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Par metanoia1 le 13 Janvier 2008 à 18:50
L'ÉLECTRE MAGIQUE <o:p></o:p>
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D'après le Grimoire ou Magie Naturelle
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DE
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BENOIT XIV
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LÉLECTRE MAGIQUE
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de la fabrication et préparation vulcanique et magique des armes dAchille<o:p></o:p>
Le célèbre poète Homère écrit dans le dix-huitième livre de lIliade, et nous le lisons aussi dans les autres historiens grecs, que Thétis, femme de Pélée, roi de Thessalie, et mère dAchille, ce grand héros de lancienne Grèce, pria Vulcain, le forgeron des dieux, de faire à son fils Achille des armes, sur lesquelles il put se fier dans la guerre et dans la chaleur du combat. La taille de ce héros était, suivant quelques-uns, de sept coudées ; cest pourquoi Lycophron (1) lappelle Eptaphron. Hérodote dit quOreste était aussi de la même taille. Cest en ces termes quHomère rapporte les paroles de Thétis à Vulcain :<o:p></o:p>
« Je viens donc maintenant me jeter à tes genoux, je viens te supplier de donner à mon fils, dont la vie doit être si courte, un bouclier, un casque, de belles cnémides garnies doreilles et une cuirasse. »<o:p></o:p>
Vulcain répondit :<o:p></o:p>
« Rassure-toi; que ces soucis noccupent pas ton âme. Puissé-je préserver ton fils dun affreux trépas, lorsquarrivera le moment fatal, aussi facilement que je peux lui donner des armes superbes dont la vue étonnera les mortels. »<o:p></o:p>
Homère continue ensuite son récit en ces termes: <o:p></o:p>
« A ces mots, il quitte la déesse et se dirige vers ses soufflets; il les approche du feu et leur ordonne dagir. Tous alors soufflent dans vingt fourneaux, laissant échapper un air actif et habilement mesuré, tantôt impétueux, tantôt ralenti, selon les désirs de Vulcain, selon les besoins de son travail. Il jette dans le feu lairain impénétrable, létain, lor précieux et largent ; puis il place sur un billot une énorme enclume, et prend dune main un lourd marteau et de lautre une forte pince ».<o:p></o:p>
« Il fait dabord un grand et solide bouclier quil embellit avec art, lentoure dun triple cercle dont léclat brille et rayonne et y attache une courroie dargent. Cinq lames forment le bouclier et Vulcain y trace de sa main industrieuse, mille dessins variés. »<o:p></o:p>
Et, sur la fin du Livre cité :<o:p></o:p>
« Lorsquil a terminé ce grand et magnifique ouvrage, il fait une cuirasse dun éclat plus vif que léclat du feu; il fabrique un casque solide qui doit sadapter au front du héros, casque superbe, habilement travaillé, quil surmonte dune aigrette dor, il façonne de belles cnémides avec un étain flexible. »<o:p></o:p>
« A peine lillustre dieu boîteux a-t-il achevé larmure entière quil la présente à la mère dAchille, etc. »<o:p></o:p>
Voilà ce que nous pouvons tirer dHomère sur ce qui concerne la fabrication des armes dAchille par Vulcain; et il nest pas besoin dautres explications.<o:p></o:p>
Il y a bien des gens qui prennent cette relation dHomère touchant cette fabrication, pour une pure fable ou pour une fiction poétique et qui ny voudront pas voir lintention historique ou en reconnaître la véracité. Mais, comme nous pouvons assurer le contraire en nous appuyant sur des auteurs dignes de foi, nous abandonnons ces gens à leurs préjugés sans nous en préoccuper davantage.<o:p></o:p>
Quant à notre sujet, disons dabord, que de lavis unanime de bien des savants, le Vulcain des païens est le véritable Tubalcaïn que lÉcriture Sainte caractérise de Maître en toutes sortes douvrages dairain et de fer.<o:p></o:p>
Le nom de Vulcain, en effet, est le nom abrégé de Tubalcaïn. Il est à supposer que les païens en aient entendu parler, soit par Japhet lui-même, soit par quelquun de sa postérité... Tubalcaïn étant le plus ancien des forgerons, ces païens en ont fait le dieu des ouvriers en fer et des armuriers et lont placé au nombre de leurs idoles. Puis, comme le mont Etna, en Sicile, vomissait des tourbillons de feu, de flammes et de fumée, ils ont, dans leur imagination, placé dans ce lieu, lenclume, le marteau et toute la forge de Vulcain. Et, lorsque quelque habile ouvrier découvrait, par sa longue pratique et par ses nombreuses expériences, quelque secret de son art, on les attribuait à Vulcain, au dieu des forgerons. Cest ce que dailleurs nous voyons dans Homère.<o:p></o:p>
Nous lisons encore que Vulcain fabriqua ces vingt trépieds (viginti tripodes) qui, se remuant deux-mêmes comme des automates, se rangeaient en bataille, se battaient furieusement et avec tant de force, quils jetaient souvent la confusion et le désordre dans toute une armée, en renversaient les lignes et revenaient ensuite au camp, tandis que ce fut peut-être quelque habile artisan qui les inventa et les forgea. Cétait lopinion de labbé Trythème. Nous nen dirons pas davantage sur le forgeron des armes dAchille.<o:p></o:p>
Jadis il y eut de semblables automates fonctionnant daprès un principe mathématique et surtout daprès la Magie naturelle. Il y en eut, dis-je, chez les Chaldéens, chez les Egyptiens, chez les Assyriens, et il y en a aujourdhui un peu partout, mais principalement en Allemagne. Ces derniers, faits par des maîtres habiles et ingénieux, rient, pleurent, chantent, dansent et font toutes sortes de choses dont lénumération est inutile.<o:p></o:p>
Quon se souvienne seulement du pigeon de bois dArchytas de Tarente (2) qui volait lui-même, et dont un philosophe parle en ces termes : Ita erat libramentis simulacrum hoc suspensum et aura spiritus inclusa atque occulta concitum, ut volando aerem tranare conspiceretur. Telles étaient aussi les mouches dor de Regiomontanus, les chouettes dIctinus (3) et les sphères dArchimède qui se mouvaient delles-mêmes et dans lesquelles - comme dans les boules de verre et de cristal, de Sapor, roi de Perse - on observait le cours des sept planètes et de tous les astres du ciel.<o:p></o:p>
Nous ne dirons rien ici de ces horloges si compliquées et si riches, des vases ambulants, des insectes dacier, et de semblables automates, parce que tout cela est tellement commun que chacun peut les voir dans les musées et dans les collections des antiquaires. Il ny a quà visiter les musées de Prague, de Dresde, de Munich, de Stuttgard, les arsenaux de Nuremberg, dAugsbourg, de Strasbourg, il ny a quà voyager en Italie, en France, en Espagne, à visiter les Palais, les Jardins, les Grottes, etc., pour voir les merveilles de lart, et pour trouver tout ce qui se fait de nouveau. Le vieux Lobsinger, de Nuremberg, traversait les airs au moyen de deux ailes artificielles et volait comme un oiseau. Mais, le mécanisme qui faisait mouvoir ses ailes sétant un jour dérangé, il tomba et se brisa la jambe. Son sort rappelle celui dIcare.<o:p></o:p>
Supposons quun commandant darmée ait à sa disposition de semblables appareils, et que des soldats, munis de torches, que ni le vent ni leau ne puissent éteindre, se montrent la nuit au-dessus dune ville ennemie : quelle frayeur et quelle terreur semparerait des adversaires que cette peur rendrait faciles à vaincre!<o:p></o:p>
Pour faire des flambeaux que ni le vent ni la pluie ne puissent éteindre, voici comment il faut sy prendre :<o:p></o:p>
Prenez du coton, ou des étoupes, ou de la soie très légère, mettez cela dans de lhuile et faites ensuite des flambeaux avec de la cire ou du suif. Ces torches ne seront éteintes ni par le vent, ni par la pluie. On en fit autrefois lexpérience à Paris.<o:p></o:p>
Ici, nous devons mentionner loeuvre du mathématicien Taysner, et dont il donne lui-même la description. Cest une machine qui, une fois mise en mouvement, ne sarrête jamais pourvu quelle demeure en son entier; ce mouvement qui est circulaire a reçu aussi le nom de mouvement perpétuel. Cest une machine de cette sorte que Cornelius Trebel présenta à lempereur Rodolphe II, et que lon voit encore aujourdhui.<o:p></o:p>
A notre époque, nombre de savants, riches ou pauvres, se sont efforcés, mais en vain, de trouver le mouvement perpétuel artificiel et de sen servir à puiser les eaux des montagnes, à faire marcher des moulins. Mais on na encore rien trouvé sur ce point, malgré les bruits quon a fait courir, et il est bien probable quon en est à se poser le problème. Dieu veuille quon trouve la solution un jour.<o:p></o:p>
On a aussi imaginé des chariots auxquels il nétait pas besoin datteler de chevaux : les chars à faux tranchantes dont se servaient les anciens dans les combats étaient peut-être de ce genre. Ulric, duc de Mecklembourg, avait en effet un chariot qui faisait seul quelques lieues.<o:p></o:p>
Cest aussi le genre de ces chars à voiles usités en Hollande; mais on ne peut sen servir que dans les plaines. Les habitants dAntorff employaient aussi de pareilles machines.<o:p></o:p>
Mais tout ceci est en dehors de notre sujet ; revenons-y.<o:p></o:p>
Tenons donc Vulcain pour le forgeron des armes dAchille, et recherchons maintenant avec quelle matière ces armes furent fabriquées. Homère dans son texte cite quatre métaux : le cuivre, létain, lor et largent. Virgile, amené dans le huitième livre de lEnéide à parler de ces armes cite aussi ces métaux, mais il en ajoute un cinquième : lacier vulnifique.<o:p></o:p>
Pourquoi, en effet, aurait-on supprimé, contrairement à toutes les règles de la Magie naturelle, cet acier, ou Mars métallique qui donne la trempe la plus dure et la matière la plus propre à un tel ouvrage ?<o:p></o:p>
Ecoutons encore, dans ce même livre de Virgile, ce que Vulcain dit à Vénus :<o:p></o:p>
Quidquid in arte mea possum promittere curæ,<o:p></o:p>
Quod fieri certe liquidore potest, Electro,<o:p></o:p>
Quantum ignes animæ valent, absiste precando<o:p></o:p>
Viribus indubita tuis.<o:p></o:p>
Ces paroles indiquent assez clairement la vraie matière dont furent composées ces armes dAchille, grâce auxquelles<o:p></o:p>
Timor ille Phrygum, decus et tutela Pelasgi,<o:p></o:p>
Nominis. (4)
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ce vaillant, ce puissant, ce bouillant Achille au dire de Virgile et de Catulle, montra tant de courage.
