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Par metanoia1 le 10 Novembre 2011 à 20:03
LA FRANC-MAÇONNERIE ET LA NAISSANCE DE L'EUROPE
La Franc-maçonnerie moderne (je n’ai pas dit “ spéculative ” !) naît le jour de la Saint
Jean d’été 1717 en Angleterre et ce n’est sûrement pas là un hasard : ce pays a déjà effectué une
révolution démocratique, instaurant un régime parlementaire, protégeant l’individu contre l’arbitraire
et lui autorisant une libre association avec ses semblables.
“ Au-dessus de la société réelle dont la constitution était encore traditionnelle..., où les
lois demeuraient diverses et contradictoires, les rangs tranchés, les conditions fixes et les charges
inégales, il se bâtissait peu à peu une société imaginaire dans laquelle tout paraissait simple et
coordonné, uniforme, équitable et conforme à la raison ” (Tocqueville ; L’Ancien Régime et la
Révolution ; 1856).
Cette Franc-maçonnerie inaugure ainsi une forme de “ sociabilité démocratique ”, qui
rassemble des “ hommes libres et de bonnes moeurs ” avec le souci d’une égalité qui est surtout
sociale, essentiellement élitiste dans le recrutement, regroupant dans les Loges des Frères
appartenant généralement aux mêmes milieux sociaux et partageant des valeurs communes.
Une trentaine d’années plus tard, le temps d’une génération, la Franc-maçonnerie s’est
implantée dans la quasi totalité des Etats européens, témoignant ainsi de la vigueur d’un
développement rapide causé par un attrait pour cette nouvelle forme de sociabilité, peut-être aussi
parce qu’elle correspondait à un besoin jusqu’alors non ressenti. “ Ce fut alors que la réputation de
la maçonnerie se répandit de tous côtés ” écrit le Frère De Lalande (Mémoire historique sur la
maçonnerie ; 1777).
Cette expansion va même toucher la Russie (Saint Pétersbourg en 1731) et quelques
pays musulmans puisqu’en 1738 vont s’implanter des Loges à Constantinople, Smyrne et Alep, au
sein de l’empire ottoman.
Ce succès va provoquer rapidement l’inquiétude et la réaction des pouvoirs civils et
religieux. Rappelons pour mémoire les persécutions en France (1737), en Espagne (1740), au
Portugal (1738) et la condamnation papale de 1738. L’abbé Larudan (Les Francs-maçons écrasés ;
Amsterdam ; p. 102) peut ainsi écrire en 1746: “ On (les Francs-maçons) les a même persécutés
très souvent ; en Italie, le Pape les a frappés des foudres de l’excommunication ; le Sénat de Venise
et le roi de Sardaigne les ont eux aussi bannis de leurs Etats ; la reine de Hongrie les a poursuivis
à Vienne en Autriche ; les états de Hollande ont fait défendre leurs assemblées par des placards
affichés aux coins des rues. On a pris des précautions pour les empêcher de s’étendre dans
l’Empire de Russie. A Berne, en Suisse, on les a forcés à renoncer par un serment aux
engagements pris en entrant dans l’Ordre et ils ont été proscrits dans plusieurs autres endroits ”.
Toutes ces condamnations démontrent à l’évidence qu’en quelques années le “ phénomène
maçonnique ” a gagné pratiquement toute l’Europe et qu’il paraît avoir fait l’unanimité... mais le
plus souvent contre lui !
Est-ce à dire que les Européens ont trouvé dans la Franc-maçonnerie un ciment, un lien
commun, ce qui expliquerait cette spectaculaire adhésion ? Ne pourrait-on pas dire que la Francmaçonnerie
a trouvé en Europe un terreau favorable à son expansion ? On peut aussi s’interroger
sur ce que représente l’Europe pour un Franc-maçon du XVIII° siècle mais, auparavant, il convient
de dresser un portrait de cette Franc-maçonnerie des origines, parfois très différente de ce que
l’Ordre maçonnique peut représenter actuellement.
La Franc-maçonnerie au XVIII° siècle : les textes fondamentaux .
Dans ses “ Dialogues maçonniques ” parus en 1778, le Frère Lessing fait dire à un de
ses deux personnages, Falk, qui est franc-maçon : “ La Franc-maçonnerie est quelque chose que
même ceux qui le savent ne peuvent pas dire ”. Il est quand même possible d’essayer en nous
référant aux textes fondamentaux de l’Ordre.
Et, tout d’abord, les Constitutions d’Anderson (1723), considérées comme la charte
universelle de la Franc-maçonnerie, traduites en français en 1733 par le Frère de la Tierce. Qu’estce
qu’un Franc-maçon européen pour les fondateurs de la première obédience maçonnique?
D’abord “ un paisible sujet des puissances civiles ”, suivant “ la religion sur laquelle
tous les hommes sont d’accord ”, propos qui témoigne d’une tolérance rare à l’époque et qui
devient en 1735 pour les Frères français “ pourvu toutefois qu’ils soient chrétiens ”, tolérance
limitée donc aux seules religions chrétiennes, ce qui est quand même un progrès dans notre pays
depuis la Révocation de l’Edit de Nantes, mais qui exclut de fait les juifs des Loges maçonniques
alors qu’ils y sont parfois acceptés en Grande Bretagne.
