    (8) Cf. édition originale anglaise, vol. l, pp. 318-9 (N.d.T.).

    (9) Rappelons que les spirites anglo-saxons ont utilisé le mot Spiritualism pour désigner ce que les spirites français ont appelé spiritisme (N.d.T.).

    (10) Des morts il ne faut dire que du bien (N.d.T.).

    (11) Second Sight, « Introduction » .<o:p></o:p>


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    XI

    LES MYSTÈRES DE LA RÉ-INCARNATION


     

    RE-NAISSANCES PÉRIODIQUES

     

    QUESTION — Ainsi, vous dites que nous avons tous déjà vécu sur la terre en de nombreuses incarnations passées, et que nous continuerons à vivre de même dans le futur.

    LE THÉOSOPHE — Précisément. Le cycle de vie, ou plutôt le cycle de vie consciente, commence au moment où a lieu la séparation des sexes pour l'homme-animal mortel. Il se terminera à la fin de la dernière génération d'hommes, dans la septième ronde et dans la septième race de l'humanité. En considérant que nous ne sommes actuellement que dans la quatrième ronde et la cinquième race, il est plus facile d'imaginer la durée de ce cycle que de l'exprimer clairement.

    QUESTION — Et nous continuerons à nous incarner en de nouvelles personnalités, pendant tout ce temps-là ?

    LE THÉOSOPHE — Sans aucun doute. Ce cycle de vie ou cette période d'incarnation, peut tout à fait se comparer à l'existence de l'homme. De même que chaque vie humaine se compose de jours d'activité, séparés entre eux par des nuits de sommeil, ou d'inactivité, de même, dans le cycle d'incarnation, chaque vie active est suivie d'une période de repos dévachanique.


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    QUESTION — Et c'est cette succession de naissances qu'on appelle généralement réincarnation ?

    LE THÉOSOPHE — Oui. C'est seulement au moyen de ces naissances successives que peut s'accomplir le progrès perpétuel des innombrables millions d'Ego vers la perfection suprême et vers une période de repos final (d'une longueur égale à celle de la période d'activité).

    QUESTION — Et qu'est-ce qui règle la durée et les caractéristiques spécifiques de ces incarnations ?

    LE THÉOSOPHE — C'est karma, la loi universelle de justice rétributive.

    QUESTION — Cette loi est-elle intelligente ?

    LE THÉOSOPHE — Le matérialiste, qui considère la loi de périodicité qui règle l'ordonnance des corps célestes, ainsi que toutes les autres lois de la nature, comme des forces aveugles et des lois mécaniques, regarderait sans doute karma comme une loi de hasard et rien de plus. À nos yeux, nul attribut, nulle qualification, ne saurait décrire ce qui est impersonnel, ce qui n'est pas une entité, mais une loi qui opère à l'échelle universelle. Si vous m'interrogez sur l'intelligence causale qui est en elle, je dois vous répondre que je n'en sais rien. Mais si vous me demandez d'en définir les effets et de vous dire ce qu'ils sont selon nos convictions, je peux vous dire que l'expérience de milliers d'âges démontre qu'ils se manifestent comme équité, sagesse et intelligence absolues et sans erreur. Car, dans ses effets, karma est un infaillible redresseur de l'injustice humaine et de tous les échecs de la nature, un inflexible réparateur des torts, une loi rétributive qui récompense et punit avec une égale impartialité. Au sens le plus strict, karma est « sans égard pour les personnes », et on ne peut pas non plus se le rendre propice, ni le détourner de ses effets, au moyen de la prière. C'est une croyance commune aux hindous et aux bouddhistes, qui acceptent les uns et les autres l'idée de karma.


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    QUESTION — Les dogmes chrétiens la contredisent entièrement, et je doute qu'un seul chrétien adhère à un tel enseignement.

    LE THÉOSOPHE — En effet ; et lnman en a donné la raison il y a bien des années. Comme il l'a dit : « Les chrétiens sont prêts à accepter n'importe quelle absurdité, pourvu que l'Église en fasse un article de foi (...) les bouddhistes maintiennent que la véritable doctrine du Bouddha n'admet rien qui ne s'accorde avec la saine raison. » Et ils ne croient pas à un pardon quelconque de leurs péchés avant d'avoir subi, dans une incarnation future, la punition juste et adéquate pour chacune de leurs mauvaises actions ou pensées et avant que les personnes lésées aient reçu une juste compensation.

    QUESTION — Où cela est-il énoncé ?

    LE THÉOSOPHE — Dans la plupart de leurs livres sacrés. Par exemple, dans l'ouvrage Wheel of the Law (1), vous trouverez la doctrine théosophique suivante :

    « Les bouddhistes croient que chaque action, chaque parole et chaque pensée ont leur conséquence qui se révélera tôt ou tard, dans l'état présent ou futur. Les mauvaises actions produiront de mauvaises conséquences, les bonnes actions produiront de bonnes conséquences : la prospérité dans ce monde ou la naissance au Ciel (devachan)... dans l'état futur. »

    QUESTION — Mais les chrétiens ont la même croyance, n'est-ce pas ?

    LE THÉOSOPHE — Oh ! non. Ils croient au pardon et à la rémission de tous les péchés. Il leur est promis que s'ils ont seulement foi dans le sang du Christ — une victime innocente ! — dans le sang offert par Lui, en expiation pour les péchés de l'humanité entière, tout péché mortel sera effacé. Mais nous,


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    nous ne croyons ni au rachat des péchés, ni à la possibilité d'une rémission de la plus légère faute par quelque dieu que ce soit, pas même par un « Absolu personnel » , ou un « Infini personnel » , en admettant qu'une telle chose puisse exister. Nous croyons quant à nous en une justice stricte et impartiale. L'idée que nous nous faisons de la Déité Universelle inconnue, représentée par karma, est celle d'un Pouvoir incapable de faillir, qui ne peut éprouver par conséquent ni courroux ni miséricorde, mais ne se manifeste que comme Équité Absolue, en laissant chaque cause, grande ou petite, produire ses effets inévitables. Les paroles de Jésus : « C'est avec la mesure dont vous mesurez qu'il vous sera mesuré » (Matthieu 7, 2) n'expriment ni n'impliquent aucun espoir de miséricorde future, ni de salut par l'effet d'un intermédiaire. Voilà pourquoi, convaincus par notre philosophie de la justice de cette déclaration, nous ne saurions trop recommander la miséricorde, la charité et le pardon des offenses mutuelles. « Ne résistez pas au mal » , « Rendez le bien pour le mal » , sont des préceptes bouddhiques, qui furent prêchés, à l'origine, en tenant compte de l'implacabilité de la loi karmique. Dans tous les cas, c'est de la présomption sacrilège de la part de l'homme que de se faire lui-même l'instrument de la loi. Il est permis à la loi humaine de recourir à des mesures restrictives, mais non punitives. L'homme qui, tout en croyant à karma, n'en continue pas moins de se venger et qui refuse de pardonner toute offense (et de rendre ainsi le bien pour le mal) est un criminel ; il ne fait que se porter tort à lui-même : du fait que karma punira inévitablement celui qui lui a nui, l'homme qui cherche à infliger une punition supplémentaire à un ennemi, au lieu de laisser à la grande Loi le soin du châtiment, ajoute à ce dernier sa mesquine contribution, et ne fait qu'engendrer une cause de récompense future pour son ennemi, et de punition pour lui-même. Karma, l'infaillible régulateur, conditionne dans chaque incarnation la qualité de celle qui suivra, et chaque renaissance est déterminée par la somme de mérite et de démérite remontant aux incarnations précédentes.

    QUESTION — Faut-il donc juger le passé d'un homme d'après sa vie présente ?


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    LE THÉOSOPHE — Uniquement dans la mesure où l'on peut conclure que sa vie actuelle est, en stricte justice, ce qu'elle doit être pour expier les péchés de la vie passée. Naturellement — à la différence des Voyants et des grands Adeptes qui ont cette capacité — nous ne pouvons pas, en tant que mortels ordinaires, savoir ce que furent ces péchés. Les données dont nous disposons sont si peu nombreuses qu'il ne nous est même pas possible de déterminer ce qu'a dû être la jeunesse d'un vieillard ; nous ne saurions non plus, pour des raisons semblables, déduire d'une manière définitive ce qu'a pu être la vie précédente d'un homme, de ce que nous voyons de sa vie actuelle.

     

    QU'EST-CE QUE KARMA ?

     

    QUESTION — Mais qu'est-ce que Karma ?

    LE THÉOSOPHE — Comme je vous l'ai dit plus haut, nous considérons karma comme la Loi Ultime de l'Univers, la source, l'origine et le fondement de toutes les autres lois qui sont à l'œuvre partout dans la Nature. Karma est la loi infaillible qui adapte l'effet à la cause, sur les plans physique, mental et spirituel de l'être. Comme il n'existe pas de cause qui n'implique son effet, grand ou petit, depuis une perturbation cosmique jusqu'au mouvement de votre main, et que des causes semblables produisent des effets semblables. Karma est cette loi invisible et inconnue qui ajuste, avec sagesse, intelligence et équité, chaque effet à sa cause, en reliant celle-ci à l'agent qui l'a produite. Bien que karma soit, en lui-même, inconnaissable, son action est perceptible.

    QUESTION — Voilà donc encore une fois l' «  Absolu  » , l' « Inconnaissable » ; cela n'a guère de valeur pour expliquer les problèmes de la vie.

    LE THÉOSOPHE — Au contraire. Car, bien que nous ne sachions pas ce qu'est karma per se, et en son essence, nous savons pourtant comment il opère, et nous pouvons en définir le mode d'action avec exactitude. C'est seulement sa Cause ultime que


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    nous ne connaissons pas, tout comme la philosophie moderne admet universellement que la Cause ultime de toute chose est « inconnaissable » .

    QUESTION — Que nous offre la Théosophie pour répondre aux besoins les plus pressants de l'humanité ? Quelle est l'explication qu'elle présente des terribles souffrances et de la profonde misère qui sévissent dans les « classes » dites « inférieures » ? 

    LE THÉOSOPHE — Allons au fait : selon notre enseignement, tous ces grands maux sociaux, les distinctions faites entre les classes sociales, et entre les sexes, dans les affaires de la vie, ainsi que la distribution inégale du capital et du travail, tout cela est dû à ce que nous appelons d'une façon concise, mais juste, KARMA.

    QUESTION — Mais enfin tous ces maux, qui semblent sévir plus ou moins au hasard parmi les masses, ne représentent certainement pas autant de karma mérité et INDIVIDUEL ?

    LE THÉOSOPHE — Non ; il n'est pas possible de définir ces maux avec assez de rigueur, dans leurs effets, pour démontrer que chaque milieu individuel, avec les conditions particulières de vie où se trouve chaque personne, correspond strictement au karma rétributif produit par l'individu dans une vie antérieure. Il ne faut pas perdre de vue le fait que chaque atome est soumis à la loi générale qui régit le corps entier auquel il appartient : ceci nous amène à une plus large conception de la loi karmique. Ne voyez-vous pas que l'ensemble amalgamé du karma individuel devient le karma de la nation à laquelle appartiennent les individus qui la composent, et qu'en outre la somme totale du karma national forme celui du monde ? Les maux dont vous parlez ne sont limités ni à l'individu, ni même à la nation ; ils sont plus ou moins universels, et c'est en suivant cette large voie de l'interdépendance des hommes que la loi de karma trouve sa conclusion légitime et équitable.

    QUESTION — Faut-il entendre alors que la loi de karma n'est pas nécessairement une loi individuelle 


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    LE THÉOSOPHE — C'est exactement ce que je veux dire. Il est hors de question que karma puisse réajuster l'équilibre des forces dans la vie et le progrès du monde à moins de disposer de voies d'action larges et générales. Les théosophes considèrent comme une vérité que l'interdépendance des hommes est la cause de ce qu'on appelle le karma distributif. C'est dans cette loi que se trouve la solution du grand problème de la souffrance collective et du moyen de la soulager. C'est d'ailleurs par l'effet d'une loi occulte que nul homme ne peut s'élever au-dessus de ses imperfections individuelles sans élever en même temps, si peu soit-il, l'ensemble dont il est partie intégrante. De même, nul homme ne peut pécher seul, ni souffrir seul des effets du péché. En réalité, il n'existe rien de tel que la « séparativité » ; mais ce qui approche le plus cet état égoïste, et que permettent les lois de la vie, se trouve dans l'intention ou le motif.

    QUESTION — Mais n'y a-t-il pas moyen de rassembler ou de concentrer, pour ainsi dire, ce karma distributif ou national, de manière à en favoriser l'accomplissement naturel et légitime sans produire tant de souffrance prolongée ?

    LE THÉOSOPHE — En règle générale, et dans certaines limites qui caractérisent l'âge auquel nous appartenons, on ne peut ni hâter ni retarder l'accomplissement de la loi de karma. Mais ce que je peux dire avec certitude c'est qu'on n'est encore jamais arrivé à la limite de ce qui est possible dans l'une ou l'autre de ces directions. Écoutez le récit suivant d'un exemple d'une souffrance nationale, puis demandez-vous si, en admettant le pouvoir actif du karma individuel, relatif et distributif, ces maux ne seraient pas susceptibles d'être considérablement modifiés et grandement soulagés. Ce que je vais vous lire est dû à la plume d'un sauveur national, d'un être qui, ayant vaincu son égoïsme et se trouvant libre de choisir, a décidé de servir l'Humanité, en supportant au moins tout ce que des épaules de femme peuvent supporter de karma national. Voici ce qu'elle dit :

    « Oui, la Nature parle toujours, ne pensez-vous pas ? Mais nous faisons parfois tant de bruit, que nous étouffons sa voix. C'est pourquoi il est si reposant de sortir de la ville et de se blottir un moment


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    dans les bras de la Mère. Je pense à un soir qui tombait sur Hampstead Heath, alors que nous regardions décliner le soleil ; mais sur quelle souffrance et quelle misère le soleil ne se couchait-il pas ! Une dame m'a apporté hier un grand panier de fleurs sauvages ; j'ai pensé que certains membres de ma famille de East end y avaient droit plus que moi ; je les ai donc portées ce matin dans une école très pauvre de Whitechapel. Il fallait voir les petites faces pâles s'illuminer ! De là, j'ai offert à déjeuner à quelques enfants dans une gargote. C'était dans une petite impasse étroite, remplie de gens qui se bousculaient ; il y avait une puanteur indescriptible de poisson, de viande et d'autres comestibles exhalant leur fumet dans ce soleil qui, à Whitechapel, corrompt au lieu de purifier. La gargote offrait la quintessence de toutes les odeurs. D'innommables pâtés à un penny, des morceaux repoussants de « comestibles » avec des essaims de mouches, un véritable autel de Belzébuth ! Aux alentours, partout des petits enfants guettant quelques miettes de nourriture ; l'un d'entre eux, avec un visage d'ange, ramassait des noyaux de cerises en guise de repas léger et nourrissant. Je revins vers le centre, tremblante et les nerfs ébranlés, en me demandant s'il ne vaudrait pas mieux, pour certains coins de Londres, qu'ils fussent engloutis par un tremblement de terre et que leurs habitants soient régénérés par un plongeon dans quelque Léthé purificateur, dont ils ne rapporteraient aucun souvenir ! Puis je songeai à Hampstead Heath —et je me mis à réfléchir. Si, par un sacrifice, on pouvait obtenir le pouvoir de sauver ces gens, le prix à payer n'aurait pas à entrer en ligne de compte ; mais, voyez-vous ce sont les gens EUX-MÊMES qui doivent être changés — et comment réaliser cela ? Dans l'état actuel où ils se trouvent, ils ne profiteraient pas d'un changement de milieu ; et pourtant, dans leur entourage actuel, ils sont condamnés à continuer de se corrompre. J'ai le cœur brisé devant cette misère sans fin et sans espoir, et cet avilissement bestial qui en est en même temps la conséquence et la cause. C'est comme l'arbre banyan : chaque branche prend racine et donne de nouvelles pousses. Quelle différence entre ces sentiments et le paisible paysage de Hampstead ! Et pourtant nous, qui sommes les frères et les sœurs de ces pauvres créatures, n'avons le droit de profiter d'endroits enchanteurs comme Hampstead Heath que pour acquérir la force de sauver des quartiers misérables comme Whitechapel. » (Signé d'un nom trop respecté et trop connu pour le livrer aux moqueurs.)

    QUESTION — Voilà une lettre bien triste, mais belle, et je crois qu'elle expose avec une évidence pénible les manifestations terribles de


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    ce que vous avez appelé le « karma relatif et distributif » . Mais, hélas ! il semble donc qu'il n'y ait pas lieu d'espérer d'amélioration immédiate, si ce n'est par l'effet d'un tremblement de terre, ou de quelque autre catastrophe du même genre !

    LE THÉOSOPHE — Quel droit avons-nous de penser ainsi, quand la moitié de l'humanité possède les moyens d'améliorer à l'instant même les privations dont souffrent leurs semblables ? Quand chaque individu aura contribué pour sa part au bien général, en apportant ce qu'il peut d'argent, de travail, de pensée ennoblissante, alors, et alors seulement, la balance du karma national s'équilibrera. Jusque-là, nous n'aurons aucun droit ni aucune raison de dire qu'il y a plus de vie sur la terre que la Nature n'en peut contenir. Il incombe aux âmes héroïques, aux sauveurs de notre race et de notre nation, de découvrir la cause de cette inégalité de pression du karma rétributif, et d'équilibrer la balance des forces par un effort suprême, en sauvant ainsi les peuples d'un cataclysme moral mille fois plus désastreux, et mauvais par ses effets durables, que ne le serait une catastrophe analogue, sur le plan physique, que vous semblez considérer comme le seul moyen possible de mettre fin à cette misère accumulée.

    QUESTION — Bien ; mais dites-moi, d'une façon générale, comment vous décrivez cette loi de karma.

    LE THÉOSOPHE — Nous décrivons karma comme la Loi de réajustement qui tend toujours à rétablir l'équilibre rompu dans le monde physique et l'harmonie troublée dans le monde moral. Nous disons que karma n'agit pas constamment de telle ou telle façon particulière, mais qu'il agit toujours de manière à rétablir l'Harmonie et à conserver l'Équilibre en vertu desquels l'Univers existe.

    QUESTION — Donnez-m'en un exemple.

    LE THÉOSOPHE — Tout à l'heure, je vous en donnerai une illustration complète. Pour le moment, imaginez-vous un


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    étang : une pierre qui tombe dans l'eau y soulève des vagues qui troublent sa surface. Ces vagues s'éloignent du point d'impact, et y reviennent, par alternances successives, jusqu'à ce que, finalement, elles s'amortissent, en vertu de ce que les physiciens appellent la loi de dissipation de l'énergie ; après quoi, l'eau reprend son calme habituel. De même, toute action, sur tous les plans, cause une perturbation dans l'harmonie équilibrée de l'univers. Les vibrations qui sont ainsi provoquées — à supposer toutefois qu'elles aient lieu dans un champ limité — continueront leur mouvement de va-et-vient, jusqu'à ce que l'équilibre se rétablisse. Or, chacune de ces perturbations part d'un point particulier ; il est donc évident que l'équilibre et l'harmonie ne peuvent se rétablir que par le retour au même point de toutes les forces qui y ont été mises en jeu. Voilà la preuve que toutes les conséquences de ce qu'un homme a pu produire d'actions, pensées, etc. doivent réagir sur l'homme lui-même avec la même force qui a servi à les engendrer.

    QUESTION — Mais je ne vois rien de moral à cette loi. Pour moi, la formule me paraît identique à cette simple loi physique qui assure que l'action et la réaction sont égales et opposées.

    LE THÉOSOPHE — Ce que vous dites ne m'étonne pas, tellement les Européens ont l'habitude ancrée en eux de considérer le juste et l'injuste, le bien et le mal, comme les matières d'un code moral arbitraire, établi par les hommes, ou imposé à eux par un Dieu Personnel. Nous, théosophes, disons cependant que les termes, « bien » et « harmonie » , ainsi que « mal » et « dysharmonie » sont respectivement des synonymes. De plus, nous affirmons que la douleur et la souffrance sont les résultats d'un manque d'harmonie, et que l'unique et terrible cause qui perturbe l'harmonie est l'égoïsme sous une forme quelconque. Ainsi, karma fait retomber sur chaque homme les conséquences réelles de ses propres actions, tout à fait indépendamment de leur caractère moral. Mais, puisqu'il reçoit ce qui lui est dû pour tout, il est évident que karma lui fera expier toutes les souffrances qu'il aura causées, de même qu'il moissonnera dans la joie, et la gaieté de cœur, les fruits de tout le bonheur et de toute l'harmonie qu'il


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    aura contribué à faire naître. Je ne peux mieux faire, pour vous éclairer sur ce sujet, que de vous citer certains extraits tirés de livres et d'articles écrits par nos théosophes — ceux du moins qui ont une idée juste de karma.

    QUESTION — Je vous en saurai gré ; car il me semble que votre littérature est assez silencieuse sur ce sujet.

    LE THÉOSOPHE — La raison en est que c'est effectivement la plus difficile de toutes nos doctrines. Mais voici d'abord une objection qu'un chrétien nous a adressée tout récemment :

    « En admettant que les enseignements de la Théosophie soient conformes à la vérité et que " l'homme doive être son propre sauveur, se vaincre lui-même et dompter le mal qui provient de la dualité de sa nature, afin d'obtenir l'émancipation de son âme " , que doit-il faire après s'être éveillé et dégagé du mal ou de la méchanceté, dans une certaine mesure ? Comment obtiendra-t-il l'affranchissement, le pardon ou l'effacement des actions mauvaises ou méchantes déjà commises ? »

    À cette question, M. J.H Conelly répond fort judicieusement qu'on ne saurait s'attendre à « faire marcher la locomotive théosophique sur la voie théologique ». Et il ajoute :

    « La possibilité d'échapper à la responsabilité individuelle ne fait pas partie des concepts de la Théosophie. Selon cette foi, le pardon, ou l'effacement des actions mauvaises ou méchantes déjà commises ne peut s'accomplir autrement que par la punition adéquate du fautif, et par le rétablissement dans l'univers de l'harmonie que sa mauvaise action a troublée. Le mal est son œuvre, et tandis que d'autres doivent en souffrir les conséquences, c'est lui seul qui peut l'expier.

    La condition envisagée (...) où l'homme s'est "é veillé et dégagé du mal ou de la méchanceté, dans une certaine mesure " est celle où il aura pris conscience du fait que ses actions sont mauvaises et méritent une punition. Cette conscience suscitera inévitablement en lui le sentiment de la responsabilité personnelle, et ce sentiment ne manquera pas d'être d'autant plus fort et plus terrible que l'homme sera plus complètement " éveillé " et " dégagé " . Ce serait au moment où cette impression est la plus vive en lui-même qu'on irait l'exhorter à accepter la doctrine de la rémission des péchés !


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    On lui dit aussi qu'il doit se repentir ; mais rien n'est plus facile à faire. C'est une aimable faiblesse de la nature humaine que cette inclination qui nous porte à regretter le mal que nous avons commis quand on nous le rappelle — que nous en ayons souffert nous-mêmes, ou que nous en ayons recueilli les bénéfices. Néanmoins, en approfondissant ce sentiment de regret, il se pourrait que nous découvrions que ce que nous regrettons c'est, en fait, la nécessité qui semblait alors s'imposer à nous de faire le mal pour atteindre nos buts égoïstes, bien plus que le mal lui-même.

    Aussi attrayante que puisse paraître à l'esprit ordinaire la pensée de jeter le fardeau de nos péchés " au pied de la croix " , l'étudiant théosophe ne saurait l'approuver. Il lui est impossible, en effet, de comprendre pourquoi le pécheur, dont les yeux se sont ouverts au mal qu'il a commis, mériterait, pour cette raison même, le pardon ou l'effacement de sa méchanceté passée ; ni pourquoi le repentir et une vie désormais exemplaire lui donneraient le droit de se soustraire à la loi universelle qui régit les rapports de la cause et de l'effet. Les résultats de ses mauvaises actions persisten ; la souffrance que sa méchanceté a causée aux autres n'est pas effacée. L'étudiant théosophe fait entrer en ligne de compte dans le problème à résoudre les conséquences qui résultent du mal infligé aux innocents, et il tient compte non seulement du coupable mais aussi de ses victimes.

    Le mal est une infraction aux lois de l'harmonie qui régissent l'univers, et c'est le violateur de ces lois qui doit lui-même en supporter la sanction. Le Christ nous avertit : " Va, et ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire " ; et saint Paul dit : " Travaillez à votre salut. Ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi " , exprimant ainsi par une belle métaphore ce qui avait été dit bien longtemps avant lui dans les Purâna : " Chaque homme moissonnera les conséquences de ses propres actes " .

    Voilà le principe de cette loi de karma enseignée par la Théosophie. M. Sinnett dans son Bouddhisme ésotérique définissait karma comme " la loi de causalité éthique " . Mais Madame Blavatsky en donne une meilleure interprétation lorsqu'elle le définit comme " la loi de rétribution " . Il est ce pouvoir qui,

    Mystérieux, mais juste, nous conduit infailliblement
    Par des voies invisibles de la faute au châtiment.

    Mais il est davantage. Karma récompense aussi infailliblement et aussi largement le mérite, qu'il punit le démérite. Il est le résultat de


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    chaque acte, de chaque pensée, de chaque parole ; et c'est par lui que les hommes façonnent eux-mêmes leur vie et les événements. La philosophie orientale rejette l'idée d'une âme nouvelle créée pour chaque enfant qui vient au monde, et croit à un nombre limité de monades, qui évoluent et se perfectionnent par l'assimilation de nombreuses personnalités successives. Ces personnalités sont le produit de karma et c'est aussi grâce au karma et à la réincarnation que la monade humaine, dans le cours du temps, retourne à sa source, la déité absolue. »

    Dans son ouvrage Réincarnation, E.D. Walker propose l'explication suivante :

    « En un mot, la doctrine de karma établit que c'est par nos actions antérieures que nous nous sommes faits ce que nous sommes, de même que nous formons notre éternité future par nos actions présentes. Nulle autre destinée ne nous attend que celle que nous déterminons nous-mêmes. Il n'y a ni salut ni condamnation dont nous ne soyons les auteurs (...) Le karma n'offre aucun abri pour des actions coupables, et exige une fermeté virile ; voilà pourquoi les natures faibles ne lui réservent pas le même accueil qu'aux doctrines religieuses faciles de rémission des péchés, d'intercession, de pardon et de conversion à l'heure de la mort... Dans le domaine de la justice éternelle, l'offense et le châtiment sont liés inséparablement et ne forment qu'un seul événement, car, en réalité, on ne peut pas faire de distinction entre l'acte et les conséquences qui en découlent... C'est karma — en d'autres termes nos anciennes actions — qui nous ramène à la vie terrestre. La demeure de l'esprit se transforme en fonction de son karma et, comme ce karma se modifie sans cesse, il ne permet pas de demeurer longtemps dans la même condition. Tant que nos actions seront gouvernées par des motifs égoïstes et matériels, il faudra que les effets de ces actions se manifestent par des renaissances physiques ; car il n'y a que l'homme complètement dépourvu de tout égoïsme qui puisse échapper à la gravitation vers la vie matérielle. Il est vrai que bien peu y sont parvenus, mais ce n'en est pas moins le but de l'Humanité (2) ».

    Ici, l'auteur fait cette citation de la Doctrine Secrète :

    « Ceux qui croient au karma croient nécessairement à la destinée que


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    chaque homme, de sa naissance jusqu'à sa mort, tisse fil par fil, autour de lui, tout comme l'araignée tisse sa toile. Cette destinée est guidée soit par la voix céleste du prototype invisible qui est en dehors de nous, soit par notre être intérieur ou astral, qui nous est plus familier que l'autre, et qui n'est que trop souvent le mauvais génie de cette entité incarnée qu'on appelle l'homme. Tous deux donnent une impulsion à l'homme extérieur, mais il faut que l'un ou l'autre l'emporte. Dès le commencement même du combat invisible, la loi sévère et implacable de compensation entre en jeu et poursuit son cours, en suivant fidèlement les péripéties de la lutte. Quand le dernier fil se trouve tissé, l'homme est apparemment enveloppé dans un filet qu'il a ourdi lui-même, et c'est alors qu'ils se découvre complètement sous l'empire de la destinée qu'il a lui-même créée... Un occultiste, ou un philosophe, ne parle ni de la bonté ni de la cruauté de la Providence, mais, en l'identifiant à karma-Némésis, il enseigne qu'elle garde les hommes de bien et les protège, dans cette vie comme dans les vies futures, de même qu'elle punit le méchant, fût-ce jusqu'à sa septième renaissance — c'est-à-dire aussi longtemps que nécessaire pour qu'il ait réparé l'effet de la perturbation qu'il a causée au moindre atome du monde infini d'harmonie. Car l'unique décret de karma — décret éternel et immuable — est l'harmonie absolue dans le monde de la matière aussi bien que dans celui de l'esprit. Karma ne récompense ni ne punit, c'est nous qui nous récompensons ou nous punissons, suivant que nous travaillons ou non avec la Nature, selon ses voies, et de concert avec elle, en agissant ainsi d'accord avec les lois dont dépend cette harmonie, ou en les violant. Les voies de karma ne seraient pas non plus impénétrables si les hommes œuvraient dans l'union et dans l'harmonie, au lieu de le faire dans la désunion et dans la lutte. Une partie du genre humain les appelle les voies obscures et inextricables de la Providence, tandis qu'une autre y voit l'effet d'un fatalisme aveugle et une troisième le résultat du simple hasard, où dieux ni démons n'ont aucun rôle. Notre ignorance de ces voies de karma disparaîtrait sûrement si nous voulions bien rattacher tous ces effets à leur cause réelle (...) Nous demeurons confondus devant ce mystère qui est notre propre création ainsi que devant les énigmes de la vie que nous ne voulons pas résoudre, et nous accusons le grand Sphinx de nous dévorer. Mais, en vérité, il n'y a pas un accident de notre vie, pas une mauvaise journée, pas un malheur que nous ne puissions imputer à nos propres actions dans cette vie, ou dans une vie antérieure... La loi de karma est inextricablement mêlée à celle de la réincarnation (...) II n'y a que cette doctrine qui puisse nous expliquer le problème mystérieux du bien et du


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    mal, et réconcilier l'homme avec la terrible injustice apparente de la vie. Rien en dehors de la certitude à cet égard ne peut apaiser notre sentiment de justice révolté. Car, lorsqu'un homme, ignorant de cette noble doctrine, regarde autour de lui et observe les inégalités de naissance et de fortune, d'intelligence et de capacité, et qu'il voit quel honneur est rendu aux imbéciles et aux libertins qui ont été favorisés par la fortune uniquement à cause de leur naissance, tandis que leur voisin le plus proche, malgré toute son intelligence et ses nobles vertus — et bien qu'il soit infiniment plus digne de bonheur — périt, faute d'aide et de sympathie ; quand il voit tout cela et qu'il doit s'avouer impuissant à soulager tant de souffrance imméritée, pendant que de toutes parts s'élèvent des cris de douleur qui lui déchirent les oreilles et le coeur, c'est la connaissance précieuse de karma qui seule l'empêche de maudire la vie et les hommes, ainsi que leur prétendu Créateur... Consciente ou inconsciente, cette loi ne prédestine rien ni personne. Elle existe, en vérité, de toute éternité et dans l'éternité, car c'est l'éternité elle-même ; et, comme telle, puisque nul acte ne peut être à la mesure de l'éternité, on ne peut pas dire qu'elle agisse, car c'est l'action elle-même. Ce n'est pas la vague qui noie l'homme, mais l'action personnelle du malheureux qui se place lui-même délibérément sous l'action impersonnelle des lois qui gouvernent le mouvement de l'océan. Karma ne crée rien et ne forme aucun dessein. C'est l'homme qui produit et crée les causes, et la loi karmique en ajuste les effets, et cet ajustement n'est pas un acte, mais l'harmonie universelle qui tend toujours à retourner vers sa condition originelle, et qui, semblable à une branche courbée avec trop de violence, se redresse avec une force égale. Si elle casse le bras de celui qui essayait de la courber en dehors de sa position naturelle, dirons-nous que c'est la branche qui a cassé ce bras, ou que c'est notre propre folie qui a été cause du malheur ? Karma n'a jamais essayé de détruire la liberté intellectuelle et individuelle, comme le fait le Dieu inventé par les monothéistes. Ses décrets ne sont pas enveloppés de ténèbres afin de jeter l'homme à dessein dans la perplexité, et celui qui ose en scruter les mystères ne sera pas puni. Au contraire, celui-là travaille pour le bien de l'humanité qui, par l'étude et par la méditation, en dévoile les voies compliquées et obscures, et jette quelque lumière sur ces dédales où périssent tant d'hommes qui ne connaissent pas le labyrinthe de la vie. Dans le monde de la manifestation, karma est la loi absolue et éternelle ; or, comme il ne peut y avoir qu'un Absolu, une seule Cause Éternelle toujours présente, ceux qui croient en karma ne peuvent être considérés comme des athées ni comme des matérialistes, et encore moins comme des fatalistes ; car, en


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    ce qui concerne ses effets dans le monde phénoménal, karma est un avec l'Inconnaissable, dont il est l'un des aspects (3). »

    Un autre auteur théosophe compétent, Mme P. Sinnett, a dit (dans son livre Purpose of Theosophy {4) pp. 10-14) :

    « Chaque individu crée du karma, bon ou mauvais, dans chaque acte et chaque pensée de sa vie quotidienne, en même temps qu'il épuise actuellement le karma produit par les actes et les désirs de sa dernière incarnation. Quand on voit des êtres affligés de maladies de naissance, on peut affirmer sans hésiter qu'il s'agit de résultats inévitables faisant suite aux causes créées par eux-mêmes dans une existence antérieure. On pourrait objecter que, puisque ces afflictions sont héréditaires, elles n'ont rien à voir avec une incarnation passée ; mais il faut se souvenir que l'Ego, l'homme réel, l'individualité, ne tire pas son origine spirituelle des parents chez lesquels il se réincarne, mais qu'il est attiré, par les affinités que son mode de vie précédent a créées autour de lui, dans le courant qui l'entraîne, à l'heure de la renaissance, vers le foyer le mieux approprié au développement de ses tendances... Cette doctrine de karma, correctement comprise, est susceptible de guider et d'aider ceux qui en saisissent la vérité, vers un mode de vie meilleur et plus élevé ; car n'oublions pas que non seulement nos actions, mais aussi nos pensées sont suivies inéluctablement d'une foule de conséquences qui influenceront en bien ou en mal notre avenir et — ce qui importe plus encore — l'avenir de beaucoup de nos semblables. Si les péchés de commission et d'omission pouvaient n'influencer que nous-mêmes, leurs effets sur notre karma seraient sans grande importance. Le fait que chaque acte et chaque pensée de la vie comporte une influence bonne ou mauvaise sur d'autres membres de la famille humaine exige de l'individu qui veut atteindre au bonheur et au progrès futurs un strict sentiment de la justice, de la moralité et de l'altruisme. Une fois qu'un crime a été commis, une mauvaise pensée émise par le mental, nous ne pouvons plus rien y faire — aucune dose de repentir n'est capable d'en effacer les résultats futurs. Le repentir, s'il est sincère, empêchera un homme de répéter ses erreurs ; mais il ne peut le sauver, lui, ni les autres, des effets de fautes déjà commises qui


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    l'atteindront infailliblement, dans cette vie-ci, ou dans la prochaine renaissance. »

    M. J.H. Conelly poursuit dans ces termes :

    « Ceux qui croient à une religion basée sur une telle doctrine acceptent volontiers qu'on la compare à une autre religion affirmant que la destinée de l'homme est déterminée, pour toute l'éternité, par les accidents d'une seule et courte existence terrestre, au cours de laquelle il pourra se réjouir le cœur avec la promesse que l'arbre demeurera là où il est tombé — religion qui lui offre comme sa plus sûre espérance, lorsqu'il s'éveille à la connaissance de sa méchanceté, la doctrine de la rémission des péchés, laquelle est d'ailleurs limitée dans son application, si on en croit la confession de foi presbytérienne.

    « Par décret de Dieu, et pour la manifestation de sa gloire, il y a des hommes et des anges prédestinés à la vie éternelle, et d'autres assignés d'avance à la mort éternelle.

    « Ces hommes et ces anges, ainsi prédestinés et élus d'avance, sont choisis d'après un dessein particulier qui n'admet point de changement ; le nombre en est si certain et défini qu'il ne peut être ni augmenté ni diminué... Et puisque Dieu a prédestiné les élus à la gloire... il ne peut y avoir d'autres êtres rachetés par le Christ, et effectivement appelés, justifiés, sanctifiés et sauvés, que les élus.

    « Quant au reste de l'humanité, il a plu à Dieu — conformément au dessein impénétrable de sa volonté, en vertu de laquelle il accorde ou refuse la miséricorde suivant son bon plaisir, et pour la gloire du pouvoir souverain qu'il exerce sur ses créatures — il a plu à Dieu de les priver de sa grâce et de les destiner au déshonneur et à la colère que leur péché mérite, afin que soit louée sa glorieuse justice. »

    Ainsi parle cet habile défenseur. Nous ne saurions mieux faire que de conclure sur ce sujet, comme le fait cet auteur, avec une citation d'un magnifique poème :

    « Telle est l'exquise beauté de l'exposé du karma présenté par Edwin Arnold dans La Lumière de l'Asie que nous serions tentés de le citer en entier ici, s'il n'était pas si long. En voici un fragment :

    Karma — est cette totalité d'une âme,
    Des choses qu'elle a faites, des pensées qu'elle a eues,
    Le « Soi » qu'elle a tissé sur la trame invisible du temps.
    Le « Soi » qu'elle a ourdi sur la chaîne imperceptible des actes.
    .............................................................................................................


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    Sans commencement et sans fin,
    Éternel comme l'espace, certain comme la certitude,
    II est un Pouvoir divin qui se meut vers le bien ;
    Seules ses lois durent à jamais.

    Nul n'ose le mépriser ;
    Celui qui lui désobéit perd ; celui qui le sert gagne ;
    Au bien caché il offre la récompense de la paix et de la félicité.
    Au mal secret il inflige des peines.

    Il voit partout et rien ne lui échappe ;
    Fais le bien — il t'en récompense ! — fais le moindre mal
    Et tu subiras un châtiment proportionné
    Quand bien même Dharma en différerait l 'exécution.

    Il ne connaît ni colère, ni pardon ; inflexiblement justes
    Sont ses mesures ; il pèse avec une balance parfaite ;
    Pour lui le temps n'est pas — et le jugement qu'il ne rend pas demain
    II le rendra dans bien des jours.
    ......................................................................................................

    Telle est la loi qui tend vers l'équité ;
    Nul ne peut l'entraver, ni la détourner de sa voie ;
    Son cœur est tout amour.
    Son but la douce paix
    Et l'accomplissement.
    Obéissez (5). »

    Et maintenant, je vous conseille de méditer nos enseignements théosophiques concernant le karma, la loi de rétribution, et de juger s'ils ne sont pas à la fois plus justes et plus philosophiques que ce dogme cruel et stupide qui fait de « Dieu » un démon insensé — avec cette doctrine qui veut que les « élus seuls » soient sauvés et le reste du monde condamné à la perdition éternelle !

    QUESTION — Oui, je saisis en général ce que vous voulez dire ; mais


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    ne pourriez-vous pas me donner un exemple concret de l'action de karma ?

    LE THÉOSOPHE — Voilà précisément ce qu'il m'est impossible de faire. Mais nous pouvons toujours être assurés, comme je l'ai dit plus haut, que nos vies et les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons actuellement sont les résultats directs de nos pensées et de nos actions en des existences antérieures. Nous, qui ne sommes ni des Voyants ni des Initiés, ne pouvons rien connaître des détails du fonctionnement de la loi de karma.

    QUESTION — Mais est-il possible à quelqu'un, même à un Adepte ou à un Voyant, de suivre en détails le processus du réajustement karmique ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. « Ceux qui savent  » peuvent le faire, en exerçant des pouvoirs qui sont latents dans tous les hommes.

     

    QUELS SONT CEUX QUI SAVENT ?

     

    QUESTION — Ce que vous venez de dire s'applique-t-il de la même façon à nous-mêmes comme aux autres ?

    LE THÉOSOPHE — Oui, de la même façon ; comme je viens de le dire, le pouvoir de vision de tous est limité, sauf pour ceux qui, dans l'incarnation présente, ont atteint le plus haut degré de vision spirituelle et de clairvoyance. Quant à nous, nous pouvons seulement constater que, si les choses avaient dû être différentes à notre égard, elles l'auraient été, que nous nous sommes faits tels que nous sommes, et que nous ne possédons que ce que nous avons gagné par nous-mêmes.

    QUESTION —Je crains qu'une telle conception n'ait d'autre résultat que de nous aigrir.

    LE THÉOSOPHE—Je crois que c'est précisément l'inverse. C'est


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    le manque de foi en la juste loi de rétribution qui éveillerait plutôt le sentiment de révolte dans l'homme. Un enfant, de même qu'un homme, ressent beaucoup plus vivement une punition, ou même une réprimande, qu'il croit imméritée, qu'une punition sévère mais qu'il sent méritée. La croyance en karma fournit à l'homme la raison la plus haute d'accepter son sort dans la vie, et elle est pour lui le plus grand encouragement à faire des efforts pour améliorer la renaissance suivante. En effet, cette acceptation et ces efforts n'auraient aucune raison d'être si nous supposions que notre sort n'était pas le résultat de la Loi inéluctable, ou que notre destinée se trouvait en d'autres mains que les nôtres.

    QUESTION — Vous venez d'affirmer que ce système de ré-incarnation, conformément à la loi karmique se recommandait à la raison, à la justice et au sens moral. Mais n'est-ce pas au détriment de quelques-unes des qualités plus douces de notre nature, telles que la sympathie et la pitié, avec le risque d'un endurcissement des instincts délicats de la nature humaine ?

    LE THÉOSOPHE — En apparence seulement, non en réalité. Nul homme ne peut recevoir plus ou moins que ce qu'il mérite sans qu'il y ait, de façon correspondante, injustice ou partialité à l'égard des autres. Une loi aux sanctions de laquelle on pourrait échapper par l'effet de la compassion produirait plus de misère qu'elle n'en épargnerait, plus d'exaspération et de malédictions que de reconnaissance. Il faut aussi se souvenir que ce n'est pas nous qui régissons la loi, même si nous créons nous-mêmes les causes d'où découlent ses effets : elle se régit elle-même. D'ailleurs, c'est dans l'état de devachan qu'on peut trouver en abondance les dispositions qui permettent la manifestation d'une juste compassion et d'une juste miséricorde.

    QUESTION — Vous avez parlé des Adeptes comme formant une exception à la règle de notre ignorance générale. En savent-ils réellement plus que nous au sujet de la réincarnation et des états futurs ?

    LE THÉOSOPHE — Oui, certes ! Pour avoir développé des


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    facultés que nous possédons tous mais qu'eux seuls ont su cultiver jusqu'à la perfection, ils sont entrés en esprit dans ces divers plans et états dont nous venons de discuter. Durant de longs âges, des générations successives d'Adeptes ont approfondi les mystères de l'être, de la vie, de la mort et de la renaissance, et ils ont tous enseigné à leur tour certains des faits ainsi appris.

    QUESTION — La Théosophie a-t-elle pour but de produire des Adeptes ?

    LE THÉOSOPHE — La Théosophie considère l'humanité comme une émanation de la divinité, engagée sur le chemin de son retour à cette source. Arrivés à un point avancé de ce sentier, ceux qui ont consacré plusieurs incarnations en vue d'atteindre à l'Adeptat y parviennent finalement. Car, remarquez-le bien, aucun homme n'a jamais atteint en une seule vie l'Adeptat dans les Sciences Secrètes ; bien des incarnations sont nécessaires après qu'on en a consciemment fait le vœu et qu'on a commencé l'entraînement indispensable. Nombreux, peut-être, sont les hommes et les femmes, au sein même de notre société, qui ont commencé, depuis plusieurs incarnations, la tâche ardue qui mène à l'illumination mais qui, à cause des illusions de la vie présente, sont dans l'ignorance de ce fait, ou courent le risque de perdre toute chance de progresser dans cette existence. Ils se sentent irrésistiblement attirés vers l'Occultisme et vers la Vie Supérieure, mais ils sont trop personnels et imbus d'eux-mêmes, trop épris des appâts trompeurs de cette vie ainsi que des plaisirs éphémères du monde, pour y renoncer ; ils perdent ainsi leur chance pour l'existence présente. Mais pour les hommes ordinaires, et si on s'en tient aux devoirs pratiques de la vie journalière, un objectif aussi éloigné que l'Adeptat ne peut constituer un but approprié et est un motif tout à fait inefficace.

    QUESTION — Quel peut être alors le but, ou l'intention particulière de ces hommes en se joignant à la Société Théosophique ?

    LE THÉOSOPHE — Beaucoup d'entre eux s'intéressent à nos doctrines et sentent instinctivement qu'elles sont plus vraies que


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    celles d'aucune religion dogmatique. D'autres ont pris la ferme résolution d'atteindre à l'idéal le plus élevé du devoir humain.

     

    DIFFÉRENCE ENTRE FOI ET CONNAISSANCE,
    OU ENTRE FOI AVEUGLE ET FOI RAISONNÉE

     

    QUESTION — Ces personnes, dites-vous, acceptent les doctrines de la Théosophie et y croient. Mais, puisqu'elles ne sont pas du nombre de ces Adeptes que vous venez de mentionner, il faut bien que leur foi en vos enseignements soit une foi aveugle. En quoi cela diffère-t-il des religions classiques ?

    LE THÉOSOPHE — La Théosophie diffère de ces religions sur ce point comme sur presque tous les autres. Ce que vous appelez « foi » , et ce qui est, en réalité, une foi aveugle, en ce qui concerne les dogmes des religions chrétiennes, devient chez nous « connaissance » , comme la suite logique de choses que nous savons touchant des faits de la nature. Vos doctrines s'appuient sur une interprétation, donc sur un témoignage de Voyants parvenu en seconde main, les nôtres sur le témoignage de Voyants qui est d'une nature fixe et invariable. Par exemple, la théologie chrétienne habituelle maintient que l'homme est une créature de Dieu, composée de trois parties : corps, âme et esprit. Toutes trois sont essentielles à son intégrité, et également nécessaires —que ce soit sous la forme grossière de l'existence physique et terrestre, ou sous la forme éthérée de l'existence qui succède à la résurrection — pour lui assurer à jamais cette constitution humaine, chaque homme ayant ainsi une existence séparée de celle de tous les autres et du Divin. La Théosophie maintient au contraire que l'homme est une émanation de l'Essence Divine, Inconnue bien que toujours présente et infinie, et que son corps, comme toute autre chose, est impermanent et n'est en conséquence qu'une illusion, et que seul l'Esprit en l'homme est l'unique substance permanente, qui finit même par perdre son individualité séparée au moment de sa réunion complète avec l'Esprit Universel.


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    QUESTION — Mais si nous perdons notre individualité, cela revient à l'annihilation pure et simple.

    LE THÉOSOPHE — J'affirme qu'il n'en est rien, car j'ai parlé d'individualité séparée et non d'individualité universelle. Cette dernière devient comme une partie transformée à la dimension du tout ; la goutte de rosée ne s'évapore pas, mais devient l'océan. L'homme physique est-il annihilé lorsque, de fœtus qu'il a été, il devient vieillard ? Combien satanique faut-il que soit notre orgueil pour nous inciter à placer notre conscience et notre individualité, si infiniment petites, au-dessus de la conscience universelle et infinie !

    QUESTION — II s'ensuit donc, de facto, que nul homme n'existe en tant qu'homme, mais que tout est Esprit ?

    LE THÉOSOPHE — Vous vous trompez. Il s'ensuit que l'union de l'Esprit avec la matière n'est que temporaire ; ou que, pour parler plus clairement — puisque l'Esprit et la matière ne font qu'un, étant les deux pôles opposés de la substance universelle manifestée — l'Esprit perd le droit d'être appelé de ce nom, aussi longtemps que la plus petite particule ou le moindre atome de sa substance manifestée continue d'adhérer à une forme quelconque, résultat de la différenciation. Croire autrement n'est que foi aveugle.

    QUESTION — Ainsi, c'est sur la connaissance, non sur la foi, que s'appuie votre assertion que le principe permanent, l'Esprit, ne fait que transiter à travers la matière ?

    LE THÉOSOPHE — Je présenterais les choses autrement, en disant : nous affirmons que l'apparition, en tant que matière, du principe un et permanent — l'Esprit — est passagère et, par conséquent, n'est rien de plus qu'une illusion.,

    QUESTION — Très bien ; et vous énoncez cela comme la connaissance, non la foi ?

    LE THÉOSOPHE —Justement. Mais, comme je vois très bien où vous voulez en venir, je me permettrai de vous rétorquer que nous


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    considérons la foi, telle que vous l'entendez comme une maladie mentale, tandis que la foi véritable — la pistis des Grecs — est une « croyance fondée sur la connaissance » , que celle-ci nous soit fournie par l'évidence des sens physiques, ou par celle des sens spirituels.

    QUESTION — Que voulez-vous dire par là ?

    LE THÉOSOPHE — Si vous désirez savoir ce qui distingue ces deux sortes de foi, je puis vous dire que la différence est très grande entre une foi basée sur l'autorité et une foi basée sur notre propre intuition spirituelle.

    QUESTION — Mais quelle est cette différence ?

    LE THÉOSOPHE — L'une n'est que crédulité et superstition humaines tandis que l'autre est conviction et intuition humaines. Comme le dit le professeur Alexander Wilder dans son introduction à l'ouvrage de Thomas Taylor sur les mystères d'Eleusis (6), « C'est l'ignorance qui mène à la profanation. Les hommes tournent en ridicule ce qu'ils ne comprennent pas bien (...) Le courant souterrain de ce monde est orienté vers un seul but; et, sous la crédulité humaine (...) se trouve un pouvoir presque infini, une foi sacrée capable de percevoir les vérités suprêmes de l'existence entière ». Ceux qui limitent cette « crédulité » aux seuls dogmes fondés sur l'autorité humaine ne pénétreront jamais ce pouvoir et ne le découvriront pas au fond de leur nature. La croyance se cramponne au plan extérieur, et elle est bien incapable de rendre active l'essence qui la gouverne. Car, pour cela, il faudrait que ces gens fassent valoir leur droit au jugement individuel, ce qu'ils n'oseront jamais faire.

    QUESTION — Est-ce cette « intuition » qui vous force à rejeter Dieu en tant que Père, Souverain et Gouverneur personnel de l'Univers ?


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    LE THÉOSOPHE — Précisément. Nous croyons à un Principe à jamais inconnaissable ; car, c'est seulement par suite d'une aveugle aberration qu'on peut soutenir que l'Univers, l'homme pensant, ainsi que toutes les merveilles que contient même le monde matériel, auraient pu naître sans que des pouvoirs intelligents en eussent disposé toutes les parties d'une manière si éminemment sage. La Nature peut se tromper, et souvent elle le fait, dans ses détails, et dans les manifestations extérieures de ses éléments matériels, mais jamais dans ses causes et ses résultats intérieurs. Les anciens païens avaient des vues beaucoup plus philosophiques sur cette question que celles des philosophes modernes, qu'ils soient agnostiques, matérialistes, ou chrétiens. Et aucun auteur païen n'a jamais avancé l'idée que la cruauté et la miséricorde n'étaient pas des sentiments d'un ordre fini, et, en conséquence, aucun n'a prétendu qu'on pouvait en faire les attributs d'un dieu infini. Les dieux des païens étaient donc tous finis. L'auteur siamois du livre Wheel of the Law (7) exprime, au sujet de votre dieu personnel, la même idée que nous. Il dit (p. 25 du texte original) :

    « Un bouddhiste pourrait croire à l'existence d'un dieu sublime, au-dessus de toutes les qualités et de tous les attributs humains, d'un dieu parfait, au-dessus de l'amour, de la haine, de la jalousie, et qui demeurerait impassible, dans une quiétude que rien ne pourrait troubler. D'un tel dieu il ne parlerait jamais en manquant de respect, non par désir de lui plaire, ni par crainte de l'offenser, mais par un sentiment naturel de vénération. Mais il ne peut comprendre un dieu ayant les attributs et les qualités des hommes, qui aime, qui hait et se met en colère ; une Déité telle que la décrivent les missionnaires chrétiens, les musulmans, les brahmanes (8) ou les juifs, reste bien au-dessous de l'idée qu'il se fait même d'un brave homme ordinaire. »

    QUESTION — Mais, foi pour foi, celle du chrétien qui, dans sa faiblesse et son humilité humaines, croit qu'il existe au Ciel un Père


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    miséricordieux qui le protège contre la tentation, lui porte secours sa vie durant, et lui pardonne ses transgressions, ne vaut-elle pas mieux que celle des bouddhistes, des védantins et des théosophes, froide et orgueilleuse, presque fataliste ?

    LE THÉOSOPHE — Vous pouvez persister à appeler notre conviction « foi » , si vous voulez. Mais, à propos de cette question sur laquelle on revient toujours, je vous demande à mon tour : foi pour foi, celle qui a pour base la logique et la raison les plus strictes ne vaut-elle pas mieux que celle qui s'appuie seulement sur l'autorité humaine, voire sur le culte des héros ? Notre « foi » a toute la force logique de cette vérité arithmétique que deux et deux font quatre. Votre foi ressemble à la logique de ces femmes sentimentales pour qui, comme l'a dit Tourgueniev, deux et deux font généralement cinq, avec une chandelle de suif par-dessus le marché. D'ailleurs, la vôtre est une foi qui non seulement va à l'encontre de toute idée de justice et de logique, mais qui, à l'analyser de près, conduit l'homme à la perdition morale, entrave le progrès du genre humain et, en faisant pratiquement primer la force sur le droit, met un homme sur deux dans la position d'un Caïn envers son frère Abel.

    QUESTION — A quoi faites-vous allusion ?

     

    DIEU A-T-IL LE DROIT DE PARDONNER ?

     

    LE THÉOSOPHE —Je songe ici à la doctrine de la rémission des péchés, ce dogme dangereux auquel vous croyez, et qui enseigne que, si grands que soient nos crimes contre les lois de Dieu et de l'homme, il nous suffit de croire à l'immolation de Jésus pour le salut du genre humain pour que son sang nous lave de toute souillure. Voilà vingt ans que je prêche contre ce dogme, et je vais vous citer à ce sujet un paragraphe publié dans Isis Dévoilée, et écrit en 1875. Voici ce que le christianisme enseigne, et que nous combattons :

    « La miséricorde de Dieu est illimitée et insondable. Il est impossible de concevoir un péché humain, si condamnable soit-il, que le prix payé d'avance pour la rédemption du pécheur


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    ne le puisse effacer, serait-il encore mille fois pire. D'ailleurs il n'est jamais trop tard pour se repentir. Quand même le pécheur attendrait jusqu'à la dernière minute de la dernière heure du dernier jour de sa vie mortelle pour que ses lèvres livides prononcent la confession de foi, il pourrait aller au Paradis ; le larron mourant y est allé, et tous les autres aussi vils que lui pourront y aller également. Telles sont les prétentions de l'Église et du clergé, prétentions que les prédicateurs les plus en vue d'Angleterre ont assénées sur la tête de leurs compatriotes, en pleine lumière du dix-neuvième siècle (9) » — le plus paradoxal de tous les siècles ! Eh bien ! Où cela nous conduit-il ?

    QUESTION — Est-ce que cela ne rend pas le chrétien plus heureux que le bouddhiste ou le brâhmane ?

    LE THÉOSOPHE — Non ; pas les hommes instruits, en tout cas, qui, pour la plupart, ont pratiquemment perdu depuis longtemps toute croyance en ce dogme cruel. Mais celui-ci conduit ceux qui y croient, plus sûrement que tout autre dogme de ma connaissance, au seuil de tous les crimes concevables. Permettez-moi de citer encore Isis Dévoilée (voir vol. Il, pp. 542 et 543 de l'édition originale) :

    « Si nous sortons du petit cercle des croyances et considérons l'univers comme un tout équilibré par l'agencement minutieux de toutes ses parties, combien toute saine logique, et tout sens de justice, même le plus élémentaire, se révoltent contre cette doctrine du rachat des péchés par le sacrifice d'un innocent ! Si le criminel ne péchait que contre lui-même, s'il ne nuisait qu'à lui-même, si, par un repentir sincère, il pouvait faire que s'effacent tous les événements du passé, non seulement de la mémoire des hommes, mais aussi de ce registre impérissable qu'aucune déité — pas même la Suprême des Suprêmes — ne peut supprimer, alors ce dogme pourrait être moins incompréhensible. Mais, maintenir qu'un homme peut faire du tort à son prochain, commettre un meurtre, troubler l'équilibre de la société et l'ordre naturel des choses, et, après cela — par lâcheté, par espoir, ou par


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    contrainte, peu importe — trouver le pardon en croyant qu'un sang qui a été répandu pour lui peut effacer un autre sang qu'il a répandu lui-même, c'est une absurdité ! Est-il possible d'effacer les résultats d'un crime même si le crime lui-même est pardonné ? Les effets d'une cause ne se confinent jamais au domaine limité de cette cause et il n'est pas possible non plus de restreindre les conséquences d'un crime au coupable et à sa victime. Chaque bonne action, tout comme chaque mauvaise action, produit des effets aussi évidents que ceux qu'occasionnent une pierre jetée dans une eau calme. C'est une comparaison banale, mais c'est la meilleure que nous puissions concevoir : aussi, employons-la. Les vagues circulaires produites sont d'autant plus grandes et plus rapides que l'objet qui les cause est plus grand ; mais le plus petit caillou, même le plus petit grain de poussière, fait naître des rides. Et cette perturbation n'est pas seulement visible à la surface de l'eau. Elle se propage aussi invisiblement, en dessous, dans chaque direction — du centre à la périphérie et vers le bas — une goutte poussant l'autre, jusqu'à ce que les bords et le fond soient atteints par la force. Bien plus, l'air au-dessus de cette eau est agité, et cette perturbation, comme les physiciens nous l'assurent, a sa répercussion dans tout l'espace où elle se transmet de couche en couche, à l'infini dans le temps. Une impulsion a été donnée à la matière : elle ne se perd jamais, et on ne peut jamais la rappeler pour l'annuler !...

    Il en est de même du crime comme de son opposé. L'acte peut être instantané, ses effets sont éternels. Si, après avoir jeté la pierre dans l'étang, nous pouvions la reprendre dans la main, faire revenir les ondulations au point de départ, anéantir la force dépensée, rétablir les vagues de l'éther dans leur état antérieur de non-être, et effacer toute trace du jet du projectile, de telle sorte que le registre du Temps ne garde aucune trace de l'événement, alors, et alors seulement, nous pourrions écouter patiemment les chrétiens argumenter en faveur de l'efficacité de ce rachat par procuration, »

    ... et cesser de croire à la Loi karmique. Mais telles que sont les choses, nous en appelons au monde entier pour décider laquelle des deux doctrines est la plus conforme, à la justice divine et laquelle est la plus raisonnable, même du simple point de vue de l'évidence et de la logique humaines.

    QUESTION — Et pourtant des millions de gens croient au dogme chrétien et sont heureux.


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    LE THÉOSOPHE — Parce que leurs facultés pensantes sont dominées par un pur sentimentalisme, ce que nul véritable philanthrope ou altruiste n'acceptera jamais. Ce n'est pas même un rêve dû à l'égoïsme, mais un cauchemar de l'intellect humain. Voyez où cela nous mène, et citez-moi un pays païen où les crimes soient plus nombreux et se commettent plus facilement que dans les pays chrétiens. Regardez les longues et effrayantes statistiques annuelles des crimes commis dans les pays européens. Voyez l'Amérique protestante et biblique : il s'y fait plus de conversions dans les prisons qu'à la faveur des prêches et des missions paroissiales. « Voyez l'état du bilan de la justice ( ! ) chrétienne. Des meurtriers aux mains rouges de sang, poussés par les démons du désir, de la vengeance, de la cupidité, du fanatisme, ou simplement par une soif aveugle de sang, tuent leurs victimes, le plus souvent sans leur laisser le temps de se repentir, ni de faire appel à Jésus. Celles-ci meurent peut-être en état de péché et, naturellement, d'accord avec la logique théologique, sont vouées à recevoir le fruit de leurs péchés, petits ou grands. Mais le meurtrier, saisi par la justice humaine, est emprisonné, des gens sentimentaux pleurent sur lui, prient avec et pour lui ; il prononce les paroles magiques de la conversion et monte sur l'échafaud comme un enfant de Jésus racheté de ses fautes. Sans le meurtre qu'il a commis, on n'aurait pas prié pour lui, il n'aurait été ni racheté, ni pardonné. Il est évident que cet homme a bien fait d'assassiner, puisqu'il a gagné par là le bonheur éternel ! Quant à sa victime, à sa famille, à ses parents, à ceux qui dépendaient d'elle, à ses amis et connaissances, la justice n'a-t-elle pas de récompense pour eux ? Faudra-t-il qu'ils souffrent dans ce monde et dans l'autre, tandis que celui qui leur a fait du tort se trouvera à côté du " bon larron " du Calvaire, dans la béatitude éternelle ? Sur cette question, le clergé garde un silence prudent. » (Isis Dévoilée) (10).

    Maintenant vous savez pourquoi les théosophes, dont la conviction et l'espérance fondamentales résident dans la justice


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    pour tous, au Ciel comme sur terre, et dans karma, repoussent ce dogme.

    QUESTION — La destinée finale de l'homme n'est donc pas un Ciel où Dieu préside, mais la transformation graduelle de la matière en l'Esprit, son élément primordial ?

    LE THÉOSOPHE — C'est vers ce but final que tout tend dans la nature.

    QUESTION — Mais certains d'entre vous ne considèrent-ils pas cette association, ou cette « chute de l'esprit dans la matière » , comme un mal, et la re-naissance comme une affliction ?

    LE THÉOSOPHE — II en est qui pensent de la sorte, et qui tâchent en conséquence d'abréger leur période de probation sur terre. Pourtant, il ne s'agit pas d'un mal sans mélange puisqu'il nous permet l'expérience par laquelle nous nous élevons à la connaissance et à la sagesse. Je veux parler ici de l'expérience qui nous enseigne que rien, en dehors d'un bonheur spirituel, ne peut jamais satisfaire les besoins de notre nature spirituelle. Aussi longtemps que nous demeurons dans le corps, nous sommes soumis à la douleur, à la souffrance et à tous les incidents décevants qui surviennent pendant la vie. C'est pourquoi, pour pallier tout cela, nous acquérons finalement la connaissance qui seule peut nous apporter le soulagement, et l'espérance d'un futur meilleur.


    (1)  H.A. Alabaster, Wheel of the Law ( « Roue de la Loi » ), Londres : Trübner & Co., 1871, p. 57 (N.d.T.).

    (2) Op. cit., pp. 299-303 (N.d.T.).

    (3) The Secret Doctrine, édition originale 1888, vol. l, pp. 639, 643-4; vol. II, pp. 303-4, 304-6 (N.d.T.).

    (4) « Le but de la Théosophie » (N.d.T.).

    (5) Sir Edwin Arnold, The Light of Asia or the Great Renunciation (Mahâbhi-nishkramana), ( « La Lumière de l'Asie ou le Grand Renoncement » ). Londres : Trübner & Co., 1879. Extraits des Livres VI et VIII. (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (6) Thomas Taylor, The Eleusinian and Bacchic Mysteries, a dissertation. New York : J.W. Bouton, 1875 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (7) Op. cit., p. 213 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (8) II ne s'agit ici que des brahmanes sectaires. Le Parabrahm des védantins est la Déité que nous acceptons et à laquelle nous croyons.

    (9) Isis Unveiled, édition originale 1877, vol. Il, p. 542 (N.d.T.).

    (10) Op. cit., édition originale, vol II, p. 543 (N.d.T.).

    <o:p> </o:p>


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    XII

    QU'EST-CE QUE LA THÉOSOPHIE PRATIQUE ?


     

    LE DEVOIR

     

    QUESTION — Pourquoi, en définitive, cette nécessité des re-naissances puisque aucune d'elles n'apporte vraiment de paix durable ?

    LE THÉOSOPHE — Parce qu'on ne peut atteindre autrement le but final que par les expériences de la vie, et que celles-ci sont en général faites de douleur et de souffrance. Ce n'est qu'en traversant ces épreuves que nous pouvons apprendre. Les joies et les plaisirs ne nous enseignent rien ; ils sont passagers et ne peuvent amener, à la longue, que la satiété. D'ailleurs, le fait que nous ne réussissions jamais à trouver dans la vie une satisfaction permanente qui réponde aux besoins de notre nature supérieure nous montre clairement qu'il n'est possible de satisfaire ces besoins que sur le plan auquel ils appartiennent, c'est-à-dire le plan spirituel.

    QUESTION — Le désir d'en finir avec la vie par tous les moyens possibles n'est-il pas la conséquence naturelle de cette impuissance ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément non, si par ce désir vous entendez celui du « suicide » . Un tel résultat ne peut jamais être « naturel » , mais il est toujours dû à un trouble morbide du cerveau ou à des idées matérialistes trop fortement ancrées. C'est le pire des crimes, et ses conséquences sont terribles. Mais si, en


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    parlant de désir, vous entendez simplement l'aspiration à atteindre l'existence spirituelle, non le souhait de quitter cette terre, je dirais que c'est un désir très naturel, en vérité. Tandis que se donner volontairement la mort, c'est abandonner le poste qui est le nôtre actuellement, et les devoirs qui nous incombent ; c'est aussi tenter de se soustraire aux responsabilités karmiques, et cela entraîne la création d'un karma nouveau.

    QUESTION — Mais, si les actions accomplies sur le plan matériel ne peuvent nous satisfaire, pourquoi faudrait-il que des devoirs, qui sont également des actions, nous soient imposés ?

    LE THÉOSOPHE — Avant tout, parce que notre philosophie nous enseigne que l'accomplissement de nos devoirs envers tous les hommes, et envers nous-mêmes en dernier lieu, n'a pas pour but de conduire à notre bonheur personnel, mais au bonheur des autres ; il faut faire le bien pour le bien, non pour ce qu'il peut nous procurer. Le bonheur, ou plutôt le contentement, peut effectivement résulter de l'accomplissement du devoir, mais n'en est pas le motif et ne devrait pas l'être.

    QUESTION — Mais qu'entendez-vous précisément par « devoir » en Théosophie ? Ce devoir ne saurait être le même que les devoirs chrétiens prêchés par Jésus et par ses Apôtres, puisque vous ne les reconnaissez pas.

    LE THÉOSOPHE — Vous vous trompez encore une fois. Ces devoirs, que vous appelez « chrétiens » , il n'est pas de grand réformateur moral ou religieux qui, bien des siècles avant l'ère chrétienne, ne les ait inculqués. Dans l'Antiquité, tout ce qui était grand, généreux, héroïque, a été non seulement discuté et prêché du haut de la chaire comme à l'époque actuelle, mais pratiqué, quelquefois par des nations entières. L'histoire de la réforme apportée par le bouddhisme est remplie des actions les plus nobles, les plus héroïquement désintéressées. « Soyez tous d'une même pensée, pleins de compassion les uns envers les autres, aimez-vous comme des frères, soyez miséricordieux et courtois, en ne rendant point le mal pour le mal, ni injure pour


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    injure, mais, au contraire, en bénissant votre prochain » ; tels étaient les préceptes que pratiquaient les disciples du Bouddha, plusieurs siècles avant Pierre. L'éthique du christianisme est noble, sans aucun doute, mais assurément elle n'est pas nouvelle et a son origine dans les devoirs « païens » .

    QUESTION — Et comment définiriez-vous ces devoirs, ou plutôt le « devoir » en général, tel que vous entendez ce terme ?

    LE THÉOSOPHE — Le devoir est ce qui est dû à l'humanité — à nos semblables, nos voisins, notre famille — et c'est surtout ce que nous devons à tous ceux qui sont plus pauvres et plus démunis que nous. Si nous ne nous acquittons pas de cette dette de notre vivant, notre prochaine incarnation nous trouvera en état d'insolvabilité spirituelle et de faillite morale. La Théosophie est la quintessence du devoir.

    QUESTION — Mais le christianisme, bien compris et pratiqué, l'est aussi.

    LE THÉOSOPHE — Certainement ; mais s'il n'était pas, dans les faits, une religion des lèvres, la Théosophie aurait peu à faire parmi les chrétiens. Malheureusement, le christianisme n'est que ce genre de chose — une éthique des lèvres. Peu nombreux sont ceux qui remplissent leur devoir envers les autres, pour le devoir lui-même ; et encore plus rares sont ceux qui le font en se contentant de la satisfaction de leur conscience intime. C'est...

    « ... la voix publique de la louange,
    honorant la vertu d'un juste salaire » ,

    qui préoccupe l'esprit des philanthropes « de renommée mondiale » . C'est une bien belle chose à lire et à entendre discuter que l'éthique moderne ; mais les paroles, que valent-elles, à moins qu'elles ne se transforment en actes ? Enfin, puisque vous me demandez de quelle façon nous entendons le devoir théosophique d'une manière générale, et du point de vue de karma, je puis vous répondre que notre devoir est de boire jusqu'à la lie, et sans murmurer, tout ce que la coupe de la vie peut avoir pour nous ; de


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    cueillir les roses de l'existence uniquement pour le parfum qu'elles peuvent répandre sur les autres, et de nous contenter nous-mêmes des épines, si nous ne pouvons jouir du parfum sans qu'un autre en soit privé.

    QUESTION — Tout cela est bien vague. Que faites-vous de plus que les chrétiens ?

    LE THÉOSOPHE — La question n'est pas de savoir ce que nous, membres de la Société Théosophique, faisons — bien qu'il y en ait parmi nous qui fassent de leur mieux — mais de dire jusqu'à quel point la Théosophie nous rapproche plus du bien que le christianisme moderne. Je parle d'action, d'action volontaire, et non pas de simple intention et de discours. Un homme peut être ce qu'il veut, le plus mondain, le plus égoïste et le plus dur des hommes, même le pire des scélérats, cela ne l'empêchera pas de se dire chrétien, et les autres ne l'en tiendront pas moins pour tel. Mais aucun théosophe n'a droit à ce nom s'il n'est pénétré de la vérité de cet adage de Carlyle : « L'homme doit avoir pour but une action, non une pensée, la plus noble soit-elle » , et s'il ne règle et ne modèle sa vie journalière sur cette vérité. Professer une vérité, ce n'est pas encore la mettre en pratique. Plus les principes qu'on professe sont beaux et nobles, plus on parle haut de la vertu et du devoir, au lieu de les pratiquer, et plus fortement ils feront songer aux fruits de la Mer Morte. La fausse piété, l'apparence de vertu, en un mot l'hypocrisie, est le plus odieux de tous les vices, et c'est le trait le plus saillant de l'Angleterre, le plus grand pays protestant de ce siècle.

    QUESTION — Qu'est-ce qui, selon vous, est dû à l'humanité en général ?

    LE THÉOSOPHE — C'est la pleine reconnaissance pour tous, sans distinction de race, de couleur, de position sociale ou de naissance, de l'égalité de tous les droits et privilèges.

    QUESTION — Quand estimez-vous que ce dû n'est pas accordé ?


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    LE THÉOSOPHE — Lorsqu'on empiète, si peu que ce soit, sur le droit d'un tiers, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une nation ; lorsqu'on néglige de traiter un autre avec la même justice, la même bonté, la même considération ou la même miséricorde que celle dont on souhaiterait bénéficier soi-même. Tout le système politique actuel est fondé sur l'oubli de tels droits et sur les plus féroces revendications de l'égoïsme national. Le Français dit : « Tel maître, tel valet » , il devrait ajouter : « Telle politique nationale, tel citoyen. »

    QUESTION — Prenez-vous une part quelconque à la politique ?

    LE THÉOSOPHE — En tant que Société, nous nous en gardons soigneusement, et pour les raisons exposées ci-après. Chercher à faire des réformes politiques avant d'avoir réformé la nature humaine, c'est mettre du vin nouveau dans de vieilles outres. Amenons les hommes à sentir et à reconnaître au fond de leur cœur ce qu'est leur devoir véritable et réel envers tous, et tous les vieux abus de pouvoir, toutes les lois iniques en vigueur dans la nation et basées sur l'égoïsme humain, social ou politique, disparaîtront du même coup. Tel jardinier serait un insensé qui tâcherait de faire disparaître les mauvaises herbes de ses plates-bandes en les coupant au ras du sol, au lieu d'en arracher les racines. On ne réalisera jamais de réforme politique durable tant que les mêmes hommes égoïstes resteront, comme par le passé, à la tête des affaires nationales.

     

    LES RAPPORTS DE LA S. T.
    AVEC LES RÉFORMES POLITIQUES

     

    QUESTION — La Société Théosophique n'est donc pas une organisation politique ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément non. Elle est internationale, au sens le plus élevé du mot, du fait que ses membres sont des hommes et des femmes appartenant à toutes les races, à toutes les croyances, comme à tous les courants de pensée, et qui sont unis


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    pour travailler dans le même but : l'amélioration de l'humanité. Mais, en tant que Société, elle ne s'occupe en aucune manière de politique nationale, ou de politique de parti.

    QUESTION — Et pourquoi ?

    LE THÉOSOPHE — Précisément pour les raisons mentionnées ci-dessus. D'ailleurs, toute action politique varie nécessairement selon les circonstances du temps et les caractéristiques des individus. Or, si, par la nature même de leur position en tant que théosophes, les membres de la S. T. sont d'accord sur les principes de la Théosophie — autrement ils n'appartiendraient pas à cette Société — il ne s'ensuit aucunement qu'ils soient du même avis sur toutes les autres questions. En tant que groupement humain, ils ne peuvent agir d'un commun accord que dans les questions qui leur sont communes, c'est-à-dire en ce qui concerne la Théosophie elle-même ; en tant qu'individus, chacun est parfaitement libre de suivre sa ligne de pensée et d'action politique particulière, pourvu que celle-ci ne soit pas en contradiction avec les principes théosophiques et ne cause aucun tort à la Société Théosophique elle-même.

    QUESTION — Mais la S.T. ne se tient assurément pas à l'écart des questions sociales dont l'importance s'accroît de jour en jour ?