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Comme nous lavons vu, lElectrum, que Philippe Théophraste Paracelse appelle lElectre magique, composé de sept métaux réunis en un seul, a été omis par Homère, mais Virgile la nettement et clairement désigné. Voici ce que dit Homère :
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Calcwn d en puri ballen ateirea cassiteron te,<o:p></o:p>
cai cruson timhnta cai arguron. <o:p></o:p>
Et voilà comment Virgile parle :<o:p></o:p>
Fluit æs rivis aurique metallum,<o:p></o:p>
Vulnificusque chalybs vasta fornace liquescit.<o:p></o:p>
Voici, dailleurs, ce quen dit Paracelse dans son livre de Electro Magico :<o:p></o:p>
« Si tu peux rassembler, et fondre en un seul métal et dans lordre requis les sept métaux, ce seul métal que nous appelons Electrum renferme toutes les vertus des sept qui le composent. Non seulement il possède les propriétés naturelles des métaux purs, mais il a, en outre, de précieuses vertus surnaturelles.» Plus loin il ajoute :<o:p></o:p>
« Quand un vase à boire ou une assiette est fait de cet Electrum, on ne saurait empoisonner, ni ensorceler la personne qui sen sert, pourvu quelle fasse un peu attention. Voici ce quil faut remarquer : dans cet Electre réside une merveilleuse sympathie pour lhomme, sympathie provoquée par les sept planètes célestes, de sorte quen cas de danger, il se couvre de buée et de rosée. Les Anciens estimaient beaucoup notre Electrum et en faisaient toutes sortes dustensiles comme on en trouve parfois dans les fouilles. Ils en faisaient aussi des bijoux tels que bagues, bracelets, chaînes, médailles, cachets, figures, cloches, miroirs, monnaies, etc., quon argentait ou quon dorait. Mais aujourdhui cela est méprisé ou tombé dans loubli. »<o:p></o:p>
Le vieux Jean Matthésius, prédicateur au Joachimstahl, écrit dans sa Sarepta, au sermon de Electro :<o:p></o:p>
« Les Anciens nommaient aussi Electrum un mélange dor et dargent, qui, au dire de Pline, étincelait à la lumière des flambeaux plus que lor fin dont était garnie la salle du roi Nenélut, et qui pourtant avait léclat du soleil. Les princes et les grands seigneurs sen faisaient aussi des cuirasses et des brassières. On en faisait encore des coupes et des gobelets, surtout avec de lor mêlé naturellement avec de largent, parce que ces vases ne souffraient pas le poison; aussitôt, en effet, quon y versait du vin empoisonné, on voyait se former à la surface des ondes et des cercles qui allaient et venaient sans cesse, comme lorsquon jette une pierre dans leau. Ils avaient les reflets de larc-en-ciel et lançaient des étincelles, comme lorsquon passe, la nuit, la main sur le dos dun chat. Mais ce métal na cette propriété quautant quil est naturel; fabriqué artificiellement, il na plus ces vertus. »<o:p></o:p>
Tout ce que nous venons de dire doit sentendre non seulement dun Electrum, mélange naturel dor et dargent extrait tout préparé des mines, comme le pense Matthésius qui na pu en juger que par ce quil savait, mais aussi dun Electrum forgé suivant lenseignement dHomère, de Virgile et du savant Paracelse. Matthésius ignorant cette composition artificielle ne pouvait forcément pas en parler. Je ne nie pas pour cela lexcellence de ce mélange naturel dor et dargent dont parle le prédicateur, si toutefois on peut en avoir. Cette composition dans laquelle les deux métaux entrent par poids égaux, serait très bonne et très utile et on pourrait lajouter aux cinq autres métaux.<o:p></o:p>
Il est fort probable aussi que les deux anciens chandeliers de métal qui étaient encore il y a quelques années dans le cloître de Saint-Michel Archange à Hildesheim, diocèse de Cologne, à huit lieues de Wolffenbüttel, et quon a longtemps regardés comme des objets sacrés, étaient aussi de cet Electrum, puisque, sur lun deux on lisait ces paroles : « Neque aurum, neque argentum sum, sed id, quod cernis », et sur lautre : « Hoc candelabrum suum puerum constare jussit Barbardus. »<o:p></o:p>
Théophraste Paracelse dit encore, dans son livre de Electro que nous avons déjà cité :<o:p></o:p>
« Nous ne pouvons nous empêcher de faire connaître quelques merveilleuses vertus et effets de notre Electrum, que nous avons vu de nos propres yeux et que nous pouvons affirmer avec vérité. Nous avons vu des bagues garantir ceux qui les portaient au doigt de la crampe et du mal de dents; ils ny ressentaient aucune douleur. Elles garantissent aussi de lapoplexie et du mal caduc; car lorsquon la mis au doigt du coeur dun épileptique (cest le quatrième doigt), la crise la plus violente sarrête et la guérison sensuit aussitôt. Nous avons aussi constaté que lorsquune personne porte une de ces bagues au quatrième doigt de la main, et que cette personne a quelque maladie cachée ou quelle en est menacée, la bague se met à suer et à se tacher, par sympathie. Il est bon de savoir aussi que notre Electrum résiste et est contraire aux malins esprits; car il renferme une vertu céleste et subit linfluence des sept planètes. »<o:p></o:p>
Que personne ne tienne pour impossible et pour incroyable tout ce que nous venons de dire de la vertu des bagues faites de cet Electre magique naturel ou artificiel contre la crampe, le mal de dents, etc. On compose aujourdhui encore des bagues, travaillées par des maîtres habiles et préparées de telle sorte quelles arrêtent la crampe, lépilepsie, le mal de dents et bien dautres maladies.<o:p></o:p>
Dans tout cela nous voyons quil y a dans la nature beaucoup de choses cachées et qui ne se manifestent que par lart. Et pourtant - ô temps, ô moeurs - les ignorants sen moquent; seuls les sages en font cas et les admirent.<o:p></o:p>
On connaît dailleurs naturæ officina microcosmica catholicæ plusieurs sortes de phylactères - quon nomme en latin Amuleta - et on en prépare encore contre toutes sortes de maladies, de sortilèges, dinfirmités humaines ou de mauvais accidents, quæ vel de collo citra omnem superstitionem cum fructu suspenduntur, vel citra manus extremitatem, vel digitas aut pedes, sive alia quacunque ratione adhibentur, ad demoliendum fascinum proecipue et morbos. Nous nhésiterons pas à en donner quelques exemples.<o:p></o:p>
Geber dit que lorsquon porte sur soi un morceau dun os du bras dun homme et de los supérieur dune aile doie, cela guérit de la fièvre quarte. Hermès Trimégiste écrit que si un hydropique ou une personne qui a la jaunisse boit pendant quelques jours de son urine à jeun, il sen trouvera fort soulagé !<o:p></o:p>
De même aussi, quand pour le mal de dents, on pend au col du patient une dent dhomme, il en ressent aussitôt du soulagement; bien plus, si lon y ajoute une fève où lon a fait un trou et mis un pou et quon a enveloppée ensuite dans un morceau de soie, le soulagement est encore plus rapide.<o:p></o:p>
Jean-Baptiste Porta écrit dans sa Magie Naturelle que lorsquon frappe, tout doucement et très légèrement, lherbe appelée Verbascum, le matin quand elle épanouit ses fleurs, celles-ci tombent les unes après les autres, comme si la tige était tout à fait desséchée ou comme si elle était ensorcelée. Aussi, dit Porta, des gens sans expérience et qui ne sy entendent point, pourraient bien croire quil y a de la sorcellerie, surtout si celui qui la frappe remuait en même temps les lèvres comme pour prononcer quelques secrètes paroles.<o:p></o:p>
Mizaldus rapporte quon lui a assuré comme très vrai que de porter en sa main gauche le coeur dun chien au milieu duquel on a mis une dent de chien, cela empêche les chiens daboyer en sa présence, surtout si cest le coeur dun chien noir.<o:p></o:p>
Guillaume Varignana et Pierre Argelates, chirurgiens, nous assurent : Quod si sponsus mingat per annullum nuptialem, tunc liberetur a fascino et veneris impotentia, qua a maleficio erat ligatus.<o:p></o:p>
Gill. Angeli dit que lorsquon porte sur soi de la graine doseille cueillie par un jeune garçon (qui virgo adhuc), on ne saurait faire évacuer sa semence, ni en veillant, ni en dormant; cest pourquoi cette graine est dune grande vertu contra nocturnas pollutiones.<o:p></o:p>
