• Les Cathares


    En souvenir de Bernard REUL, parfait en 1199 à Miraval-Carbardes

    INTRODUCTION

    Chapitre I : le Languedoc féodal


    Une région chargée d'histoire

    Terre de culture et d'essort économique

    Un pays accueillant


    l'hérésie


    Une région chargée d'histoire
    LA LIBRE BELGIQUE du 15 mars 1994 titrait un de ses articles : " Les
    Franciscains de Bosnie ont changé la politique croate " . Selon l'auteur de l'article "
    Les premiers Franciscains se sont installés en Bosnie en 1291 pour y remplacer les
    Dominicains qui y oeuvraient depuis 1233 (1) pour contrer l'hérésie cathare des
    chrétiens bosniaques ".
    Nous revoilà à la fin du 2ème millénaire plongé dans un souvenir qui date de son
    origine.
    Après le déclin de l'Empire romain, la Gaule fut successivement envahie par
    diverses peuplades venues de l'Europe centrale ou de l'Est ainsi que d'Asie.
    Parmi eux, les Francs et les Wisigoths. Les premiers rétablirent, avec Clovis au
    Vème siècle, une certaine unité territoriale qui ne manqua pas de s'effriter.
    Quant aux Wisigoths arrivés en Occident au IVe siècle, après avoir pris l'Italie et
    Rome, ils s'installent à Toulouse en 413. Battus par Clovis en 507 à Vouillé, ils ne
    conserveront que l'ancienne province romaine de Narbonne et l'Espagne.
    La Narbonnaise aussi appelée Septimanie est devenue Languedoc. Ce nom aurait
    notamment comme origine soit le pays de langue d'OC (oui = oc) soit le pays des
    Goths ou LANDGOTH.
    Les Wisighoths en furent chassés par les Sarrasins au début du VIIIè siècle. Ces
    derniers repassèrent les Pyrénées une vingtaine d'années après Poitiers (732), battus
    par Charles Martel puis par Pépin le Bref.
    Charlemagne, leur successeur, reprit le flambeau et rebâtit un vaste empire
    d'Occident réunissant la Germanie et la France du Nord au Sud. A sa mort, ce vaste
    territoire se morcela. Au Traité de Verdun, une bonne part de la France actuelle fut
    à l'Ouest du Rhône attribuée à Charles le Chauve, la partie à l'Est du Rhône devint
    la Lotharingie (du milieu). Ultérieurement, cette dernière fut séparée au profit du
    Royaume de France (Flandre, Bourgogne, ...) ou du Saint Empire Romain
    Germanique (rive gauche du Rhône, Provence, Savoie).
    L'autorité royale déclina constamment en France. Les vassaux devenaient plus
    puissants que le Roi. Parmi eux, les Comtes de Toulouse.
    A la fin du XIème siècle, un grand mouvement ébranle toutes les couches sociales
    de la société médiévale à savoir les Croisades (1ère en 1095) qui visaient en
    principe à délivrer les Lieux saints de la domination musulmane. Parallèlement
    celle-ci fut de plus en plus écartée du territoire espagnol.
    Au XIIème siècle (voir carte de France), le Comté de Toulouse est une région où le
    commerce et l'agriculture se redressent. Les croisades et la navigation commerciale
    vont ramener des terres étrangères des idées nouvelles.
    Si l'Eglise (2) a pu susciter l'élan des Chrétiens partant guerroyer en Palestine, elle
    s'est également installée comme pouvoir temporel possédant terres, abbayes et
    droits de taxation.Certes, dans l'insécurité du Moyen Age, les abbayes furent à la
    fois des lieux de sciences, de sécurité et de prospérité relatives. Leur enrichissement
    (par les dons de chrétiens) devait toutefois entraîner diverses dérives qui lui furent à
    nouveau reprochées quelques siècles plus tard par un certain Luther.
    Au XIIème siècle, l'Eglise voulut se réformer (réforme grégorienne) notamment à
    l'aide de grands ordres monastiques (CITEAUX). Les papes tentaient de se dégager
    de l'influence des princes. Pour établir leur domination morale, ils voulaient
    développer leur indépendance politique.
    Les Croisades s'inscrivent aussi dans cette perspective tout autant que les conflits
    entre l'Evêque de Rome et les empereurs germaniques ou de Byzance.
    Terre de culture et d'essor économique
    Début de page
    En Languedoc, la culture, née d'une certaine richesse, et une forme de tolérance
    fleurissent.
    Les troubadours (trouvères au Nord) sont prisés. Ils sont à côté des clercs, les
    intellectuels du Languedoc (3). Leurs textes subliment l'amour courtois tout en
    faisant preuve d'impertinence, par exemple vis-à-vis des prêtres.
    " Les clercs se donnent pour des bergers et ce sont des assassins sous leurs airs
    de sainteté " Peire CARDENAL
    Du même auteur : " Le clergé traite d'hérétique qui ne jure par ses règles de
    tromperie et fausseté. Il tient pour rien les saintes Ecritures et du matin au soir
    ment sans nulle mesure mais voudrait qu'on le tînt pour gent de grand'droiture.
    ... Ils sont pleins de folie, d'orgueil et d'arrogance, tous ces maîtres pasteurs de
    l'Eglise romaine ; ils sont faux et truands envers la gent chrétienne "
    D'un autre troubadour Guilhem Figueira : " Rome, il est bien vrai que tu es
    étouffée par les prêches menteurs que tu fais contre Toulouse. Comme une
    chienne enragée, tu t'es rougi les mains aux humbles et aux grands. Mais si
    notre comte vit encore deux ans, la France se repentira de ton engeance. Rome
    déloyale, racine de tous maux, au feu infernal tu brûleras sans nul doute "
    L'esprit de contestation dans le monde chrétien n'est pas réservé aux poètes du
    Languedoc. Plus au Nord, des contestataires apparaissent. Au XIème s., des
    Chrétiens sincères de la base, des clercs (prêtres) révoltés contre les oublis du
    message d'amour et de désintéressement du Christ se dressent contre l'autorité de
    l'Eglise, voire contre celle des princes (ayant parfois aussi des fonctions
    écclésiastiques). D'autres vont plus loin en mettant en cause les fondements de la
    doctrine chrétienne (4). Parmi ces derniers, si tous ne furent pas Cathares, certains
    professaient déjà les grands principes qui font l'originalité de cette hérésie.
    Les PATARINS (Italie), les Frères prêcheurs (non hérétiques), les PUBLICAINS
    (Champagne, Nivernais), les POPULICANI (Angleterre), les partisans de
    VALDES à Lyon (Vaudois) surgissent çà et là.
    Après les excommunications et les bûchers sporadiques du XIème s. (Orléans,
    1022), les condamnations à mort par le feu (Soissons dès 1115, Liège en 1135 et
    1145, Cologne en 1141, Reims en 1148, Arras en 1182, Angleterre en 1210)
    s'intensifient autant pour tuer dans l'oeuf des déviations de la doctrine religieuse
    (hérésie) que pour étouffer tout esprit de contestation (5). Les accusations d'hérésie
    eurent parfois d'autres motivations que la seule contestation de déviances
    religieuses (6). Des clercs ou des laïcs voulant affermir les reformes du clergé
    voulue par la papauté se heurtent parfois à de fortes résistances de la part du hautclergé
    local dont le style et les pratiques étaient critiqués. Pour se débarrasser de
    leurs pourfendeurs, ces derniers n'hésitent pas, avec des succès divers, à les accuser
    d'hérésie.
    Vers 1145, le chapitre de la cathédrale de Liège (cfr. en annexe : Le catharisme
    dans le Nord ) envoie au Pape LUCIUS II une lettre décrivant "les blasphèmes de
    cette néfaste hérésie qui consistent à nier la rémission des péchés dans le
    baptême, à réputer vain le sacrement du corps et du sang du Christ, à condamner
    le mariage, à prétendre qu'il n'y a d'autre Eglise catholique que la leur, à
    considérer tout serment comme un crime ".
    Selon les conceptions de l'époque, l'hérétique trouble l'ordre social mais il est en
    outre inspiré et en contact avec le diable dont le Moyen Age avait grande peur.
    Un pays accueillant l'hérésie Début de page
    En Languedoc, par contre, les partisans d'une hérésie dualiste ne sont guère
    inquiétés.
    Pourquoi ? L'esprit méridional plus tolérant ou les restes de la domination des
    Wisigoths, dualistes, en sont des éléments partiels d'explication tout autant qu'une
    noblesse assez anticléricale.
    Dès le début du XIIème s., les idées hérétiques qualifiées de cathares (7)
    s'implantent plus largement dans les populations languedociennes qui sont séduites
    par une religion qui ne perçoit pas la dîme ecclésiastique, qui parle la langue du
    peuple plutôt que le latin et veut montrer l'exemple d'une vie religieuse plus proche
    de la lettre des Textes sacrés. Ces idées ont peut être été ramenées par des Croisés
    au retour d'Orient. Selon certaines sources, le catharisme languedocien aurait
    d'aill:eurs été à la base du développement de cette contre-église en Italie et non
    l'inverse.
    Outre les premières manifestations hérétiques du XIème s. (8), le catharisme est
    officiellement signalée à un Concile de Toulouse en 1119 qui dénonce ceux qui
    nient les sacrements, le sacerdoce, la hiérarchie religieuse et les liens du mariage.
    L'étendue du phénomène fut mesurée lors de la mission de St Bernard, notamment
    dans la région d'Albi (d'où le nom d'Albigeois) en 1145.
    Une certaine organisation structurée de l'Eglise cathare du Languedoc semble
    attestée par le " Concile " de Saint Félix Caraman en Lauragais (1167). En présence
    du pape dualiste (pope) Nicetas (venu de Bulgarie ou de Constantinople) des
    évêques cathares y furent consacrés et des croyants consolés (consolament) ou ils
    changèrent d'option et quittèrent le catharisme dit de dualisme mitigé pour le
    dualisme absolu.
    Les paysans, la petite noblesse, les bourgeois commerçants ou artisans, le clergé
    même (clercs) en comptent de nombreux adeptes.
    Les paysans sont attirés par une doctrine et des prédicateurs proches d'eux, vivant
    sobrement et prêchant une doctrine à leur portée et dans leur langue.
    Ces hérétiques s'appelaient entre eux " Chrétiens " , " Bons Chrétiens ", ...
    En Languedoc, les nobles, souvent désargentés, ne sont pas coupés du reste de la
    population. Le droit d'aînesse n'existe pas dans le Sud contrairement au Nord de la
    France. Les cadets de famille dans le Sud héritent d'une parcelle chaque fois plus
    réduite des terres ancestrales alors que dans les Comtés du Nord, ils entrent dans les
    ordres. Certains domaines seigneuriaux seront divisés à chaque génération. Les
    quatre tours de Cabaret (Lastours) par exemple appartenaient à différents
    coseigneurs. Leur hostilité contre la puissance ecclésiastique qui elle est, chaque
    fois plus concentrée (9), va croissant. Ils seront un fer de lance des révoltes cathares
    mais auparavant ils avaient souvent empêché par leur inertie les tentatives
    d'éradication de l'hérésie.
    La société rurale n'est donc pas foncièrement divisée entre les paysans et la petite
    noblesse. D'une part, cette dernière n'a souvent guère les moyens financiers de se
    distinguer du reste de la population, d'autre part, les villages sont des lieux de vie
    commune : le château (résidence) du seigneur (des coseigneurs), l'église, les
    habitations sont imbriqués les uns dans les autres (castrum) pour former un
    ensemble fortifié.
    Cette communauté des campagnes sera l'une des forces du Languedoc. Elle
    explique en partie la propagation de l'idéologie cathare de la petite noblesse vers les
    paysans, plus par symbiose que par force.
    Quant aux bourgeois, la condamnation du prêt à intérêt par l'Eglise (qui touche
    aussi les Juifs) les jettent dans les bras du catharisme plus ouvert à ce mode de
    financement des affaires.
    Les villes du Sud fortes de leur richesse s'étaient généralement affranchies du
    pouvoir féodal et avaient obtenu des autorités propres (Consuls ou Capitouls). Elles
    voudront préserver cette autonomie contre les armées du Nord.
    La faiblesse relative, à cause du morcellement du pouvoir, des Comtes de Toulouse
    les conduira à un certain laxisme face à l'hérésie, contrairement à l'attitude plus
    ferme de leurs collègues du Nord.
    Si les Raimond (RAI-MON = rayon pur ou Rei dei Moundo = rois du Monde) de
    Toulouse avouent parfois être dépassés par leurs rebelles sujets, ils sont néanmoins
    de grands féodaux jaloux de leur autonomie vis-à-vis du Roi de France. Celui-ci
    sera à terme intéressé par la possibilité de reprise en main de ce vaste territoire que
    lui offrira la croisade contre les Albigeois.
    A la fin du XIIème siècle, l'idéologie cathare ou albigeoise est largement répandue
    (sans être nécessairement majoritaire) au grand courroux des autorités de l'Eglise
    romaine.
    En 1177, le Comte Raimond V constate que " l'hérésie a pénétré partout. Elle a
    jeté la discorde dans toutes les familles ... des prêtres eux-mêmes cèdent à la
    tentation. Les églises sont désertes et tombent en ruine ".
    L'Eglise de Rome tente des campagnes de reconversion mais sans grand succès. Ses
    tentatives ne sont guère appuyées par les autorités civiles, que du contraire. Ses
    incitations à mener le combat contre l'hérésie ne recueille alors guère d'écho. En
    1179, lors d'un Concile de LATRAN, le pape Alexandre III aurait déjà engagé, en
    vain, le peuple chrétien à prendre les armes contre les hérétiques.
    La tragédie cathare sera le résultat de tous ces éléments, mêlés dans le Languedoc,
    tel un mélange explosif dont l'aspect religieux ne sera manifestement qu'un des
    éléments.