“ La Parfaite Sincérité ” de Marseille stipule que “ tous ceux qui auraient le malheur
d’être juifs, nègres ou mahométans ne doivent point être proposés ” (1) et la Loge “ Saint Jean de
Jérusalem ” à l’Orient de Paris affirme dans ses statuts de 1755 : “ Vous n’admettrez que des gens
d’une naissance honnête, de bonne vie et moeurs, craignant Dieu et ayant le baptême ” (2), ce qui
prouve que la tolérance prônée par les Frères fondateurs doit subir dans les autres pays européens
des adaptations qui dénaturent sensiblement le projet originel !
C’est que n’entre pas qui veut en Franc-maçonnerie, “ ceux qui sont admis à être
membres d’une Loge, doivent être des gens d’une bonne réputation, pleins d’honneur et de
droiture ”, “ il faut de plus qu’ils soient descendus d’honnêtes parents ”. Il est signalé que “ toute
promotion parmi les maçons est fondée uniquement sur la valeur réelle et le mérite personnel ”.
Sélection rigoureuse par le mérite et, sans le dire explicitement, par la condition sociale, respect
d’une hiérarchie, discrétion et discipline, toutes ces qualités exigées des Francs-maçons doivent
permettre de “ cultiver une amitié fraternelle ” entre hommes partageant des valeurs identiques.
“ Dès sa naissance, la Franc-maçonnerie a eu pour objet de réunir... des hommes ayant une
certaine conformité d’aspirations, de goûts et d’intelligence ” (Lantoine, tome 3, p. 7). Ce n’est
donc plus seulement le rang social qui détermine la sélection même s’il a une importance
déterminante.
Le recrutement des Loges varie ainsi suivant les Etats européens dans lesquels elles
s’implantent. Si, en France, des bourgeois peuvent parfois côtoyer des nobles “ sur les colonnes ”,
il n’en est pas de même en Prusse et en Russie. Et en France même, dans le même Orient, les
Loges recrutent chacune dans un milieu social différent comme l’ont bien démontré Maurice
Agulhon pour les Loges de Provence et Gérard Gayot pour les Ardennes (3).
Lorsqu’en 1732 une Loge française reçoit à Paris une patente de la Grande Loge de
Londres, qui effectue ainsi un “ essaimage ” selon le terme maçonnique consacré, elle souscrit aux
Constitutions d’Anderson ainsi que les Loges qui se vont se constituer ensuite et former la première
Grande Loge de France et ce processus se reproduit à l’identique dans les autres états européens
jusqu’en 1750. Nous sommes donc là en présence d’une organisation maçonnique unitaire dans ses
bases spirituelles et autonome dans ses structures nationales qui ne sont soumises à aucune autorité
suivant le principe bien connu du “ Maçon libre dans sa Loge libre ”.
Quelques années après la publication des textes de fondation, il paraît déjà impossible
de parler d’un Ordre maçonnique international: la Franc-maçonnerie, en s’implantant dans des pays
différents, y a subi des modifications sensibles en s’adaptant au système social existant dans chaque
Etat.
L’exemple le plus célèbre est celui du “ Discours ” de Ramsay qui circule dans les
Loges dès la fin de l’année 1736.
La partie “ historique ” du “ Discours ” tranche singulièrement avec l’esprit des
origines : “ Nos Instituteurs... étaient non seulement d’habiles Architectes... mais aussi des princes
religieux et guerriers ”. Les Francs-maçons sont donc, pour Ramsay, davantage les héritiers des
croisés que ceux des bâtisseurs, ce qui va donner à une certaine forme de sociabilité maçonnique un
tour chevaleresque (“ l’épée d’une main et la truelle de l’autre ”) qui va se répandre avec succès en
France mais aussi en Allemagne, en Scandinavie, en Pologne et en Russie, courant assez éloigné du
projet des fondateurs de la Grande Loge anglaise en 1717 !
Que dit ensuite le chevalier de Ramsay ? “ Nous voulons réunir tous les hommes d’un
esprit éclairé, de moeurs douces et d’une humeur agréable... par les grands principes de vertu, de
science et de religion... où les sujets de tous les Royaumes peuvent apprendre à se chérir
mutuellement, sans renoncer à leur Patrie ”. Et il poursuit : “ L’unique but est la réunion des
esprits et des coeurs pour les rendre meilleurs et former... une nation toute spirituelle où, sans
déroger aux divers devoirs que la différence des états exige, on créera un peuple nouveau qui,
étant composé de plusieurs Nations, les cimentera toutes en quelque sorte par le lien de la vertu et
de la science ”.
Il s’agit donc, tout en reconnaissant les différences nationales, de fonder un Ordre
cosmopolite uniquement spirituel rassemblant les hommes de bonne volonté par-delà les frontières,
ce que confirme Lessing quarante ans plus tard lorsqu’il fait dire au franc-maçon Falk : “ Que
dirais-tu si les Francs-maçons se donnaient aussi pour tâche de rapprocher dans toute la mesure
du possible les hommes que leurs divisions rendent si étrangers les uns aux autres ? ” (Dialogues
maçonniques).