Lonce dun élan, porté sur la peau nue, et les nerfs de la même bête, attachés aux pieds et aux mains, arrêtent les douleurs de la crampe.<o:p></o:p>
Lacorus aquatique, déterré au mois de mai, et le Dens bestiæ marinæ Hippotimus du cheval marin, apporté de Lisbonne en Allemagne, et dont Jacob Tabernamontanus fait mention dans son trésor aquatique, loco de Spasmo, ont les mêmes vertus non seulement contre la crampe, mais encore contre la dysenterie et contre les autres flux de sang, tant des hommes que des femmes.<o:p></o:p>
Le crâne, la corne, les nerfs et lonce de lélan, ramassés dans leur temps balsamique, ont été trouvés aussi excellents et dune grande vertu dans lépilepsie. Il en est de même de la racine ou de la graine de pivoine et de la fleur de sureau poussées sur le cadavre pourri dun moineau épileptique, et cela virtute spirituali naturalis sympathici vel antipathici vegetabilium ac animalium quamvis insensibilis, attamen ex effectu sufficienter sensibilis.<o:p></o:p>
Quelles vertus ne sont pas attachées à la véritable crapaudine, pour que des savants lestiment avec raison, la portant continuellement sur eux ? Nam ubi venena a tsunt tam intra quam extra hominem, præsens talis lapis colorem mutat, et quasi sudans guttas emi tit.<o:p></o:p>
Et le corail, quen dirons-nous ? Non seulement des savants, mais aussi dautres écrivains, assurent que les coraux rouges transparents, ont, par une secrète vertu que Dieu leur a donnée, la propriété de chasser, de dissiper et déloigner la grêle et les tempêtes. Ils font fuir aussi les fantômes qui excitent ces orages, les malins esprits, qui bien quinvisibles, voltigent autour des hommes et les rendent tristes et mélancoliques.<o:p></o:p>
Cest pour cette raison quon pend et quon attache au cou des jeunes enfants, contre la peur quils pourraient avoir dans leur sommeil, et au cou des personnes moroses (est enim verissime melancholia pulvinar Satanæ et Balneum Diaboli) de beaux et gros grains de corail rouge transparent.<o:p></o:p>
Un bon vieux Comte dAllemagne ma également assuré, et il la raconté à beaucoup dautres personnes comme une chose très certaine, quun paysan de sa contrée avait coutume, chaque fois quil labourait ou ensemençait ses champs, dy jeter, par-ci par-là, de petits morceaux de corail. Jamais alors ni la grêle ni les tempêtes nendommageaient ses récoltes bien que cela arrivât parfois aux autres paysans dont les champs touchaient les siens, mais qui navaient pas employé ce préservatif.<o:p></o:p>
Parmi les herbes, lHypericon et le Harthau produisent le même effet, et cest ce qui a provoqué ces vieux vers allemands que Hieron. Trug. rapporte dans son livre des herbes.<o:p></o:p>
Das Harthau und Weisheit<o:p></o:p>
Thut dem Teuffel viel zû leid<o:p></o:p>
Ici je dois aussi mentionner une recette qui montre comment on peut, dune manière très naturelle, détourner, avec lHypericon, les plus grandes tempêtes. Ce secret ne sera pas de peu dutilité pour un chef darmée qui pourra ainsi détourner de son camp toutes les intempéries. Voici la recette :<o:p></o:p>
« Le lendemain du jour de la Saint-Jean-Baptiste, lorsque cette fête tombe dans la nouvelle lune, on cueille lHypericon avant le lever du soleil. Aux quatre coins du champ ou du jardin que lon veut préserver, on plante quatre pieux de chêne, le vendredi avant le lever du soleil. On y pend lHypericon et la tempête cesse. »<o:p></o:p>
Il y en a dautres qui sy prennent dune autre façon : <o:p></o:p>
« Ils font une croix sur une assiette et y gravent les lettres AGLA. Ils plantent un couteau dans la croix le tranchant tourné contre le vent et les tempêtes sapaisent. »<o:p></o:p>
En Moravie, quelques seigneurs le placent au-dessus de leurs maisons. Les marins sen servent aussi quand ils ont le vent contraire.<o:p></o:p>
« Dautres font par terre deux coeurs et y gravent les mêmes lettres, mais aucune ne doit toucher les traits. Cela fait encore le même effet. »<o:p></o:p>
On sait dailleurs ce que peuvent la chicorée blanche, la taure et loriganum contre la sorcellerie en pareil cas.<o:p></o:p>
Contre la grêle et les tempêtes, le tonnerre et les éclairs, on peut encore agir ainsi : quon fasse dabord le signe de la croix, quon jette dans le feu trois grêlons (de ceux qui sont tombés les premiers), en invoquant la Très Sainte Trinité, quon prononce ensuite lEvangile selon saint Jean : In principio erat Verbum, etc.; quon fasse ensuite le signe de la croix contre la grêle et le tonnerre à gauche et de tous les côtés et quon le fasse par terre aux quatre points cardinaux. Puis, quand lexorciste aura prononcé par trois fois : Verbum caro factum est, en y ajoutant toujours ces paroles : « Que la tempête séloigne dici en vertu de ce salut Evangélique», la tempête cessera surtout si elle a été provoquée par sorcellerie. Johannes Wierius dit que cette façon est sûre et certaine et très permise. (Lib. IV; de Prestigiis Dæmonum incantationibus ac veneficis.) <o:p></o:p>
Que pensez-vous de la croix de la graine de genièvre ? On a remarqué la vertu de cette graine sur ceux qui sont possédés des malins esprits, quon lapplique de nimporte quelle manière.<o:p></o:p>
On sait aussi, par expérience, que lorsquune femme met au monde sept garçons lun après lautre, sans quaucune fille nintervienne, le dernier né des garçons peut guérir les gouëtres en les touchant Quod etiam christianissimis regibus Galliæ raro quodam privilegio Dei concessum est (5).<o:p></o:p>
Parmi les bêtes, on estime fort la licorne et la croix, le foie et le sang des plus jeunes brochets.<o:p></o:p>
Il y aurait encore bien des choses semblables à dire, mais ce serait trop long ici. Continuons donc de rapporter ce que Paracelse pense de notre Electrum Magicum :<o:p></o:p>
« Je ne puis, dit-il, passer sous silence ce grand miracle que je vis en Espagne, accompli par un nécromancien. Il possédait une cloche dun poids dà peine deux livres. Lorsquil sonnait cette cloche, il faisait apparaître toutes sortes de spectres et de fantômes; en y écrivant à lavance quelques mots et caractères, les esprits lui apparaissaient sous telle et telle figure quil voulait. Il pouvait également, en la sonnant, faire paraître devant lui des âmes et les chasser ensuite : cest ce quil me montra. Lorsquil voulait voir une autre apparition, il était obligé de renouveler les caractères. Il ne voulut pas me dévoiler ces mots et ces caractères secrets, mais jy réfléchis et les trouvai sans difficulté. Je vis aussi que la cloche était plus importante que les paroles quon y pouvait graver, car il est certain quelle était faite de notre Electrum. Cest dune cloche semblable que parle Virgile, au son de laquelle tous les adultères de la cour du roi Artius, tellement épouvantés, tombèrent dans un torrent poussés par une force invisible. »<o:p></o:p>
Cette histoire de la cloche de Virgile nest pas une fable, mais une relation véritable comme on peut le voir dans les chroniques de la Cour du roi Acturius, ou Artius, ou Messenius comme on lappelle encore. Lévêque Paulus Jonius dit aussi que cela ne doit pas être regardé pour un conte daprès le livre de Johannes Friseus pour la défense des Archives et des histoires dAngleterre, et daprès Polydorus Virgilius. Il y eut dailleurs des savants qui y applaudirent, entre autres Jean Richard Menzer, J.U.D., in tyrocinio Emblematum.<o:p></o:p>
On peut lire encore dans Paracelse (6) comment étaient faits les trois merveilleux miroirs fabriqués avec notre Electre Magique. Mais il nest pas nécessaire den parler ici. Revenons donc à Achille et à son armure.<o:p></o:p>
Achille reçut donc de sa mère Thétis ces armes merveilleuses forgées par Vulcain avec notre electrum : <o:p></o:p>
Tunh d' 'Hjaistoio pcra cluta teucea dezo,<o:p></o:p>
Kala mal', oi oupw tiV anhr vmoisi jorhsen.<o:p></o:p>
