• Gorsedd de
     
     
     
     
    Bretagne


    Le 3ème Grand Druide de Bretagne Yves Berthou

     


    La Gorsedd de Bretagne, de son nom complet Breudeuriezh Drouized, Barzhed hag Ovizion Breizh (en français : Fraternité des druides, bardes et ovates de Bretagne) est une association loi de 1901 créée en 1899 sur le modèle de la Gorsedd des bardes de l'Île de Bretagne (Gorsedd Beirdd Ynys Prydain, en gallois).

    Étymologie
    Gorsedd (au pluriel, gorseddau) signifie en gallois « trône » puis par extension « assemblée ». Le correspondant breton, Goursez, est utilisé au féminin comme en gallois, il est d'usage d'écrire la Gorsedd.

    Création
    La Gorsedd de Bretagne a d'abord été une association de fait réunie à Guingamp pour la première fois en 1900. Elle a été créee comme une branche ou une filiale de l'institution équivalente du Pays de Galles. Elle a en effet reçu l'autorisation spéciale du Grand Druide gallois Hwfa Môn lors de l'Eisteddfod de Cardiff en août 1899. La même autorisation de constitution a été donnée au Gorseth de Cornouailles britannique créé en 1928.
    La « Gorsedd des bardes de l'Île de Petite Bretagne » n'a été déclarée en préfecture qu'en 1908, la parution au Journal officiel intervenant le 23 novembre (source : règlement intérieur de 1926).
    Jean Le Fustec, ayant reçu son titre de barde au pays de Galles, devint le premier Grand Druide de Bretagne. Le titre de druide est conféré depuis 1927 aux bardes et ovates qui sont impliqués dans l'organisation.

    Doctrine
    L'originalité de l'institution néodruidique bretonne, à l'instar de sa société mère galloise, est de ne pas se positionner comme une religion ou une philosophie particulière, car ses membres ont la liberté de pensée. Les druides ne jouent en aucun cas le rôle d'un clergé et la croyance en Dieu n'est plus obligatoire, alors qu'elle était requise dans le règlement de 1928.
    Avec un G majuscule, la Gorsedd désigne l'institution néodruidique - l'association des druides, bardes, et ovates - sinon, il désigne l'assemblée de ces bardes. On utilise parfois en breton le mot Goursez comme équivalent du gallois Gorsedd.
    La Villemarqué et plusieurs des ses compagnons, ont été les premiers Bretons reçus au Pays de Galles à l'Eisteddfod d'Abergavenny en 1838. La Gorsedd fait sienne également la filiation traditionnelle des chanteurs et conteurs populaires de Bretagne, tradition remise à l'honneur par Ti Kaniri Breiz, d'abord indépendante, puis section de la Gorsedd pour la promotion du chant traditionnel et la composition de chants nouveaux.
    Le terme de barde est, dans l'esprit des promoteurs du XIXème et du XXème siècle, entendu comme générique, parce que, supposant une inspiration spirituelle, c'est pourquoi la Breuriez Breiz, puis la Gorsedd sont souvent désignés en français comme "le collège bardique" ou le "collège des bardes", traduits en breton "Skol Veur ar Varzed", surtout avant 1940. Le fait de réunir et faire coopérer les bardes est aussi appelé le "bardisme".

    Il faut distinguer le druidisme des Celtes de la protohistoire et le néodruidisme contemporain, créé au XVIIIe siècle. Selon Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, il n'y a pas de « filiation traditionnelle remontant aux druides de l'antiquité». Le point de vue de certains bardes est différent, celui notamment du cinquième grand druide de la Gorsedd, Gwenc'hlan Le Scouëzec, décédé en 2008. Ce point de vue n'est absolument pas démontré historiquement, ni étayé par des travaux scientifiques. Per Vari Kerloc'h, sixième Grand Druide sous le nom de Morgan, entend se placer sur le plan du symbolisme à l'instar de certains courants de la franc-maçonnerie qui tracent leur origine depuis le temple de Salomon.