    LE THÉOSOPHE — Les principes mêmes de la S.T. prouvent qu'elle n'y reste pas étrangère, ou, plutôt, que la plupart de ses membres ne se tiennent pas à l'écart de ces questions. Si l'humanité ne peut se développer, mentalement et spirituellement, qu'en se conformant à certaines lois, en commençant par les lois les plus naturelles et les plus scientifiques de la physiologie, il incombe à tous ceux qui s'efforcent de favoriser ce développement de veiller de leur mieux à ce que ces lois soient observées dans la collectivité. Tous les théosophes savent malheureusement trop bien que la condition sociale d'un grand nombre d'hommes, surtout dans les pays occidentaux, leur interdit d'exercer convenablement leur corps aussi bien que leur esprit, et que leur développement dans ces deux domaines en est


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    presque entièrement arrêté. Comme cet exercice, avec le développement qu'il entraîne, constitue l'un des buts exprès de la Théosophie, la S.T. est en parfaite sympathie et harmonie avec tout effort véritable entrepris dans ce sens.

    QUESTION — Qu'entendez-vous par « tout effort véritable » ? Chaque réformateur social a sa panacée à lui, et chacun croit que la sienne est seule capable d'améliorer et de sauver l'humanité.

    LE THÉOSOPHE — Ce que vous dites n'est que trop vrai ; et c'est pourquoi on réalise si peu de bon travail social. La plupart de ces panacées manquent de tout principe directeur, et il n'y a certainement pas le moindre principe qui les relie entre elles. De la sorte, un temps précieux et beaucoup d'énergie sont dépensés en pure perte ; car, au lieu de coopérer, les hommes combattent les uns contre les autres, et souvent, il faut le craindre, avec l'idée d'obtenir renommée ou récompense, plutôt que de faire triompher la grande cause qu'ils prétendent avoir à coeur, et qui devrait être le but suprême de leur vie.

    QUESTION — Comment devrait-on donc appliquer les principes de la Théosophie pour promouvoir une coopération dans le domaine social, et faire de véritables efforts en vue de l'amélioration de la société ?

    LE THÉOSOPHE — Permettez-moi de vous rappeler brièvement quels sont ces principes : l'unité et la causalité universelles, la solidarité humaine, la loi de karma, la ré-incarnation. Ce sont là les quatre anneaux de la chaîne d'or qui devrait unir l'humanité en une seule famille, en une seule Fraternité universelle.

    QUESTION — Mais comment ?

    LE THÉOSOPHE — Dans l'état actuel de la société, surtout dans les pays prétendus civilisés, il y a un fait constant qui saute aux yeux : un grand nombre de gens souffrent continuellement de la misère, de l'indigence, de la maladie. Leur condition physique est lamentable, leurs facultés mentales et spirituelles sont souvent


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    endormies. Par contre, beaucoup de personnes qui se trouvent à l'autre extrémité de l'échelle sociale mènent une vie d'indifférence insouciante, de luxe matériel et de jouissances égoïstes. Ces deux sortes d'existence ne sont cependant pas dues au hasard. Toutes deux sont l'effet des conditions qui constituent le milieu où vivent ceux qui y sont soumis, et il existe un lien très intime entre la négligence des devoirs sociaux qui incombent aux uns, et la déficience et l'arrêt du développement des autres. En sociologie, comme dans toutes les branches de la vraie science, se vérifie la loi de causalité universelle, qui implique nécessairement, comme une conséquence logique, cette solidarité humaine sur laquelle insiste tant la Théosophie. Si l'action d'un seul réagit sur la vie de tous — et si c'est là la véritable idée scientifique — il s'ensuit que l'on n'atteindra cette réelle solidarité humaine, qui est à la base même de l'élévation de la race, que si tous les hommes deviennent frères et toutes les femmes soeurs, et que si tous adoptent dans la pratique de leur vie quotidienne un vrai comportement de frères et de sœurs. C'est dans cette action et cette réciprocité, cette conduite authentique qui devrait exister entre des frères et des sœurs, s'efforçant de vivre un pour tous et tous pour un, que se trouve l'un des principes fondamentaux de la Théosophie que chaque théosophe devrait se sentir tenu non seulement d'enseigner, mais de mettre en pratique dans sa vie personnelle.

    QUESTION — Tout cela est fort bien comme principe général, mais comment l'appliquer d'une manière concrète ?

    LE THÉOSOPHE — Examinez un instant ce qu'on pourrait appeler les faits concrets de la société humaine. Considérez non seulement l'existence des masses populaires, mais aussi celle des gens qui forment ce qu'on appelle la classe moyenne et la classe supérieure, et comparez-la à ce qu'elle pourrait être dans des conditions plus saines et plus nobles, sous un authentique régime de justice, de bienveillance et d'amour, au lieu du régime d'égoïsme, d'indifférence et de brutalité qui ne semble que trop souvent régner en maître à présent. Tout ce qui est bien, comme tout ce qui est mal dans l'humanité, a sa racine dans le caractère


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    humain, et ce caractère est, et a été, conditionné par la chaîne sans fin des causes et des effets. Mais ce genre de détermination s'applique à l'avenir aussi bien qu'au présent et au passé. L'égoïsme, l'indifférence et la brutalité ne peuvent, en aucun cas, être l'état normal de la race ; nourrir une telle croyance serait désespérer de l'humanité, et cela aucun théosophe ne peut le faire. Le progrès est atteint par le développement des qualités les plus nobles et uniquement de cette façon. Or, la vraie doctrine de l'évolution nous enseigne qu'en changeant le milieu où se trouve l'organisme on peut changer et améliorer l'organisme lui-même : cela s'applique également, et avec autant de vérité, à l'homme. Chaque théosophe doit donc faire son possible pour aider, par tous les moyens en son pouvoir, tout effort social raisonnable et réfléchi ayant pour objet l'amélioration de la condition des pauvres. Mais tous ces efforts devraient se faire en vue d'amener leur émancipation sociale définitive, ou de développer le sentiment du devoir chez ceux qui, à l'heure actuelle, le négligent si souvent dans presque tous les rapports de leur existence.

    QUESTION — D'accord. Mais qui décidera si les efforts sociaux sont raisonnables ou non ?

    LE THÉOSOPHE — Nulle personne, nulle société ne peut fixer de règles définitives à cet égard. Il faut s'en remettre largement au jugement de l'individu. On peut néanmoins donner un critère général : l'action envisagée tend-elle à favoriser cette vraie fraternité dont la réalisation est le but même de la Théosophie ? Un vrai théosophe n'éprouvera guère de peine à en juger ; une fois satisfait sur ce point, son devoir consistera à s'efforcer de former l'opinion publique. Et ceci ne saurait être réalisé qu'en inculquant les conceptions les plus élevées et les plus nobles concernant les devoirs publics et privés qui sont à la base même de tout progrès spirituel et matériel. Dans tous les cas, il devrait être lui-même un centre d'action spirituelle ; et, de sa personne, comme de la vie quotidienne qu'il mène comme individu, devraient rayonner ces forces spirituelles supérieures qui seules sont susceptibles de régénérer ses semblables.


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    QUESTION — Mais pourquoi ferait-il cela ? Tous les hommes, aussi bien que lui, ne sont-ils pas, comme vous l'avez dit, conditionnés par leur karma ; et ne faut-il pas que le karma s'accomplisse nécessairement selon certaines voies ?

    LE THÉOSOPHE — C'est la loi de karma elle-même qui donne de la force à tout ce que je viens de dire. L'individu ne peut pas plus se séparer de la race que la race de l'individu. La loi de karma s'applique également à tous, quoique tous ne soient pas également développés. En contribuant au développement de ses semblables, le théosophe croit non seulement les aider à accomplir leur karma, mais, en même temps, s'acquitter strictement du sien. Il a toujours en vue le développement de l'humanité, dont lui et les autres font partie intégrante. Et il sait, de plus que, chaque fois qu'il néglige de répondre aux injonctions de ce qu'il y a de plus élevé en lui, il retarde non seulement la marche de son progrès mais celle de tous les autres. Par ses actions, il a la faculté de rendre plus pénible, ou plus facile, à l'humanité l'accession au plan suivant et plus élevé de l'être.

    QUESTION — Mais quel rapport y a-t-il entre cela et le quatrième des grands principes que vous avez mentionnés plus haut, c'est-à-dire la ré-incarnation ?

    LE THÉOSOPHE — Ce rapport est on ne peut plus intime. Si notre vie actuelle dépend du développement de certains principes qui se sont élaborés à partir des germes laissés après une existence antérieure, la loi s'applique aussi nécessairement à l'avenir. Une fois que nous nous serons pénétrés de l'idée que le principe de causalité universelle n'agit pas seulement dans le présent, mais englobe à la fois le passé, le présent et l'avenir, chaque action, sur le plan qui est actuellement le nôtre, trouvera naturellement et aisément sa vraie place et nous apparaîtra dans son véritable rapport avec nous-mêmes et avec les autres. Toute action mesquine et égoïste nous fait rétrograder, au lieu de nous faire avancer, tandis que toute pensée noble et tout acte désintéressé sont autant de degrés franchis dans notre ascension vers les plans plus élevés et plus glorieux de l'être. S'il n'y avait que cette


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    vie, elle serait en vérité pauvre et médiocre sous bien des rapports ; mais, considérée comme une préparation en vue de la prochaine sphère d'existence, il nous est loisible d'en faire la porte d'or par où nous pourrons un jour accéder — non pas seuls, en égoïstes, mais en compagnie de nos semblables — aux palais qui se trouvent au-delà.

     

    DE L'ABNÉGATION

     

    QUESTION — L'idéal le plus haut de la Théosophie est-il donc la justice égale pour tous et l'amour pour toutes les créatures ?

    LE THÉOSOPHE — Non, il y en a un qui est encore bien plus élevé.

    QUESTION — Quel peut-il être ?

    LE THÉOSOPHE — Il consiste à donner à autrui plus qu'à soi-même — c'est l'abnégation, le sacrifice de soi. Voilà ce qui caractérise éminemment l'idéal des plus grands Maîtres et Instructeurs de l'Humanité — tels que le Bouddha Gautama de l'Histoire et le Jésus de Nazareth des Évangiles. Ce trait seul a suffi à leur assurer la vénération et la reconnaissance perpétuelle des générations qui les suivirent. Il convient pourtant de dire que l'abnégation doit être pratiquée avec discernement ; car un tel sacrifice de soi fait aveuglément, sans jugement et sans égard pour les résultats qu'il entraîne, peut souvent se révéler mutile et même nuisible. Une des règles fondamentales de la Théosophie est la justice envers soi-même, en se considérant comme une unité de l'ensemble de l'humanité, non pas une justice que l'on s'accorderait personnellement, mais bien plutôt que l'on se rendrait impartialement — en ne s'octroyant ni plus ni moins qu'aux autres. À moins, en vérité, que par le sacrifice d'un seul soi nous puissions être utiles au plus grand nombre.

    QUESTION — Ne pourriez-vous pas me donner une illustration de ce que vous dites, afin de rendre votre idée plus claire ?


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    LE THÉOSOPHE — L'histoire nous fournit maints exemples. D'après la Théosophie, l'abnégation qui permet de faire pratiquement du bien pour sauver de nombreux êtres, ou même quelques-uns, est infiniment supérieure au sacrifice accompli pour servir une idée sectaire comme, par exemple, « dans le but de sauver les païens de la damnation » . À notre avis, le Père Damien qui, à l'âge de trente ans, offrit sa vie entière en sacrifice pour aider les lépreux de Molokai et soulager leurs souffrances, et qui, après avoir vécu seul parmi eux pendant dix-huit ans, finit par contracter l'affreuse maladie et en mourir, ne mourut pas en vain. Il procura un soulagement et un bonheur relatif à des milliers de misérables épaves humaines. Il leur apporta une consolation morale aussi bien que physique. Il éclaira d'un rayon de lumière la nuit noire et horrible de leur existence, dont le désespoir n'a point de pareil dans les annales de la souffrance humaine. Il fut un véritable théosophe dont l'image restera à jamais marquée dans notre souvenir. À nos yeux, ce pauvre prêtre belge est infiniment supérieur, par exemple, à ces insensés sincères, mais épris de vaine gloire, que sont ces missionnaires, qui ont sacrifié leur vie dans les îles des mers du Sud ou en Chine. Quel bien ont-ils fait ? Dans un cas, ils sont allés vers des êtres qui n'étaient pas encore prêts à recevoir quelque vérité que ce soit ; et, dans l'autre, vers une nation dont les systèmes de philosophie religieuse se révéleraient aussi sublimes que n'importe quels autres, si seulement le peuple qui les possède vivait conformément aux préceptes de Confucius et de ses autres sages. Parmi ces missionnaires, les uns ont péri aux mains de sauvages et de cannibales irresponsables, tandis que les autres ont trouvé la mort, victimes du fanatisme et de la haine de la populace. S'ils étaient allés vers les taudis de Whitechapel, ou quelque autre lieu du même genre, où végètent dans un état de stagnation, sous le soleil flamboyant de notre civilisation, une foule de sauvages chrétiens dans un état de lèpre morale, ils auraient pu faire un bien véritable, tout en épargnant leur vie pour la vouer à une cause meilleure et plus noble.

    QUESTION — Mais les chrétiens ne pensent pas ainsi.


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    LE THÉOSOPHE — Naturellement, puisqu'ils se basent sur une croyance erronée. Ils croient pouvoir sauver de la damnation l'âme d'un sauvage irresponsable en baptisant son corps. Une Église oublie ses martyrs, tandis que l'autre béatifie des hommes tels que Labre qui, pendant quarante ans, n'a rien fait que de sacrifier son corps à la vermine dont il était couvert et elle érige des statues en leur honneur. Si nous en avions les moyens, nous élèverions une statue au Père Damien, le saint qui a prouvé sa sainteté par la pratique, afin d'éterniser sa mémoire comme un exemple vivant d'héroïsme théosophique, et d'une miséricorde et d'une abnégation qui sont dignes à la fois du Bouddha et du Christ.

    QUESTION — Selon vous, le sacrifice de soi est donc un devoir ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément. Et la raison en est que l'altruisme fait intégralement partie du développement de soi. Mais nous devons faire preuve de discernement. Un homme n'a pas le droit de se laisser mourir de faim pour qu'un autre puisse avoir de quoi vivre, à moins que la vie de celui-ci ne soit sans aucun doute plus utile à la collectivité que la sienne. Mais c'est son devoir de sacrifier son propre confort, et de travailler pour ceux qui ne sont pas en état de travailler pour eux-mêmes. C'est également son devoir de donner tout ce qui lui appartient en propre et qui ne peut profiter qu'à lui-même s'il le garde égoïstement et ne le partage pas avec les autres. La Théosophie enseigne l'abnégation, mais elle n'enseigne pas le sacrifice inconsidéré et inutile de soi-même, pas plus qu'elle ne justifie le fanatisme.

    QUESTION — Mais comment atteindre à une si grande élévation de l'âme ?

    LE THÉOSOPHE — Par l'application éclairée de nos préceptes dans la pratique. En nous servant de notre raison supérieure, de notre intuition spirituelle et de notre sens moral ; en suivant les injonctions de ce que nous appelons la « petite voix silencieuse » de notre conscience, qui est celle de l'Ego, et qui


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    parle plus fort en nous que les tremblements de terre et les tonnerres de Jéhovah, où « le Seigneur n'est point » .

    QUESTION — Si tels sont nos devoirs envers l'humanité en général, quels sont, selon vous, ceux que nous avons à remplir à l'égard de notre entourage immédiat ?

    LE THÉOSOPHE — Exactement les mêmes, avec, en plus, ceux qui nous incombent par suite d'obligations particulières dues à nos liens de famille.

    QUESTION — II n'est donc pas vrai, comme on le dit, que, dès qu'il entre dans la Société Théosophique, un homme commence à se détacher peu à peu de sa femme, de ses enfants et de ses devoirs de famille ?

    LE THÉOSOPHE — C'est une calomnie dénuée de fondement, comme tant d'autres. Le premier de tous les devoirs théosophiques est de remplir son devoir envers tous les hommes, et spécialement envers ceux à l'égard de qui nous avons des responsabilités particulières, pour les avoir contractées volontairement — tels les liens du mariage — ou parce que la destinée les a imposées, tels les devoirs envers nos parents et notre famille.

    QUESTION — Et quel peut être le devoir du théosophe envers lui-même ?

    LE THÉOSOPHE — Maîtriser et vaincre le soi inférieur au moyen du Soi Supérieur. Se purifier intérieurement et moralement ; ne craindre rien, ni personne, sauf le jugement de sa propre conscience ; ne jamais rien faire à demi — autrement dit, ce qu'on croit bien, le faire ouvertement et hardiment ; ce qu'on croit mal, s'en abstenir entièrement. C'est le devoir du théosophe d'alléger son fardeau en pensant à ce sage conseil d'Épictète : « Ne te laisse détourner de ton devoir par aucun des jugements oiseux que le monde insensé peut porter sur toi, car, comme tu n'as aucun pouvoir sur ses critiques, elles ne devraient pas te préoccuper. »

    QUESTION — Supposez pourtant qu'un membre de votre Société


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    allègue son incapacité de pratiquer l'altruisme en raison du précepte que « charité bien ordonnée commence par soi-même » , et en insistant sur ce fait qu'il est trop occupé, ou trop pauvre, pour se rendre utile à l'humanité, ou à qui que ce soit ; que prévoient vos règlements en pareils cas ?

    LE THÉOSOPHE — Personne, sous quelque prétexte que ce soit, n'a le droit de dire qu'il ne peut rien faire pour autrui. Comme l'a dit un auteur anglais : « L'homme qui accomplit le devoir qui convient, là où il faut, peut faire du monde entier son débiteur » . Un verre d'eau fraîche offert à temps à un passant altéré est un acte plus noble et qui vaut mieux qu'une douzaine de repas offerts sans raison plausible à des gens assez riches pour se les payer eux-mêmes. Aucun homme qui n'en a déjà la fibre en lui-même ne deviendra jamais un vrai théosophe. Il peut toutefois rester membre de notre Société ; nous n'avons pas de règlement pour forcer qui que ce soit à devenir pratiquement théosophe, s'il ne le désire pas.

    QUESTION — Mais pourquoi un tel homme entre-t-il dans la Société ?

    LE THÉOSOPHE — Sans doute le sait-il mieux que personne, car, ici encore, il ne nous appartient pas de juger d'avance qui que ce soit, quand bien même la voix de la communauté tout entière s'élèverait contre lui ; et je puis vous dire pourquoi : de nos jours vox populi — tout au moins en ce qui concerne le jugement des classes instruites — n'est plus vox dei, la voix de Dieu, mais plutôt celle du préjugé, ou des motifs égoïstes — souvent, tout simplement, celle de l'impopularité. Notre devoir est de semer à pleines mains pour l'avenir, en veillant à ce que la semence soit bonne, sans nous arrêter pour nous demander pourquoi nous devons le faire, ni comment et pour quelle raison nous sommes obligés de perdre notre temps, puisque ce ne sera jamais nous qui, dans les jours futurs, en recueillerons la moisson.


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    LA CHARITÉ

     

    QUESTION — Comment les théosophes considèrent-ils le devoir chrétien de la charité ?

    LE THÉOSOPHE — Parlez-vous de la charité de la pensée, ou de la charité pratiquée sur le plan matériel ?

    QUESTION — Bien entendu, je parle de la charité pratique, car l'idée que vous vous faites de la fraternité universelle doit nécessairement renfermer la charité de la pensée.

    LE THÉOSOPHE — Vous songez à la mise en pratique des commandements donnés par Jésus dans le Sermon sur la Montagne ?

    QUESTION — Précisément.

    LE THÉOSOPHE — Bien ! Mais pourquoi appelez-vous « chrétiens » ces devoirs ? En effet, bien que votre Sauveur les ait prêchés et pratiqués, la dernière chose dont se soucient les chrétiens de nos jours est de les appliquer dans leur vie.

    QUESTION — Mais il y en a beaucoup qui consacrent leur existence à distribuer des aumônes.

    LE THÉOSOPHE — Oui, mais avec le surplus de leurs grandes fortunes. Cependant, montrez-moi le chrétien, même choisi parmi les plus philanthropes, qui donnerait aussi son manteau au voleur frissonnant et affamé qui lui aurait volé son habit ; ou qui présenterait la joue droite à celui qui l'aurait frappé sur la joue gauche — sans jamais en éprouver de ressentiment.

    QUESTION — Ah ! Mais n'oubliez pas qu'il ne faut pas prendre ces préceptes au pied de la lettre. Les temps et les circontances ont bien changé depuis l'époque du Christ. De plus, il parlait en paraboles.

    LE THÉOSOPHE — Alors, pourquoi vos Églises n'enseignent-elles pas qu'on doit aussi considérer la doctrine de la damnation


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    et du feu de l'enfer comme une parabole ? Pourquoi certains de vos prédicateurs les plus populaires, qui pratiquement admettent l'interprétation de ces « paraboles » comme vous le faites, insistent-ils sur la signification littérale des feux de l'enfer et des tortures physiques d'une âme qu'ils disent incombustible « comme l'amiante » ? Si, dans le premier cas, il s'agit d'une parabole, il doit en être de même dans l'autre. Mais, si le feu de l'enfer est une vérité littérale, alors il faut obéir à la lettre aux commandements du Christ dans le Sermon sur la Montagne. Je vous assure que beaucoup de gens — comme le comte Léon Tolstoï, et plus d'un théosophe — qui ne croient pas à la divinité du Christ, n'en mettent pas moins littéralement en pratique ces préceptes dont la noblesse tient à leur caractère universel. Et combien plus de braves gens — d'hommes et de femmes — en feraient autant, animés par leur bonté, s'ils n'étaient convaincus d'avance qu'en adoptant une telle attitude dans leur vie ils auraient de grandes chances de se retrouver dans un asile d'aliénés, tant vos lois sont chrétiennes !

    QUESTION — Mais, assurément, chacun sait que des millions et des millions sont distribués annuellement en charités publiques et privées ?

    LE THÉOSOPHE — Oh oui ! Mais la moitié de l'argent reste collé aux mains des intermédiaires qui le transmettent, avant de parvenir aux nécessiteux, et une bonne partie, voire la totalité de ce qui reste est distribuée à des mendiants professionnels, trop paresseux pour travailler. Aussi les véritables victimes de la misère et de la souffrance n'en bénéficient-elles guère. N'avez-vous jamais entendu dire que le principal résultat de toute la charité prodiguée il y a quelques années dans l'East end de Londres fut d'élever d'environ vingt pour cent le prix des loyers de Whitechapel ?

    QUESTION — Mais que faire alors ?

    LE THÉOSOPHE — II faut agir individuellement et non collectivement ; suivre les préceptes du bouddhisme du Nord : « Ne te sers jamais de la main d'un autre pour mettre de la nourriture


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    dans la bouche d'un affamé » ; « Ne permets jamais que l'ombre de ton voisin (d'une tierce personne) s'interpose entre toi et l'objet de ta bienveillance » ; « Ne laisse jamais au soleil le temps de sécher une larme avant que tu ne l'aies essuyée » ; et encore : « Ne donne jamais, par l'intermédiaire de tes serviteurs, de l'argent aux nécessiteux, ni de la nourriture aux prêtres qui mendient à ta porte, de peur que ton argent n'amoindrisse la gratitude et que ta nourriture ne se transforme en fiel. »

    QUESTION — Mais comment s'y prendre pour mettre ces préceptes en pratique ?

    LE THÉOSOPHE — Les idées théosophiques sur la charité impliquent un engagement personnel en faveur des autres ; une miséricorde et une bienveillance personnelles ; un intérêt personnel pour le bien-être de ceux qui souffrent ; une sympathie, une prévoyance et une assistance personnelles dans leurs peines et leurs besoins. Nous, théosophes, ne croyons pas qu'il soit bon de donner de l'argent (à supposer, notez-le bien, que nous en ayons) par l'intermédiaire de tierces personnes, ou d'organisations. Nous croyons donner à l'argent mille fois plus de pouvoir et d'efficacité en nous mettant en contact personnel avec ceux qui en ont besoin et en les assurant directement de notre sympathie. Nous croyons qu'il faut tout autant, sinon plus, soulager la faim de l'âme que le vide de l'estomac ; car la gratitude fait plus de bien à celui qui l'éprouve qu'à celui qui la provoque. Où est la reconnaissance que vos « millions de livres sterling » auraient dû faire naître ? Où sont les bons sentiments qu'une telle distribution de charité aurait dû créer ? En voyez-vous la preuve, dans la haine des pauvres de l'East end contre les riches, dans l'extension du parti de l'anarchie et du désordre, ou dans la détresse des milliers de maheureuses ouvrières, victimes du « sweating system » (1) qui sont acculées chaque jour " à la prostitution pour augmenter leurs maigres ressources ? Les vieux et les vieilles sans


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    secours vous remercient-ils pour l'asile que vous leur offrez ? Et vos pauvres ont-ils de la reconnaissance pour les taudis insalubres et infects où on ne leur permet d'élever de nouvelles générations d'enfants maladifs, scrofuleux et rachitiques que pour remplir les poches de ces insatiables Shylock que sont leurs propriétaires ? Voilà pourquoi chacune des pièces d'or de tous ces « millions de livres » , que tant de bonnes gens contribuèrent à rassembler dans leur désir d'être charitables, retombe comme une calamité sur les pauvres qu'elle était destinée à soulager, au lieu d'être pour eux une bénédiction ! Nous appelons cela engendrer du karma national, et terribles en seront les conséquences quand viendra le jour du règlement de comptes !

     

    LA THÉOSOPHIE POUR LES MASSES

     

    QUESTION — Et vous croyez que la Théosophie pourrait, par son intervention, aider à supprimer tous ces maux dans les conditions pratiques défavorables de notre vie moderne ?

    LE THÉOSOPHE — J'en suis fermement convaincu, si nous avions plus d'argent et si la plupart des théosophes n'étaient pas obligés de travailler pour gagner leur pain quotidien.

    QUESTION — Quoi ? Espérez-vous que vos doctrines arriveront jamais à pénétrer dans les masses incultes, alors qu'elles sont si abstruses et si difficiles que les gens instruits peuvent à peine les comprendre ?

    LE THÉOSOPHE — Vous oubliez seulement une chose : c'est que votre éducation moderne, que vous vantez tant; est précisément ce qui rend difficile la compréhension de la Théosophie. Votre mental est si plein de subtilités intellectuelles et d'idées préconçues que votre intuition et votre perception naturelle de la vérité se trouvent paralysées. Ni la métaphysique, ni l'instruction ne sont nécessaires pour faire comprendre à un homme les grandes vérités du karma et de la réincarnation. Regardez les millions de


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    bouddhistes et d'hindous, pauvres et incultes, pour qui karma et la réincarnation sont de solides réalités : leur intelligence n'a jamais été entravée ni dénaturée en subissant la contrainte de vues étroites contraires à la nature. Chez eux, le sens inné de la justice n'a jamais été perverti par l'obligation de croire qu'il suffit qu'un autre homme ait souffert la mort par pitié pour eux, pour que leurs péchés leur soient pardonnés. Remarquez, au surplus, que les bouddhistes mènent une vie conforme à leurs croyances, sans murmurer contre karma, ou ce qu'ils considèrent comme une juste punition ; tandis que la masse des chrétiens ne vit pas conformément à son idéal moral, et n'accepte pas non plus son sort sans se plaindre. De là ces murmures, ce mécontentement et cette intensité de la lutte pour l'existence dans les pays occidentaux.

    QUESTIONS — Mais ce contentement que vous louez tant ne supprimerait-il pas toute motivation pour l'effort et n'arrêterait-il pas tout progrès ?

    LE THÉOSOPHE — Nous, théosophes, disons que votre progrès, et votre civilisation, dont on dit tant de bien, ne valent pas mieux qu'une nuée de feux follets voltigeant au-dessus d'un marécage d'où s'exhalent des miasmes délétères et mortels. Cela, parce que nous voyons sortir de cette boîte de Pandore, que vous nommez un âge de progrès, l'égoïsme, le crime, l'immoralité et tous les maux imaginables qui fondent sur l'infortunée humanité, et qui augmentent au même rythme que le développement de votre civilisation matérielle. À ce prix, mieux valent l'inertie et l'inactivité des pays bouddhistes, qui ne sont d'ailleurs que les conséquences de longues périodes d'esclavage politique.

    QUESTION — Alors toute cette métaphysique et tout ce mysticisme, dont vous vous préoccupez tant, sont sans importance ?

    LE THÉOSOPHE — Pour les masses qui n'ont besoin que d'être guidées et soutenues pratiquement, leur importance n'est pas essentielle alors qu'elle est très grande, au contraire, pour les gens instruits, pour ceux qui sont les guides naturels de ces masses,


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    lesquelles adopteront tôt ou tard leur manière de penser et d'agir. Seule la philosophie peut préserver un homme intelligent et instruit de ce suicide intellectuel qu'est la croyance basée sur une foi ; et ce n'est que par l'assimilation de la logique serrée et de l'enchaînement cohérent des doctrines orientales, sinon ésotériques, qu'il peut se pénétrer de leur vérité. D'ailleurs, la conviction engendre l'enthousiasme, et « l'enthousiasme » , comme le dit Bulwer Lytton, « est le génie de la sincérité, sans lequel la vérité ne remporte aucune victoire » . Emerson observe aussi, avec beaucoup de justesse, que «  tout grand mouvement qui .s'inscrit dans les annales du monde consacre le triomphe de l'enthousiasme » . Et qu'est-ce qui peut produire un tel élan, mieux qu'une philosophie aussi sublime, cohérente, logique et universelle que celle de nos doctrines orientales ?

    QUESTION — Pourtant ses ennemis sont bien nombreux, et chaque jour la Théosophie se trouve en face d'adversaires nouveaux.

    LE THÉOSOPHE — Voilà précisément ce qui prouve l'excellence et la valeur intrinsèque de la Théosophie. On n'a de haine que pour ce que l'on craint, et nul ne s'écarte de son chemin pour renverser ce qui n'inspire aucune crainte, ou reste au niveau de la médiocrité.

    QUESTION — Espérez-vous donc un jour communiquer cet enthousiasme aux masses ?

    LE THÉOSOPHE — Pourquoi pas ? L'histoire montre que les masses ont adopté le bouddhisme avec enthousiasme, et, comme nous l'avons déjà signalé, le nombre restreint de crimes que l'on compte parmi les populations bouddhistes, comparé à celui que l'on relève chez les fidèles de toutes les autres religions, prouve quel effet pratique cette éthique philosophique exerce encore chez eux. L'essentiel est de détruire la source la plus fertile de tout crime et de toute immoralité : la croyance que les hommes peuvent échapper aux conséquences de leurs propres actions. Faites-leur comprendre une bonne fois la vérité des lois de karma et de ré-incarnation, les plus grandes d'entre toutes les lois, et ils


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    réaliseront en eux-mêmes la vraie dignité de la nature humaine, et ils se détourneront du mal en l'évitant comme ils fuiraient un danger physique.

     

    COMMENT LES MEMBRES PEUVENT AIDER LA SOCIÉTÉ

     

    QUESTION — De quelle façon, selon vous, les membres de votre Société peuvent-ils aider le travail ?

    LE THÉOSOPHE — D'abord, en étudiant et en comprenant bien les doctrines théosophiques, afin de pouvoir les enseigner aux autres, particulièrement aux jeunes. Deuxièmement, en saisissant toutes les occasions d'en parler autour d'eux, et d'expliquer ce qu'est et ce que n'est pas la Théosophie ; en corrigeant les idées fausses en ce qui la concerne et en suscitant de l'intérêt pour ce sujet. Troisièmement, en aidant à répandre notre littérature, en achetant, s'ils en ont les moyens, des livres théosophiques en vue de les prêter ou de les donner dans leur entourage, et en incitant leurs amis à en faire autant. Quatrièmement, en défendant la Société par tous les moyens légitimes en leur pouvoir contre les calomnies injustes répandues contre elle. Cinquièmement, et c'est là le plus important, par l'exemple de leur propre vie.

    QUESTION — Mais toute cette littérature qu'il est, selon vous, si important de répandre ne me semble pas devoir aider utilement l'humanité. Ce n'est pas de la charité pratique.

    LE THÉOSOPHE — Ce n'est pas notre avis. Nous croyons qu'un bon livre, qui incite à penser, qui fortifie et clarifie le mental et lui permet de bien saisir des vérités dont il n'avait auparavant qu'une vague perception, sans pouvoir les formuler, ne peut manquer de rendre un service véritable et fécond. Quant à ce que vous appelez des actes de charité pratique, bénéfiques à nos semblables sur le plan physique, nous faisons le peu que nous pouvons ; mais, comme je vous l'ai déjà dit, nous sommes presque tous pauvres, et la Société elle-même n'a pas de quoi payer une équipe de travailleurs. Tous ceux d'entre nous qui


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    travaillent dur pour elle le font gratuitement et, bien souvent, lui donnent aussi de l'argent. Les rares individus parmi nous qui ont les moyens de faire ce qu'on appelle communément des actes de charité suivent les préceptes bouddhiques et accomplissent eux-mêmes ces actes, sans l'intermédiaire d'autres personnes et sans souscrire à des œuvres de charité publique. Ce que le théosophe doit faire avant tout, c'est oublier sa personnalité.

     

    CE QU UN THÉOSOPHE NE DOIT PAS FAIRE

     

    QUESTION — Avez-vous dans votre Société des lois ou des clauses prohibitives pour les théosophes ?

    LE THÉOSOPHE — II y en a beaucoup. Mais hélas ! aucune n'est imposée. Elles expriment l'idéal de notre organisation, mais nous sommes obligés d'en laisser la mise en pratique à la discrétion des membres eux-mêmes. Malheureusement, tel est l'état d'esprit des hommes du siècle actuel que si on ne laissait pas ces clauses, pour ainsi dire, à l'état caduc, nul homme et nulle femme n'oseraient risquer de se joindre à la Société Théosophique. Voilà précisément pourquoi je me sens forcé de tant insister sur la différence qui existe entre la vraie Théosophie et la Société Théosophique qui, malgré ses bonnes intentions et ses grands efforts, en reste l'indigne véhicule.

    QUESTION — Puis-je savoir quels sont ces dangereux écueils épars sur la pleine mer de la Théosophie ?

    LE THÉOSOPHE — Vous faites bien de les appeler des écueils, car plus d'un membre de la S. T., quoique sincère et bien intentionné, a vu sa barque se briser contre eux ! Et pourtant, rien au monde ne semble plus facile que d'éviter certaines choses ! Voici quelques exemples de ce qu'il ne faut pas faire et qui sous-entendent des devoirs positifs et théosophiques. Nul théosophe ne doit garder le silence lorsqu'il entend proférer des paroles de médisance ou des calomnies à l'égard de la Société ou de


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    personnes innocentes, que ces personnes soient des collègues ou des étrangers.

    QUESTION — Mais supposons que ce qu'il entend soit la vérité, ou puisse être la vérité, bien qu'il l'ignore ?

    LE THÉOSOPHE — Alors, il lui faut demander sur quelles preuves sérieuses s'appuie l'assertion, et écouter impartialement les deux parties avant de laisser passer l'accusation sans la contredire. On n'a pas le droit de croire au mal avant d'avoir des preuves irrécusables de la véracité de ce qui a été rapporté.

    QUESTION — Ensuite, que doit-on faire ?

    LE THÉOSOPHE — La pitié et la tolérance, la charité et la longanimité devraient toujours nous porter à excuser nos frères coupables et juger avec la plus grande douceur possible ceux qui s'égarent. Un théosophe ne doit jamais oublier de faire la part des insuffisances et des faiblesses de la nature humaine.

    QUESTION — Doit-il pardonner entièrement dans de pareils cas ?

    LE THÉOSOPHE — Dans tous les cas, surtout si c'est lui qui à reçu l'offense.

    QUESTION — Mais si, en agissant ainsi, il court le risque de nuire, ou de permettre que d'autres soient l'objet de malveillances, que doit-il faire ?

    LE THÉOSOPHE — Son devoir — ce que sa conscience et sa nature supérieure lui suggèrent, mais seulement après mûre réflexion. La justice consiste à ne faire de mal à aucun être vivant. La justice nous ordonne de ne jamais permettre que des innocents, ou même qu'un seul innocent, subissent un tort quelconque en laissant au coupable la liberté d'agir à sa guise.

    QUESTION — Quelles sont les autres clauses prohibitives ?

    LE THÉOSOPHE — Nul théosophe ne devrait se contenter de


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    mener une vie oisive ou frivole, sans utilité pour lui-même et encore moins pour les autres. S'il n'est pas capable de faire de grands efforts pour aider l'humanité, qu'au moins il travaille à se rendre utile au petit nombre de gens qui ont besoin de son aide, et contribue par là au progrès de la cause théosophique.

    QUESTION — Tout cela exige une nature exceptionnelle et doit sembler assez difficile à beaucoup de personnes.

    LE THÉOSOPHE — De telles personnes feraient mieux de rester en dehors de la S.T. au lieu de se montrer sous de fausses couleurs. On ne demande à personne de donner plus qu'il ne peut donner, en dévouement, temps, travail ou argent.

    QUESTION — Et ensuite ?

    LE THÉOSOPHE — Nul membre actif ne devrait attacher trop de valeur à ses progrès personnels ni à son avancement dans ses études théosophiques ; il devrait, au contraire, se montrer prêt à fournir autant de besogne altruiste qu'il peut en accomplir. Il ne devrait pas laisser à la poignée de travailleurs qui sont vraiment dévoués le soin de porter sur leurs épaules le lourd fardeau et la grande responsabilité du Mouvement théosophique. Chaque membre devrait considérer comme son devoir d'assumer la plus grande part possible du travail commun, et d'y contribuer par tous les moyens en son pouvoir.

    QUESTION — Cela n'est que juste ; et après ?

    LE THÉOSOPHE — Nul théosophe ne devrait placer sa vanité ou ses sentiments personnels au-dessus des intérêts de la Société prise dans son ensemble. On ne doit pas tolérer que celui qui sacrifie la bonne réputation de la Société ou celle d'autrui sur l'autel de sa vanité personnelle, de ses intérêts matériels ou de son orgueil, reste membre. Le corps entier devient malade quand un de ses membres est gangrené.

    QUESTION — Chaque membre a-t-il le devoir d'instruire les autres et de prêcher la Théosophie ?


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    LE THÉOSOPHE — Oui, en vérité. Nul membre n'a le droit de rester inactif, sous prétexte qu'Il a trop peu de connaissance pour être à même d'enseigner. Car il peut être sûr qu'il trouvera toujours quelqu'un qui en saura moins que lui. D'ailleurs, c'est seulement lorsqu'un homme se met à la tâche d'instruire les autres qu'il découvre sa propre ignorance et qu'il s'efforce d'y remédier. Mais ceci est une clause mineure.

    QUESTION — Quels sont, selon vous, les plus importants des devoirs théosophiques dont il vient d'être question ?

    LE THÉOSOPHE — Être toujours prêt à reconnaître et à confesser ses propres fautes ; pécher plutôt par excès de louange que par manque d'appréciation des efforts de son prochain ; ne jamais médire d'autrui ni le calomnier ; lui avouer toujours franchement et face à face tout ce qu'on a contre lui ; ne jamais se faire l'écho du mal qu'on peut entendre à son sujet et ne point garder rancune à ceux qui ont parfois une conduite blessante.

    QUESTION — Mais il est souvent dangereux de dire tout net la vérité aux gens. Qu'en pensez-vous ? On m'a parlé de l'un de vos membres qui se jugea amèrement offensé et qui quitta la Société pour en devenir l'ennemi mortel, parce qu'on lui avait dit sans détour certaines vérités désagréables et qu'on l'avait blâmé pour sa conduite coupable.

    LE THÉOSOPHE — II n'est pas le seul de son espèce. Aucun membre, aussi éminent ou médiocre fût-il, ne nous a jamais quittés sans devenir un ennemi acharné.

    QUESTION — Pourquoi cela ?

    LE THÉOSOPHE — C'est bien simple. Dans le plus grand nombre de cas, après avoir été d'abord tout dévoué à la Société, et lui avoir prodigué les louanges les plus exagérées, la seule excuse qu'un tel renégat puisse offrir de sa conduite ultérieure, et de son aveuglement passé, est de se poser en victime innocente et trompée et de se décharger ainsi de ses torts en les mettant au compte de la Société en général et de ses dirigeants en particulier. De telles


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    personnes rappellent la vieille fable de l'homme au visage tors qui brisa son miroir parce qu'il croyait que ses traits y étaient reflétés de travers.

    QUESTION — Mais pourquoi ces gens se retournent-ils contre la Société ?

    LE THÉOSOPHE — La plupart du temps, c'est par une forme ou une autre de vanité blessée, que ce soit parce qu'on n'accepte pas leurs avis péremptoires ou leurs conseils comme des décrets devant faire autorité, ou bien que ces gens sont de ceux qui préfèrent régner en Enfer plutôt que de servir au Ciel. Bref, de telles personnes ne supportent pas d'être au second rang derrière quiconque, en quoi que ce soit. Ainsi, par exemple, l'un de nos membres, un vrai « Monsieur Oracle » , critiquait tous les membres de la S. T., les diffamant presque, et cela non seulement devant des théosophes mais aussi en présence de personnes de l'extérieur, sous le prétexte que leur attitude à tous n'était pas théosophique, en les blâmant ainsi précisément de ce dont il se rendait constamment coupable lui-même. À la fin, il quitta la Société, sous prétexte qu'il était profondément convaincu que nous étions tous des imposteurs, les Fondateurs plus que tous les autres ! Un autre, après avoir intrigué par tous les moyens possibles pour se faire placer à la tête d'une Section importante de la Société, s'aperçut que les membres ne voulaient pas de lui ; il se retourna contre les Fondateurs de la S.T. et devint leur ennemi le plus acharné. Il ne laissa échapper aucune occasion de diffamer l'un d'entre eux en particulier, simplement parce que celui-ci n'avait pu, ni voulu l'imposer aux autres membres. Ce ne fut qu'une affaire de vanité profondément blessée. Un autre encore voulait pratiquer la magie noire, et il s'en servit en effet, c'est-à-dire qu'il exerça une influence psychologique personnelle abusive sur certains membres, tout en feignant un grand dévouement et toutes les vertus théosophiques. Lorsqu'on mit fin à ses pratiques, ce membre rompit avec la Théosophie. À présent, il répand les calomnies et les mensonges les plus virulents contre les infortunés chefs de la Société. Il s'efforce de la détruire en


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    noircissant la réputation de ceux que cet honorable « membre » n'a pas réussi à tromper.

    QUESTION — Que faut-il faire de gens de cette sorte ?

    LE THÉOSOPHE — Les laisser à leur karma. Si une personne fait le mal, ce n'est pas une raison pour que d'autres le fassent aussi.

    QUESTION — Mais revenons à la médisance. Comment établir la ligne de démarcation entre celle-ci et une juste critique ? N'est-il pas de notre devoir de prévenir nos amis et notre entourage contre ceux que nous savons être des compagnons dangereux ?

    LE THÉOSOPHE — Si, en les laissant continuer d'agir sans être inquiétés, d'autres personnes sont exposées à en souffrir, il est certainement de notre devoir de mettre ces personnes en garde contre un tel danger et de les avertir en privé. Mais, vraie ou fausse, il ne faut jamais répandre une accusation contre quelqu'un. Si elle est vraie, et que la faute commise n'affecte que le coupable, laissez-le à son karma. Si elle est fausse, vous aurez évité d'ajouter à l'injustice du monde. Voilà pourquoi il faut garder le silence sur ces choses devant tous ceux qu'elles ne concernent pas directement. Mais si votre discrétion et votre silence peuvent être préjudiciables à d'autres, ou les exposer à un danger, j'ajoute alors à ce que je viens de déclarer : dites la vérité à tout prix, et faites ce que recommande Annesly : « Consultez votre devoir sans vous occuper des événements » . II se trouve des cas où l'on est forcé de s'écrier : « Périsse la discrétion, plutôt que de la laisser entraver le devoir ! »

    QUESTION — II me semble que, si vous cherchez à répandre ces maximes, vous courez le risque de vous attirer une légion de difficultés !

    LE THÉOSOPHE — C'est en effet ce qui nous arrive. Nous devons bien admettre que nous sommes aujourd'hui exposés à un reproche analogue à celui qu'on adressait déjà aux premiers


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    chrétiens : « Regardez comme ces théosophes s'aiment les uns les autres ! » On peut dire cela de nous sans commettre à notre égard l'ombre d'une injustice.

    QUESTION — Si, comme vous l'admettez vous-même, il y a autant, sinon plus, de médisance, de calomnie, et de querelles dans la Société Théosophique que dans les Églises chrétiennes, sans parler des Sociétés Scientifiques, puis-je me permettre de vous demander quel est votre genre de Fraternité ?

    LE THÉOSOPHE — Elle en donne pour l'instant un bien triste exemple, je l'avoue, et tant qu'elle ne sera pas passée au crible et réorganisée, elle ne vaudra pas mieux que toutes les autres. Vous devez vous souvenir cependant que la nature humaine est partout la même, aussi bien dans la Société Théosophique qu'en dehors d'elle. Ses membres ne sont pas des saints ; ce sont tout au plus des pécheurs qui, tout en s'efforçant de mieux faire, peuvent toujours retomber dans leurs péchés par suite de leur faiblesse personnelle. Ajoutez à cela, que notre « Fraternité » n'est pas un organisme « reconnu » , ayant pignon sur rue, et qu'elle se trouve, pour ainsi dire, en dehors du champ de toute juridiction. En outre, la Société est dans un état chaotique et, sans la moindre raison pour cela, plus impopulaire qu'aucune autre organisation. Quoi d'étonnant dans ces conditions à ce que les membres qui ne sont pas parvenus à réaliser l'idéal de la Société aillent, après l'avoir quittée, chercher chez nos ennemis un appui sympathique et déverser dans leurs oreilles toutes disposées à les entendre tout leur fiel et toute leur amertume ? Sachant que n'importe quelle accusation, même la plus absurde, qu'il leur plaira de lancer contre la Société Théosophique trouvera facilement soutien, crédit et accueil empressé, ils ne s'en privent pas et se hâtent de se venger de l'innocent miroir qui n'a que trop fidèlement réfléchi leurs propres traits. On ne pardonne jamais à ceux à qui on a fait du tort. Le sentiment d'avoir payé d'ingratitude la bonté qu'ils ont reçue les précipite dans une rage d'auto-justification devant le monde et leur propre conscience. Le monde n'est que trop porté à croire tout ce que l'on peut trouver à redire contre une Société qu'il déteste.


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    Quant à leur conscience, je n'en dirai pas plus, de peur d'en avoir déjà trop dit à ce sujet.

    QUESTION — Votre position ne me semble pas très enviable.

    LE THÉOSOPHE — En effet. Mais ne croyez-vous pas qu'il doit y avoir quelque chose de très noble, de très élevé, de très vrai à la base de la Société et de sa philosophie, pour que les dirigeants et les fondateurs de ce Mouvement continuent de travailler pour elle de toutes leurs forces ? À cette œuvre ils sacrifient tout bien-être, toute réussite et toute prospérité dans ce monde, même leur bon renom et leur réputation — voire leur bonheur — pour recevoir en retour de continuels reproches, des persécutions acharnées, des médisances inlassables, une constante ingratitude, une incompréhension de leurs meilleurs efforts, avec des coups et des horions pleuvant de toutes parts, alors que, s'ils abandonnaient leur œuvre, ils se trouveraient immédiatement dégagés de toute responsabilité et à l'abri de toute nouvelle attaque.

    QUESTION — J'avoue que cette persévérance me paraît très étonnante, et je me suis demandé pourquoi vous poursuiviez toute cette œuvre.

    LE THÉOSOPHE — Croyez-moi, ce n'est pas pour une satisfaction personnelle, mais seulement dans l'espoir de former quelques individus propres à maintenir vivante l'œuvre que nous accomplissons pour l'humanité, conformément à son programme initial, et capables de la poursuivre après la mort et la disparition des Fondateurs. Ils ont déjà trouvé quelques âmes nobles et dévouées qui les remplaceront. Grâce à elles, le sentier qui mène à la paix semblera un peu moins épineux et un peu plus large aux générations à venir. Ainsi, toute cette souffrance aura produit de bons résultats, et leur propre sacrifice n'aura pas été vain. À présent, la préoccupation principale, essentielle, de la Société est de semer dans le cœur des hommes des germes qui pourront se développer avec le temps et qui, dans des circonstances plus propices, susciteront une réforme saine, amenant pour les masses un bonheur plus grand que celui dont elles ont joui jusqu'à présent.


    (1) Système d'exploitation patronale de la main-d'œuvre, payée à des salaires dérisoires (N.d.T.).



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    XIII

    FAUSSES CONCEPTIONS
    SUR LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE


     

    LA THÉOSOPHIE ET L'ASCÉTISME

     

    QUESTION — J'ai entendu dire que vos règles prescrivaient à tous vos membres de s'astreindre à un régime végétarien, au célibat et à un ascétisme strict, mais vous ne m'en avez encore rien dit. Pourriez-vous m'indiquer ce qu'il en est, une fois pour toutes.

    LE THÉOSOPHE — La vérité c'est que nos règles n'exigent rien de tel. La Société Théosophique n'attend même pas (et à plus forte raison n'exige pas) que l'un ou l'autre de ses membres se livre à un ascétisme quelconque — à moins que vous n'appeliez ascétisme le fait de s'efforcer d'aider autrui et de ne pas être égoïste dans la vie.

    QUESTION — Pourtant, beaucoup de vos membres sont de stricts végétariens et avouent franchement leur intention de rester célibataires. Et, très souvent, ces membres sont de ceux qui prennent une part importante au travail de votre Société.

    LE THÉOSOPHE — II n'y a rien que de très naturel à cela. Bon nombre de ceux qui sont les plus dévoués appartiennent, comme je l'ai déjà dit, à la Section Intérieure de la Société.

    QUESTION — Ah ! Ainsi vous exigez des pratiques ascétiques dans cette Section Intérieure ?


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    LE THÉOSOPHE — Non. Même là, nous ne demandons ni n'imposons rien de tel. Mais je vois que je ferais mieux de vous expliquer nos vues au sujet de l'ascétisme en général, afin que vous puissiez mieux comprendre la question du végétarisme et d'autres de ce genre.

    QUESTION — Je vous écoute.

    LE THÉOSOPHE — Comme je viens de le dire, la majorité de ceux qui deviennent vraiment de sérieux étudiants de la Théosophie et des travailleurs actifs dans notre Société ne veulent pas se borner à une étude théorique des vérités enseignées. Ils désirent savoir la vérité par leur propre expérience personnelle et directe, et se mettre à l'étude de l'Occultisme, dans le but d'acquérir la sagesse et le pouvoir dont ils sentent qu'ils ont besoin pour aider leurs semblables d'une façon efficace et judicieuse, et non aveuglément et au hasard. C'est pourquoi, tôt ou tard, ils se joignent à la Section Intérieure.

    QUESTION — Mais vous venez de dire que les « pratiques ascétiques » ne sont pas obligatoires, même dans la Section Intérieure.

    LE THÉOSOPHE — Elles ne le sont pas non plus. Mais la première chose que ses membres apprennent est une conception vraie des rapports qui existent entre le corps, ou l'enveloppe physique, et l'homme intérieur et véritable. La relation et l'interaction mutuelles entre ces deux aspects de la nature humaine leur sont expliquées et démontrées, de sorte que les membres ne tardent pas à se pénétrer de la suprême importance de l'homme intérieur en comparaison avec le corps, ou l'enveloppe extérieure. On leur enseigne que tout ascétisme aveugle, pratiqué sans discernement, est simple folie ; que les pratiques de ce saint Labre, dont j'ai déjà parlé, ou celles des fakirs indiens et des ascètes de la jungle qui se font des entailles, se brûlent et se macèrent le corps de la manière la plus cruelle et la plus horrible, ne sont qu'une torture que ces gens s'imposent à des fins égoïstes — le développement du pouvoir de la volonté — mais qu'elles


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    sont parfaitement inutiles pour favoriser le vrai développement spirituel ou théosophique.

    QUESTION — Je comprends. Vous considérez que seul l'ascétisme moral est nécessaire. C'est un moyen pour atteindre un but, ce but étant l'équilibre parfait de la nature intérieure de l'homme et la complète maîtrise du corps, de toutes ses passions et de tous ses désirs.

    LE THÉOSOPHE — C'est exactement cela. Mais il faut user de ces moyens avec intelligence et sagesse, non aveuglément et à la légère — comme le fait l'athlète qui s'entraîne et se prépare en vue d'une grande compétition, non comme l'avare qui se rend malade en se privant de nourriture afin de satisfaire sa passion de l'or.

    QUESTION — Je crois saisir maintenant votre idée générale, mais comment s'applique-t-elle, en pratique, au végétarisme par exemple ?

    LE THÉOSOPHE — Un grand savant allemand a démontré que tout tissu animal conserve, quel que soit le mode ou le temps de cuisson, certaines propriétés caractéristiques de l'animal auquel il appartenait — propriétés qui peuvent être retrouvées. Au reste, chacun reconnaît au goût la viande qu'il mange. Nous allons plus loin et prouvons que la chair des animaux assimilée par l'homme sous forme de nourriture lui communique, physiologiquement, certaines des caractéristiques de l'animal dont elle provient. De plus, la science occulte l'enseigne et le prouve à ses étudiants, par une démonstration oculaire ; elle montre que l'effet produit par la nourriture sur l'homme en le rendant plus « grossier » et plus « animal » est d'autant plus marqué qu'il s'agit de la chair de grands animaux ; il est moins sensible avec les oiseaux, moins encore avec les poissons et autres animaux à sang froid, et cet effet de la nourriture est le moins marqué quand l'homme ne mange que des produits végétaux.

    QUESTION — On ferait mieux alors de ne rien manger ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement, s'il était possible de vivre


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    sans manger. Mais puisqu'il faut manger pour vivre, nous ne pouvons que conseiller aux étudiants sérieux de se nourrir de ce qui leur charge et alourdit le moins le cerveau et le corps, de ce qui entrave et retarde le moins le développement de leur intuition, et de leurs facultés et pouvoirs intérieurs.

    QUESTION — Ainsi, vous n'adoptez pas tous les arguments dont se servent d'ordinaire les végétariens ?

    LE THÉOSOPHE — Assurément pas. Certains de leurs arguments ne valent pas grand-chose et reposent souvent sur des hypothèses entièrement erronées. Par contre, bien des choses qu'ils disent sont tout à fait justes. Par exemple, nous croyons que bien des maladies, et en particulier cette grande prédisposition à la maladie qui devient si marquée de nos jours, résultent, pour une large part, de la consommation que l'on fait de la viande, surtout de la viande en conserve. Mais discuter à fond de cette question du végétarisme et de ses mérites nous prendrait trop de temps ; passons donc à autre chose.

    QUESTION — Permettez-moi encore une question. Que doivent faire les membres de la Section Intérieure en ce qui concerne leur nourriture quand ils tombent malades ?

    LE THÉOSOPHE — Suivre le meilleur conseil pratique qu'ils peuvent obtenir, bien évidemment. N'est-il pas encore clair pour vous que nous n'imposons jamais d'obligations strictes sous ce rapport ? Pénétrez-vous une fois pour toutes du fait que, sur tous ces sujets, nous adoptons un point de vue rationnel, jamais fanatique. Si un homme, par suite de maladie, ou d'une longue habitude, ne peut pas se passer de viande, eh bien ! qu'il en mange sans scrupules. Ce n'est pas un crime, et cela ne fera que retarder un peu son progrès spirituel. Car, on aura beau dire, les actions et fonctions purement corporelles ont beaucoup moins d'importance que ce qu'un homme peut avoir comme pensées et éprouver comme sentiments, et ce qu'il encourage comme désirs dans son mental, et permet de s'y enraciner et croître.


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    QUESTION — Quant à l'usage du vin et des spiritueux, je suppose que vous ne conseillez pas d'en boire ?

    LE THÉOSOPHE — Ils sont pires que la viande pour entraver le développement moral et spirituel de l'homme, car l'alcool, sous toutes ses formes, a une influence directe, bien marquée et très nuisible, sur son état psychique. Le fait de boire du vin et de l'alcool n'est guère moins funeste pour le développement des pouvoirs intérieurs que l'usage habituel du hachisch, de l'opium et autres drogues similaires.

     

    LA THÉOSOPHIE ET LE MARIAGE

     

    QUESTION — Passons à un autre sujet. Un homme doit-il se marier, ou rester célibataire ?

    LE THÉOSOPHE — Tout dépend de l'homme en question. Si c'est une personne qui a l'intention de vivre dans le monde, qui, tout en se conduisant comme un bon et sérieux théosophe, un travailleur plein d'ardeur pour notre cause, possède encore des liens et des aspirations le rattachant au monde, en un mot, s'il n'a pas le sentiment d'en avoir fini à jamais avec ce que les hommes appellent la vie, pour ne plus avoir qu'un seul et unique désir : connaître la vérité et être apte à aider les autres, je dis alors qu'il n'y a pas de raison pour qu'un tel homme ne se marie pas, s'il veut courir les risques de cette loterie où il y a tellement plus de perdants que de gagnants. Vous ne croyez certainement pas que nous sommes assez absurdes et fanatiques pour condamner absolument le mariage ? Au contraire, nous disons qu'à part quelques cas rares et exceptionnels d'Occultisme pratique, le mariage est le seul remède contre l'immoralité.

    QUESTION — Mais pourquoi ne pourrait-on acquérir cette connaissance et ce pouvoir tout en vivant la vie conjugale ?

    LE THÉOSOPHE — Mon cher Monsieur, je ne puis discuter en détail avec vous de questions physiologiques. Je peux toutefois


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    vous faire une réponse évidente qui suffira, je n'en doute pas, à vous rendre compréhensibles les raisons morales que nous donnons pour cela. Un homme peut-il servir deux maîtres ? Non ! Eh bien ! il lui sera également impossible de partager son attention entre sa femme et l'étude de l'Occultisme. S'il s'y risque, il échouera à coup sûr à faire convenablement l'un et l'autre. Je voudrais aussi vous rappeler que l'Occultisme pratique est une étude bien trop sérieuse et trop dangereuse pour qu'un homme s'y adonne sans s'y consacrer de la façon la plus authentique, et sans être prêt à tout sacrifier — et lui-même avant toute chose — pour parvenir à ses fins. Mais ceci ne s'applique pas aux membres de notre Section Intérieure : je ne parle ici que de ceux qui sont résolus à suivre le sentier du disciple qui conduit au but suprême. La plupart de ceux qui sont admis dans notre Section Intérieure, sinon tous, ne sont que des débutants qui se préparent, dans leur existence actuelle, à entrer vraiment sur le sentier dans des vies futures.

     

    LA THÉOSOPHIE ET L' ÉDUCATION

    QUESTION — Un de vos plus forts arguments pour démontrer l'insuffisance des formes existantes de la religion en Occident, comme aussi, jusqu'à un certain point, de la philosophie matérialiste (qui, pour être si populaire aujourd'hui, vous apparaît néanmoins comme l'abomination de la désolation) est la constatation indéniable que la pauvreté et la misère existent presque partout, et plus particulièrement dans nos grandes villes. Mais vous ne pouvez pas faire autrement que reconnaître combien on a déjà fait, et on continue de faire, pour y porter remède, en répandant l'instruction et en diffusant l'information et le savoir.

    LE THÉOSOPHE — Les générations à venir ne vous seront guère reconnaissantes d'une telle « diffusion de l'information » et votre système actuel d'éducation n'est pas d'une bien grande utilité aux masses des pauvres affamés.

    QUESTION — Ah ! mais, c'est qu'il nous faut du temps ! II y a


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    quelques années à peine que nous avons commencé à instruire le peuple.

    LE THÉOSOPHE — Mais, dites-moi, je vous prie, ce que votre religion chrétienne a fait dans ce but depuis le quinzième siècle, puisque vous avouez que l'on n'a entrepris l'instruction des masses qu'à présent ? Voilà pourtant la tâche par excellence que devraient accomplir une Église et un peuple chrétiens (c'est-à-dire ceux qui veulent suivre le Christ).

    QUESTION — En effet, il se peut que vous soyez dans le vrai, mais à présent...

    LE THÉOSOPHE — Eh bien ! Envisageons cette question de l'éducation d'un point de vue général : Je vous prouverai que nombre des améliorations que vous me vantez ne sont pas bonnes mais nuisibles. Les écoles pour enfants pauvres, même si elles sont bien moins utiles qu'elles devraient l'être) sont cependant bonnes en comparaison avec le milieu infect dans lequel la Société moderne condamne ces enfants à vivre. Il n'en est pas moins vrai que si on infusait un peu de Théosophie pratique dans ces pauvres masses souffrantes, on leur ferait cent fois plus de bien dans la vie qu'en leur faisant ingurgiter toute cette (inutile) information.

    QUESTION — Mais en vérité...

    LE THÉOSOPHE — Permettez-moi d'achever, je vous prie. Vous venez d'aborder un sujet auquel nous, théosophes, attachons beaucoup d'importance, et il faut que je dise toute ma pensée. Je conviens que c'est un grand bien pour un petit enfant élevé dans des quartiers sordides, qui n'a pour jouer que le ruisseau, qui est condamné à grandir dans un milieu où il n'entendra que des jurons et ne verra que des scènes écoeurantes, de se trouver tous les jours dans une salle d'école propre, bien éclairée, ornée de tableaux, et souvent égayée par des fleurs. Là, on lui enseigne la propreté, les manières douées et l'ordre ; il apprend à chanter et à jouer ; là, on lui donne des jouets qui servent à éveiller son intelligence, et il apprend à faire habilement


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    usage de ses doigts ; on lui parle, non plus d'un air renfrogné, mais avec un sourire ; on le reprend avec douceur et on l'encourage gentiment au lieu de lui hurler des injures. Tout cela humanise les enfants, stimule leur cerveau et les rend sensibles aux influences intellectuelles et morales. Sans doute, les écoles ne sont pas tout ce qu'elles pourraient et devraient être. Mais comparées aux foyers de ces enfants, ce sont des paradis, et elles réagissent peu à peu sur la vie de famille. Mais, s'il est juste de reconnaître de tels avantages à la plupart des écoles publiques, par contre votre système d'éducation mérite tout le mal qu'on peut en dire.

    QUESTION — Soit ; mais poursuivez, je vous prie.

    LE THÉOSOPHE — Quel est le véritable objectif de l'éducation moderne ? Est-ce de cultiver et de développer le mental dans la bonne direction, d'enseigner aux déshérités et aux infortunés à supporter avec force d'âme le fardeau de la vie (que Karma leur attribue), de fortifier leur volonté, de leur inculquer l'amour du prochain et les sentiments de solidarité et de fraternité, et, de cette manière, de former et de préparer le caractère pour la vie pratique ? Pas le moins du monde. Et pourtant, un tel objectif est indiscutablement celui de toute éducation réelle. Personne ne dira le contraire. Tous vos grands éducateurs l'admettent et en parlent abondamment. Mais quels résultats pratiques se dégagent de leur action ? Interrogez les jeunes gens, les adolescents et même les instituteurs de la jeune génération, tous répondront à l'unanimité : « la préoccupation de l'éducation moderne est de passer des examens » . Elle n'a pas pour effet de susciter une juste émulation, mais d'engendrer la jalousie, l'envie, la haine — ou peu s'en faut — parmi les jeunes et de les entraîner ainsi à une vie d'égoïsme féroce, à la lutte en vue des honneurs et des émoluments, au lieu d'éveiller en eux des sentiments de bienveillance.

    QUESTION — Je dois reconnaître qu'à cet égard vous avez raison.

    LE THÉOSOPHE — Et que sont ces examens, véritable terreur de la jeunesse moderne ? Rien de plus qu'une méthode de classement


    [ PAGE_279 ]

    permettant de chiffrer et de cataloguer les résultats de votre enseignement scolaire. En d'autres termes, ils constituent l'application pratique de la méthode scientifique moderne au genus homo, sous l'angle du seul intellect. Or, la « science » enseigne que l'intellect est le résultat d'interactions mécaniques dont la matière cérébrale est le siège. Il est donc logique que l'éducation moderne soit presque entièrement mécanique ; une sorte de machine automatique à fabriquer de l'intellect à la tonne. Point n'est besoin d'avoir une grande expérience de ces examens pour constater que l'éducation qu'ils favorisent se réduit simplement à l'entraînement de la mémoire physique. Tôt ou tard, toutes vos écoles tomberont à ce niveau-là. Il est évident que toute culture réelle et valable de la faculté de penser et de raisonner restera tout bonnement impossible, tant que l'on devra juger de tout par les résultats évalués au moyen des concours. Encore une fois, l'éducation scolaire est de la plus haute importance pour la formation du caractère surtout en ce qui concerne les qualités morales. Or, le système tout entier de votre éducation moderne est basé sur des révélations soi-disant scientifiques telles que « la lutte pour l'existence » et « la survivance du plus apte » . Dès la première jeunesse, tout homme est tellement pénétré de ces axiomes, aussi bien par l'expérience et les exemples pratiques que par leur enseignement direct, qu'il devient finalement impossible d'extirper de sa pensée l'idée que le « soi » — le soi inférieur, personnel et animal — constitue l'essentiel et le but de toute la vie. Voilà la source principale de tout ce qu'on voit fleurir ensuite en fait de misère, de crimes et d'égoïsme cruel, dont vous admettez l'existence aussi bien que moi. Comme on l'a si souvent répété, l'égoïsme est le fléau de l'humanité, la cause prolifique de tous les maux, de tous les crimes qui flétrissent l'existence. Et c'est dans vos écoles que vous commencez précisément à développer cet égoïsme.

    QUESTION — Tout cela est bel et bon, si on s'en tient à des généralités, mais j'aimerais bien avoir quelques faits, avec une idée des remèdes que vous proposez.

    LE THÉOSOPHE — Soit ! Je vais tâcher de vous donner satisfaction.


    [ PAGE_280 ]

    On divise les établissements scolaires en trois catégories : les écoles primaires qui dépendent du gouvernement, les écoles de classe intermédiaire et les grandes écoles payantes d'enseignement secondaire, avec toute une gamme de disciplines depuis le commerce le plus prosaïque jusqu'aux humanités classiques, et avec toutes sortes de combinaisons et de permutations possibles. L'enseignement pratique du commerce développe le côté moderne, tandis que l'enseignement classique, selon l'orthodoxie traditionnelle, étend sa pesante respectabilité jusque dans les écoles normales d'instituteurs du gouvernement. Dans ces établissements, nous voyons clairement que le côté scientifique et commercial terre-à-terre est en train de supplanter l'orthodoxie classique surannée. D'ailleurs, il n'est pas nécessaire d'aller bien loin pour en découvrir la raison, car, maintenant, cette branche de l'instruction publique a comme unique sujet de préoccupation les francs et les centimes : le summum bonum du XIXe siècle. Ainsi, toutes les énergies engendrées par les molécules cérébrales de ceux qui en bénéficient se concentrent sur un seul point. Instruits de cette manière, ces jeunes gens composent une sorte d'armée organisée, à laquelle appartient une élite intellectuelle éduquée et rompue à la spéculation, et entraînée à dominer la cohorte innombrable des masses ignorantes et naïves, condamnées à être vampirisées, exploitées et méprisées par leurs frères intellectuellement plus forts. Ce genre d'entraînement n'est pas seulement anti-théosophique, il est ANTI-CHRÉTIEN. Résultat : la conséquence immédiate de ce système d'éducation est l'accaparement du marché par des machines à gagner de l'argent, des hommes égoïstes et sans cœur — des animaux — qui ont été très soigneusement exercés à vivre comme des bêtes de proie sur leurs semblables et à tirer profit de l'ignorance de leurs frères plus faibles !

    QUESTION — Ce que vous dites là ne saurait en tout cas s'appliquer à nos grands collèges privés ?

    LE THÉOSOPHE — Pas exactement, il est vrai. Mais bien que, dans sa forme, l'instruction qu'on y donne soit différente, elle est la même dans son esprit, anti-théosophique et anti-chrétienne,


    [ PAGE_281 ]

    même si Eton et Harrow produisent des scientifiques, des ecclésiastiques ou des théologiens.

    QUESTION — Vous ne voulez tout de même pas dire que Eton et Harrow sont des écoles d'esprit « commercial » ?

    LE THÉOSOPHE — Non. En vérité, le système d'enseignement classique est par-dessus tout respectable et, présentement, il est productif de quelque bien. Il reste le système préféré de nos grands collèges, où on peut recevoir une éducation sociale aussi bien qu'une culture intellectuelle. Il est donc de la plus haute importance que les fils peu doués de parents aristocrates et fortunés soient admis dans des écoles de ce genre afin de pouvoir y fréquenter le reste de la jeunesse des classes « nobles » et argentées. Malheureusement, il y a une énorme compétition, même pour y entrer, car les gens qui ont de l'argent sont de plus en plus nombreux et beaucoup de jeunes gens pauvres mais intelligents cherchent à s'inscrire dans les collèges en qualité de boursiers, pour ensuite parvenir de la même manière aux Universités.

    QUESTION — Dans ces conditions, les « traînards » plus fortunés sont obligés de travailler plus encore que leurs camarades pauvres.

    LE THÉOSOPHE — En effet. Mais, chose étrange, les fidèles de la religion de la « survivance du plus apte » n'agissent pas ici conformément à leur croyance ; car ils s'ingénient à faire passer les inaptes de naissance avant les élèves doués. Dans ce but, avec de généreux pots-de-vin, ils achètent les meilleurs professeurs, en les détournant de leurs élèves naturellement doués, pour qu'ils fassent rabâcher à leurs rejetons incapables de naissance le savoir qui leur donnera accès à des professions qu'ils encombreront inutilement.

    QUESTION — Et à quoi attribuez-vous cela ?

    LE THÉOSOPHE — À un système pernicieux qui fait de la production sur commande, sans tenir aucun compte des penchants naturels ou des talents de la jeunesse. Le pauvre petit


    [ PAGE_282 ]

    candidat au paradis du savoir programmé passe, presque sans transition, de l'école maternelle à l'ingrate routine quotidienne d'une école préparatoire pour fils de bonne famille. Là, les ouvriers de cette usine matério-intellectuelle lui tombent dessus, pour le bourrer de rudiments de morphologie latine, française et grecque, de dates et de tables, de sorte que, s'il avait en lui une goutte de génie naturel, on s'empresse de l'exprimer de sa nature en le passant au laminoir de ce que Carlyle a si justement nommé « les vocables morts » .

    QUESTION — Mais, enfin, on lui enseigne sûrement bien d'autres choses que des « vocables morts » ; et beaucoup de ce qu'on lui apprend peut le conduire droit à la Théosophie, sinon à la Société Théosophique.

    LE THÉOSOPHE — Pas tant que cela. En fait d'Histoire, par exemple, il n'acquerra qu'une connaissance suffisante de son pays particulier pour se retrouver enfermé dans une armure d'acier faite de préjugés contre tous les autres peuples, et plongé dans l'écœurant cloaque des annales historiques où dominent haines nationales et soif de sang. Ce n'est assurément pas cela que vous qualifieriez du nom de Théosophie ?

    QUESTION — Qu'avez-vous encore à objecter contre l'éducation moderne ?

    LE THÉOSOPHE — Ajoutez à cela le survol d'un ensemble choisi de prétendus faits bibliques — étude d'où tout intellect est éliminé. Tout au plus s'agit-il d'un simple exercice de mémoire, où le « Pourquoi ? » du maître n'est qu'un « Pourquoi ? » de circonstance et non de raison.

    QUESTION — Très bien. Mais je vous ai entendu vous féliciter du nombre toujours croissant des athées et des agnostiques. C'est donc que même des gens qui sont formés dans un système que vous dénigrez de si bon coeur apprennent malgré tout à penser et à raisonner par eux-mêmes.

    LE THÉOSOPHE — Oui ; mais cela résulte plutôt d'une saine


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    réaction contre ce système que du système lui-même. Nous préférons infiniment avoir dans notre Société des agnostiques et même d'authentiques athées plutôt que des bigots de n'importe quelle religion. Le mental de l'agnostique est toujours ouvert à la vérité qui, au contraire, aveugle le bigot, comme la lumière du soleil éblouit le hibou. Les meilleurs d'entre nos membres, ceux qui sont les plus sincères, les plus philanthropes, et qui aiment la vérité par-dessus tout, ont été ou sont des agnostiques et des athées — des gens qui ne croient pas à un Dieu personnel. Mais il n'y a pas de jeunes gens qui soient libres penseurs (1); et, généralement, la première éducation qu'ils reçoivent les marque d'une empreinte qui leur laisse un mental étroit et déformé. Pour être valable et sain, un système d'éducation devrait développer un esprit très vigoureux et libéral, strictement entraîné à penser de façon logique et précise, sans foi aveugle. Mais quels bons résultats peut-on attendre d'un système qui pervertit la faculté de raisonnement de nos enfants en leur enseignant le dimanche qu'il faut croire aux miracles de la Bible, et les autres jours de la semaine que tout miracle est scientifiquement impossible ?

    QUESTION — Mais alors que voudriez-vous faire ?

    LE THÉOSOPHE — Si nous avions l'argent nécessaire nous fonderions des écoles qui ne produiraient pas des diplômés sachant lire et écrire, mais condamnés à mourir de faim. Ce qu'il faudrait enseigner aux enfants, par-dessus tout, c'est la confiance en soi, l'amour de tous les hommes, l'altruisme, la charité mutuelle ; et surtout, il faudrait les habituer à penser et à raisonner par eux-mêmes. Nous réduirions à un strict minimum tout travail de mémoire purement mécanique et consacrerions le temps à développer et cultiver les facultés de nos élèves, leurs sens intérieurs et leurs capacités latentes. Nous nous efforcerions de nous occuper de chaque enfant individuellement, de l'éduquer de


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    façon à favoriser l'épanouissement le plus équilibré et harmonieux possible de tous ses pouvoirs, afin que ses aptitudes particulières parviennent à leur plein développement naturel. Notre but serait de créer des hommes et des femmes libres, libres intellectuellement, libres moralement, sans aucun préjugé en quoi que ce soit, et, par-dessus tout, affranchis d'égoïsme. Et cela, croyons-nous, pourrait être réalisé en grande partie, sinon en totalité, par l'effet d'une bonne éducation véritablement théosophique.

     

    POURQUOI Y A-T-IL ALORS
    TANT DE PRÉJUGÉS CONTRE LA S.T. ?

     

    QUESTION — Mais, si la moitié seulement de ce que vous dites de la Théosophie est vrai, comment se fait-il qu'il existe contre elle une si terrible animosité ? Cela me paraît bien plus inexplicable que tout le reste.