Pour Ramsay, dont l’influence fut et reste indéniable, la Franc-maçonnerie est une
religion universelle, elle est la résurrection de la religion noachite, “ Noé.. doit être regardé comme
l’auteur et l’inventeur de l’architecture navale aussi bien que le Grand-Maître de
l’Ordre ” (1736), “ Les vestiges des plus sublimes vérités... sont une émanation de la tradition
antédiluvienne et noachite ” (1738), religion antérieure à la révélation du Sinaï et donc antérieure à
tout dogme, qui permet de dépasser les oppositions et de réaliser une union de toutes les
confessions pour le plus grand salut de l’humanité. “ Le monde entier n’est qu’une grande
République dont chaque Nation est une famille et chaque particulier un enfant ” écrit-il encore et
l’on retrouve ici l’influence de Fénelon, dont Ramsay fut le secrétaire, puisque ce propos est
quasiment recopié du “ Télémaque ” (1699): “ Tout le genre humain n’est qu’une famille dispersée
sur la face de toute la terre. Tous les peuples sont frères et doivent s’aimer comme tels ”.
Un Vénérable de “ La Parfaite Union ” de Douai le proclame en vers :
“ Mortels, pour être heureux sur terre
Suivez tous une même loi !
N’ayez qu’un Dieu, n’ayez qu’un Roi,
Comme un seul soleil vous éclaire ”
Même chose au “ Centre des Amis ” à Paris :
“ Nous qui connaissons la Lumière
Répandons-en les doux rayons
Pour que les peuples de la terre
Par nous deviennent tous Maçons ”.
La Franc-maçonnerie est alors “ le centre de l’union ” qui permet de rassembler au-delà
des frontières et des différences religieuses des hommes distingués par leur qualités communes et
qui possèdent tous le sentiment d’appartenir à cette même humanité, ce qui leur impose des devoirs
moraux comme la philanthropie.
Voilà les mots-clés prononcés : humanité, philanthropie, cosmopolitisme et chacun peut
constater que nous sommes là en présence d’un vocabulaire fortement imprégné de la philosophie
des Lumières : “ Les valeurs maîtresses de l’âge des Lumières semblent ainsi se nouer en une
idéologie dont la Franc-maçonnerie, rénovée et organisée à travers l’Europe à partir de 1717,
paraît fournir l’expression la plus complètement représentative ” (4 : Encyclopaedia Universalis,
article Lumières).
La Franc-maçonnerie au XVIII° siècle : lumières et ombres.
“ Personne ne contestera que la tolérance, le libre examen, le respect des droits de
l’homme, la primauté de la raison, la volonté de réaliser la plus grande harmonie possible entre
les hommes, la solidarité, la confiance dans le progrès, constituent des pierres angulaires de
l’activité maçonnique, quelle que soit l’obédience considérée ” (Raymond Rifflet) (5).
Face à l’idée de damnation, de péché originel et de renoncement, la Franc-maçonnerie
apporte l’idée que le bonheur pour tous sur cette terre devient accessible par le progrès de la raison,
de la science et de la solidarité organisée et qu’il est donc possible de changer la vie et d’influer sur
le destin. C’est donc à une véritable inversion des valeurs qu’elle invite ses membres par rapport à
une tradition qui plaçait au-dessus de tout le salut de l’âme et la gloire des princes.
Comme l’écrit Paul Hazard dans “ La crise de la conscience européenne ”, “ cette
pensée... ne cesse jamais de poursuivre deux quêtes : l’une vers le bonheur, l’autre... vers la vérité,
pensée qui définit, détermine une véritable conscience européenne ”.
Cet esprit européen naissant en ce début du XVIII° siècle, marque ainsi une rupture
avec les périodes antérieures au cours desquelles la société humaine était essentiellement fondée sur
la foi, d’essence divine, alors qu’elle va désormais trouver son fondement principal dans la loi, qui
est d’essence humaine. A une civilisation fondée sur l’idée de devoir (envers Dieu, le roi...) se
substitue l’idée du droit (de libre examen, de l’homme...).
La philanthropie est ainsi un maître-mot de l’âge des Lumières et apparaît comme une
conséquence directe de cette conception d’une appartenance commune à l’humanité, de ce que les
Francs-maçons appellent la fraternité.
Cette solidarité entre les hommes crée de nouvelles obligations de chacun envers tous,
la philanthropie, vertu sociale, remplace la charité, vertu théologale. C’est à l’autorité politique, et
non plus aux Eglises, de prendre en charge les pauvres, les malades, les fous...
Les Francs-maçons vont ainsi s’investir dans la bienfaisance, “ vertu qui nous porte à
faire du bien à notre prochain ” comme la définit la Grande Encyclopédie : “ Pratiquer la
bienfaisance et secourir les malheureux ” représente le premier devoir du Franc-maçon
(Règlements généraux de La Parfaite Union de Douai ; 1804) avec, souvent, un certain souci
publicitaire : “ Voilà par quels actes les Francs-maçons répondent aux ennemis des Lumières ”
écrit un journal douaisien dont le rédacteur est membre de la Loge (6).
La Franc-maçonnerie des Frères fondateurs Anderson et Désaguliers apporte
également l’idée nouvelle d’une patrie plus vaste que l’Etat ou la Nation, c’est l’Humanité telle
qu’elle apparaît dans cette citation de Montesquieu placée en exergue du programme de ce colloque
(7) et la tendance au cosmopolitisme apparaît aussi clairement dans les textes : “ Nulle contrée ne lui
sera étrangère (au Maçon) et il ne sera lui-même ni étranger, ni dangereux dans aucune. Tous les
hommes sont ses frères, quelles que soient leurs opinions, quelle que soit leur patrie ” (Règlements
de la Loge “ Les neuf soeurs ” ).