Sen étant revêtu pour marcher contre lennemi, il jeta la terreur chez tous ses adversaires. Tel est le combat contre les Mirmidons, dont Homère parle en ces termes :<o:p></o:p>
« WV ara jwnhsasa dea cata teuce' eqhce<o:p></o:p>
Prosqen 'AcillhoV. ta d' anebrace daidala panta.<o:p></o:p>
MurmidonaV d' ara pantaV ele tromoV, oude tiV etlh<o:p></o:p>
Anthn eisideein, all' etresan.» <o:p></o:p>
Zisca, qui commandait les Hussites, en Bohême, savait aussi sans doute ces opérations merveilleuses Magnetis naturæ antipathici spiritualiter ac invisibiliter fascinantes adversarios. Car ce général avait ordonné, sil venait à mourir, de lui enlever la peau et den faire un tambour, les assurant que dans une bataille le bruit de cette caisse terrifierait les ennemis, comme si lui-même, qui était leur terreur, y assistait encore.<o:p></o:p>
On lit aussi dans la chanson de Roland que le son de son olifant possédait une vertu surnaturelle et magique.<o:p></o:p>
Jai appris, dun vieux preneur de rats (cui tanquam artifici in sua arte credendum), quau son dun sifflet fait de lépine dorsale dun gros rat et dun petit tambour tendu de la peau de ce rat, toutes les souris qui lentendent, lui obéissent : elles accourent à ce son, se rassemblent et se laissent conduire où lon veut.<o:p></o:p>
Cest par ce procédé que la ville de Hameln sur le Weser, dans la Hesse, fut délivrée des rats et des souris. Un preneur de souris et de rats, en effet, étant venu un jour dans cette ville, avait conclu un marché avec le Bourgmestre et les habitants, par lequel, moyennant une certaine somme, il sengageait à débarrasser la ville de ces rongeurs. Il tint parole : car ayant tiré un sifflet de sa poche, tous les rats et toutes les souris qui se trouvaient dans la ville accoururent à ce bruit. Ils le suivirent et furent noyés dans le Weser. Cet homme demanda alors son salaire; mais comme le magistrat et les bourgeois faisaient quelque difficulté, il les avertit plusieurs fois de le contenter à lamiable. Ses paroles ne firent aucun effet; alors, tirant un autre sifflet de sa poche, il en fit sortir un cri perçant. Aussitôt tous les enfants de la ville accoururent; ils le suivirent, et lhomme rentra avec eux dans une montagne qui se referma ensuite, si bien quon ignore toujours ce quils sont devenus.<o:p></o:p>
On rapporte à propos de ce fait que dans les actes de naissance et de baptême et dans tous les écrits publics, le Magistrat de la ville de Humeln ne compte point les années à partir de la naissance de Jésus-Christ, mais depuis le départ de ces enfants. Lorsque je passai par là, on me montra lendroit de la montagne où ils entrèrent. En Autriche, ainsi quen différents endroits on ma dit que ces enfants avaient été conduits en Transylvanie ou en Hongrie, ce quon présume ex idiomate et singularitatæ linguæ vel sermonis a Transylvanis discrepante.<o:p></o:p>
Pour revenir à notre sujet, nous disions donc que les armes forgées par Vulcain renforcèrent le courage dAchille. Homère le rapporte en ces termes :<o:p></o:p>
« Autar 'AcilleuV <o:p></o:p>
WV eid', vV min mallon edu coloV. en de oi osse<o:p></o:p>
Deinon upo blejarwn, vseiselaV, exejaanqen.<o:p></o:p>
Terpeto d' en ceiressin ecwn deou aglaa dvrc.»<o:p></o:p>
<o:p></o:p>
Vulcain, si sûr de son art et de son habileté, avait donc bien tenu les promesses quil faisait à Thétis en lui disant :<o:p></o:p>
« Ai gar min qanatoio dushceoV vde dunaimhn<o:p></o:p>
nosjin apocrufai, ote min moroV ainoV icanoi,<o:p></o:p>
vV oi teucea cala paressetai, oia tiV aute<o:p></o:p>
anqrvpwn polewn qaumassetai, oV cen idhtai ! »<o:p></o:p>
Lhistoire nous confirme ces paroles du dieu; Achille en effet, fut avec ces armes invincible et plein de courage. Il fallut que Priam, fils du roi troyen, linvitât à venir dans le temple dApollon sous prétexte de réconciliation et sous promesse de lui donner en mariage la belle princesse Polyxène, sa soeur, pour que, au moment où ne songeant à rien il navait pas endossé son armure, deux traîtres : Paris et Demïphob lui perçassent le sein de leurs flèches, tuant ainsi celui qui, dans les batailles rangées, navait jamais été vaincu, ce qui fait dire à Ovide :<o:p></o:p>
Ille ijitur tantorum victor Achilles.<o:p></o:p>
Ce qui montre encore la valeur inestimable de ces armes Electro-magiques, cest la dispute qui séleva entre deux héros grecs Ajax et Ulysse pour la possession de cette armure. Tous deux étaient remarquables; lun lemportait en courage après Achille, lautre était le plus sage de toute larmée grecque. Les armes dAchille ayant été attribuées à Ulysse, Ajax, bouillant de colère, se donna la mort, ce qui prouve une fois de plus le prix infini et les vertus merveilleuses de ces armes. Sans cela, en effet, ces deux héros nauraient pas lutté avec autant dardeur pour les conquérir et ne se seraient pas portés à une telle extrémité pour ne pas dire que neque Ovidius ipse, cum eloquentiæ declamatoribus sui temporis, tractando hoc ipsum argumentum de judicio armorum Achillis tantopere contendisset.<o:p></o:p>
Toutes ces circonstances viennent nous assurer de la véritable existence de ces armes, quod videlicet re vera extiterim in rerum natura.<o:p></o:p>
Mais pour en revenir à la fabrication de notre Electre magique, apprenons quil doit être composé par une union sympathique indissoluble selon le cours des planètes et des astres célestes, en manifestant ce qui est supérieur avec ce qui est inférieur, soit par cette opération magique naturelle comme ce qui est supérieur, et que ce qui est supérieur soit de même que ce qui est inférieur. Voici, daprès les préceptes de Paracelse, comment se fait cette composition artificielle.<o:p></o:p>
Proportio ponderum metallorum componendorum. <o:p></o:p>
Auri et argenti an. 10 partes Solis et lunæ un 10 drach. Cupri et Chalybis ana V. partes Veneris et Martis V. drach. Stanni et plumbi an. ii partes Jovis et Saturnis ii drach. Mercuri pars I. Mercurii drach.<o:p></o:p>
Il faut que ces métaux soient bien purs, suivant les conseils de Paracelse dans son livre de Speculi constellatione.<o:p></o:p>
Pour composer lElectre magique avec tous ces métaux, Paracelse nous dit quil faut choisir le moment où il y a «Conjonction» de Saturne et de Mercure. Lorsque cette «Conjonction» est sur le point de se faire, tenons prêts le feu, les ustensiles, le plomb et le mercure, et procédons ensuite comme lindique Théophraste dans le livre de Speculi constellatione jusquà ce que lElectrum soit composé. Ce sont dailleurs les paroles de Paracelse à ce sujet.<o:p></o:p>
LElectre magique est donc préparé ainsi artificiellement. Cest de cette composition vraiment magique que furent faites les armes royales forgées par Vulcain. Cette façon de les fabriquer suivant la doctrine exposée par Paracelse dans sa Philosophia Sagaci se rapporte à la quatrième espèce artis magicæ naturalis specialiter sumptæ quon appelle gamaheas, façon qui consiste, dit toujours Paracelse, à faire, «invisiblement et spirituellement par le secours de lart tout ce que la nature peut faire visiblement et corporellement sans le secours de lart. »<o:p></o:p>
Le corps, en effet, nest pour rien dans cette opération; seule lâme invisible opère avec efficacité : Entis hujus naturaliter compositi spiritus, sive anima invisibilis magnetice egreditur et ingreditur anima homium adversantium et fascinat ipsos naturaliter, impeditque illorum voluntates et operationes mirabiliter.<o:p></o:p>
Cela est presque analogue à lherbe découverte par Hippocrate qui éteignait le feu et en préservait, qui, dun baquet deau troué en différents endroits, retenait leau tant que cette plante sy trouvait. Cest aussi ce que produit la racine du véritable acconitus pardalianchis qui, ressemblant à un scorpion, détruit chez les scorpions vivants quelle touche, toute force et toute malignité.<o:p></o:p>
On pourrait croire quil en est de même des attouchements corporels, mais il est facile den prouver le contraire.<o:p></o:p>
