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    Les chrétiens sont baptisés «au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit» (Mt 28,19). Et saint Paul invoque la bénédiction divine en ces termes: «La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient avec vous» (2 Co 13, 13).
    La vérité révélée de la Sainte Trinité a été dès les origines à la racine de la foi vivante de l’Eglise. Elle trouve son expression dans la règle de la foi baptismale, formulée dans la prédication, la catéchèse et la prière de l’Eglise. De telles formulations se trouvent déjà dans les écrits apostoliques.
    C'est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en lui-même. Il est la source de tous les autres mystères de la foi, lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental dans la «hiérarchie des vérités de foi». Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint Esprit, se révèle, réconcilie et unit les hommes après leur avoir accordé le salut.

    I- REVELATION DE DIEU COMME TRINITE

    La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des «mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont révélés d’en haut». Dieu a laissé des traces de son être trinitaire dans son œuvre de création et dans la Révélation au cours de l’Ancien Testament. Mais l’intimité de son Etre constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d’Israël avant l’Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint-Esprit.

    1) Le Père révélé par le Fils
    L’invocation de Dieu comme «Père» est commune à beaucoup de religions. La divinité est souvent considérée comme «père des dieux et des hommes». En Israël, Dieu est appelé Père en premier lieu du fait de l’élection et de l’Alliance qui ont fait d’Israël son «fils premier-né» (Ex 4,22). Il est aussi appelé père du roi messie, dont chaque descendant de David était une figure, une annonce. Il est le père des pauvres, de l’orphelin et de la veuve qu’il protège de manière particulière.
    En désignant Dieu du nom de «Père», le langage de la foi indique principalement deux aspects: que Dieu est origine première de tout et autorité transcendante et qu’il est en même temps bonté et sollicitude aimante pour tous ses enfants. Le langage de la foi puise ainsi dans l’expérience humaine des parents qui sont d’une certaine façon les premiers représentants de Dieu pour l’homme. Cependant, alors que les parents humains sont faillibles et peuvent défigurer le visage de la paternité, Dieu est père de manière parfaite.
    Jésus a révélé que Dieu est son père dans un sens inouï: dans une relation éternelle et unique, qui le constitue Fils dans son être même: «Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père, comme nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler» (Mt 11,27).
    C’est pourquoi les apôtres confessent Jésus comme «le Verbe qui était au commencement auprès de Dieu» (Jn 1,1), comme «l’Image du Dieu invisible» (Col 1,15), comme «le resplendissement de sa gloire et l’effigie de sa substanc» (He 1,3).
    Á leur suite, suivant la tradition apostolique, l’Eglise a confessé en 325 au premier Concile œcuménique de Nicée que le Fils est «consubstantiel» au Père, c’est-à-dire un seul Dieu avec Lui. Le 2è Concile œcuménique, réuni à Constantinople en 381, a gardé cette expression dans sa formulation du Credo de Nicée et a confessé «le Fils unique de Dieu, engendré du père avant tous les siècles, lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel au Père».

    2) Le Père et le Fils révélés par l’Esprit
    Avant sa Pâque, Jésus annonce l’envoi d’un «autre Paraclet» (avocat), l’Esprit Saint. Á l’œuvre depuis la création, ayant jadis «parlé par les prophètes», il demeure auprès des disciples pour les consoler dans l’épreuve, les enseigner et les conduire «vers la Vérité tout entière» (Jn 16,13). L’Esprit Saint est ainsi révélé comme une Personne divine avec le Fils et le Père.
    L’origine éternelle de l’Esprit se révèle dans sa mission temporelle. L’Esprit Saint est envoyé aux apôtres et à l’Eglise aussi bien par le Père au nom du Fils que par le Fils lui-même, une fois glorifié auprès du Père. L’envoi de la personne de l’Esprit après la glorification de Jésus révèle en plénitude le mystère de la Sainte Trinité.
    La foi apostolique concernant l’Esprit a été confessée par le Concile de Constantinople (381): «Nous croyons dans l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie; il procède du Père». L’Église reconnaît par là le Père comme «la source et l’origine de toute la divinité». L’origine éternelle de l’Esprit Saint n’est cependant pas sans lien avec celle du Fils: «L’Esprit Saint qui est la troisième Personne de la Trinité, est Dieu, un et égal au Père et au Fils, de même substance et aussi de même nature. […] Cependant, on ne dit pas qu’il est seulement l’Esprit du Père, mais à la fois l’Esprit du Père et du Fils ». Le Credo du Concile de Constantinople confesse : « Avec le Père et le Fils, il reçoit même gloire ».
    La tradition latine du Credo confesse que l’Esprit «procède du Père et du Fils (Filioque)». Le Concile de Florence (1438) explicite: «Le Saint Esprit tient son essence et son être à la fois du Père et du Fils et il procède éternellement de l’Un comme de l’autre comme d’un seul Principe et par une seule spiration… Et l’engendrant, à l’exception de son être de Père, cette procession même du Saint-Esprit à partir du Fils, il la tient éternellement de son Père, qui l’a engendré éternellement».
    L’affirmation du Filioque ne figurait pas dans le symbole confessé en 381 à Constantinople. Mais en suivant une ancienne tradition latine et alexandrine, le Pape saint Léon l’avait déjà confessée dogmatiquement en 447 avant même que Rome ne connût et ne reçut, en 451, au Concile de Chalcédoine, le symbole de 381. L’usage de cette formule dans le Credo a été peu à peu admis dans la liturgie latine (entre le VIII° et le XI° s.).
    La tradition occidentale exprime d’abord la communion consubstantielle entre le Père et le Fils en disant que l’Esprit procède du Père et du Fils (Filioque). Elle le dit «de manière légitime et raisonnable», car l’ordre éternel des Personnes divines dans leur communion consubstantielle implique que le Père soit l’origine première de l’Esprit en tant que «principe sans principe», mais aussi qu’en tant que Père du Fils unique, il soit avec lui «l’unique principe d’où procède l’Esprit Saint». Cette légitime complémentarité, si elle n’est pas durcie, n’affecte pas l’identité de la foi dans la réalité du même mystère confessé.