    Début de page
    1 Comme en Languedoc Retour
    2 Au Xième siècle, l'Eglise de Rome a également subi un grave échec par la séparation d'avec Byzance
    (Eglise orthodoxe) qui la conduisit d'une part à tenter de reprendre pied au Moyen -Orient et d'autre part
    à raffermir son influence en Occident Retour
    3 Les liens entre les troubadours et les clercs sont non négligeables. FOULQUE, le futur évèque de
    Toulouse, a été troubadour. Quand à la noblesse, elle est aussi représentée parmi les troubadours Retour
    4 Selon les théologiens occidentaux des XIIème et XIIIème siècles est " hérétique celui qui choisit, isole de
    la vérité globale, une vérité partielle et qui, ensuite s'obstine dans son choix.. Ce trait caractéristique sert
    toujours de critère dans la délimitation difficile des frontières de la vérité révélée. Et ici intervient l'autorité de
    l'Eglise. Le refus de se soumettre entraîne l'arrêt de condamnation : la minorité récalcitrante fonde une
    hérésie " SUTOR Retour
    5 Les attaques furent, semble-t-il, assez générales contre les minoritaires : hérétiques, juifs, voire lépreux,
    qui suscitèrent plus le rejet que la compassion. Retour
    6 " Celui qui résiste au pouvoir délégué par Dieu à l'Eglise résiste à Dieu..." phrase attribuée au Pape
    Boniface VIII par Ch. LEA (" L'hérésie politique utilisée par l'Eglise " dans l'histoire de l'Inquisition au
    Moyen Age paru en 1905) Retour
    7 Terme qui fut d'abord donné dans les régions germaniques, catheros = pur en grec Retour
    8 " On trouva des Manichéens à Toulouse et on les détruisit ... " attribué à Adhémar de Chabannes,
    moine à Angoulème écrivant avant 1031 Retour
    9 Les domaines de l'Eglise passent de génération en génération sans l'écueil des hérit ages et des partages
    Retour
    Chapitre II : cathare ou dualiste
    Les origines Le dualisme féodal Une contre-église Le consolament Des textes rares Eglise ou
    mouvement religieux Les biens et les délices matériels Le rôle des femmes en Occitanie
    cathare Les miracles et les saints Le catharisme prérévolutionnaire?
    Les origines
    Le dualisme serait une théorie ou une doctrine religieuse formulée par Manès
    (Manichéens) en Asie mineure au IIIè siècle après J.C., s'inspirant à la fois de la
    Bible, de la pensée grecque, de religions orientales et d'autres idées ayant
    partiellement influencés le judaïsme (Kabbale ou les Esseniens - 1er siècle avant
    J.C.) ainsi que de Zoroastre (VIIème s. avant J.C.). Ces thèses ont eu un impact très
    important (St Augustin fut dualiste avant de devenir un des pères de l'Eglise). Les
    textes bibliques montrent qu'un courant dualiste est apparu très tôt dans les
    premières églises chrétiennes (Epître de Saint Pierre).
    Si Manès a influencé le catharisme, les écrits de cette religion y font peu référence.
    Le Nouveau Testament (l'Ancien étant rejeté) semble prédominant même s'il s'agit
    parfois de textes non reconnus par Rome (Apocryphes).
    L'idée de base est l'existence de deux (dualisme) principes fondant et gouvernant le
    monde (1) . D'une part, Dieu, parfait et bon, qui règne dans les cieux (ou les
    esprits), d'autre part Satan, mauvais et périssable, ange déchu qui préside aux
    destinées du monde inférieur ou terrestre (et de la matière). Dieu ne peut avoir créé
    le mal ; si ce dernier existe, il ne peut être que le produit d'une puissance dévoyée,
    de Satan (identifié au dragon apocalyptique).
    Les conséquences de cette croyance sont multiples. L'âme ou l'esprit est l'objet de
    toute la considération divine alors que le corps matériel est réprouvé. Gagner son
    salut éternel n'est possible qu'en adhérant totalement à Dieu et en délaissant la
    condition terrestre. L'ascétisme en est une des suites logiques.
    Les âmes ne périssent pas mais se réincarnent successivement dans un corps tant
    qu'elles n'ont pas atteint le degré de perfection leur permettant d'atteindre la vie
    éternelle (2).
    La nature divine de Jésus-Christ, si elle n'est pas contestée, implique l'inexistence
    de sa nature humaine puisque l'eau et le feu ne peuvent se mélanger. Toutefois, des
    écrits semblent attester d'une vénération de la mort du Christ et de la Croix par
    certains Cathares.
    Quant à la mère de Jésus (Marie, Sophia, ...), son existence humaine n'est pas
    acceptée par tous les Cathares. Pour certains, elle est l'image de l'Eglise cathare
    elle-même.
    La naissance du Christ serait soit symbolique (le Christ n'entre pas dans un corps
    matériel, il n'en prend que l'apparence), soit charnelle. Dans cette seconde
    hypothèse, des textes cathares évoquent un enfantement par l'oreille qui est
    également cité dans le Nouveau Testament.
    Ces thèses se basent surtout sur l'Evangile de Jean (Apocalypse) et sur certains
    écrits dits apocryphes, c'est-à-dire présentés comme écrits par les apôtres mais non
    reconnus par l'Eglise romaine.
    Citons par exemple, l'Interrogatio IOHANNIS (ou le questionnaire de Jean) qui est
    un apocryphe d'origine bogomile (fin du XIIème siècle). Il s'agit d'un texte relatant
    un pseudo entretien entre le Christ et St Jean au cours duquel ce dernier lui pose
    diverses questions dont les réponses constituent une bonne part des croyances
    cathares : " Et ensuite moi, Jean, j'ai interrogé le Seigneur en disant : Seigneur,
    comment l'homme prend-il sa naissance de l'esprit dans le corps de chair ? Et le
    Seigneur me dit : Des esprits déchus des cieux entrent dans les corps de boue des
    femmes, et ils reçoivent la chair de la concupiscence de la chair et l'esprit naît de
    l'esprit, et la chair, de la chair ; et c'est ainsi que le règne de Sathanas
    s'accomplit en ce monde. Et j'ai interrogé le Seigneur en disant : Jusqu'à quand
    Sathanas régnera-t-il en ce monde sur l'existence humaine ? Et le Seigneur me
    dit : Mon Père lui permit de régner sept jours, à savoir sept siècles. "
    Les interrogatoires d'hérétiques par l'Inquisition attestaient que les idées contenues
    notamment dans cet apocryphe étaient connues ou partagées par de nombreux
    cathares.
    Le dualisme féodal Début de page
    Après diverses péripéties, les partisans du manichéisme inspirèrent dès le Xè s. des
    " hérésies " dualistes dans l'Europe orientale, spécialement les BOGOMILS (3) de
    Bulgarie. Leur influence sur le catharisme a été soulignée par exemple par la
    présence d'un " pape " bogomil Nicetas lors du premier Concile de l'Eglise cathare.
    Au départ des écrits bulgares (boulgres) ou antérieurs, relisant la Bible avec un
    autre regard, baignant dans un climat de contestation de l'Eglise romaine, le
    catharisme va développer une religion qui se voudra plus proche de la lettre des
    évangiles (dont ils ont une lecture souvent plus symbolique qu'historique),
    contestant à Rome son caractère d'église du Christ puisqu'elle renie en partie son
    enseignement.
    " je vous envoie comme des brebis au milieu des loups " (Evangile de St
    Mathieu).
    Les Parfaits ont beau jeu de demander qui, en Languedoc, sont les brebis et les
    loups.
    Une contre-église Début de page
    Les Cathares ne se considéraient pas, au contraire d'autres contestataires de leur
    époque, comme un courant de pensée voulant réformer l'Eglise de Rome mais
    comme une autre Eglise, la vraie selon leur croyance. C'est cette prétention qui
    explique vraisemblablement l'acharnement mis à l'exterminer dès que sa diffusion
    prit des proportions inquiétantes.
    Cette hérésie présente deux aspects fondamentaux : - une existence guidée
    strictement par les principes qui auraient été énoncés par le Christ : l'idéal cathare
    est de se laisser pénétrer de la parole de Dieu (Esprit-Saint) ; - une vie religieuse
    basée sur des sermons qui consistent à expliciter des textes sacrés et sur un seul
    sacrement (comme dans l'Eglise primitive) qui est la seule source de Rédemption.
    Le consolement, sacrement unique et total
    Début de page
    Le sacrement cathare est une synthèse des sacrements différentiés de l'Eglise
    catholique. Il se reçoit par l'imposition des mains (4) d'un Parfait sur la tête du
    récipiendaire (qui devient ainsi Consolé) au terme d'une formation religieuse et
    d'une période de privation (jeune).
    Le consolement est à la fois baptême, confirmation, extrême-onction, ordination et
    sacrement de pénitence, voire Eucharistie. Ceux qui l'ont reçu sont tenus à la
    perfection (les Parfaits). Ils se doivent de respecter les principes chrétiens à la fois
    pour prêcher d'exemple (Bonshommes) et pour assurer leur salut éternel, c'est-àdire
    pour que leur âme puisse quitter définitivement son enveloppe terrestre.
    Les Cathares contestent la validité de l'ensemble des sacrements catholiques :
    - le baptême de l'eau donné aux enfants ne pourrait être valable car ils sont trop
    jeunes pour agir consciemment. En outre, l'usage de l'eau ressemble au baptême de
    Jean-Baptiste que Jésus, selon les Evangiles, est venu remplacer par le vrai baptême
    de l'esprit. Enfin, l'eau est matière, c'est-à-dire élément mauvais ;
    - l'hostie ne peut devenir le corps du Christ : comment ce dernier qui n'appartient
    qu'à Dieu pourrait-il devenir matière qui n'appartient qu'au Prince de ce monde ;
    - le refus du mariage et de son sacrement s'explique par la procréation qui n'est
    nullement magnifiée (5) par les Cathares puisqu'elle conduit à la réincarnation
    d'une âme dans un corps matériel.
    Le Consolé qui commet une faute grave (tuer, jurer, avoir des relations sexuelles,
    ...) perd les fruits de son sacrement et doit le recevoir à nouveau. S'il meurt entretemps,
    son âme sera réincarnée, y compris dans le corps d'animaux d'où, le refus de
    tuer et de manger des animaux (6). En ce qui concerne les péchés véniels,
    l'aparelhament était une sorte de confession périodique des parfaits.
    Le Nouveau Testament (les Cathares rejetaient généralement l'Ancien Testament)
    est une source d'inspiration de la doctrine des Parfaits. Néanmoins, ce n'est pas la
    seule et ils n'ont manifestement pas repris la totalité de l'enseignement contenu dans
    les 4 évangiles ou les épîtres des apôtres.
    Pour le refus du serment, les Cathares trouvent leur inspiration dans l'épître de St
    Jacques (7) qui précisait : " Avant tout mes frères, abstenez-vous de jurer soit par
    le ciel, soit par la terre, soit en employant quelque autre formule. Que votre oui
    soit un oui, que votre non, un non ; ainsi vous ne tomberez pas sous le coup du
    jugement " .
    Dans certains cas, les Cathares ont une autre lecture ou traduction (8) des écrits
    évangéliques. Prenons l'exemple de la création du monde soit par Dieu (créateur de
    toutes choses pour les Catholiques), soit par le diable pour les Cathares. Le texte
    biblique (Jean 1,3) " Toutes choses ont été faites par Lui et sans Lui rien n'a été
    fait " peut être cité à l'appui des deux thèses. Dans son sens littéral, elle conforte
    l'opinion de l'Eglise officielle. Mais les Cathares s'en servaient également à l'appui
    de leur conception dualiste. Pour eux, le second membre de phrase signifie : " sans
    lui le néant (ou rien) a été fait " . Le néant est justement le monde mauvais de la
    matière qui ne vient pas de Dieu et qui retournera au néant.
    Par contre, d'autres écrits du Nouveau Testament n'ont manifestement pas retenu
    l'attention des Cathares. Citons, St Paul (1er épître à Timothée, 4) : " Ils (les esprits
    séducteurs et diaboliques) proscrivent le mariage et l'usage d'aliments que Dieu a
    créés " .
    Le refus de consommer certaines nourritures conduit à rendre l'alimentation des
    Parfaits fort simple : lorsqu'ils ne jeûnaient pas (3 jours par semaine), ils se
    nourrissaient de " pain, de vin, de poissons et de fruits " . Pas de viande, pas
    d'oeuf ou de fromage et guère de graisses animales.
    Tous les Cathares ne reçoivent pas de leur vivant, le consolement. Ils sont guidés
    pas à pas vers la perfection par l'écoute des prêches des Parfaits (qui font office de
    prêtres) ou Parfaites allant deux par deux (le Parfait et son sosie ou sosius). Les
    simples croyants ne pratiquaient que le melhorament (salutation des Parfaits).
    La famille d'un croyant le voyant décliner s'empressera d' appeler les Parfaits pour
    qu'ils puissent consoler leur parent à l'article de la mort (9). Le croyant avait
    auparavant convenu (convenenza) avec l'Eglise cathare qu'il serait consolé à
    l'article de la mort.
    Des textes rares ou suspects Début de page
    Les textes authentifiant cette description du catharisme sont rares, l'écri ture n'étant
    guère répandue à l'époque. En outre, durant les persécutions, il valait mieux ne pas
    être pris en possession d'écrits hérétiques. Les seuls documents proprement cathares
    dont dispose l'historien sont de rares textes apocryphes et les rituels, à la fois
    recueils de textes bibliques et descriptions des cérémonies cathares avec leurs
    prières (Pater) : " Père Saint, Dieu des Bons esprits, toi qui jamais ne trompas, ni
    ne mentis, ni n'hésitas à subir la mort dans le monde du dieu étranger, donnenous
    de connaître ce que tu connais et d'aimer ce que tu aimes ... " .
    La question a dès lors été posée : n'existait-il pas des secrets, des rites cachés (10).
    Si l'adhésion à la doctrine cathare était faite progressivement (initiation), était-ce
    par goût du secret ou simplement pour des raisons pédagogiques ?
    Une autre source d'information historique est constituée des transcriptions
    d'interrogatoires des Parfaits rédigés par les inquisiteurs eux-mêmes.