Si quelquun veut déposer trop près de chez vous ses excréments et que cela vous déplaise beaucoup, vous pouvez vous venger de cette injure sans toucher à son corps. Mettez sur ses excréments des charbons ardents avec de leau-de-vie et des grains de genièvre ou de poivre, et cela lui fera dans la partie intéressée ressentir une douleur, et cela alisque contactu corporeo, attamen non sine contactu spirituali, naturali magnetico et invisibili, même de loin, et ses douleurs dureront pendant plusieurs jours.<o:p></o:p>
On pourrait encore, sil était nécessaire, rapporter plusieurs exemples de cette action indirecte, tirés de la nature. On peut objecter que le Diable sen mêle, mais nous ferons remarquer quil nest pas chrétien de vouloir ainsi attribuer au démon plus de pouvoir quon en attribue à la sagesse infinie et à la toute-puissance de Dieu.<o:p></o:p>
Laissons donc à la nature ses grands mystères; elle a plus de puissance quon ne peut se limaginer.<o:p></o:p>
Ny-a-t-il pas beaucoup dhommes célibataires ou mariés qui, par ces moyens tout naturels, sont liés en ce qui concerne les oeuvres vénériennes, et cela sans aucune action directe, mais seulement par une influence à distance toute magnétique et toute invisible.<o:p></o:p>
Et le Diable ny est absolument pour rien, ni ouvertement, ni secrètement, bien que labus de cette magie naturelle quen font les hommes en certains pays cause souvent de grands dommages. <o:p></o:p>
On pourra dire encore que le Diable, sans être invoqué expressément ou tacitement pour prendre part à ces maléfices, y joue quand même un certain rôle, parce quil est lennemi juré du mariage, quil aime à troubler la paix et la bonne entente des familles, et quil veut empêcher la propagation du genre humain. A cette objection, je ne répondrai pas.<o:p></o:p>
Que pourrait-on dire encore des moyens dont un conjoint peut se servir pour rendre lautre impuissant ? Et de ce quune femme peut faire à son mari quelle soupçonne ? Quand celui-ci part en voyage (ou dans nimporte quel cas), ne peut-elle pas, post coïtum, le lier invisiblement, et dune façon toute naturelle, et lempêcher ainsi, tant quil est hors du logis, davoir agréablement commerce avec une autre femme ? Mais en voilà assez sur ce sujet.<o:p></o:p>
Sequitur armorum ex Electro Magico per fabricationem Vulcanicam, nec non Physicomagicum formatio.<o:p></o:p>
Pour faire et forger les objets dElectre Magique, ce qui est une oeuvre «martiale», il faut nécessairement que tout ce qui y concourt soit aussi «martial : le ciel, lair, le temps, le jour, lheure, la minute, le lieu, les ustensiles, le feu, le courage, la voix et les moeurs de celui qui les fabrique. Il faut consulter et suivre exactement les conseils quexpose Paracelse dans ses deux livres: de Tempore et de Speculi constellatione.<o:p></o:p>
Il est bon aussi de lire celui «de Imaginibus» afin de bien reconnaître les constellations et la position des astres dans le ciel; cest ce qui se fait in schola magnorum naturalium orthodoxa.<o:p></o:p>
Aussi je puis affirmer quici nous navons affaire en rien avec les Esprits diaboliques, ni avec la nécromancie, mais seulement avec la Magie naturelle et permise et avec toutes les autres sciences que Dieu conféra au père du genre humain, à Adam, et qui se sont transmises de génération en génération. Pour toute justification à cet égard, on peut lire dans Martin Delrio (7) ces paroles : «Magia naturalis (ut Psellus et Proclus advertere) nihil est aliud, quam exactior quoedam arcanorum naturæ cognitio, quæ coelorum ac siderum cursu et influxu, et sympathiis atque antipathiis rerum singularum observatis, suo tempore, loco ac modo res rebus applicantur, est mirifica quædam hoc pacto perficiuntur, quæ causarum ignaris præstigiosa vel mirifica videntur. »<o:p></o:p>
Delrio parle alors dans ce passage de Tobie rendant la vue à son père au moyen du fiel (de la bile) dun poisson que Gallien et des anciens désignent sous le nom de Gallonyme. <o:p></o:p>
Cest pour la même raison que le son dun tambour fait avec une peau de loup en fait crever un autre tendu de la peau dun agneau.<o:p></o:p>
Cardan écrit également quà Venise, un Turc se lava les mains, sans se brûler aucunement, dans du plomb fondu.<o:p></o:p>
Saint Augustin mentionne aussi plusieurs faits relatifs à la Magie naturelle : la chair de paon qui ne se corrompt point ; la paille, qui par sa fraîcheur conserve la glace et lempêche de fondre; la chaleur, qui peut faire mourir les fruits; le sel dAgrigent qui fond au feu et durcit dans leau; les aimants; la fontaine dEpire, etc.<o:p></o:p>
Remarquons aussi ce que Tertulien dit du dictame, avec lequel un cerf fit sortir le fer de sa blessure; de la chélidoine dont lhirondelle se sert pour donner la vue à ses petits.<o:p></o:p>
Alexand. ab-Alexandro parle du venin de la Tarentule ou Phalange de Calabre dont la morsure ne saurait guérir. Et on ne peut en réchapper par aucun moyen, si ce nest de faire danser au son dun instrument les personnes mordues jusquà ce quelles tombent de fatigue.<o:p></o:p>
Sil en est qui désirent en savoir davantage sur ce sujet, ils nont quà lire Aristote (de admirandis Additionibus), et Guill. Alverne (de Universo). Quils lisent encore Robert Triez (de Dæmonum deceptionibus); Sirem, (lib. 9 de Fato; cap. 5); Fracastor (libr. de Sympath. et Antipath.); Joan Lang. (Epist. 33).<o:p></o:p>
Il est reconnu par tous que le roi Salomon possédait parfaitement cette Magie naturelle. On prétend aussi, ce qui est très vraisemblable, quelle était connue des trois Mages de lEvangile qui cherchaient Jésus-Christ. On se demande en même temps si ceux-ci connaissaient la Magie noire ou diabolique ? Posé le cas, sils étaient entachés de ce crime, il est certain quaprès avoir cherché et trouvé Jésus-Christ, après lavoir reconnu et adoré comme leur Dieu, ils nen furent plus souillés. Dailleurs, cest une chose dont il nest guère nécessaire de se préoccuper.<o:p></o:p>
Théophilactus, dans ses rêveries, prétend quils pratiquaient la sorcellerie...<o:p></o:p>
Mais, où nous égarons-nous ?<o:p></o:p>
Sachez donc bien que dans cette fabrication des armes électro-magiques, il nest aucunement besoin de conjuration, ni de consécration, comme cela se fait parfois dans la Magie noire. Cest dailleurs peu chrétien. Si les païens ont pu avoir, fabriquer et employer utilement lélectro-magique sans conjuration, ni consécration, dont Homère et Virgile ne font aucune mention, pourquoi nous, qui sommes chrétiens, voudrions-nous contre la défense expresse de Dieu, nous soumettre à la puissance du Diable, rejeter ainsi de propos délibéré la parole divine, le saint nom de Dieu et les saints sacrements, tout cela pour notre perdition, notre ruine et notre damnation éternelle ?<o:p></o:p>
Ce nest pas là lenseignement de Paracelse, qui, au contraire, dans sa préface à la Philosophie occulte, nous avertit sérieusement de nous en garder avec soin.<o:p></o:p>
Donc, lorsque vous vous voudrez fabriquer et forger des armes, arrangez-vous de façon quavant de commencer vous ayiez sous la main tout ce dont vous avez besoin, afin de ne manquer de rien et de néprouver aucun retard quand le travail sera en train. <o:p></o:p>
Tenez donc prêt le feu; je veux dire ce feu magique de Tubalcaïn ou Vulcain approprié et affecté spécialement et martialement à cet ouvrage, et fort connu de quelques fils de lart magique naturel et pratique, feu qui doit servir à animer dans la mesure convenable le feu commun, cest-à-dire le feu du ciel. On doit prendre alors du bois allumé par la foudre - cui numea aliquod martiale semper adsistit - et qui, daprès les lois scientifiques, doit toujours être conservé, brûlant, dans une lampe, pour en faire usage. On lit, en effet, que Vulcain avait toujours de ce feu-là, et quil le conservait dans lîle de Lemnos pour servir à ses différents ouvrages. Cest ce quil dit à Vénus dans ces paroles :<o:p></o:p>
Quantum ignes animæque valent ?<o:p></o:p>
Un gentilhomme écossais entretint longtemps, paraît-il, ce feu.<o:p></o:p>