    LE THÉOSOPHE — En effet ; mais il ne faut pas oublier que nous nous sommes faits de nombreux et puissants adversaires depuis la formation de notre Société. Comme je l'ai déjà fait observer, si le Mouvement théosophique n'était qu'une de ces nombreuses toquades modernes qui sont finalement aussi inoffensives que passagères, on se contenterait de s'en moquer (comme le font actuellement ceux qui ne saisissent pas encore sa véritable portée) et on ne s'en occuperait strictement pas. Mais il en va tout autrement. Intrinsèquement, la Théosophie représente le mouvement le plus sérieux de notre époque, un mouvement qui menace la vie même de la plupart des mystifications qui ont traversé les siècles, et qui attaque de front les préjugés et les maux de la société contemporaine, ces maux qui engraissent et rendent heureux le petit groupe des plus privilégiés ainsi que leurs flatteurs et imitateurs — les quelques centaines de familles fortunées des classes moyennes — tandis qu'ils écrasent littéralement et font mourir de faim des millions de pauvres. Pensez à cela et il vous sera facile de comprendre pourquoi la Théosophie est l'objet d'une persécution si acharnée de la part de gens qui


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    sont assez observateurs et perspicaces pour en discerner la véritable nature et ainsi la redouter.

    QUESTION — Prétendez-vous que c'est pour avoir compris la vraie portée et le but de la Théosophie que certaines personnes cherchent à étouffer le mouvement ? Mais, si la Théosophie ne conduit qu'au bien, vous n'avez sûrement pas de bonnes raisons pour porter contre ces quelques personnes une accusation aussi terrible de cruauté perfide et de fourberie ?

    LE THÉOSOPHE —J'ai les meilleurs raisons, au contraire. Les adversaires que nous eûmes à combattre pendant les neuf ou dix premières années de l'existence de la Société n'étaient, à mon avis, ni puissants ni « dangereux » . Mais il en va autrement de ceux qui se sont dressés contre nous pendant ces trois ou quatre dernières années. Ceux-ci ne parlent, ni n'écrivent, ni ne prêchent contre la Théosophie ; mais ils travaillent en silence, derrière le dos des ridicules pantins qui leur servent de visibles marionnettes (2). Néanmoins, quoique dissimulés aux yeux de la plupart des membres de notre Société, ils sont bien connus des véritables « Fondateurs » et des protecteurs de notre Société. Toutefois, pour certaines raisons, on ne peut les désigner par leur nom actuellement.

    QUESTION — Et sont-il connus de vous seulement, ou de beaucoup d'entre vous ?

    LE THÉOSOPHE —Je n'ai pas dit que je les connaissais ; je peux les connaître comme je peux ne pas les connaître ; mais je sais qu'ils existent, cela me suffit ; et je les défie de faire tout le mal qu'ils voudraient. Ils peuvent faire beaucoup de tort, et semer la confusion dans nos rangs, surtout parmi ceux de nos membres qui sont timorés et qui ne jugent que d'après les apparences ; mais quoi qu'ils fassent, ils n'écraseront point la Société. Par ailleurs, si on met à part ces ennemis vraiment dangereux —


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    « dangereux » seulement pour les théosophes qui sont indignes de ce nom et dont la place est plutôt à l'extérieur qu'à l'intérieur de la S.T. — le nombre de nos adversaires est fort considérable.

    QUESTION — Pouvez-vous au moins nommer ceux-ci, si vous ne voulez pas parler des autres ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. Nous avons à lutter contre : 1° la haine des spirites américains, anglais et français ; 2° l'opposition constante du clergé de toutes les confessions ; 3° en particulier, la haine et le persécution implacables que nous vouent les missionnaires de l'Inde ; 4° la publicité infamante faite à la S. T. par la fameuse attaque de la Society for Psychical Research contre notre Société, attaque qui fut précisément fomentée par une conspiration en règle, organisée par les missionnaires de l'Inde. Enfin, nous devons tenir compte de la défection, pour des raisons déjà expliquées, de divers membres éminents ( ? ), et qui, tous, ont fait leur possible pour renforcer les préjugés existant contre nous.

    QUESTION — Ne pouvez-vous me donner plus de détails sur toutes ces attaques afin que je puisse répondre si on m'interroge ? En résumé, donnez-moi un bref aperçu de l'histoire de la Société avec les raisons qui portent le monde à croire toutes ces calomnies.

    LE THÉOSOPHE — La raison de cette crédulité est bien simple. La plupart des gens ne connaissaient absolument rien de la Société elle-même, ni de ses intentions, de ses objectifs ou de ses convictions. Dès le début, le monde n'a rien vu d'autre dans la Théosophie que certains phénomènes merveilleux auxquels les deux tiers de ceux qui ne sont pas spiritualistes ne croient pas. Très vite, la Société en vint à être considérée comme une organisation prétendant posséder des pouvoirs « miraculeux » . Le monde n'a jamais compris que la Société enseignait à ne pas croire aux miracles (ou même qu'elle niait leur possibilité), qu'il n'y avait dans ses rangs qu'une poignée d'individus doués de pouvoirs psychiques, et que très peu d'ailleurs s'en souciaient. Il n'a pas compris davantage que les phénomènes n'avaient jamais


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    été produits en public, mais uniquement en privé, pour des amis et cela, accessoirement, pour donner la preuve directe qu'il était possible de produire de telles choses sans cabinet noir, sans esprits, sans médiums et sans rien de l'attirail habituel. Malheureusement, cette mauvaise compréhension fut grandement renforcée et exagérée par le premier livre écrit sur le sujet : le « Monde Occulte » (3) de M. Sinnett, livre qui suscita une vague d'intérêt en Europe. Si cet ouvrage contribua beaucoup à faire connaître la Société, il attira encore plus de calomnies, de moqueries et d'idées fausses sur ses infortunés héros et sa malheureuse héroïne. À ce sujet, l'auteur avait d'ailleurs reçu plus qu'un avertissement dans le Monde Occulte, mais il ne prit pas garde à la prophétie — car c'était assurément une prophétie, bien qu'à demi voilée.

    QUESTION — Pourquoi, et depuis quand les spirites vous haïssent-ils ?

    LE THÉOSOPHE — Ils nous ont haïs dès le jour où la Société a existé. Dès que les spirites ont su que la Société, en tant que telle, ne croyait à aucune communication avec les esprits des morts, et que nous tenions les prétendus « esprits » , dans presque tous les cas, pour des reflets astraux de personnalités désincarnées, pour des coques, etc,... leur haine a éclaté contre nous et surtout contre les Fondateurs. Cette haine se traduisit par des calomnies de toutes sortes, des allusions personnelles peu charitables, et des interprétations erronées et absurdes des enseignements théosophiques, dont se firent l'écho tous les journaux spirites d'Amérique. Pendant des années, ils nous ont dénoncés, persécutés et vilipendés. Cela a commencé en 1875 et continue encore aujourd'hui. En 1879, le quartier général de la S.T. fut transféré de New York à Bombay (Inde) pour être ensuite fixé définitivement à Madras. Quand la première branche de notre Société, la S.T. anglaise, fut fondée à Londres, les spirites anglais se liguèrent


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    contre nous comme l'avaient fait les américains, et les spirites français emboîtèrent le pas.

    QUESTION — Mais pourquoi le clergé vous serait-il hostile alors que, tout compte fait, la tendance majeure des doctrines théosophiques est en opposition avec le matérialisme, qui est aujourd'hui le grand ennemi de toute forme de religion ?

    LE THÉOSOPHE — Le clergé s'oppose à nous conformément au principe général selon lequel « celui qui n'est pas avec moi est contre moi » . La Théosophie, qui n'est d'accord avec aucune secte ni aucun credo en particulier, est apparue comme l'ennemi public, parce qu'elle enseigne que toutes les croyances sont plus ou moins dans l'erreur. En Inde, les missionnaires nous ont pris en haine et ont cherché à nous écraser, quand ils ont vu que la fleur de la jeunesse cultivée hindoue se joignait à nous en grand nombre, ainsi que les brahmanes — sur lesquels les missionnaires n'ont pratiquement aucune prise. Toutefois, en dépit de cette haine de la part du clergé, en général, la S. T. compte parmi ses membres bien des ecclésiastiques, et même un ou deux évêques.

    QUESTION — Mais pourquoi la Society for Psychical Research vous a-t-elle attaqués ? Cette Société poursuivait, à certains égards, les mêmes recherches que vous, et plusieurs de ses membres appartenaient aussi à votre Société.

    LE THÉOSOPHE — Au commencement, les dirigeants de la Society for Psychical Research et nous étions de très bons amis. Mais quand le Christian College Magazine publia contre les phénomènes une attaque appuyée sur les prétendues révélations d'un domestique, la Society for Psychical Research estima qu'elle s'était compromise pour avoir publié dans ses « Comptes Rendus » trop de phénomènes qui s'étaient produits en relation avec la Société Théosophique. Son ambition étant de se poser en organisation faisant autorité et ayant un caractère rigoureusement scientifique, il lui fallait choisir entre conserver cette position, en jetant par-dessus bord la Société Théosophique, et


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    même en cherchant à la détruire, ou se voir identifiée, aux yeux des Sadducéens du grand monde (4), à ces gens « crédules » que sont les théosophes et les spirites. Il n'y avait pas d'autre issue, pas deux choix possibles, et les gens de la Society for Psychical Research choisirent de nous jeter par-dessus bord. C'était, pour eux, le seul moyen de sortir de l'impasse. Mais il leur fallait à tout prix trouver une explication assez plausible pour rendre compte non seulement de la vie de dévouement et de travail inlassable des deux Fondateurs, mais aussi de l'absence complète de tout profit pécuniaire comme de tout autre avantage personnel pouvant leur revenir dans de telles conditions. En conséquence, pour expliquer ce dévouement, ils furent contraints de recourir à la théorie triplement absurde et complètement ridicule, mais maintenant célèbre, de l' « espionne russe » . Toutefois, la vérité du proverbe bien connu : « Le sang des martyrs est la semence de l'Église » , se confirma une fois de plus. Après le premier choc de l'attaque qu'elle avait subie, la Société Théosophique vit doubler et tripler le nombre de ses membres. Mais la mauvaise impression produite persiste encore. Un auteur français a eu raison de dire : « Calomniez, calomniez, toujours et encore, il en restera toujours quelque chose (5) » . C'est ainsi que nous sommes couramment victimes d'injustes préjugés, et que tout ce qui concerne la S.T., et particulièrement ses Fondateurs, est grossièrement déformé et ne s'appuie que sur de perfides on-dit.

    QUESTION — Cependant, depuis quatorze ans que la Société existe, n'avez-vous pas trouvé assez de temps et d'occasions pour vous révéler, vous et votre œuvre, sous un vrai jour ?

    LE THÉOSOPHE — Comment et quand nous a-t-on donné une telle occasion ? Nos membres les plus en vue n'ont cessé d'avoir en aversion toute apparence de justification publique. Leur ligne de conduite a toujours été : « Nous devons laisser tout cela


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    tomber dans l'oubli à la longue » , et « que nous importe ce que disent les journaux, ou ce que pense le monde ? » La Société était trop pauvre pour envoyer des gens en tournées de conférences publiques et nous avons dû limiter l'exposé de nos vues et doctrines à la publication de quelques ouvrages théosophiques qui furent bien accueillis, mais pas toujours bien compris, et que beaucoup de personnes ne connurent que par ouï-dire. Nos revues furent boycottées, et elles le sont encore. Nos œuvres littéraires furent ignorées et, aujourd'hui encore, on ne sait pas trop si les théosophes sont des espèces d'adorateurs-de-serpents-et-de-démons, ou simplement des « bouddhistes ésotériques » , quel que soit le sens donné à ces mots. Il était inutile que nous continuions, jour après jour et année après année, à démentir toute l'absurdité des racontars invraisemblables qui couraient sur nous : à peine en avions-nous réfuté un qu'un autre renaissait aussitôt de ses cendres, encore plus perfide et plus absurde. Malheureusement, la nature humaine est ainsi faite que tout le bien qu'on peut dire d'une personne est vite oublié et ne se propage jamais. Au contraire, à peine a-t-on lancé une calomnie, ou fait courir quelque histoire — aussi absurde, erronée ou incroyable qu'elle soit, pourvu qu'elle concerne une personnalité impopulaire — qu'on s'empresse de l'accueillir avec faveur, et de l'accepter aussitôt comme un fait historique. Pareille à la CALUMNIA chantée par Don Basilio (6), « elle est d'abord rumeur légère » , comme une aimable et douce brise qui agite à peine l'herbe sous vos pas, et qui vient on ne sait d'où ; puis, en un rien de temps, voilà qu'elle devient vent violent, pour bientôt se déchaîner en furie et « c'est la foudre, la tempête... » ! Une calomnie parmi les nouvelles qu'on colporte est comme une pieuvre parmi les animaux marins : elle s'insinue dans le mental, s'accroche à notre mémoire qui s'en repaît, en laissant des marques indélébiles, même lorsque la calomnie a été détruite dans sa forme. Un mensonge calomnieux est la seule clef passe-partout donnant accès à n'importe quel cerveau : il est assuré de trouver accueil et hospitalité dans le mental de tout être


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    humain, le plus brillant comme le moins éveillé, pour peu qu'il abrite quelque préjugé — et la source et le motif du mensonge, aussi vils soient-ils, n'ont ici aucune importance.

    QUESTION — Ne croyez-vous pas que votre affirmation soit trop catégorique ? Les Anglais n'ont jamais péché par excès de crédulité à l'égard des on-dit et leur nation est bien connue pour son amour du « franc-jeu » . D'ailleurs, un mensonge n'a rien pour le soutenir longtemps ou, comme le disent certains, pas de pattes pour tenir debout, et...

    LE THÉOSOPHE — Les Anglais sont tout aussi enclins à accréditer le mal que les gens de n'importe quelle autre nation : il ne s'agit pas là d'une caractéristique nationale, mais tout simplement de la nature humaine. Quant aux mensonges, s'ils n'ont pas de pattes pour tenir debout, comme dit votre proverbe, ils ont des ailes extrêmement rapides ; et ils volent plus vite et plus loin que toute autre nouvelle, en Angleterre comme partout ailleurs. Il ne faut pas oublier non plus que les mensonges et les calomnies constituent la seule sorte de littérature qui se distribue gratis, et sans qu'on ait à souscrire d'abonnement. Nous pouvons en faire l'expérience si vous voulez. Vous qui témoignez d'un si grand intérêt pour la Théosophie, et qui avez entendu dire tant de choses sur notre compte, voulez-vous me poser des questions sur tous les bruits et les on-dit qui vous viendront à l'esprit ? Je vous répondrai la vérité, rien que la vérité, susceptible de la plus rigoureuse vérification.

    QUESTION — Avant de passer à un autre sujet, faisons d'abord toute la lumière sur celui-ci. Il y a des auteurs qui qualifient vos enseignements d' « immoraux et de pernicieux » ; d'autres encore s'appuient sur nombre de soi-disant « autorités » et d'orientalistes, qui ne trouvent dans les religions de l'Inde que le culte du sexe sous de multiples formes, pour vous accuser de n'enseigner rien de mieux que le culte phallique. À les en croire, la Théosophie moderne est trop étroitement liée à la pensée orientale, indienne en particulier, pour ne pas être affligée de la même tare qu'elle. Il leur arrive même d'aller jusqu'à accuser les théosophes européens de ressusciter les pratiques liées à ce culte. Qu'avez-vous à dire à cela ?


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    LE THÉOSOPHE—J'ai déjà entendu et lu des choses de ce genre, et je vous réponds que jamais calomnie plus mensongère et plus dépourvue de fondement n'a été inventée et mise en circulation. « Les sottes gens ne font que de sots rêves » dit un proverbe russe. Le sang me bout à entendre de telles accusations qui n'ont pas le moindre fondement et ne sont que de pures suppositions. Demandez aux centaines d'Anglais honorables des deux sexes qui sont, depuis des années, membres de la Société Théosophique, si on leur a jamais enseigné un précepte immoral ou une doctrine pernicieuse. Consultez la Doctrine Secrète et vous verrez que, page après page, elle dénonce les Juifs et d'autres nations, précisément à cause de cet attachement aux rites phalliques qui provient de l'interprétation littérale du symbolisme de la nature, ainsi que des conceptions grossièrement matérialistes qu'on se fait de son dualisme dans tous les credos exotériques. Cette façon malveillante de déformer sans arrêt nos enseignements et nos convictions a vraiment quelque chose d'infâme !

    QUESTION — Mais vous ne pouvez nier qu'il y ait incontestablement un élément phallique dans les religions de l'Orient.

    LE THÉOSOPHE —Je ne le nie pas non plus, mais je maintiens que cela n'a pas plus d'importance que la présence du même élément dans le christianisme, la religion de l'Occident. Si vous désirez vous en assurer lisez The Rosicrucians (7) de Hargrave Jennings. En Orient, le symbolisme phallique est peut-être plus cru, parce que plus conforme à la nature, ou, pour mieux dire, plus naïf et sincère, que celui de l'Occident ; mais il n'est pas plus licencieux ; et il ne suggère pas à la pensée d'un Oriental les mêmes idées grossières qu'à celle d'un Occidental ; avec, peut-être, une ou deux exceptions, comme la secte honteuse connue sous le nom de « Mahârâjah » , ou Vallabhâchârya.

    QUESTION — Un de vos accusateurs écrivant dans l'Agnostic Journal


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    vient de faire remarquer que les adhérents de cette secte infâme sont des théosophes, et qu'ils « prétendent avoir une véritable vision théosophique » .

    LE THÉOSOPHE — II a écrit un mensonge, voilà tout. Il n'y a jamais eu et il n'y a pas aujourd'hui un seul Vallabhâchârya dans notre Société. Quant à l'assertion qu'ils ont, ou prétendent avoir, une vision théosophique approfondie, c'est une autre histoire ridicule qui trahit une ignorance crasse de ce qui concerne les sectes de l'Inde. Ce que leur « Mahârâjah » revendique, c'est l'argent, les femmes et les filles de ses dévôts imbéciles, et rien d'autre. C'est une secte méprisée de tous les autres hindous.
    Mais si vous voulez un exposé détaillé, je vous renvoie à la Doctrine Secrète où vous trouverez ce sujet traité à fond. Pour en finir, je dirai que l'âme même de la Théosophie est cent pour cent contre le culte phallique, et que cette opposition est encore plus prononcée dans sa Section occulte, ou Ésotérique, que dans les enseignements exotériques. On n'a jamais rien raconté de plus mensonger que ce que vous venez de mentionner. Maintenant posez-moi d'autres questions.

     

    LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE
    EST-ELLE UNE ORGANISATION
    À BUT FINANCIER ?

     

    QUESTION — Parfait. Eh bien ! est-il vrai, comme le disent certains journaux, que les Fondateurs, le Colonel H. S. Olcott ou H. P. Blavat-sky, aient jamais gagné de l'argent, profité ou retiré un avantage matériel quelconque de la S. T. ?

    LE THÉOSOPHE — Pas un centime. Les journaux mentent. Au contraire, tous deux ont donné tout ce qu'ils avaient, et se sont littéralement réduits à la mendicité. Quant aux « avantages matériels » , songez aux calomnies, aux vils dénigrements qu'ils ont dû supporter, puis posez-vous la question !

    QUESTION — Pourtant, j'ai lu dans bon nombre d'organes édités par


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    des missionnaires que les droits d'entrée et les cotisations couvraient très largement les dépenses ; et l'un d'entre eux disait que lés Fondateurs gagnaient plus de vingt mille livres par an.

    LE THÉOSOPHE — C'est un mensonge, comme tant d'autres. Dans les comptes publiés en janvier 1889, vous trouverez un détail exact de tout l'argent reçu, de quelque source que ce soit, depuis 1879. Le total de l'argent récolté de partout en ces dix années (comprenant droits d'entrée, dons, etc, etc.), ne s'élève pas à six mille livres, dont une bonne part fut apportée par les Fondateurs eux-mêmes, par des prélèvements faits sur leurs ressources personnelles et le fruit de leurs travaux littéraires. Tout cela a été ouvertement et officiellement reconnu, même par notre ennemie, la Society for Psychical Research. Actuellement, les deux Fondateurs sont sans le sou ; l'une de ces personnes est trop vieille et trop malade pour travailler encore comme elle l'a fait autrefois ; incapable de trouver le temps de se vouer à des oeuvres de caractère littéraire dans le but d'apporter de l'argent à la Société, elle ne peut plus écrire que pour la cause de la Théosophie ; l'autre Fondateur travaille pour cette cause comme par le passé, et n'en reçoit pas plus de remerciements.

    QUESTION — Mais, il leur faut bien de l'argent pour vivre ?

    LE THÉOSOPHE — Pas du tout. Tant qu'ils ont de quoi manger et se loger — même s'ils le doivent au dévouement de quelques amis — ils ne demandent guère plus.

    QUESTION — Mais Madame Blavatsky, en particulier, n'aurait-elle pas pu gagner plus qu'il ne lui en fallait pour vivre, grâce à ses écrits ?

    LE THÉOSOPHE — Lorsqu'elle était en Inde, elle reçut, en moyenne, quelques milliers de roupies par an, en paiement d'articles qu'elle écrivit pour des journaux russes ou autres, mais elle fit don de tout à la Société.

    QUESTION — S'agissait-il d'articles politiques ?


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    LE THÉOSOPHE — Jamais. Tout ce qu'elle a écrit durant son séjour de sept ans en Inde est accessible, sous forme imprimée. Il n'y est question que de religions, d'ethnologie, de coutumes indiennes et de Théosophie, jamais de politique, à laquelle elle ne connaît rien, et dont elle se soucie moins encore. En outre, il y a deux ans, elle a refusé plusieurs contrats, pour un total d'environ l 200 roubles-or par mois, parce qu'elle ne pouvait les accepter sans abandonner son travail pour la Société qui réclamait tout son temps et toutes ses forces. Et elle possède tous les documents pour le prouver.

    QUESTION — Mais pourquoi elle-même et le Colonel Olcott ne pouvaient-ils pas, comme tant d'autres — notamment beaucoup de théosophes — poursuivre leurs professions respectives et consacrer le surplus de leur temps au travail de la Société ?

    LE THÉOSOPHE — Parce qu'en servant deux maîtres, l'un ou l'autre, le travail professionnel ou l'oeuvre philanthropique, aurait eu à souffrir. Tout vrai théosophe est moralement astreint à sacrifier le personnel à l'impersonnel, son bien-être présent au bénéfice futur des autres. Si les Fondateurs ne donnent pas l'exemple, qui le fera ?

    QUESTION — Y a-t-il beaucoup de théosophes qui suivent cet exemple ?

    LE THÉOSOPHE—Je vous dois une réponse sincère. En Europe, environ une demi-douzaine en tout, sur un nombre de Branches dépassant ce chiffre.

    QUESTION — Alors, il est faux que la Société Théosophique ait un capital élevé, ou une dotation qui lui appartienne en propre ?

    LE THÉOSOPHE — C'est faux, car elle ne possède rien de tout ça. Maintenant que le droit d'entrée de l Livre et la petite cotisation annuelle ont été abolis, on peut se demander si le personnel du quartier général en Inde n'en sera pas bientôt réduit à mourir de faim.


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    QUESTION — Alors pourquoi ne pas faire des souscriptions ?

    LE THÉOSOPHE — Nous ne sommes pas l'Armée du Salut ; nous ne pouvons pas mendier, et nous ne l'avons jamais fait ; pas plus que nous n'avons suivi l'exemple des Églises et des sectes qui « font la quête » . Ce qu'on nous fait parvenir à l'occasion pour soutenir la Société, les petites sommes que donnent certains membres dévoués, sont toujours des contributions volontaires.

    QUESTION — J'ai entendu parler de grosses sommes d'argent données à Madame Blavatsky. Il y a quatre ans, on disait qu'elle avait reçu 5 000 Livres d'un jeune « membre » fortuné qui avait rejoint les théosophes en Inde, et 10 000 Livres d'un autre donateur, riche Américain bien connu, l'un de vos membres qui mourut en Europe, il y a quatre ans ?

    LE THÉOSOPHE — Dites à ceux qui vous racontent ces choses qu'ils énoncent ou répètent un grossier mensonge. « Madame Blavatsky » n 'a jamais demandé ni reçu UN SEUL CENTIME des deux messieurs précités, ni quoi que ce soit de n'importe qui d'autre, depuis que la Société Théosophique a été fondée. Je défie quiconque de donner la moindre consistance à cette calomnie : il lui serait plus facile de prouver que la Banque d'Angleterre est en faillite que de démontrer que cette « Fondatrice » a tiré un jour de l'argent de la Théosophie. Ces deux calomnies ont été lancées par deux dames de haute naissance, appartenant à l'aristocratie londonienne, mais il ne fallut pas longtemps pour trouver d'où elles émanaient et démontrer leur caractère mensonger. Ce ne sont plus aujourd'hui que des cadavres, les restes décharnés de deux inventions qui, après avoir séjourné dans les eaux de l'oubli, reviennent à la surface des eaux stagnantes de la calomnie.

    QUESTION — On m'a dit aussi que la S.T. avait bénéficié de plusieurs legs importants. L'un, d'environ 8 000 Livres, lui aurait été laissé par un Anglais excentrique qui n'appartenait même pas à la Société. L'autre, de 3.000 ou 4.000 Livres, serait paraît-il un don d'un membre australien. Cela est-il exact ?


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    LE THÉOSOPHE — J'ai entendu parler du premier, mais qu'il ait été laissé à la Société par un testament en bonne forme ou non, tout ce que je sais c'est que la S.T. n'en a jamais profité et que les Fondateurs n'en ont jamais reçu notification officielle. Car, à ce moment-là, notre organisation n'avait pas encore de personnalité civile en tant que société et n'existait donc pas du point de vue légal ; aussi, comme nous l'avons appris, le Juge du Tribunal de Probate ne prêta aucune attention à ce legs et remit la somme aux héritiers. Voilà pour le premier. Quant au second, c'est tout à fait exact : le testamentaire était l'un de nos membres dévoués, et avait légué tout ce qu'il possédait à la S.T.. Mais quand le Président, le Colonel Olcott, examina l'affaire, il s'aperçut que celui qui avait laissé ce legs avait des enfants, qu'il avait déshérités pour des raisons de famille. Il réunit donc un conseil pour délibérer et il fut décidé que le legs en question serait refusé et que l'argent irait aux héritiers légitimes. La Société Théosophique aurait manqué à l'honneur de son nom si elle avait accepté de profiter d'un argent auquel d'autres avaient droit, en fait, sinon au sens de la loi, en tout cas, selon les principes théosophiques.

    QUESTION — D'autre part, et j'avance ceci en m'appuyant sur l'autorité de votre propre revue, le Theosophist, il est question d'un Rajah de l'Inde qui aurait donné à la Société 25.000 roupies. Ne l'avez-vous pas remercié pour sa grande générosité, dans le Theosophist de janvier 1888 ?

    LE THÉOSOPHE — En effet, c'est vrai, et voici les termes employés : « Que Son Altesse le Maharajah... trouve ici l'expression de la reconnaissance du Congrès pour sa promesse d'un don généreux de 25.000 Roupies au Fonds de la Société » . Les remerciements furent dûment transmis, mais l'argent est toujours resté une « promesse » , et n'est jamais parvenu au quartier général.

    QUESTION — Mais, sans aucun doute, si le Maharajah a donné sa promesse, et a été remercié de sa contribution, publiquement et par écrit, il tiendra sa promesse ?


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    LE THÉOSOPHE — Peut-être, quoique la promesse date de dix-huit mois. Je parle du présent et non de l'avenir.

    QUESTION — Alors, comment vous proposez-vous de poursuivre le travail ?

    LE THÉOSOPHE — Tant que la S.T. aura quelques membres dévoués, prêts à travailler pour elle sans récompense ni remerciements, et tant que quelques bons théosophes l'aideront de temps à autre par des dons, elle continuera d'exister, car rien ne peut l'écraser.

    QUESTION — J'ai entendu beaucoup de théosophes parler d' « un pouvoir qui se tient derrière la Société » et de certains « Mahâtmas » (mentionnés aussi dans les ouvrages de M. Sinnett) qui, dit-on, auraient fondé la Société, veilleraient sur elle et la protégeraient.

    LE THÉOSOPHE — Vous pouvez en rire, mais c'est ainsi.

     

    L'ÉQUIPE DE TRAVAIL DE LA S.T.

     

    QUESTION — D'après ce qu'on m'a dit, ces hommes sont de grands Adeptes, des Alchimistes, que sais-je encore. Si donc ils peuvent changer le plomb en or et fabriquer autant d'argent qu'ils le désirent, comme aussi accomplir à volonté toute sorte de miracles — ainsi que le rapporte M. Sinnett dans le Monde Occulte — comment se fait-il qu'ils ne vous procurent pas de l'argent et ne subviennent pas confortablement aux besoins des Fondateurs et de la Société ?

    LE THÉOSOPHE — Parce qu'ils n'ont pas fondé un « club de miracles » , parce que la Société a pour but d'aider les hommes à développer leurs pouvoirs latents par leurs propres efforts et grâce à leur mérite. Parce que, malgré tout ce qu'ils sont effectivement capables (ou non) de produire en fait de phénomènes, ce ne sont pas de faux-monnayeurs, et parce qu'ils ne voudraient pas non plus placer sur le sentier des membres et des candidats une tentation supplémentaire, et très puissante : la Théosophie ne s'achète pas. Jusqu'à présent, pendant ces quatorze ans, pas un


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    seul membre actif n'a reçu un salaire, que ce soit des Maîtres, ou de la Société.

    QUESTION — Alors, aucun de vos travailleurs n'est rétribué ?

    LE THÉOSOPHE — Jusqu'à présent, pas un seul. Mais comme chacun doit manger, boire et se vêtir, tous ceux qui n'ont aucune ressource personnelle et consacrent tout leur temps au travail de la Société sont pourvus du nécessaire au quartier général de Madras (Inde), bien que ce « nécessaire » soit bien humble en vérité ! (voir les Règles à la fin). Mais maintenant que le travail de la Société s'est accru si considérablement et qu'il se développe encore en Europe (N.B. par suite des calomnies), il nous faudrait plus de mains pour nous aider. Nous espérons bientôt être en mesure d'avoir quelques membres rémunérés, si on peut vraiment employer un pareil terme dans les cas en question, car tous les membres qui s'apprêtent à donner tout leur temps à la Société sont en train de quitter d'excellentes situations officielles d'avenir, dans le but de travailler avec nous pour un salaire inférieur à la moitié de celui qu'ils touchaient avant.

    QUESTION — Et qui fournira les fonds ?

    LE THÉOSOPHE — Certains de nos membres qui sont tout juste un peu plus fortunés que les autres. Celui qui spéculerait ou s'enrichirait aux dépens de la Théosophie serait indigne de rester dans nos rangs.

    QUESTION — Mais vous devez certainement tirer de l'argent de la vente de vos livres, revues et autres publications ?

    LE THÉOSOPHE — Le Theosophist de Madras est la seule des revues qui laisse un bénéfice, et celui-ci a été versé régulièrement chaque année à la Société, comme le montrent les comptes qui ont été publiés. Lucifer absorbe lentement mais régulièrement pas mal d'argent, et n'a jamais couvert ses frais, ayant été mis à l'index par les libraires pieux et les librairies des gares. En France, le Lotus — lancé grâce aux moyens privés plutôt


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    restreints d'un théosophe qui y avait consacré tout son temps et son travail — a cessé d'exister pour la même cause, hélas ! Et le Path de New York ne paie pas ses frais non plus, tandis que la Revue Théosophique de Paris vient juste d'être lancée, grâce aussi aux moyens personnels d'une dame parmi nos membres. En outre, chaque fois qu'un ouvrage quelconque publié par la « Theosophical Publishing Company » de Londres rapporte un bénéfice, le gain intégral est consacré au service de la Société.

    QUESTION — Et maintenant, dites-moi tout ce que vous pouvez au sujet des Mahâtmas. On raconte tant de choses absurdes et contradictoires à leur sujet qu'on ne sait que croire, et qu'on fait circuler toute sorte d'histoires ridicules sur leur compte.

    LE THÉOSOPHE — Vous faites bien d'appeler ces histoires « ridicules » !


    (1) C'est-à-dire, capables de penser librement (en anglais : free thinking boys and girls) (N.d.T.).

    (2) En français dans le texte (N.d.T.).

    (3) A. P. Sinnett, The Occult World, Londres : Trübner and Co., 1881 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (4) En français dans le texte (N.d.T.).

    (5) En français dans le texte (N.d.T.).

    (6) Allusion à l'opéra de Rossini : Le Barbier de Séville (N.d.T.).

    (7) H. Jennings, The Rosicrudans, their Rites and Mysteries. ( « Les Rosicruciens, leurs Rites et leurs Mystères » ) Londres : 1870 (N.d.T.).

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    XIV

    LES « MAHÂTMAS THÉOSOPHES


     

    SONT-ILS DES « ESPRITS DE LUMIÈRE »
    OU DES « DÉMONS MAUDITS » ?

     

    QUESTION — Mais enfin qui sont ceux que vous appelez vos « Maîtres » ? Certains disent que ce sont des « Esprits » , ou quelque autre genre d'êtres surnaturels, tandis que pour d'autres ce ne sont que des « produits de l'imagination » .

    LE THÉOSOPHE — Les Maîtres ne sont rien de tout cela. J'ai entendu un jour un profane dire à un autre qu'ils étaient un genre de sirènes mâles, quelle que puisse être une telle créature. Mais vous ne vous ferez jamais une idée claire de ce qu'ils sont si vous vous contentez d'écouter ce que l'on dit d'eux. Tout d'abord, ce sont des hommes vivants, nés comme nous, et destinés à mourir comme tous les mortels.

    QUESTION — Mais le bruit court que certains d'entre eux ont atteint l'âge de mille ans. Est-ce vrai ?

    LE THÉOSOPHE — À peu près comme l'histoire de la poussée miraculeuse des cheveux sur la tête du Shagpat de Meredith. C'est comme avec «  l'Identique » , aucun rasoir théosophique n'a pu encore couper court à l'exubérance de ces propos. Plus nous les nions, plus nous nous efforçons d'éclairer les gens, et plus les inventions deviennent absurdes. J'ai entendu dire que Mathusalem avait vécu 969 ans, mais comme rien ne m'obligeait à le


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    croire j'en ai ri, ce qui m'a valu depuis lors d'être considéré par beaucoup de gens comme un hérétique impie.

    QUESTION — Mais sérieusement, les Mahâtmas dépassent-ils l'âge normal des hommes ?

    LE THÉOSOPHE — Qu'appelez-vous l'âge normal ? Je me souviens d'avoir lu dans le Lancet le cas d'un Mexicain qui avait presque 190 ans, mais je n'ai jamais entendu dire qu'un mortel, homme ordinaire ou Adepte, ait pu atteindre la moitié seulement des années attribuées à Mathusalem. Il existe néanmoins des Adeptes dont la vie dépasse de beaucoup ce que vous appelleriez l'âge normal. Mais il n'y a rien là de miraculeux ; et très peu d'entre eux tiennent à vivre très longtemps.

    QUESTION — Mais quelle est la véritable signification du mot « Mahâtma » ?

    LE THÉOSOPHE — II signifie simplement une « grande âme » — grande à la fois par son élévation morale et par son développement intellectuel. Si on qualifie de « grand » un guerrier adonné à la boisson comme Alexandre, pourquoi ne pas appeler « grands » ceux qui ont fait des conquêtes bien plus considérables dans le domaine des secrets de la Nature, que celles faites par Alexandre dans ses campagnes ? En outre, il s'agit d'un terme indien qui est très ancien.

    QUESTION — Mais pourquoi les appelez-vous « Maîtres » ?

    LE THÉOSOPHE — Nous les appelons ainsi parce qu'ils sont nos instructeurs, et parce que c'est d'eux que nous tenons toutes les vérités théosophiques, bien que ces vérités aient été maladroitement exprimées par certains d'entre nous et mal comprises par d'autres. Ce sont des hommes d'une grande érudition et d'une sainteté de vie plus grande encore. Nous les appelons aussi Initiés. Ce ne sont pas des ascètes au sens usuel


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    de ce mot, quoiqu'ils se tiennent loin de l'agitation et des luttes de votre monde occidental.

    QUESTION — Mais n'est-il pas égoïste de leur part de s'isoler ainsi ?

    LE THÉOSOPHE — Où est l'égo'isme ? Le sort de la Société Théosophique ne vous prouve-t-il pas amplement que le monde n'est prêt ni à les reconnaître, ni à tirer profit de leur enseignement ? À quoi cela aurait-il servi que le professeur Clerk Maxwell enseignât la table de multiplication à une classe de petits garçons ? D'ailleurs, ils ne s'isolent que de l'Occident. Dans leur pays, ils vivent en public comme tout le monde.

    QUESTION — Ne leur attribuez-vous pas des pouvoirs surnaturels ?

    LE THÉOSOPHE — Nous ne croyons pas au surnaturel, comme je vous l'ai déjà dit. Si Edison avait vécu et inventé son phonographe il y a deux cents ans, il aurait été selon toute probabilité brûlé vif avec son invention, que l'on aurait attribuée au diable. Les pouvoirs exercés par les Maîtres ne sont que le développement de ceux qui existent à l'état latent en chaque homme et en chaque femme ; pouvoirs que même la science officielle commence à reconnaître.

    QUESTION — Est-il vrai que ces hommes inspirent certains de vos auteurs, et que beaucoup de vos ouvrages théosophiques, sinon tous, ont été écrits sous leur dictée ?

    LE THÉOSOPHE — C'est vrai pour certains de nos ouvrages. Il y a des passages entiers qui ont été dictés par eux, mot à mot ; mais en général, ils se bornent à inspirer les idées, en laissant à ceux qui écrivent le soin de la forme littéraire.

    QUESTION — Mais cela a quelque chose en soi de miraculeux ! C'est, en vérité, un miracle. Comment peuvent-ils l'accomplir ?

    LE THÉOSOPHE — Mon cher Monsieur, vous êtes profondément dans l'erreur, et c'est la science elle-même qui réfutera votre


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    thèse dans un proche avenir. Pourquoi appelleriez-vous cela un « miracle » ? Par miracle on entend généralement quelque opération surnaturelle ; or, il n'existe rien qui soit au-dessus ni au-delà de la NATURE et de ses lois. Parmi les nombreux genres de « miracles » qui ont fini par être admis par la science moderne, il y a l'hypnotisme. Or, une des formes de l'hypnotisme est la « suggestion » , c'est-à-dire une espèce de transmission de pensée, employée avec succès pour combattre certaines maladies physiques, etc. Le jour n'est pas très éloigné où le monde scientifique sera forcé de reconnaître qu'il existe autant d'interaction entre un mental et un autre, à quelque distance que se trouvent les individus l'un de l'autre, qu'entre un corps et un autre dans le plus étroit contact. Quand il existe une relation mutuelle de sympathie entre le mental d'un être et celui d'un autre, et que les instruments assurant les fonctions du mental de chacun sont accordés entre eux pour répondre magnétiquement et électriquement l'un à l'autre, il n'y a rien qui puisse empêcher la transmission de pensée de l'un à l'autre, à volonté. Car, puisque le mental n'est pas d'une nature tangible telle que la distance puisse le séparer de l'objet de sa contemplation, il s'ensuit que la seule différence qui puisse exister entre un mental et un autre est une différence d'ÉTAT. Ainsi, si l'on surmonte cet obstacle, la transmission de la pensée se fait à n'importe quelle distance : où voyez-vous un « miracle » ?

    QUESTION — Mais vous admettrez que l'hypnotisme n'accomplit rien d'aussi merveilleux, ou d'aussi miraculeux ?

    LE THÉOSOPHE — Au contraire, c'est un fait bien établi qu'un hypnotiseur peut influencer le cerveau de son sujet au point de faire reproduire, par l'intermédiaire de l'organisme de celui-ci, l'expression de ses propres pensées et même ses propres paroles. Même si les phénomènes qui sont à rattacher à cette méthode de transmission de pensée sont encore peu nombreux, nul ne s'avisera, je suppose, de dire jusqu'où leurs efforts pourront aller dans le futur, une fois que les lois qui les régissent auront été établies plus scientifiquement. Or, s'il est déjà possible d'accomplir de tels phénomènes avec les quelques rudiments d'hypnotisme que


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    l'on connaît, qu'est-ce qui peut empêcher l'Adepte en possession de pouvoirs psychiques et spirituels de produire des résultats que votre connaissance limitée actuelle des lois qui les gouvernent vous porte à appeler « miraculeux » ?

    QUESTION — Alors pourquoi nos médecins ne tentent-ils pas de telles expériences, et pourquoi ne s'efforcent-ils pas d'en faire autant (1) ?

    LE THÉOSOPHE — Tout d'abord, parce que, loin d'être des Adeptes en possession d'une connaissance approfondie des secrets et des lois gouvernant les domaines psychique et spirituel, ce sont des matérialistes qui craignent de sortir du domaine étroit de la matière et, en outre, parce que, pour le moment, ils doivent échouer, et échoueront jusqu'à ce qu'ils soient amenés à reconnaître la possibilité d'acquérir les pouvoirs dont nous parlons.

    QUESTION — Mais ne pourrait-on les leur enseigner ?

    LE THÉOSOPHE — Pas avant qu'ils y aient été préparés au préalable, par une élimination radicale, jusqu'au dernier atome, des scories du matérialisme que leur cerveau a accumulées.

    QUESTION — C'est très intéressant, mais, dites-moi, les Adeptes ont-ils ainsi inspiré beaucoup de théosophes dans leurs œuvres, au point même de leur dicter ce qu'ils avaient à écrire ?

    LE THÉOSOPHE — Non, bien au contraire. Il faut des


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    conditions spéciales pour pouvoir produire de tels effets. Un Adepte habile et sans scrupule de la « Fraternité Noire » (des « Frères de l'Ombre » , et des dugpa, comme nous les appelons) a bien moins de difficultés à surmonter. Car, comme le « sorcier » dugpa ne s'encombre pas de lois de nature spirituelle qui pourraient entraver son action, il peut s'emparer sans vergogne du mental de n'importe qui, et le soumettre entièrement à son pouvoir malfaisant. Mais nos Maîtres n'agissent jamais ainsi. Ils n'ont pas le droit, sous peine de tomber dans la magie noire, de prendre la maîtrise complète de l'Ego immortel de quiconque, et ne peuvent donc agir que sur la nature physique et psychique du sujet, en laissant ainsi le libre arbitre de ce dernier absolument intact. En conséquence, à moins qu'une personne n'ait été mise en relation psychique avec les Maîtres, et ne soit aidée, en vertu de la foi absolue qu'elle peut avoir en ses Instructeurs, et de sa dévotion envers eux, ceux-ci éprouveront de grandes difficultés à pénétrer le chaos obscur de la sphère mentale de cette personne, chaque fois qu'ils voudront lui transmettre leurs pensées. Mais ce n'est pas ici le lieu de traiter d'un sujet de cette nature. Il suffit de dire que, si le pouvoir existe, il doit y avoir des Intelligences (incarnées ou désincarnées) qui sont capables de guider ce pouvoir, et des instruments vivants et conscients qui peuvent lui servir de canal de transmission et recevoir l'effet de son action. Nous devons simplement nous méfier de la magie noire.

    QUESTION — Qu'entendez-vous exactement par « magie noire » ?

    LE THÉOSOPHE — Tout simplement l'abus des pouvoirs psychiques ou de n'importe quel secret de la Nature ; le fait d'employer à des fins égoïstes et coupables les pouvoirs de l'Occultisme. Un hypnotiseur qui, en profitant de ses pouvoirs de « suggestion » , forcerait l'un de ses sujets à commettre un vol ou un meurtre, serait un magicien noir à nos yeux. La fameuse « cure de rajeunissement » du Dr Brown-Séquard, de Paris, à l'aide de dégoûtantes injections animales dans le sang humain —découverte dont discutent actuellement tous les journaux médicaux d'Europe — serait, si ce qu'on dit est vrai, de la magie noire inconsciente.


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    QUESTION — Nous voilà revenus aux croyances du Moyen-Âge, aux maléfices et à la sorcellerie ! La Loi elle-même a cessé de croire à de telles choses.

    LE THÉOSOPHE — Tant pis pour la Loi, car, avec un tel manque de discernement elle est amenée à commettre plus d'une erreur et d'un crime judiciaires. C'est sans doute uniquement le terme de magie qui vous fait peur, avec son relent de superstition. Mais la loi ne punirait-elle pas un abus de pouvoirs hypnotiques comme celui que je viens de mentionner ? En fait, c'est bien ce qui a déjà eu lieu en France et en Allemagne. Pourtant, elle n'en repousserait pas moins avec indignation l'idée d'avoir puni un crime évident de sorcellerie. Il est impossible de croire à l'efficacité et à la réalité des pouvoirs de suggestion employés par les médecins, aussi bien que les mesmériseurs (ou hypnotiseurs), et de refuser en même temps de croire à ces mêmes pouvoirs dès qu'on les utilise dans de mauvaises intentions. Et si vous y croyez, vous croyez à la sorcellerie ! Vous ne pouvez pas croire au bien et ne pas croire au mal, accepter de la bonne monnaie et ne pas admettre qu'il en existe de la fausse. Rien ne peut exister sans son contraire : on ne pourrait avoir conscience du jour, de la lumière, du bien, s'il n'y avait ni nuit, ni ténèbres, ni mal, pour les mettre en relief et leur donner un sens par effet de contraste.

    QUESTION — Néanmoins, j'ai connu des hommes qui, tout en croyant fermement à ce que vous appelez de grands pouvoirs psychiques ou magiques, riaient bien quand on leur parlait de maléfices et de sorcellerie.

    LE THÉOSOPHE — Qu'est-ce que cela prouve ? Rien, sinon que ces gens manquaient de logique ; et, encore une fois, tant pis pour eux ! Mais nous qui savons qu'il existe des Adeptes, bons et saints, nous croyons tout aussi fermement à l'existence d'autres Adeptes mauvais et démoniaques — les dugpa.

    QUESTION — Mais si les Maîtres existent, pourquoi ne se révèlent-ils pas aux yeux de tous pour réfuter une fois pour toutes les


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    nombreuses accusations portées contre Madame Blavatsky et contre la Société ?

    LE THÉOSOPHE — Quelles accusations ?

    QUESTION — Par exemple, le fait que les Maîtres n'existent pas et que c'est elle qui les a inventés ; qu'ils ne sont que des hommes de paille, ou, comme on l'a dit, des « Mahâtmas de mousseline et de baudruche » . Tout cela ne nuit-il pas à sa réputation ? 

    LE THÉOSOPHE — Comment une pareille accusation pourrait-elle lui nuire en réalité ? S'est-elle jamais servi de leur existence présumée pour se faire de l'argent, pour en retirer un avantage ou de la gloire ? J'affirme qu'elle n'en a recueilli que des injures, des outrages et des calomnies, ce qui lui eût été bien pénible si elle n'avait pas appris depuis longtemps à rester parfaitement indifférente à ces fausses accusations. Car, à quoi aboutissent-elles, après tout ? En définitive à un compliment implicite, et ses accusateurs auraient bien dû réfléchir à deux fois avant de le faire, si ces insensés n'avaient été entraînés par leur haine aveugle. En effet, prétendre que Madame Blavastsky a inventé les Maîtres, cela revient à dire qu'elle a dû inventer chacun des détails de la philosophie qui ont jamais été publiés dans la littérature théosophique. Elle a dû aussi écrire les lettres qui ont servi de base au Bouddhisme ésotérique. Elle a dû aussi inventer, toute seule, chacun des principes contenus dans la Doctrine Secrète en qui le monde, s'il était juste, devrait reconnaître une oeuvre comblant bien des lacunes laissées par la science — comme on l'admettra dans une centaine d'années ! En parlant ainsi, ses détracteurs la font en réalité passer pour beaucoup plus habile que les centaines d'hommes qui croient à ce qu'elle dit (parmi lesquels se trouvent beaucoup de gens très habiles, et plus d'un homme de science) puisqu'elle les aurait tous dupés ! Si ses accusateurs disent la vérité, il faudrait vraiment qu'elle fût la personnification de plusieurs Mahâtmas réunis, à la manière des boîtes chinoises enfermées les unes dans les autres : en effet, parmi les lettres qu'on désigne comme les « lettres des Mahâtmas » , beaucoup sont écrites dans des styles totalement différents


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    et particuliers, mais cela n'empêche pas les détracteurs de Mme Blavatsky d'affirmer qu'elle les a toutes écrites.

    QUESTION — C'est bien ce qu'ils disent. Mais n'est-ce pas très pénible pour elle d'être accusée publiquement d'être « l'imposteur le plus accompli de ce temps, dont le nom mérite de passer à la postérité » , comme le dit le Rapport de la « Society for Psychical Research »  ?

    LE THÉOSOPHE — Cela pourrait lui être pénible si ce jugement était vrai, ou émanait de personnes moins enragées dans leur matérialisme et leurs préjugés. Telle qu'elle se présente, toute cette histoire ne lui inspire personnellement que mépris, tandis que les Mahâtmas ne font qu'en rire. En vérité, je le répète, c'est le plus grand compliment qu'on pourrait lui faire.

    QUESTION — Cependant, ses ennemis prétendent avoir donné toutes les preuves de leurs conclusions.

    LE THÉOSOPHE — Oui, il est assez facile de le prétendre quand on se constitue juge et partie, comme ils l'ont fait. Mais qui, à l'exception de leurs partisans les plus proches, et de nos ennemis, croit ce qu'ils disent ?

    QUESTION — N'ont-ils pas envoyé un représentant en Inde pour se livrer à une enquête sur la question ?

    LE THÉOSOPHE — En effet, et leurs conclusions définitives s'appuient entièrement sur les affirmations gratuites et les assertions non vérifiées de ce jeune homme. Après avoir examiné son rapport avec soin, un homme de loi à déclaré à l'un de mes amis qu'il n'avait jamais lu de « document plus ridicule, renfermant en lui-même sa propre condamnation » . Il le trouva plein de suppositions et d' « hypothèses provisoires » qui se détruisent mutuellement. Est-ce là une accusation sérieuse ?

    QUESTION — Ce Rapport a cependant fait grand tort à la S. T..


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    Pourquoi Madame Blavatsky n'a-t-elle pas eu recours aux tribunaux, du moins pour rétablir sa propre réputation ?

    LE THÉOSOPHE — D'abord, parce que, comme théosophe, son premier devoir est d'ignorer toute insulte personnelle. Ensuite, parce que, ni la Société, ni Madame Blavatsky n'ont assez d'argent pour le gaspiller dans un procès de la sorte. Et, finalement, parce qu'il eût été ridicule qu'elle et la Société trahissent leurs principes pour répondre à l'attaque d'un troupeau de stupides vieux moutons anglais incités à charger par un trop folâtre agnelet d'Australie (2).

    QUESTION — En voilà un compliment ! Mais ne croyez-vous pas que la cause de la Théosophie aurait eu avantage à ce que Madame Blavatsky réfutât une fois pour toute, et avec autorité, toutes ces allégations ?

    LE THÉOSOPHE — Peut-être. Mais croyez-vous qu'un jury ou qu'un juge anglais, même non prévenu et dépourvu de tout préjugé, aurait jamais pu admettre la réalité des phénomènes psychiques ? N'oubliez pas que de toute façon les gens du tribunal auraient été d'emblée dressés contre nous, avec ces bruits inquiétants qui couraient au sujet de « l'espionne russe » , sans parler de l'accusation d'athéisme et d'incroyance, et d'autres calomnies dont on nous accablait : vous conviendrez avec nous que la tentative d'obtenir justice de la loi anglaise eût été pis qu'inutile ! Tout cela, les Chercheurs Psychiques le savaient bien. Ils ont lâchement profité de leur position pour s'élever, en nous passant sur la tête, et pour sauver leur réputation à nos dépens.

    QUESTION — La S.P.R. nie maintenant tout à fait l'existence des Mahâtmas. Elle dit qu'ils ne sont, du début jusqu'à la fin, qu'une pure invention échafaudée par le cerveau de Mme Blavatsky.


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    LE THÉOSOPHE — Eh bien ! Elle aurait pu faire bien des choses moins ingénieuses. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas la moindre objection à cette théorie. Comme elle ne cesse de le dire maintenant. Mme Blavatsky en est presque arrivée à préférer que les gens ne croient pas aux Maîtres. Et elle déclare ouvertement qu'il vaudrait mieux, à son avis, que l'on fût sérieusement persuadé que le « pays des Mahâtmas » n'existe que dans la matière grise de son cerveau, et qu'elle les a évoqués en les faisant monter des profondeurs de sa propre conscience intérieure, plutôt que de voir profaner, d'une manière aussi infâme, leurs noms et le grand idéal qu'ils représentent, comme c'est le cas actuellement. Au début, elle protestait avec indignation toutes les fois qu'elle entendait exprimer des doutes quant à leur existence. Maintenant, elle ne se soucie plus du tout d'apporter des preuves pour ou contre. Les gens n'ont qu'à penser ce qu'ils veulent !

    QUESTION — Mais cependant, ces Maîtres existent vraiment, n'est-ce pas ?

    LE THÉOSOPHE — Nous affirmons qu'ils existent. Mais cela ne sert pas à grand-chose. Beaucoup de gens, parmi lesquels on compte même des théosophes et ex-théosophes, disent qu'ils n'ont jamais eu de preuves de leur existence. Fort bien, mais alors Mme Blavatsky leur pose ce dilemme : si elle les a inventés, il faut conclure qu'elle a aussi inventé leur philosophie et les connaissances pratiques que quelques-uns de ses disciples ont acquises ; et, dans ce cas, qu'importe que les Maîtres existent ou non, puisque elle-même est là et que, du moins, son existence à elle ne saurait être niée. Si la connaissance qu'elle dit avoir été communiquée par les Maîtres est bonne intrinsèquement, et bien des personnes douées d'une intelligence au-dessus de la moyenne l'affirment, pourquoi faire tout ce vacarme insensé autour de cette affaire ? Mais le fait qu'elle soit un imposteur n'a jamais été prouvé non plus et restera toujours à démontrer ; tandis que c'est un fait certain et indéniable que la philosophie prêchée par les « Maîtres » — quel qu'en soit l'inventeur — est l'une des plus élevées et bienfaisantes qui soient, une fois qu'on l'a bien


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    comprise. Comme vous le voyez, les calomniateurs, inspirés par les sentiments les plus bas et les plus mesquins — haine, désir de vengeance, malveillance, vanité blessée ou ambition frustrée — ne semblent pas se douter qu'ils rendent le plus grand hommage aux pouvoirs intellectuels de Mme Blavatsky. Qu'il en soit donc ainsi, si cela fait plaisir à ces pauvres fous. En vérité, elle n'a rien à objecter contre le fait que ses ennemis la fassent apparaître comme un triple Adepte et un « Mahâtma » par surcroît. C'est seulement parce qu'il lui répugne de jouer à ses propres yeux le rôle du corbeau paré des plumes du paon, qu'elle s'est sentie obligée jusqu'à ce jour d'insister sur la vérité.

    QUESTION — Mais si vous avez des hommes aussi bons et sages pour guider la Société, comment se fait-il que tant d'erreurs aient été commises ?

    LE THÉOSOPHE — Les Maîtres ne guident pas la Société, ni même les Fondateurs, et personne n'a jamais affirmé une telle chose ; ils ne font que veiller sur elle et la protéger. La preuve en est qu'aucune erreur n'a pu paralyser son action, et qu'aucun scandale venant de l'intérieur de la Société, ni aucune attaque, quelque acharnée qu'elle ait pu être, venant de l'extérieur, n'ont pu la détruire. Les Maîtres considèrent l'avenir et non le présent, et chacune des erreurs commises par les hommes est autant de sagesse accumulée pour les jours à venir. Cet autre « Maître » qui donna cinq talents à l'un de ses serviteurs, ne lui enseigna pas comment s'y prendre pour en doubler la valeur et il n'empêcha pas non plus cet autre serviteur, stupide celui-là, d'aller enterrer l'unique talent qu'il avait reçu. Il faut donc que chacun acquière la sagesse par sa propre expérience et ses propres mérites. Les Églises chrétiennes qui se réclament d'un « Maître » infiniment plus élevé, le Saint-Esprit lui-même, n'ont pas cessé, jusqu'à ce jour, de se rendre coupables, non seulement d' « erreurs » , mais d'une longue série de crimes sanglants au cours des siècles. Malgré cela, aucun chrétien, je suppose, ne renierait sa foi en ce « Maître » , dont l'existence est néanmoins bien plus hypothétique que celle des Mahâtmas, car personne n'a jamais vu le Saint-Esprit, et l'histoire ecclésiastique dément d'une manière formelle


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    qu'il ait guidé l'Église. Errare humanum est. Revenons à notre sujet.

     

    DE L'ABUS DES NOMS ET DES TERMES SACRÉS

     

    QUESTION — Alors, quand j'entends dire que beaucoup de vos auteurs théosophes prétendent qu'ils ont été inspirés par ces Maîtres ou qu'ils les ont vus et leur ont parlé, ce n'est donc pas vrai ?

    LE THÉOSOPHE — Peut-être est-ce vrai, peut-être ne l'est-ce pas. Comment puis-je le dire ? C'est à eux de le prouver. Certains d'entre eux, un petit, très petit nombre en vérité, ont délibérément menti quand ils ont prétendu avoir reçu une telle inspiration — ou bien ils ont été victimes d'une hallucination ; d'autres ont été réellement inspirés par de grands Adeptes. On reconnaît l'arbre à ses fruits et, de même qu'il faut juger tous les théosophes sur ce qu'ils font, non sur ce qu'ils écrivent ou disent, il faut également accepter tous les ouvrages théosophiques selon leurs mérites, non à cause de l'autorité dont ils se réclament.

    QUESTION — Mais Mme Blavatsky accepterait-elle que l'on appliquât cette méthode de jugement à ses propres ouvrages, à la Doctrine Secrète par exemple ?

    LE THÉOSOPHE — Certainement. Dans la PRÉFACE de cet ouvrage elle déclare expressément que les doctrines exposées par elle sont celles qu'elle a apprises des Maîtres ; mais elle ne prétend pas avoir reçu la moindre inspiration pour ce qu'elle a écrit par la suite. De même, les meilleurs de nos théosophes préféreraient de beaucoup, que l'on n'eût vraiment jamais mêlé les noms des Maîtres à nos livres. À quelques exceptions près, la plupart de ces livres sont non seulement imparfaits, mais indiscutablement inexacts, au point d'induire le lecteur en erreur. On n'a déjà que trop profané les noms de deux de nos Maîtres. Il n'existe guère de médium qui ne se vante de les avoir vus. Et toutes les prétendues sociétés occultes, qui escroquent les gogos en remplissant leurs caisses, prétendent maintenant être guidées et dirigées par des


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    « Maîtres » , qui sont le plus souvent censés être bien supérieurs aux nôtres ! Nombreuses et lourdes sont les fautes dont se rendent coupables ceux qui, en cédant au désir du lucre, à la vanité, ou à une médiumnité irresponsable, émettent de telles prétentions. Combien de gens ont été dépouillés de tout leur argent par ces sociétés qui, contre de l'or vil, offrent de vendre les secrets du pouvoir, de la connaissance et de la vérité spirituelle ! Pis encore, ce sont les noms sacrés de l'Occultisme et de ses saints gardiens qui ont été traînés dans cette boue infâme, et souillés en étant associés à des motifs sordides et des pratiques immorales, tandis que des milliers d'hommes étaient empêchés d'entrer dans la voie de la vérité et de la lumière à cause du discrédit et de la mauvaise réputation qui se sont attachés à l'ensemble du sujet, par la faute de tous ces menteurs, escrocs et imposteurs. Je le répète, tout théosophe sincère regrette aujourd'hui au fond de son cœur qu'on ait fait publiquement mention de ces choses sacrées et de ces saints noms, et voudrait qu'on les eût tenus secrets dans un petit cercle d'amis fidèles et dévoués.

    QUESTION — En effet, il est très souvent question de ces noms de nos jours ; mais, pour autant qu'il m'en souvienne, ce n'est que très récemment que j'ai entendu parler de personnes comme étant des « Maîtres » .

    LE THÉOSOPHE — C'est exact. Si nous avions dès le début agi d'après le sage principe du silence, au lieu de nous hâter de révéler et publier tout ce que nous savions et entendions, une telle profanation ne se serait jamais produite. Voyez, il y a seulement quatorze ans, avant que la Société Théosophique soit fondée, on ne parlait que des « Esprits » . Ils étaient partout, sur toutes les lèvres et, vraiment, personne n'aurait même eu l'idée de parler d' « Adeptes » , de « Maîtres » ou de « Mahâtmas » vivants. C'est à peine si l'on entendait mentionner le nom des Rosicruciens et bien peu de gens se doutaient de l'existence d'une science telle que « l'Occultisme » . Maintenant, tout est changé. Nous, théosophes, fûmes, par malheur, les premiers à parler de ces choses, à révéler qu'il existait en Orient des « Adeptes » , des « Maîtres » , et une connaissance occulte, mais à l'heure actuelle, tout cela est


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    tombé dans le domaine public. Et c'est sur nous maintenant que retombe le karma — les conséquences de la profanation des noms et des choses sacrés qui s'est ainsi produite. Tout ce que vous pouvez trouver sur ces sujets dans la littérature courante — et je vous assure que la matière ne manque pas — tout cela trouve son origine dans l'impulsion donnée dans ce sens par la Société Théosophique et ses Fondateurs. Et maintenant, nos ennemis profitent de notre erreur. Ainsi, le livre le plus récent publié contre nos enseignements est présenté comme l'œuvre d'un Adepte de vingt années d'expérience. Mais là, il s'agit d'un mensonge évident. Nous connaissons celui qui a tenu la plume, ainsi que ses inspirateurs (car l'auteur lui-même est trop ignorant pour avoir pu écrire quelque chose de la sorte). Ces « inspirateurs » sont des personnes vivantes, du caractère le plus vindicatif et le moins scrupuleux qui soit, douées de pouvoirs intellectuels en rapport. Et il n'existe pas qu'un seul de ces pseudo-Adeptes mais plusieurs. La série des « Adeptes » qui ont été utilisés dans l'intention de frapper à la tête la Société Théosophique a commencé voilà douze ans, avec l'apparition de « Louis » dans Art Magie (3) et dans Ghost-Land (4) de Mrs Emma Hardinge Britten, et se termine maintenant avec celui qui est désigné comme l' « Adepte » et l' « Auteur » dans The Light of Egypt (5), ouvrage écrit par des spirites contre la Théosophie et ses enseignements. Mais il est inutile de gémir sur ce qui est fait ; nous ne pouvons que souffrir patiemment en souhaitant que nos indiscrétions aient pu au moins rendre la voie plus accessible à ceux qui cherchent le sentier vers ces Maîtres dont les noms sont maintenant partout invoqués en vain et sous le couvert desquels tant d'iniquités ont déjà été perpétrées.


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    QUESTION — Alors, vous contestez à « Louis » la qualité d'Adepte ?

    LE THÉOSOPHE — Nous ne dénonçons personne et laissons cette noble tâche à nos adversaires. L'auteur spirite des livres Art Magic, etc. a pu, ou non, entrer en rapport avec un tel Adepte, et, en disant cela, j'en dis beaucoup moins que la dame en question n'en a dit et écrit sur notre sujet et sur la Théosophie pendant ces quelques dernières années — c'est son affaire, voilà tout. Mais, quand l'auteur assure que, dans une scène solennelle de vision mystique, un prétendu « Adepte » voit des « esprits » , soi-disant à Greenwich (Angleterre), à travers le télescope de Lord Ross qui, soit dit en passant, fut construit à Parsonstown (Irlande) (6) et n'en a jamais bougé, il est bien permis d'être surpris de l'ignorance de cet « Adepte » en matière de science. Cela surpasse considérablement toutes les erreurs et bévues commises à l'occasion par les chélas de nos Maîtres ! Et c'est sur cet « Adepte » que l'on compte pour détruire les enseignements de nos Maîtres !

    QUESTION — Je comprends fort bien quels doivent être vos sentiments à cet égard, et je les trouve tout naturels. Mais, après tout ce que vous m'avez dit et expliqué, il reste encore un sujet à propos duquel je voudrais bien vous poser quelques questions.

    LE THÉOSOPHE — J'y répondrai volontiers si cela m'est possible. De quoi s'agit-il ?


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    CONCLUSION

    L' AVENIR DE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE

    QUESTION — Dites-moi, que prévoyez-vous pour la Théosophie dans l'avenir ?

    LE THÉOSOPHE — Si vous parlez de la THÉOSOPHIE, ma réponse est que, de même qu'elle a existé éternellement à travers les cycles sans fin du passé, elle existera à jamais à travers l'infinité des temps de l'avenir, car la Théosophie est synonyme de VÉRITÉ ÉTERNELLE.

    QUESTION — Excusez-moi, ce que je voulais vous demander concerne plutôt les perspectives d'avenir de la Société Théosophique elle-même.

    LE THÉOSOPHE — Son avenir dépendra presque entièrement du degré de désintéressement, de sincérité, de dévouement et finalement — ce qui n'est pas le moins important — de la mesure de connaissance et de sagesse que posséderont ceux de nos membres auxquels il incombera de continuer le travail et de guider la Société après la mort de ses Fondateurs.

    QUESTION — Que le désintéressement et le dévouement de ces membres soient d'une grande importance, cela est de toute évidence, mais je ne vois pas comment leur connaissance pourrait être, en l'occurrence, un facteur aussi essentiel que les deux autres qualités. Assurément, la littérature qui existe déjà, et qui s'enrichit encore de constantes additions, devrait suffire à cet égard.


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    LE THÉOSOPHE — II ne s'agit pas ici d'une connaissance technique de la doctrine ésotérique, bien qu'on doive y attacher une grande importance, mais plutôt du grand besoin qu'auront ceux qui viendront après nous pour guider la Société de posséder un jugement clair et libre de tout parti pris. Jusqu'à présent, toutes les tentatives du genre de la Société Théosophique se sont soldées par un échec, parce que, tôt ou tard, elles ont dégénéré en sectes, érigé leurs propres dogmes, étroits et rigides, et perdu ainsi imperceptiblement cette vitalité que seule la vérité vivante peut donner. Il ne faut pas oublier que tous nos membres sont nés ou ont été élevés dans quelque credo ou religion, que tous appartiennent plus ou moins à leur génération, à la fois physiquement et mentalement, et que, pour ces raisons, leur jugement n'a que trop tendance à être faussé et conditionné de façon inconsciente par l'une ou l'autre de ces influences, ou par leur action combinée. Si donc ils ne sont pas capables de s'affranchir de ce conditionnement inhérent à leur nature, ou, tout au moins, s'ils n'apprennent pas à en reconnaître immédiatement les effets, pour éviter de se laisser égarer en lui obéissant, on ne peut s'attendre qu'à voir la Société partir à la dérive, pour aller s'échouer sur quelque banc de sable de la pensée et y demeurer comme une épave immobilisée pour toujours et condamnée à se désagréger et mourir.

    QUESTION — Mais si l'on réussit à éviter le danger ?

    LE THÉOSOPHE — Alors la Société continuera et subsistera à travers le vingtième siècle. Elle pénétrera peu à peu, comme un levain, la grande masse des gens réfléchis et intelligents, de ses idées nobles et généreuses de Religion, de Devoir et de Philanthropie. Elle brisera lentement, mais sûrement, les entraves de fer des credos et des dogmes, des préjugés de caste et de classe ; elle détruira les antipathies nationales et raciales, ainsi que les barrières qu'elles ont érigées, et ouvrira ainsi la voie à la réalisation pratique de la Fraternité entre tous les hommes.


    [ PAGE_319 ]

    Grâce à son enseignement, et à la philosophie qu'elle aura rendue accessible et intelligible au mental moderne, l'Occident apprendra à comprendre et à estimer l'Orient à sa juste valeur. De plus, le développement des pouvoirs et des facultés psychiques, dont les symptômes précurseurs se révèlent déjà en Amérique, s'accomplira d'une manière saine et normale. L'humanité sera sauvée des terribles dangers, à la fois mentaux et corporels, qui sont inévitables quand ce développement a lieu — comme il risque de le faire en ce moment — dans un climat où se déchaînent l'égoïsme et toutes sortes de passions mauvaises. Le développement mental et psychique de l'homme suivra harmonieusement le cours de son amélioration morale, tandis que les circonstances matérielles où il vivra refléteront la paix et la bienveillance fraternelle qui domineront sa pensée, au lieu de la discorde et des conflits que nous voyons partout autour de nous aujourd'hui.

    QUESTION — Quel tableau enchanteur ! Mais dites-moi, croyez-vous que cela puisse réellement s'accomplir dans le court espace d'un siècle ?

    LE THÉOSOPHE — Ce n'est guère possible. Mais il faut vous dire que, pendant le dernier quart de chaque siècle, ces « Maîtres » , dont je viens de parler, font une tentative en vue de favoriser, d'une façon nette et marquante, le progrès spirituel de l'humanité. Vers la fin de chaque siècle, vous trouverez invariablement un déversement d'énergies ou un bouleversement dans le sens d'une montée dans le domaine de la spiritualité ou, si vous le préférez, du mysticisme. À ces époques, une ou plusieurs personnes se révèlent dans le monde comme agents des Maîtres et on voit se répandre, sur une échelle plus ou moins grande, un enseignement et une connaissance occultes. Si vous en aviez l'envie, vous pourriez suivre la trace de ces mouvements, en remontant de siècle en siècle, aussi loin que s'étendent les annales historiques détaillées que vous possédez.

    QUESTION — Mais en quoi cela concerne-t-il l'avenir de la Société Théosophique ?


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    LE THÉOSOPHE — Si la tentative actuelle, représentée par notre Société, a plus de succès que celles qui l'ont précédée, elle persistera sous la forme d'une association bien organisée, saine et vivante, lorsque viendra le moment du prochain effort à entreprendre au XXe siècle. Grâce à la diffusion de ses enseignements, la condition générale de l'humanité, sur le plan du mental et du cœur, se sera améliorée et purifiée et, comme je l'ai déjà dit, les préjugés et les illusions dogmatiques qui entravent les hommes auront été éliminés, au moins jusqu'à un certain point. Mais il n'y aura pas que cela : outre une vaste littérature compréhensible, mise à la disposition de tous, la prochaine impulsion trouvera un groupe d'individus, nombreux et unis, prêts à accueillir le nouveau porteur du flambeau de la Vérité. Celui-ci trouvera des hommes dont le mental aura été préparé à recevoir son message, un langage prêt à exprimer les nouvelles vérités qu'il apportera et une organisation attendant sa venue, qui ôtera de son chemin les obstacles et les difficultés de nature purement mécanique et matérielle. Songez donc à tout ce que pourrait accomplir celui à qui pareilles possibilités seraient offertes. Et comparez avec ce que la Société Théosophique a effectivement réalisé durant ces quatorze dernières années, sans aucun de ces avantages, et au milieu de foules d'obstacles qui ne devraient pas cette fois entraver l'action du nouveau leader. Songez bien à tout cela, et dites-moi si je suis trop optimiste lorsque je déclare que si la Société Théosophique survit, en restant fidèle à sa mission et à son impulsion initiale pendant les cent ans à venir, dites-moi, dis-je, si je vais trop loin en affirmant que la terre sera au vingt et unième siècle un paradis en comparaison de ce qu'elle est actuellement !



    (1) Comme, par exemple, le professeur Bernheim et le Docteur C. Llyod Tuckey, en Angleterre, les professeurs Beaunis et Liégeois, de Nancy, Delboeuf, de Liège, Burot et Bourru, de Rochefort, Fontain et Sigard, de Bordeaux, Forel, de Zurich, et les Docteurs Despine, de Marseille, Van Renterghem et Van Eeden, d'Amsterdam, Wetterstrand, de Stockholm, Schrenck-Notzing, de Leipzig, ainsi que d'autres médecins et auteurs de talent.

    (2) Le rapport en question fut rédigé par le jeune Australien qui avait été chargé de l'enquête (Richard Hogdson) et il fut publié en Angleterre par la S.P.R. (N.d.T.).

    (3) E.H. Britten, Art Magic : or, Mundane, Sub-Mundane and Super-Mundane Spiritism. ( « La Magie de l'Art » ). New York : 1876 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (4) E.H. Britten, Ghost-Land : or Researches into the Mysteries of Occultism, ( « Le Pays des Esprits » ). Boston : 1876 (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (5) The Light of Egypt or the Science of the Soul and the Stars, ( « La Lumière de l'Égypte » ), publication anonyme, Chicago : Religio-Philosophical Publ. House, 1889. (N.d.T.).<o:p></o:p>

    (6) Voir Ghost-Land, 1ère partie, pp. 133 et seq.



    APPENDICE l

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    INFORMATIONS CONCERNANT LA SOCIÉTÉ DITE
    The Theosophical Society

    Cette Société fut fondée à New York, le 17 novembre 1875. Ses fondateurs étaient convaincus que les meilleurs intérêts de la religion et de la science seraient servis en faisant revivre les anciens textes des littératures sanskrite, pâlie, zend, etc. dans lesquels les Sages et les Initiés avaient préservé, pour le bénéfice de l'humanité, des vérités de la plus haute valeur concernant l'homme et la nature. Il semblait qu'une société, de caractère absolument non sectaire, dont le travail serait mené dans un climat amical, par les gens instruits de toutes les races, avec un esprit de consécration altruiste à la recherche de la Vérité, et avec l'intention de la répandre de manière impartiale, pourrait jouer un rôle important pour faire pièce au matérialisme et redonner de la force à l'esprit religieux en plein déclin.

    Exprimés de la façon la plus simple, les buts de la Société sont les suivants :

    1° Former le noyau d'une fraternité universelle de l'humanité, sans distinction de race, croyance, sexe, caste ou couleur.

    2° Promouvoir l'étude des littératures orientales (aryenne et autres) des religions et des sciences.

    3° Procéder à une recherche dans le domaine des lois inexpliquées de la nature et des pouvoirs psychiques de l'homme — ce troisième but n'étant poursuivi que par une fraction seulement des membres de la Société.


    APPENDICE 1 [ PAGE_2 ]

    En s'affiliant, nul n'est obligé de déclarer ses opinions religieuses ; il n'est pas permis de s'immiscer dans les croyances de quiconque mais chacun est tenu, avant d'être admis, de promettre d'observer, sous ce rapport, la même tolérance envers les autres membres que celle qu'il revendique pour lui-même.