    Une Eglise ou un mouvement religieux Début de
    page
    " Nous voulons rappeler quelques témoignages des Saintes Ecritures, pour
    donner à comprendre et à connaître ce qu'est l'Eglise de Dieu. Laquelle Eglise
    n'est ni de pierre, ni de bois, ni de rien fait de main d'homme. Car il est écrit aux
    Actes des Apôtres (Act 7,48) : " Le très haut ne siège pas dans une demeure faite
    de main d'homme " . Mais cette sainte Eglise est l'assemblée des fidèles et des
    saints, dans laquelle Jésus-Christ se tient et se tiendra jusqu'à la fin des siècles,
    ainsi que le dit Notre-Seigneur dans l'évangile de Saint Matthieu (Mt 28,20) : "
    Voici : je suis avec vous pour toujours jusqu'à la consommation des siècles " .
    Fragment d'un rituel cathare écrit en occitan, conservé à Dublin.
    Le terme même d'Eglise pour les Cathares peut être contesté. S'il y avait une
    organisation géographique reprenant les caractéristiques de l'Eglise romaine par
    exemple les évêchés (Lavaur, Lautrec, Lombers, Aragon, Montségur), la structure
    du "clergé " était nettement moins organisée. Les évêques cathares , aidés de
    diacres et assistés par les Parfaits (11), étaient foncièrement itinérants. Ils allaient
    de village en village, prêchant et consolant les croyants. Mais n'est-ce pas une
    caractéristique de toutes nouvelles organisations ?
    En ce qui concerne l'organisation " supranationale " des cathares, il semble difficile
    d'en avoir une idée précise. Certes, les Cathares du Languedoc reconnaîtront une
    certaine prééminence à l'Eglise de Bulgarie mais n'est-ce pas plutôt pour se
    rattacher à une église plus ancienne qui aurait des liens avec les premiers âges du
    Christianisme. De cette manière, les Cathares voulaient démontrer qu'ils se
    raccrochaient également à l'époque du Christ (filiation apostolique) comme l'Eglise
    officielle.
    Y eut-il une pape cathare ? En l'état actuel des connaissances, la réponse n'apparaît
    pas claire.
    Par ailleurs, qu'elle était la participation des fidèles à la vie et aux décisions de
    l'Eglise cathare (théocratie ou démocratie). Incontestablement, l'esprit qui
    conduisait cette Eglise était plus proche des premières communautés chrétiennes
    que de l'Eglise de Rome. Les Parfaits auraient participé au choix de leur évêque, du
    moins dans les périodes où cela a été possible.
    Quant aux choix sur la doctrine, il semble que des Conciles cathares avaient été
    organisés çà et là, notamment pour répondre à diverses questions théologiques.
    Oserait-on prétendre que les Eglises protestantes sont une meilleure image de ce
    qu'ont pu être les Eglises cathares ?
    Les biens matériels et les délices d'ici-bas
    Début de page
    Les lieux de culte n'ont évidemment pas la même importance que pour l'Eglise
    romaine. Il s'agit d'endroits pour des prêches ou des cérémonies exceptionnelles.
    L'Eucharistie n'existant pas, il n'était pas nécessaire de disposer de bâtiments fixes
    pour conserver les hosties consacrées sans parler des possibles répressions. Par
    ailleurs, la pauvreté des Parfaits ne les conduisait pas à disposer de fonds
    nécessaires à la construction d'édifices propres (12).
    L'ascétisme des Bonshommes n'exclut pas les dons soit en nature (vêtements ou
    nourriture) ou en argent. Différents écrivains ont souvent évoqué le trésor cathare.
    Selon les historiens modernes, rien ne sert de partir à la recherche d'une caverne
    d'Ali Baba dans les environs de Montségur. A côté des dons leur permettant d'aider
    leurs frères et leur famille en difficultés ou de nourrir leurs permanents, les Parfaits
    auraient vraisemblablement joué le rôle de banquiers (gardiens des fonds à eux
    confiés) pour les grands commerçants qui avaient toute confiance en eux.
    Les participants à la Croisade contre les Albigeois ont peut-être été impressionnés
    par les quantités d'or trouvées en Languedoc par rapport à ce qu'il était commun de
    rencontrer en France. Cela provient peut-être de l'existence dans les environs de
    Carcassonne de mines d'or et d'argent (13).
    Les Cathares ont parfois été accusés par leurs opposants de faire preuve d'une
    sexualité débridée. En principe, la procréation était néfaste puisque conduisant à
    prolonger les souffrances d'une âme enserrée dans un corps matériel. Toutefois,
    seuls les Consolés étaient tenus à la chasteté. Les sympathisants n'avaient pas les
    mêmes obligations. Par ailleurs, les accusations de luxure sont systématiquement
    reprises contre les hérétiques. Les premiers Chrétiens en firent aussi les frais
    lorsqu'ils en furent accusés par les empereurs romains.
    Le rôle des femmes en Occitanie cathare
    Début de page
    A l'époque des Croisades, le rôle de la femme médiévale s'est à nouveau imposé, ne
    serait-ce qu'en raison des circonstances. Si les hommes étaient en Palestine pour de
    longs mois, voire des années, il fallait bien que quelqu'un prenne en main le
    domaine.
    En Occitanie, l'amour courtois qui y est né plus tôt qu'ailleurs, va également
    magnifier la femme : "Lorsque les jours sont longs en mai, J'aime le doux chant
    des oiseaux qui vient de loin. Il me souvient d'un amour lointain. Plein de désirs,
    je vais morne et attristé Si bien que chant ou fleur d'aubépine Ne me réjouissent
    pas plus que l'hiver glacé. " Jaufré Rudel (vers 1140).
    Toutefois, ce rôle de la femme ne sera guère reconnu tant par l'Eglise officielle que
    par la société civile qui, par le mariage entendait soumettre l'épouse à son mari.
    Dans l'Eglise cathare, les femmes pouvaient recevoir le Consolement et devenir
    Parfaites. Elles y eurent un rôle non négligeable. Quant à voir dans le catharisme,
    l'ancêtre féminisme du XXè s., il y a évidemment une marge. Elles vivaient dans
    des communautés de femmes travaillant notamment dans le textile. Elles prêchèrent
    (quoiqu'avec retenue) à l'instar de leurs collègues masculins.
    Selon des études partielles, le nombre de dames hérétiques était semblable à leur
    proportion dans la population totale.
    Lorsque les temps furent plus durs, elles montèrent sur le bûcher à l'instar des
    hommes. Esclarmonde est le prénom de Parfaite qui vient à l'esprit. Originaires de
    la famille du Comte de Foix, elles furent au moins trois à le porter. D'autres
    prénoms féminins jalonnent les bûchers, citons Dame Guiraude ou Géralda de
    Laurac qui mourut en 1211 à Lavaur : après avoir été livrée aux soldats, elle fut
    jetée vive au fond d'un puits et enfouie sous les pierres.
    Les miracles et les Saints Début de page
    Le rôle des miracles, des Saints et des pèlerinages (les routes de "Saint-Jacques "
    existent aussi en Languedoc) est très important dans la religion officielle du Moyen
    Age.
    Les Cathares contestent ces trois éléments. Pour eux, les miracles doivent se
    comprendre dans une signification symbolique : si le Christ rend la vie à un
    aveugle, cela signifierait qu'il lui permet de mieux comprendre la parole de Dieu.
    Quant aux Saints, ils sont le produit de l'Eglise de Rome dont les Bonshommes
    contestent la légitimité. Ils ne voyaient pas l'intérêt de promouvoir le culte des
    reliques de Saints qui visaient à sacraliser des restes humains pour eux appartenant
    au monde du Malin.
    Les pèlerinages basés sur ce culte des reliques ne trouvaient également pas grâce à
    leurs yeux.
    Le Catharisme : une idéologie
    prérévolutionnaire ? Début de page
    Certains auteurs, notamment des historiens marxistes d'Europe de l'Est (durant la
    période où ces pays furent marxistes) étudiant le catharisme slave, ont cru trouver
    dans le catharisme une idéologie pré-révolutionnaire visant à libérer le peuple de
    l'oppression féodale. Si l'attention au petit peuple est marquée dans l'Eglise cathare
    (par exemple la traduction de la Bible en langues vulgaires), si la contestation des
    pouvoirs établis (dont celui des Princes de l'Eglise romaine) sont présentes, faut-il y
    voir une originalité du catharisme ou plutôt l'empreinte de l'esprit du temps ?
    La conception dualiste implique le caractère foncièrement néfaste des puissances
    terrestres. Le pouvoir féodal (dont le pouvoir de justice) serait l'oeuvre du Malin.
    La soumission à ce pouvoir ne serait donc pas voulue par Dieu.
    Considérée comme une contre-église, le catharisme a vraisemblablement
    accompagné et profité d'un certain esprit de contestation qui animait de nombreux
    contemporains soumis aux injustices et à une vie rude.
    Par contre, ce caractère d'opposition aux pouvoirs établis a vraisemblablement été
    édulcoré (contrairement à la Bosnie de l'époque) en Languedoc compte tenu de
    l'adhésion de diverses couches sociales au catharisme dont de nombreux nobles.
    Début de page
    1 Le dualisme existe dans de nombreuses civilisations. Il serait par exemple présent dans des légendes de
    Côte d'Ivoire. Retour
    2 Cette notion de réincarnation si elle existait en Asie, n'était pas étrangère en Occident gaulois ou
    celtique. " Ce dont ils cherchent surtout à persuader, c'est que les âmes ne périssent pas mais passent après la
    mort d'un corps dans l'autre " , Jules CESAR parlant des Druides, De Bello Gallico (VI, 3). Retour
    3 De leur initiateur, plus ou moins mythique, le pape BOGOMIL ou de BOUGOU MILI , c'est -à-dire "
    Ami de Dieu " de l'imposition des mains Retour
    4 C'est au geste qu'il est possible de reconnaître des groupes cathares ou pré -cathares. En 1022 déjà, des
    chanoines d'Orléans furent mis au bûcher sur ordre de Robert le Pieux pour avoir pratiqué l'imposition
    des mains " qui selon eux lavait les péchés, emplissait du don du Saint -Esprit et sauvait l'âme " . Vingt ans
    plus tard, l'évêque de Chalons écrivait à son collègue de Liège Wason que des paysans de son diocèse "
    prétendaient mensongèrement donner le Saint-Esprit par une sacrilège imposition des mains ". Retour
    5 La virginité des filles représente donc une valeur dans l'Eglise cathare. La volonté de garder sa virginité
    en dehors des ordres religieux catholiques passera parfois comme un signe d'appartenance à l'hérésie. Cet
    élément a-t-il joué dans la condamnation de Jeanne d'Arc ? Retour
    6 Mais qui consommait habituellement de la viande à l'époque ? Retour
    7 Epitre de St-Jacques 5.12 " Avant tout, mes frères, abstenez -vous de jurer, soit par le ciel, soit par la
    terre, soit en employant quelque autre formule " Retour
    8 Les apports récents de la linguistique (science de la langue) montrent les difficultés d'interprétation des
    textes du nouveau Testament selon la langue dans laquelle ils auraient été conçus, écrits ou recopiés (
    hébreu, araméen, grec, latin). Retour
    9 L'endura consistait à se laisser mourir. Est-ce une forme de suicide ou la volonté d'hâter la mort pour le
    Consolé qui ainsi était certain d'échapper aux tentations nouvelles auxquelles il pouvait succomber et
    perdre ainsi le bénéfice du consolement s'il venait à survivre. Retour
    10 Si les Chrétiens comprenaient les secrets de la religion comme d'autres membres du Clergé et moi-même
    les comprenons, ils ne croiraient pas plus que les Juifs et les Sarrasins, certaines choses qui passent pour
    vraies ", Arnaud MORLANE, Fin du XIIIème siècle, Curé de Pennautier et Consul de Carcassonne. Il fut
    vraisemblablement consolé. Retour
    11 Le terme " parfait " est peut-être une dérision imaginée par les adversaires des Cathares. Ils devaient
    plutôt utiliser les termes de " Bonshommes " ou " Bons Chrétiens ". Retour
    12 L'Eglise catholique investissait des fonds énormes dans ses édifices, ce qui stérilisait cette épargne pour
    d'autres investissements plus utiles à l'économie. Retour
    13 SALSIGNE, près des châteaux cathares de LASTOURS, est la seule mine d'or encore en activité en
    France. Retour
    Chapitre III: la Croisade contre les Albigeois
    La conversion par le verbe Une véritable Croisade Des récits romancés Raimond devient
    Croisé Béziers, première victime Simon dirige la Croisade Une Croisade internationale Une
    guerre sanglante Violences et pacifisme cathare La prise de Carcassonne Minerve perdue par
    l'eau Raimond VI attaque la Croisade La bataille de Muret
    La conversion par le verbe et l'exemple
    A l'aube du XIIIème siècle, le catharisme s'est largement développé dans le
    Languedoc au vu et au su de l'ensemble de la société.
    Une telle situation devenait chaque jour de plus en plus intolérable pour l'Eglise
    officielle et ne pouvait laisser indifférent le pouvoir royal.
    Toutefois, diverses initiatives seront prises pour tenter, par la persuasion, de
    convertir les hérétiques. Cela donna lieu à de grandes confrontations entre les
    prédicateurs " romains " et les représentants cathares devant un public qui n'hésitait
    pas à montrer ses préférences pour les seconds.
    Si dans le pays de langue d'oïl, le glaive écrasait largement les velléités
    contestataires, cette méthode semblait moins efficace dès l'instant où une large part
    de la population dont la noblesse embrassait l'hérésie. Certes, il y eut çà et là
    quelques tentatives forcées de reconversion et quelques bûchers mais ils restèrent
    isolés au XIIème dans les Etats du Comté de Toulouse.
    Dès 1206, un prédicateur d'origine espagnole, Dominique de GUZMAN, le futur St
    Dominique, fondateur des Dominicains, comprit vite que la persuasion viendrait de
    l'exemple. Il fallait concurrencer le clergé cathare sur des propres terrains : ceux du
    prêche et du dépouillement. Comme l'écrivait un chroniqueur de l'époque : " Ils
    (les Dominicains) se présentent dans l'humilité, allant pieds nus, sans or et
    argent ... . En quelque sorte, ils imitent en tout le modèle des apôtres " .
    Mais plus près de nous, c'est une religieuse belge, Soeur Sourire, qui nous avait
    enchanté avec sa chanson : " Dominique, nique, nique S'en allait prêchant
    Toujours souriant Pour convaincre les Albigeois Et les Albigeois convaincant. "
    Les quelques succès de St Dominique, à FANJEAUX (1) notamment, ne furent pas
    suffisants pour calmer les ardeurs des autorités romaines.