Tenez aussi toute prête la masse métallique de lElectre, les soufflet, enclume, marteau, et lorsque le moment propice est arrivé, ce que vous devez savoir par vos observations astronomiques, prenez le marteau en main, frappez fortement et courageusement sur le métal et forgez les armes en leur donnant telle forme que vous voudrez.<o:p></o:p>
Mais il ne faut pas oublier la conjonction des astres intérieurs microcosmiques (astrorum coeli microcosmi humani) et les faire agir en même temps, sans quoi un ouvrage de cette espèce de lart naturel magique ne peut être mené à bonne fin. Cest une des raisons qui ont empêché bien des gens, savants pourtant dans la chose, de parvenir à leur but in præparandis sigillis astronomicis et Goemahaeis; jamais vous ny arriverez si vous négligez cette expression et cette impression du Courage «martial», quand bien même vous observeriez tout dailleurs avec soin, et que vous seriez daccord avec les constellations du Ciel microcosmique. Est enin hæc astrorum coeli microcosmici influentia, seu animi naturaliter fascinantis expressio et impressio unum ex illis principiis tribus artis Magicæ naturalis, quorum mentionem facit Abbas Trithemius in epistola ad comitem de Westembourg et Cornelius Agrippa in suis scriptis. <o:p></o:p>
On en trouve une instruction suffisante et complète dans les oeuvres de Paracelse, principalement in aureis de occulta Philosophia libris, de longa vita in Philosophia sagaci, de tempore, de imaginibus, de peste in Paranyro et de Electro Magico sive metallorum compositione. Jy renvoie ceux qui voudraient sexercer plus spécialement à lart de Vulcain.<o:p></o:p>
Comment on doit preparer lElectre<o:p></o:p>
Observez dabord une «Conjonction» de Saturne et de Mercure. Préparez auparavant un creuset, du plomb coupé en petits morceaux ou en grains, du mercure. Quand la conjonction commencera, faites fondre le plomb à petit feu, afin que le mercure ne sévapore pas quand vous ly mettrez. Dès le commencement de la «Conjonction», retirez le creuset du feu pour mettre le mercure sur le plomb fondu et laissez-les refroidir ensemble. Observez ensuite une conjonction de Jupiter et de Saturne ou de Mercure. Préparez encore tout ce quil vous faut. Fondez alors dans des creusets différents létain dAngleterre et le plomb uni au mercure. Ôtez-les ensuite du feu, mélangez-les et laissez-les refroidir totalement. Vous aurez ainsi les trois premiers métaux, les plus faciles à fondre, réunis en un seul, et quil convenait dallier les premiers.<o:p></o:p>
Observez maintenant une autre «Conjonction» dune de ces quatre planètes : du soleil, de la lune, de Vénus, ou de Mars, avec une des trois premières : Saturne, Mercure ou Jupiter. Peu importe laquelle. Préparez encore tout ce dont vous avez besoin et faites fondre à part le métal suivant et le premier alliage. Puis mélangez-les.<o:p></o:p>
Faites-en de même pour tous les métaux jusquà ce que vous les ayez réunis tous les sept en un seul, selon la conjonction de leur planète correspondante, et lElectre sera préparé.<o:p></o:p>
En le forgeant, armez-vous de courage et de vigueur, et prononcez plusieurs fois en vous-même les vers suivants, voce Martiali, hoc est infractu, iracunda, aspera, minaci, atroci, affectuque vehementi :<o:p></o:p>
Charus ego divis generosi fabrico Martis <o:p></o:p>
Arma : quibus posituris nulla nocere, nec ignis, <o:p></o:p>
Nec ferrum, nec aquæ, sed sint terrorque timorque,<o:p></o:p>
Si quando hæc videant homines mihi damna parantes,<o:p></o:p>
Utque hæc horribili mihi fiant arma rigore. <o:p></o:p>
Soufflez maintenant sur votre travail et recommencez plusieurs fois, très vigoureusement, en disant :<o:p></o:p>
Ut lupus imbelles violentus territat agnos. <o:p></o:p>
Et timidus foevos exhorret Dama molossos, <o:p></o:p>
Sic hæc incutiant mortalibus arma timorem. <o:p></o:p>
Soufflez encore à plusieurs reprises, tant que vous pourrez sur votre ouvrage, et dites :<o:p></o:p>
Non mihi proesenti poterit consestere mente, <o:p></o:p>
Quicunque his armis audax vult obvius ire, <o:p></o:p>
Irrita tela dabis, quicunque minabere nobis. <o:p></o:p>
Soufflez toujours plus fort, en travaillant votre oeuvre pour lui donner la forme requise, et disant :<o:p></o:p>
Hoc veluti rapido Electrum mollescit ab igne, <o:p></o:p>
Hoc veluti crebro Electrum contunditur ictu, <o:p></o:p>
Sic his conspectis liquuntur pectora ab armis, <o:p></o:p>
Sic opus hoc felix cunctos frustrabitur ausus. <o:p></o:p>
Lorsque les Turcs cherchent des racines et des herbes pour leur Maslach, ils préparent toujours les mêmes remèdes qui ont pourtant différentes applications. Mais ils appliquent leur esprit, leurs sens, leurs pensées, leurs paroles et leurs actions à ces préparations suivant lusage quils veulent en faire.<o:p></o:p>
Ainsi, si le remède doit les rendre vaillants et courageux, ils prennent en le faisant un air brave et chevaleresque et sen servent dans les combats. Si le remède doit exciter leurs passions charnelles, ils agissent en conséquence. Sils pleurent et sils se lamentent, le médicament les fait pleurer et ils sen servent pour pleurer leurs morts; sils rient, sils chantent et se divertissent en cueillant ces herbes, le remède, plus tard, les fera rire et chanter. En un mot, suivant leur disposition desprit, suivant leurs pensées, suivant leurs actions, le résultat est différent. Pour faire ce Maslach, ils prennent, paraît-il, des racines de saule dont ils font, avec de lesprit-de-vin, un extrait qui réjouit le coeur; Ad Maslach furiosum addunt radicem Mandragora.<o:p></o:p>
Il en est de même du Lelek de Bohême; les archives de la Cour dappel de Prague en font mention et un juge de ce tribunal le raconta autrefois devant des personnages dignes de foi.<o:p></o:p>
Dailleurs, quoi détonnant en tout cela ? Lasarum et la racine de noisillier ne purgent-elles pas par en haut ou par en bas suivant quon la déterre par en haut ou par en bas ?<o:p></o:p>
Dans la nature il y a ainsi une foule de phénomènes semblables. Ceux qui les observent et qui les connaissent ne peuvent retenir leur admiration.<o:p></o:p>
Voilà ce que veut Vulcain et ce quil exprime encore dans ce vers :<o:p></o:p>
Quantum ignes animoeque valent ?<o:p></o:p>
Lorsque vous aurez fait vos armes, en suivant les prescriptions de Paracelse, vous naurez plus quà ramasser vos outils et cacher les armes pendant environ huit jours. Vous les ôterez alors de cet endroit oedem die et hora, vous les polirez proprement et les garderez pour vous en servir à la première occasion. Sur la cuirasse gravez en outre quelque signe, ou figure, aimé de celui qui portera ces armes et fera ainsi une salutaire impression sur son esprit.<o:p></o:p>
Nam objecta sensus et quidem homines diversos diversi mode movent, sunt que irritamenta, incitativa et quasi calcoria ad stimulandum animi appetitum hoc in negotio martialem ad gloriosi et generosi quit virtuose perpetrandum. Homo enim horum objectorum perseverante reminiscentia, continuo accensus fiducia firma et fide, miraculorum janua sic inflammatur mirifica, que alia est quam salvifica illa, tantaque et tam mirabili virtute coelitus donatur, ut proeclara negotia conficiat multa, talia etiam nonnunquam, quæ ab inexpertis vix credi possunt.<o:p></o:p>
Cest ainsi que lempereur Constantin portait une croix avec ces mots : In hoc signo vinces. Dautres princes, après lui, adop-tèrent dautres emblèmes. On en mit plus tard sur les drapeaux et sur les cornettes dont on servait en guerre. On peut voir, en effet, dans les relations des campagnes de lEmpereur Matthias, que ce prince donnait toujours des emblèmes à ses troupes et à ses généraux tanquam calcaria et stimulos ad virtutes et fortitudinem. Cest la pensée quexprime Homère, dans ces vers cités au début de ce livre :<o:p></o:p>
Pente d ar autou esan saceoV ptuceV . autar en auty<o:p></o:p>
poiei daidala polla iduihsi prapi dessin.<o:p></o:p>