    I- LA SAINTE TRINITE DANS LA DOCTRINE DE LA FOI

    1) Formation du dogme trinitaire
    Au cours des premiers siècles, l’Eglise a cherché à formuler plus explicitement sa foi trinitaire tant pour approfondir sa propre intelligence de la foi que pour la défendre contre des erreurs qui la déformaient. Ce fut l’œuvre des Conciles, aidés par le travail théologique des Pères de l’Eglise et soutenus par le sens de la foi du peuple chrétien.
    Pour cela, l’Eglise a dû développer une terminologie propre à l’aide de notions d’origine philosophique : "substance", "personne" ou "hypostase", "relation", etc. Ce faisant, elle n’a pas soumis la foi à des concepts humains mais a donné un sens nouveau à ces termes appelés à signifier désormais aussi un mystère ineffable, «infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir à la mesure humaine».
    L’Eglise utilise le terme "substance" (rendu parfois par "essence" ou "nature") pour désigner l’Être divin dans son unité, le terme "personne" ou "hypostase" pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans leur distinction réelle entre eux, le terme "relation" pour désigner le fait que leur distinction réside dans la référence des uns aux autres.

    2) Le dogme de la Sainte Trinité
    La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes. Les personnes divines ne se partagent pas l’unique divinité mais chacune d’elles est Dieu tout entier: «Le Père et le Fils sont cela même qu’est le Saint Esprit, c’est-à-dire un seul Dieu par nature». «Chacune des trois personnes est cette réalité, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine».
    Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. Dieu est unique mais non pas solitaire. "Père", "Fils", "Esprit Saint" ne désignent pas trois modalités de l’être divin, car ils sont réellement distincts entre eux: Celui qui est le Fils n’est pas le Père, et celui qui est le Père n’est pas le Fils. Ils sont distincts entre eux par leurs relations d’origine: C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède. L’unité divine est Trine.
    Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu’elle ne divise pas l’unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres: «Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint Esprit aux deux; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance. Le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint Esprit; le Fils est tous entier dans le Père, tout entier dans le Saint Esprit; le Saint Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils».

    III- ŒUVRES DIVINES : LES MISSIONS TRINITAIRES

    « Ô Trinité, Lumière bienheureuse ! Ô primordiale Unité ! » Dieu est éternelle Béatitude, Vie immortelle, Lumière sans déclin. Dieu est Amour : Père, Fils et Esprit Saint. Librement, Dieu veut communiquer la gloire de sa vie bienheureuse. Tel est « le dessein bienveillant » (Ep 1, 9) qu’il a conçu dès avant la création du monde en son Fils bien-aimé, « nous prédestinant à l’adoption filiale en celui-ci » (Ep 1,4 -5), c’est-à-dire « à reproduire l’image de son Fils » (Rm 8,29) grâce à « l’Esprit d’adoption filiale » (Rm 8,15). Il se déploie dans l’œuvre de la création, dans toute l’histoire du salut, dans les missions du Fils et de l’Esprit, que prolonge la mission de l’Eglise.
    Toute l’économie divine est l’œuvre commune des trois personnes divines. Car de même qu’elle n’a qu’une seule et même nature, la Trinité n’a qu’une seule et même opération. « Le Père, le Fils et le Saint Esprit ne sont pas trois principes des créatures mais un seul principe. » Cependant, chaque personne divine opère l’œuvre commune selon sa propriété personnelle.
    Œuvre à la fois commune et personnelle, toute l’économie divine fait connaître et la propriété des personnes divines et leur unique nature. Aussi, toute la vie chrétienne est-elle communion avec chacune des personnes divines, sans aucunement les séparer. Celui qui rend gloire au Père le fait par le Fils dans l’Esprit Saint ; celui qui suit le Christ, le fait parce que le Père l’attire et que l’Esprit le meut.
    La fin ultime de toute l’économie divine, c’est l’entrée des créatures dans l’unité parfaite de la Bienheureuse Trinité. Mais dès maintenant nous sommes appelés à être habités par elle : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure » (Jn 14,23).


    CONCLUSION

    « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement pour m’établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l’éternité ; que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de vous, ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte plus loin dans la profondeur de votre mystère ! Pacifiez mon âme faites-en votre Ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là, tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, tout livrée à votre action créature » (Bse Elisabeth de la Trinité).





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