    Il faut reconnaître que pour l'Eglise catholique, la méthode de l'exemple tentée par
    St Dominique, si elle devait être généralisée, représentait un bouleversement et un
    danger fondamental. Se transformer en une Eglise dépouillée "apolitique " comme
    l'Eglise cathare représentait la fin de la puissance ecclésiastique. Pour des papes qui
    tentaient d'imposer leur hégémonie pour " civiliser " la société féodale, cette
    tactique de dépouillement ne se concevait pas à grande échelle.
    Le débat entre les deux Eglises ne pouvait, selon la logique de la papauté, être
    tranché que par l'écrasement du plus faible.
    Une véritable Croisade Début de page
    Avec l'accession au trône de St Pierre du Pape Innocent III en 1198, la " politique "
    de l'Eglise allait être menée avec plus de rigueur et de fermeté. Incontestablement,
    ce grand Pape avait des objectifs clairs en ce qui concerne la primauté de l'Eglise et
    de la Papauté dans la société médiévale. Les Cathares étaient une épine dans le pied
    de l'Eglise d'Occident. Ils étaient aussi l'occasion pour la papauté de s'immiscer
    dans les problèmes du Royaume de France(2).
    Ce Pape suscita les croisades contre les cathares mais il le fit graduellement au fur
    et à mesure des échecs de tentatives moins violentes de reconversion des
    populations languedociennes et en fonction d'une mobilisation en crescendo des
    catholiques du Nord.
    A l'instar des Croisades pour délivrer les Lieux saints du joug musulman (3), il
    lança, après diverses tentatives infructueuses en 1208 une mobilisation de la
    Chrétienté d'Occident pour chasser l'hérésie des terres chrétiennes du Languedoc. Il
    venait en effet de subir un affront particulièrement vif par l'assassinat à la frontière
    des Etats du Comte de Toulouse, de son représentant personnel le légat Pierre de
    CASTELNAU (4) dans des circonstances qui ne furent pas élucidées mais dans
    lesquelles le nom du Comte ou de ses proches apparaissaient souvent. L'Eglise
    catholique du Languedoc s'efforça d'obtenir l'excommunication du Comte de
    Toulouse pour sa participation à l'assassinat de Pierre de CASTELNAU.
    Après diverses enquêtes et contre-enquêtes, ce grand féodal dont un des
    prédécesseurs, Raimon IV, avait pourtant été un personnage central (au moins
    autant que Godefroid de Bouillon selon certaines sources) de la 1ère Croisade en
    Palestine, sera excommunié. L'excommunication avait des conséquences
    religieuses mais aussi politiques et matérielles : les biens d'excommunié pouvaient
    être saisis et les sujets d'un seigneur excommunié étaient mis, comme ce dernier, au
    banc de la société.
    Raimon VI ne ménagera pas ses efforts pour obtenir la levée de son
    excommunication. La réponse du peuple chrétien du Royaume de France, voire (5)
    du Saint-Empire Romain Germanique (dont le Hainaut : l'Evêque de Tournai y
    aurait participé), à l'appel du Pape fut cette fois enthousiaste même si le Roi de
    France se maintint dans une certaine réserve du moins au début. Pourtant l'appel du
    Pape Innocent III au Roi avait été pressant : " Levez-vous et jugez ma cause !
    Ceignez vous de l'épée. Veillez sur l'unité entre la royauté et le sacerdoce, unité
    désignée par Moïse et par Pierre et les Pères des deux Testaments ! Ne laissez pas
    l'Eglise faire naufrage dans ces contrées ! Courez à son secours ! Combattez
    fortement et avec l'épée tirée, les hérétiques qui sont encore plus dangereux que
    les Sarrasins " (Cité par Th. JUSTE dans son Précis de l'Histoire du Moyen Age,
    1848).
    Philippe-Auguste (voir carte de France) avait en effet d'autres préoccupations et
    entendait résister à l'ingérence papale. Il entendait d'abord conserver ses
    possessions avant d'entamer de nouvelles conquêtes. La coalition anglo-germanique
    qui l'attaquait ne sera écrasée qu'en 1214 à Bouvines par la défaite de Jean sans
    Terre. Les souverains anglais garderont encore durant de nombreuses décennies un
    pied sur le sol aujourd'hui français, spécialement en Guyenne toute proche du
    Languedoc.
    Des récits romancés Début de page
    Les récits de la Croisade sont ceux de chroniqueurs voulant parfois souligner le rôle
    de tel ou tel commanditaire (6).
    Tous ces écrits sont largement romancés et partisans pour l'un ou l'autre des deux
    camps en présence. Ils s'inspirent du modèle de la chanson de Roland. L'histoire
    moderne n'a pas fini de séparer le vrai du faux mais il est possible de présenter les
    grandes lignes d'un siècle de combats ou d'escarmouches.
    Raimond devient croisé Début de page
    En juin 1209, les troupes (considérables et impressionnantes pour l'époque) de la
    Croisade se rassemblent à Lyon et s'apprêtent à descendre le Rhône pour entrer par
    la Provence dans les Etats du Comte de Toulouse. Juridiquement cette expédition
    est une Croisade, ce qui implique divers avantages moraux (indulgences) et
    matériels pour les participants tout autant que des désagréments sérieux pour ceux
    qui s'y opposent. C'est un ensemble de règles extrêmement précisées par les papes
    de la guerre juste.
    Le Comte Raimond VI trouve l'astuce lui permettant d'échapper à l'enthousiasme
    des Croisés. Il se joint à eux contre le Vicomte TRENCAVEL (son neveu) qui
    domine Albi, Carcassonne, Béziers et le Razes. Par ce coup de haute politique,
    Raimond VI rend inattaquables ses propres possessions puisqu'elles sont celles d'un
    croisé. Il aura dû auparavant obtenir l'annulation de son excommunication et faire
    pénitence publique à Saint-Gilles.
    Le Comte avait peut-être d'autres raisons d'être sceptique devant le développement
    du catharisme dont il ne partageait pas totalement les idées. Un de ses proches
    n'écrivait-il pas que " les hérétiques feront venir les insensés qui viendront
    désoler et ravager le pays car les Français de France et les gens de Lombardie et
    tout le monde déjà leur courent sus et leur portent haine acharnée plus qu'à gent
    sarrasine " (Laisse 47 de la Chanson de la Croisade de Guilhem de TULEDA
    écrite après les première campagnes vers 1213).
    Si tout le monde n'est pas dupe, cette attitude eut deux conséquences : le Comté de
    Toulouse ne fut pas d'emblée ravagé et son Comte resta en place, par contre les 4
    vicomtés de TRENCAVEL subirent seuls et sans aide le choc de l'armée des
    Croisés.
    Béziers, première victime Début de page
    L'arrivée de ces derniers devant Béziers en juillet 1209 ne sembla pas bouleverser
    outre mesure les habitants de cette ville fortifiée. Peut-être croyaient-ils que
    l'autonomie du Languedoc les protégerait.
    La population n'était pas majoritairement hérétique mais n'hésita pas à prendre parti
    pour ses concitoyens cathares lorsque les Croisés les sommèrent de les leur livrer.
    A cette époque, l'hérésie est surtout développée dans les villes et la petite noblesse.
    La forteresse aurait pu résister d'autant que le Vicomte était parti chercher du
    secours. Une erreur tactique fut la cause d'un effondrement rapide de la résistance
    biterroise. Se croyant assez forts pour attaquer les Croisés, les assiégés tentèrent
    une sortie le 22 juillet. Elle fut néanmoins repoussée et dans leur retour précipité au
    bercail, les Biterrois ne purent fermer à temps les portes de la cité.
    Les routiers (soldats errants) et les armées croisées s'engouffrèrent dans la brèche et
    soumirent Béziers par un carnage resté célèbre par un commandement attribué
    vraisemblablement à tort à Arnaud AMAURY, Abbé de la grande abbaye de
    Citeaux : " Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens " .(7)
    Les églises catholiques dans lesquelles les enfants, les femmes et les vieillards
    s'étaient réfugiés, furent incendiées (Eglise de la Madeleine). Vite la nouvelle se
    répandit aux alentours et la peur commença à s'installer.
    La ville, sa cathédrale, tout fut détruit. Les vestiges de la Croisade y sont donc rares
    tout autant que dans les autres lieux fortifiés où les ruines actuellement visibles
    proviennent généralement de constructions ultérieures. Si BEZIERS constitue le
    premier carnage important, il y en aurait déjà eu un quelques jours auparavant au
    nord du Comté de Toulouse où une petite troupe de croisés du QUERCY se serait
    déjà emparée d'hérétiques et les auraient brûlés.
    Simon de Montfort dirige la Croisade Début de
    page
    Au départ, la Croisade était commandée par de grands princes français dont le Duc
    de Bourgogne assisté du légat du Pape, Arnaud AMAURY qui en était autant
    l'aumônier que l'inspirateur " politique ".
    Le commandement ne s'entendait guère. Pressés de rentrer dans leur domaine en
    France, les Grands Croisés (le Comte de Nevers et le Duc de Bourgogne) laissèrent
    la responsabilité de l'entreprise à un noble de l'Ile de France, Simon, seigneur de
    Montfort. Contrairement à ce qui a été affirmé, ce n'était pas un petit noble
    désargenté, il était également (Vi)comte de Leicester en Angleterre (encore que son
    fief ait été saisi) mais sa puissance n'égalait toutefois pas celle de ses prédécesseurs.
    Il s'inspirait des idéaux de la Chevalerie et de la Croisade (8) mais ne dédaignait
    pas, comme la plupart de ses contemporains, d'agrandir à l'occasion ses domaines.
    La Palestine fut également peuplée de mini-états féodaux taillés sur les dépouilles
    des possessions musulmanes.
    A l'époque, ce n'était nullement choquant.
    Une croisade internationale Début de page
    Le recrutement des Croisés fut surtout concentré dans le Royaume de France (Ile de
    France) mais il a souvent eu un caractère international : des Bretons, des Frisons,
    des Allemands, des Anglais y participèrent.
    Conduit par leur seigneur ou leur évêque, ces troupes apportèrent durant une
    période plus ou moins longue (au minimum 40 jours) leur appui à l'armée de
    l'Eglise. Le principe de la quarantaine gêne souvent Simon de Montfort qui se
    retrouve parfois confronté au plus fort d'un siège avec des troupes qui le quittèrent
    ayant terminé leur période de 40 jours.
    Pour éviter de tels désagrément, il fut fait constamment appel à de nouvelles
    troupes fraîches à l'instigation des prélats allant prêcher l'appel à la Croisade dans
    les régions réceptives.
    Une guerre sanglante Début de page
    Les tueries, parfois gratui tes, eurent néanmoins des conséquences psychologiques
    non négligeables (9). Elles s'expliquent fondamentalement par l'hostilité des
    Croisés du Nord devant le monde méridional dont ils différaient tant par la culture,
    par l'histoire et par une forme de jalousie, vu l'essor économique naissant au bord
    de la Méditerranée.
    La notion de guerre sainte ou juste développée par l'Eglise à l'occasion des
    Croisades a vraisemblablement libéré les Croisés de contraintes morales et a
    engendré un sadisme dont notre époque nous montre encore maints exemples.
    Ces tueries (et les dévastations) s'expliquent également par l'organisation militaire
    de l'époque. Les " armées " féodales étaient constituées de la juxtaposition de
    différentes petites armées, chacune sous la conduite de leur seigneur, autour
    desquelles s'agglutinaient des routiers peu recommandables qui tels des vautours
    étaient toujours à l'affût de bonnes proies. N'oublions pas que tout le monde
    engageait ou acceptait l'aide de ces routiers, tant les Croisés que leurs adversaires.
    Violences et cathares pacifiques ? Début de page
    Rappelons que si les Parfaits, étaient tenus à la stricte observance des principes
    cathares dont celui " tu ne tueras point ", leurs amis et compagnons n'y étaient pas
    formellement tenus.
    Si ces derniers voulaient les protéger, c'est en fonction d'une commune
    appartenance religieuse mais aussi par solidarité avec des parents ou des voisins.
    Peu de famille n'était pas touchée par l'hérésie. Enfin, les petits et grands nobles
    sentaient confusément que la Croisade des gens du Nord si elle était victorieuse
    sonnerait le glas de l'autonomie du Languedoc et de la relative liberté qui y régnait.
    La prise de Carcassonne Début de page
    Profitant de l'impact de la prise rapide de Béziers, la Croisade s'ébranla vers la
    capitale du Vicomte Trencavel : Carcassonne. C'était déjà un site fortifié mais seul
    le château pouvait résister à une attaque. La ville fortifiée actuelle, reconstruite par
    VIOLLET LE DUC au XIXème siècle, est plus importante que celle du début du
    XIIIème siècle.
    C'était la capitale de Raimond Roger TRENCAVEL, qui entendait résister et
    défendre ses possessions. Il était plus proche des Cathares que son oncle, le Comte
    de Toulouse, mais avait-il été consolé ? Nul ne pourra en apporter la preuve.
    Le siège dura toute la première quinzaine du mois d'août 1209. Les réserves d'eau
    s'épuisant vite en été, TRENCAVEL proposa aux chefs de la Croisade, une solution
    honorable. Il remettrait les clés de la ville contre la vie sauve pour ses habitants.
    Fort de son esprit chevaleresque et de son code d'honneur, il se rendit en toute
    confiance pour négocier au campement de Simon de Montfort. Mal lui en prit, il
    sera jeté dans un cachot. Il y mourra quelques mois plus tard, soit de maladie, soit
    assasiné.
    La ville fut ainsi conquise et les hérétiques qui y furent pris n'échappèrent pas au
    bûcher. Cette victoire conduisit les Croisés à proclamer Simon de Montfort,
    Vicomte à la place de son prisonnier. Mais elle leur donna aussi l'impression que la
    guerre était finie et qu'ils pouvaient s'en retourner dans leur lointain foyer, d'autant
    que différentes villes avaient fait, entre-temps, leur soumission dont Albi et
    Castres.