    Le quartier général, les bureaux et le personnel de direction sont établis à Adyar (un quartier de Madras, Inde) où la Société est propriétaire d'un terrain de 27 acres [près de 11 hectares] et de vastes constructions, comprenant un bâtiment réservé à la Bibliothèque Orientale, et une grande salle où le Conseil Général se réunit chaque année en Congrès, le 27 décembre.

    La Société n'a pas encore de dotation à son nom, mais elle a commencé à constituer un fonds de trésorerie : les revenus de ses investissements contribueront à faire face aux dépenses courantes. Dans le passé, ces dépenses ont été couvertes par le produit des droits d'admission, des dons et de la petite cotisation annuelle demandée à chaque membre. Toutefois, avec les Statuts Révisés de 1889, la Société a été mise sur une base de contributions volontaires et dépend donc entièrement, pour survivre, de la générosité de ses membres et d'autres personnes, après l'abolition des droits d'admission et des cotisations annuelles. Aucun salaire n'est versé à quiconque ; tout travail est accompli par des volontaires, qui reçoivent éventuellement une nourriture simple et les vêtements nécessaires, quand leurs conditions privées nécessitent une allocation de ce genre.

    L'administrateur officiel de tous les biens de la Société est actuellement le Président et c'est, dans tous les cas, a son nom que doivent être faits tous legs et donations testamentaires, en se conformant aux formules légales du Code en vigueur dans le pays où le donateur rédige son testament. Si un don est laissé nominalement à la Société, l'acte est nul au regard de la loi. L'adresse complète du Président est : Henry Steel Olcott, Adyar, Madras (India).

    La Société, en tant qu'organisation, se tient en dehors de la politique et de tous sujets qui n'entrent pas dans sa sphère déclarée d'activité. Les Statuts interdisent formellement aux membres de compromettre sa stricte neutralité en ces matières.

    De nombreuses Branches de la Société existent déjà dans diverses parties du monde et de nouvelles s'organisent constamment. Chacune d'elles établit ses propres règlements, et mène ses propres activités locales, sans aucune intervention du quartier général, à la seule condition que les Statuts fondamentaux de la Société ne soient pas violés. Pour des questions d'administration, des Branches situées dans


    APPENDICE 1 [ PAGE_3 ]

    certaines limites territoriales — comme l'Amérique, les Îles Britanniques, Ceylan, etc. — ont été regroupées en Sections territoriales. Pour tous détails, se reporter aux Statuts Révisés de 1889, où l'on trouvera également tous renseignements nécessaires concernant l'affiliation à la Société, etc.

    Jusqu'à ce jour (1889) ont été fondées 173 Branches. Pour les détails, voir les Statuts, etc. de la Theosophical Society, qu'on peut obtenir sur demande à l'adresse suivante : Recording Secretary of the Theosophical Society, Adyar, Madras, ou en écrivant aux Secrétaires Généraux des Sections :

    — en Angleterre, Dr. A. Keightiey, 7 Duke Street, Adelphi, Londres. — aux États-Unis, William Q. Judge, P. 0. Box 2659, New York.<o:p></o:p>



    APPENDICE 2

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    LA Theosophical Society FACE À LA LOI AMÉRICAINE

    Le rapport officiel qui suit fut établi en vue d'un jugement qui devait accorder le statut légal de société à la Branche de Saint Louis (Missouri) de la Theosophical Society : c'est un document important du fait qu'il expose par écrit la conception que s'est faite de la Theosophical Society un tribunal américain, après examen minutieux de témoignages fournis sous la foi du serment.

    Premièrement. La Société demanderesse n'est pas une association religieuse. Je fais état de cette constatation négative du fait que le mot « Theosophical » compris dans le titre de la demanderesse est susceptible d'avoir une implication religieuse. À mon avis, l'expression du Code civil « société fondée à des fins religieuses » ne s'applique qu'à une organisation formée, en partie au moins, pour assurer un culte (le culte étant un acte individuel qui fait appel à l'adoration et met peut-être en jeu le pouvoir de l'émotion, ce qui suppose dans tous les cas des actes individuels), ou bien à une organisation constituée en vue de propager une foi religieuse. Le simple fait d'enseigner une religion — comme on peut enseigner l'algèbre — n'est pas, je pense, une activité religieuse, au sens où le mot « religieux » se trouve employé dans le Code et la Constitution. Un homme peut occuper à l'université une chaire de Professeur de religions et, comme tel, enseigner les doctrines de nombreuses religions. Mais, du fait que celles-ci ont des vues différentes et antagonistes, ce Professeur ne pourrait certainement pas


    APPENDICE 2 [ PAGE_2 ]

    s'adonner au culte de toutes. Bien plus, il pourrait même être un individu sans religion. Il s'ensuit que le seul fait d'enseigner les religions ne constitue pas une activité religieuse au sens légal. Il convient de noter que le mot religion est utilisé au pluriel dans l'article 2 de la constitution de cette Société. Enseigner les religions relève de l'éducation non de la religion. En fait, « promouvoir l'étude des religions » consiste, en partie, à promouvoir l'étude de l'histoire humaine. J'ajoute cette autre constatation, subordonnée à la première : la Société n'a pas de croyances religieuses et ne pratique aucun culte.

    Deuxièmement. La demanderesse se propose de promouvoir l'étude de la littérature et des sciences. Ces buts sont expressément compris dans les termes de la légalité.

    Troisièmement. En liaison avec son dernier but, la Société se propose de procéder à une recherche portant sur « les lois inexpliquées de la Nature et les pouvoirs psychiques latents dans l'homme » . Prises dans leur sens apparent, ces deux expressions ne soulèvent aucune objection. Mais il y aurait une raison de croire qu'elles cachent une signification différente de celle qu'on entend à première vue. Le tribunal voudra bien noter le sens communément accepté du mot « Théosophie » : bien que je sois ignorant de la Théosophie, il me semble qu'elle est censée comprendre dans le champ de ses préoccupations (entre autres choses) les manifestations et les phénomènes, physiques et psychiques, qui violent les lois actuellement connues des physiciens et des métaphysiciens et que, peut-être, les théosophes eux-mêmes n'expliquent pas ou ne prétendent pas expliquer, ou encore ne comprennent pas. Dans cette catégorie, on peut citer le spiritisme, le mesmérisme, la clairvoyance, la cure mentale, la lecture des pensées, etc. J'ai recueilli des témoignages sur la question et j'ai établi que si la Société n'oblige personne à croire à ces sortes de manifestations et de phénomènes, et si chacun de ses membres est libre d'avoir ses propres opinions, ces questions n'en sont pas moins des sujets de recherches et de discussion, et, dans leur ensemble, il est probable que les membres croient individuellement à des phénomènes qui sont anormaux et à des pouvoirs qui doivent passer pour surhumains aux yeux de la science actuelle. Il est indubitablement du droit de chaque citoyen d'avoir les opinions qu'il lui plaît sur ces sujets, et d'entreprendre à sa guise d'explorer l'inexpliqué et d'amener


    APPENDICE 2 [ PAGE_3 ]

    au grand jour ce qui est latent. Mais la question qui se pose est celle-ci : le tribunal accordera-t-il un droit d'exercice favorisant cette entreprise ? Le mot Vaudou s'applique à des pratiques d'hommes trompeurs parmi une masse ignorante et superstitieuse, qui se rendent coupables d'impostures au détriment des gens naïfs de cette masse ignorante et superstitieuse. Aucun tribunal n'accorderait un droit d'exercice autorisant ces pratiques. Aussi le tribunal doit-il se livrer à une enquête sur les pratiques de l'entreprise qui demande son assistance légale — et s'informer aussi sur son honorabilité. Mon intention n'est pas ici de faire un rapprochement entre le Vaudou et cette catégorie de phénomènes que, par souci de commodité, j'appellerai l'occultisme — bien que je ne sache pas si ce mot convient exactement. Je prends simplement le Vaudou comme un cas frappant, montrant la nécessité d'une enquête par le tribunal. En nous tournant vers l'occultisme, nous découvrirons dans ses annales qu'il a parfois été utilisé à des fins d'imposture. Mais ceci n'altère en rien son caractère essentiel. Partout et toujours, on voit des hommes mauvais faire mauvais usage de toute chose avec des motifs égoïstes. Qu'elle parvienne à l'atteindre ou non, le but de la société demanderesse est indéniablement louable, si l'on admet qu'il existe des phénomènes physiques et psychiques inexpliqués et que la Théosophie s'emploie à les expliquer ; de même, si l'on admet que des pouvoirs humains sont encore à l'état latent et qu'elle cherche à les découvrir. Il est possible que des absurdités et des impostures soient, en fait, liées au stade naissant de son développement. Quant à arriver à une compréhension d'une chose comme l'occultisme — qui affirme l'existence de pouvoirs qui passent ordinairement pour surhumains, et de phénomènes qui passent ordinairement pour surnaturels — il m'a semblé que le tribunal n'avait pas à se charger de donner une réponse légale à la question de la vérité de ces affirmations, mais devait plutôt faire une enquête, avant d'accorder un droit d'exercice à l'occultisme, pour déterminer au moins s'il jouit d'une réputation honorable, ou si ses adhérents ne sont que des individus à l'esprit obtus et à l'intelligence médiocre, et d'une crédulité sans bornes. En conséquence, j'ai réuni des témoignages sur ce point, et j'arrive à la conclusion qu'un certain nombre de personnes respectables — dans divers pays d'Europe, comme dans ce pays — qui occupent une position éminente dans le monde scientifique, croient à l'occultisme.À ce qu'on affirme, Sir Edward Bulwer Lytton, cet auteur connu pour son vaste et profond savoir et son solide intellect, fut un occultiste, ce que viennent confirmer au moins deux de ses livres. Le regretté Président Wayland, de la Brown University, a écrit au sujet des opérations mentales anormales qui se


    APPENDICE 2 [ PAGE_4 ]

    manifestent, par exemple, dans la clairvoyance : « Le sujet me paraît tout à fait digne de l'examen le plus approfondi et le plus impartial. Il ne mérite nullement le ridicule mais exige l'attention de la recherche la plus philosophique. » Sir William Hamilton, probablement le plus pénétrant, et indiscutablement le plus instruit des métaphysiciens anglais qui aient jamais vécu, a dit, il y a au moins trente ans : « Aussi étonnant que cela puisse paraître, il est maintenant prouvé, sans qu'on puisse y opposer le moindre doute rationnel, que, dans certains états anormaux de l'organisme nerveux, des perceptions sont possibles par d'autres canaux que ceux des sens ordinaires » . Avec un tel témoignage, la Théosophie se trouve au moins placée sur un pied de respectabilité. Qu'elle soit capable ou non, par un travail plus approfondi, de faire de vérités partielles des vérités complètes, qu'elle puisse ou non éliminer les extravagances et se purger des impuretés — s'il en existe — ce sont là des questions sur lesquelles, probablement, le tribunal ne se sentira pas tenu de statuer. Je ne vois pas d'autre particularité de la constitution de la demanderesse susceptible d'être considérée comme répréhensible au regard de la loi, et, en conséquence, j'ai l'honneur de faire savoir que je n'ai à présenter aucune objection s'opposant à ce que satisfaction soit donnée à la requête des demandeurs.

    August W. ALEXANDER. <o:p></o:p>

    Expert assermenté près les tribunaux.

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    <o:p> </o:p>

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    H.P. BLAVATSKY

    GLOSSAIRE

    Note des éditeurs

        C'est en juillet 1889 que la Clef de la Théosophie (titre original : The Key to Theosophy) a paru, à Londres et New York. La seconde édition, publiée en 1890, fut augmentée d'un « copieux glossaire » de 62 pages, où Mme Blavatsky réunissait la majorité des mots de son livre qui demandaient certaines précisions ou explications complémentaires. Cependant, elle avait en vue un ouvrage plus important, couvrant un bien plus vaste champ d'étude, dont elle annonçait déjà le titre à son public : Le Glossaire Théosophique (en anglais : The Theosophical Glossary). Elle ne put malheureusement donner toute son attention à ce projet dans les derniers mois qui lui restaient à vivre, bien qu'elle ait réussi avant sa mort à en rédiger un certain nombre d'articles auxquels elle renvoyait par avance le lecteur du présent texte.

        Pour chaque entrée, la source du mot est indiquée en abrégé : allemand (all), anglais (ang), chinois (chin), égyptien (ég), grec (gr), hébreu (héb), latin (lat), pâli (pâl), persan (per), sanskrit (skt). Des informations complémentaires, données par le traducteur dans des notes, ou en cours d'article, sont présentées entre crochets. Dans le texte, un astérisque placé à la fin d'un mot renvoie à un article particulier consacré à ce mot.

        Pour les termes bouddhiques, le lecteur pourra également se reporter au glossaire inséré dans l'édition de la Voix du Silence, publiée en 1991 par Textes Théosophiques [voir "publications disponibles" sur notre site].).

        À noter enfin que quelques articles supplémentaires (présentés entre crochets) ont été proposés par le traducteur pour expliquer certains termes que Mme Blavatsky n'avait pas pris en compte, ou apporter des précisions utiles au lecteur moderne.

    * Glossaire - 1 -

    (Absoluité - Double)

    -- A --

    Absoluité. Énoncé à propos du PRINCIPE UNIVERSEL, ce mot dénote une abstraction, ce qui est plus correct et plus logique que d'appliquer l'adjectif « absolu » à ce qui ne peut avoir ni attributs ni limitations.

    Adam Kadmon (héb)- « L'Homme-archétype » , l'humanité. L' '' Homme céleste " (non tombé dans le péché). Les kabbalistes le rattachent aux dix sephiroth* sur le plan de la perception humaine ». Dans la Kabbale*, Adam Kadmon est le Logos* manifesté, correspondant à notre troisième Logos, l'être non manifesté étant le premier homme idéal, paradigmatique, et symbolisant l'univers in abscondito [= dans l'abstrait], ou dans sa « privation » (1), au sens aristotélicien du terme.
    Le premier Logos est la « lumière du Monde » [voir st Jean], le second et le troisième étant ses ombres dont l'obscurité s'approfondit graduellement.

    Adepte (lat: adeptus [= qui a atteint, ou obtenu]). En Occultisme*, celui qui a atteint le stade de l'initiation, en devenant ainsi un maître dans la science de la Philosophie Ésotérique.

    Æther (gr) [Aiqhr] Chez les Anciens : la divine substance luminifère, répandue dans l'univers entier, le « vêtement » de la Déité suprême, Zeus ou Jupiter. Avec les modernes : l'éther. Voir un dictionnaire, comme celui de Webster, pour la signification du terme, en physique et en chimie. En ésotérisme, l'Æther est le troisième principe du Kosmos septuple, la matière (la terre) en étant le plus bas, et l'Âkâsha le plus élevé.

    Agathon (gr) [To 'Agaqon]. La Déité suprême de Platon, littéralement « le Bien » (en soi). Notre Âlaya, ou l'âme du Monde.

    Âge d'or. Les Anciens divisaient le cycle de vie en Âges d'or, d'argent, de bronze et de fer. L'Âge d'or était caractérisé par une vie de pureté et de simplicité primitives, et de bonheur général.

    Agnostique. Terme créé [en 1869] par le prof. [Thomas] Huxley pour désigner celui qui ne croit en rien qui ne puisse être démontré par les sens.

    Ahamkâra (skt). Le sens du « je » , la conscience réfléchie, ou le sens de l'identité ; [par ailleurs] le moi ou le principe mâyâvique est dans l'homme la base de l'égoïsme dû à notre ignorance, qui sépare notre « Je » du Soi Un et Universel. La personnalité*, ainsi que l'égoïsme.

    Ain Soph (héb.). La Déité « sans borne » , ou « sans limite » , qui émane et s'étend. Le mot se transcrit également En Soph et Ain Suph, vu que personne — pas même les rabbins — n'est tout à fait sûr des voyelles. Dans la métaphysique religieuse des anciens philosophes hébreux, le principe un était une abstraction comme Parabrahm*, bien que les kabbalistes modernes aient réussi, à force de sophismes et de paradoxes, à en faire un Dieu suprême et rien de plus haut. Mais pour les premiers kabbalistes chaldéens, Ain Soph était sans forme ni être et sans ressemblance avec quoi que ce soit (voir l'ouvrage de Franck, Die Kabbala, p.126). Que Ain Soph n'ait jamais été considéré comme le Créateur est prouvé de façon concluante par le fait qu'un Juif orthodoxe comme Philon* a appelé « créateur » le Logos, qui vient immédiatement après l' « Un sans-limite » et qui est « le SECOND Dieu ». Dans son traité Quaestiones et Solutiones, Philon déclare : « le Second Dieu est dans sa sagesse (celle d'Ain Soph) ». La Déité n'est AUCUNE CHOSE [ou encore, est NON-CHOSE, en anglais : NO-THING, à distinguer de nothing = rien] ; elle est sans nom, et pour cela est appelée Ain Soph, le mot Ain signifiant une négation. (Voir, de Franck, Kabbala, p. 153).

    Alchimie. En arabe, Ul-Khemi : comme le nom le suggère, c'est la chimie de la Nature. Cependant, Ul-Khemi ou Al-Kimia est en fait un mot arabisé venant du grec chmeia  [chèméia] ou cumeia [chuméia], de cumoV [chumos], suc extrait d'une plante. L'Alchimie opère avec les forces subtiles de la Nature et les diverses conditions de la matière où on les trouve à l'œuvre. En cherchant, sous le voile du langage plus ou moins artificiel, à transmettre au non-initié autant du Mysterium Magnum qu'il est prudent de le faire sans risques dans les mains d'un monde égoïste, l'Alchimiste postule, comme son premier principe, l'existence d'un certain Solvant Universel, par l'effet duquel tous les corps composés se résolvent dans la substance homogène d'où les éléments sont venus à l'existence. Cette substance, il l'appelle or pur, ou summum materiae. Quant au solvant (également dénommé menstruum universale), il possède le pouvoir d'extraire du corps humain tous les germes de maladie, de renouveler la jeunesse et de prolonger la vie. Telle est la pierre philosophale (lapis philosophorum). L'Alchimie a été introduite en Europe d'abord par Geber [Jâbir ibn Hâyyan], le grand sage et philosophe arabe, au 8ème siècle de notre ère ; mais, depuis de longs âges, elle avait été connue et pratiquée en Chine et en Égypte. De nombreux papyrus traitant d'Alchimie, et d'autres témoignages prouvant qu'elle était le sujet d'étude favori des rois et des prêtres, ont été exhumés et préservés, sous l'appellation générique de « traités hermétiques » (voir la Table d'émeraude). L'étude de l'Alchimie comprend trois aspects distincts, susceptibles de maintes interprétations différentes : il s'agit des aspects cosmique, humain et terrestre.
    Ces trois voies d'approche ont été caractérisées en les rapportant aux trois propriétés alchimiques rangées sous les termes soufre, mercure et sel. À ce sujet, les auteurs ont des vues différentes sur les voies qu'ils dénombrent — trois, sept, dix ou douze — mais ils tombent tous d'accord sur un point : en Alchimie, le seul but est la transmutation des métaux vils en or pur. Cependant, sur la nature réelle de cet or, très peu de gens ont une compréhension correcte. Il n'y a pas de doute qu'il se produise dans la Nature un phénomène comme la transmutation du métal grossier en métal plus noble ; cependant, ce n'est là qu'un aspect de l'Alchimie — son côté terrestre ou purement matériel, car nous voyons logiquement le même processus se réaliser dans les entrailles de la terre. Mais, à côté de cette Interprétation, et bien au-delà, il existe dans l'Alchimie une signification symbolique, purement psychique et spirituelle. Pendant que l'Alchimiste-Kabbaliste se préoccupe de réaliser le premier objectif, l'Alchimiste-Occultiste*, méprisant l'or de la terre, tourne toute son attention et ses efforts exclusifs vers la transmutation du quaternaire* inférieur en la trinité* supérieure divine de l'homme, qui donne lieu à une unité lorsque la fusion finale est réalisée. En Alchimie, les plans spirituel, mental, psychique et physique de l'existence humaine sont comparés aux quatre éléments — feu, air, eau et terre — chacun pouvant présenter une constitution triple — fixe, mutable et volatile. Le monde ne sait à peu près rien en ce qui concerne l'origine de cette branche archaïque de philosophie, mais il est certain qu'elle précède la construction de tous les zodiaques connus — et probablement aussi toutes les mythologies du monde, si on l'envisage dans ses rapports avec les forces personnifiées de la Nature. Il n'y a pas non plus de doute que les vrais secrets de la transmutation (sur le plan physique) ont été connus jadis et ensuite perdus, avant l'aube de ce qu'on appelle la période histonque. La chimie moderne doit à l'Alchimie ses meilleures découvertes fondamentales, mais, sans prendre en considération l'indéniable affirmation alchimique qu'il n'existe qu'un seul élément dans l'univers, la chimie a placé les métaux dans la classe des éléments et elle commence seulement maintenant à découvrir son erreur grossière. Même certains encyclopédistes se trouvent forcés de confesser que, si la plupart des récits de transmutation relèvent de la fraude ou de l'illusion, il y en a pourtant certains qui s'accompagnent de témoignages qui les rendent probables. Avec la batterie galvanique, on a découvert que même les alcalis ont une base métallique. La possibilité d'obtenir un métal à partir d'autres substances qui renferment les ingrédients qui le composent, de changer un métal en un autre (...) doit donc demeurer comme une question ouverte. Il n'y a pas lieu non plus de considérer tous les alchimistes comme des imposteurs. Beaucoup ont eu la conviction de pouvoir atteindre leur but, avec une infatigable patience et une inaltérable pureté de cœur — ce qui est à bon droit recommandé par les alchimistes comme la principale condition requise pour le succès de leurs travaux » (Popular Encylopaedia).

    Alexandrie, philosophes d'— , École d'-. Cette École fameuse a vu le jour dans la cité égyptienne d'Alexandrie qui demeura pendant de longues années le siège du savoir et de la philosophie, et fut célèbre à plus d'un titre : sa bibliothèque, fondée par Ptolémée Sôter [~367/ ~283 av. J.-C.] au début de son règne, s'enorgueillit de contenir jusqu'à 700.000 rouleaux, ou volumes (d'après Aulu-Gelle), son Musée possédait la première véritable Académie des Sciences et des Arts, accueillant des savants de renommée mondiale comme Euclide (le père de la géométrie scientifique), Apollonios de Perga (auteur d'un traité qui existe encore sur les sections coniques), Nicomaque (l'arithméticien), sans parler des astronomes, des physiciens, des anatomistes (comme Hérophile et Erasistrate), des médecins, des musiciens, des artistes, etc. qui ont fait sa renommée. Mais elle devint encore plus fameuse grâce à son École éclectique, ou néo-platonicienne, fondée en 173 ap. J.-C. (2) par Ammonios* Saccas qui compta comme disciples Origène*, Plotin* et bien d'autres hommes devenus célèbres dans l'histoire. Les Écoles les plus renommées des gnostiques eurent leur origine à Alexandrie. Philon le Juif*, Josèphe*, Jamblique*, Porphyre*, Clément d'Alexandrie*, l'astronome Ératosthène [~284/ —192 av. J.-C.], Hypatie (la vierge philosophe), et d'innombrables autres étoiles de seconde grandeur, ont tous appartenu, à des périodes diverses, à ces grandes Écoles et contribué à faire d'Alexandrie l'un des foyers du savoir les plus justement renommés que le monde ait jamais produits.

    Altruisme (du latin alter, autre). Une disposition opposée à l'égoïsme, manifestée dans des actions tendant à faire du bien à autrui, sans considération pour soi.

    Âme-fil. Même sens que sutrâtma*.

    Âme protéenne. Terme désignant le mâyâvirûpa, ou corps de pensée, la forme astrale supérieure qui peut prendre toutes les formes au gré de la volonté de la pensée de l'adepte. Voir plus loin au mot « plastique »*, également à l'article « Âme plastique » dans le Glossaire Théosophique.

    Ammonios Saccas. Un grand et bon philosophe qui vécut à Alexandrie* entre le 2ème et le 3ème siècles de notre ère et fonda l'École néoplatonicienne des Philalèthes*, ou « amants de la vérité » . De naissance peu fortunée, né de parents chrétiens, il fut doué d'une bonté si remarquable, presque divine, qu'il fut surnommé théodidaktos [qeodidaktoV] , « instruit par Dieu ». Il honora ce qu'il y avait de bon dans le christianisme mais rompit de bonne heure avec cette religion et les Églises, étant incapable d'y trouver une supériorité quelconque sur les religions antiques.

    « Analogistes » ou « Analogisticiens » (3) Selon Alexander Wilder* (4) les disciples d'Ammonios* Saccas, ainsi appelés en raison de leur pratique d'interprétation de tous les mythes, légendes et mystères sacrés, fondée sur un principe d'analogie et de correspondance, comme c'est la règle aussi dans le système de la Kabbale* et, par excellence, dans les Écoles de philosophie ésotérique de l'Orient. (Voir l'article de T. Subba Row, « Les douze signes du zodiaque » publié dans [l'ouvrage collectif] Five Years of Theosophy).

    Ânanda (skt). Béatitude, joie, félicité, bonheur. [Également,] le nom d'un disciple favori de Gautama, le Seigneur Bouddha.

    Anaxagore [~500/~428 av. J.-C.]. Fameux philosophe ionien qui étudia la philosophie avec Anaximène de Milet et s'établit à Athènes, à l'époque de Périclès. Socrate, Euripide, Archélaos et d'autres hommes et philosophes distingués furent parmi ses disciples et élèves. Astronome très savant, il fut l'un des premiers à expliquer ouvertement ce qu'avait enseigné Pythagore en secret : le mouvement des planètes, les éclipses solaires et lunaires, etc. C'est lui qui exposa la théorie du chaos, sur le principe que rien ne vient de rien (ex nihilo nihil fit), et des atomes comme constituant l'essence et la substance sous-jacentes dans tous les corps, étant de la même nature que les corps qu'ils ont formés. Ces atomes, affirma-t-il, furent, à l'origine, mis en mouvement par le noûs (l'intelligence universelle, le Mahat des hindous), lequel noûs est une entité spirituelle, éternelle, immatérielle ; par cette combinaison, le monde fut formé : les corps matériels grossiers s'enfoncèrent, tandis que les atomes éthérés (ou l'éther igné), s'élevaient et se répandaient dans les régions célestes supérieures. Devançant la science moderne de plus de 2.000 ans, il enseigna que les étoiles étaient de la même matière que notre terre et que le soleil était une masse incandescente ; pour sa part, la lune était un corps obscur inhabitable, recevant sa lumière du soleil ; et, dépassant même cette science, il se déclara pleinement convaincu que l'existence réelle des choses perçues par nos sens ne pouvait être prouvée par une démonstration. Il mourut en exil à Lampsaque, à l'âge de 72 ans.

    Anima Mundi (lat). « L'Âme du Monde » identique à l'Âlaya des bouddhistes du Nord ; l'essence divine omniprésente, qui pénètre, anime et inspire toute chose, du plus petit atome de matière à l'homme et au dieu. Sous un certain angle, c'est la « Mère aux sept peaux » évoquée dans les stances de Dzyan de la Doctrine Secrète, l'essence des sept plans de sensation, de conscience et de différenciation, dans un sens aussi bien moral que physique. Dans son aspect le plus élevé, c'est le niveau du nirvâna, dans le plus bas, la lumière astrale. Féminine pour les gnostiques, les premiers chrétiens et les Nazaréens, elle était bisexuée pour d'autres sectes qui n'envisageaient que ses quatre plans inférieurs, d'une nature ignée et éthérée dans le monde objectif des formes, alors qu'elle est divine et spirituelle dans ses trois plans supérieurs. Quand il est dit que toute âme humaine est née en se détachant de l'Anima Mundi, il faut comprendre, ésotériquement, que notre Ego* supérieur est d'une essence identique à Cela [en anglais : It, pronom neutre], et que Mahat est une radiation issue de l'ABSOLU Universel, à jamais inconnu.

    Anoia (gr) [anoia]. Déraison, folie : c'est le mot appliqué par Platon, et d'autres, au Manas* inférieur lorsqu'il est allié trop étroitement à Kâma, ce qui se caractérise par l'incapacité de reconnaître les choses (agnoia) [agnoia]. Le terme grec agnoia dérive évidemment du sanskrit ajñâna (phonétiquement, agnyâna), ou ignorance, irrationalité, et absence de connaissance.

    Anthropomorphisme (du grec anthrôpos, homme). Tendance à donner à Dieu, ou aux dieux, une forme humaine et des attributs ou qualités propres à l'homme.

    Anugîtâ (skt). L'une des Upanishad. C'est un traité très occulte. Voir la traduction publiée dans la série « The Sacred Books of the East » (= Les livres sacrés de l'Orient) chez Clarendon Press.

    Apollon du Belvédère. De toutes les statues antiques d'Apollon (fils de Jupiter et de Latone, appelé Phoebus, Hélios, le radieux, et le Soleil), la meilleure et la plus parfaite est celle qui a reçu ce nom parce qu'elle est exposée dans la galerie du Belvédère au Vatican, à Rome. Le dieu est dénommé Apollon pythien, du fait qu'il est représenté au moment de sa victoire sur le serpent Python. La statue a été trouvée dans les ruines d'Antium en 1503.

    Apollonius de Tyane. Merveilleux philosophe né en Cappadoce vers le début du premier siècle de notre ère ; un ardent pythagoricien qui étudia les sciences phéniciennes avec Euthydème, et la philosophie de Pythagore, ainsi que d'autres sujets, avec Euxène d'Héraclée. Selon les principes de l'École pythagoricienne, il resta végétarien toute sa vie, en ne mangeant que des fruits et des herbes, et sans boire de vin. Il portait des vêtements faits uniquement de fibres végétales, marchait nus pieds et portait les cheveux longs sans les couper, comme tous les Initiés l'on fait avant lui, et le font encore. Il fut initié par les prêtres d'Esculape (Asclépios, en grec) à Æges, et apprit à faire nombre des « miracles » opérés par le dieu de la médecine pour guérir les malades. Après s'être préparé pour une initiation supérieure par un silence de cinq ans, il entreprit un voyage, au cours duquel il visita Antioche, Éphèse et la Pamphylie, ainsi que d'autres régions, pour gagner l'Inde seul, en passant par Babylone, tous ses disciples l'ayant alors abandonné, par crainte d'aller au « pays des enchantements ». Cependant, Damis, un disciple rencontré fortuitement sur sa route, l'accompagna dans ses déplacements. À Babylone, il fut initié par les Chaldéens et les Mages, si on en croit Damis, dont le récit fut recopié par un certain Philostrate cent ans plus tard. Après son retour de l'Inde, il se révéla un véritable Initié* en ce que les événements qu'il a prophétisés — épidémie, tremblements de terre, décès de rois, etc. — se sont produits effectivement.
    À Lesbos, les prêtres d'Orphée, devenant jaloux de lui, refusèrent de l'initier à leurs mystères particuliers, mais ils le firent quelques années plus tard. Au peuple d'Athènes et d'autres États, il prêcha l'éthique la plus pure et la plus noble ; quant aux phénomènes qu'il produisit, ils étaient aussi merveilleux que nombreux, et bien authentifiés. « Comment se fait-il » , se demande Justin le Martyr avec consternation, « que les talismans (télesmata) d'Apollonius aient un pouvoir puisque, comme nous le voyons, ils arrêtent la fureur des vagues, et la violence des vents, comme les attaques des bêtes sauvages ; et que, tandis que les miracles de notre Seigneur ne sont préservés que par la tradition, ceux d'Apollonius sont fort nombreux, et se manifestent en réalité dans des faits du présent ? (Quaest. XXIV). Il est pourtant facile de trouver une réponse à cette question si on se souvient qu'après avoir traversé l'Hindû-Kûsh Apollonius avait été dirigé par un roi vers le séjour des Sages — qui n'a peut-être pas changé jusqu'à ce jour — et que là ces Sages lui avaient enseigné leur connaissance insurpassée. Ses dialogues avec le Corinthien Ménippe nous donnent, à vrai dire, le catéchisme ésotérique, et (si on les comprend bien) dévoilent plus d'un mystère important de la Nature. Apollonius fut l'ami, le correspondant et l'hôte de rois et de reines, et il n'y a pas de pouvoirs merveilleux, ou « magiques » qui soient mieux attestés que les siens. Vers la fin de sa longue vie prodigieuse, il ouvrit à Éphèse une École ésotérique et mourut à l'âge mûr d'un centenaire.

    Archange (gr) : [arcaggeloV] Ange suprême, le plus élevé. Terme formé de deux mots grecs archi- (chef) et angelos (messager).

    Arhat (skt). Également prononcé et écrit Arahat ou Arahant [pâl], et Rahat [cingalais] etc., avec le sens de « méritant » ; un Ârya* [être de noble qualité] arrivé à la perfection, libéré de la nécessité de se réincarner, et « méritant des honneurs divins » . Ce fut le nom que l'on donna, d'abord chez les jaïns puis chez les bouddhistes, aux saints hommes initiés aux mystères ésotériques. L'Arhat est celui qui est entré dans le dernier sentier, le plus élevé, et s'est ainsi affranchi de la renaissance.

    Arien. Partisan d'Arius (prêtre de l'Église chrétienne à Alexandrie, au 4ème siècle [~ 280/— 336]) qui tenait le Christ pour un être humain, créé, inférieur à Dieu le Père, mais néanmoins un homme grand et noble, un véritable adepte* versé dans tous les mystères divins.

    Aristobule. Auteur alexandrin et philosophe obscur [du 2ème siècle av. J.-C., précurseur de Philon]. Juif, il essaya de démontrer qu'Aristote avait expliqué les pensées ésotériques de Moïse.

    Ârya (skt). Littéralement « saint » [noble], le mot a été appliqué à ceux qui avaient maîtrisé les âryasatyâni [les quatre nobles vérités du bouddhisme] et étaient entrés sur l'âryamârga [le noble sentier] conduisant au nirvâna*, ou moksha* — le grand « quadruple » sentier. À l'origine, ils furent connus comme des Rishi. Mais le mot [anglicisé en Aryan = Aryen] est maintenant devenu l'épithète d'une race ; et nos orientalistes, privant les brâhmanes hindous de leur droit de naissance, ont fait de tous les Européens des Aryens. Étant donné que, dans l'ésotérisme, les quatre sentiers, ou stades, ne peuvent être atteints et parcourus que par un grand développement spirituel et une « croissance en sainteté » , on leur donne l'appellation [collective] d'ârya-mârga. Les degrés accédant à l'état d'Arhat (désignés respectivement par Srotâpatti, Sakridâgâmin, Anâgâmin et Arhat — auxquels correspondent les quatre classes d'Arya) - renvoient aux quatre sentiers et aux quatre vérités.

    Aspect. La forme (rûpa) sous laquelle tel ou tel principe* de l'homme ou de la Nature septuple se manifeste est appelé en Théosophie un aspect de ce principe.

    Astrologie. Science qui définit l'action des corps célestes sur les affaires du monde et prétend prédire les événements futurs d'après la position des étoiles. Son antiquité est telle qu'elle la place parmi les tout premiers témoignages déchiffrables du savoir humain. Pendant de longs âges, elle est demeurée science secrète en Orient et elle le reste encore dans son expression finale actuelle, seule son application exotérique ayant été amenée jusqu'à un certain degré de perfection en Occident, pendant le laps de temps écoulé depuis que [l'astronome indien] Varâha Mihira a écrit son livre sur l'astrologie, il y a quelque 1400 ans. C'est en l'an 135 de notre ère que Claude Ptolémée, le fameux géographe et mathématicien, fondateur du système astronomique connu sous son nom, écrivit son Tétrabiblos, qui est encore la base de l'astrologie moderne. De nos jours, la science de l'horoscope est étudiée principalement selon quatre perspectives différentes : (1) mondiale, dans ses applications à la météorologie, la sismologie, l'agronomie, (2) nationale ou civique, pour la prévision du destin des nations, des rois et chefs d'états, (3) horaire, pour résoudre des problèmes préoccupant le mental à propos d'un sujet quelconque et (4) généthliaque, pour suivre le destin des individus, de la naissance jusqu'à la mort. Les Égyptiens et les Chaldéens furent parmi les plus anciens adeptes de l'astrologie, mais il y a des différences considérables entre leur façon de lire les astres et les méthodes modernes. Ces prédécesseurs affirmaient que Belus — le dieu Bel, ou Élu, des Chaldéens — un rejeton de la dynastie divine, celle des rois divins, avait appartenu au pays de Chèmi [l'Égypte] et l'avait quitté pour fonder une colonie sur les rives de l'Euphrate, où fut construit un temple, servi par des prêtres au service du seigneur des étoiles. Quant à l'origine de la science, si on sait que, pour sa part, Thèbes [en Égypte] a revendiqué l'honneur d'avoir inventé l'astrologie, tout le monde est d'accord pour reconnaître que ce furent les Chaldéens qui enseignèrent cette science aux autres nations. Il faut dire que Thèbes a précédé de beaucoup non seulement l' « Ur des Chaldéens » mais aussi Nipur, où fut fondé le culte de Bel — Sin, son fils (la lune) étant la divinité qui présidait à Ur, la terre où devaient naître Térah, le sabéen et astrolâtre, et son fils Abram, le grand astrologue de la tradition biblique. Ainsi, tout tend à corroborer la prétention égyptienne. Si, plus tard, le nom d'astrologue est tombé en discrédit à Rome et ailleurs, ce fut en raison des fraudes de ceux qui cherchèrent à tirer de l'argent de ce qui était une partie intégrante de la Science sacrée des Mystères* et qui, dans leur ignorance de celle-ci, construisirent un système entièrement basé sur les mathématiques, et non sur une métaphysique transcendante où les corps célestes physiques servent à ses fins d'upâdhi* ou de base matérielle. Cependant, en dépit de toutes les persécutions, le nombre de ceux qui ont adhéré à l'astrologie, parmi les esprits les plus intellectuels et scientifiques, a toujours été très grand. Si Cardan et Kepler furent du nombre de ses ardents partisans, ceux qui à leur suite s'y adonnent n'ont pas à en rougir, même dans l'état imparfait et déformé où elle est maintenant. Comme il a été dit dans Isis Dévoilée [éd. anglaise, l, 259] : « L'astrologie est à l'astronomie exacte ce que la psychologie est à la physiologie exacte. En astrologie et en psychologie, on doit dépasser le monde visible de la matière pour entrer dans le domaine de l'esprit transcendant ».

    Athénagore. Philosophe platonicien d'Athènes [devenu chrétien] qui, en 177 de notre ère, écrivit une Supplique pour les chrétiens adressée à Marc Aurèle [et à Commode] pour les disculper des accusations portées contre eux (de pratiquer l'inceste et de manger des enfants mis à mort).

    Âtman, ou âtma (skt). L'Esprit Universel, la monade* divine, le « septième principe » , ainsi appelé dans la classification septuple, exotérique, de l'homme. L'Âme  Suprême.

    Aura (gr et lat [au sens de souffle, exhalaison]). Essence ou fluide invisible, subtil, qui émane des corps humains, animaux ou autres. C'est un effluve psychique participant à la fois du mental et du corps : il existe, en effet, une aura électro-vitale et, en même temps, une aura électro-mentale ; on l'appelle en Théosophie l'aura âkashique, ou magnétique. Aura est aussi le nom d'une sainte dans le martyrologue de l'Église romaine.

    Avatâra (skt). Incarnation divine. La descente d'un dieu, ou d'un être exalté qui, par son progrès, a dépassé la nécessité de renaître dans le corps d'un simple mortel. Krishna fut un Avatâr de Vishnou. On considère le Dalaï Lama comme un Avatâr d'Avalokiteshvara et le Teshu Lama comme celui de Tson-khapa et d'Amitâbha. Il y a deux sortes d'Avatârs : celui qui naît d'une femme, et l'autre qui est sans parents (anupapâdaka).

    -- B --

    Bhagavad-Gîtâ (skt). Littéralement : « Le chant du Seigneur » ; une partie du Mahâbhârata, le grand poème épique de l'Inde. Elle contient un dialogue dans lequel Krishna (le « conducteur de char ») et Arjuna (son chéla*) ont une discussion sur la plus haute philosophie spirituelle. L'ouvrage est par-dessus tout occulte ou ésotérique.

    Bodhisme ésotérique*. Terme évoquant la sagesse ou l'intelligence secrète, du grec ésôtérikos [eswterikoV], « intérieur » et du sanskrit bodhi, « connaissance » [parfaite], à distinguer de buddhi, la faculté de connaissance ou l'intelligence » ; l'expression ne doit pas être confondue avec bouddhisme*, la philosophie ou la Loi du Bouddha* (l'Éveillé). On peut aussi écrire Budhisme, en rattachant le mot à Budha (le fils du dieu Soma), signifiant intelligence, sagesse.

    Boehme, Jacob. Mystique* et grand philosophe allemand, c'est l'un des théosophes les plus éminents des temps [post-]médiévaux. Né, en 1575, à Altseidenberg, à une lieue environ de Görlitz (Silésie), il mourut en 1624, à près de 50 ans. Simple berger dans son enfance, il apprit à lire et à écrire dans une école de village et devint apprenti chez un pauvre cordonnier de Görlitz. C'était un clairvoyant-né, d'un pouvoir tout à fait merveilleux. Sans instruction ni aucun rapport avec la science, il écrivit des œuvres qui se révèlent aujourd'hui pleines de vérités scientifiques, mais ces vérités — comme lui-même l'a dit à propos de ses écrits — il en a eu « la vision comme dans un Grand Abîme dans l'Éternel ». II lui fut donné « une vue complète de l'univers, comme dans un chaos » , qui cependant s'ouvrit en lui, de temps en temps, « comme en une jeune plante » , selon ses propres paroles. Boehme était un vrai mystique-né, évidemment d'une constitution fort rare : l'une de ces natures raffinées dont l'enveloppe matérielle n'empêche nullement l'intercommunion directe (même si elle n'est qu'occasionnelle) entre l'ego intellectuel et l'Ego* spirituel. C'est cet Ego que Jacob Boehme, comme tant d'autres mystiques non entraînés, a pris à tort pour Dieu. « L'homme doit reconnaître » écrit-il, « que sa connaissance n'est pas à lui mais vient de Dieu, qui manifeste les Idées de la Sagesse à l'âme de l'homme, dans la mesure où il lui plaît » . Si ce grand théosophe était né 300 ans plus tard, il aurait pu exprimer la chose autrement. Il aurait su alors que le Dieu qui parlait par le canal de son pauvre cerveau sans culture, ni entraînement, était son propre Ego divin, la Déité omnisciente au fond de lui-même, et que ce qui venait de cette Déité n'était pas donné « dans la mesure où il lui plaisait », mais dans celle que permettaient les capacités de la demeure mortelle, temporaire, où prenait résidence cette entité divine.

    Bouddha (skt : Buddha). L' « éveillé » ou l' « illuminé » . Le personnage connu généralement comme Gautama* le Bouddha, prince de Kapilavastu*, est le fondateur du bouddhisme* historique. Le mot renvoie au plus haut degré de connaissance et de sainteté. Pour devenir un Bouddha, il faut s'affranchir de l'esclavage des sens et de la personnalité terrestre, acquérir une perception complète du vrai Soi et devenir capable de ne le séparer d'aucun des autres Soi, apprendre par expérience l'absolue irréalité de tous les phénomènes, et par-dessus tout du Kosmos visible dans sa totalité, atteindre à un complet détachement de l'éphémère et du futile, et, tout en restant encore sur la terre, ne vivre que dans l'immortel et le toujours-durable.

    Bouddhisme. La philosophie religieuse enseignée par Gautama* le Bouddha*. Le bouddhisme est maintenant scindé en deux Églisess distinctes : celle du Sud et celle du Nord. À ce qui est dit, la première est la plus pure, pour avoir préservé plus religieusement les enseignements originaux du Seigneur Bouddha. La seconde est limitée au Tibet, à la Chine, au Népal et au Japon. Mais cette distinction est incorrecte. Si l'Église du Sud est plus proche des doctrines publiques, ou exotériques, de Shâkyamuni [le Bouddha] et, de fait, ne s'en est pas écartée, si ce n'est peut-être dans des dogmes sans importance (en raison des nombreux conciles qui se sont tenus après la mort du MAÎTRE), l'Église du Nord est l'aboutissement des enseignements ésotériques du Bouddha Siddhârtha, qu'il avait réservés à ses élus parmi les Bhikshu [moines] et les Arhat*. En fait, à notre époque, on ne peut se faire une idée juste du bouddhisme d'après l'une ou l'autre de ses formes populaires exotériques. On ne peut apprécier le véritable bouddhisme qu'en opérant une fusion de la philosophie de l'Église du Sud et de la métaphysique des Églises du Nord. Si l'une peut paraître trop iconoclaste et sévère, et l'autre trop métaphysique et transcendante, et même surchargée par l'ivraie de l'exotérisme indien — dont bien des dieux sont passés de son panthéon en terre tibétaine, sous des noms nouveaux — cela est dû au caractère populaire donné au bouddhisme dans les deux Églises. Par analogie, elles sont entre elles comme le catholicisme romain et le protestantisme. L'une et l'autre pèchent par un excès de zèle et des interprétations erronées, bien que, ni au Sud ni au Nord, le clergé bouddhiste ne se soit jamais écarté de la Vérité en pleine conscience, et encore moins prêté à des actions dictées par esprit de domination ecclésiastique [en anglais : priestocracy], par ambition, ou par désir de gain ou de pouvoir personnel, comme l'ont fait les Églises chrétiennes.

    Brahma (skt). L'étudiant doit distinguer entre le neutre Brahma et le masculin Brahmâ, le créateur mâle du panthéon hindou. Le premier, Brahma ou Brahman, est l'âme de l'Univers, impersonnelle, suprême et inconnaissable : de son essence tout émane et en elle tout retourne. Brahman est incorporel, immatériel, non-né, éternel, sans commencement et sans fin. Il pénètre tout et donne vie au plus haut des dieux comme au plus petit atome minéral. Par contre, Brahmâ, le mâle, le prétendu Créateur, n'existe que dans sa manifestation périodique et, tout aussi périodiquement, passe en pralaya*, c'est-à-dire disparaît et est annihilé. Voir les articles suivants.

    Brahmâ, Jour de -. Période de 2.160.000.000 ans (5) pendant laquelle, après avoir émergé de son Oeuf d'Or ([skt] hiranya garbha), Brahmâ* crée et façonne le monde matériel, vu qu'il représente simplement, dans la Nature, la force créatrice et fertilisatrice. Au bout de cette période, les mondes étant détruits tour à tour, par le feu et par l'eau, il disparaît, avec la Nature objective ; c'est alors la Nuit de Brahmâ*.

    Brahmâ, Nuit de -. Période d'égale durée que le Jour de Brahmâ*, pendant laquelle ce dieu passe pour être endormi. À son réveil, il recommence le processus et ceci se poursuit pendant tout un ÂGE de Brahmâ, composé d'une alternance de Jours et de Nuits, s'étendant sur 100 années [faites chacune de 360 Jours et d'autant de Nuits, de la durée indiquée]. Au total, il faut un nombre de 15 chiffres pour mesurer un tel Âge [en années terrestres]. À l'expiration de celui-ci, vient la Grande Dissolution, ou Mahâpralaya qui, à son tour, s'étend sur une égale durée de 15 chiffres.

    Brahma-vidyâ (skt). La connaissance, ou science ésotérique, concernant la nature des deux Brahma*.

    Buddhi (skt). Âme Universelle, ou Mental Universel. Mahâbuddhi est un autre nom de Mahat*. Dans l'homme, Buddhi est l'âme spirituelle (exotériquement : le 6ème principe), le véhicule d'Âtma*, donné comme le septième dans l'énumération exotérique.

    Buddhi taijasî (skt). Terme très mystique, susceptible de plusieurs interprétations. Toutefois, en Occultisme*, et si on considère les principes de l'homme (selon la classification exotérique), l'expression sert à désigner l'état de notre double Manas*, lorsque ses deux aspects redeviennent unis pendant la vie d'un homme, et qu'il baigne dans le rayonnement de Buddhi*, l'âme spirituelle. L'épithète taijasa* [au féminin : taijasî} signifie en effet rayonnant, et quand Manas devient radieux par suite de son union avec Buddhi, où il se trouve immergé, pour ainsi dire, il devient identifié à ce principe : à ce moment, la trinité* s'est unifiée, et comme l'élément de Buddhi est le plus élevé, il faut parler de Buddhi taijasî. En bref, c'est l'âme de l'homme illuminée par le rayonnement de l'âme divine, la raison humaine éclairée par la lumière de l'Esprit, en d'autres termes : la divine SOI-CONSCIENCE.

    -- C --

    Castes. À l'origine, le système des quatre classes héréditaires où se répartissait la population de l'Inde : Brâhmanes, Kshatriya, Vaishya, et Shûdra ; c'est-à-dire, respectivement : (a) descendants de Brahmâ*, (b) guerriers, (c) marchands et (d) [serviteurs] employés aux besognes inférieures (agriculture). Cette quadruple répartition a donné lieu à des centaines de sous-divisions et de castes mineures.

    Chelâ (skt (6)). Disciple. Élève d'un guru ou d'un sage, fidèle attaché à un adepte* quelconque, ou à une École de philosophie.

    Chrêstos (gr) [CrhstoV]. Terme gnostique primitif pour Christ. Dans un sens technique, on le trouve employé, au 5ème siècle av. J.-C, par Eschyle, Hérodote et d'autres. Le premier (voir Choéphores, 901) parle des manteumata pythochrêsta [manteumata puqocrhsta], des « oracles prononcés par un dieu pythien » par la voix d'une pythonisse, le mot pythochrêstos [puqocrhstoV] dérivant du verbe chraô [craw — rendre un oracle, ou ordonner par un oracle]. Le mot chrêstêrion [crhsthrion] ne signifie pas seulement le siège d'un oracle mais aussi une offrande apportée à l'oracle, ou pour lui. Chrêstês [crhsthV] est celui qui explique les oracles, « un prophète, un devin », et chrêstêrios [crhsthrioV] est celui qui sert un oracle ou un dieu. Auteur chrétien des premiers temps, Justin le Martyr [2ème siècle], dans sa première apologie, donne à ses coreligionnaires le nom de chrestiens [chrêstianoï]. Et [l'auteur latin] Lactance (livre IV, chap. VIl) déclare : « C'est seulement par ignorance que les hommes s'appellent "christiens" [christiani] au lieu de "chrestiens" [chrestiani] » . Les termes Christ et christiens, épelés à l'origine Chrest- et chrestiens, furent empruntés aux païens, au vocabulaire des temples. Dans ce vocabulaire, chrêstos désignait un « disciple en probation » , un candidat à l'état d'hiérophante*, lorsqu'il l'avait atteint par l'Initiation (en passant par une longue période d'épreuves et de souffrance) et avait été oint (c'est-à-dire « frotté d'huile » comme l'étaient les Initiés*, et même les idoles représentant les dieux — en conséquence d'une observance rituelle poussée à l'extrême), le Chrêstos était changé en Christos [ CristoV] — le « purifié » dans la langue ésotérique des Mystères*. Dans la symbolique mystique, en réalité, Christês [ CristhV)] ou Christos rendait l'idée que la « voie » (ou le Sentier) avait déjà été parcourue et le but atteint : la tâche laborieuse visant à unir la personnalité* évanescente à 1'lNDIVIDUALITÉ* indestructible avait porté ses fruits en la transformant ainsi en l'EGO* immortel. « Au bout du chemin se tient le Christês », le purificateur ; l'union une fois accomplie, le Chrêstos — « l'homme de douleurs » — devenait Christos lui-même. Paul, l'Initié*, le savait — et il a bien ceci en vue, précisément, quand il déclare (ou on le lui fait dire, dans une mauvaise traduction) : « J'éprouve de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que Christ soit formé en vous » (Gal. IV, 19), ce qui signifie en réalité « ... jusqu'à ce que vous formiez le Christos en vous-mêmes ». Mais les profanes qui savaient seulement que le mot Chrêstos était lié de quelque manière avec l'idée de prêtre et de prophète, et ignoraient tout du sens caché de Christos, insistèrent, comme Lactance et Justin, pour être appelés chrestiens et non christiens. Ainsi donc, tout individu bon [selon le sens du mot grec chrêstos] peut découvrir le Christ dans son « homme intérieur » , d'après l'expression de Paul (Éphes. III, 16, 17), qu'il soit juif, musulman, hindou ou chrétien.

    Christ. Voir Chrêstos.

    Christian Scientist [ang]. [Personne attachée à la Christian Science (= « science chrétienne » )]. Néologisme désignant ceux qui exercent l'art de la guérison par la volonté. Le terme [Christian] induit en erreur du fait que n'importe qui, bouddhiste ou juif, hindou ou matérialiste, peut pratiquer cette nouvelle forme de yoga occidental avec un égal succès, s'il est seulement capable de guider et contrôler sa volonté avec suffisamment de fermeté. Les « Mental Scientists » représentent une autre école rivale : ils opèrent en niant absolument l'existence de toute maladie et de tout mal imaginable et déclarent, comme un syllogisme, que puisque l'Esprit Universel ne peut être sujet aux maux de la chair, que, par ailleurs, tout atome est Esprit, et dans l'Esprit, et que, finalement, eux — guérisseurs et patients soignés — sont tous absorbés dans cet Esprit, ou cette Déité, il n'existe pas, et ne saurait exister, une chose comme la maladie. Ce qui n'empêche nullement « Christian Scientists » et « Mental Scientists » de succomber à la maladie et d'entretenir dans leur corps mortel des maux chroniques pendant des années, tout comme les autres mortels ordinaires.

    Clairaudience. La faculté, innée, ou acquise par entraînement occulte, d'entendre des choses à n'importe quelle distance.

    Clairvoyance. La faculté de voir avec l'œil intérieur, ou la vision spirituelle. Dans le sens où on l'emploie aujourd'hui, c'est un terme vague, utilisé un peu à la légère, englobant dans ses significations aussi bien la capacité de deviner juste grâce à une sagacité ou une intuition naturelle, que la faculté de vision, qui fut exercée de façon si remarquable par Jacob Boehme* et Swedenborg*. Cependant, même ces deux grands visionnaires n'ont jamais pu s'élever au-dessus de l'esprit général de la Bible juive et des enseignements sectaires : pour cette raison, ils ont fait de regrettables confusions dans ce qu'ils voyaient et restèrent très en-dessous de la véritable clairvoyance [spirituelle].

    Clément d'Alexandrie [—150/—215 ap. J.-C.]. Père de l'Église et auteur d'écrits volumineux. Il avait été néo-platonicien et disciple d'Ammonios Saccas (7). Il fut l'un des quelques philosophes chrétiens qui vécurent à Alexandrie entre le 2ème et le 3ème siècles de notre ère.

    Codex Nazaræus (lat.) [Intitulé Le Livre d'Adam]. Les Écritures des Nazaréens ainsi que des Nabatéens. Si on en croit tel ou tel Père de l'Église, comme Jérôme et Épiphane en particulier, il s'agit d'enseignements hérétiques, alors que ce Codex constitue en fait l'une des nombreuses versions gnostiques de la cosmogonie et de la théogonie, d'où est issue une secte distincte.

    Collège de Rabbis. Collège d'origine babylonienne ; il fut très fameux pendant les premiers siècles du christianisme, mais sa gloire fut grandement occultée par l'apparition à Alexandrie* de penseurs hellénisés, comme Philon le Juif*, Josèphe*, Aristobule* (8) et d'autres. Les Rabbis se vengèrent de leurs rivaux plus heureux en parlant des Alexandrins comme de théurges et de prophètes impurs. Cependant ceux qui, à Alexandrie, croyaient à la thaumaturgie ne furent pas considérés comme des pécheurs et des imposteurs quand des Juifs orthodoxes se trouvèrent à la tête de telles écoles de « hazim » [voyants]. II y eut des collèges pour enseigner la prophétie et les sciences occultes*. Samuel fut le chef d'un tel collège à Ramah, Élisée le fut pour celui de Jéricho. Rabbi Hillel* l'Ancien [né vers 70 av. J.-C. à Babylone] avait une véritable académie pour prophètes et voyants, et c'est lui qui, après avoir été élève du collège de Babylone, fonda la secte des Pharisiens (9), et fut le chef de file de grands Rabbis orthodoxes.

    Corps astral. Contrepartie éthérée, ou double, d'un corps physique quelconque. Correspond au Doppelgänger [des spirites].

    Corps causal. Ce corps qui, en réalité, n'en est absolument pas un, objectif ni même subjectif (étant Buddhi*, l'âme spirituelle de l'homme), est ainsi appelé parce qu'il est la cause directe de l'état sushupti qui mène à l'état turiya, le niveau le plus élevé de samâdhi*. Dans le Târaka râja yoga*, il est appelé kâranopadhi, la « base de la cause », et, dans le système du Vedânta*, il correspond à la fois au vijñânamaya kosha et à l'ânandamaya kosha (cette dernière enveloppe venant )uste avant Âtma* et constituant de ce fait le véhicule de l'Esprit Universel. Buddhi, prise seule, ne pourrait être appelée un « corps causal » : elle le devient en conjonction avec Manas*, l'entité qui s'incarne, ou l'EGO*.

    Cycle (en grec : kuklos [ kukloV] ). Les Anciens divisaient le temps en cycles sans fin, des « roues » comprises à l'intérieur de « roues », toutes ces périodes ayant des durées variables et marquant chacune le début ou la fin de quelque événement cosmique, terrestre, physique ou métaphysique. Il y avait des cycles de quelques années seulement, d'autres d'une durée immense, le grand cycle orphique visant le changement ethnologique des races s'étendait sur 120.000 ans, tandis que celui de Cassandre (de 136.000 ans) amenait un complet changement dans les influences planétaires et leurs corrélations avec les hommes et les dieux — ce que les astrologues modernes ont complètement perdu de vue.

    -- D --

    [Davenport. Nom de médiums (cités p.41) connus pour les phénomènes paranormaux qu'ils produisaient : « apparition de mains sortant de la fenêtre de leur cabinet, et d'instruments de musique volant dans les airs » . Voir l'article « Transcendental Physics » publié par H.P.B. dans le Theosophist, fév. 1881, pp.95-7.]

    Déiste. Personne qui admet la possibilité de l'existence d'un Dieu, ou de dieux, mais qui affirme n'en rien connaître, et refuse toute Révélation. C'est un agnostique* du temps jadis.

    Deva (skt). Un dieu, une divinité « resplendissante » ; [rapprocher] deva et deus, de la racine div, « briller » . Un deva est un être céleste — bon, mauvais ou indifférent — qui habite l'un des « trois mondes » (les trois plans* au-dessus de nous). [En Inde] on en dénombre 33 « crores » , soit 330 millions.

    Devachan (skt (10)). La « demeure des dieux » [en sanskrit : devaloka]. Le terme désigne un état intermédiaire entre deux vies terrestres où accède l'Ego* (Âtma-Buddhi-Manas, ou la trinité* unifiée) après sa séparation du kâmarûpa* et la désintégration des principes inférieurs succédant à la mort du corps sur la terre.

    Dhammapada (pâl). Œuvre contenant divers aphorismes des Écritures bouddhiques.

    Dhyâna (skt). L'une des six paramitâ de perfection [Voir La Voix du Silence, 3ème traité]. Le terme désigne un état d'abstraction élevant l'ascète qui le pratique très au-delà de la zone des perceptions sensorielles, et hors du monde de matière. Littéralement : « contemplation » . Les six stades de dhyâna ne diffèrent que par les degrés d'abstraction atteints par l'Ego* personnel, hors de la vie des sens.

    Dhyân Chohan (skt [+ tib]). Littéralement : « Seigneur de Lumière » . Les plus hauts dieux répondant aux archanges* de l'Église romaine. Les Intelligences divines chargées de la supervision du Kosmos.

    Double. Terme de même sens que corps astral*, ou Doppelgänger [all: double, sosie].



    (1) [En grec, sterhsiV (stérêsis). Voir Aristote, Rhétorique 3, 6,7, Métaphysique 6,22 ; 7,7, etc. Cf. Isis Unveiled I, 310.]<o:p></o:p>

    (2) [Cette date, très improbable, est reportée à 193 ap. J.-C. dans le Glossaire Théosophique, ce qui semble plus conforme à la réalité, Ammonios passant pour être né aux environs de 175 de notre ère.]

    (3) [Néologisme (traduisant l'anglais analogeticists, du grec analogètikoï) proposé ici par analogie avec le mot usité logisticien (= spécialiste de la logique mathématique), pour rendre le sens de « versé dans la pratique de l'analogie » .]

    (4) [Les termes d'« analogistes », « éclectiques », « philalèthes », indiqués par Diogène Laërce (dans la préface de ses Vies) comme désignant divers philosophes, ont été interprétés par A. Wilder* comme caractérisant les néo-platoniciens alors que ces derniers sont totalement absents de la liste des personnages décrits par Diogène Laërce.]

    (5) [Noter que ce chiffre est deux fois trop court par rapport à celui que donne la Doctrine Secrète (éd. anglaise 1,36) : 4.320.000.000 ans ; cf. ci-après Grand Âge*, qui prend en compte la période correcte (de même que Manvantara*).]

    (6) [Ce mot est d'usage courant en hindi : il dérive probablement du sanskrit ceta ou ceda (au sens de serviteur, esclave).]

    (7) [Hypothèse plus ou moins empruntée à Alexander Wilder*, mais fort peu plausible. Clément, plus âgé qu'Ammonios d'une bonne vingtaine d'années, était devenu un ardent défenseur du christianisme (accusant Platon et les Grecs d'avoir plagié la Bible) quand son cadet a dû commencer à enseigner, dans les dernières années du siècle.]

    (8) [Des 3 auteurs cités ici (à la suite de Wilder*, qui évoque aussi le Collège des Rabbis de Babylone), Aristobule est antérieur au christianisme, Philon a été contemporain du Jésus historique, quant à Flavius Josèphe (37/-100), il n'a pas vécu à Alexandrie et ne fut pas ce qu'on pourrait appeler un Juif hellénisé.]

    (9) [Pour ce point, voir ci-après l'article : Hillel.]

    (10) [Ce mot, intégré au vocabulaire théosophique dans les années 1880, est usuel dans le bouddhisme lamaïste. Signifiant « plein de félicité » en tibétain, il répond au sanskrit sukhâvati, qui désigne spécifiquement le « Paradis d'Amitâbha » ].

    glossaire - 2 -

    (Ego - Mysticisme)

    -- E --<o:p></o:p>

    Ego (lat). Mot signifiant Je : dans l'homme, la conscience du « je suis moi » , ou le sentiment d'identité. La philosophie ésotérique enseigne l'existence de deux Ego dans l'homme : l'ego mortel, ou personnel (qu'elle désigne comme la « personnalité »*) et l'Ego supérieur, divin, ou impersonnel (qu'elle nomme l' « individualité »*).

    Egoïté (du mot Ego*). L'égoïté renvoie à l' «' individualité »* — jamais à la « personnalité »* — étant l'opposé de l'égoïsme, qui caractérise par excellence cette dernière.

    Eidôlon (gr [eidwlon = image, simulacre, fantôme]). Le mot désigne ce qu'on appelle le fantôme humain, la forme astrale. [Au pluriel : eidôla].

    Élémentaux, ou esprits des éléments.Créatures évoluées dans les quatre règnes, ou éléments : terre, air, feu et eau. Ils sont appelés par les kabbalistes gnomes (de la terre), sylphes (de l'air), salamandres (du feu) et ondines (de l'eau), en laissant de côté quelques espèces plus élevées et leurs régents. Ces élémentaux constituent les forces de la Nature plutôt que des hommes et des femmes de nature éthérée. Ces forces sont les agents dociles de l'Occultiste* et peuvent produire divers effets ; mais si ce sont des élémentaires (des kâmarûpa*) qui les mettent en action (et, en ce cas, ils asservissent les médiums), ils trompent les gens crédules. Tous les êtres invisibles inférieurs (amenés à exister sur les 5ème, 6ème et 7ème plans* de notre atmosphère terrestre) sont appelés des élémentaux, avec des noms divers : péris, dévas, djinns, sylvains, satyres, faunes, elfes, nains, trolls, nornes, kobolds, farfadets, nixes, gobelins, petits, banshees (fées de la mort), moss people, dames blanches, spectres, fées, etc.

    Éleusinies. (gr. [Eleusinia] ). Les Mystères* d'Éleusis étaient les plus fameux et les plus anciens de tous les Mystères grecs (à l'exception de ceux de Samothrace). Ils étaient célébrés près du hameau d'Éleusis, non loin d'Athènes. Épiphane les fait remonter au temps d'Iacchos (1800 av J.-C.). Ils avaient lieu en l'honneur de Déméter — la grande Cérès [romaine] et l'égyptienne Isis. Dans le dernier acte de la célébration, il était question d'une victime sacrificielle expiatoire et d'une résurrection, quand l'Initié* était admis au plus haut degré de l'époptie. La fête des Mystères commençait au mois de Boêdromiôn (septembre-octobre), le moment des vendanges, et durait sept jours — du 15 au 22 de ce mois. La fête juive des tabernacles [ou des tentes], (de la rentrée des moissons), au 7ème mois, celui d'éthanim, commençait aussi le 15 de ce mois et finissait le 22. Selon certains, le nom du mois d'éthanim dérive d'Adonim, Adonia, Attenim, Ethanim, et était en l'honneur d'Adonaï, ou Adonis (Tammuz), dont la mort était pleurée par les hébreux dans les bosquets de Bethléem. Le sacrifices du « pain et du vin » était célébré aussi bien dans les Éleusinies que pendant la fête des tabernacles.

    Émanation, doctrine de l'. Dans son sens métaphysique, elle s'oppose à celle de l'évolution, tout en étant inséparable d'elle. La science enseigne que, physiologiquement, l'évolution renvoie à un mode de génération où le germe qui croît pour donner le foetus préexiste déjà dans le parent, la nature se chargeant du développement du germe, ainsi que de la forme et des caractéristiques finales, le processus se déroulant (comme dans la théorie cosmologique) d'une façon aveugle, par le jeu d'interactions entre les éléments et leurs divers composés. L'Occultisme* enseigne que c'est là seulement le mode apparent, le véritable processus étant une émanation guidée par des forces intelligentes obéissant à une LOI immuable. En conséquence, bien qu'ils adhèrent fermement à la doctrine de l'évolution (telle qu'on la trouve chez Kapila et Manu), les Occultistes* et les théosophes sont émanationnistes plutôt qu'évolutionnistes. Il fut un temps où la doctrine de l'émanation était universelle. Elle fut enseignée par les philosophes d'Alexandrie* comme par les indiens, par les hiérophantes* d'Égypte, de Chaldée et de Grèce, et aussi par les hébreux (dans leur Kabbale* et même dans leur Genèse). Car c'est seulement par une traduction délibérément faussée que le mot composé hébreu asdt [plus exactement : ash-dath] a été rendu par « anges » , d'après la Septante, alors qu'il signifie émanations, éons, tout comme chez les gnostiques. On voit dans le Deutéronome (XXXIII,2) le mot asdt ou ashdt [= ash-dath} traduit par « loi ardente » alors que la version correcte du passage serait : « de sa droite sortit (non une loi ardente, mais) un feu [ash] conformément à la loi [dath] » , c'est-à-dire le feu d'une flamme qui se communique et se transmet, comme on le voit dans une traînée de substance inflammable. C'est là précisément le fait de l'émanation, telle qu'elle est présentée dans Isis Unveiled [éd. originale, l, XXXII] : « Dans l'évolution, telle qu'on commence maintenant à la comprendre, on suppose qu'il existe dans toute matière une impulsion à prendre une forme supérieure — supposition qui est clairement exprimée par Manu et d'autres philosophes hindous de la plus haute antiquité. [En chimie], l' « arbre des philosophes » , qui se développe dans une solution de zinc, illustre bien la chose. La controverse entre les partisans de cette École et les émanationnistes peut s'énoncer brièvement comme il suit : l'évolutionniste arrête toute recherche aux frontières de l' « inconnaissable » , l'émanationniste, pour sa part, croit que rien ne peut apparaître par « évolution » [= é-voluer] — ou, comme le mot l'indique, sortir d'une matrice, ou naître — sans avoir été au préalable in-volué, ce qui suppose que la vie procède d'une potentialité spirituelle qui domine l'ensemble » .

    Enfer. En anglais, Hell, terme que les anglo-saxons ont évidemment tiré du nom de la déesse Scandinave Hela, de même que le mot ad, en russe et autres langues slavonnes, vient du grec Hadès*, la seule différence à faire étant une question de température : l'enfer est froid chez les Scandinaves et chaud chez les chrétiens. Cependant, même la conception de telles régions surchauffées n'est pas propre aux Européens, beaucoup de gens ayant entretenu l'idée d'un climat dans le monde souterrain — ce que nous sommes en droit de faire si nous localisons notre enfer au centre de la terre. Toutes les religions exotériques — avec les croyances diverses des brâhmanes, bouddhistes, zoroastriens, musulmans, juifs, etc — ont conçu des enfers brûlants et ténébreux, bien que nombre d'entre eux soient plus attirants qu'effroyables. L'idée d'un enfer chaud a été conçue après coup, comme une déformation d'une allégorie astronomique. Chez les Égyptiens, la conception d'un enfer comme lieu de punition par le feu n'est pas antérieure à la 17ème ou la 18ème dynastie, où Typhon s'est transformé, d'un dieu qu'il était, en un diable. Mais quelle que soit l'époque où ils implantèrent cette épouvantable superstition dans le mental des pauvres masses ignorantes, le tableau d'un enfer brûlant, avec des âmes qui y sont tourmentées, est purement égyptien. Râ, le soleil, est devenu le Seigneur de la Fournaise, dans l'enfer des Pharaons appelé Karr, et le pécheur fut menacé de souffrances extrêmes « dans la chaleur des feux infernaux » . D'après le Dr Birch, « il y avait là un lion, appelé le monstre rugissant » . Un autre auteur décrit l'endroit comme le puits sans fond et le lac de feu, où sont jetées les victimes » (à comparer avec l'Apocalypse). Le mot hébreu gaï-hinnom   (géhenne) n'a jamais eu, en réalité, le sens que lui a donné l'orthodoxie chrétienne.

    Ésotérique. Caché, secret. Du grec ésôtérikos [eswterikoV] « intérieur » , tenu caché.

    Esprits planétaires. Régents et gouverneurs des planètes. Dieux planétaires.

    Être-té [ang : Be-ness]. Terme forgé par les théosophes [modernes] pour rendre de façon plus exacte la signification essentielle du mot sanskrit intraduisible Sat. Ce dernier ne signifie pas « Être » , car le terme « Être » présuppose une conscience sensible d'exister. Mais, dans la mesure où Sat s'applique uniquement au principe absolu — universel, inconnu, et à jamais inconnaissable, tel que le postule le panthéisme philosophique, en l'appelant la racine de base du Kosmos, et le Kosmos lui-même — il n'était pas possible de le rendre par le simple mot « Être » . En vérité, Sat n'est même pas « l'Entité incompréhensible  » , selon la traduction de certains orientalistes, car ce n'est pas plus une « Entité » qu'une « Non-entité » mais plutôt les deux à la fois. Comme il a été dit, c'est l'Être-té absolue, non l'« Être » : c'est l'Un sans second, le tout indivisé et indivisible — la racine de la Nature, tant visible qu'invisible, objective que subjective — cet Un ne pouvant jamais être pleinement compris.

    Exotérique [gr: éxôtérikos, exwterikoV]. Ouvert, extérieur, public. L'opposé d'ésotérique, ou caché.

    Extase [gr : ékstasis, ekstasiV]. Un état psycho-spirituel ; une transe physique qui induit la clairvoyance, et un état béatifique qui amène des visions.

    Extra-cosmique. Hors du Kosmos, ou de la Nature. Terme absurde inventé pour affirmer l'existence d'un dieu personnel qui serait en soi indépendant de la Nature, ou extérieur à elle — absurde, car la Nature, ou l'Univers, étant sans fin et sans limites, il ne saurait exister quoi que ce soit qui serait en dehors. Le terme a été créé pour s'opposer à l'idée panthéiste que le Kosmos tout entier est animé, ou pénétré dans sa forme, par l'Esprit de la Déité, la Nature étant comme le vêtement recouvrant la véritable Présence invisible, et la matière en constituant le jeu d'ombres illusoires.

    Eurasiens. Abréviation pour « Européens-Asiatiques » . Les races métissées (de couleurs mélangées) formées d'enfants nés de pères de peau blanche et de mères indiennes [par exemple], de couleur sombre, (ou l'inverse).

    --  F  --

    Ferho (gnostique). Chez les gnostiques* nazaréens, le plus haut et le plus grand pouvoir créateur. (Voir Codex Nazareus*).

    Feu, philosophes du -. Nom donné aux hermétistes et alchimistes du Moyen-Âge, ainsi qu'aux rosicruciens. Ces derniers, successeurs des théurges, ont considéré le Feu comme le symbole de la Déité : non seulement il était la source des atomes physiques, mais il contenait les forces spirituelles et psychiques qui leur donnaient l'énergie. Sommairement analysé, le Feu est un principe triple ; ésotériquement, il est septuple comme le sont aussi tous les autres éléments. De même que l'homme est un composé d'Esprit, Âme et Corps, complété d'un quadruple aspect, de même en est-il du Feu. Selon les œuvres de Robert Fludd (appelé aussi Robertus de Fluctibus), l'un des fameux rosicruciens, le Feu possède en premier lieu, une flamme visible (le corps), puis un feu astral invisible (l'âme), et, en troisième lieu, un esprit. Les quatre aspects évoqués apparaissent comme suit : (a) chaleur (vie), (b) lumière (mental), (c) électricité (pouvoirs kâmiques ou moléculaires) et (d) les essences synthétiques — au-delà de l'esprit — ou la cause radicale de son existence et de sa manifestation. Pour l'hermétiste, ou le rosicrucien, quand une flamme est éteinte sur le plan objectif, elle n'a fait que passer du monde visible à l'invisible, du connaissable à l'inconnaissable.

    Fraternité universelle. Le second nom officiel de la Société Théosophique ; également, le premier de ses trois Buts.