Mais, dans la pratique, cet idéal rencontre des difficultés : si la fraternité soude les
membres d’une même Loge, celle-ci ne peut ignorer les sensibilités, les tendances de ses
composants. La Loge “ L’Union des Coeurs ” à l’Orient de Liège déclare en 1774 que “ les juifs,
mahométans et autres nations qui n’ont que la circoncision pour baptême ne pourront entrer chez
nous qu’au temps qu’ils se laveront des eaux du saint baptême... et comme les Loges anglaises et
hollandaises ont eu la faiblesse, soit par l’avidité de l’argent ou autrement, de recevoir les Juifs,
nous déclarons non seulement de fermer notre Loge à cette nation infâme, mais encore n’avoir
qu’un mépris pour ceux qui les ont reçus ” (V. Dwelsheuwers-Dery ; Histoire de la Francmaçonnerie
à Liège avant 1830 ; Bruxelles ; 1879).
Chaque atelier maçonnique possède ses traditions, ses habitudes, ses spécificités qui
sont autant d’obstacles à l’universalité du message maçonnique. De plus, le regroupement en
obédiences crée des frontières obédientielles qui sont souvent des obstacles importants,
géographiques, historiques, nationaux, régionaux, sexistes, rituéliques...
Certes, le Frère étranger est reçu en Loge, ce qui amène les contempteurs de l’Ordre,
comme l’archevêque de Belzunce en 1742, à dénoncer “ ces assemblées où sont indifféremment
reçus gens de toute nation, de toute religion et de tout état... dès lors que, par quelque signe
concerté, il a fait connaître qu’il était membre de cette mystérieuse société ” et le Frère Casanova ,
dans ses Mémoires, prétend que “ Tout jeune homme qui voyage, qui veut connaître le grand
monde... doit se faire initier dans ce qu’on appelle la Maçonnerie" ”.
L’appartenance maçonnique sert alors manifestement de passeport, de sésame qui
permet d’être accueilli fraternellement par la bonne société dans n’importe quel état européen.
Cependant, il existe un hiatus certain entre le fait d’accueillir le Frère étranger en visiteur et celui de
le recruter comme membre à part entière et Pierre-Yves Beaurepaire (8) a bien montré que l’idéal
cosmopolite était souvent affaibli par le souci des Grandes Loges ou Loges-mères de détenir le
monopole de l’organisation maçonnique sur leur territoire national.
Si la Franc-maçonnerie se dit universelle, elle n’est donc pas internationale. Chaque
obédience ou juridiction bénéficie d’une autonomie à peu près complète à partir du moment où elle
respecte le rite et des “ landmarks ” à la définition par ailleurs très imprécise. Ainsi,
“ l’universalisme de l’Ordre est-il surtout symbolique et ne créera jamais une unité, chaque
obédience étant trop jalouse de son indépendance et chaque rite trop conscient de son originalité
pour rechercher une synthèse ou une fusion ” (D. Ligou) ... et on peut considérer que c’est très
bien ainsi puisque cela laisse une large possibilité d’options aux Frères.
Si cette philosophie des Lumières pénètre et marque les Loges maçonniques, si cette
découverte de la lumière assimilée à la raison est l’aboutissement de l’initiation maçonnique, il
importe de ne pas réduire la Franc-maçonnerie du XVIII° siècle à ce seul courant rationaliste.
Il existe en effet dans les Loges un deuxième courant (Martinès de Pasqually ;
Willermoz ; de Saint-Martin ; Joseph de Maistre....) qui affirme qu’il y aurait dans l’homme un moi
intérieur, une étincelle divine que l’initiation permettrait de dégager, grâce à des procédés secrets
transmis par une tradition immémoriale recueillie par la Franc-maçonnerie. Ce mouvement
“ illuministe ” est important dans les Loges du XVIII° siècle (9) et on ne peut que constater
l’existence en fin de siècle de deux courants dans la Franc-maçonnerie européenne :
une Franc-maçonnerie rationaliste et laïque, fidèle aux Constitutions d’Anderson et à
l’esprit de ses fondateurs anglais, inspirée des doctrines des philosophes et des hommes de science.
une Franc-maçonnerie religieuse, voire mystique, occultiste et hermétique, inspirée par
l’alchimie, la Kabbale juive et l’ésotérisme chrétien, une sorte de gnose permettant d’atteindre la
connaissance suprême.
Deux courants d’esprit opposé, qui se dirigent dans des directions différentes et on
peut se demander si Anderson et Désaguliers se reconnaîtraient dans cette Franc-maçonnerie
illuministe qui représente une rupture avec l’esprit fondateur.
Peut-on cependant les opposer absolument ? Certes, sur l’idée qu’ils se font de la
lumière et sur les moyens de l’atteindre, tout semble les opposer mais ils ne sont pas
contradictoires. On pourrait même affirmer qu’ils sont complémentaires comme sont
complémentaires la raison et le sentiment et c’est là sans doute, aussi, ce qui a fait la force et la
vigueur de l’Ordre et qui a favorisé son développement et son implantation dans toute l’Europe: la
Franc-maçonnerie a su s’adapter aux particularismes nationaux et elle a su accueillir tous les
courants. Cette ouverture et cette capacité d’adaptation sont sans doute les raisons de son succès.