    Les combattants étaient las et ils avaient rempli leurs obligations de croisade
    (quarantaine). Simon de Montfort après avoir tenté de les retenir, fit appel à Rome
    qui s'efforça de prolonger la durée de la croisade. Si tous ne s'en retournèrent pas
    vers le Nord, l'armée croisée n'en était pas moins dégarnie à la fin de 1209. Elle
    passa l'hiver tout en évitant toute attaque frontale avec ses adversaires réfugiés dans
    les multiples châteaux du Minervois, faisant le gros dos dans Carcassonne. Au
    printemps 1210, Simon de Montfort reçoit les renforts tant attendus et peut à
    nouveau lancer son armée à l'assaut des forteresses des environs (10).
    Minerve, perdue par l'eau Début de page
    Parmi celles-ci, Minerve où de nombreux Cathares s'étaient réfugiés sous la
    protection du Seigneur du lieu, Guilhem de Minerve, qui était l'exemple même de
    la petite noblesse de ces contrées : pas nécessairement cathare mais lié aux
    Bonshommes par divers liens de voisinage et résolu à préserver son autonomie.
    Face à lui, l'armée des Croisés, qui a eu le temps de se réorganiser, et reçu des
    renforts, y compris sur place dont des Narbonnais (11), est en position de force. Les
    prises de Carcassonne et de Béziers ainsi que la mort de TRENCAVEL les ont
    galvanisés
    Si Minerve est une forteresse naturelle particulièrement bien située sur un piton
    rocheux difficilement accessible, ce n'était pas pour autant un nid d'aigles pyrénéen.
    Le talon d'Achille de cette bourgade fortifiée (comme de beaucoup d'autres), c'est
    évidemment son approvisionnement en eau qu'elle ne peut garantir (surtout pendant
    les périodes sèches de l'été) qu'en accédant aux bords des rivières qui la bordent à
    savoir la Cesse et le Briant.
    Le siège dura près d'un mois. Les Croisés réussissent à détruire le chemin protégé
    d'accès au puits de Minerve avec une machine infernale appelée la MALVOISINE,
    sorte de catapulte géante. Cette pièce d'artillerie (utilisant des pierres comme
    projectiles) avant la lettre et ses semblables, seront la force des assiégeants contre
    les forteresses cathares. Fallait-il encore qu'il soit possible de l'installer en position
    d'attaque ; ce qui était manifestement le cas à Minerve.
    Guilhem tentera bien une paix des braves qui eut sauvé ses troupes, les habitants de
    Minerve et les réfugiés cathares du bûcher. Magnanime, le légat du pape accepta
    cette proposition à condition que les hérétiques adjurent publiquement leur foi. Il
    savait que peu le ferait et que le bûcher serait massivement utilisé (12). Ce fut le
    cas puisque 140 Parfaits et Parfaites moururent résolument sur un des premiers
    bûchers de masse de la croisade contre les Albigeois.
    Les Catholiques considéraient le bûcher (13) comme le châtiment extrême réservé
    aux hérétiques les plus opiniâtres et aux apostolats : " Si après avoir accueilli et
    connu la vérité, nous l'abandonnons volontairement, il ne nous restera plus de
    sacrifice pour expier ce péché ; nous n'aurons plus qu'à attendre un effrayant
    jugement et le feu jaloux qui doit dévorer les rebelles " (Epître de St Paul aux
    Hébreux, 10).
    Pour les Cathares, ils étaient synonymes de délivrance : "je ne me soucie pas de
    ma chair car je n'ai rien en elle : elle appartient aux vers. Le Père céleste n'a
    rien à lui dans ma chair ... car elle appartient au Prince de ce monde qui l'a faite
    " , Belibaste, dernier Parfait.
    Au cours de cette première période, la force des Croisés réside spécialement dans
    leur tactique. Groupés, ils attaquent leurs adversaires les uns après les autres,
    évitant ainsi de rencontrer chaque fois une résistance insurmontable. En outre, pour
    une armée féodale, celle des Croisés fera preuve d'une grande mobilité et d'une
    forme de commandement relativement intégré surtout dès sa prise en main par
    Simon de Monfort (14).
    Raimond VI attaque la Croisade Début de page
    La position du Comte de Toulouse devient de plus en plus difficile. D'une part, ses
    sujets le pressent, y compris dans sa capitale, de défendre leurs frères assiégés ;
    d'autre part, le camp des Croisés le regarde de plus en plus en ennemi. Le Pape,
    longtemps hésitant à s'attaquer de front à un puissant seigneur, accepte sur
    proposition de ses légats de le mettre au pied du mur, en l'invitant à livrer et à
    pourchasser les hérétiques vivant sur ses terres.
    La bataille de Muret Début de page
    En 1212, Simon de Monfort poursuit une politique d'encerclement du Comte de
    Toulouse qui va susciter en retour un resserrement des liens entre les habitants et
    leur suzerain. Ce dernier réagit en se plaçant sous la suzeraineté du Roi Pierre II
    d'Aragon, qui finira par voler à son secours. Cette alliance entre l'Aragon et le
    Comté de Toulouse pouvait être les prémices d'un grand Etat transpyrénéen dont
    les Rois d'Aragon avaient déjà jeté les premières bases en étendant leurs
    possessions en Provence au-delà du Rhône (15).
    Mal leur en prit. Rassemblée à Muret, la coalition occitano-aragonaise, quoique
    plus forte en nombre, fut battue par les Croisés en 1213.
    Pierre II est un exemple typique du caractère complexe des alliances politiques de
    cette période. Voilà un Roi qui combat avec courage et succès les Musulmans en
    Espagne au nom de la foi catholique et qui s'associe en Languedoc avec le Comte
    de Toulouse, son beau-frère, pour abattre une croisade lancée par les papes de
    Rome.
    La défaite de Muret entraîna ultérieurement la chute de Toulouse (1215). Raimon
    VI est dépouillé de ses états qui seront confiés à Simon de Montfort par décision
    romaine et non par celle du Roi de France. Si des villes et des forteresses sont
    prises par la Croisade, le " pays " reste farouchement hostiles aux Croisés. Une
    sorte de guérilla s'installe. Le catharisme va surtout s'incruster dans les campagnes
    où il est plus difficile de l'extirper.
    " Ay Tolosa e Provensa ! E la terra d'Agensa ! Bezers e Carcassey ! Quo vos vi,
    quo vos vey(*) (*) Toulouse et Provence et terre d'Agen, Béziers et le Carcasses,
    Qui vous vit, Qui vous voit" traduction libre : Toulouse et Provence et terre d'Agen, Béziers et
    Carcasses; qui vous vit, qui vous voit !
    Début de page
    1 Les Dominicains français sont encore divisés en 3 provinces : Paris, Lyon et Toulouse Retour
    2 Il est paradoxal de constater qua la Papauté laissera subsister plus longtemps le catharisme dans ses
    propres Etats qu'en royaume de France. Retour
    3 La situation de ces Lieux Saints n'étaient pas un motif de satisfaction pour Rome puisque Saladin avait
    repris Jérusalem en 1190 et que les 3ème et 4ème Croisades menées entre-temps pour le libérer n'avait pas
    atteint leur but. Retour
    4 Le meurtre de Pierre de Castelnau, archidiacre de Maguelone (Montpellier) eut lieu, à Saint-Gilles près
    de Nimes (rive droite du Petit Rhône). Retour
    5 Le développement de l'hérésie cathare dans le Nord de la France et en Lotharin gie (cfr. annexe) y a
    vraisemblablement sensibilisé la population au " danger " que le catharisme faisait courir à l'Eglise et
    peut-être au pouvoir féodal. Retour
    6 " L'Histoire des Albigeois " de Pierre de Vaux de Cernay pour les Croisés. Quant à la " Chanson de la
    Croisade " , elle comprend deux parties : la première due à Guilhem de TULEDA est proche du parti des
    Croisés, la seconde anonyme est plus proche du parti toulousain. Retour
    7 Cette parole pourrait néanmoins résumer assez largement l'état d'esprit des Croisés. Retour
    8 Son échec et celui de certains de ses compagnons lors de leur Croisade précéden te en Palestine explique
    en partie l'enthousiasme qu'ils mirent en compensation dans cette croisade contre les Albigeois. Retour
    9 Le carnage de Béziers a vraisemblablement réduit la volonté de résistance de nombreuses cités Retour
    10 Les châteaux du Minervois, des Corbières et Razès tombent les uns après les autres ou se endent :
    SAISSAC (1209), TERMES (1210), DURFORT (1210), PUIVERT (1210), AGUILAR (1210), LASTOURS
    (1211), LAVAUR (1211). Retour
    11 La présence de ces derniers serait due à des conflits préexistant entre les Vicomtes de Narbonne et de
    Minerve. Retour
    12 A Minerve, en patois occitan contemporain, l'insulte la plus grave est LOUS AMORIS (Arnaud
    AMAURYS,Abbé de Citeaux) Retour
    13 Est-ce une image du feu éternel dans lequel se consume les damnés ? Deux siècles plus tard, dans
    l'Eloge de la Folie, ERASME n'hésite pas à se moquer de ces raisonnements légitimant les buchers :
    "quelqu'un ayant demandé par quels passages de l'Ecriture on prouvait qu'il vaut mieux brûler les
    hérétiques que de les convaincre par de bons raisonnements, un vieillard renfrogné qui portait sur la
    figure tout l'orgueil et toute la présomption théologique, répondit en criant de toutes ses forces : "C'est
    saint Paul qui l'a recommandé expressément, quand il dit Hereticum hominem post unam et
    alteram correptionem devita" Cet interlocuteur zélé poursuit selon la Folie "le mot devita
    n'est-il pas composé de la préposition de, qui marque retranchement, et du nom substantif vita, qui veut
    dire vie ? il signifie par conséquent retrancher de la vie..." alors que selon ERASME la traduction de la
    phrase est "Evitez l'hérétique après l'avoir repris une et deux fois". Retour
    14 " La capitulation des forteresses ne tint pas à des raisons techniques mais à des raisons politiques ; autant
    la force militaire des castra (châteaux) était adaptée à l'émiettement des pouvoirs qui caracté risait encore
    cette région à la veille de la Croisade, autant elle devenait dérisoire devant le type de pouvoir dont la Croisade
    va investir Simon de Montfort " - " La Croisade Albigeoise - la technique des sièges " Monique Zerner-
    Chardavoine, 1979, Edit. Gallimard. Retour
    15 La défaite de MURET est aussi celle de cette tentative. La France n'abandonnera plus le Languedoc
    mais devra encore attendre quelques siècles avant de rejeter les Espagnols au -delà des Pyrénées Retour
    Chapître IV : une reconquête politique
    La reconquête Un combat autonomiste Soulèvement généralisé Victoire sans lendemain Le
    traité de Meaux Les Cathares du désert Naissance de l'Inquisition Dernier sursaut Fin de
    Montségur Mort de Raimond VII Nouvelle vie pour les châteaux
    La reconquête du Comté de Toulouse
    Après la mort d'Innocent III, le 16 juillet 1216, le Comte Raimon VI, qui s'était
    réfugié à la Cour d'Angleterre, va tenter avec son fils, le futur Raimon VII, de
    reconquérir ses Etats avec l'aide notamment de son puissant vassal, le Comte de
    Foix (1).
    Toulouse, où l'agitation autonomiste et hérétique n'a pas faibli, se libère. Simon de
    Montfort revient à la charge mais est tué au combat le 25 juin 1218.
    Les Rois de France qui avaient espéré recueillir les fruits des efforts des Croisés,
    craignent que le sursaut du Midi ne les prive de toute influence dans cette contrée.
    Ils se doivent donc de s'engager plus avant et personnellement dans la Croisade
    dont les buts politiques vont de plus en plus apparaître au grand jour.
    En 1219, le prince royal Louis (le futur Louis VIII) participa aux combats mais
    sans grand succès.
    En 1221, Raimon VI décède et son fils Raimond VII qui s'est acquis une solide
    réputation dans ses combats contre les Croisés français , lui succède. Début de page
    Un combat " autonomiste "
    La stratégie politique de domination des Français sur le Languedoc sous couvert de
    croisade contre l'hérésie, apparaît de plus en plus nettement aux Méridionaux.
    La Chanson de la Croisade, spécialement dans sa seconde partie écrite vers
    1218/1219, ne mentionne guère la lutte contre les Cathares mais s'attache à
    magnifier la résistance des habitants du Languedoc unis contre l'invasion française.
    Evoquant des combats devant Toulouse où Simon de Montfort fut tué, l'auteur de la
    Chanson évoque les cris ardents des défenseurs toulousains par ces vers : " A mort
    ! A mort, foutus Français ! La roue de la Fortune a tourné ! Vive Dieu, il nous
    rend Raymondet (Raymon VII), l'héritier de Toulouse, et le feu dans nos coeurs
    brûle à nouveau tout droit ! " (Laisse 201)
    Les Catholiques du Languedoc ne pouvaient guère appuyer la Croisade ou
    combattre l'hérésie sous peine de passer pour traîtres à leur comte.
    Les Croisés comprendront vite que le Languedoc ne se soumettra pas de bon gré.
    La lutte ne cessera (selon Guilhem de Puylaurens) que le jour où ce peuple
    n'existera plus en tant que " nation " (avant la lettre). Début de page
    Un soulèvement généralisé
    En 1223, Raimon TRENCAVEL, le fils de l'emmuré de Carcassonne, après avoir
    longtemps erré, reconquiert ses vicomtés avec l'appui d'une population que la peur
    n'atteint plus et avec l'aide des chevaliers faydits qui sont les petits nobles
    dépossédés de leur domaine par les Croisés qui avaient pris leur place.
    En 1224, Amaury de Montfort qui avait succédé à son père, est définitivement
    battu. Il abandonne la lutte en cédant toutefois ses droits sur le Languedoc
    directement au Roi de France. Début de page
    Une victoire sans lendemain
    Le Languedoc croit pouvoir à nouveau jouir de la paix, de la tolérance et de son
    autonomie.
    Ce n'était toutefois qu'une victoire superficielle. Si des villes, des places fortes ont
    été reprises, le pays est ruiné et certains se mettent à douter de l'intérêt de prolonger
    le combat.