Les courroies qui serviront à attacher la cuirasse doivent être de pelle hyenoe. A défaut de cette peau on peut en faire avec celle dun loup et il faut les couper sur le loup vivant parce que cet animal est terrible et courageux.<o:p></o:p>
Souvent des chasseurs et des voyageurs ont éprouvé de la part de quelques loups, sine dubio radiis spiritum visitorum, une sorte de fascination semblable à celle quexerce la hyène et dans laquelle ils perdaient la voix, ne pouvant ainsi ni crier ni appeler. Ce fait se produit surtout lorsque ce sont les loups qui les premiers aperçoivent les hommes. Cest ce qui a fait dire à Virgile :<o:p></o:p>
Vox..... Moerim<o:p></o:p>
Jam fugit, lupi Moerim videre priores (8).<o:p></o:p>
Il reste même après la mort des animaux certaines vertus dans différentes parties de leurs corps. On peut, à ce propos, citer de nombreux exemples rapportés par des savants et des médecins. Ainsi, on a souvent et utilement observé le conseil darracher les yeux de lièvres encore vivants, de couper un morceau de la peau dun blaireau et de celle dautres animaux pendant quils vivent. Moi-même jai conseillé den faire autant avec la peau dun loup, den prendre des morceaux et de sen servir comme phylactère.<o:p></o:p>
On dit, en un commun proverbe quune bonne épée et un bon cheval font honneur à un cavalier. Donc, pour donner à un cavalier une tournure martiale, il faut lui mettre en main des armes fabriquées dans ce sens. Quon choisisse, par exemple, pour faire une épée une lame avec laquelle ou une plusieurs personnes ont été tuées. Quon prenne, pour en faire la poignée le rayon dune roue qui ait servi à rouer un criminel; quon se serve pour en faire le pommeau et la garde dune chaîne de fer après laquelle on a pendu et étranglé un malfaiteur; quon mette enfin autour de la poignée sanguinem menstruum primum virginis quon aura recueilli dans un linge et quon le recouvre avec une autre matière quelconque. Pour faire un poignard, prenez-vous-y de la même façon.<o:p></o:p>
Lexpérience a montré que les personnes qui se sont servies de semblables épées ou poignards ont non seulement vaincu leurs ennemis, mais que dès labord, ceux-ci, pris de peur et sans courage, ont été obligés de se retirer. Bien plus, et à leur grand étonnement, leurs armes se brisaient dans leurs mains.<o:p></o:p>
On na quà lire Corneille Agrippa (de excellentia præstantia sexus foeminei) pour voir les vertus et les nombreuses propriétés sanguis menstruum primi recueilli dans un linge. Marcus Claudius Paradinus mentionne in héroïcis, de Thomas dAquin, quil avait un couteau avec lequel il pouvait couper une enclume en deux morceaux. <o:p></o:p>
Cest une semblable épée quavait Hoernin Seyfried dont on peut voir la très ancienne reproduction sur lhôtel de ville de Worms. On montre aussi, un peu en dehors de la ville, le Jardin des Roses, où périrent plusieurs héros.<o:p></o:p>
Le grand secret de Hoernin Seyfried consistait, dit-on, en une cuirasse de corne et de feutre, et que ni poignard ni épée ne pouvaient percer.<o:p></o:p>
On dit que la ville de Worms tire son nom de vers qui occupaient cet emplacement et dont Hoernin Seyfried détruisit et brûla un grand nombre. Cest pourquoi, lorsquau conservatoire de cette ville un artiste chante en public et sans que les examinateurs en retranchent quoi que ce soit, toute lhistoire de Hoernin Seyfried, il reçoit, daprès une ancienne coutume, une assez forte somme dargent.<o:p></o:p>
Ainsi, quoi quen disent certains incrédules qui ne trouvent bien que ce quils font eux-mêmes, ce ne sont pas de pures inventions que ces histoires de Hoernin Seyfried, et de Roland, pas plus que celle de lévêque de Ratisbonne, Albert le Grand, et celle du savant philosophe et médecin Paracelse. <o:p></o:p>
Ce dernier trouva un secret, que, in Philosophia sagaci, il nomme artem gladialem vel incisivam, pour couper comme de la cire le métal le plus dur. Il portait autour du bras qui maniait lépée, sous ses habits, la peau dun serpent quil avait écorché tout vif. Il jetait aussi, pour une raison quil serait trop long dexpliquer ici, la crainte et la terreur parmi ses ennemis. Pourtant nous devrions dire maintenant ce que le Roi et Prophète David portait autour du bras droit lorsquil marcha contre Goliath (cest-à-dire flatum et pactum Dei), et ce quil portait autour des reins lorsquil dansait devant lArche dAlliance pour montrer que toute son espérance et toute sa consolation étaient fondées sur le Messie promis, cest-à-dire une courroie, semblable à un serpent, où était écrit le nom de Jeschua (Jésus). Nous devrions aussi faire mention de ce que Gédéon portait sur la poitrine et de ce que les enfants dIsraël mettaient dans leurs habits, comme souvenir éternel, lorsquils combattaient contre les ennemis de Dieu.<o:p></o:p>
Si un guerrier veut se préserver, quil porte sur sa peau nue et fasse coudre dans ses habits, de ce suc rouge desséché quon trouve aux environs de la Saint-Jean dans de petites vessies attachées à la racine de la plante appelée polygonum minus sive Cocciferum : mais on ne trouve ce suc quentre onze heures et midi. Inutile de le chercher en dehors de ce temps.<o:p></o:p>
Un homme, qui dailleurs était très brave, en portait lorsquil devait se battre. Un jour il reçut au mollet un coup de sabre qui le fit chanceler, mais qui ne le blessa point; il nen eut quune contusion dans laquelle il fit faire une incision et la fit guérir. Paracelse écrit de tempore de lAltée qui est recouverte de vingt-quatre cottes de maille, que lorsquon la porte sur soi elle émousse toutes les armes des ennemis, si bien quon serait à labri de toutes blessures.<o:p></o:p>
Je vis moi-même un jour, un homme, qui portait sous le bras droit et sur la peau nue, dans un petit linge cousu après ses vêtements, de sanguine menstruo virginis primo, et qui obligé de rompre une lance avec un autre, renversa ce dernier après quil eut lui-même soutenu soixante assauts. De plus, le soir de ce jour-là, jouant avec dautres personnes, pour gagner un poignard dargent, cet objet lui revint, bien quil ait été obligé de refaire des parties avec les gens qui avaient autant de points que lui.<o:p></o:p>
On peut donc, sans inconvénients, porter sur soi, ces sortes de phylactères naturels; mais quon se garde bien demployer ces formules superstitieuses et ces moyens diaboliques quenseigne la Magie noire. On ne sen sert que trop souvent, mais on ne saurait en répondre devant le Dieu tout-puissant et devant les fidèles.<o:p></o:p>
Il est très permis à un homme de se servir adroitement des armes à feu, de les charger soit avec de la poudre, soit avec du plomb, soit avec des morceaux dor, dargent, de fer et dacier fondus avec des balles; il peut employer tous les moyens possibles pourvu quils soient licites.<o:p></o:p>
Cest ce que Virgile exprime dans ce vers :<o:p></o:p>
Dolus, an virtus quis in hoste requirat ? <o:p></o:p>
Ceux qui sont habiles savent trouver les bons moyens. Nous en reparlerons dans une prochaine brochure.<o:p></o:p>
Je ne puis cependant mempêcher de dire comment on peut faire des balles qui peuvent percer la cuirasse la plus épaisse. Faites faire de petites boules dacier, grosses comme des pois, fondez du plomb et mettez-en dessus. Chargez vos armes avec ces balles, et, tirant sur une cuirasse, dune distance convenable, vous la verrez traversée de part en part. Tenez secrète cette recette pour vous en servir en temps et lieu.<o:p></o:p>
On doit prendre aussi pour les éperons, pour les fers à cheval, pour le mors et les différentes pièces qui composent lharnachement, la même matière que pour le pommeau et la garde de lépée ou du poignard.<o:p></o:p>
Voici, dailleurs, un bon moyen de faire marcher les chevaux rétifs. Faites la bride avec une peau de loup, mettez dans le mors quelques morceaux de caméléon noir surtout au moment où il est en pleine vigueur, cest-à-dire en automne. Cette plante, en effet, a le pouvoir dôter la force dun homme et de son cheval pour la donner à celui qui sait sen servir ainsi. Dans une course, et cest ce quon savait très bien jadis, on ne peut par ce moyen être jamais rattrapé.<o:p></o:p>