    --  G  -<o:p></o:p>

    Gabirol, ou Gebirol. Salomon ben Jehudah lbn Gabirol, est connu dans la littérature sous le nom [latinisé] d'Avicebron. Juif de naissance, philosophe, poète et kabbaliste, auteur d'une œuvre volumineuse, et mystique. Né au 11ème siècle à Malaga (en 1021), il fut instruit à Saragosse, et mourut à Valence, en 1070 [ou vers 1058], tué par un musulman. Ses coreligionnaires l'appelèrent Salomon le Séphardi (ou l'Espagnol), et les arabes, Abn Ayyub Suleiman ben ya'hya ibn Gabirol ; les scolastiques le nommèrent Avicebron (voir l'ouvrage de Myer, Qabbalah). Il fut certainement l'un des plus grands philosophes et érudits de son temps. Il écrivit beaucoup en arabe et la plupart de ses manuscrits ont été préservés. Il apparaît que sa plus grande œuvre a été Source de Vie [rédigée d'abord en arabe, puis traduite en latin, sous le titre Fons Vitae] , d'où, en hébreu, Meqôr 'Hayim, ouvrage qui fut « l'un des premiers exposés des secrets de la Kabbale* spéculative » , selon ce que nous dit son biographe [Myer].

    Gautama (skt). Nom usité en Inde. C'est celui du prince de Kapilavastu*, fils de Shuddhodana, roi des Shâkya, qui régnait sur un petit territoire aux frontières du Népal : né au 7ème siècle av. J.-C., il est appelé maintenant le « Sauveur du monde » . Gautama (écrit parfois Gotama) était le nom sacerdotal de la famille des Shâkya. Simple mortel par sa naissance, ce prince s'éleva au rang d'un Bouddha, par son propre mérite personnel et sans aide. Un homme, mais, en vérité, au-dessus de n'importe quel Dieu !

    Gnose, (gr : gnôsis). Littéralement : connaissance. Terme technique employé par les Écoles de philosophie religieuse, avant et pendant les premiers siècles de ce que l'on appelle le christianisme, pour désigner l'objet de leur quête. Cette connaissance spirituelle et sacrée — la gupta-vidyâ* des hindous — ne pouvait être obtenue que par l'Initiation aux Mystères* Spirituels, dont les cérémonies des « Mystères » étaient une représentation.

    Gnostiques. Philosophes qui formulèrent et enseignèrent la Gnose*, ou connaissance. Ils furent florissants pendant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne. Parmi les plus éminents, on peut compter Valentin, Basilide, Marcion, Simon le magicien, etc.

    Grand Âge. Les Anciens mentionnèrent plusieurs « Grands Âges ». Celui de l'Inde embrasse tout le Mahâmanvantara, l'Âge de Brahmâ*, dont chaque Jour* représente le Cycle de Vie d'une Chaîne [planétaire], c'est-à-dire une période de 7 Rondes (voir l'ouvrage de Sinnett Le Bouddhisme ésotérique* [et surtout la Doctrine Secrète de Mme Blavatsky]). Ainsi, un « Jour » et une « Nuit de Brahmâ*  » — un manvantara et un pralaya — s'étendent sur 8.640.000.000 ans [terrestres], un âge englobant une période de 311.040.000.000.000 ans; après quoi, le pralaya de l'univers, ou sa dissolution, devient universel. Chez les Égyptiens et les Grecs, le « Grand Âge » ne recouvrait que l'année tropique, ou sidérale, de 25.868 ans. Sur l'Âge complet — celui des dieux — ils ne disaient rien, vu que c'était une question qui ne devait être discutée et divulguée que dans les Mystères, et pendant les cérémonies d'Initiation. Le « Grand Âge » des Chaldéens était le même, calculé en chiffres, que celui des hindous.

    Guhya-vidyâ (skt). La connaissance secrète des mantrams mystiques.

    Gupta-vidyâ (skt). Même sens que guhya-vidyâ. Science, connaissance ésotérique ou secrète.

    Gygès (gr). L'anneau de Gygès est devenu une métaphore fameuse dans la littérature européenne. Gygès était un Lydien qui, après avoir tué le roi Candaule, épousa sa veuve. Platon nous informe que Gygès descendit un jour dans un gouffre ouvert dans la terre et y découvrit un cheval de bronze : dans son flanc ouvert se trouvait un squelette d'homme de stature gigantesque qui portait au doigt un anneau de bronze. Mis au doigt de Gygès, cet anneau le rendit invisible.

    --  H  --

    Hadès. Du grec Aïdès [AidhV], l' « invisible » : c'est le royaume des ombres, dont l'une des régions était le Tartare, un lieu de complète obscurité, comme l'était aussi la zone de profond sommeil sans rêve qui se trouvait dans l'Amenti [égyptien]. Si on en juge par la description allégorique des punitions qui y étaient infligées, l'endroit était purement karmique. Ni l'Hadès, ni l'Amenti n'étaient l'Enfer que continuent de prêcher certains prêtres et religieux rétrogrades. Et qu'ils aient été représentés par les Champs Élysées ou le Tartare, on ne pouvait accéder à ces lieux qu'en franchissant le fleuve pour gagner l' « autre rive » . Comme l'exprime bien Bonwick dans son ouvrage Egyptian Belief and Modern Thought [= Croyance égyptienne et pensée moderne], on peut trouver l'histoire de Charon, le passeur (du Styx), non seulement chez Homère mais aussi dans les écrits poétiques de bien des pays. Il est indispensable de traverser le Fleuve avant d'atteindre aux Îles des Bienheureux. Le rituel égyptien a décrit un Charon, avec sa barque, de longs siècles avant Homère ; il y est appelé Khu-en-na, le timonier à tête de faucon. Voir Enfer*.

    Hallucination. État produit parfois par des désordres physiologiques, parfois par la médiumnité et d'autres fois par l'ébriété. Mais il faut rechercher plus profondément que dans la physiologie la cause qui produit ces visions. Toutes — particulièrement quand l'origine en est la médiumnité — sont précédées d'une relaxation du système nerveux, entraînant invariablement un état magnétique anormal qui a pour effet d'attirer sur le patient des ondes de lumière astrale. Ce sont ces ondes qui fournissent l'imagerie des diverses hallucinations, lesquelles, cependant, ne sont pas toujours de simples rêves vides et irréels, comme les médecins ont tendance à le dire. Personne ne peut voir ce qui n'existe pas (c'est-à-dire n'a pas son empreinte marquée) dans ou sur les ondes (11) astrales. Mais un voyant peut percevoir des objets et des scènes (passées, présentes ou futures) qui n'ont pas le moindre rapport avec lui-même, et, bien plus, percevoir plusieurs choses totalement sans relations entre elles, au même moment, ce qui peut produire les combinaisons d'images les plus grotesques et absurdes. Mais ivrogne et voyant, médium et adepte, prennent leurs visions respectives dans la lumière astrale. Cependant, tandis que l'ivrogne, le fou et le médium sans entraînement, ou encore l'individu souffrant d'une fièvre cérébrale, voient, parce qu'ils n'y peuvent rien, en évoquant des visions embrouillées, sans s'en rendre compte eux-mêmes et sans être capables de les contrôler, au contraire, l'adepte et le voyant entraîné ont le choix de leurs visions et le pouvoir de les maîtriser. Ils savent où fixer leur regard, comment stabiliser les scènes qu'ils désirent observer, et comment voir au-dessus des couches extérieures de la lumière astrale. Pour la première catégorie de voyants, ces aperçus saisis dans les ondes astrales sont des hallucinations. Pour les autres, ils deviennent la reproduction fidèle de ce qui véritablement a eu lieu, se passe actuellement ou arrivera plus tard. Ce qui n'est que perspectives aléatoires, entrevues par le médium, et visions vacillantes qu'il saisit dans la lumière trompeuse, se transforme, par la volonté directrice de l'adepte et du voyant [authentique], en la représentation véridique de ce qu'il désire faire venir dans le champ focal de sa perception.

    [Hérennius. En dehors du fait qu'il fut l'un des disciples directs d'Ammonios (cité p. 21, avec Origène, Plotin et Longin), on ne sait à peu près rien de lui. Voir Origène, note.]

    Hermas. Auteur grec de l'Antiquité [~ 2e s. ap. J.-C.] : seuls quelques fragments de ses œuvres demeurent encore aujourd'hui [voir son Pasteur, longtemps tenu par les chrétiens pour inspiré].

    Hiérogrammate ou Hiérogrammatiste. Titre donné aux prêtres égyptiens qui recevaient la charge d'écrire et de lire les textes sacrés et secrets. Littéralement : « scribes des archives secrètes » . Ils servaient d'instructeurs pour les néophytes se préparant à l'Initiation.

    Hiérophante. Du grec hiérophantes [ierofanthV], littéralement : « celui qui explique les choses sacrées » . Dans les temples de l'Antiquité, ce titre appartenait aux plus hauts adeptes* qui instruisaient les candidats, exposaient les mystères sacrés, et étaient les Initiateurs aux grands Mystères* ultimes. L'hiérophante tenait la place du Démiurge et expliquait aux postulants à l'Initiation les divers phénomènes de création qui étaient produits pour leur instruction. « II était le seul interprète des secrets et doctrines ésotériques. Prononcer même son nom devant une personne non initiée était interdit. Il siégeait à l'Orient et portait, comme symbole d'autorité, un globe d'or suspendu à son cou. Il avait aussi le nom de Mystagogue ». (Kennett R.H. Mackenzie, M.S.T. [Membre de la Société Théosophique], The Royal Masonic Cyclopaedia).

    Hillel. Un grand Rabbi babylonien du siècle précédant l'ère chrétienne. Homme saint et instruit, il fut le fondateur de la secte des Pharisiens (12).

    Hînayâna (skt). Le « Petit Véhicule » , mot appliqué à un canon scripturaire et à une École du bouddhisme*, en opposition à Mahâyâna*, le « Grand Véhicule ». Les deux Écoles sont mystiques. (Voir Mahâyâna).Également, dans la superstition exotérique, la plus basse forme de transmigration.

    Homogénéité. Du grec homos, « même » , et génos, « genre » . Caractérise ce qui est entièrement de même nature, non différencié, non composé, comme l'or est censé l'être.

    Hypnotisme. [Du grec hypnos, sommeil]. Nom donné par le Dr Braid au processus par lequel un homme doué d'un fort pouvoir de volonté en plonge un autre dont le mental est plus faible dans une sorte de transe : une fois dans cet état, le sujet fera n'importe quoi en obéissant à la suggestion de l'hypnotiseur. À moins de viser des applications bénéfiques, cette pratique serait, pour un Occultiste* , à ranger dans la magie noire* ou la sorcellerie : c'est la plus dangereuse, moralement et physiquement, du fait qu'elle interfère avec les fluides nerveux.

    --  I  --

    Illusion. En Occultisme* , tout ce qui est fini (comme l'Univers et tout ce qu'il contient) est appelé illusion, ou maya*.

    Individualité. L'un des noms donnés, en Théosophie et en Occultisme*, à l'Ego* supérieur de l'homme. Nous faisons une distinction entre l'Ego immortel et divin et l'ego mortel humain qui périt. Celui-ci, ou la « personnalité »* (l'ego personnel), ne survit à la mort du corps que pendant un temps limité en kâma loka* ; pour sa part, l'individualité demeure à jamais.

    Initié. Du latin initiatus. Terme servant à désigner quiconque a été admis aux mystères et secrets de la Maçonnerie ou de l'Occultisme* et en a reçu la révélation. Aux temps de l'Antiquité, le mot s'appliquait à ceux qui avaient été initiés à la connaissance secrète enseignée par les hiérophantes* des Mystères*; de nos jours, ce sont ceux qui ont été initiés, par les adeptes de la science mystique, à la connaissance mystérieuse qui, malgré l'écoulement de longs âges, compte encore sur la terre des individus qui s'y vouent réellement.

    Îshvara (skt). Le « Seigneur » , ou le dieu personnel, l'esprit divin, qui est dans l'homme. Littéralement : l'existence souveraine (indépendante). Titre donné à Shiva et d'autres dieux en Inde. Shiva est appelé aussi Îshvaradeva, ou deva* souverain.

    lu kabar-zivo. Terme gnostique. Le « Seigneur des Éons » dans le système du Codex Nazareus*, c'est le procréateur (émanateur) des sept saintes vies (les sept Dhyân-Chohans* ou Archanges* primitifs, dont chacun représente l'une des vertus cardinales) et il est lui-même la troisième vie (le troisième Logos). Dans le Codex, il est salué comme le timon et la vigne de la nourriture de vie. Ainsi, il est identique au Christ* (Christos) qui déclare : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron » (Jean, 15,1). Il est bien connu que, dans l'Église romaine, le Christ est considéré comme le « chef des Éons » , comme l'est aussi Michel — « qui est comme Dieu » . Telle aussi était la croyance des gnostiques*.

    --  J  --

    Jamblique. Grand théosophe et Initié* du 3ème siècle. Il a beaucoup écrit sur les diverses sortes de démons qui apparaissent dans les évocations, mais s'exprima en termes sévères contre de tels phénomènes. Grandes furent ses austérités, la pureté de sa vie et sa sincérité. On rapporte que, par lévitation, il s'est élevé de 10 coudées au-dessus du sol, comme on le dit aussi de certains yogis* et médiums modernes.

    [Jardin. Ce mot est proposé (p. 20) pour traduire l'anglais the Groves, dans un passage de la Clef qui est directement emprunté à A. Wilder*, lequel emploie le singulier « the Grove » — terme qui signifie normalement bosquet, petit bois, bocage (en grec : nemoV , némos). Malgré toutes les recherches, il n'a pas été possible d'identifier une « École du Bosquet » qu'aurait visée Wilder. Le mot « Jardin » renvoie par contre à une école bien connue, celle que dirigeait Épicure en son jardin à Athènes (en grec, le terme est au pluriel : oi khpoi, hoï kêpoï). Il se peut toutefois qu'en mettant le mot au pluriel, Mme Blavatsky ait eu en vue les bosquets sacrés des sanctuaires initiatiques. Voir, dans ce sens, l'entrée Éleusinies*, où il est question des « bosquets de Bethléem » . Mais Wilder voulait sans doute désigner une école définie en parlant des « hommes instruits de la Synagogue, de l'Académie (platonicienne) et du Jardin/Bosquet » .]

    Javidan Kherad (per). [« Sagesse immortelle »]. Ouvrage de préceptes moraux.

    Jhana [pâl pour Jñâna (skt)]. Connaissance ; sagesse occulte.

    Josèphe, Flavius. Historien du premier siècle [~ 37/100]. Juif hellénisé qui vécut à Alexandrie (13) et mourut à Rome. Si l'on en croit Eusèbe, il serait l'auteur des 16 fameuses lignes relatives au Christ*, lignes qui, selon toute probabilité, sont une interpolation due à Eusèbe lui-même, le plus grand faussaire parmi les Pères de l'Église. Ce passage où Josèphe — qui était un Juif ardent, et qui resta jusqu'à sa mort dans le judaïsme — est censé cependant reconnaître le caractère de Messie de Jésus, et son origine divine, est maintenant déclaré comme un faux par la plupart des évêques chrétiens (dont Lardner) et même par Paley (voir son ouvrage Evidence of Christianity [=Les preuves du christianisme]). Il a constitué pendant des siècles l'une des preuves de plus grand poids de l'existence réelle de Jésus le Christ.

    Jour de Brahmâ. Voir Brahmâ*.

    --  K  --

    Kabbale (héb [Kabbalah]). La Kabbale est « la sagesse cachée des Rabbis hébreux du Moyen Âge, tirée des doctrines secrètes plus anciennes concernant les choses divines et la cosmogonie, qui furent combinées en une théologie, après le temps de la captivité des Juifs à Babylone ». Toutes les œuvres qui se rangent dans la catégorie ésotérique sont appelées kabbalistiques.

    Kâma loka (skt). Plan* semi-matériel, subjectif et invisible pour nous, où demeurent les « personnalités »* désincarnées (les formes astrales appelées kâmarûpa*) jusqu'à ce qu'elles s'évanouissent de ce plan, par l'épuisement complet des effets des impulsions mentales qui avaient créé ces eidôla* de passions et de désirs animaux de qualité inférieure. Voir kâmarûpa. C'est l'Hadès* des anciens Grecs et l'Amenti des Égyptiens — le pays des Ombres Silencieuses.

    Kâmarûpa (skt). Métaphysiquement, et dans notre philosophie ésotérique, c'est la forme subjective créée par l'effet des pensées et désirs mentaux et physiques en rapport avec les choses de la matière, par tous les êtres sensibles : cette forme survit à la mort du corps. Après cette mort, trois des sept « principes » (ou, disons, plans* des sens et de la conscience où agissent tour à tour les instincts et 1'idéatlon de l'être humain) — à savoir le corps, son prototype astral et la vitalité physique — n'étant plus d'aucun usage, restent sur la terre; les trois principes supérieurs, groupés en un seul, se plongent dans un état de devachan* , où l'Ego* supérieur demeure jusqu'à l'heure d'une nouvelle incarnation, tandis que l'eidôlon* de l'ex-personnalité* est abandonné seul dans son nouveau séjour. Là, la pâle copie de l'homme qui fut jadis végète pendant un certain temps, dont la durée varie en fonction de l'élément de matérialité qui y reste attaché, et qui est déterminée par la vie écoulée du défunt. Privé comme il l'est de son mental supérieur, de l'esprit et des sens physiques, ce kâmarûpa — s'il est abandonné à lui-même — va graduellement s'éteindre et se désintégrer. Mais s'il est ramené avec force dans la sphère terrestre, que ce soit par l'effet des désirs et appels passionnés des amis survivants, ou par de vraies pratiques de nécromancie* (dont l'une des plus pernicieuses est la médiumnité*) , le « spectre » peut survivre pendant une période dépassant largement la durée de vie naturelle de son corps. Une fois que le kâmarûpa a appris le moyen de retourner à des corps humains vivants, il devient un vampire qui se nourrit de la vitalité de ceux qui sont ainsi désireux de jouir de sa compagnie. En Inde, ces eidôla sont appelés pisacha, et sont fort redoutés.

    Kapilavastu (skt). Le lieu de naissance du Seigneur Bouddha* (signifiant « demeure jaune » ) , la capitale du monarque qui fut le père de Gautama* le Bouddha.

    Kardec, Allan [1804-1869]. Nom adopté par le fondateur du mouvement spirite français qui s'appelait en réalité Rivail. C'est lui qui rassembla et publia les messages transmis à l'état de transe par certains médiums et qui ensuite en tira une « philosophie » , entre les années 1855 et 1870.

    Karma (skt). Physiquemen  : l'action; métaphysiquement : la LOI DE RÉTRIBUTION ; la loi de cause et d'effet, ou de causalité éthique. Ce n'est Némésis que dans le sens du mauvais karma. Dans le bouddhisme* orthodoxe, c'est le onzième nidâna dans l'enchaînement des causes et des effets ; mais, en fait, c'est le pouvoir qui contrôle toutes choses, la résultante de l'action morale, le samskâra métaphysique, ou l'effet moral d'un acte commis en vue d'atteindre quelque chose qui satisfasse un désir personnel. Il y a le karma du mérite et le karma du démérite. Karma ne punit ni ne récompense : c'est simplement l'unique LOI UNIVERSELLE qui guide sans erreur et, pour ainsi dire, d'une façon aveugle, toutes les autres lois qui sont productrices de certains effets en suivant les programmes invariables répondant aux types de causalités auxquelles elles sont adaptées. Quand le bouddhisme* enseigne que « karma est le noyau moral (d'un être quelconque) qui seul survit à la mort et persiste dans la transmigration » ou la réincarnation, il signifie simplement que rien ne demeure de chaque personnalité* si ce n'est les causes qu'elle a produites — causes qui ne meurent pas, autrement dit, qui ne peuvent être éliminées de l'Univers avant d'être remplacées par leurs effets légitimes et, pour ainsi dire, effacées par ces effets. Et ces causes, à moins d'être compensées pendant la vie de la personne qui les a produites, par des effets adéquats, suivront l'Ego* dans sa réincarnation* et l'atteindront dans ses renaissances successives, jusqu'à ce que soit pleinement rétablie une complète harmonie entre causes et effets. Bien entendu, aucune « personnalité » (un pur et simple agrégat d'atomes matériels et de caractéristiques instinctuelles et mentales) ne peut continuer comme telle dans le monde du pur esprit. Seul ce qui est immortel dans sa nature même, et divin en essence (à savoir l'Ego), peut exister à jamais. Et comme c'est cet Ego qui, après chaque devachan*, choisit la personnalité qu'il va animer et qui, par l'intermédiaire des personnalités successives, reçoit les effets des causes karmiques produites, c'est donc cet Ego, ce Soi, qui est le « noyau moral » dont il a été question, et Karma incorporé lui-même — ce « qui seul survit à la mort » .

    Kether (héb). [Dans la Kabbale], « la Couronne, la plus élevée des dix sephiroth*. C'est la première sephira* de la triade supérieure, Elle correspond au Macroprosopos [ MakroproswpoV] (Long Visage, ou Arikh Anpin) qui se différencie en 'Hokmah et Binah ».

    Krishna (skt). Le plus célèbre Avatâr* de Vishnou, le « Sauveur » des hindous et le dieu le plus populaire. C'est le huitième Avatâr, fils de Dévakî et neveu de Kansa, l'Hérode indien, qui, en recherchant l'enfant Krishna parmi les bergers et bergères qui le tenaient caché, fit mettre à mort des milliers de leurs enfants nouveau-nés. L'histoire de la conception, de la naissance et de l'enfance de Krishna forme le prototype exact du récit néo-testamentaire [à propos de Jésus]. Bien entendu, les missionnaires essaient de montrer que les hindous ont volé l'histoire de la Nativité aux premiers chrétiens qui vinrent en Inde.

    Kshetrajña, ou Kshetrajñeshvara (skt). En Occultisme*, l'Esprit incorporé, l'Ego* conscient dans ses plus hautes manifestations ; le Principe qui se réincarne, ou le « Seigneur » en nous-mêmes.

    Kumâra (skt). Garçon, adolescent vierge, ou jeune homme non marié. Les premiers Kumâra sont les sept fils de Brahmâ, nés des membres du dieu, dans ce qui est appelé la neuvième création. Il est dit que ce nom leur fut donné en raison de leur refus formel de « procréer » leur espèce : en conséquence, ils « restèrent yogis* » , selon la légende. [Voir mânasaputra*].

    --  L  --

    Labre, Benoît, st. Saint catholique [français], béatifié avec solennité il y a quelques années [1885]. Sa grande sainteté a consisté à rester assis aux portes [des églises] de Rome, nuit et jour pendant 40 ans, et sans se laver durant tout ce temps. En conséquence, il fut rongé par la vermine jusqu'aux os.

    Langue des Mystères. « Jargon » secret sacerdotal employé par les prêtres initiés, réservé à la discussion sur les choses sacrées. Chaque nation a eu sa propre langue de ce genre, inconnue de tous sauf de ceux qui étaient admis aux Mystères*.

    Lao Tseu (chin). Grand sage, saint et philosophe [des 6ème -5ème siècles av. J.-C.] qui précéda Confucius.

    Linga sharîra (skt). «  Corps astral »* , c'est-à-dire le symbole aérien du corps physique. Le terme désigne ce qui est appelé Doppelgänger, le « corps astral » de l'homme ou de l'animal. C'est l'eidôlon* des Grecs, le corps vital servant de prototype [du corps physique], le reflet de l'homme de chair. Il naît avant celui-ci et meurt, ou se dissipe, avec la disparition du dernier atome du corps.

    Livre des Clefs. Un vieil ouvrage kabbalistique, dont l'original n'existe plus, bien qu'on puisse en trouver des copies falsifiées ou défigurées, et des contrefaçons (14).

    Logos (gr). Chez toutes les nations et tous les peuples, la Déité manifestée : l'expression extérieure ou l'effet de la Cause qui reste à jamais cachée. C'est ainsi que le langage est le logos de la pensée ; aussi, au sens métaphysique, les termes « Verbe » et « Parole » en rendent-ils une traduction convenable.

    Loi de rétribution. Voir Karma*.

    Long Visage, ou Longue Face. Terme kabbalistique, en hébreu : Arikh Anpin, en grec : Makroprosôpos [MakroproswpoV], en opposition à Tsaïr Anpin, le Mikroprosôpos [MikroproswpoV]. Le premier renvoie à la Déité, l'autre à l'homme, « la petite image de la grande forme »

    Longin, Denys Cassius. Célèbre critique et philosophe [grec], né au tout début du 3ème siècle (vers 213). Grand voyageur, il suivit à Alexandrie les leçons d'Ammonios Saccas*, le fondateur du néo-platonisme, mais fut plus un critique [littéraire] qu'un disciple. Porphyre* (un juif [selon A. Wilder]*, de son vrai nom Malek, ou Malchos) l'eut pour maître avant de devenir le disciple de Plotin*. On a dit de lui qu'il était une bibliothèque vivante et un musée ambulant. Vers la fin de sa vie, il devint le maître en littérature grecque de la reine de Palmyre, Zénobie*. Elle le paya de ses services en l'accusant devant l'empereur romain Aurélien de l'avoir conduite par ses conseils à se rebeller contre Rome, crime pour lequel Longin, avec plusieurs autres, fut mis à mort par ordre impérial, en 273.

    --  M  --

    Macrocosme. Littéralement, le « grand univers » , ou le grand Kosmos.

    Magie. La « Grande » Science. Selon Deveria et d'autres orientalistes, « la magie fut considérée comme une science sacrée inséparable de la religion » par les nations de la plus haute Antiquité, qui jouissait de la plus brillante civilisation et du plus grand savoir. Ainsi, les Égyptiens constituèrent une nation la plus sincèrement religieuse, comme le furent et le sont encore les hindous. Selon Platon, « la magie consiste dans le culte des dieux, et s'acquiert par ce culte ». Se peut-il donc qu'une nation dont il est prouvé — comme le démontrent indubitablement inscriptions et papyrus — qu'elle a cru fermement à la magie pendant des milliers d'années, ait été trompée pendant si longtemps ? Et est-il vraisemblable que des générations successives d'une hiérarchie instruite et pieuse (dans laquelle beaucoup d'individus ont eu des vies de martyre librement enduré, de sainteté et d'ascèse) aient pu continuellement se tromper et tromper les gens (ne serait-ce même que duper le public par supercherie) pour le seul plaisir de perpétuer une croyance dans les « miracles » ? À ce qu'on dit, les fanatiques sont prêts à n'importe quoi pour faire croire de force à leur dieu ou leurs idoles.À cela nous répondons : en pareils cas, les brâhmanes et les Rekhget-Amen, ou hiérophantes* égyptiens, n'auraient pas popularisé la croyance dans le pouvoir donné à l'homme, par des pratiques magiques, d'obtenir par commandement les services des dieux — ceux-ci n'étant, en vérité, que les pouvoirs ou potentialités occultes de la Nature personnifiés par les prêtres éclairés eux-mêmes, qui vénéraient en eux seulement les attributs de l'unique Principe inconnu et innommable. Comme le dit bien le [néo-] platonicien Proclus : « Les prêtres de jadis, en considérant qu'il existe une certaine alliance et sympathie réciproque dans les choses naturelles, et parmi les choses qui sont manifestes aux pouvoirs occultes, et en découvrant que tout subsiste en tout, fabriquèrent une science sacrée fondée sur cette sympathie mutuelle et cette similarité... et appliquèrent à des fins occultes les natures aussi bien célestes que terrestres, au moyen desquelles, par le jeu d'une certaine similitude, ils remontèrent jusqu'aux natures divines, pour les amener en rapport avec cette demeure inférieure ». La magie est la science qui a pour objet de communiquer avec les pouvoirs supérieurs transcendant le monde terrestre, et de les diriger, ainsi que de commander à ceux des sphères inférieures : c'est une connaissance pratique des mystères cachés de la Nature, que seul possède le petit nombre, du fait qu'ils sont si difficiles à maîtriser sans tomber dans le péché contre la loi. Les mystiques* de l'Antiquité, comme ceux du Moyen-âge, divisèrent la magie en trois classes : théurgie*, goétie et magie naturelle. Comme le dît Kenneth Mackenzie, « les théosophes et les métaphysiciens se sont approprié depuis longtemps la théurgie comme leur sphère particulière. La goétie est la magie noire*, et la magie  « naturelle » , ou magie blanche* s'est élevée, avec l'art de la guérison dans ses ailes, jusqu'à la fière position d'une étude exacte et progressive ». Les commentaires ajoutés par notre érudit défunt Frère sont remarquables : « Les désirs réalistes des temps modernes ont contribué à jeter la magie dans le discrédit et le ridicule... La foi (dans le propre soi de l'opérateur) est un élément essentiel en magie, et elle a existé bien avant que soient formulées d'autres idées qui présument de sa pré-existence. On dit qu'il faut un homme sage pour faire un fou ; et l'idée d'un homme doit être exaltée presque jusqu'à la folie (c'est-à-dire que la sensibilité de ses fibres cérébrales doit être accrue bien au-delà du misérable niveau inféneur de la civilisation moderne) avant qu'il puisse devenir un vrai magicien, car une poursuite de cette science implique un certain degré d'isolement et d'abnégation de soi » . Un très grand isolement, à coup sûr, dont l'obtention constitue déjà un phénomène prodigieux, un miracle en soi-même. Cependant la magie n'a rien en soi de surnaturel. Comme l'explique Jamblique* [en parlant des magiciens] : « En opérant à l'aide de la théurgie sacerdotale, ils se disent capables d'atteindre à des essences plus élevées et universelles, et à celles qui sont établies au-dessus du destin, à savoir Dieu et le démiurge — et cela sans employer la matière, ni recourir à quoi que ce soit d'autre sinon à l'observation d'un temps judicieux » . Déjà, certaines personnes commencent à reconnaître l'existence de pouvoirs et d'influences de caractère subtil dans la Nature dont elles n'avaient rien su auparavant. Mais comme le remarque le Dr Carter Blake, à juste titre : « Le dix-neuvième siècle n'est pas celui qui a observé la genèse de nouvelles méthodes de pensée ni le parachèvement d'anciennes » , à quoi M. Bonwick ajoute : « Si les Anciens n'avaient qu'une connaissance limitée de notre mode d'investigation dans les secrets de la Nature, nous en savons encore moins en ce qui concerne leur mode de recherche » .

    Magie blanche. La magie* bénéfique : sous cette désignation c'est la magie divine, dénuée de tout égoïsme, amour du pouvoir, ambition ou lucre, et toute tournée vers le seul bien du monde en général et d'autrui en particulier. La plus petite tentative que fasse un homme pour utiliser ses pouvoirs anormaux en vue de sa propre satisfaction fait de l'exercice de ces pouvoirs de la sorcellerie, ou de la magie noire*.

    Magie cérémonielle. Magie selon des rites kabbalistiques, mis en œuvre — à ce que prétendent les rosicruciens et d'autres mystiques — en invoquant des pouvoirs spirituellement plus élevés que l'homme et en commandant à des élémentaux* qui sont bien plus bas que lui sur l'échelle des êtres.

    Magie noire. Voir supra. Sorcellerie, nécromancie (ou évocation des morts), et autres abus égoïstes de pouvoirs paranormaux — abus qui peuvent ne pas être intentionnels mais n'en sont pas moins de la magie noire chaque fois qu'un phénomène est produit pour la satisfaction personnelle.

    Mahâmanvantara (skt). Littéralement, le grand intervalle couvert par les Manu* — la période totale d'activité universelle. Le mot manvantara se limite ici à une simple période d'activité, en opposition au pralaya, ou période de repos, sans référence à la durée du cycle.

    Mahat (skt). Littéralement, « le Grand » . Le principe premier d'Universelle Intelligence et conscience. Dans la philosophie des Purâna*, le premier produit de la Nature-racine, ou pradhâna (même sens que mûlaprakriti) ; de Mahat dérive Manas*, le principe pensant, et Ahamkâra*, l'égotisme, ou le sens du « Je suis moi » dans le Manas inférieur.

    Mahâtma (skt). Littéralement : « Grande Âme ». Désigne un adepte de l'ordre le plus élevé, un être exalté qui, pour avoir atteint à la maîtrise sur ses principes inférieurs, vit sans être limité par l' « homme de chair » . Les Mahâtma sont en possession de la connaissance et du pouvoir qui correspondent au degré qu'ils ont atteint dans leur évolution spirituelle. En pâli (15), le mot est Rahat, et Arhat*.

    Mahâyâna (skt). L'une des Écoles de philosophie bouddhique ; littéralement : « Grand Véhicule » . Fondé par Nagârjuna, c'est un système mystique dont les livres furent rédigés au 2ème siècle av. J.-C.

    Maître. Ce mot répond au sanskrit guru, « instructeur spirituel » ; il a été adopté par les théosophes [de la S.T.] pour désigner les grands adeptes dont ils tiennent les enseignements.

    Manas (skt). Littéralement, le « mental » : la faculté mentale qui fait d'un homme un être intelligent et moral, et le distingue du simple animal. Terme synonyme de Mahat*. Ésotériquement, cependant, employé sans autre qualification, il signifie l'Ego* supérieur, ou le principe conscient qui dans l'homme se réincarne. Par contre, avec un qualificatif, il est question pour les théosophes de Buddhi-Manas — l'âme spirituelle — qu'il faut opposer à son reflet humain, Kâma-Manas.

    Mânasaputra (skt). Littéralement : « Fils du Mental » ou « Fils né du Mental » . Le terme s'applique à notre Ego* supérieur, avant son incarnation dans le genre humain. Dans les anciens textes sacrés des hindous, les Purâna*, qui sont exotériques bien qu'allégoriques et symboliques, c'est le titre donné aux Fils de Brahmâ* nés du Mental, les Kumâra*.

    Manas-sutrâtma (skt). Association de termes signifiant « mental » (Manas*) et « âme-fil »* (sutrâtma*). C'est l'expression synonyme de notre Ego*, ce qui en nous se réincarne. Terme technique de la philosophie du Vedânta*.

    Manas taijasa (skt). Littéralement : le Manas* « rayonnant » ; c'est un état de l'Ego* supérieur que seuls de hauts métaphysiciens sont capables de réaliser et de comprendre. Voir, dans le même sens, « Buddhi taijasî » *.

    Mantram (skt). Versets des œuvres védiques utilisés comme charmes et incantations. Par mantram, on doit entendre toutes les parties des Veda qui sont distinctes des Brâhmana — leur interprétation.

    Manu (skt). Le grand législateur de l'Inde. Le mot vient de la racine sanskrite man, penser — il renvoie à l'humanité, en réalité [en anglais, MAN signifie homme], mais le terme s'applique spécifiquement à Svâyambhuva [Manu], le premier des Manu, issu lui-même de Svayambhû, le soi-existant, lequel pour cette raison est le Logos* et le progéniteur de l'humanité. Manu, comme premier législateur, est un être presque divin.

    Manvantara (skt). Période de manifestation, qu'on oppose à pralaya* (dissolution, ou repos) ; le terme s'applique à divers cycles, particulièrement au Jour de Brahmâ* (4.320.000.000 années solaires) et au règne de [l'un des 14] Manu (308.448.000 ans). Littéralement : Manuantara — période d'un Manu [antara, signifiant contenu intérieur, intervalle]. Voir la Doctrine Secrète (éd. originale, II pp. 68 et seq).

    Matérialisations. Dans le langage du spiritisme*, le mot signifie l'apparition objective des soi-disant « Esprits des morts » qui, occasionnellement, se revêtent de matière ; en d'autres termes, en tirant parti des matériaux disponibles, trouvés dans l'atmosphère et des émanations des assistants, ils se constituent un corps temporaire présentant la ressemblance humaine du défunt, tel qu'il apparaissait pendant sa vie. Les théosophes acceptent comme un fait le phénomène de « matérialisation » , mais ils rejettent la théorie prétendant qu'il est produit par les « Esprits » , censés être les principes immortels de personnes désincarnées. Les théosophes déclarent que, dans les cas où les phénomènes sont authentiques — ce qui se produit plus rarement qu'on le croit généralement — ils sont dus aux larves (en latin : larvae), aux eidôla* ou aux « fantômes » de personnalités* défuntes qui hantent le kâma loka*. (Voir ce mot, ainsi que kâmarûpa*). Étant donné que ce kâma loka est sur le plan terrestre, et ne diffère de son niveau de matérialité que par le degré de son plan de conscience, il est caché à la portée de notre vue normale, et l'apparition occasionnelle de telles coques astrales n'est pas moins naturelle que les phénomènes de boules de feu électrique, et d'autres, qui se produisent dans l'atmosphère. L'électricité, considérée comme fluide, ou matière atomique (les Occultistes* tiennent en effet, avec Maxwell, qu'elle est atomique), est toujours présente dans l'air, bien que de façon invisible, et elle se manifeste, sous diverses formes, mais uniquement lorsque certaines conditions sont réunies pour « matérialiser » le fluide, et le faire passer alors de son propre plan au nôtre et le rendre ainsi objectif. Il en va de même avec les eidôla* des morts. Ils sont présents autour de nous, mais sans nous voir (du fait qu'ils demeurent sur un autre plan), pas plus que nous-mêmes ne les voyons. Cependant, chaque fois que les forts désirs des hommes vivants s'expriment en un lieu où sont réunies aussi les conditions fournies par la constitution anormale des médiums, ces eidôla sont attirés — bien plus, entraînés avec force — pour descendre de leur plan au nôtre et devenir objectifs. C'est de la nécromancie* : sans faire aucun bien aux morts, elle cause un grand mal aux vivants, sans parler du fait qu'elle interfère avec une loi de la Nature. La matérialisation occasionnelle de corps astraux ou doubles, de personnes vivantes est une tout autre question. Ces formes « astrales » sont souvent prises à tort pour des apparitions des morts du fait que, comme les caméléons, nos propres « élémentaires » , ainsi que ceux des désincarnés et des élémentaux cosmiques, prennent souvent l'apparence des images qui sont les plus fortes dans nos pensées. Pour résumer, dans ce qu'on appelle les « séances* de matérialisation » , ce sont les personnes présentes et le médium qui créent l'apparition particulière. Le cas des « apparitions » indépendantes relève d'un tout autre genre de phénomènes psychiques.

    Matérialiste. Ce n'est pas nécessairement celui seulement qui ne croit ni en Dieu ni en l'âme, ni à sa survivance, mais c'est aussi bien toute personne qui matérialise ce qui est purement spirituel — comme le font ceux qui croient en une Déité anthropomorphe, en une âme capable de brûler dans le feu de l'enfer, en un enfer et un paradis qui seraient des lieux particuliers et non des états de conscience. La secte chrétienne des « substantialistes » américains est matérialiste, comme le sont aussi les soi-disant « spiritualists » [=spirites anglo-saxons].

    Mâyâ (skt). Illusion ; c'est le pouvoir cosmique qui rend possibles l'existence phénoménale et les perceptions qu'on en a. Dans la philosophie hindoue, seul est appelé réalité ce qui est sans changement et éternel ; tout ce qui est sujet au changement par décomposition et différenciation, et qui a, par conséquent, un commencement et une fin, est considéré comme MÂY — illusion.

    Médiumnité. Terme accepté maintenant pour désigner l'état psychophysiologique anormal qui conduit une personne à prendre pour réalités les fantaisies de son imagination, ses hallucinations*, qu'elles soient réelles ou artificielles. Nul individu entièrement sain sur les plans physiologique et psychique ne peut jamais être un médium. Ce que voient, entendent et sentent les médiums est « réel » mais mensonger, ne reflétant pas la vérité : l'information provient soit du plan astral — qui est fort trompeur dans ses vibrations et ses suggestions — soit de pures hallucinations, dépourvues de toute existence réelle si ce n'est pour celui qui les perçoit. La « médiumnité » est un genre vulgarisé de capacité à servir d'intermédiaire, de médiateur : celui qui est affligé de cette faculté est censé devenir un agent de communication entre un homme vivant et un « Esprit » trépassé. Il existe des méthodes reconnues pour s'entraîner au développement d'une telle faculté indésirable.

    Mercabah ou Mercavah (héb). « Un char. Les kabbalistes disent qu'après avoir établi les 10 sephiroth* (qui, dans leur totalité, constituent Adam Kadmon*, l'Homme-archétype), le Suprême les utilisa comme un char, ou un trône de gloire, pour descendre sur l'âme des hommes » .

    Mesmérisme. Terme dérivé du nom de Mesmer [1734-1815], qui redécouvrit la force magnétique et son application pratique, vers 1775, à Vienne. [Le mesmérisme met en jeu] un courant vital qu'une personne peut transmettre à une autre, en induisant ainsi chez cette dernière un état anormal du système nerveux qui permet à l'opérateur d'avoir une influence directe sur le mental et la volonté du sujet — l'individu mesmérisé.

    Métaphysique. Du grec méta, après, ou au-delà, et physika, choses du monde matériel extérieur. Traduire le mot par « démarche au-delà de la nature » ou surnaturelle, c'est oublier l'esprit et s'en tenir à la lettre morte, car il s'agit plutôt de dépasser le naturel dans ce qu'il a de visible ou concret. En ontologie et en philosophie, la métaphysique est le terme pour désigner la science qui traite de l'être réel et permanent, par contraste avec l'être irréel, illusoire, ou phénoménal.

    Microcosme. Le « petit » Univers, signifiant l'homme, fait à l'image de son créateur (le Macrocosme*, ou le « Grand » Univers) et contenant en lui-même tout ce que contient ce dernier. Ces termes sont utilisés en Occultisme* et en Théosophie.

    Mishnah (héb). Littéralement : « répétition » , du verbe shânâh, répéter une chose dite oralement. Résumé d'explications écrites d'après les traditions orales des Juifs, et étude ordonnée des Écritures sur lesquelles a été basé ultérieurement le Talmud.

    Moksha (skt). Même sens que nirvâna* ; c'est un état posthume de repos et de béatitude de l' « Âme-pèlerin ».

    Monade. C'est l'Unité, ou l'UN ; mais en Occultisme*, le mot renvoie souvent à la Dyade [grec : Duas, DuaV] unifiée, Âtma-Buddhi — ce qui constitue la partie immortelle de l'homme qui, après s'être incarnée dans les règnes inférieurs, et avoir progressé peu à peu jusqu'au stade humain, trouve dès lors sa voie jusqu'au but final — le nirvâna*.

    Monas (gr [MonaV]). Même sens que le terme Monade*, l' « unique » , une Unité. Dans le système pythagoricien, la Dyade émane de la Monas supérieure, et solitaire, laquelle représente par conséquent la Cause Première.

    Monde Occulte, Le. Titre du premier livre [1881] qui ait traité de la Théosophie, de son histoire et de certains de ses principes. Écrit par A.P. Sinnett, à l'époque rédacteur en chef d'un journal indien influent, le Pioneer, publié à Allahabad, en Inde.

    Monogénès (gr [MonogenhV] ). Littéralement : « engendré seul » ; épithète donnée à Proserpine [Perséphone en grec] et d'autres dieux et déesses, ainsi qu'à Jésus.

    [Mosheim, Johann Lorenz von (1694-1755). Théologien luthérien de renom, qui passe pour le fondateur de l'école pragmatique des historiens d'Église. Son Histoire Ecclésiastique (publiée en latin, en 1726) influença des générations d'érudits — entre autres, le rédacteur des articles « Ammonius » et « Eclectics » parus en 1830 dans The Edinburgh Encyclopaedia. Malheureusement, le tableau donné par Mosheim du personnage d'Ammonios Saccas* et de sa doctrine apparaît irrecevable et non fondé, à la lumière de l'érudition moderne. En réalité, Mosheim, irrité par le succès du maître alexandrin (responsable selon lui, d'avoir détourné les penseurs chrétiens de la simplicité de l'Évangile), lui fait un procès en règle, en inventant ou déformant les faits d'une façon intolérable. Pour sa part, l'auteur cité de l'Edinburgh Encyclopaedia n'a fait que paraphraser Mosheim, en ajoutant quelques confusions de son cru, comme l'affirmation que le système d'Armmonios avait reçu dès le début l'approbation de chrétiens comme Athénagore, Pantène et Clément. À propos de ces derniers, Mosheim avait seulement déclaré qu'ils avaient approuvé ce qu'on appellerait aujourd'hui le renouveau d'intérêt pour Platon, dans la mesure où ses opinions se conformaient au génie du christianisme : ici, Ammonios n'est absolument pas concerné, Mosheim n'évoquant son entrée en scène que dans le paragraphe suivant. Il est regrettable qu'un helléniste comme A. Wilder* se soit inspiré de sources aussi discutables pour rédiger sa brochure sur la « philosophie éclectique » . ]

    Mundaka Upanishad (skt). Littéralement : la « doctrine ésotérique Mundaka ». Traité d'une haute antiquité (traduit par Raja Ram Mohun Roy). [Voir, pour une version française, Cahier Théosophique, n° 155, éd. Textes Théosophiques, Paris.]

    Mystères sacrés. Ils étaient représentés dans les temples de l'Antiquité par les hiérophantes* initiés, pour le bien et l'instruction des candidats. Les plus solennels et les plus occultes furent certainement ceux qui furent célébrés en Égypte par « la troupe des gardiens des secrets » , comme M. Bonwick appelle les hiérophantes. Maurice donne en quelques lignes une description vivante des Mystères. À propos de ceux qui étaient représentés à Philae (une île sainte du Nil), il écrit : « C'était dans ces ténébreuses cavernes que les grands arcanes mystiques de la déesse (Isis) étaient dévoilés aux regards des aspirants en adoration, tandis que résonnait l'hymne solennel de l'Initiation répercuté tout au long de ces replis cachés au sein de la pierre ». Le mot « mystère »* vient du verbe grec muô [muw] (se tenir la bouche close), et chaque symbole qui s'y rattache possède un sens caché. Comme l'ont affirmé Platon et bien d'autres sages de l'Antiquité à leur sujet, ils étaient d'un caractère hautement religieux, moral, et bénéfique, considérés comme écoles d'éthique. Les Mystères grecs — ceux de Déméter et de Dionysos n'étaient que des imitations de ceux qu'on célébrait en Égypte, et l'auteur cité [M. Bonwick] du livre «Egyptian Belief and Modern Thought [= Croyance égyptienne et pensée moderne] nous fait savoir que « notre mot chapelle (ou capella [en latin]) renvoie au terme caph-el, ou collège du dieu El, la divinité solaire ». Les Cabires bien connus [divinités sacrées adorées principalement à Samothrace] sont associés aux Mystères. En bref : les Mystères furent dans chaque pays un ensemble de représentations mettant en scène les aspects secrets de la cosmogonie, et de la Nature en général, où intervenaient, comme personnages, les prêtres et les néophytes qui jouaient les rôles des divers dieux et déesses, en répétant alors des scènes supposées (allégoriques) tirées de leurs vies respectives. L'explication en était donnée, dans leur sens caché, aux candidats à l'Initiation ; et les thèmes de ces Mystères furent incorporés aux doctrines philosophiques.

    Mystères, langue des -. Voir Langue des Mystères.

    Mystique. Du grec mustikos [qui concerne les Mystères]. Dans l'Antiquité : individu appartenant au cercle des initiés* aux Mystères* de jadis. De nos jours : personne qui pratique le mysticisme*, entretient des vues mystiques, transcendantales, etc.

    Mysticisme. Mot renvoyant à toute doctrine empreinte de mystère et de métaphysique, et traitant plus des mondes idéaux que de l'univers contingent, terre-à-terre.

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    (11) [Le mot waves, traduit ici par ondes, signifie aussi vagues.

    (12) [En réalité, Hillel (né au 1er siècle avant J.-C.) n'a pas fondé la secte des Pharisiens, mais une École célèbre (Beth Hillel) qui s'est maintenue longtemps après sa mort. On sait que les Pharisiens ont été persécutés par Alexandre Jannée, après que ce grand-prêtre eut pris le titre de roi (en 103 av. J.-C.). Mme Blavatsky n'ignorait pas l'existence des Pharisiens, des décennies avant la naissance de Hillel : dans l'un de ses articles ( « Zoroaster in History » ) , elle situe cette secte à 150 av. J.-C.]

    (13) [Les biographies de Josèphe ne signalent aucun séjour à Alexandrie. De famille sacerdotale, rallié aux pharisiens, il contribua à organiser la résistance contre les Romains, en Galilée et en Judée. Son œuvre est celle d'un historien et d'un défenseur du Judaïsme, plus que d'un philosophe juif hellénisé, comme le fut Philon*.]

    (14) [La citation, p. 124, tirée de ce livre que Mme Blavatsky qualifie d' « ouvrage hermétique » , renvoie directement à l'enseignement du traité X d'Hermès Trismégiste, intitulé La Clef — en latin : Clavis.]

    (15) [Plus exactement en cingalais. La langue pâlie utilise le terme Arahant.]

    Glossaire - 3 -

    (Nazaræus - Zoroastrien)<o:p></o:p>

    -- N --<o:p></o:p>

    Nazaræus, Codex. Voir Codex.

    Nécromancie. Évocation des images des morts, considérée dans l'Antiquité, ainsi que par les Occultistes* modernes, comme une pratique de magie noire*. Porphyre*, Jamblique*, et d'autres théurges, la désavouèrent tout autant que Moïse qui condamna les sorcières de son temps à la mort, lesquelles n'étaient bien souvent que des médiums — comme dans le cas de la sorcière d'Endor évoquant l'ombre de Samuel [pour Saül] , cf. I Samuel, XXVIII.

    Néo-platoniciens. École de philosophie qui vit le jour entre le 2ème et le 3ème siècles de notre ère et fut fondée par l'Alexandrin Ammonios Saccas*. [Selon AlexanderWilder* :] même sens que philalèthes* et analogisticiens*. Ils furent aussi désignés comme théurges [voir Jamblique*] et d'autres noms divers. Ils furent les théosophes des premiers siècles. Le néo-platonisme c'est la philosophie de Platon plus l'extase*, le divin râja yoga.

    Nephesh (héb). [Souffle, haleine, d'où] « Souffle de vie, Anima [lat], Mens Vitae [lat], appétits. Le terme est utilisé de façon très variable dans la Bible. Il signifie, en général, prâna, la « vie » ; dans la Kabbale*, il désigne les passions animales et l'âme animale » . C'est pourquoi, comme l'affirment les enseignements théosophiques, nephesh représente le principe prâna-kâmique, ou l'âme vitale animale dans l'homme.

    Nirmânakâya (skt). Dans la philosophie ésotérique, ce mot évoque quelque chose d'entièrement différent de ce que lui prêtent le sens populaire et les définitions fantaisistes des orientalistes. Certains, (comme Schlagintweit), appellent le corps nirmânakâya « nirvâna* avec restes  » , en supposant, probablement, que c'est une sorte d'état nirvânique où la conscience et la forme sont conservées. D'autres déclarent que c'est l'un des trois corps (trikâya), « doué du pouvoir de prendre n'importe quelle forme d'apparition, afin de propager le bouddhisme* » (voir Eitel [Hand-book for the Student of Chinese Buddhism] ) , ou encore que c'est « l'avatâr* incarné d'une déité » (ibidem). Pour sa part, l'Occultisme* affirme (voir La Voix du Silence [note 44, pp.93-4] ) que, bien que le sens littéral soit « corps de transformation » , le mot nirmânakâya renvoie à un état. La forme est celle où s'incorpore l'adepte* ou le yogi* qui entre dans cet état post mortem (ou qu'il choisit) de préférence à la condition de dharmakâya ou d'état nirvânique absolu. S'il le fait, c'est parce que ce dernier kâya [corps] le séparerait à jamais du monde des formes, en lui conférant un état de béatitude égoïste, auquel ne pourrait prendre part aucun autre être vivant, l'adepte étant dès lors privé de la possibilité d'aider l'humanité, ou même les deva*. Par contre, comme nirmânakâya, l'adepte abandonne seulement son corps physique et conserve tous les autres « principes » à l'exception du kâmique, car il l'a extirpé à jamais de sa nature pendant la vie incarnée, et ce principe ne pourra en aucun cas ressusciter dans l'état posthume de l'adepte. Ainsi, au lieu d'entrer dans une félicité égoïste, il choisit une vie de sacrifice de soi-même, une existence qui ne se terminera qu'avec le Cycle de Vie, pour avoir la possibilité d'aider l'humanité d'une manière invisible, bien que fort efficace. Voir La Voix du Silence, traité III, « Les sept portails ». Ainsi, contrairement à la croyance populaire, le nirmânakâya n'est pas « le corps dans lequel apparaît un Bouddha* ou un Bodhisattva, sur la terre » mais c'est, en vérité, l'être qui — après avoir été Chutuktu ou Khubilgan (16), adepte ou yogi pendant la vie — est devenu par la suite un membre de la légion invisible qui sans cesse protège le genre humain, et veille sur lui — dans les limites de karma*. Souvent pris à tort pour un « Esprit » , un Deva*, ou Dieu lui-même, etc. un nirmânakâya est toujours, pour celui qui est digne de son aide, un ange protecteur, plein de compassion — véritablement, un ange gardien. Quelles que soient les objections soulevées contre cette doctrine, et les dénégations véhémentes qu'elle suscite — sous le prétexte qu'elle n'avait jamais été rendue publique auparavant en Europe, et que, pour cette raison, les orientalistes l'ignorant, elle devait nécessairement être « un mythe d'invention moderne » — personne n'aura l'audace d'affirmer que cette idée d'aider l'humanité souffrante, au prix d'un autosacrifice presque interminable, n'est pas l'une des plus sublimes et des plus nobles qui soient jamais sorties du cerveau humain.

    Nirvâna (skt). Aux dires des orientalistes, c'est l' « extinction » complète — comme la flamme d'une bougie qu'on souffle — la fin totale de l'existence. Cependant, dans les explications ésotériques, c'est l'état d'existence absolue, et de conscience absolue, auquel accède l'Ego* d'un homme qui a gagné, pendant la vie, le plus haut degré de perfection et de sainteté, lorsqu'il abandonne son corps à la mort, ou même en étant encore incarné, comme dans le cas de Gautama le Bouddha* et d'autres.

    Nirvâni [mot formé à partir de nirvâna]. Être qui a atteint le nirvâna — âme émancipée. Que nirvâna ait une tout autre signification que les puériles affirmations que font à son sujet les orientalistes, toute personne instruite qui a visité l'Inde, la Chine ou le Japon en est bien consciente. C'est la « délivrance de la douleur » mais seulement de celle de la matière, la libération de klesha [les « afflictions » ou « souillures intérieures » , obstacles à tout progrès], ou de kâma, et l'extinction complète des désirs animaux. Si on nous oppose que l'Abhidharma [partie du canon bouddhique] définit le nirvâna comme « un état d'absolue annihilation » , nous acquiesçons en complétant le dernier mot par « ...de tout ce qui est lié à la matière ou au monde physique » et cela simplement parce que ce monde (et aussi tout ce qu'il contient) est illusion ou mâyâ*. Dans les derniers moments de sa vie, le Bouddha* Shâkyamuni a dit : « Le corps spirituel est immortel » . Voir Hand-Book for the Student of Chinese Buddhism — avec son dictionnaire sanskrit-chinois — de E.J. Eitel. Cet érudit sinologue donne ainsi cette explication : « Les systèmes exotériques populaires concordent pour définir le nirvâna d'une façon négative, comme un état d'affranchissement absolu du cercle de la transmigration, une condition d'entière liberté par rapport à toutes formes d'existence, à commencer par une libération de tout assujettissement à la passion et à l'effort, un état d'indifférence à toute sensibilité »—et il aurait pu ajouter « une mort à toute compassion pour le monde de la souffrance » . Et c'est pourquoi les Bodhisattva qui préfèrent le vêtement [kâyâ] de nirmânakâya* à celui de dharmakâya occupent un rang plus élevé dans l'estime populaire que les « nirvâni » . Mais le même sinologue ajoute : « Positivement (et ésotériquement [-H.P.B.]), ils définissent le nirvâna comme le plus haut état de béatitude spirituelle, comme l'immortalité absolue par l'effet de l'absorption de l'âme (ou plutôt de l'Esprit) en soi-même, avec cependant la conservation de l'individualité, en sorte que des êtres comme les Bouddhas*, après être entrés au nirvâna, peuvent réapparaître sur terre » — c'est-à-dire, dans les manvantara* futurs.

    Noumènes (gr : noumena [noumena] ) . La véritable nature essentielle de l'Être, à distinguer entièrement des illusoires objets des sens [= phénomènes] .

    Noûs (gr [nouV] ). Terme platonicien pour désigner le mental supérieur, ou l'âme supérieure. C'est l'Esprit (qu'il faut bien distinguer de l'âme animale, psyché [yuch] ) , la conscience divine ou le mental divin dans l'homme. Le mot fut adopté par les gnostiques* pour désigner leur premier Éon conscient qui, pour les Occultistes*, est le troisième logos*, du point de vue cosmique, et le troisième « principe » (compté depuis le haut) ou Manas* dans l'homme. Voir Nout* ci-après.

    Nout (ég). Dans le panthéon égyptien, c'est l' « Unique-Seulement Un » , parce que la religion populaire ou exotérique ne le fait pas remonter plus haut que la troisième manifestation qui rayonne de l'Inconnaissable et de l'Inconnu dans la philosophie ésotérique de toutes les nations. Le Noûs* d'Anaxagore* était le Mahat* des hindous — Brahmâ* la première déité manifestée — « le Mental, ou l'esprit qui tient de lui-même sa puissance ». Ce principe créateur est le primum mobile de tout ce qui peut se trouver dans l'Univers — son Âme, ou son Idéation. Voir les « Sept Principes » dans l'homme.

    Nuit de Brahmâ*. Voir sous Brahma*.

    -- O --

    Occultisme. Voir ci-après.

    Occultes, sciences. Les sciences visant les secrets de la Nature — physique et psychique, mentale et spirituelle — appelées sciences hermétiques ou ésotériques. En Occident, on peut nommer la Kabbale*, en Orient, le mysticisme*, la magie* et la philosophie [ésotérique] du yoga*, cette dernière étant souvent désignée par les chela* en Inde comme le septième darshana, ( [« point de vue » ou] école de philosophie), alors que le monde des profanes indiens ne dénombre que six darshana. Ces sciences sont tenues cachées au vulgaire — comme elles l'ont été depuis des âges — pour la très bonne raison qu'elles ne seraient jamais appréciées par les classes instruites égoïstes (qui en feraient mauvais usage, à leur profit, et ainsi transformeraient la science divine en magie noire*) , ni par les classes incultes qui ne les comprendraient pas. On met souvent en avant, comme une accusation portée contre la philosophie ésotérique de la Kabbale, le fait que sa littérature est pleine d' « un jargon barbare privé de sens » inintelligible pour le mental ordinaire. Mais les sciences exactes — comme médecine, physiologie, chimie, etc. — ne doivent-elles pas plaider coupables pour une accusation semblable ? Les scientifiques officiels ne voilent-ils pas leurs faits expérimentaux et leurs découvertes sous une terminologie gréco-latine élaborée de récente date et fort barbare ? Comme le remarque avec justesse notre regretté Frère Kenneth Mackenzie, « jongler ainsi avec les mots quand les faits sont si simples c'est l'art des savants de l'époque actuelle, en contraste frappant avec ceux du 17ème siècle qui appelaient une bêche une bêche et non « un instrument aratoire » . En outre, alors que leurs « faits » seraient aussi simples et compréhensibles si on les rendait en langage ordinaire, les faits de la Science Occulte sont d'une nature si abstruse qu'il n'existe dans la plupart des cas aucun mot dans les langues européennes pour les exprimer. Finalement, notre « jargon » répond à une double nécessité : (a) décrire clairement ces faits à une personne versée dans la terminologie occulte et (b) les cacher au profane.

    Occultiste. Celui qui pratique l'Occultisme* : un adepte des sciences secrètes ; mais très souvent le terme s'applique à un simple étudiant de ces sciences.

    Olympiodore. Le dernier néo-platonicien de quelque renom et célébrité de l'École d'Alexandrie*. II vécut au 6ème siècle sous l'empereur Justinien. Il y eut plusieurs auteurs et philosophes de ce nom, tant avant l'ère chrétienne qu'après. L'un d'eux fut le maître de Proclus, un autre, un historien du 8ème siècle, etc.

    Origène. Homme d'Église chrétien (17), né à la fin du second siècle [vers 185], probablement en Afrique [à Alexandrie]. On sait peu de chose de lui avec certitude vu que les éléments de sa biographie sont passés à la postérité sous l'autorité d'Eusèbe, le plus parfait falsificateur qui ait jamais existé de tous les temps. Eusèbe passe pour avoir réuni jusqu'à une centaine de lettres d'Origène (appelé Origenes Adamantius) dont on dit maintenant qu'elles ont été perdues. Pour les théosophes, le plus intéressant de tous les textes d'Origène est sa « Doctrine de la pré-existence des âmes » . II fut l'élève d'Ammonios Saccas* et suivit quelque temps les cours de ce grand maître de philosophie.

    [Oxon, M.A. Nom de plume d'un spirite anglais, William Stainton Moses (1839-1892) qui avait attiré l'attention de Mme Blavatsky, et de ses Maîtres, par son intelligence et ses grands pouvoirs psychiques.]

    -- P --

    [Palais d'amour (cf. p. 128). En hébreu, Haïkal Ahabah. Voir Glossaire Théosophique, (article : Mort, baiser de la) : « Selon la Kabbale, le fidèle sincère ne meurt pas par le pouvoir du mauvais esprit, Yetzer ha-rah,  mais par un baiser de la bouche de Jehovah Tetragrammaton, qu'il rencontre dans le Palais d'Amour. Cf. de Myer, Qabbalah, pp. 406-7.]

    Pandore (gr :Pandwra]. Dans la mythologie grecque [Hésiode], la première femme sur la terre, façonnée [à l'image d'une déesse, sur l'ordre de Zeus] avec de l'argile par Vulcain [Héphaistos] pour se venger de Prométhée et contrecarrer le bon effet de son don fait aux mortels. Parée de nombreux dons par chacun des dieux. Pandore fut envoyée porteuse d'une boîte contenant à son insu tous les maux. Quand le frère de Prométhée, Épiméthée, la vit, il l'épousa, mais Pandore, pleine de curiosité, ouvrit la boîte, libérant ainsi tous les fléaux qui tourmentent les hommes et qui sont restés sur la terre depuis ce temps.

    Pantène. [2ème siècle ap. J.-C.]. [D'après A. Wilder*], philosophe platonicien de l'École d'Alexandrie des philalèthes* (18).

    Panthéiste. Personne qui identifie Dieu avec la Nature, et vice versa. Si nous devons considérer la Déité comme un Principe infini et omniprésent, il pourrait difficilement en être autrement : dans ce cas, la Nature est simplement l'aspect physique de la Déité, ou son corps.

    Parabrahman (skt) [Écrit généralement Parabrahm}. Terme védântin signifiant au-delà de Brahmâ*. Le Principe Suprême et absolu, impersonnel et sans nom. Dans le Veda, il est évoqué comme « CELA » .

    Paranirvâna (skt). Dans la philosophie du Vedânta*: la plus haute forme de nirvâna* — ou l'état qui le transcende.

    Parsis. Communauté actuelle de fidèles persans de Zoroastre, établie en Inde, particulièrement à Bombay et dans le Gujarât : ce sont des adorateurs du soleil et du feu. C'est l'une des communautés les plus intelligentes et estimées du pays, généralement occupée à des entreprises commerciales. Il reste entre 50.000 et 60.000 de ces parsis en Inde où ils se sont fixés il y a quelque mille ans.

    Personnalité. Les enseignements de l'Occultisme* divisent l'homme en trois aspects : divin, pensant ou rationnel, et irrationnel ou animal. Également, pour des fins métaphysiques, il est envisagé selon une division septuple ou, comme il est convenu d'exprimer les choses en Théosophie, il est composé de sept « principes » , trois d'entre eux constituant la Triade* supérieure, et les quatre autres, le quaternaire* inférieur. C'est dans ce dernier que réside la personnalité, qui embrasse toutes les caractéristiques (dont la mémoire et la conscience) de chaque existence physique vécue tour à tour. L'individualité* est l'Ego* supérieur (Manas*) de la Triade* considérée comme une unité. En d'autres termes, l'individualité est notre Ego impérissable qui se réincarne et se revêt à chaque nouvelle naissance d'une personnalité nouvelle.

    Phallique, culte, ou culte sexuel. Attitude de respect et d'adoration envers les dieux et déesses qui, comme Shiva et Durga en Inde, symbolisent respectivement les deux sexes. [Ce culte a parfois des aspects dégénérés : voir Vallabâchârya].

    Philadelphiens [ang, Philadelphians]. Littéralement : « Ceux qui aiment leur semblable qui est leur frère » . Secte du 17ème siècle fondée par une certaine Jane Leadly. Ils s'opposaient à tous les rites, à tout le côté formel et au cérémonial de l'Église, et à l'Église elle-même, mais affirmaient être guidés, en âme et en esprit, par une Déité intérieure — leur propre Ego*, ou Dieu au fond d'eux-mêmes.

    Philalèthes. Voir néo-platoniciens*.

    Philon le Juif. Juif hellénisé d'Alexandrie, historien et philosophe fameux du premier siècle né vers 30 av J.-C. et mort entre 45 et 50 de notre ère (19). Chez Philon, l'interprétation symbolique de la Bible est très remarquable. Selon lui, les animaux, oiseaux, reptiles, arbres et lieux qui y sont mentionnés sont des allégories renvoyant aux conditions de l'âme, à des facultés, dispositions ou passions ; les plantes utiles y représentent des vertus, les mauvaises des affections des gens sans sagesse, etc., les interprétations se poursuivant ainsi dans le règne minéral, le ciel, la terre et les étoiles, les fontaines, les fleuves, les champs et les habitations, les métaux, substances, armes, vêtements, ornements et meubles, le corps et ses parties, les sexes et notre condition extérieure » . (Dict. Christ. Biog.). Tout cela tend fortement à corroborer l'idée que Philon était au courant de l'ancienne Kabbale*.

    Philosophes du Feu. Voir Feu.

    Phrên (gr [jrhn] ). Terme pythagoricien désignant ce que nous appelons Kâma-Manas lorsque celui-ci reste sous l'influence de Buddhi-Manas*.

    Pierre philosophale. Terme d'alchimie*. Appelée aussi « poudre de projection » , cette pierre est un « principe » mystérieux qui a le pouvoir de changer les métaux vils en or pur, ce qui, en Théosophie, symbolise la transmutation de la nature animale inférieure de l'homme en nature divine la plus élevée.

    Plan. De l'adjectif latin planus (plat, uni, égal). Le mot renvoie à une portion étendue de l'espace, au sens physique comme métaphysique. En Occultisme* : la portée ou l'étendue d'un état de conscience donné, ou l'état de matière correspondant aux pouvoirs de perception d'un ensemble particulier de sens, ou à l'action d'une force déterminée.

    Plastique. Épithète utilisée en Occultisme* en rapport avec la nature et l'essence du corps astral* ou de l' « âme protéenne » *. Voir l'article « âme plastique » dans le Glossaire Théosophique.

    Plérôme [gr, plhrwma]. « Plénitude » ; terme gnostique, utilisé aussi par st Paul [Romains 13,10]. Le monde divin, ou la demeure des dieux. L'espace universel divisé en Éons métaphysiques.

    Plotin [~ 205/270 ap. J.-C.]. Célèbre philosophe platonicien du 3ème siècle de notre ère, grand adepte de la mystique pratique, renommé pour ses vertus et son savoir. Il enseigna une doctrine identique à celle des Védântins, affirmant que l'âme-esprit qui avait émané du Principe déifique unique se trouvait réunie à celui-ci après son pèlerinage sur la terre. (Voir Glossaire Théosophique au mot Plotin).

    Porphyre (gr. Porphyrios). Son véritable nom [syrien] était Malek, ce qui pouvait laisser croire qu'il était juif. Né à Tyr [en 234 ap. J.-C.], il étudia d'abord avec Longin* l'éminent philosophe et critique littéraire, puis devint le disciple de Plotin* à Rome. Néo-platonicien et auteur distingué, il se rendit célèbre par sa controverse avec Jamblique* à propos des maux qui s'attachaient à la pratique de la théurgie* mais, finalement, il se rangea aux vues de son adversaire. Mystique*-né, il suivit, comme son maître Plotin, le pur système du râja yoga indien qui, lorsqu'on s'y entraîne, conduit à l'union de l'âme avec la Sur-âme de l'univers, et de l'âme humaine avec son âme divine, Buddhi-Manas. Il s'est plaint, cependant, qu'en dépit de tous ses efforts il n'ait pu atteindre le plus haut état d'extase* qu'une seule fois, et cela à l'âge de 68 ans, alors que son maître Plotin avait fait l'expérience de la suprême béatitude six fois durant sa vie (20) (Voir l'article Porphyre dans le Glossaire Théosophique).

    Pot Amun. Terme copte désignant une « personne consacrée au dieu Amun » [ou Amon], le dieu de la Sagesse. Nom d'un prêtre et occultiste égyptien sous les Ptolémée (21) .

    Prajñâ (skt). Terme servant à désigner le « Mental Universel » . Synonyme de Mahat*.

    Pralaya (skt). Dissolution, l'opposé de manvantara*, le premier terme désignant une période de repos, le second de pleine activité (c'est-à-dire mort et vie) d'une planète ou de l'univers tout entier.

    Prâna (skt). Le principe de vie, le souffle de vie — nephesh*.

    Psychisme. Le mot est employé aujourd'hui pour dénoter toute sorte de phénomènes mentaux, par exemple la médiumnité*, aussi bien que la forme supérieure de perception chez un sensitif. C'est un néologisme.

    Purâna (skt). Littéralement : ancien, qui appartient au passé ; terme appliqué à une catégorie d'Écritures hindoues, dont il existe un nombre considérable.

    Pythagore. Le plus fameux philosophe mystique* [grec] ; né à Samos (vers 586 av. J.-C.), il enseigna le système héliocentrique et la réincarnation, les mathématiques supérieures et la plus haute métaphysique. Il eut une École célèbre dans le monde entier. (Pour plus de détails, voir Glossaire Théosophique).

    -- Q --

    Quaternaire. Les quatre « principes inférieurs » dans l'homme, ceux qui constituent sa personnalité* (à savoir : corps physique, double astral, prâna* ou vie, organes de désir et Manas* inférieur, ou mental cérébral), par contraste avec le ternaire ou la Triade* supérieure, composée de l'Âme spirituelle supérieure, du Mental et d'Âtman* (le Soi supérieur).

    -- R --

    Rappel à la mémoire, souvenir, réminiscence. Les Occultistes* font une différence entre ces trois fonctions. Mais comme un Glossaire ne saurait contenir l'explicaton complète de chaque terme dans toutes ses nuances métaphysiques et subtiles, on ne peut ici que signaler que ces termes varient dans leurs applications, selon qu'ils renvoient à des vies antérieures ou à l'incarnation présente, ou que l'un ou l'autre de ces modes d'activité de la mémoire a pour foyer le cerveau spirituel ou le cerveau matériel, — ou, si l'on préfère, l' « individualité » * ou la « personnalité » * .

    Réincarnation, ou renaissance. Doctrine jadis universelle, enseignant que l'Ego* « naît » sur cette terre un nombre incalculable de fois. De nos jours, elle est rejetée par les chrétiens qui semblent mal comprendre les enseignements de leurs propres évangiles. Cependant, l'idée que l'âme humaine supérieure (Buddhi-Manas), ou l'Ego*, se revêt périodiquement de chair, et cela à travers de longs cycles, est enseignée dans la Bible, comme dans toutes les autres Écritures anciennes, et la « résurrection » signifie simplement la renaissance de l'Ego dans une autre forme. (Voir Glossaire Théosophique).

    Religion-Sagesse. Même sens que Théosophie. Nom donné à la doctrine secrète sous-jacente à toute Écriture et à toute religion exotérique.

    Reuchlin, Johannes. Grand philosophe et philologue allemand, kabbaliste et homme de grand savoir. Né à Pforzheim (Allemagne) en 1455, il fut diplomate alors qu'il était encore jeune. À une certaine période de sa vie, il reçut la haute charge de juge au tribunal de Tübingen, où il resta onze ans. Il fut aussi le précepteur de Mélanchton. Le clergé [dominicain] le harcela de persécutions pour sa glorification de la Kabbale* juive, tandis qu'en même temps il était appelé le « Père de la Réforme » . II mourut en 1522, dans un grand dénuement — sort commun réservé à tous ceux qui, à l'époque, s'élevaient contre la lettre morte de l'Église.

    -- S --

    Saint Germain, comte de. Mystérieux personnage qui apparut au siècle dernier et au début du présent, en France, en Angleterre et ailleurs.

    Samâdhi [skt]. Nom donné en Inde à l'extase* spirituelle. C'est un état de transe complète, induit au moyen d'une concentration mystique.

    Samkhâra [pâl, correspondant au skt samskâra]. Tendances du mental. C'est l'un des cinq skandha*, ou attributs, du bouddhisme*. Voir Skandha.

    Sammâ sambuddha [pâl, correspondant au skt samyak sambuddha]. [L'éveillé complet, qui a atteint l'état de samyak sambodhi :] terme mystique bouddhique. L'éveillé a une soudaine ressouvenance de toutes ses incarnations passées — phénomène de mémoire obtenu par le yoga*.

    Samothrace. Île de l'archipel grec de la mer Égée, célèbre dans l'Antiquité pour les Mystères* qu'on célébrait dans ses temples. Ces Mystères avaient une renommée mondiale.

    Samyutta Nikâya [pâl]. Recueil de sûtra bouddhiques.

    Saññâ [pâl, correspondant au skt samjñâ]. Perceptions, idées abstraites. C'est l'un des cinq skandha, ou attributs du bouddhisme.

    Sciences occultes. Voir Occultes.

    Science sacrée. Épithète qualifiant les sciences occultes* en général, et utilisée par les rosicruciens pour la Kabbale*, et particulièrement pour la philosophie hermétique.

    Séance. Terme employé actuellement pour désigner une réunion tenue avec un médium en vue d'obtenir des phénomènes de différentes natures. Le mot est surtout en usage parmi les spirites.

    Sephiroth (héb) - Terme de la Kabbale* hébraïque, appliqué aux dix émanations divines issues du Principe universel et impersonnel, ou de la DÉITÉ, appelée Ain Soph*. (Voir Glossaire Théosophique).

    Skandha (skt). Les attributs de chaque personnalité qui, après la mort, forment la base, pour ainsi dire, d'une nouvelle incarnation karmique. Dans le système exotérique ou populaire des bouddhistes, on dénombre cinq skandha qui sont : rûpa, la forme, ou le corps, qui laisse après lui ses atomes magnétiques et ses affinités occultes ; vedanâ, les sensations, qui font de même ; saññâ*, les idées abstraites qui sont les pouvoirs créateurs à l'œuvre d'une incarnation à l'autre ; samkhâra*, les tendances du mental et viññâna*, les pouvoirs mentaux de la conscience.

    Soi. Il y a deux soi dans les hommes : le supérieur et l'inférieur, l'impersonnel et le personnel. L'un est divin, l'autre semi-animal. Il y a lieu de faire une grande distinction entre les deux.