- Les travaux et les jours des Loges maçonniques :
Il nous reste maintenant à examiner ce qui se passait dans ces Loges au quotidien et en
quoi consistait le travail maçonnique. Ces Loges ont-elles été des vecteurs de transmission d’idées
favorisant l’union des peuples d’Europe ?
L’examen s’avère tout à la fois difficile et décevant. Difficile car nous ne disposons que
de peu de documents authentiques, les comptes-rendus de travaux sont rares parce qu’ils ont pour
la plupart disparu dans les aléas de l’histoire. Décevant aussi car, apparemment, mis à part le travail
initiatique, il ne se passait pas grand chose dans ces Ateliers maçonniques !
Les “ comptes-rendus analytiques ” des travaux retrouvés font état essentiellement de
cérémonies d’initiations, de discours d’apparat, de “ fêtes données aux dames ”, et surtout de
banquets. Tous les témoignages concordent : en fin de XVIII° siècle, la Loge est surtout un endroit
où l’on mange et l’on boit et il convient de ne pas oublier que les quatre Loges à l’origine de la
création de la Grande Loge d’Angleterre en 1717 se réunissaient dans des tavernes ! Certains
Frères arrivent d’ailleurs après la “ tenue ” uniquement pour passer à table car, si je me réfère à
l’exemple de “ La Parfaite Union ” de Douai que j’ai plus spécialement étudié, le prix du repas leur
était de toute façon facturé ! “ Epuiser nos finances en fêtes d’ostentation... voilà notre affaire
capitale...Notre zèle s’absorbe tout entier dans les délices des banquets ” affirme l’orateur de la
Loge parisienne “ La triple Lumière ” en 1784 (Etat du G.°.O.°.D.°.F.°.).
Le Frère Casanova raconte ainsi dans ses “ Mémoires ” qu’il retrouve en 1772 à Rome
un légat du Pape : “ Je l’avais connu à Paris vingt ans auparavant... Nous avions été ensemble en
loge de Maçons et avions fait des soupers fins en compagnie de jolies filles ”. Le prince de Ligne
déclare “ avoir eu à subir en Loge de rudes pénitences pour s’être moqué des surveillants qui,
étant ivres à force de santés d’usage, faisaient des harangues ridicules ” (10). A la “ Discrète
Impériale ” d’Alost (Belgique), en 1775, 31 Frères viennent à bout, lors d’un banquet, de 47
bouteilles de vin et de 28 bouteilles de bière ! (11).
C’est toute une “ Maçonnerie de société ” qui apparaît ainsi au travers des témoignages,
parfois même “ Maçonnerie de cour ” réservée à un élite titrée. P.Y. Beaurepaire (ouvrage cité, p.
140) cite ainsi l’anglais Steven Bullock : “ Nous avons créé une petite loge de Maçons bien réglée...
Nous avons pris l’habitude d’organiser tous les mois une réunion de société pour danser avec le
beau sexe et une réunion hebdomadaire pour discuter entre hommes de condition ”. Selon la
tradition maçonnique, ces échanges devaient être exclusivement oraux et il ne subsiste
malheureusement aucune trace du contenu de ces discussions !
Ce qui favorise cette Franc-maçonnerie conviviale et représente sûrement l’une des
raisons du succès et du développement rapide de l’Ordre, c’est, en l’absence de temple fixe, la
possibilité de se réunir en des lieux profanes, voire au domicile des Frères. L’espace maçonnique
est ouvert et non clos, et peut être étroitement mêlé à l’espace social. Les exemples sont nombreux,
en Europe, de “ tenues ” organisées dans des lieux privés, parfois simplement délimités par un
rideau ou une porte fermée, avec la complicité des domestiques que l’on a reçus au grade de
“ Frères servants ” (12), voire celle des épouses ou des filles que l’on a initiées pour qu’elles soient
contraintes de garder le secret ...ce qu’elle ne firent pas toujours !
Par contre, ce qui apparaît comme beaucoup plus intéressant, ce sont les échanges entre
Loges suivant des réseaux de correspondance.
Les Loges entretiennent en effet des relations suivies avec un certain nombre de Loges
qualifiées d’ “ affiliées ”, dont le choix réciproque a été déterminé “ par délibération de la Loge ”.
A titre d’exemple, “ La Parfaite Union ” de Douai va ainsi entretenir en 1813 des
relations de correspondance avec un total record de 92 Loges dont 26 implantées à l’étranger
(Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique actuelle). Les Loges affiliées échangent régulièrement les
tableaux des effectifs de leurs Ateliers, s’adressent toute la correspondance normalement envoyée à
leurs membres ainsi que toutes leurs productions littéraires et essaient de maintenir des contacts
directs par le biais de députations qui assistent de manière réciproque aux diverses manifestations
organisées par les Loges.