A certaines époques, cette racine, dit George Phoedron in Chirurgia minori, lorsquon la porte sur soi, et quidem coëundo inter alios foecunde coëuntes, ôte aux plus robustes la force de procréer des enfants et la donne à ceux qui étaient stériles.<o:p></o:p>
Cest un moyen de ne pas laisser séteindre sa race, si au surplus on a recours à la prière et si lon a confiance dans laide de Dieu.<o:p></o:p>
Paracelse parle de certains chardons dAngleterre quil nomme carduos Marioe - on en trouve maintenant ailleurs et en grande quantité - qui, par sympathie, ôtent à dautres les forces pour les donner à ceux qui portent sur eux cette racine. Paracelse en cite des exemples.<o:p></o:p>
Enfin, pour rendre vaillant et courageux, il y a encore la magnifique et excellente eau de Magnanimité (aqua Magnanimitatis). Un soldat peut en prendre, si cela lui plaît, une demi-cuillerée dans un bon verre de vin, pour monter à cheval ou aller à la guerre. Il devra la prendre quelque temps avant ses exercices, afin que sa vertu ait le temps de pénétrer dans tout le corps, dans tous les membres. Ce breuvage en fera un homme brave et courageux, mais non furieux, car en conservant sa santé de corps et desprit, il deviendra animosus et cum audacia honesta, vere magnanimus. En un mot, il sera animé de cette façon que partout, dans les combats, dans les assauts, dans les joutes, dans les duels, il agira avec autant de présence desprit que de courage et de hardiesse. Ni la crainte, ni la terreur ne sempareront de lui; toujours, même dans les plus grands dangers il restera calme et maître de lui.<o:p></o:p>
Bien plus, si vous avez quelque affaire sérieuse à traiter devant un grand personnage, quelque chose de grave à discuter, cette eau vous fera parler sans crainte, sans timidité. Vous-même serez étonné de cette loquacité. Elle a encore plusieurs vertus excellentes, comme celle de guérir les maladies internes et particulièrement febrim icteri iam.<o:p></o:p>
Lempereur Maximilien Ier, de glorieuse mémoire, usait beaucoup, dans ses expéditions, de cette eau de Magnanimité. Aussi nous le voyons attaquer lui-même ses ennemis, conduire hardiment ses troupes et accomplir des faits merveilleux. Cest grâce à cette eau quil supporta, sans jamais en ressentir de douleurs, les fatigues de ses dangereuses chasses au chamois. Plusieurs fois en effet, lisons-nous dans lhistoire du chevalier Teurdanck, il faillit y perdre la vie. Sans le courage, quavec laide de Dieu, lui donnait cette eau de Magnanimité, jamais cet empereur naurait pu faire tant de choses. Il donna le secret de cette eau de Magnanimité au comte Jean de Hurdeck dont les actions héroïques accomplies en Italie contre les Turcs sont généralement connues, comme récompense bien méritée des bons services quil avait rendus en toute occasion à Sa Majesté Impériale.<o:p></o:p>
Lintendant de ce comte, demeurant à Gruveneck en Autriche, trouva en 1523 le moyen davoir la composition de cette eau de Magnanimité en la faisant préparer pour son maître, chez le médecin de Sa Majesté Impériale, car en tout temps le comte lemportait avec lui et sen servait en temps opportun.<o:p></o:p>
Ce fut donc à cette occasion que le médecin lui dit confidentiellement quil en avait souvent préparé pour lEmpereur.<o:p></o:p>
Voici maintenant la façon de faire de cette eau de Magnanimité que lEmpereur Maximilien Ier tenait comme un grand secret et regardait comme un trésor.<o:p></o:p>
Prenez, en été, de ces petites fourmis, qui, lorsquon frappe dans leur fourmilière avec une verge, exhalent une fumée et une odeur pénétrante. Prenez-en autant que vous voudrez. Mettez-les dans une bouteille : faites pour cela une ligne de miel depuis le fond de la bouteille jusquau goulot de sorte quelles y entreront toutes seules, et y porteront leurs oeufs. Versez-y en quatre ou cinq fois un pot deau-de-vie bien rectifiée et après avoir bien bouché la bouteille mettez-la au soleil, ou dans un lieu suffisamment échauffé, où vous la laisserez une quinzaine de jours, plus, si vous voulez. Ensuite, vous en distillerez le contenu au bain-marie, ou sur des cendres, enfin tout doucement et à petit feu, et rejetterez ce qui sortira dabord. Quand cette distillation sera finie, mettez dans la liqueur un quart donce de canelle pulvérisée, et conservez le tout dans une bouteille bien fermée. Pour lemployer, on la met, comme nous lavons dit, dans du vin.<o:p></o:p>
On peut aussi y mettre de lhuile de racine dAbrotonum, et lorsquon veut sen servir on sen frotte les mains et lépée, et on en prend dix ou douze gouttes.<o:p></o:p>
Alors, quand bien même on aurait à lutter seul contre une douzaine dadversaires, ceux-ci ne pourraient rien, privés quils seraient de forces. Admirons donc la toute-puissance de Dieu, qui mit dans une fourmi tant de vertus; bien plus cette eau fait à lintérieur ce quelle produit à lextérieur.<o:p></o:p>
Voilà exposé, en quelques pages, ce qui se rapporte aux armes dAchille, et jespère que les lecteurs sauront en tirer parti.<o:p></o:p>
Pour en revenir à leau de Magnanimité, sachez surtout que la meilleure est le courage, le noble désir de servir fidèlement sa patrie et de combattre bravement pour elle. Sans ces qualités, rien ne pourra stimuler lardeur ou faire naître la bravoure chez un soldat.<o:p></o:p>
Il est cependant certain que certaines liqueurs fouettent le sang et remuent les passions plus vivement si toutefois elles sont déjà nées. Lhistoire nous parle assez souvent de leffet produit par le brandevin, donné aux soldats avant les batailles. Quelques généraux ont usé de ce système avec succès, mais dautres sont arrivés à un très mauvais résultat. Souvent en effet, des soldats, ivres, jettent la confusion et le désordre dans les rangs; de là une défaite toujours désastreuse.<o:p></o:p>
Eronymus nous donne encore cette recette pour faire une excellente eau de Magnanimité : le soldat, paraît-il, na quà en prendre une demi-cuillerée, pour se sentir tout enflammé dune ardeur jusqualors inconnue.<o:p></o:p>
Voici la recette telle quelle a été transmise.<o:p></o:p>
Rec.: Cinamonni elect. Unc. II<o:p></o:p>
Zingiberis Unc. Semis.<o:p></o:p>
Granorum Paradisi.<o:p></o:p>
Piperis longi aa. Drachma I.<o:p></o:p>
Cariphil.<o:p></o:p>
Nucis Moschat. Drachm. Semis.<o:p></o:p>
Tritu omnia in vas aquæ ardentis ter quaterve destillatoe plenum et clausum per quatuor dies ponantur, et bis aut ter quotidie agitentur, demum coletur et servitur. Hujus mediocre cochleare plenum immittes in generosi vini rubri mensuram et sachari libra addatur; si tamen vinum dulce sit, sacharo non opus est.<o:p></o:p>
Pour préparer maintenant lhuile de racine dAbrotonum, dont nous avons parlé ci-dessus, voici ce quil y a à faire:<o:p></o:p>
Prenez 7 ou 8 livres de racine dAbrotonum arrachée le 30 septembre (car cest à cette époque que la racine a le plus de propriétés); faites-la sécher à lair, trempez-la dans lesprit-de-vin et extrayez-en une huile suivant les règles ordinaires. Une fois cette huile faite, placez-la, pendant le croissant de la lune, dans une boutique dapothicaire. Laissez-la deux jours dans un endroit, deux jours dans lautre, deux jours dans un troisième, et ainsi de suite. Elle enlèvera à tous les simples leur odeur et leurs vertus. Cela fait, mettez-y de leau de fourmi dont nous avons parlé, et gardez le tout pour votre usage.<o:p></o:p>
NOTES<o:p></o:p>
(1) LYCOPHRON : poète et grammairien de Chalsis; obscur.<o:p></o:p>
(2) ARCHYTAS : philosophe pythagoricien.<o:p></o:p>
(3) ICTINUS : architecte Athénien du siècle de Périclès. <o:p></o:p>
(4) Juxta Ovid.; lib. XV. Métam.<o:p></o:p>
(5) MIZAL.; Memorabil. Gent. num. 66.<o:p></o:p>
(6) De speculi constellatione. <o:p></o:p>
(7) DISQU. Magicar., lib. I; cap. 3.<o:p></o:p>
V3.0
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