    Objectifs et fonctionnement
    La Gorsedd déclarait, à sa fondation, « se consacrer à l'étude, à la conservation et au développement des Arts et de la Littérature et des Traditions celtiques ».
    Tous les ans a lieu la cérémonie publique en breton du Gorsedd Digor (Gorsedd ouvert ou Assemblée ouverte), le 3e dimanche de juillet. A cette occasion sont reçus les nouveaux membres en présence de délégations du Pays de Galles et de la Cornouailles britannique qui prennent aussi la parole dans une de leurs langues.
    Une condition impérative pour être membre actif est de connaître le bretonou de l'apprendre... et l'admission n'a lieu qu'après deux années de probation comme "disciple" au minimum.
    Les non-brittophones peuvent être investis comme bardes d'honneur et il n'est pas nécessaire d'être breton pour être admis.
    Tous doivent revêtir, lors de la réunion annuelle du Gorsedd digor, une saie de la couleur correspondant à leur dignité : blanche pour les druides, bleue pour les bardes et verte pour les ovates.
    Le règlement intérieur, rédigé en breton et souvent amendé, définit les principes généraux et les règles de fonctionnement interne. Il inclut aussi la liste des objets rituels constituant le "trésor de la Gorsedd" et une description des rites à accomplir pour le Gorsedd digor et les autres cérémonies. Il est généralement complété par la liste des membres.
    Une explication de la stabilité, malgré des périodes d'endormissement, est le système de cooptation par lequel les membres du comité dirigeant (le Poellgor) sont d'abord élevés à la dignité de druide, avant d'être éventuellemnt appelés à en faire partie, et n'en sortent volontairement que par la démission.
    Aujourd'hui, la Gorsedd réunit des hommes et des femmes résidant, pour la plupart, sur le territoire de la Bretagne historique et désireux de chercher dans trois directions la fraternité, la spiritualité et la nationalité (déclaration de la Gouesnière, 1983).

    Positionnement philosophique
    La Gorsedd de Bretagne se définit comme une société de pensée humaniste non dogmatique. L'admission y est mixte. La croyance ou non en un ou plusieurs dieux ou déesses, est laissée à l'appréciation individuelle de chaque membre, la Gorsedd ne professant aucune vérité sur ce point.

    La Gorsedd réunit des hommes et des femmes aux parcours différents. Elle compte ainsi des membres d'origine ou de culture athée, agnostique, chrétienne, musulmane ou juive.

    La Gorsedd de Bretagne a condamné l'utilisation des symboles celtiques par l'extrême droite (Déclaration d'Imbolc, 1988), condamnant du même coup le racisme et l'antisémitisme. Elle a également donné sa pleine et entière adhésion à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948.

    Ces évolutions ont été formalisées par Gwenc'hlan Le Scouëzec et confirmées par son successeur.
    Les Grands Druides de Bretagne
    * Jean Le Fustec (Lemenik) de 1900 à 1903.
    * Yves Berthou (Kaledvoulc'h) de 1904 à 1932.
    * François Jaffrennou (Taldir) de 1933 à 1955.
    * Pêr Loisel (Eostig Sarzhaw) de 1956 à 1980.
    * Gwenc'hlan Le Scouëzec (Gwenc'hlan) de 1981 à 2008.
    * Per Vari Kerloc'h (Morgan) depuis 2008.