Que pouvait bien représenter pour une Loge ce réseau de correspondance ? Pour Ran
Halévi (13), il s’agit ici du témoignage d’un effort, extrêmement original à l’époque, pour échapper
au cloisonnement régional que postulait alors la vie quotidienne. Cet effort était d’autant plus
original qu’il avait pour assise une adhésion à un système commun de valeurs et que ces échanges
étaient collectifs, menés entre Loges et non entre individus. Les échanges entre Loges affiliées
permettaient donc aux Frères de se voir “ reconnus comme tels ” hors de leur monde quotidien mais
aussi renvoyaient vers le monde extérieur parfois très éloigné, une image d’ensemble de la Loge, ce
que les Francs-maçons appellent son “ Egrégore ”, son être et sa conscience collectifs.
Quelle a pu être l’influence de ces réseaux de correspondance dans la diffusion des
idées ? Il est difficile de le dire, même si certains l’affirment comme dans cet exemple repris d’un
article consacré à la République de Gênes (14) : “ Les Francs-maçons gênois sont en contact avec
leurs homologues français... L’influence des milieux francs-maçons a favorisé les échanges avec
la France et la société gênoise était “ préparée ” à entendre et peut-être écouter les discours
démocratiques que les Français vont s’efforcer de répandre un peu partout en Europe à partir de
1792 ”.
Le Frère Joseph de Maistre, dans un mémoire adressé à Willermoz en 1782, affirme
que “ la correspondance étroite avec les Frères étrangers et nos devoirs envers eux, qui constitue
essentiellement la République universelle, sont encore un objet de la plus haute importance ” (cité
par R. Priouret).
Il serait d’ailleurs étonnant que cette ouverture au monde et à l’autre n’ait pas influencé
les mentalités.
- La Franc-maçonnerie et l’identité européenne au XVIII° siècle :
Comment se définit l’Europe au XVIII° siècle ? D’abord en opposition par rapport au
reste du monde.
“ Il y a un certain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe, ou qui du
moins ne s’en est pas beaucoup éloigné ” écrit Fontenelle (Entretiens sur la pluralité des mondes ;
1686).
Pour le Franc-maçon Montesquieu (Esprit des lois ; XIII, 15 ; 1748) : elle se distingue
par la liberté opposée au despotisme, par l’activité opposée à la nonchalance et à la paresse, par le
progrès des sciences et des techniques opposé au traditionalisme. C’est que l’Europe est chrétienne
et, pour lui, le christianisme est la religion la mieux adaptée à un gouvernement tempéré tandis que
la religion musulmane et les rites chinois s’accordent au despotisme (Esprit des lois ; XIX, 18 ;
XXIV, 3 et 4), le catholicisme s’adaptant mieux à la monarchie, le protestantisme à la république.
Pour Voltaire (Le siècle de Louis XIV ; 1751) : “ On peut regarder l’Europe
chrétienne... comme une espèce de grande république partagée en plusieurs Etats... tous ayant un
même fonds de religion, tous ayant les mêmes principes de droit public et de politique, inconnus
dans les autres parties du monde ” (c’est nous qui soulignons).
Ce point de vue se retrouve dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751) : “ Il
importe peu que l’Europe soit la plus petite des quatre parties du monde puisqu’elle est la plus
considérable de toutes par le christianisme dont la morale bienfaisante ne tend qu’au bonheur de
la société ” (Article Europe) ainsi que dans le Grand Dictionnaire historique de Moreri (1759) :
“ Nous pouvons encore ajouter aux avantages de l’Europe, celui d’avoir le vicaire de Jésus Christ
en terre dans la personne des papes ”.
Les frontières de l’Europe sont donc encore celles de la chrétienté, mais, au XVIII°
siècle, l’empire ottoman est de moins en moins perçu comme une menace, les frontières à l’Est sont
redessinées par le renforcement de l’Empire des Habsbourg, la Russie de Pierre le Grand est entrée
dans le contexte européen. Il importe donc de fonder une nouvelle idée d’Europe sur d’autres bases
qu’une base religieuse mais l’identité européenne ne peut se justifier que dans la mesure où il existe
une spécificité européenne, une citoyenneté européenne, tout au moins potentielles. Comme l’écrit
Paul Hazard (ouvrage cité, p. 412) : “ Voici qu’aux portes de l’est se présentent des millions
d’hommes qui demandent à s’intégrer à l’Europe... Ils coupent leur barbe et leurs cheveux,
changent leurs habits... mais leur âme, la transformeront-ils si vite ? ”.
Un point positif : le XVIII° siècle européen est un siècle de paix relative. Comme l’écrit
Voltaire (Le siècle de Louis XIV, chap. 2) : “ Les nations européennes s’accordent surtout dans la
sage politique de tenir entre elles, autant qu’elles peuvent, une balance égale de pouvoir,
employant sans cesse les négociations et entretenant les unes chez les autres des ambassadeurs ”.
C’est une Europe de la légitimité et de l’équilibre qui est ici décrite, où prime la “ raison
d’Etat ”, c’est à dire cet accord plus ou moins tacite consistant à empêcher tout monarque de
s’élever à un degré de puissance qui risquerait de rompre l’équilibre général.
L’Europe des Etats serait ainsi en passe de former cette grande République que le
discours de Ramsay et le Frère Montesquieu appelaient de leurs voeux. “ L’Europe n’est plus
qu’une nation composée de plusieurs, la France et l’Angleterre ont besoin de l’opulence de la
Pologne et de la Moscovie, comme une de leurs provinces a besoin des autres, et l’Etat qui croit
augmenter sa puissance par la ruine de celui qui le touche s’affaiblit ordinairement avec
lui ” (Montesquieu ; Réflexions sur la monarchie universelle en Europe; 1727 env.).