    En effet, de plus en plus les Rois de France et leur importante machine de guerre se
    sont impliqués dans la Croisade. S'ils décident d'y mettre le prix, les pitons rocheux
    languedociens ne résisteront pas longtemps.
    Pour asservir le pays, les Croisés ont appliqué (2) la théorie de la terre brûlée. Le
    Languedoc ne se rendra pas à la suite de la prise de l'une et l'autre cité, de l'un ou
    l'autre château qui se jettent dans les bras de leurs anciens maîtres dès qu'ils s'en les
    Croisés se sont éloignés. C'est en affaiblissant l'économie, en affamant les villes et
    les campagnes que les armées étrangères pourront durablement s'imposer et régner
    sur un peuple exangue. " C'est une armée puissante et bien organisée qui se livre
    avec méthode à cette guerre sans combat où les adversaires sont les blés, les ceps
    de vigne et le bétail " . Zoé OLDENBOURG (Le bûcher de Montségur)
    En 1226, le Roi de France, inspiré par son épouse Blanche de Castille, participe luimême
    aux opérations militaires (3) mais elles ne lui donnent pas de victoire
    décisive. Il assiste à Caunes-Minervois au jugement et à l'exécution d'un évêque
    cathare, Pierre ISARN. Décédant peu après d'une maladie contractée au siège
    d'Avignon, il est remplacé par son fils Louis IX (au départ sous la régence de sa
    mère), le futur Saint Louis qui aura un règne de près de 44 ans. Début de page
    Le traité de Meaux, la fin de l'autonomie du
    Languedoc
    Le succès des armes change une nouvelle et dernière fois de camp. Le Comte de
    Toulouse après avoir tenté d'écarter la menace contre ses Etats par le double jeu
    devra se soumettre au Roi de France par le traité de Meaux confirmé à Paris en
    1229.
    Ce document est essentiel pour l'avenir du Languedoc et du catharisme.
    Non seulement, le Comte reconnaît la suzeraineté de Louis IX mais il promet de
    chasser l'hérésie sur ses terres. Autre clause fondamentale du traité : il marie sa fille
    (son héritière) au frère du Roi de France (Alphonse de Poitiers), ce qui implique à
    terme le retour du Comté de Toulouse dans le giron royal.
    Ultérieurement, Raimon VII n'aura de cesse de tenter de revenir sur sa signature et
    d'essayer de se remarier pour avoir un héritier mâle. En vain ! Début de page
    Les Cathares du désert
    Se sentant de plus en plus menacés, les Parfaits cherchent refuge dans des endroits
    qualifiés d'inaccessibles, notamment dans les Corbières et les contreforts des
    Pyrénées. En 1232, Montségur devient " la tête et le siège protégé de l'Eglise
    cathare " . Des grottes préhistoriques seront à nouveau occupées par des
    clandestins. Début de page
    Naissance de l'Inquisition
    L'Eglise romaine a compris qu'une occupation militaire (dont les buts sont de moins
    en moins religieux) n'arrivera pas seule à extirper l'hérésie. Il faut s'occuper des
    âmes individuellement et méthodiquement. L'Inquisition, embryonnaire jusqu'alors
    (4), est organisée en 1233 dans une " société pour laquelle, à tort ou à raison, la
    préservation de la foi paraissait aussi importante que de nos jours celle de la
    santé physique " (5).
    Au XIXème siècle, l'Abbé LACORDAIRE a voulu disculper St Dominique (mort
    en 1221) de pratiques inquisitoriales en soulignant qu'elles furent surtout le fait des
    Cisterciens et des prêtres séculiers (6).
    Toutefois, en Languedoc, l'Inquisition dépend directement de Rome et sera confiée
    à des hommes sûrs dont les Dominicains. Elle organise, tant en ce qui concerne la
    recherche du renseignement que la condamnation des hérétiques, des tribunaux
    spéciaux dont les jugements sont exécutés par le seigneur civil.
    Maladroite ou trop efficace, l'Inquisition rencontre des succès non négligeables tout
    en suscitant une hostilité de plus en plus ouverte de la population. Début de page
    Un dernier sursaut
    A Toulouse, à Narbonne, la foule moleste des Inquisiteurs trop zélés. A Albi, ayant
    voulu déterrer du cloître St Salvy les restes de chanoines convaincus d'hérésie pour
    les brûler, l'Inquisition suscite une révolte en 1235.
    Les nobles déchus tentèrent de profiter de ce climat insurrectionnel mais cette fois
    les armées françaises sont organisées et TRENCAVEL par exemple, ne réussit plus
    à reprendre ses possessions qui entrent définitivement dans le giron royal.
    Les Français occupent de plus en plus le terrain : d'une part les seigneuries ont été
    reprises par des Croisés, d'autre part des cités nouvelles apparaissent pour
    regrouper les populations (bastides et castelnaux).
    La lutte devient de plus en plus inégale. Les rancoeurs s'avivent chaque jour. Les
    Chevaliers de Montségur ont assassiné quelques Inquisiteurs à Avignonet en 1242.
    Profitant de cet incident et de l'émotion qu'il provoque dans les deux camps, le
    Comte Raimon VII se soulève à nouveau. Il croit bénéficier de l'appui d'une vaste
    coalition à laquelle les Anglais de Guyenne participeraient ainsi que les Aragonais.
    Les troupes du Roi de France défont les alliés avant de s'attaquer au Comte de
    Toulouse qui capitula à Lorris en 1243. Début de page
    La fin de Montségur
    De plus en plus le rocher de Montségur dont les défenses ont été sensiblement
    améliorées, apparaît comme un symbole de la dernière résistance cathare qu'il
    s'indique, pour les Croisés, de détruire au plus vite (7).
    Le siège durera plusieurs mois. Le 2 mars 1244, Pierre Roger de Mirepoix, le
    Commandant de la place, capitula mais obtint une ultime trêve de quinze jours. Le
    16 mars 1244, à l'expiration de ladite trêve, deux cent vingt hérétiques seront
    brûlés.
    L'Inquisition sera désormais l'instrument essentiel d'éradication de l'hérésie. Dès
    1252, elle sera autorisée à pratiquer la torture par la bulle " Ad extirpenda " . Face à
    cette puissance et ne disposant plus de refuge sûr, l'Eglise cathare devra s'enfoncer
    plus profondément dans la clandestinité ou s'expatrier vers l'Espagne et plus
    sûrement vers l'Italie. Dans cette dernière, l'hérésie florissait encore, profitant des
    dissensions entre les partisans du pape et ceux de l'empereur du Saint Empire
    germanique.
    En 1249, Raimon VII reprenant son double jeu, fera cette fois brûler quatre-vingts
    cathares à Berlaigues près d'Agen. Début de page
    Mort de Raimon VII
    Il mourra cette même année sans descendance mâle. Son beau-fils, Alphonse de
    Poitiers, frère du Roi Louis IX, lui succèdera jusqu'à sa mort également sans
    héritier, en 1271. Le Comté deviendra alors, à l'instar des anciens vicomtés
    TRENCAVEL, une possession directe du Roi de France. C'en sera fait de
    l'autonomie du Languedoc.
    Après PADERN (1248) et PUILAURENS (1255), QUERIBUS, dernier site fortifié
    se rend en 1255. L'histoire des Cathares n'est plus alors qu'une suite de vaines
    tentatives de redressement de leur église sur fond d'Inquisition. Celle-ci développe
    et améliore sans cesse l'efficacité de ses méthodes. La population n'ose plus guère,
    sauf quelques soubresaults, s'y opposer.Début de page
    Une nouvelle vie pour les châteaux cathares
    Le Roi de France ayant pris possession du Languedoc, se doit de fortifier sa
    frontière avec le royaume d'Aragon. Celui-ci comprend à l'époque le Roussilon
    (Perpignan, ...). La France reconstruit de nombreux anciens châteaux qui furent "
    cathares ". Peyrepertuse pris en 1240 est reconstruit dès 1242 par St Louis pour en
    faire un bastion contre l'Aragon.
    Le rôle défensif de ces sites disparaitra évidemment au traité des Pyrénées (1659)
    qui verra la frontière repoussée jusqu'aux montagnes du même nom. Les
    fortifications ou les ruines que le visiteur peut aujourd'hui contempler sont donc
    généralement postérieures aux constructions de l'époque cathare.
    Début de page
    1 Bernard de Foix fera sa soumission au Roi de France. Après être devenue coprince d'Andorre en 1278,
    la lignée s'éteignit au profit direct du Roi de France au XIVème siècle avec Gaston FEBUS, dernier comte
    de Foix mais surtout vicomte de Béarn. Retour
    2 Dès le début de cette croisade, les deux camps n'ont pas hésité à brûler les récoltes et à anéantir les
    vignes pour gêner les approvisionnement de l'adversaire. Retour
    3 Durant ces campagnes, les Croisés perdirent de nombreux combattants dont un Comte de Namur
    Retour
    4 Le concile de Vérone en 1184 jeta les premières bases de l'Inquisition. Les premiers inquisiteurs furent
    envoyés en Languedoc en 1198 et St-Dominique en rencontra trois à Montpellier en 1205 Retour
    5 " Pour en finir avec le Moyen Age " Régine PERNOUD Retour
    6 Au concile de Toulouse en 1229, le clergé local est chargé de l'Inquisition : " Les évèques choisiront en
    chaque paroisse un prêtre et deux ou trois laïques de bonne réputation , auxquels ils feront serment de
    rechercher exactement et fréquemment les hérétiques ... " ,cité par Lacordaire. Toutefois, les succès de
    l'Inquisition " locale " furent mitigés d'où la reprise en main par la Papauté qui la confiera notamment
    aux ordres mendiants (Dominicainset Franciscains). Retour
    7 D'aucuns émettent l'hypothèse que les Français aient consciemment laissés la tête de l'Eglise cathare se
    rassembler à Montségur dans une certaine impunité pour mieux lui porter le coup final ! Retour
    Chapitre V : les derniers Parfaits
    De vaines tentatives de relance Mort du dernier Parfait : Belibaste Résistance passive et
    nostalgie Le refuge italien s'écroule
    De vaines tentatives de relance de la foi
    cathare
    Des Parfaits revenant d'Italie tentent de raviver la foi. Après quelques succès, qui
    démontrent que la population restait proche de cette religion, ils furent tous pris par
    les Inquisiteurs.
    De ces années noires mêlées de quelques lueurs d'espoir pour les Cathares, deux
    périodes se détachent : l'action de Guilhem Pagès de 1262 à 1283 dans le Cabardès
    et celle des frères Authier de 1301 à 1309. Les uns et les autres terminèrent leurs
    prédications dans les flammes. Durant ces périodes incertaines, beaucoup d'occitans
    n'hésitèrent pas à pratiquer, comme leur Comte l'avait fait, le double jeu :
    catholiques de jour, cathares de nuit. Ils voulaient peut-être tout simplement
    prendre le maximum de garantie pour le jour du jugement dernier en sacrifiant aux
    deux Eglises antagonistes mais se réclamant également de Jésus. Des prêtres même
    ne répugnaient pas à la double appartenance. Début de page
    1321 : mort du dernier Parfait
    Les derniers Parfaits, pour éviter d'être pris par l'Inquisition, n'hésiteront pas à
    dissimuler leur foi : par exemple, Bélibaste, le dernier d'entre eux, se justifiera
    d'avoir communié selon le rite catholique en soulignant qu' " il faudrait avoir bien
    petit appétit pour ne pas manger ce petit gâteau " . Lorsqu'il avait aspergé d'eau
    bénite des participants à un enterrement, il dira avec une pointe d'humour : " ce
    n'est pas grand dommage de recevoir trois ou quatre gouttes d'eau car on en
    supporte bien davantage lorsqu'on voyage " .
    Les grands prédicateurs cathares disparus, il reste à la population le souvenir des
    prêches ravivées cà et là par des croyants plus entreprenants que d'autres. Sont-ils
    des consolés ou tout simplement des dévoués ? L'essentiel est que malgré la force
    de l'Inquisition qui bénéficie désormais de l'appui sans réserve du pouvoir civil, une
    forme de catharisme va perdurer en Languedoc jusqu'en 1329 (1) avec un ultime
    bûcher de trois hérétiques à Carcassonne.
    Le dernier Parfait connu sera brûlé dès 1321 à Villerouge-Termenes. En effet,
    Bélibaste avait été repris, à la suite de l'action d'un " agent double ", en Catalogne
    où il s'était réfugié.
    De 1318 à 1325, un grand Inquisiteur du diocèse de Pamiers mettra quasiment la
    touche finale à l'élimination de l'hérésie. C'est un personnage non négligeable de ce
    XIVème siècle.
    D'une part la rédaction de ses interrogatoires de suspects d'hérésie est
    particulièrement riche de précisions à propos de la doctrine cathare. L'évêque
    Jacques Fournier avait un véritable souci de recherche que nous pourrions
    aujourd'hui qualifier de scientifique. D'autre part, il deviendra pape (à Avignon)
    sous le nom de Benoît XII de 1334 à 1342. Début de page
    Résistance passive et nostalgie
    L'Eglise cathare disparue, il restera aux habitants du Languedoc une forme de
    résistance passive. Cela se traduira notamment dans des chansons à double sens.
    Par exemple, (Chanson de l'Aude) :
    " Sur la terre de Larida
    L'un perd et l'autre gagne
    Las, mon ami
    Nous y avons beaucoup perdu :
    Nous avons perdu notre Dame
    Las, mon ami !
    Mais où l'irons-nous chercher ? "
    Larida est un château du Carcassès dont le seigneur fut faydit. La Dame pourrait
    être l'Eglise cathare. Début de page
    Le refuge italien s'écroule
    Les dualistes italiens sont également pourchassés depuis le milieu du XIIIème
    siècle. Les premiers bûchers apparaissent en 1270. Les refuges de Lombardie et de
    l'Italie centrale deviennent donc de plus en plus incertains pour les exilés cathares
    du Languedoc et leurs coréligionnaires locaux.
    En Italie, la dernière sentence de condamnation d'hérétiques dualistes au bûcher
    date de 1412, soit environ un siècle après la mort du dernier Parfait d'Occitanie. Les
    Vaudois, qui quoique n'ayant pas les mêmes convictions que celles des Cathares
    dont ils furent contemporains, subirent parfois les mêmes persécutions. Néanmoins,
    ils eurent quant à eux une durée nettement plus longue. Certaines communautés
    perdurèrent jusqu'au XVIème siècle.