    Somnambulisme. État d'une personne qui « marche en dormant » . Condition psycho-physiologique trop bien connue pour appeler une explication.

    Spiritisme. [Dans le mouvement spirite, il faut distinguer les « spiritualistes » anglo-saxons, qui rejettent presque unanimement la doctrine de la réincarnation*, et les « spiritists » (spirites français) qui en font le principe fondamental de leur croyance]. Il y a toutefois une très grande différence entre les vues de ces derniers et les enseignements philosophiques des Occultistes* orientaux. Les « spiritists » [spirites] appartiennent à l'Ecole française fondée par Allan Kardec* et les « spiritualists » d'Amérique et d'Angleterre à celle des « soeurs Fox » qui ont inauguré leurs théories à Rochester (U.S.A.). Les théosophes croient à la réalité des phénomènes médiumniques obtenus par les deux catégories de spirites (« spiritualists » et « spiritists » ) , mais ils rejettent l'idée des « esprits » qu'ils mettent en avant.

    « Spiritualism » [ang]. Croyance moderne dans le retour sur terre de l'esprit des morts pour s'entretenir avec les vivants. (Voir Spiritisme).

    Sthûla Sharîra [skt]. Terme désignant le corps physique de l'homme, en Occultisme* et dans la philosophie du Vedânta.

    Sthûlopâdhi (22) [skt]. Le corps physique dans son état de conscience de veille (jagrat).

    Sukshmopâdhi (22b) {skt. Le corps physique dans l'état de rêve (23) (svapna), kâranopâdhi étant le corps causal*.

    Summerland [ang : « Pays de l'été » ] . Nom imaginaire donné par les spirites anglo-saxons à la demeure des esprits désincarnés, qu'ils localisent quelque part dans la Voie lactée. Ce Summerland est décrit, sur l'autorité d' « esprits qui reviennent, comme un charmant pays, avec de belles villes et de jolis bâtiments, une Salle du Congrès, des Musées, etc., » (Voir les œuvres d'Andrew Jackson Davies).

    Swedenborg, Emmanuel. Célèbre savant et clairvoyant du siècle dernier, homme de grand savoir qui a apporté une vaste contribution à la science, mais dont les dispositions mystiques et la philosophie transcendantale l'ont relégué au rang de ceux qu'on appelle des « visionnaires hallucinés » . De nos jours, il est connu partout comme le fondateur de la secte des Swedenborgiens, ou de « l'Église de la Nouvelle Jérusalem » . II est né en Suède, à Stockholm en 1688, de parents luthériens (son père était évêque de Gothie occidentale). Son nom était à l'origine Swedberg, mais quand le savant fut annobli et élevé à l'ordre de la chevalerie, en 1719, il fut changé en Swedenborg. Swedenborg devint mystique* en 1743 et, quatre ans plus tard (1747), il démissionna de sa charge (d'Assesseur extraordinaire au Collège des Mines) pour s'adonner entièrement au mysticisme*. II mourut en 1772 [à Londres].

    -- T --

    Taijasa (skt). Adjectif dérivant du mot tejas, « flamme » « splendeur » , d'où : « rayonnant » , « lumineux » , en parlant du mânasa rûpa (« le corps de Manas* »), ainsi que des étoiles, et des enveloppes qui sont rayonnantes comme des étoiles [en grec: astroeidès, ou augoeidès]. Terme de la philosophie du Vedânta*, qui a d'autres significations en dehors du sens occulte donné plus haut.

    Târaka râja yoga (skt). [Târaka = « qui fait traverser » ] . L'un des systèmes de yoga* du brâhmanisme, le plus philosophique et, en fait, le plus secret de tous, étant donné que ses principes réels ne sont jamais révélés publiquement. C'est une École d'entraînement purement intellectuelle et spirituelle.

    Tétragrammaton (gr). Le nom de la déité en quatre lettres qui dans notre langue peut se rendre par I H V H [pour lod — Hé — Vau — Hé]. C'est un terme kabbalistique correspondant (mais sur un plan plus matériel) à la Tétraktys pythagoricienne. (Voir Glossaire Théosophlque).

    Théodidaktos (gr). « Instruit par Dieu » , titre donné à Ammonios Saccas*.

    Théogonie. Du grec théogonia [qeogonia], littéralement : « genèse des dieux » .

    Théosophia. (gr [qeosojia] ). Littéralement: « sagesse divine ou sagesse des dieux » . (Pour une explication plus complète de termes comme Théosophie, théosophes et Société Théosophique, etc. voir Glossaire Théosophique).

    Thérapeutes (gr). École de guérisseurs ou d'ésotéristes mystiques juifs, désignés à tort par certains comme une secte. Ils résidaient à Alexandrie, ou dans ses environs ; ce qu'ils faisaient et croyaient demeure jusqu'à ce jour un mystère pour les critiques, car leur philosophie semble avoir été une combinaison de pratiques orphiques, pythagoriciennes, esséniennes et purement kabbalistiques. (Voir Glossaire Théosophique).

    Théurgie (gr : théourgia [qeourgia]). Rites visant à faire descendre au plan terrestre des Esprits ou Dieux planétaires*, et autres. Pour parvenir à réaliser un tel but, le théurge devait être absolument pur et désintéressé dans ses motifs. De nos jours, la pratique de la théurgie n'est pas du tout souhaitable, elle est même dangereuse. Le monde est devenu trop corrompu et méchant pour permettre la pratique de ce que seuls pouvaient tenter de faire sans risques des hommes saints et éclairés comme Ammonios*, Plotin*, Porphyre* et Jamblique* (le théurge le plus savant de tous). Actuellement, la théurgie — ou la magie* bénéfique, divine — ne peut que trop facilement devenir goétique, c'est-à-dire tomber dans la sorcellerie. La théurgie est la première des trois subdivisions de la magie, à savoir théurgie, goétie et magie naturelle. [Voir magie*].

    Thumos (gr [qumoV]). Terme de la philosophie pythagoricienne et platonicienne, appliqué à un aspect de l'âme humaine pour désigner son élément passionnel, propre au kâmarûpa*. Le mot est presque l'équivalent du sanskrit tamas, la « qualité des ténèbres » , et en dérive probablement.

    Timée de Locres [vers le 5ème s. av. J.-C.]. Philosophe pythagoricien, né à Locres. Il différa quelque peu de son maître dans la doctrine de la métempsychose. Il est l'auteur (en dialecte dorien) d'un traité encore existant sur l'Âme du monde, sa nature et son essence.

    Triade ou Trinité. Dans toute religion et toute philosophie : les trois en Un.

    -- U --<o:p></o:p>

    Upâdhi (skt). Base de quelque chose, substructure ; ainsi, en Occultisme*, la substance est l'upâdhi de l'Esprit.

    Upanishad (skt). Littéralement : « Doctrine ésotérique » . La littérature upanishadique appartient à la troisième division des Veda ; elle est classée parmi les révélations — la shruti, ou parole révélée. Il reste encore de nos jours quelque 150 Upanishad, bien qu'on ne puisse guère en retenir vraiment plus d'une vingtaine qui soient exemptes de falsification. Elles sont toutes antérieures au 6ème s. avant J.-C. De même que la Kabbale* interprète le sens ésotérique de la Bible, les Upanishad, expliquent le sens mystique des Veda. A leur sujet, le prof. Cowell prononce deux avis, qui sont aussi intéressants que corrects. Il déclare ainsi : (1) ces oeuvres ont « une caractéristique remarquable, l'absence totale d'exclusivité brahmanique dans leur doctrine... Elles respirent un esprit tout différent, une liberté de pensée inconnue dans tous les écrits antérieurs, à l'exception des hymnes du Rig Veda eux-mêmes ; et (2) les grands instructeurs de la connaissance supérieure (Gupta-vidyâ)*, et les Brâhmanes, sont continuellement représentés comme se tournant vers des rois Kshatriya pour devenir leurs élèves » (ou chelâ*). Cela démontre de façon concluante les points suivants : (a) les Upanishad furent écrites avant que s'imposent le système des castes et le pouvoir brâhmanique, ce qui par conséquent, sous l'angle de l'ancienneté, les placerait au second rang [et non au troisième] par rapport aux Veda et (b) les sciences occultes — ou la « connaissance supérieure » , selon l'expression de Cowell — sont bien antérieures aux Brâhmanes de l'Inde, ou à leur établissement en une caste. Cependant, les Upanishad sont très postérieures à la Gupta-vidyâ, la « Science Secrète »  qui est aussi vieille que la pensée philosophique humaine elle-même.

    -- V --

    Vahan (skt [vahana] ). « Véhicule » , terme synonyme d'upâdhi*.

    Vallabâchârya, secte des (skt). Également appelée « secte des Mahârâja » [les « épicuriens de l'Inde » ] . Communauté connue pour ses pratiques licencieuses de culte phallique, dont la branche principale est à Bombay. L'objet de ce culte est l'enfant Krishna. Le gouvernement anglo-indien a été conduit plusieurs fois à intervenir pour arrêter ses rites et ses viles pratiques ; et le « Mahârâjah » qui est à sa tête — une sorte de grand-prêtre — a été plus d'une fois mis en prison, à très juste titre. C'est là l'une des souillures les plus noires de l'Inde.

    Vedânta (skt). Littéralement : « la fin de toute connaissance [Veda] » . Parmi les six darshana, ou Écoles de philosophie, le Vedânta est aussi dénommé Uttaramîmâns⠗ la Mîmânsâ « postérieure » . II y a de ces critiques qui, dans l'incapacité où ils sont de comprendre son ésotérisme, le considèrent comme un athéisme, mais il n'en est rien, vu que Shankarâchârya, le plus grand apôtre de cette École, qui l'a rendue populaire, fut l'un des plus grands mystiques* et adeptes* de l'Inde.

    Vidyâ (skt). Connaissance, ou plutôt « Connaissance-Sagesse ».

    Viññâna [pâl, correspondant au skt : vijñâna]. L'un des cinq skandha* des bouddhistes ; littéralement : « pouvoirs mentaux » [de la conscience conditionnée]. Voir skandha.<o:p></o:p>

    -- W --<o:p></o:p>

    [Wilder, Alexander (1823-1908). Médecin distingué et helléniste reconnu, admirateur de Thomas Taylor (l'un des traducteurs de Platon), il joignait à un très large savoir académique un réel intérêt pour le mysticisme, comme en témoigne sa brochure The Eclectic Philosophy (= la philosophie éclectique), publiée en 1869. C'est dans ce texte qu'a largement puisé H.P.B. pour étayer le premier chapitre de la Clef (pp. 15-24) et décrire les « théosophes éclectiques » d'Alexandrie. Il faut cependant savoir que les sources utilisées par Wilder sont largement contestables pour l'érudition moderne : ainsi, bien des données fournies tant par le théologien Mosheim*, que par The Edinburgh Encyclopaedia à sa suite, sont irrecevables historiquement, quand elles ne sont pas inventées ou déformées par sectarisme religieux. Curieusement, Wilder a retenu dans ces sources, sans discussion critique, ce qui abondait dans son sens en faveur du néo-platonisme, en éliminant les critiques acerbes, au point que le lecteur est porté à suivre entièrement l'auteur sur la foi de sa parole d'érudit reconnu (24). Dans la suite, Wilder rencontra Mme Blavatsky et collabora avec elle, pour la publication d'Isis. Il devint membre de la S.T. et fut même quelque temps vice-président de la Société.]

    -- Y --

    Yoga (skt). École de philosophie fondée par Patañjali, mais qui existait déjà, longtemps avant ce sage, comme enseignement distinct et système de vie. C'est Yajñavalkya — un fameux sage des temps très reculés, qui vécut avant la période du Mahâbhârata, et à qui on attribue le Yajur Veda Blanc, le Satapatha Brâhmana et la Brihadâranyaka Upanishad — qui passe pour avoir inculqué la nécessité et le devoir impérieux de la méditation religieuse et de la retraite dans les forêts, et ainsi pour être celui qui a donné naissance à la doctrine du Yoga. D'après le prof. Max Müller, c'est ce Yajñavalkya qui a préparé le monde à la prédication du Bouddha. Cependant, en tant que philosophie, le Yoga de Patañjali est plus défini et précis, et renferme plus d'éléments de sciences occultes qu'aucune des œuvres attribuées à Yajñavalkya.

    Yogi, ou yogin (skt). Fidèle qui pratique le système du Yoga. Il y a divers degrés et genres de yogis et, en Inde, le mot est devenu maintenant un terme générique désignant n'importe quelle sorte d'ascète.

    Yuga (skt). Un âge du monde. On en décompte quatre, qui s'enchaînent selon la série suivante : krita (ou satya) yuga, l'âge d'or ; treta yuga, dvâpara yuga et kali yuga, l'âge noir, où nous sommes actuellement. (Voir la Doctrine Secrète pour une description complète).

    -- Z --

    Zénobie. Reine de Palmyre, vaincue par l'empereur Aurélien [en 272]. Elle eut pour maître et conseiller Longin*, le célèbre critique et logicien du 3ème siècle ap. J.-C. Voir Longin*.

    Zivo, Kabar (ou Yukabar). Nom de l'une des divinités créatrices dans le Codex Nazareus*. (Voir Isis Dévoilée).

    Zohar (héb). Le « Livre de la Splendeur » , ouvrage kabbalistique, attribué à Rabbi Siméon ben lo'haï, au premier siècle de notre ère. (Pour une explication plus complète, voir Glossaire Théosophique).

    Zoroastrien. Fidèle de la religion des parsis*, adorateurs du soleil ou du feu*.


    N.B. — Les lecteurs qui souhaitent avoir plus d'information sur un terme particulier sont invités à consulter le Theosophical Glossary actuellement en préparation [1890]
    [L'ouvrage fut publié après la mort de Mme Blavatsky, en 1892. Édition en fac-similé disponible à Textes Théosophiques, Paris].



    (16) [Mots d'origine mongole. Le terme Chutuktu, (répondant au sanskrit Ârya*) s'applique spécialement à un Bouddha (ou Bodhisattva) « réincarné » , ce que signifie en propre Khubilgan (de la racine khubil, se réincarner) correspondant au mot tibétain tulku.]

    (17) [Différent de cet Origène est l'élève païen d'Ammonios*, qui est cité, p. 21, en même temps que Hérennius*. Selon Porphyre (Vie de Plotin 3,24-27), ces deux disciples du maître alexandrin convinrent ensemble, avec Plotin, de « tenir secrets les dogmes d'Ammonios qu'il leur avait expliqués en toute clarté dans ses leçons » . Porphyre ajoute : « Hérennius rompit le premier la convention et Origène le suivit » . Cependant, contrairement à une affirmation de Wilder*, il ne reste pratiquement aucune trace de leurs écrits, ce qui limite au seul Plotin (Ennéades) les sources possibles d'information sur le néoplatonisme des origines.]

    (18) [Plus exactement: philosophe stoïcien de Sicile, passé au christianisme; établi vers 180 à Alexandrie, il y fonda l'école de catéchèse chrétienne ; lors de son départ en mission pour l'Asie (vers 189), son disciple Clément* prit sa succession. Pantène n'a sans doute jamais connu Ammonios.]

    (19) [Les sources historiques modernes indiquent 13 av. J.-C. et 54 de notre ère.]

    (20) [Dans sa Vie de Plotin (27, 12-18), où il évoque ces expériences, Porphyre limite à 4 (tetraktis) le nombre des extases où son Maître connut « l'union intime avec le Dieu qui est au-dessus de toute chose » , pendant que Porphyre vivait près de lui.]

    (21) [Ces informations sont empruntées à A. Wilder* qui renvoie pour ses sources à Diogène Laerce, lequel donne en réalité une tout autre version. Dans la préface de ses Vies, l'auteur grec (début du 3ème siècle) parle d'un Potamon d'Alexandrie qui « il n'y a pas longtemps... introduisit une nouvelle secte de philosophie éclectique ». Cependant, le peu qui en est dit ne permet guère de retenir ce personnage comme un quelconque précédesseur des néo-platoniciens. Rien ne permet d'affirmer qu'il fut prêtre égyptien, ni qu'il vécut sous la dynastie des Ptolémée — depuis longtemps éteinte.]

    (22) (22b) Ces termes appartiennent aux enseignements de l'École du Târaka râja yoga* [rapportés et commentés par le brâhmane théosophe T. Subba Row dans la revue The Theosophtst.]

    (23) [Le mot, qui signifie .« base subtile » , renvoie au siège (non physique) de la conscience dans l'état svapna. Voir Doctrine Secrète (éd. orig. I,157) pour les correspondances entre les divers upâdhi et les principes humains répertoriés dans d'autres classifications. Le kâranopadhi (ou corps causal) y est identifié à l'âme spirituelle.]

    (24) [Pour un certain nombre d'entrées de ce glossaire (p. ex. Analogistes, Clément d'Alexandrie, Pot-Amun, etc.), des notes ont été ajoutées pour corriger certaines des informations manifestement erronées empruntées à Wilder*.]

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    INDEX ANALYTIQUE
    (préparé pour l'édition française)

        Dans cet Index, le numéro entre parenthèses qui suit chaque référence à la présente édition renvoie à la page correspondante de l'édition originale anglaise de 1889 (Republiée en fac-similé photographique par la Theosophy Company, Los Angeles, États-Unis, et disponible à Paris : Textes Théosophiques, 11 bis, rue Kepler. (N.d.T.)..<o:p></o:p>

    Index : I-S  --  T-Z  <o:p></o:p>

    Index -- A-H --<o:p></o:p>

    Abammon : Maître égyptien de Jamblique, 17 (3). Âme

    Abnégation : l'— contenue dans les enseignements altruistes de Jésus est devenue un sujet théorique, 54 (40) ; l'idéal le plus élevé de la Théosophie est l'—, 251 (237) ; l' — doit être pratiquée avec discernement, 251 (238) ; l'— qui permet de faire pratiquement du bien pour sauver de nombreux êtres est infiniment supérieure au sacrifice accompli pour servir une idée sectaire, 252 (238) ; la Théosophie enseigne l'— mais pas le sacrifice inutile et elle ne justifie pas le fanatisme, 253 (240). (Voir aussi « Sacrifice » .)

    Absolu : l'Ain Soph de la cabale, 78 (62) ; l'— est Pensée absolue, 80 (65) ; de l'inutilité de prier l'—, 86    (70-1) ; Âtma, Brahma et l'—, 188 (174), Isis Dévoilée, citation sur karma et l'—, 215 (201) 225 (212).

    Absoluité : l'Absolu en soi, 78 (62) ; selon Platon, la partie éternelle de l'homme est formée de la même essence que l'—, 106 (90).

    Actes des Apôtres : mal interprétés, 129 (113-4).

    Acteur : l'Ego est comparé à un—, 47 (34), 146 (131), 182 (168), 198 (185).

    Action : chaque — est suivie de son effet, 60-1 (46-7) ; la « communion » et l'—à l'unisson avec notre « Père dans le secret », 86 (70) ; l'— est préférable à la prière, 87 (71); Walker, citation sur karma qui est —, 223 (209); Isis Dévoilée, citation sur l'— instantanée qui est suivie d'effets éternels, 238 (224-5), l'— est préférable à l'intention et au discours, 244 (230) ; — et interaction, principe fondamental de la Théosophie, 248 (234) ; la place naturelle de l'—, 250 (237; les résultats de l'— bonne ou mauvaise, 250 (237).

    Adam : ou A-Dam signifie sang, 201 (188).

    Adam-Kadmon : l'Unique-Engendré, 201 (188). (Voir aussi «Monogénès»).

    Adeptat : il faut de nombreuses vies de discipline pour atteindre l'—, 231 (217).

    Adepte(s) : la théurgie des — initiés de l'École Éclectique, 16 (2) (note) ; nécessité d'une discipline spirituelle pour devenir un —, 34 (21), 36 (23-4) ; les — n'ont pas de devachan, 164 (148) ; les — peuvent devenir des Nirmânakaya, 167 (151) ; les grands — peuvent connaître les péchés de la vie antérieure d'un individu, 215 (200-1); les — peuvent suivre le réajustement karmique, 229 (215), les — ont étudié les mystères de l'être, de la vie, de la mort et de la renaissance, 230-1 (217) ; la longévité des —, 302 (289), les — soumis à des règles strictes pour influencer un individu, 306 (292-3) ; Saint, — et dugpa, 307 (294); écrits théosophiques inspirés par des —,313 (300); les théosophes furent les premiers à faire connaître l'existence des — et des Maîtres, 314-5 (302).

    Æher : l'— des philosophes grecs, 121-2 (105-6).

    Agathon : la Déité suprême selon Platon, 112 (96) ; le Soleil représente l'— selon Plutarque, 114 (98).

    Âge : des Mahâtmas, 302 (288-9).

    Agnostic Journal : cité, 57 (note) (43).

    Agnostique(s) : vues peu philosophiques des —, 235 (227) ; les — ont une saine réaction contre la bigoterie, 282-3 (270).

    Ahamkara : le sens de l'ego, ou égo-ité, 151 (135-6).

    Ain Soph : Principe divin absolu selon la Cabale, 78 (62).

    Alchimie : les secrets de l' — ne sont pas révélés, 34 (21); des découvertes en chimie frisent l'—, 36 (23) ; les fausses prétentions de novices modernes sur l' —, 49 (36) (note).

    Alcool : son influence nuisible sur le psychisme, 275 (262).

    Alexander, August W. : 328 (310).<o:p></o:p>

    Allégorie : du Roi-Messie dans le Zohar, 201 (187-8) ; l' — des sept ceps représentant nos sept Races et sept Sauveurs, 201 (188) ; — des « sarments desséchés » représentant les personnalités annihilées, 203 (190-1). (Voir aussi « Parabole » . )

    Âme : la nature immortelle de l'homme est issue de l' — Universelle selon les Analogistes, 16 (2) (note) ;   l '— et l'Esprit proviennent de l' — Universelle, 90 (75) ; l' — selon la Genèse, 91 (75) ; l' — selon le Catéchisme Bouddhique, 93-5 (77-9) ; l' — et l'Esprit selon Platon, 106 (90-1) ; le caractère double et triple de l' — selon Platon, 108 (92) ; l' — selon les philosophes grecs, 111-2 (96) ; l' — selon Plutarque, 112-4 (97-99) ; l' — n'est pas immortelle, 117 (101) ; l' — selon Pythagore, Platon, Timée de Locre et l'École d'Alexandrie, 121-2 (105-6) ; l' — selon Empédocle, 122 (106) ; l' — selon Aristote, 122 (106) , citation du Zohar sur l' —, 123 (107) ; l'immortalité personnelle et le devachan, 123 (107) ; dans le Pentateuque et la Genèse, 124 (108-9) ; l' — selon Philon le Juif, 127 (111) ; la « réunion avec l' — Universelle » n'est pas l'annihilation, 129-30 (113-4) ; selon la Théosophie distinction nécessaire entre l' — animale, l' — humaine et l' — spirituelle, 130-1 (115) ; l' — selon Platon et Pythagore, 130-1 (115) ; l' — selon Platon (Les Lois), 131 (115-6) ; l'— plastique, 136 (121) ; le terme — est générique, 137 (121) ; trois aspects de l'— dans l'homme, 137 (121-2) ; la réminiscence est la mémoire de l'— ; 140-1 (125) ; le Soi Supérieur est un avec l'— Universelle, 148-9 (132-3) ; Buddhi ou l'— spirituelle, 151 (135) ; l'humaine et l'expérience collective de toutes ses existences passées, 152 (137) ; compensation au centuple pour les souffrances de l'— après la mort, 156 (141) ; l'— animale peut revisiter la terre, 169 (153) ; Taijasa, l'âme humaine illuminée par l'— divine, 174 (159) ; Buddhi demeurerait un esprit impersonnel sans l'élément qu'elle emprunte à l'— humaine, 174-5 (160) ; l'—humaine, l'— divine, l'immortalité et le matérialiste, 175 (160) ; l'—humaine et le rayonnement de taijasa, 175, (160) ; Sûtrâtma ou l'— fil ; 178 (163) ; l'immortalité de l'— et le matérialiste, 179 (164) ; terme générique dans la citation d'A.P. Sinnett, 186 (172) ; l'— humaine guidée par les affinités karmiques (A.P. Sinnett), 187 (172-3); le royaume spirituel est l'habitat de l'— (A.P. Sinnett), 188 (173-4) ; l'— humaine et la disparition de la conscience physique, 194 (180) ; la théologie et ses erreurs sur la nature et la responsabilité de l'— ; 198-9 (185-6) ; l'évocation des morts trouble le repos de l'—, 207 (194) ; Conelly, citation sur l'—, 223 (209) ; le corps, l'— et l'esprit selon la théologie, 232  (219) ; la véritable charité est une nourriture pour l'—, 258 (244-5).

    Âme perdue : voir « Annihilation » .

    Âme plastique ou protéenne : le véhicule du principe de vie, 136 (120-1).

    Ammonios Saccas : fondateur du système théosophique éclectique, 16 (2); les disciples d'— appelés Analogistes, 16 (2) (note); néo-platonicien, 17 (3) (note) ; la sagesse divine se révélait à — en songe et par des visions, 17 (3) (note) ; tenta de réconcilier tous les systèmes, 18 (4-5); Wilder, citation sur les enseignements d'—, 20 (6-7); les doctrines supérieures d'— étaient secrètes, 22-3 (9) ; la mémoire et la faculté de prédiction selon —, 142 (126-7).

    Amon : dieu égyptien de la Sagesse, 16 (2) (note),

    Amour : paroles de Jésus sur l'—, 55-6 (41-2) ; l'— illimité de Jésus et de Gautama, 95 (79-80) ; la loi immuable d'—, 153 (138) ; la force de l'— en devachan, 162-3 (146-7) ; l'— spirituel est immortel, 165 (150) ; l'— est indispensable dans une société idéale, 248 (235) ; la véritable éducation et l'— du prochain, 278 (265); il faut enseigner aux enfants l'— envers tous les hommes, 283 (270).

    Analogistes : théosophes éclectiques disciples d'Ammonios Saccas, 16 (2).

    Ananda : explication du Bouddha sur l'Ego, 96-7 (81) (note).

    Anaxagore : fait dériver le Noûs du Nout égyptien, 110 (94-5).

    Anima bruta (et Anima divina) : des philosophes du Feu, 122 (106).

    Anima mundi : le rayonnement de la Monade pythagoricienne, 121-2 (106).

    Animaux : possèdent les « principes » (supérieurs) potentiellement, 120 (104); l'esprit sensitif des —, 129 (114) ; les eidôla des — attendent la seconde mort en kama loka, 159 (143).

    Anneau de Gygès : l'— et le mystère de l'Âme spirituelle (Buddhi), 135 (120).

    Annesly, Arthur : cité sur le devoir, 268 (255).

    Annihilation : l'— de la personnalité est rare, 109-10 (93) ; l'— des magiciens noirs, 119 (103-4);les commentateurs modernes dénaturent la conception bouddhique de l'— 129-30 (113-4) ; Le nirvâna n'est pas l'—, 131-2 (116) ; la permanence du Soi et l'—, 170-1 (155-6); le sommeil sans rêves comparé à l'—, 180 (165) ; l'oubli n'est pas —, 184 (169-70) ; l'— selon le quatrième Évangile, 199-200 (186-7) ; l'— du mâyâvirûpa ou kâmarûpa est graduelle, 203 (190-1) ; l'individualité et l'—, 233 (219).

    Anoia : l'âme irrationnelle, 109 (93-4) ; résultat de l'alliance de l'âme avec —,131 (116).

    Anugîta : 84 (69) (note).

    Apollonius de Tyane : sur les pouvoirs des sages, 24 (11) (note) ; — guérissait les malades et ressuscitait les morts, 37 (24).

    Arcane, ou Ésotérique, Section : voir « Section Ésotérique ».

    Arhat : le Bouddha transmit ses enseignements ésotériques à ses — choisis, 26 (13) ; le bouddhisme du Nord fut établi par les —, 28 (14-5) ; les premiers — suivirent l'exemple de leur Maître, 95 (80).

    Aristobule : sur l'éthique d'Aristote, 18 (4-5).

    Aristote : sur noûs et psuchè, 122 (106).

    Arnold, Edwin : cité à propos de karma (La Lumière de l'Asie), 222 (209) 227-8 (214-5).

    Art Magic : livre écrit par Mrs. Emma Hardinge Britten, 315 (302-3).

    Ascétisme : l'— doit être pratiqué avec intelligence et sagesse, 272-3 (259-60).

    Astral(e) (aux) : l'ombre — et le corps triple selon Plutarque, 114 (98) ; principes —, 119 (102-3) ; la capsule —, 119 (103) ; dans l'au-delà, l'âme — peut être absorbée dans les éléments sublimés, 121 (105) ; le kâma loka est une localité —, 159 (143) ; les eidôla — sont en kâma loka, 159 (143) ; les Nirminâkâya restent dans la vie —, 167 (151) ; Isis Dévoilée, citation sur l'homme intérieur — qui parfois guide la destinée de l'homme, 195-6 (182) ; la Doctrine Secrète, citation, 224 (210).

    Astrologie : la véritable — est une branche de l'Occultisme, 35 (22) ; l'— est une science réelle, véritable et dangereuse, 39 (26).

    Athée(s) : les théosophes ne sont pas des —, 78-9 (63) ; les bouddhistes (du Sud) sont —, 90 (74) ; ceux qui croient en karma ne peuvent être considérés comme des —, 225 (212) ; les — ont une saine réaction contre l'éducation moderne, 282-3 (270).

    Athéisme : mieux vaut un — philosophique qu'un culte ignorant, 96 (80).

    Athénagore : et Ammonios Saccas, 20(6,).

    Âtma : est un aspect de la Trinité, 83 (67-8) (note) ; est un avec l'Absolu, 108 (92) ; principe absolu et universel, 109 (93) (note), 134 (119), 151 (135) ; le « Père dans le secret » correspond à —, 117-20 (101-4) ; seul est immortel ce qui est indissolublement cimenté par — (c'est-à-dire Buddhi-Manas), 123 (107) ; le mot Esprit employé sans qualificatif désigne —, 130 (115) ; et la division de l'homme selon le Târaka Râja Yoga, 133 (118) ; n'est pas l'homme individuel ou divin, 136 (121) ; l'Ego spirituel n'est pas le Soi supérieur ou —, 146 (131) (note) ; le Soi supérieur ou — est Brahma 188 (174) ; le dieu au-dedans de nous correspond à —, 195 (181) ; le Vigneron dans la parabole de St Jean symbolise —, 200 (186-7).

    Athénagore : et Ammonios Saccas, 20(6,).

    Âtma-Buddhi : correspond aux deux aspects de la Monade, 108 (92) (note) ; est l'Âme-Esprit supérieur, 111 (96) ; la Monade pythagoricienne correspond à —, 111 (96), 121-2 (106) ; correspond ésotériquement au Saint dans le Zohar, 128 (113) ; selon Platon, 131 (115) ; est le Soi supérieur, 136 (121).

    Âtma-Buddhi-Manas : le Christos représente —, 87 (71).

    Atome : la Déité est dans tout — du Cosmos visible et invisible, 80 (64) ; pendant les pralaya chaque — s'est résorbé dans une Homogénéité unique, 100 (84) ; l'— est impérissable dans son essence, 124 (108) ; l'— est soumis à la loi générale qui régit le corps entier auquel il appartient, 216 (202).

    Attributs : ou skandha, 93 (77-8) ; en tant qu'essence homogène Buddhi n'a pas d'—, 118 (102) (note) ; les cinq — du bouddhisme, 145 (129) (note) ; les — ou skandha inférieurs des vies passées ne peuvent pas créer d'impressions sur le cerveau neuf d'une nouvelle personnalité, 145-6 (130) ; les — de l'âme humaine ne sont que des phénomènes transitoires, 175 (160).

    Aura : le fantôme vit d'une sorte de vie d'emprunt dans l'— du médium, 160 (144).

    Automate : la coque vide n'est qu'un —, 196 (182).

    Avatâra : la descente d'un dieu, 195 (181).

    -- B  --

    Bancroft, H.H. : citation de — à propos des horreurs de l'esclavage, 56-7 (42-3) (note).

    Banner of Light : le — publie des critiques injustifiées à propos de la réincarnation, 137 (122) ; les colonnes du — sont remplies de messages des « chers disparus » , 163 (147).

    Béatitude : le retour des esprits serait incompatible avec la — après la mort, 47-8 (34) ; union de l'âme supérieure avec l'essence universelle pendant de rares moments de — extatique, 86 (70) ; les joies mentales du devachan correspondent à une — nirvânique, 115 (99) ; le Soi spirituel connaît une — sans mélange après la mort, 153 (138) ; « l'Ego pensant » a gagné le droit de connaître la —, »155 (139-40) ; la — du devachan, 161-4 (14) -8) ; le renoncement à la—du nirvâna, 167 (151) ; perte complète de la conscience de la — pour le matérialiste, 176 (161).

    Bellamy, Edward : dans Cent Ans après exprime les idées théosophiques de Fraternité, 58 (44).

    Bhagavad-Gîta, La : l'éthique de — se retrouve dans la Théosophie, 62 (49) ; dans — Krishna correspond à la Trinité Âtma, Buddhi, Manas, 83 (68) (note).

    Bible : Ammonios Saccas considérait les récits de la — comme des allégories, 20 (7) ; l'acceptation littérale de la — hébraïque et ses conséquences, 54 (40) ; la — et l'injonction du Christ de ne pas suivre les « Anciens », 85 (69) ; les lecteurs de la — sont induits en erreur par les traductions défectueuses, 129 (113-4) ; l'éducation des enfants est influencée par les enseignements de la —, 283 (270).

    Bien : citation de Platon sur le —, 24 (10) ; la Théosophie, dans son sens abstrait est la Sagesse Divine, l'homogénéité du — éternel, 71 (56) ; la dualité du—et du mal, 127 (112) ; « Rendez-le — pour le mal » , 214 (200) ; le — est harmonie, 220 (206-7) ; La Doctrine Secrète, citation sur karma expliquant le mystère du—et du mal, 224-5 (211) ; tout ce qui est — et tout ce qui est mal dans l'humanité a sa racine dans le caractère humain, 248-9 (23).

    Bigandet, Évêque : reconnaît la valeur morale des bouddhistes, 89 (74).

    Bishop, Washington lrving : victime de sa médiumnité, 207 (195).

    Blavatsky, H.P. : explique l'origine de ses ressources personnelles, 294 (281-2) ; n'a jamais demandé ni reçu un centime depuis la fondation de la S.T., 296 (283) ; n'a jamais tiré profit de la S.T., 296 (284) ; réfute l'accusation selon laquelle elle aurait inventé les Mahâtmas, 308-9 (295-6) ; déclare que ses œuvres doivent être jugées d'après leurs fruits, 313 (300).

    Boehme, Jacob : la sagesse divine a été révélée à — en songe et par des visions, 17 (3) (note) ; pris par certains pour un grand sage, 35 (22).

    Bouddha(s) : définition du mot, 26 (13) ; le—est un individu parfait, 150 (134) (note) ; les — ont la connaissance de toute la série des incarnations passées, 179 (164) ; les sept Sauveurs ou — dans le Codex Nazaraeus, 201 (188) ; la miséricorde et l'abnégation du Père Damien sont dignes d'un —, 253 (239).

    Bouddha, Gautama, Le : ne laissa pas d'écrits, 21 (7) ; donna ses enseignements ésotériques aux Arhat qu'il avait choisis, 26 (13-4) ; prêcha la fraternité, 61 (47) ; enseignements de— sur la prière, 87 (71) ; quelques enseignements de —, 95 (79-80) ; l'œuvre de — fut dénaturée au cours du temps, 96 (80) ; explique ses réticences à révéler la vraie doctrine concernant l'ego, 96-7 (81) (note) ; l'enseignement de — sur le nirvâna, 128-9 (113) ; revoit ses naissances antérieures, 146 (130) ; le renoncement de —, 251 (237-8).

    Bouddhique(s) : les enseignements — sur l'immortalité de l'âme, 93-5 (77-9) ; les écritures — pèchent par excès d'exotérisme, 94 (79) ; l'ésotérisme de la philosophie — est basé sur l'enseignement mystérieux de l'immortalité de l'Ego comme esprit qui restera le même soi intérieur à travers les renaissances, 121 (105) ; croyance — dans la juste rétribution, 213 (199) ; conceptions — sur Dieu (citation), 235 (221-2) ; la réforme — fut noble et altruiste, 242-3 (228-9) ; enseignements — (du Nord) sur la charité (citation), 257-8 (244).

    Bouddhisme : le —Mahâyâna ou École ésotérique, et le — Hînayâna ou École exotérique, 22 (8) ; il ne faut pas confondre bondhisme et —, 26 (12-3) ; l'éthique du — exotérique et la Théosophie, 28 (14-5) ; la tolérance est une des caractéristiques du —, 90 (74) ; l'enseignement du — sur les skandha, 93-5 (77-9).

    Bouddhisme ésotérique. Le : de A.P. Sinnett, titre mal interprété, 26 (12) ; mentionné, 75 (60) ; les théories avancées dans — sont des faits dans la nature, 103 (87) ; à propos des sept principes, 108-9 (92-3) ; A.P. Sinnett définit, dans —, karma comme la « loi de causalité éthique » , 222 (209) ; H.P.B. et les lettres ayant servi de base au —, 308 (295).

    Bouddhiste(s) : certains théosophes sont —, 26 (12) ; les—et la prière 90 (74) ; un prêtre — cinghalais réfute le Dieu des chrétiens, 91-2 (76-7) ; karma et la réincarnation sont des réalités vivantes pour les — 260 (246) ; l'inertie des — est la conséquence de longues périodes d'esclavage politique, 260 (247).

    Boudhisme : signifie « Sagesse » (bodha, bodhi, « intelligence », « sagesse » ) 26 (12-3).

    Brahma : Âtma est —, l'Absolu, 188 (174).

    Brahmâ : les Jours et les Nuits de —, 100 (83-4).

    Brâhmanes : les — Initiés de l'Inde ancienne tenaient secrètes leurs véritables croyances, 22 (8) ; les enseignements ésotériques de Bouddha étaient la Gupta Vidyâ des anciens — 27 (13) ; les — se jugent supérieurs au commun des deva, 86 (70) ; le sectarisme des —, 96 (80) ; la déité des — sectaires, 235 (222) (note).

    Brahma Vidyâ : ou connaissance divine, équivalent du mot Théosophie, 16 (2).

    Britten, Mrs Emma Hardinge : les attaques de — contre la Théosophie, 315 (302).

    Brown-Séquard, Dr. : la fameuse « cure de rajeunissement » du — pourrait bien être de la magie noire inconsciente, 306 (293).

    Buck, Dr. Jirah D. : citation de — sur la Théosophie, 29-32 (16-8).

    Buddhi : est un aspect de la Trinité, 83 (67-8) (note) ; est l'Âme spirituelle, 108 (92) ; est le véhicule d'Âtma, 109 (93) (note) ; est l'âme irrationnelle, 118 (102) , reçoit sa lumière de la Sagesse d'Âtma et ses qualités rationnelles de Manas, 118 (102) (note) ; per se, en tant qu'essence homogène — n'a pas d'attributs, 118 (102) (note) ; ou l'âme spirituelle existe comme un fragment non conscient d'un tout intelligent, 122 (106) ;, le mystère de—, 135 (119-20) ; est inconsciente sur notre plan, 151 (135) ; taijasa résulte de l'union de—et de Manas, 174 (159) ; le matérialiste ne réalise pas l'union de—et de Manas, 175 (160), 179 (164),190 (176) ; est le véhicule du Soi, 188 (174) ; le Manas supérieur gravite vers —, 198 (184) ; le Cep dans la parabole de st Jean symbolise —, 200 (186-7) ; dans le Zohar « le vin d'en haut » symbolise —, 201 (187-8) ; l'Esprit (ou — ) est l'énergie spirituelle centrifuge, 202 (189-90).

    Buddhi-Manas : — est aussi appelé le corps causal, 136 (121) ; ou l'Ego divin Spirituel, 189 (176).

    Buddhism : par Rhys Davids (cité), 150 (134) (note).

    Buddhist Birth Stories : par Fausböll et Rhys Davids (cité), 150 (134) (note).

    Buddhist Catechism, The : voir « Catéchisme Bouddhique » .

    Buddhi-Taijasî : le matérialiste ne réalise pas l'état de —, 179 (164).

    But(s) : les—de la Théosophie et de l'Occultisme, 37 (24) ; le — de l'Ego est sa réalisation divine, 182 (167-8), 197 (183) ; l'altruisme devrait être le — de l'humanité, 223 (209-10) (citations) ; le — final de toute la nature, 240 (226) ; le — final ne peut être atteint que par les expériences de la vie, 241 (227,) ; le sentier du disciple conduit au — suprême, 276 (263).

    Butler, William Archer : Lectures on Platonic Philosophy (cité), 142 (126).<o:p></o:p>

    -- C --

    Cabale : Ain Soph selon la — chaldéenne, 78 (62) ; l' « Ancien des Anciens »  « Longue Face » , le « Roi-Messie » et le symbole de la Vigne dans la —, 201 (187-8) ; les métaphores delà—se retrouvent dans l'Évangile selon saint Jean, 201 (188).

    Cabalistes : les — connaissent la relation entre Jehovah et la Lune, 114 (98) (note) ; selon les — chrétiens l'Esprit humain serait emprisonné dans la capsule astrale, 119 (102-3).

    Calomnie(s) : prétendant que la Théosophie ferait renoncer aux devoirs familiaux, 254 (240) ; les—de la Society for Psychical Research, 288-9 (275-6) ; facilité avec laquelle les — se propagent rapidement, 290-1 (277-8) ; — accusant les théosophes de pratiquer le culte phallique, 291-3 (279-80) ; à propos de l'origine des fonds de la S.T., 295-6 (283).

    Caractère : le Catéchisme Bouddhique, citation sur le — qui est la somme des qualités mentales et des tendances morales, 150 (134) (note) ; le bien et le mal ont leurs racines dans le — humain, 248-9 (235) ; l'éducation à l'école forme le —, 279 (266).

    Carlyle, Thomas : citation sur la nécessité de l'action, 244 (230) ; cité à propos de l'enseignement, 282 (269).

    Catéchisme Bouddhique : citation sur la nature de l'âme, 93 (77-8) ; citation sur les skandha et la mémoire, 145 (l29-30) ; citation sur les erreurs commises par les orientalistes corrigées, 149-50 (134) (note) ; certains enseignements du — expliqués par H.P.B., 191 (177).

    Causalité : la loi de — est l'un des quatre anneaux de la chaîne d'or de la Fraternité universelle, 247 (233-4) ; le principe de — englobe à la fois le passé, le présent et l'avenir, 250 (237).

    Cause(s) : karma est un enchaînement de—et de leurs résultats, 156 (140) ; Conelly, citation sur la relation entre la — et l'effet, 221-3 (108-10) ; Isis Dévoilée, citation sur karma loi de — et d'effet, 237-8 (224 ; l'enchaînement de — et d'effets conditionne un caractère, 248-9 (233) ; la loi de karma ajuste l'effet à la—, 215 (201).

    Cela : identité de la nature de — avec le Mental universel, 149 (133).

    Célibat : le — et l'Occultisme, 271 (258), 275-6 (262-3).

    Cent Ans après ou l'An 2000 : d'Edward Bellamy, cité à propos de la fraternité appliquée, 58 (44).

    Centrifuges : les énergies — et centripètes dans l'homme, 202 (189-90).

    Centripètes : les énergies — et centrifuges dans l'homme, 202-3 (189-90).

    Cerveau : le — matériel et l'anthropomorphisme, 83 (67) ; la mémoire dépend du bon fonctionnement du —, 140 (124) ; chaque incarnation fournit un nouveau —, 144 (128) ; les skandha inférieurs des vies passées ne peuvent produire d'impression sur le nouveau —, 148 (130) ; le kâmarupa se sert du — du médium comme intermédiaire, 160 (144-5) ; la conscience liée aux sensations est inséparable de notre —, 193 (179) ; la faculté humaine de penser est devenue rationnelle grâce à la supériorité du — humain, 198 (184) ;, la nourriture qui alourdit le moins le —, 274 (261).

    Charité : la Théosophie mène sur la voie de la véritable —, 57 (43) ; pour chaque fleur d'amour et de — plantée une mauvaise herbe disparaîtra, 68 (53) ; (citation) ; la miséricorde, la—et le pardon sont recommandés vivement, 214 (200) ; le Sermon sur la Montagne enseigne la — pratique, 256 (242) ; les résultats de la — publique, 257-9 (243-5) ; les préceptes bouddhiques sur la —, 257-8 (244) ; la — pratiquée par les théosophes, 262-3 (249) ; la — envers les êtres coupables, 264 (251) ; la— doit être enseignée aux enfants, 283 (270).

    Châtiment : l'idée de — post mortem est injuste, 155 (139) ; la loi de rétribution est ce pouvoir mystérieux qui par des voies invisibles va de la faute au —, 222 (209). (Voir aussi « Karma » , « Punir-punition » . )

    Chélas : le mystère de Buddhi n'est révélé qu'aux — assermentés, 135 (119-20).

    Chinese Buddhism : par Edkins, lecture de — recommandée, 27 (13).

    Chrétien(s) : les—et la tentative d'Ammonios Saccas pour la réunification de tous les courants religieux de l'époque, 19 (5) ; les devoirs que tout — devrait accomplir, 69-70 (!!), 85 (69) ; la signification de la prière selon les —, 84-7 (69-72 ; la vertu telle qu'elle est pratiquée par les — et par les bouddhistes, 90 (74) ; les interprétations erronées des — à propos du « feu de l'enfer » , 94 (78-9) ; les concepts grossiers des — à propos du ciel et de l'enfer, 185 (171) ; lnman cité à propos de la foi des —, 213 (198) ; les — instruits ne croient plus à la rémission des péchés, 237 (223-4) ; la religion des lèvres pratiquée par les —, 243 (229) ; les—et la charité, 256 (242) ; les—et la lutte pour l'existence, 260 (246).

    Christian Collège Magazine : publie des critiques sur les phénomènes produits par H.P.B., 288 (275-6).

    Christianisme : la spiritualité dogmatique du — rebuta Ammonios Saccas dès son enfance, 17 (3) (note) ; provient du même tronc commun de la Religion-Sagesse, 19 (5) ; comporte un aspect ésotérique, 23 (9) ; les espoirs de la S.T. comparés à l'échec du —, 68-9 (54-5) ; taux de criminalité comparé entre certaines populations pratiquant le — et d'autres le bouddhisme, 89 (73) ; les écritures du — restent exotériques, 94 (79) ; l'Évangile du — prêche le socialisme le plus noble, 95 (79) ; l'évolution du — et celle du bouddhisme comparées, 96 (80) ; l'enseignement de l'Apôtre du—a été mal interprété, 128-9 (113) ; ceux qui placent le Christ plus haut que le — peuvent découvrir un sens différent dans ses paroles, 200 (186) ; le—et la rédemption du pécheur, 236-7 (223) ; l'éthique du — n'est pas nouvelle, 243 (229) ; l'élément phallique dans le —, 292 (279-80).

    Christian Scientists : sont de grands « négateurs » , 88-9 (72-3).

    Christos : le—est un principe dans l'homme, 83 (67) (note) ; est le Soi ou Âtma-Buddhi-Manas, 87 (71) ; représente l'état de Buddhi qui doit être atteint, 170 (155) ; le Cep de la parabole selon St Jean symbolise le —, 200 (187)-

    Ciel (cieux) : les masses restent dans l'ignorance du Royaume des—, 96 (81) ; le Zohar cité à propos des âmes dans le—, 128 (113) ; le— des chrétiens ressemblerait à une pantomime de Noël, 185 (171).

    Clément d'Alexandrie : étudia la philosophie platonicienne et connaissait son unité avec les doctrines orientales, 17 (4) (note) ; — et Ammonios Saccas, 20 (6) ; — fut initié aux Mystères d'Eleusis, 49-50 (37) (note).

    Clergé : garde un silence prudent sur l'injustice de la doctrine de la rémission des péchés, 239 (226) (citation) ; l'opposition du — contre la Théosophie, 286-8 (273-5).

    Club nationaliste (de Boston) : la majorité des membres exécutifs du — appartiennent à la S.T., 58-9 (45).

    Codex Nazaræus : le symbolisme universel de la vigne est présent dans le —, 201 (188).

    Cœur : « le Père dans le secret » se trouve dans le — de tous les êtres, 98 (82).

    Coleridge, Samuel Taylor : s'exprime intuitivement à propos de la pensée, 152 (137).

    Compassion : la—et le karma, 230 (216-7).

    Compensation : voir « Karma » .

    Comptes rendus de la « London Lodge of the Theos. Society » : citation de A. P. Sinnett sur le « Soi supérieur » 186 (172).

    Conelly J.H. : cité à propos de Karma, 221-3 (207-9) ; cité à propos des dogmes de l'Église, 227-8 (213-4).

    Confiance en soi : la prière détruit la — 86 (70) ; il faut enseigner la — aux enfants, 283 (270).

    Confucius : similitude entre l'enseignement de — et celui de la Théosophie, 62 (49) ; les préceptes de — devraient être mis en pratique, 252 (239).

    Connaissance (s) : la Théosophie est la — divine, 15 (1-2) ; la Religion-Sagesse est le dernier mot de toute — humaine, 21 (7) ; raisons qui font garder secrète la — divine, 25-6 (12) ; il nous incombe de chercher à obtenir la — des lois de la Nature, 62 (48) ; la Théosophie est à la fois — et sagesse, 71 (56) ; l'Arbre de la — du Bien et du Mal, 73 (59) ; la foi est —, 103 (87) ; la—et la foi aveugle, 232 (218-9) ; la croyance basée sur la — est la foi véritable, 233 (220) ; la — s'acquiert grâce aux souffrances vécues, 240 (226) ; la — reçue des Maîtres est intrinsèquement bonne, 311 (298) ; la — est indispensable aux théosophes qui seront responsables de l'avenir de la S. T., 318 (304-5).

    Conscience : la — absolue est aussi inconscience absolue, 80 (65) ; la — et l'inconscience, 101 (85) ; qu'est-ce que la — absolue ? 116 (100).

    Conscience (individuelle) : rapports entre le soi intérieur et la — physique, 42 (29) ; la — spirituelle et le « Père qui est auxCieux » , 83 (67) ; la perception des sens et les états de—, 105 (89-90) ; l'annihilation de la — personnelle est exceptionnelle, 110 (94) ; la résurrection de l'esprit glorifié des Mystères est relative à la—, 114 (98-9) ; la — incarnée ou l'homme mental, 116 (100) ; l'immortalité est une — ininterrompue de soi, 124 (108) ; tout changement qualitatif de l'état de — correspond à un nouvel aspect de l'homme, 133-4 (118) ; la forme humaine primitive était dépourvue de —, 151 (136) ; communication entre la — spirituelle et la — humaine, 152 (137) ; la — de l'être en devachan, 162 (146) ; la — immédiatement après la mort, 175 (160), 180 (165) ; la pleine — manasique de l'Ego s'éveille entre le devachan et la renaissance, 177-8 (163) ; les états de — et les trois modes de sommeil, 179-80 (165) ; la — du matérialiste, 184 (169) , Sinnett, citation sur les conditions de la — et des sens psychiques, 187 (173) ; la — physique est transitoire, 193-4 (180) ; la — individuelle et la — infinie, 233 (219).

    Conscience (morale) : la voix de la — est une communication spirituelle, 152 (137) ; notre — est la voix de l'Ego, 202 (189) ; l'abnégation et la « petite voix silencieuse de la — » , 253 (240) ; la voix de notre — devrait être le seul tribunal de nos actes, 254 (241).

    Coque (s) : les — des personnalités disparues, 41 (28), le kâmarûpa ou mâyâvirûpa des êtres dépravés devient une — 203 (191) ; les esprits des séances sont essentiellement des — du kâma loka, 205 (192).

    Corps : l'esprit immortel doit prendre possession du temple de son — (citation) 68 (13) ; le—est le temple de l'Esprit de Dieu, 87 (71) ; le — dans la division triple de l'homme, 106 (90-1) ; le — psychique et le — spirituel selon Paul et selon Jacques, 106 (91) ; les différents — de l'homme, 107 (91) ; le — est formé de la terre, selon Plutarque, (citation), 113 (97-8) ; le — se désagrège à la mort, 116 (100) ; l'humanité est composée d'esprits emprisonnés dans des —, 120 (104) ; l'homme est une trinité lorsqu'il habite un —, 124 (108) ; le—est le véhicule du « double vital » , 133 (118) ; Coleridge cité à propos du — céleste et de la mémoire, 152 (137) ; le — se désagrège après la mort, 198 (184-5) ; Plotin compare le—au Léthé 155 (140) ; les Nirmânakâya n'ont pas de—, 167 (151) ; l'intelligence se perpétue après la mort du — (citation), 168 (152) ; la vie est indépendante du —, 168 (153) ; le sort des skandha après la mort du—, 169 (154) ; le dogme de la « résurrection » du — pris à la lettre, 171 (155) ; nécessité d'une nourriture appropriée pour le — en vue d'un meilleur développement des pouvoirs intérieurs, 274 (261). (Voir aussi « Corps astral » , « Corps causa » , « Corps physique » . )

    Corps astral : le—et ses manifestations dans les phénomènes du spiritisme, 41 (28) ; est le linga sharira, 107 (91) ; le — se sépare de l'homme à la mort, 159 (143).

    Corps causal : le—est le kâranopâdhi du Târaka Raja Yoga, 133 (118) ; le— correspond à Buddhi-Manas, 136 (121) ; c'est l'Ego, le — qui tient dans sa sphère d'influence chaque personnalité dans laquelle karma le force à s'incarner, 151-2 (136) ; l'Ego qui se réincarne est le — selon les hindous, 187 (172) (note); 188 (174).

    Corps physique (s) : le Soi intérieur se manifeste sur ce plan lorsque le — est « paralysé » dans son activité et sa conscience indépendantes, 42 (29) ; le — n'est qu'animal, 111 (95) ; le — dans la division septuple de l'homme, 112 (96), 136 (121), 190 (176) ; selon les védantins, le—n'est qu'une illusion, 133 (117) ; l'Ego inférieur opère par l'intermédiaire du —, 190 (176) ; les rapports entre l'homme intérieur et le —, 272 (259).

    Correspondances : les Analogistes enseignaient la loi des —, 16 (2) ; la science ésotérique des —, 114 (98).

    Cosmos : la déité pénètre tout le — visible et invisible, 80 (64) ; le — contient des millions de systèmes solaires, 101 (85-6).

    Créateur : l'infini ne peut être —, 78 (61-2) ; le pouvoir — divin dans la Nature, 79 (63-4) ; la notion d'un Dieu — est non philosophique, 126 (110-1).

    Création : il n'y a pas de — mais seulement des apparitions périodiques, 99 (83-5) ; l'âme n'est pas une — de Dieu, 199 (185) ; la — selon le Zohar (cité), 201 (187-8).

    Credo(s) : les — contradictoires ne peuvent contenirla vérité, 48 (35) ; un aspect limité de la vérité se trouve dans chaque —, 73 (58). (Voir aussi « Religion » , « Système » .)

    Crime(s) : comparaison du nombre des — dans des populations bouddhistes et chrétiennes, 89 (73), 261 (248) ; Isis Dévoilée, citation surles conséquences des — qui sont illimitées, 238 (224-5) ; les — de la civilisation moderne, 260 (246-7) ; la source la plus fertile du —, 261 (248).

    Critique(s) : explication des mobiles à l'origine des — et des accusations contre la S.T., 267 (254) ; nuance entre la médisance et la — justifiée, 268 (255).

    Cycle(s) : le — des incarnations, 47 (34) ; le — d'Existence, 79 (63) ; le — de la vie de l'univers, 100 (84) ; Manas est permanent pendant tout le — de vie, 116 (100) ; l'entité devient esprit à la fin de son — 123 (107) ; le principe divin irradie et manifeste sa propre essence au début de chaque nouveau — de vie, 126 (110-1) ; la durée du nirvâna est égale à celle d'un — de vie, 130 (114) ; le — intermédiaire du devachan, 164 (148) ; la fonction de Buddhi pendant le — de vie, 174-5 (159-60) ; le — de la « chute dans la matière » , 195 (181-2) ; « l'homme-Dieu » crucifié pendant le — de vie, 201 (188-9) ; l'origine du — de la vie consciente, 211-2 (197-8).

    -- D --

    Damien, Père : le sacrifice du — pour les lépreux de Molokai, 252 (238-9).

    Damnation : la croyance en la — est une interpolation due à un exotérisme exagéré, 94 (79) ; les états de conscience post mortem n'ont rien de commun avec la —, 153 (137) ; la — éternelle n'existe pas, 154-5 (139-40) ; la — et sa logique selon qu'on la considère comme une allégorie ou une vérité, 256-7 (243).

    Danger : la communication avec les « esprits » représente un — certain, 205-7 (192-4) ; la pratique de la nécromancie est un —, 206-9 (194-6) ; le — de la recherche du développement psychique, 319 (306).

    De facie : 114 (98) ; 115 (99).

    Déité : définition de la —, 80-1 (64-5) ; la — Universelle est Équité Absolue, 214 (199-200) ; la monade humaine retourne à la — absolue, 223 (209).

    Démocrite : cité, 110 (94).

    De Mysterris : de Jamblique, (cité), 17 (3) (note).

    De somniis : de Philon le Juif, citation sur la réincarnation des âmes, 127 (111).

    Désir(s) : le Kâmarûpa est le siège des —, 107 (91) ; le siège des — dans le corps physique est situé dans un organe du côté droit, 136 (121) ; il y a deux sortes de —, 241-2 (227-8) ; la qualité des — est déterminante pour le développement de l'homme, 275 (261-2).

    Destinée : la — de chaque Ego, 170 (155) ; Isis Dévoilée, citation sur la — guidée soit par l'ange ou par le démon intérieur, 195 (182) ; Connelly et Walker, citations sur le karma et la —, 222-3 (209-10) ; Conelly, citation sur la — et la croyance en une seule vie, 227 (213) ; notre — est entre nos mains, 230 (216-7) ; les devoirs relatifs à la — de chacun, 254 (240).

    Deus ex machina : (note explicative du terme), 41 ; le corps astral est comparé à un —, 41 (28) ; karma est comparé à un —, l50 (134) ; prâna comparé à un —, 190 (176).

    Deva : les brâhmanes se jugent supérieurs au commun des —, 86 (70).

    Devachan : l'Ego en — ne participe pas aux séances spirites, 41 (28) ; l'homme en — est triple, 114 (98) ; état de béatitude nirvanique, 115 (99) ; définition du —, 116 (100) ; l'Ego des « âmes perdues » n'a pas de—, 119-20 (104), 202 (189) ; la conscience individuelle en —, 124 (107-8) ; la récompense de l'Ego en —, 145 (129) ; l'expérience physique est réduite à un état de réalités potentielles en —, 148 (132) ; l'omniscience potentielle en —, 149 (133) ; le corps céleste en — est comparé au Léthé, 155 (140) ; la durée moyenne du — est de dix à quinze siècles ; 161 (145) ; l'état de conscience de l'Ego en—, 162-4 (147-8) ; les vrais Adeptes n'ont pas de—, 164 (148) ; le—est un monde d'effets, 180 (165)  ; le matérialiste égoïste n'a pas de — conscient, 184 (169-70) ; le rappel sur le mode spirituel des souvenirs de l'ex-personnalité pendant le —, 191 (177-8) ; béatitu'de mentale de la triade divine en —, 198 (184) ; l'acteur rêve en — du dernier rôle qu'il a joué sur terre, 198 (185) ; la loi de compassion et de miséricorde est à l'oeuvre dans les effets bienfaisants du —, 230 (216-7).

    Développement : le — de soi-même et celui d'autrui, 68 (53) ; le — des facultés en devachan, 171 (156) ; le — mental et spirituel de l'humanité, 246-7 (232-3) ; conséquences de la négligence du devoir social sur le — de l'humanité, 249 (234-5) ; le — de l'un contribue au — du tout, 250 (236) ; l'altruisme et le — personnel, 253 (239-40) ; l'ascétisme aveugle et inintelligent est contraire au — spirituel, 272-3 (259-60) ; l'alcool et les drogues sont nuisibles au — spirituel, 275 (262) ; le — des sens intérieurs et des facultés dans l'éducation, 283 (270-1).

    Devoir(s) : le — de tous les théosophes est de promouvoir une éducation non sectaire, 57 (44) ; le — de tous les théosophes est de maintenir vivantes les intuitions de l'homme, 61-2 (48) ; le—et la Théosophie pratique, 241-5 (227-31) ; notre bonheur n'est pas le but de l'accomplissement du —, 242 (228) ; le—est ce qui est dû à l'humanité, 243 (229) ; la Théosophie est la quintessence du —, 243 (229) ; le — du point de vue de karma, 243-4 (229-30) ; les conséquences de la négligence du — social, 248 (234) ; l'importance d'acquérir le sens du —, 249 (235) ; le théosophe a pour — d'éduquer l'opinion publique, 249 (236) ; le — envers tous les hommes, 253 (240-1) ; Épictète cité à propos du —, 254 (241) ; le — du théosophe est de semer pour l'avenir, 255 (242) ; le—est ce qui est suggéré par la conscience, 264 (251) ; le — et le travail théosophique, 265-6 (252) ; cinq — théosophiques, 266 (253) ; Annesly cité à propos du — « consultez le — non les événements », 268 (255) ; la conception théosophique du — et ses effets, 318 (305-6).

    Dévouement : l'avenir de la S.T. dépend du — de ses membres, 317-8 (304-5).

    Dhammapada : cité à propos de la tolérance, 90 (74).

    Dharma : la loi, dans La lumière de l'Asie, 228 (214).

    Dhyân Chohan : lshvara est la conscience collective de l'Armée des —, 174 (159) (note) ; l'Ego se métamorphose en — glorifié, 182 (168).

    Dhyâna : la signification et le but des quatre degrés de la voie bouddhique de — sont mal interprétés, 129 (114).

    Dieu : et la prière, 82-90 (66-74), « l'homme n'est pas un dieu mais —   » , 83 (67) ; le concept du — créateur d'âmes est inadmissible, 91-2 (77) ; le — des chrétiens critiqué par Megattivati, 92 (76-7) ; essence déifique inconnaissable, 99 (83)  ; Anaxagore appelle — Nous, 110 (95) ; l'infinitude de —, 123 (107) ; — et la justice absolue, 126 (110-1) ; le concept d'un — créateur n'est pas une doctrine philosophique, 126-7 (111) ; Âtma est plus le — au-dessus qu'au-dedans de l'homme, 189 (175) ; le mystère de—et du diable, 194 (180-1) ; un Avatâra est la descente d'un —, 195 (181) ; notre — est notre « Père qui est dans le secret » , 195 (181) ; Manas est un — condamné au cycle des incarnations, 196-7 (183) ; la rémission des péchés par — est un non-sens, 213 (199) ; — selon la Confession de Foi presbytérienne, 227 (213-4) ; un — personnel est un non-sens philosophique, 234-5 (221), 283 (270).

    Dieux : la Theosophia est la « sagesse des — » , 15 (1) ; la Théurgie est la production d'une oeuvre de—, 16 (2) (note) ; Ammonios considérait les récits concernant les — comme de simples allégories, 20 (7) ; Apollonius cité à propos des — et du don de prophétie ; 24 (11) (note) ; prier les — serait de l'idolâtrie, 86 (70-1) ; l'homme est formé par les — mineurs créés, 106 (90) ; le devachan est littéralement le « pays des — » , 116 (100) ; les — sont des émanations finies en tant que forme et individualité, 132 (116) ; les — émanent du Principe inconnu, 195 (181) ; les — des païens sont tous des — finis, 235 (221).

    Diffamation(s) : les théosophes doivent protester contre les —, 263-4 (250-1) ; la — doit être absolument évitée, 266 (253) ; contre l'œuvre des fondateurs de la S.T., 270 (257) ; les — à propos de l'invention des Maîtres par H.P.B. est le meilleur hommage qu'on puisse lui faire, 312 (298-9).

    Diogène Laërce : cité à propos de l'origine de la Théosophie Éclectique, 16 (2) (note).

    Divin : la Conscience Absolue, ou le — à jamais invisible et inconnaissable, 116 (100) ; l'absorption dans le — n'est pas l'annihilation, 128-30 (113-4).

    Divinité : les éclectiques d'Alexandrie croyaient en une — absolue, 16 (2) (note) ; le bouddhisme du Sud n'admet l'existence d'aucune —, 28 (14) ; une partie de l'homme intérieur est formée de la même substance que la —, 108 (92) ; l'Agathon, la — Suprême de Platon, 112-4 (96-8).

    Doctrine Secrète, La : bibliographie, 75 (N.d.T.) ; citée, 75 (60) ; explication de la différence qui existe entre les hommes et les animaux, référence à —, 120 (104) ; les sept principes, référence à —, 133 (118) (note) ; les « Anges Déchus » , référence à — et citation, 154 (138) (note) ; l'Armée des Dhyân Chohan, référence à —, 174 (159) (note) ; citation de — sur karma, 223-6 (210-2) ; la Théosophie est cent pour cent contre le culte phallique, — citée, 293 (280) ; H.P.B. serait selon ses détracteurs l'inventeur de —, 308 (295) ; les doctrines exposées dans — sont celles des Maîtres, 313 (300).

    Dogme(s) : l'Occident subit depuis longtemps le joug de la lettre morte des —, 25 (12) ; — et rituels tiennent une place importante dans les religions, 27 (14) , les — limitent l'universalité des doctrines, 72 (58) , le — théologique du Dieu personnel, 91 (76) ; le — de la rémission des péchés, 121 (105) ; le — de l'enfer, 125 (109-10), 199 (186), le — des Anges Déchus, 154 (138) (note) ; le — du Dieu créateur vengeur, 228 (Ï15) ; connaissance, foi et — chrétiens, 232 (218-9) ; crédulité, intuition et —, 234 (220-1) ;, la rémission des péchés est un — dangereux, 237 (223-4) ; les — sont des écueils à éviter au sein de la S.T., 318 (305).

    Double : le — du médium est le deus ex machina des « matérialisations » , 41-2 (28-9) ; le— ou le corps fantôme, 107 (91) ; le — humain est l'eidôlon des Mystères, 112 (96) ; le corps est le véhicule du — vital, 133 (118) ; l'âme plastique ou protéenne, 136 (121) ; le—et la seconde mort, 159-60 (143-4) ; le — fait partie de l'Ego inférieur, 190 (176).

    Drogue : l'influence nuisible de la —, 275 (262).

    Duade : la — divine doit être assimilée et reflétée dans une conscience, 151 (135).

    Dualité : la — dans l'homme septuple, 106-9 (90-2) ; la — de l'âme, 123-4 (108-9) ; la— de l'intelligence ou Manas, 135-6 (120-1) 192-5 (178-81) ; la — de Manas, principe et entité, 196 (183).

    Dzyan, Stances de : sur le péché originel des Anges déchus, 154 (138) (note).

    -- E --

    Eclectic Philosophy (in-New Platonism and Alchemy) : par Alexander Wilder, cité, 17-8 (3-4) ; sur les différents degrés chez les Esséniens, 23 (9) ; sur l'extase, 24 (11) (note).

    École(s) : description d'une — idéale, 277-8 (264-5) ; les — modernes développent l'égoïsme, 279 (267) ; en Angleterre les — publiques ne sont pas  chrétiennes, 280-1 (268) ; ce que serait une — théosophique, 283 (270).

    École d'Alexandrie : enseignait que l'âme provient de l'Æther, 121 (105-6).

    Edinburgh Encyclopaedia The : « Theodidaktos » — rubrique sur Ammonios Saccas, 19-20 (5-7).<o:p></o:p>

    Édison, Thomas Alva, inventeur du phonographe, 303 (290).

    Edkins, Rév. T. : auteur de Chinese Buddhism dont la lecture est recommandée, 27 (13).

    Éducation : les théosophes s'efforcent de promouvoir une — non sectaire, 57 (44) ; l' — moderne crée des obstacles, 259 (245-6), 277-8 (264-5) ; critique de l'— moderne, 278 (266) ; méfaits de l'— 281-2 (269) ; les enseignements dispensés dans l'— moderne encombrent et déforment l'intelligence, 282-3 (269-70) ; ce que serait l'— théosophique, 283-4 (270-1).

    Eglinton : victime de sa médiumnité, 207 (195).

    Église du bouddhisme du Sud : le Rév. H. Sumangala reconnaît que les enseignements du Catéchisme Bouddhique sont en accord avec le Canon de l' —, 145 (129) (note).

    Églîse(s) chrétienne(s) : et Ammonios Saccas, 20 (6) ; la pseudo-théologie de l'—, 48 (35) ; responsable de l'esclavagisme et de ses crimes, 56-7 (42-3) ; les — et l'absence de charité, 70 (55) ; la condamnation des non-chrétiens par l'—, 90 (74) ; trois grandes — et plus de 300 sectes en Angleterre, 98 (82) ; les enseignements de Jésus et de l'—, 199-200 (186) ;, l'— et la doctrine du feu de l'enfer, 256-7 (243) ; et l'éducation, 276-7 (264) ; les crimes de l'—, 312 (299).

    Ego : l'— ou l'Individualité consciente ne se matérialise pas au cours des séances spirites, 41 (28) ; définition du mot —, 46-7 (33) ; l'— spirituel et l'injonction : « que ta volonté soit faite » , 84 (68) ; les bouddhistes érudits admettent un — divin dans l'homme, 94 (78) ; explications données par le Bouddha à Ânanda sur l'ambiguïté du terme, 96-7 (81) (note) ; l'immortalité et l'annihilation de l'— personnel, 109 (93) ; l'— immortel ne participe pas aux séances spirites, 109 (93) ; l'— éternel est aussi le logos dans l'homme, 111 (95) ; selon Pythagore, 111-2 (92) ; l'— en devachan, 115 (99-100), 171-2 (156) ; l'— individuel est une entité distincte, 119 (103) ; la destinée de l'— spirituel des « âmes annihilées » , 119-21 (104-5) ; l'— est un avec l'— infini, 126 (110) ; l'— est soumis à la réincarnation, 136 (121) ; l'— individuel n'est pas le « moi » personnel, 145 (129) ;, l'image de l'aspect divin de l'homme s'imprime sur l'— spirituel, 146 (130-1) ; l'acteur et son rôle, 146 (131) ; l'— spirituel devient actif lorsque la personnalité est paralysée, 147 (131) ; omniscience de l'— spirituel, 147 (131) ; l'— est omniscient potentiellement en devachan, 149 (133) ; les différents « principes » de l'—, 150-1 (135) ; taijasa et l'— spirituel, 151 (136) ; le corps céleste est notre — manasique, 152 (137) ; la récompense et la punition de l'—, 153-4 (137-8) ; la réincarnation et le réajustement karmique de l'—, 156 (141), 175-6 (161) ; l'— et la personnalité idéalisée en devachan, 163-4 (147-8) ; le retour de l'— est possible immédiatement après la mort, 166 (151) ; l'évolution et la destinée de chaque —, 170 (155) ; la vision panoramique de l'— au moment de la mort, 177 (162-3) ; vision prospective de l'— avant la naissance, 177-8 (162-3) ;, la destinée de l'— terrestre et de l'— spirituel, 180-2 (165-7) ; l'— est un acteur qui joue plusieurs rôles sur terre, 182 (168) ; l'— passe alternativement par des existences matérielles et spirituelles, 187 (172-3) ; l'— spirituel, l'— intérieur et l'— inférieur, 189-90 (176) ; le mystère de l'—, 191 (177) ; l'— qui s'incarne, 194 (180) ; à son origine l'— est un dieu, 195-7 (181-3) ; généalogie de l'— manasique, 196-7 (183-4) ; l'— est tenu pour responsable de tous les péchés des attributs inférieurs, 198 (184) ; l'— spirituel et la parabole de la Vigne et du Vigneron, 200 (186-7) ; l'— des personnalités annihilées, 202-3 (189-90) ; le progrès de l'—, 211-2 (197-8) ; l'— et ses affinités avec l'environnement de son incarnation, 226 (212) (citation).

    Égoïsme : le secret fut longtemps gardé sur les doctrines ésotériques à cause de la perversité et de l'—, 25 (12) ; l'— est source d'obscurantisme, 50 (37-8) ; la loi du talion renforce l'—, 54 (40-1) ; certaines prières relèvent de l'—, 84-5 (68-70) , le Soi supérieur et la maîtrise de l'—, 89 (73) ; l'— et la dysharmonie, 220 (207) ; l'— national, 245 (231) ; développement anormal de l'—, 248-9 (235) , l'— à l'ère du progrès, 260 (246-7) ; l'— engendré par l'éducation, 278-9 (265-6) ; l'— est une malédiction pour l'humanité, 279 (267) ; l'— dont sont accusés les Maîtres, 303 (289) ; le progrès de l'humanité en l'absence d'—, 318-9 (306).

    Égyptiens : les hiérophantes —, 49 (36) (note) ; les — révéraient l'Un Unique,110 (94-5) ; la constitution septuple de l'homme selon les —, 112 (96).

    Eidôlon : la forme-ombre des Mystères, 112 (96) ; se disperse à la mort, 116 (100),143 (128) ; la seconde mort et l'— humain, 159 (143-4).

    Élémentaire : le mâyâvirûpa des dépravés devient un —, 203-4 (191).

    Élémentaux : produisent les manifestations au cours des séances, 41 (28) ; les influences dangereuses des —, 205 (192-3).

    Eleusinian and Bacchic Mysteries, The : par Thomas Taylor, cité à propos de l'introduction à cet ouvrage par A. Wilder, 234 (220-1).

    Eleusinies : Mystères de la Grèce, 22 (8).

    Émanation(s) : — du principe infini, 78 (62) ; les — sont périodiques, 99 (83-4) ; de l'univers, 101 (85) ; l'homme est une — du Noûs, 111 (95) ; l'âme spirituelle est une — du soleil, 114 (98) ; Buddhi est l'— directe d'Âtma, 117 (101-2) ; les Ego sont des — de l'Ego infini, 126 (110-1) ; l'âme est une — finie, 132 (116) ; les — de Sat sont immortelles, 183 (168) ; les — primordiales sont des dieux, 195 (181) ; l'humanité est une — de la divinité, 231 (217).

    Emerson, Ralph Waldo : cité à propos de l'enthousiasme, 261 (247).

    Empédocle : cité à propos des âmes humaines et animales, 122 (106).