Jean-Jacques Rousseau va même plus loin en affirmant que “ Il n’y a plus aujourd’hui
de Français, d’Allemands , d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des
Européens. Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, les mêmes moeurs... ” (Considérations
sur le gouvernement de la Pologne) et il regrette alors que l’on ait sacrifié l’originalité, la
personnalité de chacune des composantes européennes.
On retrouve donc là le thème de la “ République européenne ” avec une “ internationale
culturelle ” rassemblant les élites des diverses nations de l’Atlantique à la Volga et dont la Francmaçonnerie
est l’une des composantes, cette Franc-maçonnerie qui, créée dans l’Angleterre
protestante et adaptée sur le continent, n’a guère débordé le domaine de l’homme blanc européen
comme le souligne Daniel Ligou.
Cette conception d’une Europe des Etats va disparaître avec la Révolution française qui,
en provoquant sur le continent une guerre généralisée, va mettre fin à ces espérances de par les
réactions qu’elle va susciter. Ce sont surtout, ensuite, les guerres napoléoniennes qui vont faire
émerger en réaction les “ nationalismes ” et le sentiment d’appartenance à une “ patrie ”... et on peut
se demander ce qu’il serait advenu du cosmopolitisme originel de la Franc-maçonnerie si celle-ci
n’avait pas accompagné les fourgons des armées napoléoniennes.
Or, si le principe des nationalités s’accorde très bien avec l’idée d’une communauté
européenne, le nationalisme est une force de dissociation et, comme l’histoire nous l’a bien montré
et le montre encore, un ferment de guerres.
La tentative napoléonienne d’unification de l’Europe par la conquête va donc détruire ce
rêve de République européenne imaginé par les Francs-maçons de l’époque des Lumières et l’idée
de nation vient contredire l’européanisme cher à Montesquieu et à Voltaire. Le siècle s’achève alors
sur une crise de la conscience européenne : verra-t-on triompher un idéal commun, un seul mode de
vie, ou bien un idéal pour chaque nation, ce qui va poser la question des rapports entre la patrie de
chacun et une civilisation européenne, de l’opposition entre tendances pacifistes et doctrines
nationalistes ?
Conclusion :
Peut-on alors affirmer, comme le font de manière caricaturale les adversaires de
l’intégration européenne (et en particulier les partis d’extrême-droite), que la volonté de
rassemblement des Européens n’est qu’une forme larvée de cosmopolitisme et donc un nouveau
complot de la Franc-maçonnerie contre les positions nationalistes ?
Certes, quelques apports sont à porter au crédit de la Franc-maçonnerie :
- l’idée d’une identité européenne à la fois culturelle (la Bible, l’héritage gréco-latin) et
politique (les Lumières).
la recherche d’une paix universelle au sein d’une grande “ république européenne ”, le
désir d’ordre. “ La guerre, l’effusion du sang et la confusion ont toujours fait tort à la
Maçonnerie ” (Constitutions d’Anderson).
la recherche d’une “ religion universelle ” limitée à la tolérance entre chrétiens.
“ L’opinion générale est que les fondateurs de la Franc-maçonnerie ont voulu créer un lien
d’union entre les cultes et surtout entre les deux branches du christianisme, ou, au moins, une
sorte de terrain d’entente ” (Lantoine, tome 1, p. 34)
mais il faut relativiser l’action et l’influence des Francs-maçons : “ Il n’est pas
concevable que 50 000 Francs-maçons, au surplus fort différents par le rang et l’état, aient pu
avoir à eux seuls une vaste action de masse ”. (15).
Quelle doctrine et quelles idées originales l’Ordre maçonnique a-t-il apporté à l’Europe
civilisée en cette fin de XVIII° siècle ?
L’idée de fraternité, de solidarité mais fortement limitée par l’égoïsme des individus et
souvent réservée aux membres de la Loge et à leur famille, une bienfaisance toujours circonscrite
localement.
L’idée de tolérance mais qui a elle aussi ses limites comme on l’a vu et qui rejette le
plus souvent les juifs, les mahométans, les noirs, les sang-mêlés et les athées, voire les comédiens
et les domestiques.
Le principe d’égalité mais dans le respect de la hiérarchie sociale : si, entre Francsmaçons,
il existe une certaine égalité à l’intérieur du temple, son entrée n’est pas accordée au
premier venu et si les Frères “ laissent leurs métaux à la porte ”, ils les retrouvent à la sortie !
Peu de choses donc, en apparence, tant il est difficile, en Franc-maçonnerie comme
ailleurs, de concilier la théorie et la pratique. Cependant, si on reprend le préambule du traité du 25
mars 1957 instituant la Communauté économique européenne, on y trouve :
une détermination à établir les fondements d’une Union sans cesse plus étroite entre les
peuples européens ;
une décision d’assurer le progrès économique et social ;
le souci d’améliorer les conditions de vie, de sauvegarder la paix et la liberté.
Union, progrès, paix et liberté, ce texte, et d’autres encore qui suivront, indiquent bien
le désir de construire une société solidaire, en progrès constant, fondant durablement une paix
interne et externe, tout un programme auquel la Franc-maçonnerie ne peut qu’adhérer.