    Au synode de Chamforan, les communautés vaudoises du Piémont adhérèrent à la
    réforme protestante qui eut un grand impact en Languedoc (Cevennes). Début de
    page
    1 Soit plus de deux siècles après le Concile de Toulouse de 1119 Retour
    Conclusions
    Une secte chrétienne ? Le catharisme du Nord Le catharisme peut-il revivre ? Les chrétiens
    d'aujourd'hui et les cathares d'hier Au prix de l'Inquisition Les Ordres mendiants Une hérésie
    parmi d'autres Revoilà la Bosnie
    Il y a sept siècles que s'évanouissait l'église dualiste d'Occitanie tuée par l'Eglise de
    Rome mais aussi par une certaine idée du pouvoir royal en France.
    Une secte chrétienne ?
    Comprendre l'épopée cathare aujourd'hui n'est guère aisé. La naissance de cette
    religion a eu lieu dans une société profondément religieuse. Y avait-t-il à cette
    époque d'autres certitudes que celles tirées des croyances religieuses ?
    Le terme d'épopée est peut-être excessif. Selon Anne BRENON, Directrice du
    Centre d'Etudes cathares - René NELLI, " Le catharisme aurait été un phénomène
    sans doute amplifié; jusqu'à quel point ne sommes-nous pas victimes des
    documents ? " se demandait-elle en septembre 1993 en considérant par exemple
    que l'Inquisition aurait fait table rase de beaucoup d'écrits, laissant la place (avec
    ceux qu'elle a préservés) à toutes les exagérations (1).
    Reprenant la même hypothèse d'une certaine "manipulation" par l'Eglise, Monique
    ZERNER-CHARDAVOINE (1), dans la revue "Pays Cathare" de mars 1999,
    précise par exemple : "Je pense qu'il n'y a pas eu une hérésie unique, développée
    entre le XIème et le XIIIème siècle, et une église qui seraient cathares, contre
    lesquelles on aurait lancé, à un moment précis, une croisade. L'hérésie est multiple.
    Et il semble qu'on ait beaucoup exagéré les aspects organisationnels : l'idée même
    d'une institution ecclésiastique (pour les cathares) ne tient pas...".
    Sans aller si loin, le catharisme était-il ou non une doctrine chrétienne ?
    Certes, les livres de base (Evangiles, surtout celui de St Jean) étaient largement
    étudiés et commentés. Les objectifs des Cathares étaient incontestablement
    semblables à ceux de l'Eglise catholique, à savoir parvenir au salut éternel en
    suivant l'enseignement du Christ. Toutefois, les principes de base qui influençaient
    la sélection, l'analyse et l'interprétation des textes bibliques conduisent à une
    doctrine assez éloignée de l'enseignement de l'Eglise de Rome. A posteriori, il est
    permis de constater que les implications du christianisme n'étaient pas parallèles à
    celles du catharisme.
    Le dualisme distinguait le monde d'ici-bas (globalement mauvais) et celui de l'audelà.
    Cela pose évidemment le principe de la vanité des espoirs et des efforts en
    l'amélioration de la vie sur terre.
    Néanmoins, ceci n'a pas empêché les Cathares et leurs dirigeants de participer aux
    tâches d'ici-bas. Le clergé cathare plutôt que d'être à charge de la communauté des
    croyants, n'hésitait pas à travailler pour contribuer à sa subsistance. Par ailleurs, la
    plus large ouverture d'esprit des Cathares face aux forces nouvelles de l'économie
    précapitaliste (l'approbation du prêt à intérêt qui permet le financement d'activités
    novatrices) aurait pu accélérer l'essor économique. Début de page
    Le catharisme du Nord
    Si le catharisme méridional est à la mode, celui des contrées au nord de la Loire
    mériterait un examen plus attentif. Pourquoi les premiers " cathares " apparus en
    Flandre, en Hainaut, en Artois, dans la Principauté de Liège, à Cologne, n'ont-ils
    pas pu durablement s'implanter ? Quelle a été leur influence réelle ?
    Malheureusement, ici plus encore qu'aux bords de la Méditerranée, les sources
    historiques sont généralement dues à leurs adversaires.
    Le catharisme peut-il revivre ?
    Dans le monde troublé que nous vivons, des sectes et des croyances diverses se
    développent. Les religions traditionnelles sont l'objet de bouleversements parfois
    accompagnés de volonté de purification ou de retour aux sources.
    Le catharisme peut-il revivre dans un monde où les repères moraux semblent
    aujourd'hui moins solides qu'hier ?
    " Als cap de sept cents ans verdeja le laural " (dans sept cents ans, le laurier
    reverdira) chante un troubadour de la fin du catharisme. Nous y voilà !
    En Languedoc, une certaine recherche d'authenticité culturelle conduit certains
    milieux à s'intéresser plus qu'hier au catharisme. Début de page
    Les chrétiens d'aujourd'hui et le catharisme
    Par ailleurs, des conceptions cathares sont aujourd'hui partagées par les sociétés
    authentiquement chrétiennes. Citons pêle-mêle au sein des mondes catholique et
    protestant :
    - des offices religieux en langues modernes
    - une étude plus poussée des textes bibliques (également en langues
    modernes) ainsi qu'une lecture plus symbolique de l'Ecriture Sainte. Par
    exemple, l'Esprit-Saint descendant sous la forme d'une colombe à la
    Pentecôte est de plus en plus perçu comme une image et non comme un
    volatile (2)
    - une approche plus rationnelle des phénomènes miraculeux - un culte des
    saints généralement plus discret
    - un clergé plus dépouillé (en France notamment depuis la séparation de
    l'Eglise et de l'Etat)
    - de nombreux Catholiques d'Occident qui n'abandonnant pas nécessairement
    leur croyance en Jésus-Christ et en son message, se sont de fait largement
    éloignés de la plupart des sacrements contestés par les Cathares, dont
    l'Eucharistie
    - le monde de l'économie qui n'est plus fondamentalement rejeté par le
    Christianisme. Certains historiens attribuent à la bienveillance des religions
    protestantes, pour le prêt à intérêt et le capitalisme, un essor économique
    plus rapide de nombreux pays développés de confession protestante.
    Oserait-on prétendre que les Catholiques d'aujourd'hui ont des conceptions parfois
    plus proches des Cathares que de celles de leurs ancêtres du XIIIè siècle ? Ce serait
    certainement un raccourci abusif (3) puisque ce serait négliger d'une part
    l'explication dualiste qui était fondamentale aux yeux des Cathares et d'autre part le
    dogme de l'Incarnation du Christ fondamental et original pour les Chrétiens. Début
    de page
    Au prix de l'Inquisition
    Une autre question qui mérite d'être posée, c'est celle de l'influence de la lutte
    contre le catharisme pour l'évolution du catholicisme. Ce dernier n'est réellement
    venu à bout de ce qu'il considérait comme une dangereuse hérésie qu'au prix de
    l'organisation de l'Inquisition. Peu importe de savoir si cette dernière fut,
    notamment en Espagne dévoyée par le pouvoir civil, c'est l'Eglise catholique
    (romaine) elle-même qui avait mis le doigt dans un dangereux engrenage. Certains
    considèreront à l'instar de feu le chanoine Leclercq que : "La meilleure preuve que
    l'Eglise est une, sainte, catholique et apostolique est qu'elle existe toujours en ce
    XXè siècle, malgré les bêtises et les méfaits de ses prêtres et de des papes, malgré
    l'Inquisition et les Borgia ! "
    D'autres estimeront que l'Inquisition fut à l'époque un progrès du droit sur
    l'anarchie des impulsions populaires. Il reste néanmoins difficile et périlleux pour
    des esprits du XXème s. de vouloir juger une institution née au creux de la 'une
    société médiévale. Pour l'histoire de l'Eglise, l'Inquisition aura conduit
    insensiblement, spécialement en France, la structure écclésiale à se laisser inféoder
    au pouvoir civil alors qu'elle naquit en une période où au contraire la papauté
    voulait affermir son indépendance. Début de page
    L'essort des Ordres mendiants
    Par ailleurs, la lutte contre l'hérésie peut également avoir des conséquences sur le
    plan de la distribution du pouvoir au sein de l'Eglise catholique elle-même.
    Certains évêques (4) évitèrent par exemple de recourir aux ordres mendiants
    (franciscains, Dominicains,..), trop soumis, à leur estime, à l'influence de Rome,
    pour en venir à bout. Début de page
    Une hérésie parmi d'autres ?
    Dès l'origine du christianisme, la problématique du dualisme et celle de la vraie
    nature du Christ (Homme ou Dieu) était apparue.
    Au début de notre millénaire, sous l'effet de diverses forces et mutations, différents
    mouvements plus ou moins éloignés de l'orthoxie religieuse vont éclore. Les
    cathares auraient été parmi les plus radicaux.
    Parallèlement, les textes préchrétiens , notamment ceux des philosophes grecs
    (Aristote) vont être redécouvert à ces époques. Le choc sera aussi important pour
    l'Eglise romaine que celui imposé par le catharisme. En 1277, l'Evèque de Paris,
    Etienne TEMPIER, condamnera 219 thèses dont certaines deviendront, malgré lui,
    les bases du monde moderne occidental de plus en plus indépendant de l'autorité
    religieuse. Mais, c'est une autre histoire ! Les cathares auront depuis longtemps vu
    leur influence eradiquée que l'Eglise de Rome sera toujours au prise avec un certain
    esprit laïc. Début de page
    Revoilà la Bosnie
    Nous avons commencé ce voyage en catharisme par la Bosnie. C'est aussi par cette
    région ravagée que nous le terminerons. Les Musulmans bosniaques dont le sort
    est, si souvent évoqué ces derniers mois, seraient les descendants des derniers
    Cathares. Ces régions, où une église cathare s'était largement implantée comme en
    Languedoc, furent les dernières où elle perdura. Au XIVème siècle, elle était
    encore très vivace jusqu'au milieu du XVème lors de la prise du pays par les Turcs
    (1463).
    La population autochtone, majoritairement cathare, sans appui externe dans le
    monde chrétien tant romain qu'orthodoxe qui la considérait comme hérétique, ne
    disposant que d'une structure d'église lâche, se convertit plus facilement à l'Islam.
    Ce dernier lui serait, au départ, apparu comme étant moins répressif que les
    religions chrétiennes qui n'avaient pas hésité à la combattre durement. Les
    musulmans de Bosnie seraient les descendants de ces derniers Cathares des Balkans
    et sont donc des Slaves et non des descendants des soldats de l'armée ottomane.
    L'histoire ne serait-elle qu'un éternel recommencement ? Début de page
    Philippe REUL
    1 Pour Anne BRENON voir par exemple le Midi Libre , 4.09.93. Pour Monique ZERNER -
    CHARDAVOINE, voir la Revue "Pays cathare" de mars 99 ainsi que "Inventer l'hérésie ? Discours
    polémiques et pouvoirs avant l'Inquisition" ouvrage collectif sous la direction de Monique ZERNER -
    CHARDAVOINE, Centre d'Etudes médiévales de Nice, Faculté des Lettres, Université de Nice-Sophia-
    Antipolis, CID diffusion, 1998 Retour
    2 Voir à ce propos, les écrits récents relatifs à la vie du Christ dont " Jésus " de Jacques DUQUESNE,
    1994, Edit. Flammarion/Desclée de Brouver Retour
    3 Lors d'une séance d'information sur le catharisme à Mons, tenue le 11 octobre 1996, les organisateurs
    ont reçu (cfr le quotidien "La Province" du 19/10/1996, citant M. N. GOUZY du Centre d'Etudes
    Cathares de Carcassonne) un courrier s'étonnant de ce qu'une conférence su r un tel sujet puisse avoir lieu
    dans les locaux d'une université catholique (en l'occurrence les Facultés Universitaires Catholiques de
    Mons : FUCAM) Retour
    4 Cfr. Otton de Lohnsdorf (évêque de Passau de 1254 à 1256) qui " dans sa lutte contre les hérétiques ne
    recourut pas aux ordres mendiants en qui l'on voyait souvent des agents de la Papauté " in " L'Allemagne
    au XIIIème s. de la Meuse à l'Oder " sous la direction de Michel PARISSE, Edit. Picard, 1994. Retour
    Le catharisme au nord de la Loire
    Des idées semblables Une population largement hostile Un phénomène non-négligeable La
    fin à Mont-Aimé
    Tant dans le Nord de la France qu'en Allemagne ou dans l'actuel Benelux, des
    Cathares sont apparus dès le XIème s. soit en même temps qu'en Languedoc.
    Toutefois les textes de l'époque les concernant semblent moins abondants que ceux
    relatifs au sud de la France. C'est peut-être ce phénomène qui pourrait donner
    l'impression que le catharisme y fut moins puissant qu'au bord de la Méditerranée.
    Des idées semblables à celles du Languedoc
    D'après les rapports de l'Eglise romaine à leur propos, ces cathares du nord
    professaient des idées correspondantes à celles de leurs collègues du sud de la
    France.
    Eckbert von SCHÖNAU qui atteste en 1143 que les Cathares germaniques
    utilisaient eux-mêmes ce nom pour se définir, dénombre (1) dix préceptes
    hérétiques : " ils rejettent le mariage, le baptème des enfants. Ils nient l'existence
    du purgatoire et la présence du corps et du sang du Christ dans l'Eucharistie
    ainsi que l'humanité du Sauveur. Ils considèrent comme inutiles les prières pour
    les âmes des défunts et condamnent la messe de la même manière. A leurs yeux
    seul compte le baptème des adultes par l'Esprit-Saint et le feu. Ces hérétiques
    proclament que la procréation est l'oeuvre du diable, que l'âme humaine, esprit
    rejeté du Royaume céleste et enfermé dans un corps d'homme, ne peut trouver le
    salut que par les bonnes oeuvres. Enfin, les dualistes évitent de consommer toute
    nourriture carnée. "
    Les Cathares rencontrés par Eckbert dans le Saint-Empire germanique ont une
    organisation avec évêque et parfaits itinérants (missionnaires). Ils pratiquent le
    consolement et récitent leur Pater.