    Enfant(s) : l'— devient moralement responsable vers 7 ans, 189 (175) ; l'enseignement et l'éducation des —, 276-84 (264-71).

    Enfer : le dogme du feu de l'— n'a pas été enseigné par Jésus, 95 (79) ; l'éternité de l'— est un non-sens, 125 (110) ; l'— est un état subjectif, 153 (138) ; le seul — réel est sur la terre, 156 (141) ; l'— selon la théologie chrétienne, 198-9 (185-6) ; limites de la logique de la croyance littérale à l'—, 256-7 (243).

    Enseignement(s) : orientaux sur Âtma, 119 (102-3) ; la logique et la profondeur des — orientaux, 261 (247) ; le monde n'est pas mûr pour recevoir l'—directement des Adeptes, 303 (290) ; l'— de la Théosophie au XXème siècle, 317-320 (304-6) ; les — et l'effort du Mouvement théosophique à la fin de chaque siècle, 319 (306-7).

    Enseignements ésotériques : ont existé de tout temps, 21-2 (7-9) ; raisons pour lesquelles les — sont restés longtemps secrets, 25 (11-2) ; les — de Gautama le Bouddha, 26 (13) ; Chinese Buddhism cité à propos des —, 27 (13). (Voir aussi « Gnose » , « Secret » . )

    Enthousiasme : l'— s'oppose à l'extase, 142 (126) ; Bulwer Lytton et Emerson cités à propos de l'—, 261 (247).

    Entité : l'Ego individuel est une — distincte, 119 (103) ; Dieu ne peut être une — car une — n'est immortelle que dans son essence ultime et non dans sa forme individuelle, 123 (107) ; l'— spirituelle et le nirvâna, 129-30 (114) ; la nature de l'— kâmarûpique, 160 (144-5) ; l'homme divin est indestructible en tant qu'— pensante, 191 (177) ; la racine de l'— consciente est dans l'éternité, 194 (180) ; présence d'une — spirituelle personnelle dans l'homme, citation 195 (182) ; Manas est à la fois une — et un principe, 196 (183) ; l'Ego humain réel est une — spirituelle, 197 (184).

    Environnement : le soi personnel est la créature de son —, 147 (131) ; l'homme est victime de son —, 153-4 (138-9) ; et le karma universel, 216-7 (202-3).

    Épictète : cité à propos du devoir, 254 (241).

    Esoteric Bu.ddhism : voir « Bouddhisme ésotérique » .

    Ésotérique : (voir à « Enseignements ésotériques » , « Gnose » , « Secret » . )

    Espace : les couches de l'—, 104 (88) ; le kâma loka se situe dans un — subjectif, 159 (143) ; l'— et l'homme-dieu crucifié pour la rédemption de la Matière, 201 (188).

    Esprit : utilisation du terme — selon la Théosophie et selon le spiritisme, 41 (28) ; l'— est de la matière potentielle, et la matière de l'— cristallisé, 46 (33) ; le (meta) —, 46 (33) ; l'— absolu ne peut assimiler les pensées et les désirs finis et conditionnés, 83 (67) ; la prière et l'— de Dieu dans l'homme, 87 (71) ; nephesh n'est pas l'— immortel, 91 (75) ; l'— et l'âme selon Platon, 106-7 (90-1) ; l'Ego réel ne peut jouer le rôle d'un — « matérialisé   », 109 (93) ; le Noûs de Platon correspond à l'— selon St Paul 109 (93) ; «  le Mental ou l'— qui tient de lui-même sa puissance » selon Anaxagore, 110-11 (95) ; l'âme selon les anciens Grecs correspond à l'— ou l'âme spirituelle selon la Théosophie, 112 (96) ; l'— divin et l'Ego qui se réincarne, 117-8 (101-2 ; les cabalistes prétendent que l'— humain demeure durant toute la vie emprisonné dans la capsule astrale, 119 (103 ; l'— et la perte de l'individualité, 121-2 (105-6) ; l'— humain est pré-existant, 122 (106) ; l'— pur et le non—, 122 (106) ; selon le Zohar, l'— est un principe masculin, 124 (108) ; l'— absolu ou l'Etre-té, 130 (114) ; le mot — utilisé seul correspond à Âtma, 130 (115) ; le nirvâna des bouddhistes signifie l'immortalité individuelle en —, 132 (116) ; Âtma n'est pas distinct de l'— universel, 133 (118), 147 (131) ; l'— ou le TOUT indivisible est Âtma, 134 (119) ; Âtma est inséparable du (Méta) —, 151 (135) ; l'— (humain) tombe dans un état d'hébétude après la mort,166 (151) ; l'— (humain) ne revisite pas la terre après la mort, 169 (153) ; —, force et Matière, 183 (168) ; l'— divin est représenté comme un Être céleste, un — qui a entrepris un nouveau cycle de vie, 197 (183) ; l'— ou Buddhi est la force centrifuge, 202 (189-90) ; l'— dans l'homme est l'unique substance permanente, 232 (219) ; l'union de l'— et de la matière n'est que temporaire, 233 (219-20) ; la chute de l'— dans la matière permet d'acquérir expérience, connaissance et sagesse, 240 (226).

    Esprit-matière : dans leur infinitude — sont la conscience absolue, 16 (100) ; l'homme est issu de l'—, 122 (106).

    Esprits : les — selon le spiritisme et selon la Théosophie, 40 (27-8) ; les — des morts ne descendent pas sur terre mais ceux des vivants montent vers les pures Âmes Spirituelles, 43 (30) ; la doctrine du retour des — des morts est cruelle, 161 (145) ; les —.les coques et les élémentaires, 203-4 (191) ; les — sont légion, 205 (192) ; certains — sont des Intelligences élevées, 206 (193) ; les — des séances sont dangereux, 205-9 (194-6) ; les phénomènes produits par les théosophes n'ont rien à voir avec les—287 (274) ; avant que Mme Blavatsky ne parle des Maîtres, les soi-disant « révélations » ne provenaient que des —, 314 (301-2).

    Esprits planétaires : il existe différentes classes d'—, 120 (104) ; certains — sont libérés, 120 (104) ; des — guident parfois certains êtres incarnés de grande pureté, 206 (193).

    Essence : l'— de la nature immortelle de l'homme est une avec l'Âme Universelle, 16 (2) (note) ; l'— divine peut être communiquée au Soi Spirituel supérieur dans un état d'extase, 23 (10) ; l'humanité est d'une seule et même —, 55 (41), 126 (110) ; l'univers se développe par émanation de sa propre —, 81 (65) ; unité de l'homme et de l'— infinie, 84 (68) ; l'union étroite de notre âme supérieure avec l'— universelle, 86 (70) ; Dieu, l'âme et l'homme constituent une unité avec l'— déifique, 99 (83) ; Âtma est l'— divine, 117 (101) ; l'— immortelle de l'homme est une entité distincte, 119 (103) ; chaque atome est impérissable dans son —, 124 (108) ; l'Esprit est absorbé dans l'— universelle, 130 (114) ; seule l'— divine de Manas survit après la mort, 137 (122) ; le principe de l'Ego s'unit à la Monade et devient une — spirituelle et indestructible, 181 (166), la conscience la plus haute de l'Initié en samâdhi est absorbée dans l'— UNE, 188 (174) ; plus une — est proche de son principe racine plus il est difficile pour elle de s'affirmer sur terre, 195 (181) ; l'— de l'Ego incarné se dédouble, 197 (184) ; l'homme est une émanation de l'— Divine, 232 (219).

    Esséniens : les — de Judée et du Carmel, 23 (9).

    État(s) : de samâdhi, 86 (70), 188 (174) ; il existe sept—de conscience, 105 (89) ; les — de veille et de rêve, 105-6 (89-90) ; les—post mortem, 114-5 (98-99) ; les — de matière, 116 (100) ; les différents —post mortem, 117-22 (101-6) ; l'— de nirvâna, 128-9 (113-4), 131-2 (116), 183 (169) ; l'— de damnation éternelle n'existe pas, 153 (137-8) ; l'—post mortem est un rêve, 153 (138-9) ; l'— de conscience spirituelle d'une mère en devachan, 162 (146-7) ; l'— de conscience en devachan, 171-2 (156-7) ; la béatitude pendant les — post mortem, 176 (161-2) ; la philosophie des —post mortem, 179-80 (165).

    Éternel : la seule réalité, 100 (84).

    Éternité : Dieu, l'âme et l'homme sont un dans l'—, 99 (83) ; le nirvâna dure une —, 130 (114) ; l'Esprit est dans l'—, 134 (119) ; la racine de l'amour divin est dans l'—, 165 (150) ; Buddhi-Manas est soi-conscient pour l'— 175 (160) ; l'état de conscience du matérialiste dans l'—, 181-2 (166-7), 184-5 (170) ; Sat est l'— absolue, 183 (168) ; la racine de la conscience spirituelle est dans l'—, 193-4 (179-80).

    Éthique : Ammonios Saccas et son credo universel basé sur l'—, 17 (3) ; l'— de la Théosophie est l'âme de la Religion-Sagesse, 26 (14-5) ; la Théosophie a pour tâche d'inculquer l'—, 37 (24-5), 40 (27) ; l'— de la Société Théosophique, 62 (48-9) ; la véritable — et celle des lèvres, 242-3 (228-9) ; l'éthique bouddhique et ses effets bénéfiques sur les masses, 261 (248).

    Être-té : absoluité, 80 (65) ; l'entité spirituelle devient, en nirvâna, l'—, 130 (114).

    Évangile(s) : la parabole des talents, 69 (54) ; l'— bouddhique et l'— chrétien sont similaires, 95 (79-80) ; fermentation de la pensée à l'époque des événements rapportés par les — 97 (81-1) ; le quatrième — et l'enseignement de la réincarnation, 200 (186-7).

    Évolution : l'— et la destinée de chaque Ego, 170 (154-5) ; l'— de l'Ego manasique, 197-8 (183-4) ; l'— constante de Manas, 201-2 (188-9) ; l'— et le rôle de l'environnement, 249 (235).

    Extase : système de méditation en usage chez les Philalèthes, 17 (3) (note) ; la véritable — selon Plotin, 23-4 (10) ; l'— ou la « photographie spirituelle » selon Wilder, 24 (11) (note) ; la prière et l'—, 86 (70) ; l'— selon Olympiodore, 142 (126) (note). (Voir aussi « Samadhi » . )

    -- F --

    Fantôme(s) : le — ou kâmarûpa vit, pour ainsi dire, par procuration, 160 (144-5) ; les — les coques et les élémentaires, 204 (191). (Voir aussi « Revenant » . )

    Ferho (ou Parcha) : nom symbolique dans le Codex Nazaræus, 201 (188).

    Festus : 31 (17).

    Feu : enseignements des philosophes du —, 122 (106) ; un dieu est une étincelle de l'unique océan de — Divin, 195 (181-2).

    Fil d'or : le Sûtrâtma ou l' « Âme-fil »  178 (163).

    Foi : la — aveugle est à l'opposé de la connaissance, 62 (48), 103 (87) ; la — aveugle et la — raisonnée ou « connaissance » des faits, 232 (218-9) ; la — aveugle comparée à une maladie mentale, 234 (220) ; la — aveugle est un suicide intellectuel, 261 (247).

    Force(s) : il y a sept — dans la nature, 105 (89) ; l'homme est une corrélation de pouvoirs spirituels et de — physiques et chimiques, 118 (102) ; l'essence de l'Esprit, de la Matière et de la— sont sans commencement et sans fin, 183 (168-9) ; l'entité pensante considérée comme un Ange, un Esprit ou une—, 194 (180) ; la — centripète et la — centrifuge, 202 (189-90) ; les — mises en jeu et leur réaction, 220 (206) ; les théosophes devraient rayonner des — spirituelles supérieures, 249 (236).

    Forme(s) : Dieu est infini et n'a pas de —, 78 (62), 123 (107) ; l'eidolon des Mystères est la — -ombre ou le double humain, 112 (96) ; toute — est une illusion, 129 (114) ; l'Âme est une émanation finie en tant que — et individualité, comme le sont tous les autres dieux, 132 (116) ; l'Ego spirituel s'est incarné à l'origine dans une — humaine dépourvue d'intelligence, 151 (136) ; les — résultent du jeu des forces centripète et centrifuge dans la nature, 202 (189).

    Foster, Charles : et la médiumnité, 207 (195).

    Fox, les Sœurs : et la médiumnité, 208 (195-6).

    Fraternité Universelle : importance de la —, 31 (18) ; le premier but de la S.T., 53-4 (39-40) ; la — présentée admirablement dans Looking Backward de Bellamy, 58 (44) ; la—est à la base de la constitution des clubs nationalistes, 59 (45) ; les quatre maillons de la chaîne d'or de la —, 247 (233) ; la véritable — et la solidarité, 248 (234) ; la — devrait être à la base de tout effort social, 249 (235-6) ; dans l'avenir, la S.T. devrait devenir un instrument pour la réalisation de la—318 (305).

    Futur(es) : citation sur les dieux qui voient le —, 24 (11) (note) ; l'Ego voit le — entre le devachan et la renaissance, 177 (162-3) ; la Section Intérieure est une voie préparatoire pour entrer sur le sentier dans des vies —, 276 (263).

    -- G --

    Gabirol, Salomon ben Jehudah : cité à propos du Kether Malchut, 81 (65).

    Genèse : le nephesh de la — est l'âme vitale animale, 91 (75) ;, le nephesh de la — n'est pas l'âme immortelle, 124 (108-9).

    Ghost-Land: par Mrs Hardinge Britten, cité, 315 (302).<o:p></o:p>

    Glande pinéale : est le siège de la conscience la plus élevée, 136 (121).

    Glanvil, Joseph : cité, 206 (194).

    Globes : la chaîne terrestre comprend six autres — en plus de notre terre objective, 104 (88).

    Gnose : la — de Pythagore était réservée à ses disciples, 22 (9). (Voir aussi « Enseignements ésotériques » , « Secret » ).

    Groupe Intérieur (ou Cercle Intérieur) : les membres du — prêtent le serment de suivre des règles, 33 (20) ; une grande pureté de vie est exigée de ceux qui font partie du —, 50 (37) ; les membres du — ont une philosophie définie, 74 (60). (Voir aussi « Section ésotérique » ) .

    Gupta Vidyâ : enseignement ésotérique de Gautama le Bouddha, 27 (13).

    Gygès : l'anneau de —, 135 (120).

    -- H --

    Hachich : le —funeste pour le développement des pouvoirs intérieurs,275 (262).

    Hadès : les « Prairies de l'— » de Plutarque, 114 (98-9) ; l'— des anciens est le kâma loka, 159 (143-4) ; le kâmarûpa des dépravés est entraîné dans l'— et n'en ressort plus, 203 (190-1).

    Harmonie : absolue du Principe divin 126 (111) ; l'univers édifié sur une loi parfaite d' -, 202 (190) ; toute action cause une perturbation dans l'- de l'univers, 220 (206) ; équilibre et - ne peuvent se rétablir que par le retour au même point des forces mises enjeu, 220 (206 ; l'unique décret de karma est l'- absolue, 224 (210).

    Hérédité : karma et l'—, 226 (212).

    Hérennius : cité, 21 (7).

    Hermas : cité, 201 (187).

    Hétérogénéité : l'— sur le plan de l'illusion, 195 (181).

    Hiérogrammatistes : les — possédaient la clef des alphabets occultes et les codes chiffrés secrets, 203 (190-1).

    Hiérophante(s) : les - sont connus pour avoir considéré la base et l'origine de tout art et de toute science comme essentiellement divines, 49 (36-7) (note) ; pendant les Mystères, l' - plantait le cep, 200 (187) (note).

    Hillel : cité, 62 (49).

    Hînayâna : le—et le Mâhayâna, 22 (8).

    Hindou(e) (s) : il y a plus d'— et de brâhmanes dans la S.T. que de bouddhistes, 26 (12) ; la doctrine — « des Jours et des Nuits de Brahmâ », 100 (84) ; les doctrines de karma et de la réincarnation sont fondamentales chez les —, 204 (192), 212 (198), 260 (246) ; la secte Vallabhachârya est méprisée de tous les autres —, 293 (280).

    Home, Daniel Donglas : et la médiumnité, 207 (195).

    Homère : Porphyre interpréta certaines parties des oeuvres d'— 17 (3).

    Homme(s) : l'origine commune des —, 55 (41) ; notre devoir est de maintenir vivantes chez l'— ses intuitions spirituelles, 62 (48) ; chaque — doit être à lui-même sa propre révélation, 68 (53) ; le devoir de l'— et la parabole des talents, 69 (54) ; Dieu, l'Âme et l'— constituent une unité inséparable de l'Unité absolue, 99 (83) ; la personnalité de l'— est une illusion, 100 (84-5) ; les principes de l'—, 106-9 (90-3), 131-7 (116-22) ; Plutarque cité à propos de la composition de l'—, 113-4 (97-9) ; l'— présenté comme un composé de sept, cinq et trois principes, 114 (98) ; l'— mental est l'— réel, 116 (100) ; l'— physique et l'— spirituel, 117-8 (101) ; l'— est un ensemble complexe d'éléments en interrelations mutuelles, 118 (102) ; l'individualité de l'— après la mort, 119 (103) ; l'— est une émanation de la matière-Esprit primordiale, 122 (106-7) ; l'— emprisonné dans le corps est une trinité, 124 (108) ; tout changement qualitatif de l'état de conscience donne à l'— un nouvel aspect, 133 (118-9) ; la dualité de Manas dans l'—, 135 (120) ; Manas est l'— individuel, 136 (121) ; l'Ego spirituel est l'— divin, 150-1 (135-6) ; les Mânasaputra produisirent l'— pensant, 150 (135-6) (note) ; l'— dans sa forme extérieure ne peut être tenu pour responsable, 153 (138) ; l'Ego personnel inférieur est l'— physique en conjonction avec son soi inférieur, 190 (176), l'— divin est indestructible pendant toute la durée du cycle de vie, 191 (177) ; Isis Dévoilée, citation sur l'entité spirituelle et personnelle dans l'—, 195 (182) ; La Doctrine Secrète, citation sur l'— créateur de sa destinée, 223-4 (210-1), la croyance en karma fournit à l'— la raison la plus haute pour accepter son sort, 230 (216-7) ; différences de conceptions entre la théologie chrétienne et la Théosophie à propos de l'—, 232 (218-9) ; l'éducation théosophique devrait créer des — et des femmes libres, 283-4 (270-1) ; le développement mental et psychique de l'— suivra harmonieusement le cours de son amélioration morale, 319 (306).

    Homme intérieur : l'— est le seul dieu que nous puissions connaître, 83 (67) ;  l'— est immortel, 122 (107) ; l'— demeure le même pendant toute la vie alors que la personnalité extérieure change, 192 (178) ; Isis Dévoilée citation sur l'— 195-6 (182) ; La Doctrine Secrète, citation sur l'influence de l'homme astral sur l'—, 224 (210) ; la relation et l'interaction entre l'— véritable et le corps sont enseignées dans la Section Intérieure, 272 (259).

    Homogénéité : pendant le pralaya chaque atome est résorbé dans l'— unique, 100 (84) ; plus une essence est proche de son principe-racine, l'— Primordiale, plus il est difficile pour celle-ci de s'affirmer sur terre, 195 (181).

    Horace : citation sur la justice absolue, 125 (110).

    Huc, Abbé : l'— atteste de la vertu des bouddhistes, 89-90 (74).

    Humanité : l'aide véritable à l'—, 36-7 (23-4) ; on ne peut nuire à un seul homme sans nuire à l'— entière, 61 (47) ; l'âge d'or ne reviendra pas avant que l'— dans son ensemble n'en éprouve le besoin, 74 (59), l'— est une émanation de la divinité, 231 (217) ; l'égalité de tous les droits et privilèges est due à l'—, 244 (230-1) ; l'amélioration de l'— est le but des membres de la S.T., 245-6 (231-2) ; la chaîne d'or qui devrait unir l'—, 247 233-4) ; tout le bien et le mal dans l'— a sa racine dans le caractère humain, 248-9 (235) ; Le théosophe a en vue le développement de l'—, 250 236) ; Les Maîtres de l'— et leur abnégation, 251 (237) ; le progrès spirituel de l'— favorisé à la fin de chaque siècle par les Maîtres, 319 (306).

    Hunter, Sir William : cité à propos de la vertu pratiquée par les bouddhistes, 89-90 (74).

    Huxley, Thomas Henry : cité à propos du terme « agnostique », 111 (95) (note).

    Hypnose : des « moyens physiques et chimiques » pour obtenir l'—, 23 (10).

    Hypnotisme : les gens commencent à croire à l'—, 39 (26-7) ; la Christian Science est une nouvelle forme d'auto- —, 88 (73) (note) ; la suggestion, l'—, et la transmission de la pensée, 304 (291-2) ; les Maîtres et leur éthique face à l'utilisation de l'—, 306 (293).

    Hypocrisie : est le plus odieux de tous les vices, 244 (230).

    Index : A-H  --   T-Z

     

     

    <o:p></o:p>

    Index --  I - S --

    <o:p></o:p>

    Iavar Xivo : le Seigneur de Vie et le Premier Cep, dans le Codex Nazaræus, 201 (188).

    Idéal (aux) : la mise en pratique des — par les membres de la S. T., 63 (49); il ne faut pas confondre l'— abstrait et son véhicule concret, la S.T., 70-1 (56); le devachan permet de développer des —, 171 (156); l'illusion de l'identification personnelle à des — changeants, 192 (178); la masse des chrétiens ne vit pas conformément à son — moral, 260 (246); attitude de ceux qui ne sont pas parvenus à réaliser l'— de la Société, 269 (256).

    Idolâtrie : l'avilissement de la connaissance a ouvert la porte à l'—, 25-6 (12); la prière est de l'—, 86 (70); les brâhmanes avaient conduit des millions de gens à l'—, 96 (180).

    Ignorance : les enseignements de Plutarque ont été pris au sens littéral et attribués à l'— par des traducteurs incompétents, 113 (97); les Nirmânakâya renoncent au nirvâna pour soulager le fardeau de la misère humaine dû à l'—, 166-7 (151); les Adeptes forment une exception à la règle de notre — générale, 230 (217); Thomas Taylor, citation sur l'—, 234 (220-1); l'éducation entraîne les hommes égoïstes à tirer profit de l'— de leurs frères plus faibles, 280 (268); c'est en enseignant que l'on découvre sa propre —, 266 (252).

    lllusion(s) : le monde objectif et matériel est une — éphémère, 80 (64), 100 (84); toute forme est —, 129 (114); les védantins considèrent le corps comme une —, 133 (117); la Monade humaine et son véhicule sont d'un point de vue métaphysique une —, 134 (119); l'— du devachan et de l'existence terrestre, 164 (148-9), 180 (165), 183 (169); il y a des périodes alternées d'— et de réalité pour l'Ego, 182 (167); l'existence est une — constante, 192 (178); tout est — passagère sauf ce qui a sa racine dans l'éternité, 193 (179-8); les—de la vie présente retardent le progrès de l'homme, 231 (217-8); le corps de l'homme n'est qu'une —, 232 (219); les préjugés et les — dogmatiques pourront être éliminés par la diffusion des enseignements théosophiques, 320 (307).

    Immortalité : de l'Ego qui se réincarne, 117 (101), l'homme et l'âme doivent conquérir leur —, 119 (103); fausse idée sur l'— de l'homme, 121 (105); il s'agit de l'— de l'essence de l'entité et non de celle de sa forme, 123 (107); l'— est la « conscience ininterrompue de soi » , 124 (108); l'— et la conscience après la mort deviennent des attributs conditionnés, 175 (160); les effets post mortem de la croyance ou de la non-croyance en l'—, 179 (164-5); les deux axiomes pour l'— consciente après la mort, 179-80 (165); l'arôme seul de la fleur du « Moi » personnel est digne d'—, 181 (166); l'— ne peut toucher le non-existant, 183 (168).

    Impersonnel : le principe — ne peut pas créer, 126 (111); le « Vigneron » de la parabole selon st Jean symbolise Âtma, le principe infini et —, 200 (187).

    lncarnation(s) : le pèlerinage de l'Ego au cours du cycle de l'—, 47 (34); le devachan est un état entre deux —, 164 (148); l'Ego se revêt d'habits nouveaux à chaque —, 181 (166); chaque — est un nouveau rôle sur la scène de la vie, 182 (168); Sinnett, citation expliquant l'—, 187 (173-4); le cycle d'— est comparable aux jours et aux nuits de la vie humaine, 211 (197-8), karma, l'infaillible régulateur, conditionne dans chaque — la qualité de celle qui suivra, 214 (200); plusieurs — sont nécessaires pour atteindre l'adeptat, 231 (217-8); si la dette envers l'humanité n'est pas acquittée dans cette vie) la prochaine — trouvera l'homme en état d'insolvabilité spirituelle et de faillite morale, 243 (229).

    Inconnaissable : l'— ne peut avoir comme relations que celles de ses différentes parties entre elles, 82 (66); la conscience absolue ou le Divin à jamais invisible et —, 116 (100); karma est—, 215 (201); karma est un avec l'—, 226 (212); le Principe à jamais —, 235 (221).

    Inconscience : l'— absolue est aussi la conscience absolue, 80 (65); la seule réalité est — seulement pour notre conscience finie, 101 (85).

    Inde : la Religion-sagesse préservée en —, 21-2 (8).

    Individualité : l'— des désincarnés ne peut pas se matérialiser, 41 (28); le sens du « je suis moi » est la véritable —, 47 (33-4); l'Ego divin conserve son — même en cas d'échec de la personnalité, 121 (105); l'— en devachan ne conserve que l'essence de l'expérience de sa vie antérieure, 148 (132); l'— doit être distinguée de la personnalité, 149-52 (134-7); H.S. Olcott, citation sur l' — et les conceptions bouddhiques, 149-50 (134) (note); l'— réelle est l'homme divin, 151 (136); l'— souffre par l'intermédiaire de sa personnalité, 157 (141-2); l'— en devachan ignore tous les maux terrestres laissés derrière elle, 162 (146); l'— peut communiquer juste après la mort très exceptionnellement, 166 (l51); il faut s'entendre sur le sens des mots Esprit, Âme, ou — et Personnalité, 169 (153); l'— peut être comparée à un acteur, 182 (168); l'— du matérialiste, 183-4 (169); l'Ego intérieur ou supérieur est l'— ou l'Ego qui se réincarne, 190 (176); Manas est une — ou un Ego, 196 (183); l'efflorescence spirituelle de la personnalité et l'— en devachan, 203 (190); l'— séparée et l'—universelle, 233 (219).

    Infini : l'— ne peut être connu par le fini, 23 (10); Plotin, citation sur l'extase et l'—, 23-4 (10); il est ridicule de vouloir adresser des prières à l'—, 86-7 (71); ce qui est — ne peut avoir de forme et ne peut être un être, 123 (107); le théosophe ne croit pas à la rémission des péchés par l'—, 214 (199).

    Initiation : ni le Bouddha, ni le « Christ » ne révélèrent à tous les secrets de l'—, 95 (79-80); les candidats à l'— jouaient le drame entier de la mort, 114 (99).

    lnitié(s) : la Religion-Sagesse était enseignée aux — au cours des Mystères, 17-8 (4); Wilder, citation sur les — esséniens, 23 (9); l'éthique fut la propriété commune de tous les —, 27 (14); le bouddhisme du Nord et les Arhat —, 28 (14-15); les grands— ont débuté sous la direction d'un maître, 72 (57); les — ont toujours parlé par allégories, 94 (79); Platon était un —, 106 (90); Paul était un — 106 (91); la doctrine de l'absorption du Bouddha, de Plotin et d'autres — fut incomprise, 129 (113); les plus hauts — ne peuvent avoir aucun devachan, 164 (148); les — se rappellent leurs incarnations passées, 179 (164); l'— dans l'état de samâdhi, 188 (174); les — connaissent le fonctionnement de la loi de karma, 229 (215); les Mâhâtmas sont aussi appelés —, 302 (289).

    lnman : citation sur la croyance et la raison face aux enseignements spirituels, 213 (198-9).

    Instinct : reflet inférieur de Manas, 112 (96).

    Intellect : Plutarque, citation sur l'— cérébral, 113 (97); les conceptions de la science à propos de l'— et leur influence sur les méthodes d'éducation, 279 (266).

    Intelligences : des — élevées guident et gouvernent certains mortels en de rares circonstances, 206 (193); la transmission de pensée et l'intervention possible de certaines —, 306 (293).

    lntuition(s) : le devoir du théosophe est de maintenir vivantes chez l'homme ses — spirituelles etc..., 61-2 (48); l'— est une communication avec le plan spirituel de conscience ou de mémoire, 152 (137); la foi basée sur l'— est fondée sur la connaissance, 234 (220); l'— spirituelle sert à l'élévation de l'âme, 253 (240); les subtilités intellectuelles et les idées préconçues dues à l'éducation paralysent l'—, 259 (246); les effets de la nourriture sur le développement de l'—, 274 (261-2).

    Invocation : l'— est une forme de prière, 86 (69-70). Îshvara : la Mândûkya citée à propos d'— et de prajñâ, 174 (159).

    lsis Dévoilée : bibliographie, 75 (N.d.T.); citée à propos des Esprits Planétaires, 120 (104); citation sur l'homme intérieur, 195-6 (182); citée à propos de la loi d'harmonie, 202 (189-90); citée à propos des coques et des élémentaires, 203-4 (191); citation sur la rémission des péchés, 237-8 (223-5).

    Isis Unveiled : voir "lsis Dévoilée ». Iukabar Zivo : le Seigneur de la Vie dans le Codex Nazaræus, 201 (188).

    -- J  --

    Jacques, Saint : l'Épitre de — citée à propos de l'esprit et de l'âme, 106-7 (91).

    Jamblique : la théurgie de — et ses traces dans la magie cérémonielle de certains cabalistes modernes, 17 (3) (note); auteur du De Mysteriis, 17 (3) (note); le théurge —, 36 (23) .

    Javidan Kherad : citation sur la vérité, 74 (59).

    Jean, Saint (Évangile selon) : 87 (71) citation sur la lumière absolue, 101 (85); citation de la parabole de la Vigne et du Vigneron, 200 (186-7); on retrouve les métaphores cabalistiques dans l'—, 201 (188).

    Jehovah : la relation qui existe entre la lune et —, 114 (98) (note).

    Jennings, Hargrave : auteur de The Rosicrucians, cité à propos du culte phallique, 292 (279-80).

    Jésus : citation de l'Edinburgh Encyclopedia sur Ammonios Saccas selon laquelle ce dernier donne son appréciation sur — et ses enseignements, 20 (7); — avait des enseignements ésotériques, 23 (9), 26 (13); les enseignements altruistes de — n'ont pas été suivis, 54-5 (40-2), 61 (47); l'éthique de — présente dans la Théosophie, 62 (49); les commandements de —, 69-70 (54-5); — et la prière, 87-8 (71-2); les buts poursuivis par — n'ont pas été atteints, 95 (79-80); prudence et silence de —, 96-8 (81-2); l'apôtre du christianisme a été mal compris, 129 (113-4); enseigna la réincarnation et la perte de la personnalité (parabole de la Vigne et du Vigneron), 200 (186-7); sur karma, 214 (200); incite l'homme à ne plus pécher, 222 (209); l'abnégation de—,251 (237-8); et la charité pratique contenue dans le Sermon sur la Montagne, 256-7 (242); si les paraboles de — Christ étaient prises à la lettre..., 256-7 (243).

    Jhâna : la succession des vies passées est perçue dans l'état de —, 146 (130).

    Josèphe, Flavius : cité à propos des esséniens du Carmel, 18 (5).

    Judaïsme : le — à Alexandrie sous Philadelphe, 18 (4) (note).

    Judge, William Q. : 323 (308).<o:p></o:p>

    Juifs : la réputation des publicains parmi les —, 55 (42); les — instituèrent la prière-pétition à Dieu, 82 (66); caractéristiques du Dieu des —, 97-8 (82); les — non initiés qui suivaient la loi mosaïque ne crurent jamais à la survie de l'âme, 125 (109); les philosophes — croyant en la Bible mosaïque (ésotériquement) croyaient à la réincarnation, 127 (111).

    Justice : la — comme la charité doit commencer par soi-même, 69 (54-5); et la prière-pétition, 88 (72); il n'y a aucune trace de — dans le dogme de la création, 91 (75-6); la — absolue de la loi de karma, 125 (110), 137 (122), 155-6 (140-1); la loi d'amour, de miséricorde et de — 153 (138-9); l'illusion du devachan est l'effet de la loi miséricordieuse et d'une stricte —, 164 (149); la vision panoramique au moment de la mort révèle la — des souffrances de la vie, 177 (162-3); karma est la loi universelle de — rétributive, 212 (198-9); seul karma satisfait notre sens de la — 225 (211-12); la—et la croyance à la rémission des péchés s'opposent, 237 (224-5); la prétendue — chrétienne, 239 (225-6); le sens de la — est perverti par l'éducation, 260 (246); la — consiste à ne faire de mal à aucun être vivant, 264 (251); la — ordonne parfois d'agir pour arrêter le mal, 264 (251).

    --  K  --

    Kabbale : voir « Cabale ».

    Kabbalistes : voir « Cabalistes ».

    Kâma : est le siège des désirs animaux et des passions dans l'homme, 136 (120); le Manas inférieur tend vers —, 198 (184).

    Kâma loka : Plutarque, citation sur la mort et le —, 114 (98); Plutarque, citation sur le — situé entre la terre et la lune, 115 (99); le — n'est une localité que dans un sens relatif, 159 (143-4); le transfert de la conscience du — au stade dévachanique est graduel, 187 (173); le kâmarûpa est entraîné dans le —, 187 (190); les « esprits » sont des coques du —, 205 (192).

    Kâmarûpa : le — est le siège des désirs animaux et des passions dans l'homme, 107 (91); correspond à anoia, 109 (93); est le thumos de Pythagore, 112 (96); est le véhicule du mental supérieur et du mental inférieur, 133 (118); se désintègre après la mort, 143 (128) (note); le — s'effondre lorsqu'il est privé de Manas, 160 (143-4); le — vit une vie d'emprunt dans les séances spirites, 160 (144); le Manas inférieur en conjonction avec le — forme l'Ego inférieur, 190 (176), est l'instinct animal illuminé par le reflet manasique inférieur, 194 (180); la forme personnelle est appelée indifféremment — et mâyâvirûpa, 203 (190).

    Kâranopâdhi : le — est le corps causal ou l'entité qui se réincarne, 133 (117-8).

    Kardec, Allan : les théories de l'École d'— analysées, 204-207 (191-4).

    Karma : les lois de—et la Fraternité universelle, 60 (46-7); — rattrape celui qui manque à son serment, 65 (51); Perséphone représente le —post mortem, 115 (99) (note); détermine l'état post mortem, 115 (99); est la Loi de Rétribution, 125 (110), 156 (140); est le deus ex machina des différentes naissances, 150 (134) (note); Âtma et Buddhi ne sont pas atteints par —, 151 (135); oblige l'Ego réel à s'incarner, 151-2 (13e); le — du Manu épuisé, 155 (139-40); amènera ceux qui se sont aimés d'affection spirituelle à s'incarner dans le même groupe familial, 165 (150); agit sans cesse, 175 (160), et les souffrances imméritées, 176 (161-2); la majesté de la loi de—et sa justice sont réalisées au moment de la mort, 177 (162-3); effets du — et des croyances dans les états post mortem, 179-81 (166-8), 184 (169-70); — force l'individualité à s'incarner, 182 (167); cit. de Sinnett sur — , les affinités karmiques et la création d'un nouveau — , 187 (172-3); les hommes de l'Antiquité croyaient à la destinée et au —,196 (182); — est l' infaillible régulateur, 214 (200); est la Loi Ultime de l'Univers, 215 (201); le — individuel, national et le — du monde, 216-7 (202-3); le — distributif, 217 (203); l'inégalité de pression du — rétributif, 219 (205); tend toujours à rétablir l'harmonie, 219 (205-6); analogie sur l'action-réaction avec l'illustration de la pierre jetée dans l'étang, 220 (206), 238 (224); et les conséquences réelles des actions, 220 (207); est la « loi de causalité éthique » , 222 (209); citations (de Conelly, Walker, La Doctrine Secrète, Mrs P. Sinnett et Edwin Arnold) sur la loi de —, 221-8 (207-15); l'harmonie est le décret absolu de —, 224 (210); est inextricablement lié à la réincarnation, 224 (211); est absolu et éternel dans le monde manifesté, 225 (212); les processus de réajustement par — sont connus des Initiés et des Voyants, 229 (215-6); la compréhension de — réconcilie avec la vie, 230 (216); se donner la mort entraîne la création d'un nouveau —, 242 (228); et la Fraternité universelle, 247 (233-4); et la solidarité universelle, 250 (236); le — national, 259 (245); les masses pauvres et incultes acceptent l'idée du —, 260 (246); la connaissance de la loi de — rend sa dignité à l'homme, 261-2 (248); l'enseignement de la loi de — donne un sens à la vie, 278 (265).

    Karma-Némésis : citation de la Doctrine Secrète identifiant — à la Providence, 224 (210-1).

    Keightley, Dr A. : 323 (308).<o:p></o:p>

    Kether Malchut : citation d'un poème sur l'Absolu par Salomon ben Jehudah Gabirol, 81 (65).

    Knight, Professeur W. : citation sur la perte de la mémoire qui n'est pas une preuve qu'une action n'a pas été vécue, 142 (126).

    Kosmique, L'être : comporte sept plans, 105 (90).

    Kosmos : le Noûs est l'esprit dans le — et dans l'homme, 111 (95).

    Kshetrajña : correspond à l'Ego Supérieur, ou l'Ego qui se réincarne, 84 (68) (note); l'esprit incarné ou les Mânasaputra, 151 (135-6) (note).

    Kumâra : les — et la doctrine des « Anges Déchus » , 154 (138) (note).

    --  L  --

    Labre, st : illustre l'abnégation et l'ascétisme mal compris, 253 (239) 272 (259).

    Lancet, The : publication citée sur l'âge avancé d'un Mexicain, 302 (289).

    Lao-Tseu : l'éthique de — est présente dans la Théosophie, 62 (49); le Tao Tê King cité à propos de l'homme composé de cinq principes, 133 (117).

    Law, William : cité par le Dr J.D. Buck sur la Théosophie et ses origines, 30 (17).

    Lectures on Platonic Philosophy : par Butler, citation sur la préexistence, 142 (126).

    Légendes : les — et les traditions populaires peuvent conduire à la découverte de secrets de la Nature, 62 (48).

    Lévitique, Le : le nephesh du — n'est pas l'âme immortelle, 124 (108-9); citation sur l'âme de la chair qui est dans le sang, 201 (188).

    Light : M.A. Oxon, rédacteur de la revue — est cité sur la philosophie des spirites, 44-5 (31-2); citation sur les prétendues contradictions de Sinnett à propos du Soi, 137 (122).

    Light of Asia, The : voir « Lumière de l'Asie » .

    Light of Egypt, The : livre cité à propos d'attaques contre la Théosophie et ses enseignements, 315 (302).

    Linga sharîra : est le corps astral, 107 (91); se désintègre après la mort, 143 (128).

    Livre des Clefs : ouvrage hermétique, citation sur les liens de l'âme, 124 (108).

    Locke, John : citation sur le souvenir et le rappel à la mémoire, 140 (124-5).

    Logos : le — est une force active et créatrice, 78 (62) (note); le — dans l'homme est l'Ego éternel, 111 (95); est le principe divin manifesté, 126 (110); même dans les philosophies qui ignorent la division théosophique, l'homme pensant est appelé le —, 201 (188).

    Loi : la violation d'un serment et la—de rétribution, 65 (51); la Déité est la —unique qui donne l'impulsion aux lois manifestées, 81 (65); la lumière absolue (selon les paroles de st Jean) est la — absolue, 101 (85); la — de rétribution, 125 (110), 156 (140), 169 (154) (citation d'Isis Dévoilée), 196 (182), 212 (198); le principe impersonnel est une — universelle, 126 (111); la — immuable d'Amour, de Justice et de Miséricorde absolus, 153 (138); la — d'amour et de miséricorde permet à l'être en devachan d'abandonner tout chagrin ou souci terrestres pour ne plus goûter que sa béatitude sans mélange, 163 (147), 164 (149); la — spirituelle de continuité ne s'applique qu'à ce qui est vraiment réel, 173 (158); la — de compensation, (citation d'Isis Dévoilée) 196 (182); (citation de la Doctrine Secrète), 224 (210); l'Univers est édifié sur une — parfaite d'équilibre et d'harmonie, 202 (189); l'implacabilité de la — karmique, 214 (200), karma est la — Ultime de l'Univers, 215 (201); La Lumière de l'Asie, citation sur karma, la — qui tend vers l'équité, 228 (215); notre sort est le résultat de la — inéluctable, 230 (216); Isis Dévoilée, citation sur la — de karma et la croyance à la rémission des péchés, 237-8 (224-5); la Theosophical Society face à la — américaine, 325 (309) (appendice).

    Lois, Les : de Platon, citation sur l'âme associée à Noûs ou à anoia, 109 (93); citation sur l'âme, 131 (115).

    London Lodge of the Theos. Society : 186 (172) (note).

    Longin : cité comme étant un disciple d'Ammonios Saccas, 17 (3) (note) 21 (7).

    Longue Face : l' « Ancien des Anciens » de la cabale, citée à propos du symbolisme universel de la Vigne et du Vigneron, 201 (187).

    Looking Backward 2000-1887 : voir « Cent Ans Après ou l'An 2000 ».

    Lotus, Le : revue française citée à propos des difficultés rencontrées dans la diffusion de la Théosophie, 299 (287).

    Lucifer : revue anglaise fondée par Mme Blavatsky, citée à propos d'une étude sur la criminalité dans des populations bouddhiste et chrétienne, 89 (74); cité à propos d'un article sur les mystères de l'après-vie, 172 (157) (note); cité à propos de la brochure de la T. P. S. et de ses critiques, 176 (161) (note); ne couvre pas ses frais de publication, 299 (287).

    Lumière (la) : et les ténèbres selon l'Évangile de st Jean, 101 (85); l'Ego spirituel et l'Âme spirituelle sont formés de l'Océan Éternel de—, 122 (106); la—serait incompréhensible sans les ténèbres, 127 (112); l'esprit participe de la nature de la —, 129 (114); Manas illuminé par la — de Buddhl, 174 (159), 192 (179); le Codex Nazaræus cité à propos des bienheureux qui monteront parmi les créatures de —, 201 (188).

    Lumière de l'Asie, La : de Edwin Arnold, citation sur karma, 227-8 (214-5).

    Lune: Plutarque, citation sur la source de l'âme, 113 (97-8); Plutarque, citation sur le principe intermédiaire qui provient de la — et est élaboré par elle, 114 (98); est le domaine de Perséphone, 114 (98); relation entre Jéhovah et la—, 114 (98) (note); la — emprunte sa lumière du soleil et sa vie de la terre, 118 (102) (note). Luther : 31 (17).

    Lytton, Bulwer : citation à propos de l'enthousiasme, 261 (247).

    --  M  --

    Macrocosme : le — comprend sept plans, 105 (90).

    Magie : la — cérémonielle et la théurgie de Jamblique, 17 (3); nécessité d'avoir un maître Initié pour ne pas tomber dans la — noire, 34-5 (21-2); l'hypnotisme et le mesmérisme sont des actes de —, 39-40 (26-7); l'utilisation en connaissance de cause du pouvoir de la prière-volonté à des fins égoïstes est de la — noire, 84 (68-9); l'exercice d'une influence psychologique personnelle abusive est de la — noire, 267 (254); la — noire est l'abus des pouvoirs psychiques ou des secrets de la nature, 306 (293).

    Mahâmanvantara : le Logos émane au début de chaque —, 78 (62) (note); les Esprits libérés revivront dans le prochain —, 120 (104); l'immortalité d'une entité est limitée à son cycle de vie ou—, 123 (107).

    Mahat : ou le Mental Universel, source de Manas, 151 (135-6) (note).

    Mahâtma(s) : et les problèmes financiers de la S.T., 298 (285-6). Les — sont des hommes vivants, 301 (288); signification du terme —, 302 (289); les — ont dicté certains écrits théosophiques et parfois simplement inspiré des idées, 303 (290); les — sont limités dans l'utilisation de leurs pouvoirs par la loi, 306 (292); les — ne pratiquent pas l'hypnotisme qui maîtriserait l'Ego immortel, 306 (293); H. P. B. et les lettres des — ,308 (295-6); les — se rient des calomnies à leur sujet, 309 (296); l'existence des — remise en question, 311 (298); les — ne guident pas la S.T. ni les fondateurs, 312 (299); de l'abus des noms des —, 313-6 (300-3). (Voir aussi « Adepte » , « Maîtres » ) .

    Mahâyâna : le—et le Hînayâna, 22 (8); présence de la Gupta Vidyâ dans les doctrines du —, 27 (13).

    Maîtres : relation indirecte des — avec le Groupe Intérieur, 35 (22); les paroles des — sont mal comprises, 95 (80-1); Gautama et Jésus.parmi les plus grands — de l'Humanité, 251 (237-8); les — ne sont pas de faux monnayeurs, 298 (286); les Mahâtmas sont des —, 302 (288); les — ont des lois spirituelles qui les empêchent de maîtriser un Ego Immortel, 306 (293); la croyance aux —, 307-8 (295), 311 (298); les — ne guident pas la S.T. ni les fondateurs, 312 (299); de l'abus des noms des —, 313-6 (300-3). (Voir aussi « Adepte » , « Mahâtma » ) .

    Mal(-aux) : le bien est le bien grâce à son opposé le —, 127 (112); le—et la descente dans la matière, 194 (181); The Wheel of the Law, citation à propos des conséquences du —, 213 (199); les — sociaux résultent de karma, 216 (202); est synonyme de dysharmonie, 220 (206-7); le bien et le — sont créés par l'homme, 224-5 (21 l); « ne rendez point le — pour le — » , 242-3 (228-9); tout ce qui est — a sa racine dans le caractère humain, 248-9 (235); les — de la civilisation, 260 (247); le — et les doctrines salutaires de karma et de la réincarnation, 261-2 (248); l'attitude à adopter face au—et à l'injure, 268 (254-5); la Théosophie attaque de front les préjugés et les — sociaux, 284 (271-2).

    Malek (Porphyre) : cité comme un élève de Plotin, 17 (3).

    Manas : et la trinité « Christos » , 83-4 (67-8) (note), 87 (71); est un principe double dans ses fonctions, 109 (92-3), 135 (120), 191-4 (178-81); le — inférieur est le phrên selon Pythagore, 112 (96); le — selon Platon et selon Pythagore, 130-1 (115); l'Ego spirituel, le siège de — se réincarne, 136 (121); l'assimilation de l'essence divine de — après la mort, 137 (122); Mahat est la source de—, 151 (135) (note); est appelé kshetrajña, 151 (135) (note); quand il est en conjonction avec Buddhi, — est l'Ego supérieur, 151 (136), 188 (174), 192-3 (378-9); est le principe animateur du kâmarûpa, 160 (144); la survie soi-consciente de — dépend de son union avec Buddhi, 173-4 (158-9); — taijasa 174 (159); l'immortalité est impossible pour — seul, 179 (164-5); est le « corps causal » , 188 (174); l'hétérogénéité est un obstacle pour que — puisse exercer un contrôle réel, 194-5 (180-1); la nature complexe de —, 196 (183-4); est le « fils adoptif » d'Âtma et de Buddhi, 201 (188); est l'énergie spirituelle centripète, 202-3 (189-90). (Voir aussi « Mental » ).

    Manasaputra : les — sont les « Fils du Mental Universel » qui produisirent l'homme qui pense, 151 (135-6) (note); sont des entités pensantes provenant du cycle de vie précédent, 154 (138) (note); le nom de — est attribué à un ensemble d'Entités spirituelles, 197 (184).

    Manas-Sûtrâtma : le — est distinct du Sûtrâtma-Buddhi, 181 (167).

    Manas taijasa: le mental radieux, 174 (159) (note).

    Mandûkya Upanlshad : citée à propos de la loi spirituelle de continuité, 173 (158), citée à propos d'Îshvara et de Prajñâ, 174 (159).

    Mant, Evêque : citation à propos des « Esprits secourables » , 199 (186).

    Mantra : prière des hindous chantée rythmiquement, 86 (70).

    Manu : ou le penseur, 151 (135-6) (note); le — épuisé mérite une période de béatitude sans mélange, 155 (139-140).

    Manvantara : un — est un Jour de Brahmâ, 100 (84) -, les Mânasaputra sont des entités pensantes qui proviennent du précédent —, 154 (138) (note).

    Mariage : l'ascétisme et le —, 254 (240), 275-6 (262-3).

    Masses : les enseignements secrets ne sont pas dévoilés aux —, 22 (8); citation de « Miscellanées théosophiques » cité par Buck à propos de la Fraternité universelle et les—, 31 (18); impuissance des religions traditionnelles à purifier les —, 48 (35); le spiritualisme moderne pratiqué par les — est du matérialisme transcendantal, 46 (33); les mystères du Ciel ne sont pas pour les — dénuées d'intelligence, 96 (81); la métaphysique n'est pas essentielle pour les —, 260 (247); les — ont adopté le bouddhisme avec enthousiasme, 261 (248); la préoccupation de la S. T. est de semer des germes pour une réforme amenant pour les — un bonheur plus grand, 270 (257); le système d'éducation actuel n'est pas d'une grande utilité aux —, 276 (264).

    Matérialisme : le spiritualisme moderne est du — transcendantal, 46 (33); les insuffisances du —, 57 (43); le — actuel rend la tâche de la Théosophie plus difficile, 134 (118-9).

    Matérialiste(s) : la cécité de certains — Vis-à-vis du spiritisme, 44 (31); urgence de la formation de la S.T. pour éviter que les peuples civilisés deviennent —, 49 (36); Butler, citation sur les préjugés — vis-à-vis de la pré-existence, 142 (126); les — nient la possibilité qu'il y ait un mental ou une conscience agissant sans la matière, 116 (100); la majorité des — et la mémoire des vies passées, 143 (127); le — absolu et la survie de sa personnalité, 146 (130); il est inutile de discuter avec les —, 148 (132); aucune survie consciente pour les —, 173 (157-8); la faculté spirituelle du — est atrophiée, 173 (158-9); l'état post mortem des —, 175-7 (160-1), 183-4 (169-70); le — ne réalise jamais Buddhi-Taijasi, 179 (164), 180-1 (166); aucun — n'a d'Ego spirituel, 190 (176); le — ne voit qu'une loi de hasard, 212 (198); ceux qui croient en karma ne sont pas des —, 225 (212); les médecins actuels sont des —, 305 (292).

    Matière : la—est de l'esprit cristallisé, 46 (33); la — privée de son âme et de son esprit ne peut parler au coeur humain, 57 (43); la conscience peut agir sans la —, 116 (100); Buddhi est « irrationnelle » sur ce plan de—, 118 (102) (note); la — primordiale est co-éternelle avec l'Esprit, 122 (109); est impérissable dans son essence, 124 (108), est le pôle opposé de l'esprit et pourtant les deux ne sont qu'un, 183 (168-9); le principe divin est entravé et paralysé par la — turbulente, 195 (181); la chute dans la — et l'Ego qui se réincarne, 195 (181-2); l'Ego humain réel est une entité spirituelle et nullement de la —, 197 (184); l'homme-Dieu de Platon se crucifie dans l'Espace pour la rédemption de la —, 201 (188); l'esprit et la—,233 (219-20); Isis Dévoilée, citation sur l'acte qui donne une impulsion à la —, 238 (224-5); la transformation graduelle de la — en l'esprit est le but final vers lequel tout tend dans la Nature, 240 (226).

    Matthieu, Evangile selon saint : « le Père qui est dans le secret » expliqué dans son sens ésotérique, 83 (67), 85 (70), 95 (79); citation sur Jésus qui parlait en paraboles, 96 (81), citation sur l'adultère en pensée, 156 (140) (note); citation sur celui qui mesure et juge, 214 (200).

    Mâyâvirûpa : la forme personnelle est appelée kâma-rûpa et —, 203 (190).

    Méditation : le système de — en usage chez les Philalèthes fut l'extase, 17 (3) (note); est la prière silencieuse non exprimée, 24 (10); Platon, citation sur la prière silencieuse —, 24 (10).

    Médium(s) : le corps astral du — pendant les matérialisations, 41 (28-9); explications sur les conditions dans lesquelles se place un — pour communiquer, 43 (30) (note); le fantôme vit d'une vie d'emprunt dans l' aura du —, 160 (144-5); dangers encourus par les —, 205-9 (192-4); la déchéance des —, 207-8 (195-8).

    Médiumnité: la théurgie peut dégénérer en —, 17 (3); la pratique de l'Occultisme peut dégénérer en —, 34 (21); l'utilisation des « pouvoirs » peut dégénérer en —, 40 (27); les preuves de fiabilité manquent en ce qui concerne la —, 88-9 (73); la — est une pratique dangereuse, 205 (192-3).

    Megattivati : cité à propos du concept de Dieu, 92 (76-7).

    Membre(s) de la S.T. : les devoirs des — en vue de réaliser le troisième but de la S.T., 61-2 (48); les devoirs qui incombent à tous les — et à ceux qui font partie de la Section Ésotérique, 63-4 (49-50); les — ne sont pas plus mauvais que le chrétien moyen, 70 (55); les — appartiennent à toutes les races, croyances et à tous les courants de pensée et sont unis dans le but d'améliorer l'Humanité, 245 (231); les — ne peuvent agir d'un commun accord qu'en ce qui concerne la Théosophie, chacun reste libre de suivre sa ligne particulière à condition qu'elle ne s'oppose pas et ne nuise pas à la Théosophie, 246 (232); les moyens par lesquels les — peuvent aider la S.T., 262 (248-9); nul — actif ne devrait attacher trop de valeur à ses progrès personnels mais il devrait aider la S.T. autant que possible, 265 (252), nul—n'est si ignorant qu'il ne puisse enseigner un peu, 266 (252); aucun — n'a quitté la S.T. sans en devenir un ennemi acharné, 266 (253); citations de quelques cas d'anciens — devenus hostiles, 266-8 (253-5); les — ne sont pas des saints, 269 (256); le travail continue grâce aux efforts des —, 270 (257); la S.T. n'attend pas que ses — se livrent à un ascétisme quelconque si ce n'est celui d'aider autrui et de ne pas être égoïste, 271 (258); les — et le végétarisme, 273-4 (259-62); les — et le mariage, 275-6 (262-3); les meilleurs — les plus sincères, philanthropes et qui aiment la vérité ont été ou sont des agnostiques ou des athées, 283 (270); les — les plus en vue n'ont cessé d'avoir en aversion toute apparence de justification publique, 289 (277); l'avenir de la S.T. dépendra du degré de désintéressement, de sincérité, de dévouement et de la mesure de connaissance et de sagesse des —, 317 (304-5). (Voir aussi «Théosophe».)

    Mémoire : le fil de la— dans la vie forme la notion de soi-même, 46-7 (33-4); la — est une des facultés rationnelles, 129 (114); il y a trois formes de —, 140 (124); Knight, citation sur la —, 142 (126); Olympiodore cité à propos de la —, 142 (126) (note); les faiblesses de la —, 143 (127-8); la—et les skandha, 145 (129); la mémoire est incluse dans les skandha, 145 (130); les skandha changeant à chaque naissance, une nouvelle — se développe, 145-6 (130); la perte de la — des vies passées, 148 (132); la — de l'Ego réel et de sa responsabilité, 152 (136), Coleridge, citation sur la — de l'Ego Manasique, 152 (137); l'Ego après la mort, est, pour ainsi dire, attaché à la—de sa dernière incarnation, 171 (156); la—et les skandha, 191 (177); l'action de la — pendant le sommeil, 194 (180); l'éducation moderne se réduit à l'entraînement de la — physique 279 (266); l'éducation moderne est un exercice de —, 282 (269). (Voir aussi, « Rappel à la mémoire », « Réminiscence », « Souvenir »).

    Mental : le nephesh selon la Genèse n'est pas le —, 91 (75); Manas est le — ou l'intelligence, 108 (92-3), 190 (176); Anaxagore, citation sur le —, 110 (95); Pythagore cité sur phrên qui correspond au —, 111 (95); l'homme —, ou la conscience incarnée, 116 (100); Buddhi est une pure émanation du — Universel, 118 (102) (note); le — Universel est indissociable du Logos, 126 (110), le kâmarûpa est le véhicule du — supérieur et du — inférieur, 133 (118); l'incapacité des psychologues modernes à expliquer la nature du —, 139 (123-4); le — est permanent si on le compare à la mémoire, 142 (126); samkhara correspond aux tendances du —, 145 (129) (note); le Soi Supérieur est un avec l'Âme Universelle ou le — Universel, 148 (132-3); le—et la destinée post mortem du kâmarûpa sans la lumière du — supérieur, 160 (144); le Manas dans son aspect inférieur est le siège du — terrestre, 173-4 (158); la double conscience du —, 192 (178); les Mânasaputra sont appelés les Fils du — Universel, 197 (184); les désirs qu'un homme nourrit dans son — sont de prime importance, 274 (262); l'éducation théosophique vise à former des hommes et des femmes au — libéral, 283 (270); le rôle du — dans la transmission de pensée, 304 (291). (Voir aussi « Manas ».)

    Mental Scientists : cités à propos de guérisons dont les seuls cas de réussite sont généralement retenus, 88-9 (72-3).

    Merkavah : cité à propos de la tradition ésotérique du judaïsme dont il est le corps, 22 (8).

    Mesmérisme : certains considèrent le — comme un grand secret de la magie ancienne, 35 (22); a préparé la voie à l'hypnotisme, 39 (26-7); Sinnett, citation sur le — prouvant que nous pouvons entrer dans des états de conscience sans rapport avec les cinq sens physiques, 187 (173).

    Méta-esprit : la condition originelle de tout est le —, 46 (33), l'homme a été produit par émanation depuis le —, 122 (106-7); Âtma est inséparable de son —, 151 (135).

    Michel, l'Archange : correspond dans l'hindouisme aux kumâra, 154 (138) (note).

    Microcosme : le — ou l'homme et ses sept principes, 105 (90).

    Miracle(s) : l'occultiste ne croit pas aux —, 39-40 (26-7); les théosophes s'opposent à la croyance aux —, 62 (48); il n'y a pas de — dans la Nature, 303-4 (290-1).

    Mishna : la —, citation sur la réincarnation, 127 (112).

    Moïse : Aristobule, cité à propos de l'ésotérisme de la loi de —, 18 (4-5); influence de la loi de — sur le caractère vindicatif et tyrannique des chrétiens, 56 (42); les théosophes ne croient pas au Dieu de —, 77 (61); discussion entre Megattivati et un padre chrétien à propos des commandements de Dieu à —, 92 (76); même avant — la nécromancie était considérée comme un acte coupable, 207 (194).

    Monade(s) : Âtma-Buddhi est la— dans sa dualité, 108 (92),136 (121), la— est une unité capable de se mouvoir elle-même, 111 (95); Âtma est la — humaine, 134 (119); l'Ego qui se réincarne est le véhicule de la — Âtma-Buddhique, 145 (129); l'existence spirituelle est réelle parce qu'elle est habitée par la — éternelle, 181 (166); H.P.B. citée par Conelly à propos du nombre limité de — en évolution, 223 (209).

    Monas : Pythagore cité à propos de l'essence pure et vierge de la — qui correspond à Âtma-Buddhi, 121-2 (105-6).

    Monde Occulte, Le : de A. P. Sinnett et les effets qui suivirent sa publication, 287 (274).

    Monogénès : Plutarque, citation sur Perséphone qui est appelée — celle dont l'enfant est unique, 115 (99). (Voir aussi « Perséphone » , « Unique-Engendré ».)

    Mort : Wilder cité à propos de la — qui est « l'ultime extase sur terre » , 24 (11) (note); la béatitude pure et sans mélange de l'après — est une nécessité, 47-8 (35); la secte bouddhiste siamoise croit que la — est l'annihilation absolue, 96 (80); aspects de l'homme qui ne survivent pas après la—, 110 (94); Plutarque, citation sur le drame de la — enseigné dans les Mystères, 114 (98-9); Plutarque, citation sur les étapes de la — qui se déroulent selon les décrets de karma, 115 (99); l'individualisation de l'homme après la — dépend de l'esprit, 119 (103); rien ne subsiste de l'âme terrestre après la —, 137 (122); après la — la punition est très rare, 153 (137); la seconde — a lieu en kâma loka, 159 (143-4), dans des cas exceptionnels un décédé peut communiquer avec les vivants pendant les quelques jours qui suivent sa —, 166 (151); la soi-conscience après la — est conditionnelle, 171-5 (156-9), 184 (170); l'immortalité et la conscience après la — sont des attributs conditionnés dépendant des croyances pendant la vie, 175 (160); la — vient comme une libératrice et une amie, 176 (161-2); la vision panoramique au moment de la —, 177 (162); la — est un sommeil dont le contenu a été préparé par l'homme pendant sa vie, 180 (165); la — est un état purement subjectif, 185 (170-1); les notions des occidentaux sur la — sont trop étroites et matérialistes, 185 (171); la — « spirituelle » , 202 (189); la—est un moment critique pour les dépravés, 203 (190); des générations successives d'Adeptes ont approfondi les mystères de la —, 231 (217).

    Mort-nés : ceux qui n'ont pas ou peu de devachan sont comme des — c'est-à-dire des échecs de la nature, 185 (170).

    Moses, William Stainton : voir « Oxon, M.A. ». <o:p></o:p>

    Mosheim : citation à propos d'Ammonios Saccas, 19-20 (5-7).

    Mystères : Wilder, citation à propos de la théurgie dans les —, 16 (2) (note); des doctrines identiques ont été enseignées dans tous les —, 18 (4); les Eleusinies étaient des solennités célébrées dans les — mineurs, 22 (8); les — Majeurs et les — Mineurs, 22 (8-9); la langue des — a été partiellement redécouverte par des mystiques, 36 (23); il y a une évidence historique sur la connaissance réelle transmise dans les — du passé, 49-50 (36-7) (note); la révélation des doctrines enseignées pendant les — était punie de mort, 112 (96); le drame de la mort était joué pendant les—, 114 (98-9); l'enseignement des — sur les Anges Déchus, 154 (138) (note); pendant les — l'hiérophante représentait le « Père », 200 (187) (note).

    Mystiques : Wilder, citation à propos des — 16-7 (3) (note); Apollonius de Tyane, citation sur la vraie Théosophie des —, 24 (l l) (note); certains — ont fait de grandes découvertes, 36 (23).

    --  N  --

    Nationalisme : voir « Club nationaliste » .

    Nature : Wilder, citation sur la racine de la —, 16 (2) (note); certains voyants ont capté de merveilleux aperçus sur les secrets cachés de la —, 36 (23); les sciences occultes enseignent la puissance secrète des choses de la —, 39 (26); la connaissance exacte des opérations secrètes de la —, 40 (27), 232 (218-9); l'étude des mystères cachés de la — est l'un des buts de la S.T., 53 (39), 62 (48); la — infinie, incréée et éternelle peut être appelée Dieu, 55 (41); une essence unique, absolue est la racine de la —, 57 (43); la Théosophie abstraite et la Théosophie concrète et leur rapport avec la connaissance de la —, 71 (56-7); l'étude comparée des religions et des philosophies révèle de grandes vérités de la —, 73-4 (59); Ain Soph, le sans-fin ou l'illimité dans la —, 78 (62) (note); Pan défini comme la — éternelle et incréée, identique et coexistante avec la Déité, 79-80 (64-5); la — et l'origine de l'âme vitale, 91 (75); bien que la loi fondamentale et l'opération universelle des lois de la — soient uniformes, chaque système solaire possède son propre programme de manifestation, 101 (85-6); l'oubli de toute misère terrestre en devachan est l'effet d'une loi miséricordieuse de la —, 164 (149); les échecs de la —, 185 (170), 202 (189), 212 (198); karma est la Loi Ultime de l'Univers et de toutes les autres lois qui sont à l'œuvre dans la —, 215 (201); il n'y a pas plus de vie sur la terre que la — n'en peut contenir, 219 (205); la — peut se tromper dans ses détails, 235 (221); tout dans la — tend vers la transformation graduelle de la matière en l'Esprit, 240 (226); les rites phalliques et le symbolisme de la —, 292 (279); il n'y a pas de miracle car il n'y a rien au-dessus ni au-delà de la — et de ses lois, 304 (290).

    Nécromancie : Wilder, citation à propos de la théurgie et les risques de la transformer en —, 16-7 (2-3) (note); la magie, l'alchimie, la — et l'astrologie sont des sciences réelles, véritables et très dangereuses, 38-9 (25-6)); la — est dangereuse et fut considérée bien avant Moïse comme un acte coupable, 207 (194).

    Négateurs : les Christian Scientists et les Mental Scientists sont de grands —, 88 (72-3).

    Némésis : et l'homme « nouveau » 156 (141); karma — garde les hommes de bien et les protège, et punit le méchant, 224 (210).

    Néo-platoniciens : les — ont été appelés analogistes, 16 (2) (note); formaient un ensemble important et appartenaient à diverses écoles de philosophie religieuse, 18 (4), selon les — l'esprit ne descend jamais hypostatiquement dans l'homme vivant, 118-9 (102-3).

    Nephesh : est l'âme vitale animale selon la Genèse, 91 (75), 124 (108-9); l'Ego personnel ou l'âme vitale correspond à —, 94 (78); est identique au thumos selon Pythagore, 111 (96); reste pendant un certain temps en kâma loka, 115 (99) (note); « l'âme de la chair est dans le sang » dit le Lévitique, où le mot — a été traduit par âme, 201 (188).

    New Platonism and Alchemy : (Voir «Eclectic Philosophy».)<o:p></o:p>

    Nirmânakâya : définition du terme et de la fonction des —, 166-7 (151-2).

    Nirvâna : l'union étroite de notre âme supérieure avec l'essence universelle est appelée pendant la vie : samâdhi, et après la mort —, 86 (70); une secte de Ceylan explique le — comme le font les théosophes, 96 (80); le — n'est pas éternel, 128 (112); le — n'est extinction que pour la personnalité, 128 (113); les conditions requises pour atteindre — et sa durée limitée, 129-30 (114); a été rendu par NO-THING en anglais ce qui signifie AUCUNE CHOSE, 131 (116); l'Ego Spirituel en — jouit d'une omniscience de facto, 149 (133); Olcott, citation sur l'individualité comparée à une ondulation vitale commençant en — et revenant au —, 150 (134) (note); les Nirmânakâya renoncent au —, 166 (151); le — est la réalité, 183 (169).

    Noé : et le symbolisme universel de la Vigne, 201 (188).

    Non-existence : dans le langage platonicien et les textes bouddhiques, la — est considérée comme l'existence essentielle, 131 (116).

    Noumène(s) : notre Noûs seul est capable de reconnaître les —, 111 (95); le logos seul ou le — survit parce qu'il est immortel dans sa nature et son essence, 111 (95); il ne faut pas confondre le—et le phénomène, 175 (160); Sinnett, citation sur le monde du — ou celui de la réalité, 193 (179-80).

    Nourriture : effet de la — carnée sur l'homme, 273-4 (260-1); en cas de maladie il faut suivre le meilleur conseil pratique obtenu, 274 (261).

    Noûs : diverses équivalences pour le terme en Théosophie, 106-9 (91-3); Anaxagore, cité à propos du terme — qu'il forgea du Nout égyptien, 110 (94-5); selon Anaxagore, le — est seul capable de reconnaître les noumènes,111 (95); le — et l'âme triple, 111 (96); Plutarque, citation sur la raison qui résulte de la rencontre de—et de l'âme, 113 (97); Aristote, cité à propos de sa conception sur le —, 122 (106); Platon et Pythagore cités à propos de leurs conceptions sur le —, 130-1 (115-6); l'essence divine du — si elle n'a pas été souillée survit à la mort, 137 (122); pourquoi le — est assujetti par le corps, 194 (180-1).

    Nouveau Testament : la confusion faite par les traducteurs du — entre les termes âme et esprit a été la cause de multiples interprétations erronées ultérieures, 128-9 (113). (Voir aussi : « Jacques » , « Jean » et « Matthieu ».)

    -- 0 --

    Occultisme : dangers de l'étude de l' — et nécessité d'avoir un maître Initié pour être guidé, 34-5 (21-2); les spécialistes de l'— ne se préoccupent guère d'aider l'humanité, 36-7 (23-4); l'— pratiqué égoïstement ne peut conduire au but de la Théosophie, 37 (24); différence entre l'— et la Théosophie, 38 (25); les sciences de l'— sont réelles, 38-9 (25-7); l'hypnotisme est une branche de l'— et comporte des dangers, 39 (26); l'— et la compréhension des lois karmiques, 60 (46); l'— enseigne que tout changement qualitatif d'un état de conscience donne à l'homme un aspect nouveau, 133 (118); sur Âtma et le mystère de Buddhi, 135 (119-20); la réminiscence selon l'—, 141 (125); les théosophes sérieux et actifs désirent se mettre à l'étude de l'—, 272 (259); l'étude de l'— est bien trop sérieuse et trop dangereuse pour être faite sans préparation préalable, 276 (263); l'— pratiqué à des fins égoïstes et coupables est de la magie noire, 306 (293); des noms sacrés rattachés à l'— ont été profanés et discrédités, 313 (300-3).

    Occultiste(s) : essayer de devenir un — en travaillant seul mène à un échec quasi certain, 34 (21); on ne peut être un véritable — sans être en même temps .un théosophe, 38 (25); l'— égoïste devient un ennemi dangereux pour son entourage, 38 (25); l'— doit pratiquer la Théosophie scientifique, 40 (27); un — adresse sa prière à son « Père qui est dans le secret » , 83 (67-8); la prière-volonté de l'— faite dans des buts égoïstes est de la magie noire, 84-5 (68); le véritable — comprend le sens de la prière enseignée par le Christ, 85 (69); les — comprennent les processus d'apparition des univers, 100 (84); les — savent qu'il n'y a pas annihilation mais dispersion d'éléments, 129 (114); l'— dit que le quatrième Évangile enseigne la réincarnation ainsi que l'annihilation de la personnalité, 200 (186).

    Occult World, The : voir « Monde Occulte ».

    Olcott, Henry Steel : le Cathéchisme Bouddhique, cité à propos des skandha, 145-6 (129-30); citation sur l'individualité et les skandha relevant les erreurs des orientalistes sur le sujet, 149-50 (134) (note); n'a jamais tiré aucun profit de la S.T., 293 (281-2).

    Oldenburg : cité à propos de sa traduction du Samyuttaka Nikâya, 96-7 (81).

    Olympiodore : citation sur l'imagination incontrôlée, la phantasia et la mémoire, 142 (126).

    Omniscience : l'— de la Déité, 80 (64), 149 (133); l'— attribuée au Dieu de la théologie est non philosophique, 91 (76); l'état dévachanique n'est pas un état d' —, 172 (156).

    Omniscient : le « Moi » spirituel de l'homme est —, 147 (131), 163 (147); l'Ego spirituel est — potentiellement en devachan et de facto en nirvâna, 148-9 (132-3).

    Opium : l' — est funeste pour le développement des pouvoirs intérieurs, 275 (262).

    Origène : Wilder, citation à propos d'— disciple d'Ammonios Saccas, 17 (3); — et Hérennius ont écrit des traités expliquant l'éthique d'Ammonios Saccas, 21 (7).

    Orphée : 21 (7).

    « Oxon, M.A. »  : citation sur le besoin réel d'une philosophie sérieuse au sein du spiritisme, 44 (31); citation tirée de Spirit Identity sur l'indestructibilité de l'esprit humain, 168 (153); citation sur trois propositions du spiritisme, 168-9 (153); citation sur un aspect du vrai spiritisme, 209 (196).

    --  P  --

    « Palais d'Amour » : ou le pays de béatitude et de repos éternel, selon le Zohar, 127-8 (112).

    Pan : interprété selon l'ésotérisme signifie la Nature éternelle et incréée, 79-80 (63-4).

    Pantène : 18 (4) (note).

    Panthéisme : définition du —, 79 (63-4).

    Parabole(s) : les — de Jésus sont à double sens, 23 (9); l'occultisme ou la théurgie en termes symboliques ou en —, 34 (21-2); la — des talents confirme que celui qui fait tout ce qu'il peut fait autant que celui qui accomplit le plus, 69 (54); ne pouvant pas tout révéler Jésus et Bouddha parlèrent par allégories ou en —, 96 (80-1); la—de la Vigne et du Vigneron, 200 (186-7); le feu de l'enfer doit-il être pris dans un sens littéral ou comme une simple — ? 256-7 (243). (Voir aussi « Allégorie » ).

    Parabrahm : le — des védantins et Ain Soph, 78 (62); le — des védantins est la Déité des théosophes, 235 (222) (note).

    Paradis : la Déité n'est pas au —, 80 (64); le devachan est un — subjectif, 115 (99), 161 (145); les théosophes rejettent l'idée du — éternel et objectif, 125 (109-10), 153 (138); Isis Dévoilée citation à propos du larron qui grâce à la confession de foi gagne le — et l'injustice de la rémission des péchés, 236-7 (223). (Voir aussi « Devachan » , « Nirvâna » ).

    Paranirvâna : l'Ego comparé à un acteur est obligé de jouer ses rôles jusqu'à ce qu'il atteigne le seuil de —, 182 (168).

    Parcha (ou Ferho) : voir « Ferho ».

    Passions : le kâmarûpa est le siège des — animales, 107 (91), 112 (96), 136 (120); le kâmarûpa avec les — se désintègre après la mort, 143-4 (128); font partie du soi inférieur, 190 (176); le Manas inférieur tend vers le siège des — et des désirs animaux, 198 (184); le développement des pouvoirs et des facultés psychiques est dangereux dans une humanité où règnent l'égoïsme et les —, 319 (306).

    Pater-Zeus : Æther ou l'âme universelle du Monde, 121 (105-6).

    Path, The : citation à propos de la notion d'honneur qui accompagne un serment, 65 (51); la revue — de New York ne couvre pas ses frais de publication, 300 (287).

    Paul, st : l'Initié — affirme qu'il existe un corps psychique corruptible et un corps spirituel incorruptible, 106 (91); l'Esprit selon — correspond au Noûs selon Platon, 109 (93) (note); la loi de karma exprimée dans —, 222 (209).