Quelle fut la part qu’elle a pu prendre dans son établissement ? C’est, je pense, l’objet
de ce qui va suivre lors de ce colloque...
Cités par P.Y. Beaurepaire ; Fraternité universelle des Francs-maçons et pratiques discriminatoires ;
Université de Rouen ; 1999.
Cité par Chevallier, tome 1 ; page 121.
M. Agulhon ; Pénitents et Francs-maçons de l’ancienne Provence ; Paris ; 1968.
G. Gayot ; La Franc-maçonnerie française ; Paris ; 1981.
4- Encyclopaedia Universalis ; article Lumières.
5- Raymond Rifflet ; Le rôle de la Franc-maçonnerie et des Francs-maçons dans le
développement de l’idée européenne ; dans La Franc-maçonnerie et l’Europe ; p. 20
6- Voir, sur ce sujet, dans “ La revue de l’Iderm-Septentrion ” les articles de :
Pierre-Yves Beaurepaire ; Les métamorphoses de la philanthropie maçonnique des
Lumières au SAMU social ; n° 1.
Roland Allender ; La philanthropie maçonnique à Douai au XIX° siècle : de l’acte
charitable à l’action mutualiste ; n° 2.
“ Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de
mon esprit. Si je savais quelque chose qui serait utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma
patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût
préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je la regarderais comme un crime ”
Montesquieu.
P.Y. Beaurepaire ; L’autre et le frère. L’étranger et la Franc-maçonnerie en France au XVIII° siècle.
cf. René Le Forestier ; La Franc-maçonnerie templière et occultiste ; La Table d’Emeraude ; rééd.
1987.
Prince de Ligne ; Fragments ; tome II, page 29.
J. Bartier ; Regards sur la Franc-maçonnerie belge du XVIII° siècle ; page 474.
La Loge La Parfaite Union de Douai employa ainsi comme Frères servants un concierge, des
traiteurs, des musiciens, et même un agent de police ancien tenancier de maison close ! (Roland
Allender ; Michel Rousseau ; Les Francs-maçons dans la Loge et la cité ; auto-édité ; 1996).
Ran Halévi ; Les Loges maçonniques dans la France d’Ancien Régime aux origines de la
sociabilité démocratique.
Mathilde Garcin ; La république de Gênes face à la France en Révolution ; Bulletin de la Société
archéologique et historique de Nantes ; tome 138 ; 2003 ; pages 189-207.
J. Brengues ; Les écrivains francs-maçons au XVIII° siècle ; Colloque IDERM 1984.
Sources bibliographiques :
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BEAUREPAIRE Pierre-Yves ; L’espace des Francs-maçons. Une sociabilité
européenne au XVIII° siècle ; Presses Universitaires de Rennes; 2003.
BEAUREPAIRE Pierre-Yves ; Fraternité universelle des Francs-maçons et pratiques
discriminatoires : un nécessaire devoir de mémoire ; dans “ La mémoire des
francs-maçons ” ; Université de Rouen ; 1999.
BERTELOOT Joseph ; Les Francs-maçons devant l’histoire ; tome 1 : Origine et
diversité ; Paris ; 1949.
CHEVALLIER Pierre ; Histoire de la Franc-maçonnerie française ; tome 1 ; La
maçonnerie : école de l’Egalité (1725-1799) ; Fayard ; 1984.
CLAVEL F.T.B. ; Histoire pittoresque de la Franc-maçonnerie ; Paris ; 1843.
COLLECTIF ; La Franc-maçonnerie et l’Europe du XVIII° siècle à nos jours ;
Catalogue d’exposition; Editions du Perron, Bruxelles ; 1993.
COLLECTIF ; Franc-maçonnerie et Lumières au seuil de la Révolution française ;
Colloque IDERM ; G.°.O.°.D.°.F.°. ; 1984.
COMBES André ; Les trois siècles de la Franc-maçonnerie française ; Edimaf ; 1987.
DE LA TIERCE F.°. ; Histoire des Francs-maçons ; 1745 .
GAYOT Gérard ; La Franc-maçonnerie française ; textes et pratiques ; Gallimard
Archives ; 1980.
HAZARD Paul ; La crise de la conscience européenne (1680-1715); Paris ; 1961.
LANTOINE Albert ; Histoire de la Franc-maçonnerie française ; Paris ; 1925-1935 :
- tome 1 : La Franc-maçonnerie chez elle.
- tome 3 : La Franc-maçonnerie dans l’Etat.
LEMAIRE Jacques (sous la direction de ...); La Franc-maçonnerie et l’Europe ; La
pensée et les hommes ; Université de Bruxelles ; 1992.
LESSING Gotthold Ephraïm ; Ernst et Falk, Dialogues maçonniques ; 1778.
LIGOU Daniel ; Histoire des Francs-maçons en France ; Privat ; 1981.
NAUDON Paul ; Histoire générale de la Franc-maçonnerie ; PUF ; 1981.
NEFONTAINE Luc ; Eglise et Franc-maçonnerie ; Chalet ; 1990.
PIAU Guy ; Le Franc-maçon et l’Europe ; Points de vue initiatiques ; n° 72, 1°
trimestre 1989.
PRIOURET Roger ; La Franc-maçonnerie sous les lys ; Grasset ; 1953.
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