    Selon BORST (Die Katharer), un évêque cathare aurait " résidé " à Mont-Aimé (en
    Champagne, au sud d'Epernay) en 1144-1145. L'un d'eux aurait été Robert
    d'EPERNON (cité avant 1167).
    Quant aux hérétiques itinérants, leur existence semble attestée par les tribulations
    de JONAS (2) qui revendiquait la possession de biens appartenant à la cure de
    Neder-Hembeek près de Bruxelles à propos desquels il s'opposa à l'Abbé de Jette.
    En cours d'instance judiciaire devant l'évêque de Cambrai (1136-1167), il apparut
    que ledit JONAS avait été excommunié successivement à Cologne, Trêves et
    Liège, pour catharisme. En conséquence, il fut débouté. Ceci attesterait de
    l'existence d'un " clergé " cathare itinérant. Début de page
    Une population largement hostile
    Ce zèle missionnaire lié au départ à une certaine tolérance (ou indifférence au
    danger) de l'Eglise romaine explique le développement du catharisme au XIIème s.
    dans les contrées du Nord. La lettre du chapitre de Liège au Pape vers 1145 (3) est
    relative à la découverte de cathares que la foule emmenait au bûcher mais que des
    autorités écclésiastiques lui arrachèrent notamment pour pouvoir les interroger.
    Cette lettre montre également l'attitude dubitative du clergé local devant l'hérésie
    puisque ces chanoines s'adressent au Pape pour lui demander conseil sur l'attitude à
    prendre. Le courrier semble avoir été transporté par un cathare " repenti " de
    manière à ce que Rome puisse également l'interroger.
    Il est intéressant de constater que contrairement au sud de la France, la population
    et le pouvoir civil, dans les contrées nordistes, semblent plus foncièrement hostile
    aux Cathares. Les Cathares découverts à Trêves et Utrecht en 1135 seront brûlés
    sur ordre de l'empereur Lothaire. Les hérétiques liégeois de 1145 étaient conduits
    au bûcher par un mouvement populaire extérieur à l'autorité écclésiastique. Début de
    page
    Un phénomène non-négligeable
    Toutefois, selon Hildegarde Von BINGEN, prêchant à Cologne en 1164, la force
    des cathares vient des faiblesses de l'Eglise : " Il suffit que les chefs de l'Eglise
    donnent l'exemple d'une vie chrétienne digne et proclament bien haut la
    splendeur de la création de Dieu qui engloge également le coprs de l'homme et
    tout ce qui est terrestre. C'est alors que la foi des cathares hostile au corps se
    verra couper l'herbe sous les pieds ".(4)
    Le fait que Hildegarde s'en soit préoccupée montre que le phénomène de la
    contestation religieuse et du catharisme n'étaient pas négligeable.
    Insensiblement au cours de la 2ème moitié du XIIème s., la position de l'Eglise
    romaine va se durcir comme en Languedoc. Ceci provient peut-être de l'essor du
    catharisme qui faisait courir un danger de plus en plus important à l'Eglise
    officielle.
    Le 21 mars 1148 à Reims, le pape Eugène III fulmine dans un canon une peine
    d'excommunication pour tous ceux qui viendraient en aide ou recevraient des
    hérétiques. Le 25 octobre 1157, l'Archevêque de Reims dirige le canon " de Piphilis
    " (ou Popelicani de la région de Flandre provenant de publicain synonyme de
    païens) contre l'hérésie. Dans sa bulle du 5 février 1153, adressée à l'évêque
    d'Arras, le pape Eugène III s'inquiète des progrès de l'hérésie dans le Nord de la
    France et en Flandre, tout autant que son successeur Alexandre III et le Roi de
    France (Louis VII) en 1162-1163.
    Une moniale de l'abbaye d'AYWIERES (en Belgique actuelle), aurait fait
    "pénitence pour la conversion des Albigeois et entreprit un jeune de 7 ans avec
    pour toute nourriture du pain et de la bière, afin d'apaiser la colère de Dieu
    pendant l'hérésie cathare..." (5) Début de page
    Le fin à Mont-Aimé
    Toutefois, la lutte contre le catharisme dans les pays de langue d'oïl se poursuivra
    au-delà du XIIème s.. Le bûcher de Mont-Aimé en Champagne de 1239 (6) atteste
    de la persistance du catharisme septentrional.
    Début de page
    1 Chanoine à Bonn puis moine de SCHÖNAU et abbé de ce monastère (Rhénanie Palatinat, Loreley). Il
    s'est trouvé mêlé dès 1143 aux interrogatoires d'hérétiques à Bonn et à Cologne. Retour
    2 " Un clerc cathare en Lotharingie au milieu du XIIème s. " - P. BONEFANT, Revue Le Moyen Age,
    1963 Retour
    3 " Les Cathares de 1048 à 1054 à Liège " - J. RUSSELL, Bulletin de la société d'Art et d'Histoire du
    Diocèse de Liège, 1961. Cet article fait remonter la lettre du chapitre liégeois au Pape attestant de la
    présence de cathares dans la Principauté au milieu du XIè s., ce q ui est contesté par des recherches plus
    récentes dont l'article de SUTOR ci-après ; " Le triumphus Sancti Lamberti de castro Bullonio et le
    catharisme à Liège au milieu du XIIème " SUTOR, revue Le Moyen Age, 1985, n° 2. Retour
    4 " Hildegarde de Bingen, une vie, une oeuvre, un art de guérir en âme et corps ", Ellen BREINDL, Edit
    DANGLES, 1992/1994 Retour
    5 Dans "Mémoires des Monastères" de Joseph LEMMENS, Edit. le Cri, 1999, qui évoque une moniale
    LUTGARDE (née à Tongres en Belgique en 1182, décédée en 1246) de l'abbaye de AYWIERES qui
    désirait le martyre. Retour
    6 " Cette année-là (1239), le vendredi de la semaine avant la Pentecôte (13 mai), fut fait un immense
    holocauste agréable au Seigneur en brûlant des Bougres (hérétiques cathares). 183 furent brûlés en
    présence du Roi de Navarre et des barons de Champagne au Mont-Aimé ... "selon AUBRY du Monastère
    de Trois-Fontaine (Haute Marne). Ce bûcher de Mont-Aimé intervint 5 ans avant celui de Montségur.
    Retour
    Bibliographie
    1° : Ouvrages généraux sur le Moyen Age
    " La légende dorée " - Jacques de VORAGINE, milieu du XIIIe s.
    " Précis de l'histoire du Moyen Age " , Th. JUSTE, 1847
    " L'économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval " - Georges DUBY , Flammarion, 1977
    " Pour en finir avec le Moyen Age " , Régine PERNOUD, Edit. du Seuil, 1977, Points Histoire
    " L'homme médiéval " , J. LE GOFF et autres, Edit. du Seuil, 1989 (Points Histoir e)
    " La spiritualité du Moyen Age occidental - VIII au XIIIème s. " - André VAUCHEZ, Edit. du Seuil, 1994
    (Points Histoire)
    " Introduction à l'histoire de l'Occident médiéval " - Catherine VINCENT, Le Livre de Poche, 1995
    "Penser au Moyen Age" Alain de LIBERA, Edit du Seuil, 1996 (Coll. Points Essais)
    "Féodalité" de Georges DUBY, Edit. Gallimard, 1996 (Coll. Quarto)
    2° : Ouvrages de base sur les cathares
    "Histoire des Albigeois", les T. I, II et III en 2 vol. , par Napoléon PEYRAT 1880, réédition par
    LACOUR/Rediviva à NIMES, 1997
    " Le bûcher de Montségur - Histoire du Catharisme " - Zoé OLDENBOURG, Gallimard, 1959
    "Le mystère cathare" Ernest FORNAIRON, Edit. Flammarion, 1964
    " L'épopée cathare " - 4 tomes - Michel ROQUEBERT, 1970-1994, Edit. Privat ,
    " Les Cathares " - René NELLI, 1972, Edit. Marabout - Histoire
    " La religion des Cathares " - Jean DUVERNOY, Edit. Privat, 1976
    " L'histoire des Cathares " , Jean DUVERNOY, Edit. Privat, 1979
    "La croisade albigeoise", Monique ZERNER-CHARDAVOINE, Coll. Archives, Gallimard, 1979
    " Le vrai visage du catharisme " , Anne BRENON, Edit. Loubatieres, 1989
    " La fin des Cathares " in l'Histoire du Monde, n°46, Edit. Larousse, 1993
    " Ecritures cathares " - René NELLI (actualisé par Anne BRENON), Edit. du Rocher, 1995
    "Les cathares, de la chute de Montségur aux derniers bûchers : 1244-1329" Michel ROQUEBERT, 1998, Edit.
    Académique Perrin ,
    "Cathares - de la croisade contre les languedociens" VOLTAIRE, réédité par LACOUR à NIMES, 1998
    "Saint-Dominique face aux cathares" Philippe TOURAULT, Ed. Perrin, 1999
    "Les cathares", Edit. Trois Continents, EDITA, Office du Livre, 1999
    « La religion cathare » : le Bien, le Mal et le salut dans l’hérésie médiévale », Michel ROQUEBERT, Edit.
    Perrin, 2001
    "Les cathares, l'âme et la réincarnation", Roland POUPIN, Edit. Loubatières
    "La papauté, les cathares et Thomas d'Aquin", Roland POUPIN, Préface d'Anne BRENON, Edit. Loubatières
    "Braises cathares (filiation secrète à l'heure de la Réforme)", Michel JAS, Edit. Loubatières
    "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens - La croisade par Heisterback", édité par Jacques BERLIOZ
    3° : Etudes particulières sur les Cathares du Languedoc
    " La vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIème siècle ", René NELLI, 1969
    " Paix de Dieu et Guerre S ainte en Languedoc au XIIIème siècle " - Cahiers de FANJEAUX, 4, Edit. Privat,
    1969
    " Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 " - LE ROY LADURIE, Edit. Gallimard, 1975 (Folio- Histoire)
    " Les femmes cathares " - Anne BRENON, Edit. Perrin, 1992
    "Inventer l'hérésie ? Discours polémiques et pouvoirs avant l'Inquisition" ouvrage collectif sous la direction de
    Monique ZERNER-CHARDAVOINE, Centre d'Etudes médiévales de Nice, Faculté des Lettres, Université de
    Nice-Sophia-Antipolis, CID diffusion, 1998
    Revue HERESIS - Revue d'Hérésiologie médiévale publiée par le Centre d'Études Cathares René Nelli (Carcassonne)
    "Le pays cathare", sous la direction de Jacques BERLIOZ, , Points Histoire, Seuil, 2000
    4° : Etudes particulières sur les Cathares d'autres régions
    " Le Bogomilisme en Bulgarie " - D. ANGUELOV, Edit. Privat, 1972
    5° : Textes de référence
    " Le Livre secret des Cathares ou L'interrogatio Iohannis " apocryphe d'origine bogomile (écrit bulgare du
    XIIème siècle), Edit. Beauchesne
    " La chanson de la Croisade albigeoise " - Guillaume de Tuléda et Anonyme, début du XIIIè s., Lettres gothiques
    (Le Livre de Poche)
    " Evangiles apocryphes " , France QUERE, Edit. du Seuil, 1989 (Point Sagesse)
    « Ecrits apocryphes chrétiens », Tome I, sous la direction de F. BOUON et P. GEOLTRAIN, La Pléiade, NRF,
    1998
    6° : Textes de description touristique
    Guides bleus "Languedoc - Roussillon" et "Carcassonne et le pays cathare "
    Guide Michelin "Causses - Cévennes - Bas Languedoc"- "Ce pays qui fut cathare " , Marie-Jeanne PAGES, 1984
    " Ombre et lumière en pays cathare " , textes de Michel ROQUEBERT et photos de Catherine BIBOLLET, Edit.
    Privat, 1992
    7° : Textes romancés
    " Les grandes heures cathares " - Dominique PALADILHE, 1969, Librairie académique Perrin
    " Bélibaste " Roman de Henri GOUGAUD, Edit. du Seuil (Point), 1982.
    " Le Bûcher " (de Minerve), Georges BORDONOVE, Edit. Pygmalion, 1990
    " La tragédie cathare " , Georges BORDONOVE, série " Les grandes heures de l'Histoire de France " , Edit.
    Pygmalion, 1991
    "Raimond le Cathare" Dominique BAUDIS, Edit. Michel Lafon, 1996
    8° : Divers
    "Le chemin de Montségur" et "Le secret du Cathare" , BD de Gilles CHAILLET (série VASCO)
    "Les lieux de l'esprit - Paysages cathares " Vidéo HERESIE,
    C.D. de Valentin CLASTRIER (Musique contemporaine illustrant l'épopée cathare au départ d'instruments
    anciens).
    Le magazine "PYRENEES" a publié à l'été 99 un numéro spécial : "Cathares, châteaux et citadelles, le respect et
    l'émotion", en juillet 2000, ce magazine a publié à nouveau un n° spécial Cathares présentant tous les sites.
    La collection des magazines « Pays cathare » dont la publication semble interrompue est intéresante.
    "Cathare" moyen métrage (tourné à La Salvetat-sur-Agout" en 99), dû à Michel GAYRAUD qui y met en scène
    NELIBASTE, dernier "parfait"
    9° : Le catharisme sur le web
    Voyage en Terre d'Oc, le catharisme(http://www.cathares.org/)
    Après une absence de un an sur le web le site du Centre d'Etudes Cathares (et son intéressante
    bibliographie) a
    rouvert ses portes à l'adresse suivante: http://cathares.org/cec/
    Les cathares sur le http://www.multimania.com/cathares/
    Introduction
    Chapitre 1 : Le Languedoc féodal
    Chapitre 2 : Cathare ou dualiste
    Chapitre 3 : La croisade contre les Albigeois
    Chapitre 4 : Une reconquête politique
    Chapitre 5 : Les derniers Parfaits
    Conclusions
    Annexe : le catharisme du Nord
    Bibliographie
    Renseignements mgv_2000@hotmail.com
    Dernière révision : le 29 août 2001
    Site initié par l' ASBL MONS-Grande Ville , 34, avenue de Conception, B7020 NIMY,
    Belgique.





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