    Pensée(s) : l'Absolu est — Absolue, 80 (65); la—et le mystère de la prière, 84 (68); il y a deux êtres distincts dans l'homme : l'homme qui pense et l'homme qui enregistre tout ce qu'il peut assimiler de ces —, 106 (90); les — et la mémoire, 142 (126); l'oubli complet en devachan de la moindre — douloureuse, 155 (140); la moindre — coupable est punie plus sévèrement que l'action 155-6 (140); le véritable Ego humain est une « — individualisée » , 197 (184); les bouddhistes croient aux conséquences de la—, 213 (199); le rôle de la — ennoblissante pour compenser le karma national, 219 (205); nos vies actuelles sont les résultats directs de nos — et de nos actions en des existences antérieures, 229 (215); Carlyle, citation sur l'homme qui doit avoir pour objet une action et non une —, 244 (230); toute — noble et tout acte désintéressé sont des degrés franchis vers les plans les plus élevés de l'être, 250 (237); la transmission de la —, 303-4 (290-1); obstacles à la transmission de la — des Maîtres, 306 (293).

    Pentateuque : le nephesh du — n'est pas l'âme immortelle, 124 (108-9).

    Pères de l'Église : Nombre des — primitive professaient des idées théosophiques au sujet de la réincarnation et de la trinité de l'homme, 128 (113). « Père qui est dans le secret » ou « qui est aux Cieux » : signification ésotérique, 83 (67-8); la communion avec le—est la vraie prière, 86 (70); le — (Esprit, ou Âtma) n'est la propriété individuelle d'aucun homme, est l'essence Divine, étend son influence sur le mortel sans être enfermé en lui, 117-8 (101-2); est le Soi supérieur, Âtma (181).

    Perse : la Religion-Sagesse a été préservée en —, 21-2 (8).

    Perséphone : Plutarque, citation sur — et la lune, 114 (98); Plutarque, citation sur Monogénès, celle dont l'enfant est unique, 115 (99) (note).

    Personnalité(s) : la — et l'individualité, 45-7 (32-4), 109-10 (93), 149-52 (134-37), 169 (113); la « nouvelle — » est l'agrégat de skandha de l' « ancienne — » , 93-4 (77-8), 156-7 (141); les — sont éphémères et illusoires et cependant « réelles » relativement, 100-1 (84-5), 110 (94); le terme — ne doit pas être appliqué à l'Ego immortel, 119 (103); le sort de la — unie au corps terrestre, 123-4 (108); le Zohar, citation sur la — et son devenir, 127 (112-3); Buddhl-Manas ou le corps causal relie Âtma à la — qu'il habite sur terre, 136-7 (121); la mémoire évanouie d'une — disparue ne peut se souvenir de rien ni enregistrer quoi que ce soit lors d'une incarnation nouvelle, 144 (128); quelque chose de chaque — laisse son empreinte sur l'Ego spirituel, 146-7 (130-1); l'individualité souffre par l'intermédiaire de la —, 157 (142); l'ancienne — et la seconde mort, 160 (143); l'Ego se revêt en devachan du reflet de la — qui fut, 163-4 (147-8); le matérialiste et le reflet de sa — après la mort, 184-5 (169-70); la fausse — est constituée par le Manas inférieur, le kâmarûpa, le corps physique et son double, 190 (176); ne meurt pas entièrement en même temps que le corps, 198 (184-5); la—est le sarment de la parabole de st Jean, 200 (186-7); contribue au progrès individuel de l'Ego même en cas d'échec, 201-2 (188-9); les — sont le produit de karma, 223 (209).

    Phantasia : l'imagination incontrôlée, citation d'Olympiodore, 142 (126) (note).

    Pharisiens : la prière-pétition a été popularisée par les —, 82 (66-7).

    Phénomène(s) : explications sur les — spirites, 41 (28); les — de l'univers visible ne dépendent pas de la prière, 82 (66); taijasa est un — transitoire, 174-5 (160); danger des —, 206-7 (193-4); dans les débuts de la S.T., 286-7 (273-4); les — psychiques et le rapport de la S.R.P., 309-10 (296-7).

    Phénomènes de la Nature : les mondes des noumènes et des —, 193 (179-80).

    Philadelphe : et le judaïsme d'Alexandrie, 18 (4) (note).

    Philalèthe(s): ou amants de la vérité, 15 (1); l'extase était le système de méditation en usage chez les —, 17(3) (note); Ammonios Saccas est considéré comme un grand —, 20 (6); nombreux témoignages sur le système des —, 21 (7)..

    Philon le Juif: fut un néo-platonicien, 18 (5); De Somniis, citation sur le retour des âmes, 127 (111).

    Phrên : selon Platon et Pythagore, 111-2 (96).

    Pistis : la — des Grecs est une croyance basée sur la connaissance, 234 (220).

    Plan(s) : la manifestation comporte sept —, 101 (85); définition du mot — dans le contexte théosophique, 104 (88); certaines analogies pour aider à comprendre ce qu'est un —, 104-5 (88-9); il y a sept — dans le Macrocosme, mais on ne peut aller au-delà du quatrième, il y a aussi sept — dans le Microcosme, 105 (90); l'homme agit en accord avec sa condition mentale et spirituelle sur ce — ou sur un autre, 133-4 (118); Âtma-Buddhi sont sans attributs sur ce —, 135 (120); aucune mémoire des vies passées ne se trouve sur le — physique, 146-7 (131); le kâmarùpa privé de la lumière de Manas ne peut plus penser même sur le — animal le plus bas, 160 (144); l'évolution des Ego se fait de — en —, 170 (155), 188 (173); les—ne sont pas isolés les uns des autres, 187-8 (173); les expériences du — humain doivent être traversées, 197 (184), karma ajuste l'effet à la cause sur tous les —, 215 (201), les Adeptes entrent en esprit dans les divers — et états de conscience, 230-1 (217); les besoins spirituels ne peuvent être satisfaits que sur le — auquel ils appartiennent, 241 (227); toute pensée noble et tout acte désintéressé font progresser vers des — plus élevés de l'être, 250 (237).

    Planètes : les habitants des autres — ne doivent pas être imaginés semblables à ceux de la Terre, 101-2 (86); les — ont des correspondances avec les principes, 114 (98).

    Platon : Wilder, citation sur — qui a connu les instructions des anciennes colonnes d'Hermès, 20 (6); citation donnant une définition de la méditation, 24 (10-1); tenait les Mystères pour extrêmement sacrés, 49-50 (37); l'éthique de — se retrouve dans la Théosophie, 62 (49); étant un Initié — ne pouvait pas dans ses écrits entrer dans des détails défendus, 106 (90); sur l'âme et l'esprit, 106-7 (90-1); sur l'homme intérieur, 108 (92); les idées de — se retrouvent dans la Théosophie, 111-2 (96); fait dériver l'âme de l'homme de l'Âme Universelle du Monde, 121 (105-6); le Logos de—est l'Ego universel et infini, 126 (110); Les Lois, citation sur l'âme rationnelle et le Noûs de —, 131 (115); l'Homme-Dieu de — se crucifie dans l'Espace pour la rédemption de la Matière, 201 (188).

    Plérôme de la Lumière Éternelle, Le : le Ciel des gnostiques, 128 (112); pendant les Mystères celui qui révélait le — était appelé le « Père », 200 (187) (note).

    Plotin : fut l'élève d'Ammonios Saccas, 17 (3) (note), 21 (7); définit ce qu'est l'extase, 24 (10); cité, 36 (23); était un Initié, 129 (113); dit que notre corps est le véritable fleuve du Léthé, 155 (140).

    Plutarque : citations sur l'homme composé, 113 (97), 114-5 (98-100).

    Porphyre : (Malek) disciple de Plotin, 17 (3) (note).

    Post mortem : voir « Devachan » , « Esprits » , « Kâma loka » , « Mort » , « Vision » .

    Pot amon : prêtre égyptien, 16 (2) (note),

    Pouvoirs : les — occultes sont réels mais leur utilisation est dangereuse, 39-40 (26-7); l'étude des — psychiques et des — spirituels latents dans l'homme est le troisième but de la S.T., 53 (39); l'homme a des — spirituels, 118 (102); des — spirituels et divins sommeillent dans tout être humain, 195 (181), 303 (290); Oxon, citation sur les spirites qui ne tiennent aucun compte des — de l'Esprit incarné, 209 (196); des voyants et des Initiés ont la connaissance de karma grâce à leurs —, 229 (215); l'univers est guidé par des — intelligents, 235 (221); influence de la nourriture sur les — intérieurs, 274-5 (261-2); les Maîtres n'ont pas de — surnaturels, 303 (290; l'Adepte en possession de — psychiques et spirituels peut produire des résultats qui semblent « miraculeux » , 305 (292); le mauvais usage des — par les dugpa, 306 (293) , vers un développement sain et normal des — psychiques, 319 (306).

    Prajñâ : la Mândûkya Upanishad citée à propos d'Îshvara et de—, 174 (159).

    « Prairies de l'Hadès » , Les : (voir « Hadès »).

    Pralaya : la dissolution ou la « Nuit de Brahmâ » , 100 (84), 120 (104).

    Prâna : est la Vie ou le principe de vie, 107 (91); le double vital est le véhicule de —, 133 (118), 136 (121); se disperse après la mort, 143-4 (128); est la force rayonnante ou l'énergie d'Âtma, 190 (176).

    Préexistence : la — fut enseignée par les philosophes anciens, 121 (105-6); le Zohar, citation sur la —, 127 (112-3); Butler, citation sur les préjugés matérialistes contre la —, 142 (126).

    Prémonitions : les — sont des communications des plans spirituels, 152 (137).

    Presbytérien : la Confession de Foi des —, 227 (213-4).

    Prière : la méditation est la — silencieuse non exprimée, 24 (10); sur l'inutilité d'adresser une — verbale à une abstraction, 82 (66); la—et la volonté, 82 (66-7), la signification ésotérique du 'Père qui est aux Cieux' 83 (67); la vraie — est un processus occulte, 84-6 (68-70); la — égoïste en connaissance de cause est pour l'occultiste ou le théosophe de la magie noire, 84-6 (68-70); le Christ a donné une seule —, 85 (69); le mantra des hindous est une —, 86 (70); la—est la communion avec le Père qui est dans le secret, 87 (71-2); la prière à un dieu extérieur détruit la confiance en soi, 87 (72); l'attitude bouddhiste envers la —, 89-90 (74); la — ne peut rendre karma propice ni le détourner de ses effets, 212 (198).

    Principe(s) : le — Déifique Absolu, 78 (62); le — Omniprésent, 81 (66); Dieu est un — universellement répandu, 83 (67); énumération des sept — de l'homme et leurs caractéristiques, 106-8 (90-3), 131-7 (116-22); le tableau des sept — humains selon la Théosophie, 107-8 (91-2); l'ordre que l'on peut attribuer aux —, 108 (92); Plutarque, citation sur les — de l'homme, 113-5 (97-9); les planètes ont des correspondances avec les —, 113-4 (98); les — sont des aspects et des états de la conscience, 116 (100), les — supérieurs sont dérivés de l'Âme Universelle du Monde, 121 (105-6); l'homme est émané du — divin manifesté, 126 (110-1); les — de l'Ego réel, 132 (117); le Vedânta et le Tao Tê King sur les—133 (117); le corps, l'âme et l'esprit des chrétiens et les — théosophiques, 133-4 (118-9); le septième — synthèse du sixième 135 (119); nul biologiste ne consentira à accepter les —, 136 (121); les — et certains organes correspondants dans l'homme, 136 (121); la désintégration des — et l'absence de mémoire des vies passées, 143-4 (127-8); les — spirituels et les — matériels, 149-52 (134-6); le sort des — inférieurs après la mort, 159-60 (143-4); les Nirmânakâya conservent tous leurs — sauf le corps physique, 167 (151); le but de l'Ego est de réaliser l'unité absolue avec le — divin, 170 (155); confusion apparente des termes utilisés pour désigner les —, 186 (171-2); termes occidentaux équivalents des termes orientaux occultes désignant les —, 189-90 (175-6); le — qui se réincarne est indestructible, 191 (177); aucun — divin ne peut faire autrement qu'être entravé par la matière turbulente sauf dans le cas d'un Avatâra, 195 (181); Manas est un — et une entité, 196-7 (183); le — à jamais inconnaissable et les pouvoirs intelligents dans la Nature, 235 (221); certains — se sont élaborés à partir de germes laissés après une existence antérieure, 250 (237).

    Programme : avantage d'adhérer à la S.T. si le véritable — est bien appliqué, 34 (21); chaque univers, même notre Terre, possède son propre — de manifestation, 101 (86), après la mort, se déroule un — que nous avons appris et très souvent composé nous-mêmes inconsciemment pendant la vie, 180 (165); l'après-vie du matérialiste sera modelé sur ce qu'il croyait qu'elle serait, son — se réalisera comme un vide absolu, 184 (170).

    Progrès : voir « Évolution » , « Karma » , « Réincarnation ».

    Proserpine : voir « Perséphone ».

    Providence : voir « Karma-Némésis ».

    Psuchè : ou l'âme animale, 106 (91); ou l'âme prise dans un sens collectif, 112 (96); avec l'entendement, forme la raison, 113 (97), l'âme animale selon Aristote, 122 (106); confusions des traducteurs des Actes et des Épîtres sur le terme psuchikos et les conséquences qui en découlèrent, 129 (114).

    Psuchikos : confusions sur la traduction du terme —, 129 (114).

    Psychique(s) : à propos des manifestations spirituelles et —, 43 (30); l'étude des pouvoirs — et spirituels latents dans l'homme fait partie des trois buts de la S.T., 54 (39); le témoignage analogue des sens — d'une multitude d'hommes pourrait être considéré comme une preuve, 143 (127); H.P.B. parle en connaissance de cause des phénomènes physiques et —, 206 (193); l'Adepte en possession de pouvoirs — et spirituels peut produire des résultats qui semblent « miraculeux » , 305 (292); les difficultés pour un juge d'admettre la réalité des phénomènes —, 310 (297); la S.R.P. et les pouvoirs —, 310 (297); vers un développement sain et normal des pouvoirs —, 319 (306).

    Psychologues : les — occidentaux n'ont pas établi de distinction nette entre la personnalité et l'individualité, 45 (32-3); nous rejetons les hypothèses des — sur les rêves, 105 (90); l'incapacité des — modernes à expliquer la nature du mental, 139 (123); citation définissant la réminiscence selon les — modernes, 140 (124); les — sur la mémoire physique, 140-1 (125); les — modernes et les énigmes posées par la conscience humaine et spirituelle, 152 (137).

    Publicains : les—décrits par H.P.B., 55 (42) (note); les—des temps modernes, 69 (54).

    Punition : nous rejetons l'idée de — post mortem et éternelle, 125 (109-10); la — post mortem est très rare et ne ressemble en rien au dogme de l'enfer, 153 (137); il n'y a pas de — sur les plans subjectifs mais sur les plans objectifs, 153 (138); karma est la loi sévère mais juste de —, 156 (140), 212 (198); karma sous la forme de — agira dans la prochaine incarnation, 176 (161); la — encourue par le matérialiste dans sa vie post mortem, 176 (161); les idées bouddhiques sur la—et le pardon, 213 (199); l'homme ne doit pas infliger de —, 214 (200); J.H. Conelly, citation sur le pardon et la —, 221-2 (207-8); la connaissance de karma aide à accepter la —, 230 (216); les bouddhistes n'ont pas la même attitude que les chrétiens devant la —, 259-60 (246). (Voir aussi « Châtiment » , « Karma ».)

    Purpose of Theosophy : de Mrs. Sinnett, citation sur karma, 226-7 (212-3). <o:p></o:p>

    Pythagore : Wilder, citation sur — et sa connaissance des instructions des anciennes colonnes d'Hermès, 20 (6); ne laissa pas d'écrits, 21 (7); réservait sa Gnose à ses seuls disciples assermentés, 22 (9); les enseignements éthiques de — sont présents dans la Théosophie, 62 (49); parle de « trois » principes auxquels il attribue de façon évidente « sept » fonctions, 107 (91); Plutarque, citation sur Platon et—, 111 (95) (note); l'âme triple selon —, 111-2 (96); fait dériver l'âme de l'homme de l'Âme universelle du Monde, 121-2 (105-6); sur Noûs, thumos et phrên, 130-1 (115).

    -- Q  --

    Quakers : les — sont cités en exemple à propos de la vérité, 69 (55).

    Quaternaire : le — inférieur dans la division théosophique de l'homme, 107-8 (91-2); l'annihilation complète du — inférieur, 110, (94); commentaires sur Plutarque à propos du — mortel, 113-4 (97).

    --  R  --

    Rabbins : les maîtres de l'hellénisme furent de dangereux rivaux du Collège des — de Babylone, 18 (4) (note); Ammonios fut soutenu et aidé par les — de la Synagogue, 20 (6); les hébreux tenaient secrètes leurs véritables croyances, 22 (8); les — juifs donnèrent à leur théorie religieuse séculière le nom de Merkavah, 22 (8).

    Race(s) : l'homme pensant fut produit par l'incarnation des Mânasaputra dans la troisième — de notre Ronde, 151 (135-6) (note); Les sept Ceps du Codex Nazaræus correspondent à nos sept — avec leurs 7 Sauveurs, 201 (188); le cycle de vie se terminera avec la septième — de la septième Ronde, 211 (197).

    Raison : Plutarque, citation sur la composition de Psuchè avec Noûs qui forme la—, 113 (97); lnman, citation sur les bouddhistes qui n'admettent que ce qui est d'accord avec la —, 213 (199); la foi basée sur la — est supérieure à celle basée sur une autorité, 236 (222); l'élévation de l'âme et la — supérieure, 253 (240); la véritable éducation devrait développer la — chez les enfants, 283-4 (270-1).

    Rappel à la mémoire : le souvenir, le—et la réminiscence, 140 (124-5); (Voir aussi, « Mémoire » , « Souvenir ».)

    Rate : la—est le véhicule physique du Double protéen, 136 (121).

    Réajustement : voir « Karma ».

    Réalité : la — universelle et éternelle projette un reflet d'elle-même, 100 (84-5); nous n'appelons — que le nirvâna et la vie universelle, 183 (169); en dehors de la — Une tout n'est qu'illusion passagère, 192 (178).

    Récompense : les bouddhistes pratiquent la vertu sans attendre de — future dans un autre monde, 90 (74); nous rejetons l'idée de—post mortem éternelle, 125 (109-10); l'homme qui se venge de son ennemi engendre une cause de — future pour cet ennemi, 214 (200). (Voir aussi « Karma ».)

    Reflet : l'Univers est un — périodique de la Réalité, 100 (84); le — des skandha se rattache au « Moi » individuel, 145 (129), l'Ego en devachan se revêt du — de la personnalité qui fut, 163 (147), 191 (177).

    Réformateur(s) : les sentiments fraternels ont été prêchés par tous les grands —, 61 (47); les deux — Bouddha et le Christ furent d'ardents philanthropes et des altruistes, 95 (79), Bouddha fut un grand — de l'Inde, 129 (114).

    Réformes : les — politiques sont inutiles tant que la nature humaine n'aura pas changé, 245 (231). (Voir aussi « Education ».)

    Règles : voir « Groupe Intérieur » , « Section Esotérique. »

    Réincarnation : ou renaissances successives du même Ego, 46 (33); la—de l'Ego éternel dans l'homme, 111 (95), 195 (181-2); la — des magiciens noirs et des criminels est presque immédiate, 119-20 (103-4); la — de l'Ego qui est de la même essence que tous les autres Ego issus d'un seul Ego universel et infini, 126 (110), preuves de la — dans le Zohar, 127-8 (112-3); les spirites qui combattent l'idée de la —, 137 (122); la perte de la mémoire de la — précédente n'infirme pas la doctrine, 139 (123); la réminiscence et la —, 141 (125); la—rassemblera autour de l'Ego tous les autres Ego que la personnalité passée a fait souffrir, 156 (141), la — explique les inégalités de naissance, 157 (142); la — dans le même groupe familial, 165 (150); par sa philosophie profonde, sa miséricorde et son équité divines, la doctrine de la — n'a pas son égale au monde, 170 (154-5); en niant la loi de la — on en arrive à faire de la Divinité un Moloch cruel, 171 (155-6); la — presque immédiate du Sûtrâtma du matérialiste, 184 (170); présence de la — dans l'Evangile selon st Jean, 199-200 (186); enseignements erronés des spirites sur la — immédiate, 204 (191-2); contradictions dans les cercles spirites à propos de la —, 207-8 (194-5); le cycle de la — se terminera dans la septième Ronde à la septième Race, 211 (197); Conelly, citation sur la —, la loi de karma et le retour de la monade humaine à sa source, 223 (209); La Doctrine Secrète, citation sur la loi de karma qui est inextricablement mêlée à celle de la —, 224 (211); la — est-elle soumise à la loi karmique sans qu'il y ait place pour la sympathie et la pitié ? 230 (216-7); la—et la Fraternité universelle, 247 (233-4); la—et la causalité universelle, 250 (236-7); la doctrine de la — peut être comprise par des gens pauvres et incultes, 259-60 (246); la connaissance de la loi de la — permet aux hommes de réaliser la vraie dignité de la nature humaine, 261-2 (248) , (Voir aussi « Renaissance. »).

    Reincarnation, a Story of Forgotten Truth : par E.D. Walker H.P.B. recommande la lecture de —, 147 (132); citation sur karma, 222-3 (209).

    Religion(s) : le but principal des fondateurs de l'École théosophique éclectique fut de réconcilier toutes les —, 16-7 (2-3); « II n'y a pas de — au-dessus de la vérité » , 16 (3); Ammonios Saccas enseignait que la — avait été corrompue, 19 (6); impuissance des — traditionnelles à préserver la morale, 48 (35); la véritable fraternité en matière de — pourrait se réaliser sur la base d'une étude comparative, 59 (46), la Théosophie n'est pas une — mais elle est l'essence de toutes les —, 73 (58); la S.T. au XXème siècle et l'influence qu'elle devrait avoir par ses idées nobles et généreuses de —, Devoir et Philanthropie, 318 (305-6). (Voir aussi « Credo » , « Système ».)

    Religion-Sagesse : était Une dans l'antiquité, 17 (4); la — est le tronc commun des religions et sectes chrétiennes, 19 (5); la — est le dernier mot de toute connaissance humaine possible, 21 (7); la — a toujours eu un aspect ésotérique au cours des âges, 21-2 (7-9); la Théosophie est la —, 26 (13); l'éthique est l'âme de la —, 27 (14); la division intérieure de la S.T. a un système basé sur la —, 75 (60); équivalence du terme Christos expliquée par les symboles de la —, 83 (67) (note.).

    Réminiscence : la — est une des trois formes de la mémoire, 140-1 (124-6); la — est la mémoire de l'âme qui donne la certitude d'avoir vécu antérieurement, 141 (125); la—est un mode de communication avec les plans spirituels, 152 (137) (Voir aussi « Mémoire ».)

    Rémission (des péchés) : la doctrine de la — est pernicieuse, 121 (105); la doctrine de la — est contraire à la justice stricte et impartiale, 214 (199); Conelly, citation sur la doctrine de la — qui détruit le sens de la responsabilité, 221-2 (207-8); Conelly, citation sur la confession de foi presbytérienne et la —, 227 (213-4); les effets pernicieux de la doctrine de la —, 236-40 (223-6).

    Renaissance(s) : Le Catéchisme Bouddhique, citation sur l'individualité pourvue d'un nouvel ensemble de skandha à chaque —, 93 (77-8); l'Ego qui a gagné sa vie immortelle comme esprit restera le même soi à travers les —, 121 (105); la réincarnation ou la —, 139 (123); durée de la période entre deux —, 148 (132); la — est préparée par la loi infaillible, 156 (141); la vision entre le devachan et la —, 177-8 (163); le cycle des —, 182 (167-8); presque immédiate pour le Sûtrâtma du matérialiste, 184 (170); Dans le Zohar, les vêtements du « .Roi-Messie » représentent les personnalités de ses —, 201 (188); nécessité de l'union de Buddhi et de Manas dans chaque —, 203 (190); le cycle des — se terminera dans la septième Ronde à la septième Race, 211 (197); les Adeptes ont approfondi les mystères de la —, 231 (217); la — ne doit pas être considérée comme une affliction seulement mais aussi comme un moyen de progresser, 240 (226). (Voir aussi « Réincarnation ».)

    Repentir : Conelly, citation sur le — qu'il considère comme une aimable faiblesse, 222 (207-8); Mme P. Sinnett, citation sur le fait qu'aucune dose de — n'est capable d'effacer les résultats futurs d'une action, 226 (213); Isis Dévoilée, citation sur l'idée erronée que tout peut s'arranger s'il y a — sur le lit de mort, 237 (223).

    Repos : l'homme a droit à un état parfait de calme et de — entre deux vies, 48 (35); le seul pays de béatitude et de — est ce qui correspond à nirvâna, 127-8 (112); le Manu fatigué et épuisé a gagné le droit à une période de —, 155 (140); le nirvâna et le — cyclique, 166 (151); le devachan est une période de — pour l'âme après les labeurs de la vie, 172 (156); la punition après la mort consiste en l'absence, entre autres choses, de —, 176 (161); l'évocation des morts trouble le — des âmes, 207 (194); le cycle d'incarnation est suivi d'une période de — dévachanique, 211 (197).

    Responsabilité : voir « Karma » , « Rémission ».

    Résurrection : la Théosophie n'admet pas la doctrine de la — de la chair, 110 (94); les candidats à l'initiation jouaient le drame de la mort et de la— comme un esprit purifié, 114 (98-9); explication théosophique et fausses notions courantes sur la — du corps, 171 (155).

    Rétribution : la loi de—ne tarde pas à rattraper celui qui brise son serment, 65 (51); la loi de—ou karma, 125 (110); une juste—attend l'Ego à sa nouvelle incarnation, 156 (141), 169 (154); Isis Dévoilée, citation sur la loi de compensation et de — qui entre en jeu dès le commencement de la lutte invisible que mène l'homme, 196 (182); Conelly, citation sur la loi de — ou loi de causalité éthique, 222 (209); diverses citations sur la loi de — et leur comparaison avec les croyances admises par les chrétiens sur le sujet, 226-8 (213-5); l'homme accepte la loi de—et en retire un encouragement pour s'améliorer, 230 (216). (Voir aussi « Karma ».)

    Reuchlin, Jean : Buck, citation sur — présenté comme réformateur et ami de Luther, 31 (17).

    Rêve(s) : l'Ego peut communiquer librement pendant le sommeil avec ceux qu'il a aimés et perdus bien qu'à son réveil l'être ne puisse en avoir le souvenir que par le truchement du —, 43 (30) (note); le—et les sept états de conscience de l'homme, 105 (89); l'amour d'une mère en devachan s'exprimera dans les — de ses enfants, 166 (150); il y a différentes sortes de—, 179 (164); le — post mortem est le fruit de l'arbre de vie, 180 (165); différents états de —, 184 (169-70).

    Revenant(s) : mise en garde contre la médiumnité et les —, 206 (193-5). (Voir aussi « Fantôme » .)

    Revue Théosophique, La : vient juste d'être lancée, 300 (287).

    Rhys Davids, T.W. : auteur de Buddhism, cité, 150 (134).

    « Roi-Messie » : l'Esprit du — symbolise l'Ego, 201 (187-8).

    Ronde : l'homme dans la troisième race de notre —, 151 (135-6); nous sommes dans la quatrième — et la cinquième race, 211 (197).

    Rose-Croix : 49 (36) (note).

    Rosicrucians, The : par Hargrave Jennings, lecture recommandée à propos d'une mise au point par H.P.B. sur l'interprétation du symbolisme phallique, 292 (279-80).

    Rosicruciens : avant 1875,1e nom des — était à peine mentionné, 314 (302).

    Royaume : le — de Dieu est au-dedans de nous, 24 (11) (note); les enseignements secrets de Jésus sur « les mystères du — des Cieux » , 26 (13); le « — des Cieux » et la confusion faite par les traducteurs du Nouveau Testament, 128 (113-4).

    Rûpa : ou sthula sharîra : le corps physique, 107 (91); une catégorie de skandha correspondant à la forme et aux qualités matérielles, 145 (129) (note.)

    --  S  --

    Sacrifice : le — de soi-même fut enseigné par Bouddha et par le Christ, 95 (79); le — de soi-même est un idéal plus élevé que la justice et l'amour envers les autres, 251-5 (237-42); le discernement est nécessaire pour pratiquer le —, 251-2 (238-9); le — des Fondateurs n'aura pas été vain, 270 (257). (Voir aussi « Abnégation ».)

    Sadducéens : les — et la Palestine à l'époque où l'on prétend qu'eurent lieu les événements rapportés par les Évangiles, 97 (82); citations montrant pourquoi les — niaient l'immortalité de l'âme, 125 (109).

    Sagesse : Théosophie signifie « — Divine » , telle que la possèdent les dieux, 15 (1), 71 (56); Amon est le Dieu de la —, 16 (2) (note); la — divine se révélait à Ammonios en songe et par des visions, 17 (3) (note); Mosheim, citation sur Ammonios et la restauration de la — des anciens, 19-20 (6); bodha ou —, 26 (13); les Sages considéraient que toute connaissance est incluse dans la —, 49 (36) (note); le Boudhisme ésotérique ou — Secrète et le bouddhisme exotérique, ou philosophie religieuse de Gautama le Bouddha, 94 (78); Jacques (II, 15) parle d'une — démoniaque et d'une — céleste, 107 (91); la — dans son sens générique « rationnel » désigne ce qui émane de la — Éternelle, 118 (102) (note); la — des âges et la — des Évangiles sur la rétribution, 156 (141); Prajñâ est la — individuelle des Dhyân Chohan 174 (159); la vie sur terre nous permet d'atteindre la —, 240 (226); l'étude de l'Occultisme a pour but d'acquérir la — 272 (259); le futur de la S. T. dépendra de la connaissance et de la — de ses membres, 317 (304).

    Saint, Le : du Zohar correspond à l'Âtman selon la Théosophie, 128 (112-3).

    Saint-Esprit : dans la Trinité, le — correspond à l'esprit abstrait, 83 (67) (note); les Églises chrétiennes se réclament d'un « Maître » , le — lui-même, 312 (299-300).

    Saint-Germain : cité comme un exemple d'occultiste accompli, 36 (23).

    Salut : les voies du — selon la Théosophie sont différentes de celles proposées par l'Église, 170 (155); aucun espoir de miséricorde ni de — par l'effet d'un intermédiaire, 214 (200).

    Samâdhi : ou la véritable extase, 24 (70); état de béatitude extatique pendant la vie, 86 (70); en — la conscience spirituelle la plus haute de l'Initié est entièrement absorbée dans Âtma, 188 (174). (Voir aussi « Extase » )

    Samana : Oldenburg, citation sur la doctrine des — et des brâhmanes sur la permanence de l'ego, 97 (81) (note).

    Samkhârâ : une catégorie de skandha correspondant aux tendances du mental, 145 (129) (note).

    Sammâsambodhi : état —, dans lequel la connaissance de la série des incarnations passées est obtenue, 179 (164).

    Samothrace : les hiérophantes de — tenaient secrètes leurs véritables croyances, 22 (8).

    Samyuttaka-Nikâya : traduit par Oldenburg, citation sur la réponse du bouddha relative à la permanence ou non-permanence de l'ego, 97 (81) (note).

    Sang : Adam ou A-dam est le symbole du —, 201 (188).

    Sañña : une catégorie de Skandha correspondant aux idées abstraites, 145 (129) (note).

    Sat : l'immortalité et l'éternité sont absolues pour tout ce qui existe en tant que —, ou émane de —, 183 (168).

    Sauveur(s) : le « Père dans le secret » est le— divin dans le coeur de tous les êtres, 98 (82); chaque Ego devient son propre —, 170 (155); les sept Ceps du Codex Nazaræus correspondent à nos 7 Races avec leurs 7  Sauveurs, 201 (188); il incombe aux — de notre race, de notre nation, de découvrir la cause de l'inégalité de la pression du karma rétributif, 219 (205).

    Science(s) : la Théosophie est la — Divine, 15 (1); les théosophes préfèrent suivre la loi de la tradition de la — Sacrée, 36 (23); les — occultes ne sont pas des — imaginaires datant du Moyen Âge, 38-9 (25-6); la — occulte sans l'explication raisonnée des pouvoirs est dangereuse, 40 (27); la — matérialiste reconnaît que le moindre dommage causé à une plante peut influencer le cours entier de son développement, 60 (46); les — occultes sont basées sur la vraie connaissance de la Nature, 62 (48); les méthodes utilisées par les Voyants qui se servent de leurs sens physiques et spirituels sont similaires à celles de la — physique dans son domaine limité, 102 (86-7); les sept plans fondamentaux de l'espace et leur propre objectivité et subjectivité ne peuvent être compris par la pensée moderne et la seule illustration que nous pourrions en donner fournirait à la — l'occasion de développer un argument contre nous, 104-5 (89); si les hommes croient aux « hypothèses de travail » de la— pourquoi ne pas croire aussi à celle d'un Ego permanent, 144-5 (129); la loi de causalité universelle se vérifie dans la vraie —, 248 (234); la — occulte enseigne et prouve les effets produits par une nourriture carnée, 273 (260); la — sera forcée de reconnaître l'interaction d'un mental sur un autre, 304 (290-1).

    Science(s) Secrète(s) : deux aphorismes de la — sur les conditions indispensables pour une survie consciente après la mort, 179-80 (164-65); aucun homme n'a atteint en une seule vie l'Adeptat dans les —, 231 (217-8).

    Séances : aucun Ego réel n'apparaît dans les —, 109 (93); en de rares circonstances des Intelligences élevées peuvent intervenir dans les —, 206 (193-4).

    Second Sight : de « M.A. Oxon » , citation sur les spirites, 209 (196).

    Secret Doctrine, The : voir « Doctrine Secrète » .

    Secret(s) : il y a toujours eu des enseignements —, 21-2 (8-9); deux raisons pour lesquelles les enseignements sont restés —, 25-6 (12); la perversité de la nature humaine ne permet pas de divulguer des — divins, 25 (12); certains voyants ont capté de merveilleux aperçus sur les — cachés de la Nature, 36 (23); les légendes et les traditions populaires bien analysées conduisent à la découverte d'importants — de la Nature, 62 (48); obligation permanente du serment sacré de préserver le —, 64-5 (50-1). (Voir aussi : « Enseignements ésotériques » , « Gnose » ).

    Section Arcane : 51 (38).

    Section Ésotérique (ou Intérieure) : différence entre la—et la section exotérique, 32-4 (19-21); le membre assermenté et les règles qu'il doit suivre, 33-4 (20); les efforts personnels et la grande pureté de vie exigés limitent le nombre des membres de la —, 50 (37); nécessité du sens de l'honneur, 51 (38); les serments solennels constituent pour le membre de la — une « nouvelle naissance » , 63 (49); quelques règles de la —, 63-5 (49-51); les pratiques ascétiques ne sont pas obligatoires dans la — mais les nouvelles conceptions que les membres obtiennent leur révèlent les vrais rapports qui existent entre le corps et l'Homme intérieur, 271-2 (258-9); la nourriture des membres de la — devrait être celle qui entrave le moins le développement de leurs facultés et pouvoirs intérieurs, 274 (261-2); le célibat ne s'applique pas aux membres de la — mais à l'Occultiste, 275-6 (263).

    Sens : les visions spirituelles de Voyants (initiés) sont obtenues au moyen des — physiques et spirituels, 102 (86); chacun des sept plans de l'espace a un propre ensemble de —, 104 (88); des — fonctionnent pendant l'état de rêve, 105 (89); le Manas inférieur est tenu sous contrôle par le cerveau et les — physiques 192-3 (178-9); les — physiques fonctionnent dans le domaine de l'illusion, 193-4 (179-80); la connaissance fournie par l'évidence des — physiques ou celle des — spirituels, 234 (220); l'éducation devrait favoriser le développement et la culture des — intérieurs, 283 (271).

    Séparativité : il n'existe pas de—, 217 (203).

    Sept : la manifestation comporte — plans, 101 (85) 104 (88); il y a— forces fondamentales dans la nature, — plans de l'être, — états de conscience pour l'homme, 105 (89); tableau des — principes, 107-8 (91-2); les — principes sont contenus dans la philosophie des Grecs, 112 (96); la nomenclature des — principes n'est pas nouvelle, 136 (120-1); les — Ceps, les — Races et les — Sauveurs ou Bouddhas, 201 (188).

    Serment : Pythagore et Ammonios, liaient leurs élèves par un — 22-3 (9); les membres du Groupe Intérieur prêtent —, 33 (20) 51 (38); le —a un caractère sacré, 63-5 (48-51); nécessité de changer le mode de vie lorsqu'on s'est lié par un —, sous peine de sanction, 63 (49); un — lie jusqu'à la mort, 65 (51); les membres prêtent — sur leur « Soi Supérieur » , 67 (52); maints détails importants de l'enseignement sont omis que seuls ont le droit de connaître ceux qui étudient la philosophie ésotérique et ont prêté le — de silence, 112 (96).

    « Sermon sur la Montagne » : les préceptes du — ne sont pas mis en pratique, 69 (54-5), 72 (58); la charité pratique dans le — 256 (242); pour être logiques avec eux-mêmes les chrétiens devraient appliquer les préceptes du—à la lettre, 257 (243).

    Sexes : le cycle de vie consciente commence au moment de la séparation des — 211-2 (197-8); les distinctions faites entre les classes sociales, les —, etc. sont des maux sociaux dus à karma, 216 (202).

    Shakespeare, William : citation sur l'illusion de la vie, 154 (139), citation sur l'insignifiance de la naissance, 157-8 (142).

    Shelley, Percy Bysshe : cité à propos de sa croyance à la réincarnation, 157 (142).

    Siècle : absurdité de certaines croyances face aux lumières du XIXème —, 237 (223); au XIXème — l'argent est roi, 280 (267); les Maîtres aident le progrès spirituel de l'humanité au dernier quart de chaque —, 319 (306); ce que pourrait être le XXème — si la tentative théosophique actuelle réussit, 320 (306).

    Sinnett, Alfred Percy : auteur du Bouddhisme ésotérique, 26 (12); contradictions relevées dans certaines conférences de — à propos de karma mais dont H.P.B. explique l'intention, 137 (122); citation de — sur le Soi supérieur, 186-8 (172-4) , 193 (179-80); — cité par Conelly à propos de la loi de causalité éthique, 222 (209), les effets malheureux de la publication du Monde Occulte de —, 287 (274).

    Sinnett, Mrs P. : auteur de Purpose of Theosophy, citation sur karma, 226-7 (212-3).

    Skandha : chaque personnalité nouvelle est l'agrégat de — de l'ancienne personnalité, 93 (77-8); les cinq — du bouddhisme énumérés, 145 (129) (note); les — matériels sont fugitifs, 146 (130); cas d'une servante somnambule où le principe supérieur a agi sur les —, 149 (133); le Catéchisme Bouddhique cité à propos des — qui sont maintenus en cohésion par tanhâ, 149 (134) (note); l'armée des — monte la garde sur le seuil du devachan d'où l'Ego va ré-émerger, 156 (141); les— demeurent comme germes en tant qu'effets karmiques, 170 (154-5); les—et ce qui survit, 191 (177); le sort des — matériels et des — spirituels, 198 (184-5).

    Slade, Henry : victime de sa médiumnité, 207 (195).

    Socialisme : le — de Bouddha et de Jésus, 94 (79).

    Société Théosophique : origine de la devise adoptée par la—16 (2); le but principal des fondateurs de l'École Théosophique Éclectique était l'un des trois de la —, 17 (3-4); J.D. Buck, citation sur l'historique de la — et les doctrines de la — moderne qui n'est pas la première de ce genre , 29-32 (16-19); ce que représente l'affiliation à la —, 32-3 (19-20); l'avantage de se joindre à la —, 34-35 (21-2); la — n'a pas été fondée pour écraser le spiritisme, 45 (32); les temps étaient mûrs pour la fondation de la —, 49 (36); les buts de la — 53-4 (39-40); autres buts de la —, 61-2 (47-8); l'éthique de la —, 62 (48-51); la section Ésotérique de la—, 63 (49) 74 (60); les relations de la —et de la Théosophie, 67 (52) 69-70 (54-7) 263 (250); pourquoi la — est dénigrée, 69 (54); la — est dépositaire de vérités, elle est un canal par lequel se répandent dans le monde des enseignements, 72 (57); la — est l'humble semence de l'Arbre de la Connaissance greffé sur l'Arbre de la Vie Eternelle, 73 (59); les doctrines de la — sont disponibles pour le chercheur sincère, 231-2 (218); différence entre les membres de la—et la Théosophie, 244 (230); la — se garde de prendre part à la politique, 245-6 (231-2); les membres de la — s'efforcent de favoriser le développement social, 246-7 (232-3); la—et les devoirs de famille, 254 (240); cinq manières d'aider le travail de la —, 262 (248-9); clauses prohibitives au sein de la —, 263-6 (249-53); la réaction prévisible des renégats de la —, 266-8 (253-4); les imperfections de la nature humaine et les critiques justifiées à propos de la —, 268-70 (255-6); ce qu'il y a de noble, de très élevé et de très vrai à la base de la —et de sa philosophie, 270 (257); l'attaque de la S. P. R. contre la—, 286 (273); la—enseigne à ne pas croire aux miracles, 286-7 (274); la haine des spirites contre la — et ses Fondateurs, 287-8 (274-5); installation du quartier général de la — à Bombay puis à Madras, 287 (275); l'opposition du clergé envers la — 288-9 (275-6); les comptes rendus de la S.P.R. sur la—, 288-9 (275-6); préjugés et calomnies contre la, 289-90 (277); la — n'a jamais enseigné un précepte immoral ou une doctrine pernicieuse, 291-3 (278-80), situation financière de la —, 293-4 (281), 298-300 (286-7); la — n'a pas de capital ni de dotation, 295 (283); histoire de trois legs destinés à la — mais qui n'ont jamais été reçus, 296-8 (284-5); le sort de la — justifie l'isolement des Maîtres, 303 (290); les Maîtres veillent sur la—et la protègent mais ne la guident pas, 312 (299); la — a donné une impulsion dont certains charlatans en occultisme s'emparent à leur profit, 314-5 (302), l'avenir de la —, 317-20 (304-7); les statuts légaux de la — 325 (309).

    Society for Psychical Research : attaque de la — contre H.P.B. et la S.T., 286-7 (273-4); 287-9 (275-6) 309-10 (296-7); même la—a dû admettre le but non lucratif de la S. T., 294 (281); le rapport de la — est ridicule et renferme en lui-même sa propre condamnation, 309 (296).

    Sociologie : en — se vérifie la loi de causalité universelle, 248 (234).

    Socrate : n'a rien laissé par écrit, 21 (7); les enseignements éthiques de — se retrouvent dans la Théosophie, 62 (49); — et Platon sur les principes dont l'homme est composé, 111 (96).

    Soi : l'infini ne peut être perçu par le — fini, mais l'essence divine peut être communiquée au — spirituel supérieur dans un état d'extase, 23 (10); notre — spirituel est pratiquement omniscient, 42 (29); le — spirituel ne peut manifester sa connaissance en raison des obstacles que lui oppose la matière, 42 (29); le serment au nom du — immortel, 63-5 (49-51); l'invocation au — supérieur ou Dieu intérieur, 64-5 (51); dans certaines branches publiques, les membres prêtent serment sur le — Supérieur, 67 (52); l'appel au — Divin pour guider les pensées et les actions quotidiennes, 67 (52); Krishna représente le — Universel, 83 (68) (note); Âtma-Buddhi-Manai, ou Christos, correspond au —, 87 (71); pour trouver le pouvoir de maîtriser ses passions et son égoïsme, le théosophe se tourne vers son — Supérieur et vers son karma, 89 (73); Bouddha a essayé de montrer la différence qui existe entre le — Supérieur et l'Ego, 96-7 (81) (note); l'Ego qui a gagné sa vie immortelle restera le même — intérieur à travers toute la série de ses renaissances sur la terre, 121 (105); Âtma-Buddhi ou le — Supérieur, 136 (121); l'Ego spirituel n'est pas le —Supérieur, 147 (132-3); A.P. Sinnett, citation sur le — Supérieur, 186-8 (172-4), 193 (179-80), nuances qu'il faudrait faire en utilisant le mot — pour éviter les confusions, 188-9 (174-5); le Dieu au-dedans de nous ou « notre Père qui est dans le secret » est le — Supérieur, 195 (181-2); le théosophe doit maîtriser et vaincre le — inférieur au moyen du — Supérieur, 254 (241); l'éducation moderne inculque l'idée que le — inférieur, personnel et animal constitue l'essentiel et le but de toute la vie, 279 (266).

    Soleil : la Théosophie est comparable au — immuable et éternel, 71 (57); Plutarque, citation sur le — d'où provient l'entendement de l'homme, 113 (97-8); de même que la lune emprunte sa lumière du — ainsi Buddhi reçoit la sienne de la Sagesse d'Âtma, 118 (102) (note).

    Solidarité : la Théosophie insiste sur la — humaine, 247 (233-4).

    Sommeil : la compréhension de ce qui caractérise le — avec ses trois modes permet de mieux appréhender la doctrine du Sûtrâtma, 179 (164); trois modes de— 180 (165); analogie des états de conscience post mortem avec le —, 183 (169); les différentes sortes de rêves et le—, 184 (169-70); la conscience supérieure manifeste une activité pendant le —, 194 (180).

    Somnambulisme : explication sur les talents manifestés en état de —, 42 (29) 147 (131) 149 (133); Sinnett, citation sur le Soi Supérieur et le—, 187 (173).

    Sorcellerie : les occultistes ou les théosophes qui pratiqueraient la prière-volonté dans des buts égoïstes feraient de la magie noire, de la — spirituelle, 84 (68-69); la prière au « Dieu des Armées » avant de passer à l'action pour s'entre-tuer est un petit exercice de —, 84 (69); la — au début de l'ère chrétienne, 97 (82); exemples de — moderne et de — ancienne, 206-7 (194) 307 (294).

    Souffrance(s) : les objectifs les plus importants de la Théosophie sont ceux qui conduisent au soulagement de la — humaine aussi bien morale que physique, 37 (24); pourquoi, si l'on en croit les spirites, la mort ne délivre pas de la —, 162 (146-7); explication des paroles du Maître à propos de la — imméritée, 176 (160-2), la — nationale peut être soulagée, 217-8 (203-4), lettre citée sur la — à Whitechapel, 217-8 (204-5); la douleur et la — sont les résultats de l'égoïsme, 220 (207); La Doctrine Secrète, citation sur la —, 224-5 (211); pour pallier la — nous acquérons finalement la connaissance, 240-1 (226-7); la — des masses face au luxe matériel de certains, 247-8 (233-4); le Père Darnien et son sacrifice pour soulager la — des lépreux, 252 (238-9).

    Souvenir : le —, le rappel à la mémoire et la réminiscence, 140 (124-5); les personnes âgées ont des difficultés à se —, 143 (127); le — des vies passées, 145 (130-2); l'homme ne conserve aucun — de ses fautes antérieures, et peut avoir le sentiment de ne pas mériter la punition qu'il subit, 176 (161-2), les Bouddhas et les Initiés ont le — de leurs vies passées, 179 (164); le — spirituel de l'ex-personnalité en devachan, 191 (177-8). (Voir aussi « Mémoire » , « Réminiscence » , « Rappel à la mémoire » .)

    Spirite(s) : explications théosophiques sur les phénomènes des —, 40 (27-8); « M.A. Oxon» est un des rares — ayant une disposition philosophique, 44 (31), 168 (152); les objections absurdes des — dans la revue Light, 137 (122); il se peut que les — n'éprouvent aucune sympathie pour nos doctrines 161 (145); les — pensent que les « esprits » restent conscients de ce qui se passe sur terre, 162-3 (146-7); description du « Summerland » des —, 185 (171); les « esprits » coques et élémentaires trompent les —, 204 (191); les — ne tiennent pas compte des pouvoirs de l'Esprit incarné, 209 (196); pourquoi les — haïssent la Théosophie depuis qu'elle existe, 287-8 (274-5), The Light of Egypt est un ouvrage écrit par des — contre la Théosophie, 315 (302).

    Spirit Identity : par « M.A. Oxon », citation sur l'indestructibilité de l'esprit humain, 168 (152).

    Spiritisme : la théurgie était l'aspect transcendant de ce que l'on appelle le —, 16-7 (2) (note); le — manque de méthode, 35 (22); différence entre la Théosophie et le —, 39-46 (27-33); les théosophes croient au — psychique et spirituel, 40 (28); le deus ex machina des matérialisations, 41 (28); le — n'a pas de philosophie, 44 (31); « M. A. Oxon » , citation sur le —, 44 (31-2); le — moderne est tout simplement du matérialisme transcendantal, 46 (33); les trois propositions de « M.A. Oxon » , citation, 168-9 (153); le Spiritualisme véritable et le — moderne, 205-6 (193); la plupart des phénomènes du — moderne font partie de la nomenclature de la sorcellerie d'antan, 206 (194); il faut juger l'arbre du—à ses fruits, 208 (196); « M.A. Oxon » , citation sur le — qui ne tient pas compte des pouvoirs de l'Esprit incarné, 209 (196).

    Statut : le — légal de la Société Théosophique, 325 (309).

    Sthûla sharîra : est le rûpa, corps physique, 107 (91); se désintègre après la mort, 143 (128).

    Sthûlopâdhi : est le corps physique à l'état de conscience de veille, 133 (117-8).

    Subjectif(ve)(s) : les spirites communiquent par des moyens purement —, 40 (27); l'esprit en nirvâna est devenu « Aucune Chose » pour les intelligences —, 131 (116); le devachan n'est qu'une continuation idéalisée et — de la vie terrestre, 171 (156), ce qui est — pour les sens de l'homme extérieur est parfaitement objectif pour l'ego intérieur, 196 (182).

    Subjectivité : l'Univers émane du plan de la —, 99-100 (83-5); l'espace, comme un tout, a sa propre objectivité et sa propre —, 104 (88-9).

    Substance : la — de l'âme humaine est émanée de la matière-Esprit primordiale, 122 (106); l'Esprit et la matière sont les deux pôles opposés de la — universelle manifestée, 233 (219-20).

    Suggestion : la — est utilisée dans les cures mentales, 89 72-3); la — est une des formes de l'hypnotisme, 304 (290-1); utilisation de la — par des dugpa, 306 292-3).

    Suicide : le—est dû à un trouble morbide du cerveau ou à des idées matérialistes trop fortement ancrées, le pire des crimes, 241-2 (227-8); la foi aveugle est un — intellectuel, 261 (247).

    Sui generis : le Système Solaire et la Terre sont —, 101 (85-6). (Voir aussi « Programme » .)

    Sûkshmopâdhi : le corps physique dans le svapna ou état de rêve, 133 (117-8).

    Sumangala, Rév. H. : citation dans laquelle le — approuve les enseignements du Cathéchisme Bouddhique, 145 (129).

    Summerland : les croyances spirites à propos du — sont inacceptables, 165 (149-50), le — est une conception matérielle de la vie future, 185 (171).

    Superstition : les hommes « les plus cultivés et instruits » considèrent le christianisme et les autres religions comme des vestiges de l'ignorance et de la —, 39 (26-7); Gautama le Bouddha porta un coup mortel à la—,96 (80-1); la foi basée sur l'autorité n'est que crédulité et — humaine, 234 (220-1).

    Surnaturel : notre devoir est de nous opposer à la croyance à quoi que ce soit de —, 62 (48); il n'y a rien qui soit — au-dessus ou au-delà de la Nature, 304 (290-1).

    Sûtra de l'établissement du Royaume de la Justice (Dhamma-chakka-ppavatana sutta) : les commentateurs modernes du — ont embrouillé la pensée du Bouddha, 129 (113-4).

    Sûtrâtma : le — est l'Âme-fil, 178 (163); les fleurs passées et futures ont fleuri ou fleuriront sur la branche-mère ou—, 181 (167); le—ou Ego ne recueille que le nectar des qualités spirituelles et de la soi-conscience, 182 (168); la personnalité d'un matérialiste égoïste n'a rien à accrocher au —, 184 (169-70).

    Sûtrâtma-Buddhi : le — distinct de Manas-Sûtrâtma, 181 (167).

    Svapna : état de rêve, 133 (118).

    Swedenborg : pris pour un grand sage, 35 (22), et la "mort spirituelle", 202 (189).

    Symbole(s) : la perversité des hommes fut à l'origine de la perversion des —, 25 (12); les—de la Religion-Sagesse permettent de comprendre ce que représente Christos, 83 (67) (note); le « Vigneron » de la parabole est Âtma, le — du Principe infini, impersonnel, 200 (187); il y a sept clefs à chaque —, 200 (187) (note).

    Symbolisme : le — universel est garant de l'exactitude de l'interprétation de la parabole de la Vigne et du Vigneron, 200-1 (187); le culte phallique provient d'une interprétation littérale du—de la Nature 292 (279). (Voir aussi « Allégorie » ).

    Système(s)) : les — religieux étudiés à l'École d'Alexandrie devaient permettre de tirer un seul — harmonieux, 18 (4) (note); beaucoup de personnes ont la conviction qu'il doit exister un — philosophique et religieux qui soit scientifique, 48 (35); la philosophie aryenne est représentée dans les — védantique et bouddhique, 57 (43-4). (Voir aussi « Credo » , « Religion » ).

    Système solaire : le — est sui generis c'est-à-dire possède son propre programme, 101 (85-6).

    Suite de l'Index

    Index : A-H  --   I - S

    Index --  T - Z  --

    Taijasa : est littéralement le radieux, 151 (135-6); ne peut exister séparé de Buddhi, 174 (159) , la condition de — n'est qu'un phénomène transitoire, 175 (159-60).

    Tanhâ : est le désir inassouvi de l'existence, 149 (134) (note).

    Tao Tê King : le — cité à propos de l'homme composé de cinq principes, 133 (117).

    Târaka Râja Yoga, École du : cité à propos des trois « principes » dans l'homme, 133 (117-8).

    Taylor, Thomas : 234 (221). Telein : citation de Plutarque, 114 (98).

    Teleutan : citation de Plutarque, 114 (98).

    Ténèbres : La Lumière de l'Asie, citation sur « les — ne s'éclairciront point » , 87 (71); Évangile selon st Jean, citation sur la lumière et les —, 101 (85); la lumière serait incompréhensible sans les —, 127 (112).

    Terre(s) : la — a son propre programme de manifestation, 101 (85-6); la — fait partie d'une chaîne de sept —, 103-4 (88-9); Plutarque, citation sur la — qui fournit le corps à l'homme, 113 (97-8); la lune emprunte sa vie à la —, 118 (102); Philon le Juif, citation sur les âmes qui descendent sur —, 127 (111); le Zohar, citation sur les âmes qui descendent sur —, 128 (112-3); il n'y a pas de punition ailleurs que sur cette —, 153 (138); la—est le plan et le lieu pour l'expiation des fautes, 156 (141).

    Théodidaktos : Ammonios Saccas fut appelé —, 17 (3) (note).

    Theogonia : signifie la généalogie des dieux, 15 (1).

    Théologie : la pseudo — des différentes Églises chrétiennes, 48 (35); le Dieu de la — est un amas de contradictions, 77 (61); la — est illogique en ce qui concerne l'omniscience de Dieu et son pouvoir créateur, 92 (76-7); les spéculations non philosophiques de la — empruntées aux systèmes exotériques grec et égyptien, 110 (94); différence entre la Théosophie et la—au sujet de la relation entre l'Ego spirituel et le soi inférieur, 170 (155); la — a dénaturé la doctrine du devachan et de l'Ego qui se réincarne, (185).

    Théosophe(s) : les — appartiennent à diverses écoles de philosophie religieuse, 18 (4); les— d'Alexandrie, 19-20 (5-6), 21 (7-8); « est — celui qui pratique la Théosophie ,  33 (20); les véritables — font partie du Groupe Intérieur, 33 (20); on peut être un très bon — à l'intérieur ou en dehors de la Société, 38 (24-5); les idéaux des véritables —, 37-8 (24-5), 67-8 (52-3); les — et les clubs nationalistes, 59 (45); la difficulté pour les — occidentaux nés en milieu chrétien de mener la vie théosophique, 71 (56); les — ne sont pas des athées car ils croient en un Principe Universel, 79 (63); les — ne prient pas mais agissent au lieu de parler, 82 (66); le — trouve le pouvoir de maîtriser ses passions et son égoïsme en se tournant vers son Soi Supérieur et vers son karma, 89 (73); certains — critiquent l'imprécision des termes employés dans la littérature théosophique, 186 (172), attitude des — envers le spiritisme, 204-5 (192), 208 (196); aucun — n'a droit à ce nom s'il n'agit pas et ne règle pas sa vie sur la nécessité d'agir, 244 (230); chaque — doit faire son possible pour aider tout effort social raisonnable visant à l'amélioration de la condition des pauvres, 249 (235); le Père Damien cité comme un exemple de véritable —, 252 (238); les — peuvent contribuer à l'amélioration des conditions du monde par la propagation de la Théosophie et leur exemple individuel, 259-62 (245-8); le — doit avant tout oublier sa personnalité, 263 (249); nul — ne doit garder le silence lorsqu'il entend des médisances ou des calomnies, il n'a pas le droit de croire au mal sans preuve irrécusable, 263-4 (250); le — ne doit jamais oublier de faire la part des faiblesses de la nature humaine et doit pardonner surtout si c'est lui l'offensé, 264 (251); le — doit appliquer la justice en suivant ce que sa conscience et sa nature supérieure lui suggèrent, 264 (251); nul — ne doit mener une vie oisive, 264-5 (251); nul — ne devrait placer sa vanité au-dessus des intérêts de la S.T., 265 (252); le reproche adressé aux chrétiens est valable pour les —, 268-9 (255); certains auteurs — ont prétendu être inspirés par les Maîtres, 313 (300); les meilleurs — auraient préféré que le nom des Maîtres ne soit jamais mêlé aux livres théosophiques, 313 (300). (Voir aussi « Membres de la S.T. » .)

    Theosophia : ou la sagesse des dieux, 15 (1); la—est comparée au soleil de la vérité éternelle, 73 (58).

    Theosophical Miscellanies : publié en 1856, citation extraite de La Théosophie de J.D. Buck, 29-30 (17).

    Theosophical Publishing Company : la — de Londres, citée, 300 (287).

    Theosophical Society, The : voir « Société Théosophique » .

    Théosophie: définition de la—et du mot Theosophia, 15 (1); origines historiques de la —, 15-6 (2); définition de la — éclectique, 16 (3) (note); le mot — est l'équivalent du sanskrit Brahma Vidyâ, 16 (2) (note); la — moderne rejette les dégénérescences de la théurgie, 16 (3) (note); le but de la— est de réconcilier toutes les religions en montrant leur origine commune, 17-8 (4-5); définition de la — selon le Dictionnaire de Webster, 23 (9-10); la — est aussi vieille que le monde, 25 (11); la vraie — pour les mystiques est l'état décrit par Apollonius de Tyane, 24 (11) (note); la véritable — a toujours été tenue secrète, 25 (12); la — n'est pas le bouddhisme mais la Religion-Sagesse ou Boudhisme, 26-8 (12-5); Buck, citation sur l'essence réelle de la —, 29-31 (16-18); la — est divisée en section exotérique et section ésotérique, 32 (19); il n'existe aucun livre qui puisse révéler en langage clair les secrets de la — médiévale, 34 (21); la — a plusieurs objectifs, 37 (24); différence entre la — et l'Occultisme, 38 (25); on commence à croire à la—,39 (26); l'occultiste pratique la — scientifique, 40 (27); la—et le spiritisme, 40-5 (27-33); la — est le spiritualisme pur et véritable, 46 (33); cinq raisons mentionnées qui expliquent pourquoi la — soulève tant d'intérêt et tant d'animosité, 48 (35-6); la — n'est pas une révélation, 49 (36); raisons pour lesquelles le progrès de la — est si lent et si pénible, 50 (37); seule la — peut éliminer la perversité de la doctrine « œil pour œil, dent pour dent » , 54 (40-1); différence entre la—et la S.T., 68-72 (53-7), 263 (250); la — est l'océan sans rivages de la vérité, de l'amour et de la sagesse universels, la — est la nature divine, visible et invisible, la — est comparable au soleil immuable et éternel, 71 (57); la — est ici-bas comme la lumière blanche du spectre solaire, 73 (58); les enseignements bouddhiques sont comparés à ceux de la — à propos de l'ego individuel et des skandha, 93-8 (77-82); les témoignages accumulés d'une lignée sans fin de Voyants attestent les faits que la — enseigne, 102 (86-7); en — il n'y a pas deux croyances ou deux hypothèses sur le même sujet, 103 (87); la — fait une distinction entre l'individualité et la personnalité, 149-52 (134-8); termes précisés pour une meilleure compréhension de la —, 186-90 (171-6); la — montre la présence de ses doctrines dans l'Évangile selon St Jean, la Cabale, .le Codex Nazaræus, etc., 199-200 (186); la—est la science des Adeptes, 231-2 (217-8); la — fait appel à la foi basée sur la connaissance des faits de la nature et non à la foi aveugle, 232 (218-9); l'enseignement de la — a pour base la logique et la raison les plus strictes, 236 (222); la — pratique, 241-5 (227-31); la—est la quintessence du devoir, 243 (229); la — nous rapproche plus du bien que le christianisme moderne, 244 (230); les membres de la S.T. sont d'accord sur les principes de la — mais ils peuvent suivre leur ligne individuelle de conduite sur toutes les autres questions, 246 (232); les « quatre anneaux de la chaîne d'or » sont les principes de la —, 247 (233); la — insiste sur la solidarité humaine, 248 (234); avec la — on peut appliquer un critère pour discerner le bien-fondé d'une action sociale, 249 (235); l'idéal le plus élevé de la — est l'abnégation, 251 (237); une des règles fondamentales de la — est la justice envers soi-même, en se considérant comme une unité de l'ensemble de l'humanité, 251 (238); la — enseigne l'abnégation mais pas le sacrifice inutile et ne justifie pas le fanatisme, 253 (240); la — pour les masses, 259-62 (245-8); l'éducation moderne rend difficile la compréhension de la —, 259 (246); l'excellence et la valeur intrinsèque de la — sont prouvées par le nombre croissant de ses ennemis et adversaires nouveaux, 261 (247-8); H.P.B. insiste sur la différence à faire entre la—et la S.T., 263 (250); un peu de — pratique ferait plus de bien aux pauvres masses souffrantes qu'une information inutile due au système scolaire, 277 (264); la — est l'objet d'une persécution acharnée, 284 (272); les adversaires « silencieux » de la —, 284-5 (272); dès le début le monde n'a rien vu d'autre dans la — que certains phénomènes merveilleux, 286 (273-4); la — est apparue comme l'ennemi public du clergé, 288 (275); la S.P.R. contre la S.T., ses fondateurs et la —, 287-92 (275-9); l'âme de la — est cent pour cent contre le culte phallique, 293 (280); la Fondatrice n'a jamais tiré d'argent de la—, 296 (284); la —ne s'achète pas, 298 (286), l'enseignement de la—sur les Mahâtmas Théosophes; 301-16 (288-303); la — est synonyme de Vérité Eternelle, 317 (304); les bienfaits de la — au XXème siècle si la S.T. reste fidèle à son programme, 317-20 (304-7); Alexander, citation du rapport officiel d'un tribunal américain donnant une définition de la —, 325-6 (309); expliquant l'un de ses objets, 327 (310); la plaçant sur un pied de respectabilité, 328 (311).

    Theosophist, The : citation sur la nécessité de se prendre en main, 68 (53); le système théosophique fut d'abord ébauché dans la revue —, 75 (60); est la seule revue qui laisse un bénéfice, 299 (287).

    Thérapeutes : ou guérisseurs égyptiens, 18 (5).

    Théurgie : le travail divin pratiqué par les théosophes éclectiques, 16-7 (2-3); la — divine authentique exige pureté et sainteté de vie, 16 (3) (note); il n'existe de nos jours aucun livre révélant les secrets de la —, 34 (21).

    Thumos : ou kâmarûpa, 111 (96); Plutarque, citation sur— ou l'âme animale, 113 (97).

    Timée: de Platon, cité, 108 (92).

    Timée de Locres : cité à propos de l'origine de l'âme, 121 (105-6).

    Tolstoï, comte Léon : cité en exemple à propos de la pratique des préceptes chrétiens, 257 (243).

    Traditions : voir « Légendes ».

    Transfiguration : la fusion de la conscience personnelle dans la conscience immortelle de l'Ego est une — divine, 110 (94).

    Transmission de la pensée : voir « Mental » .

    Transmutation : la prière et le procédé de la — spirituelle, 84 (68).

    Triade : l'homme intérieur immuable de Platon correspond à la — supérieure de la Théosophie, 108 (92); Plutarque cité à propos de la —,113 (97); l'homme considéré comme une — n'est pas composé de trois entités, 115-6 (100); la seconde mort commence lorsque la — Âtma-Buddhi-Manasique se sépare de ses principes inférieurs, 159 (143-4); les désirs animaux ne peuvent s'associer à la — divine, 198 (184).

    Trinité : Christos est une —, 83-4 (67-8) (note); tant qu'il est emprisonné dans le corps, l'homme est une —, 124 (108).

    --  U  --

    Unique-Engendré, l': voir « Adam Kadmon » .

    Univers : la Théosophie dans son sens abstrait est l'agrégat des connaissances et de la sagesse qui sont à la base de l'—, 71 (56); l'— n'est pas créé mais élaboré, 81 (65), 100 (84-5); les apparitions périodiques et successives de l'—, 99 (83-4); il y a sept plans et sept états de conscience de l'—, 105 (90); le Logos dans l'— et dans l'homme, 111 (95); prâna pénètre l'être entier de l'— objectif, 190 (176); l'— entier n'est qu'une illusion passagère, 192 (178); la nécessité du passage de l'Esprit à travers toutes les expériences de l'—différencié, 197 (183); l'— est édifié sur une loi parfaite d'équilibre et d'harmonie, 202 (189); karma est la loi ultime de l'—, 215-6 (201-2); l'— et ses merveilles n'auraient pu naître sans l'aide de pouvoirs intelligents, 235 (221).

    Un Seul et Unique, l' : les Égyptiens révéraient — sous le nom de Nout, 110 (94-5).

    --  V  --

    Vacchagotta : entretien du moine — avec le Bouddha sur la permanence ou la non-permanence de l'Ego, 96 (81).

    Vallabhâchârya : secte citée à propos du culte phallique, 292 (280).

    Vedâna : une catégorie de skandha correspondant à la sensation, 145 (129) (note).

    Vedânta : le — et l'homme composé de cinq principes, 132-3 (117).

    Vedânta-Sâra : le — cité à propos de la loi spirituelle de continuité, 173 (158).

    Végétarisme : la Théosophie et le —, 273 (260-1).

    Vérité(s) : « II n'y a pas de religion au-dessus de la — » , 16 (2); la perversité de la nature humaine et son égoïsme sont la cause de la perversion des —, 25 (12); c'est un besoin de — qui a suscité la fondation de la S.T., 49 (35-6); il y a une — à la base de toutes les religions, 59 (45-6), 72 (58); la Théosophie est l'océan sans rivages de la —, 71 (57); la S.T. est le canal par lequel un fragment de — est répandu dans le monde, 72 (57); le soleil de la — est le symbole de la Théosophie, 73 (58); Javidan Kherad, citation sur la — qui est de deux sortes, 74 (59); seuls ont été enregistrés comme — établis les témoignages concordants d'une multitude d'expériences, 102 (86-7); tout est illusion en dehors de la — éternelle, 164 (148); la seule réalité est le moment où le pèlerin désincarné se trouve face à face avec la —, 182 (167); la — est une, 204 (192); la perception naturelle de la—se trouve paralysée par l'éducation, 259 (246); les membres actifs de la S.T. désirent savoir la — par leur propre expérience personnelle, 272 (259); la Théosophie est synonyme de — éternelle, 317 (304), le nouveau porteur du flambeau de la — au XXème siècle et le rôle de la S. T. dans cette perspective, 320 (307).

    Viande : les effets d'un régime carné, 273 (260-1); si un homme ne peut se passer de — il peut en manger, ce n'est pas un crime, 274 (260-1).

    Vie(s) : le bouddhisme du Sud nie toute — consciente post mortem, 28 (14); la S.T. est l'humble semence de l'Arbre de la Connaissance greffé sur l'Arbre de la — éternelle; la périodicité de l'univers ou le « Cycle de vie » , 100 (84), 126 (111); la — est le principe vital ou prâna, 107 (91), 133 (118), 190 (176); la — est le souffle ou le nephesh des cabalistes, 112 (96); Dieu ne peut être limité, car la forme d'une entité est limitée à son cycle de —, 123 (107); le double astral est le véhicule du principe de —, 136 (121); les Mânasaputra sont des entités pensantes provenant du cycle de — précédent, 154 (138) (note); Shakespeare, citation sur la — qui n'est qu'une fable, 154 (139); le fantôme a une — d'emprunt dans l'aura du médium, 160 (144-5); les Nirmânakâya restent dans la — astrale, 167 (151); les spirites croient à une — qui peut être indépendante du corps physique, 168 (153); pour le matérialiste, l'intervalle entre deux — est comme un sommeil sans rêves, 176 (162), vision, au moment de la mort, de la — qui s'achève et avant la renaissance de la — qui attend l'Ego, 176 (162-3); la —post mortem, 182 (167-8); la réalité est la — universelle, 183 (169); les notions des Occidentaux relativement à la—et à la mort sont trop étroites et grossières, 185 (170-1); dans le symbolisme de la Cabale, le Cep représente la —, 201 (187); le reflet idéal de la — personnelle et l'état dévachanique, 203 (190); les Voyants et les grands Adeptes peuvent voir les péchés des — passées, 215 (200-1); La Doctrine Secrète, citation sur l'énigme de la — expliquée par karma, 224 (211); aucun homme n'atteint en une seule — l'Adeptat dans les Sciences Secrètes, 231 (217); nombreux sont les hommes attirés par la — Supérieure mais qui restent pris par les appâts trompeurs du monde, 231 (217-8); les expériences de la — sont nécessaires au progrès, 240 (226-7); la — quotidienne du vrai théosophe devrait être un centre d'action spirituelle, 249 (236); cette — peut être une porte d'or menant vers la réalisation, 251 (237); nul théosophe ne devrait mener une — oisive, 264-5 (251).

    Vie terrestre : chaque — est semblable à une soirée passée sur la scène d'un théâtre, 47 (34); Sinnett, citation sur la possibilité de retour prématuré à la —, 137 (122); l'essence de la — conservée en devachan, 148 (132), 175 (160); le devachan est la récompense des douleurs endurées pendant la—, 164 (148), 176 (161); la croyance illogique en « une seule  — » , 171 (155-6); le devachan est une continuation idéalisée et subjective de la —, 172 (156); l'Ego en devachan et la continuation des souvenirs de la —, 191 (177).

    Vigne, Vigneron : dans st Jean, Hermas, la Cabale, etc. , 200-1 (187-8).

    Vin : le symbolisme du — dans la Cabale, 200 (188); le—a une influence directe bien marquée et très nuisible sur l'état psychique, 275 (262).

    Viññâna : une catégorie de skandha correspondant aux pouvoirs mentaux, 145 (129) (note).

    Vision(s) : la sagesse a été révélée à Ammonios Saccas en songe et par des —, 17 (3); témoignages accumulés attestant les faits par les— spirituelles d'une lignée sans fin de Voyants, 102 (86-7); la réminiscence et les —, 141 (125); la — au moment de la mort et avant la renaissance, 177 (162-3); différentes sortes de rêves et de — pendant le sommeil, 179 (164), 185 (171); la — de l'acteur en devachan, 198 (185); le pouvoir de — est limité sauf pour ceux qui ont atteint le plus haut degré de — spirituelle et de clairvoyance, 229 (215).

    Volonté : la prière et la —, 82 (66-8); la détermination de notre — sur nos actions, 196 (182); l'objectif de l'éducation véritable devrait être entre autres de fortifier la—, 278 (265).

    Voyant(s) : certains — ont capté de merveilleux aperçus sur les secrets cachés de la Nature, 36 (23); la S. T. est dépositaire de toutes les vérités énoncées par les grands —, 72 (57); les témoignages accumulés d'une lignée de—, 102 (86-7); seuls les — et les Adeptes peuvent connaître le karma passé, 215 (200-1); les — et les Initiés peuvent connaître les détails du fonctionnement de la loi de karma, 229 (215); la Théosophie est un témoignage direct des —Initiés, 232 (218-9). (Voir aussi « Mystiques » .)

    Vox Dei : vox populi n'est plus —, 255 (242).

    --  W  --<o:p></o:p>

    Walker : E.D. : Reincarnation, a Story of Forgotten Truth par— recommandé par H.P.B., 147 (132), citation sur karma, 223 (209).<o:p></o:p>

    Wheel of the Law : 213 (199).<o:p></o:p>

    Whitechapel : lettre décrivant la misère à—, 218 (204-5); les missionnaires feraient mieux de s'occuper de la misère morale de —, 252 (239); les résultats malheureux d'une charité prodiguée dans —, 257 (244).

    Wilder, Alexander : Eclectic Philosophy par —, citation, 16-7 (2-4) (notes); citation sur les Esséniens, 23 (9); citation sur l'extase, 24 (11) (note); introduction aux Mystères d'Eleusis de Thomas Taylor, citation, sur la foi sacrée, 234 (220-1).

    Wordsworth, William : citation sur notre naissance qui n'est qu'un sommeil, 141 (125).

    --  Y  --

    Yoga : l'extase pratiquée par les philalèthes s'apparente à la pratique indienne du—, 17(3) (note).

    Yogis : le samâdhi pratiqué par les —, 24 (10); en Asie est encore préservé le secret des — qui pratiquent l'art de « vivre dans la mort » , 37 (24); les — appellent la mémoire de toute la série des vies passées sammâ-sambodhi, 179 (164).

    --  Z  --

    Zénobie : 21 (7).

    Zohar : le — cité à propos d'une interprétation littérale, 35 (22); le — citation sur l'âme qui se réincarne, 123 (107-8), 127-8 (111-3); le — citation sur le symbole du Roi-Messie et du Vin, 201 (187-8).

    Zoroastre : les enseignements de — se retrouvent dans la Théosophie, 62 (49).


    Achevé d'imprimer en décembre 1993
    sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery
    58500 Clamecy
    Dépôt légal : décembre 1993
    Numéro d'imprimeur: 310039


     





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