    Les membres de la Gorsedd de Bretagne les plus célèbres
    Membres actifs

    * François Éliès (Abeozen)
    * Auguste Bocher (Ar Yeodet)
    * Jean Choleau (Yann Kerper)
    * Charles Cotonnec (Pareour)
    * André Degoul (An Hader)
    * Joseph Duchauchix (Ar Meneziad)
    * Léon Durocher (Kambronikor)
    * Émile Ernault (Barz ar Goued)
    * Gaston Esnault (Kistinen-Vor)
    * Paul Diverrès (Tangwall)
    * François Jaffrennou (Taldir)
    * Yvonne Galbrun (Erwanez)
    * Francis Gourvil (Barr Illio)
    * Jules Gros (Ab Alan)
    * Loeiz Herrieu (Barz Labourer)
    * Paul Ladmirault (Oriaf)
    * Anatole Le Braz (Skrêo ar Mor)
    * Léon Le Berre (Ab Alor)
    * Philéas Lebesgue (Ab Gwenc'hlan)
    * Paul Le Flem
    * Charles Le Goffic (Ene ar garantez)
    * Hervé Le Menn (Herveig Penleo)
    * Yves Le Moal (Dir na Dor)
    * Jef Le Penven
    * Georges Le Rumeur (Mathaliz)
    * Gwenc'hlan Le Scouézec (Gwenc'hlan)
    * Régis de l'Estourbeillon (Hoel Bro-Erek)
    * André Mellac (Gwenedour)
    * Pierre Mocaër (Gwas Eussa)
    * Léon Palaux (Mab Armor)
    * Charles Picquenard (Barz Melen ab Ronan)
    * René Quillivic (Men kalet)
    * Lionel Radiguet
    * Alan Stivell
    * François Vallée (Ab Herve)

    Bardes d'honneur
    * André Dezarrois
    * Pierre Fontan
    * Jacques Heugel
    * Jules Le Bozec
    * Charles Le Goffic (Eostik ar Garante)
    * Marie-Louise Le Manac'h, titrée Lady Mond
    * Sir Robert Mond
    * Maurice Marchais
    * Alphonse Rio

    Relation avec la Franc Maçonnerie:
    Fondation des rites forestiers:
    Quelques années auparavant, un groupe de chercheurs en maçonnerie avait commencé une compilation des restes des héritages maçonniques forestiers des années 1745 à 1789.

    Les rituels sélectionnés furent les plus anciens (1747) afin de ne pas remettre en fonction des rituels christianisés ultérieurement. Ces premiers rituels forestiers, comme le rituel de la Société des fendeurs du chevalier de Beauchaîne contenaient des initiations collant au plus près à des mystères forestiers de fendeurs, de charbonniers et de forgerons ; initiations de métiers se perdant dans la nuit des temps pré-chrétiens.

    Un travail de remise en forme de rituels forestiers anciens, comme les formes rituelles païennes de 1747, fut entrepris.

    En Bretagne, le 1er novembre 1993, des francs-maçons de plusieurs obédiences se réunirent et fondèrent, conformément à la tradition, une Loge maçonnique souveraine, et optèrent pour travailler selon le rite forestier récemment remis en forme.

    Le groupe fondateur initia des membres de la Gorsedd de Bretagne, dont le « Grand druide » , Gwenc'hlan Le Scouëzec, ainsi que Maï-Sous Robert-Dantec, membre du Gorsedd et mère du rite pour la première loge créée à Brasparts, en tant que représentant de la pensée païenne occidentale ; l'aspect préchrétien du rite imposait qu'il soit culturellement celtique.

    La première Vente Forestière du XXe siècle voyait le jour à Brasparts (Finistère) et prenait un nom mythologique, Les Forestiers d'Avallon, symbolisant ainsi l'alliance faite avec une émanation du Gorsedd, animée par Maï-Sous Robert-Dantec et Gwenc'hlan Le Scouëzec.

    En 1996,la confrontation entre les idéaux maçonniques et les options druidiques mena à une scission. Voulant maintenir les valeurs maçonniques de cette nouvelle société initiatique, la majorité des fondateurs créèrent une nouvelle Vente au « rite forestier des Modernes », rappelant les héritages andersonniens de 1717-1740.

    Depuis, plusieurs Ventes forestières se sont créées en Bretagne, région parisienne, Nord ou encore Sologne.

    Chaque Vente est autonome et applique une règlementation particulière.

    Nota bene : il n'existe pas de convention entre le rite forestier et les grandes obédiences maçonniques.





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