• LA LEVITATION CHEZ LES MYSTIQUES CHRETIENS


    1. UNE TRES ANCIENNE CONNAISSANCE
    La pratique du vol mystique et la connaissance des clefs secrètes de l’apesanteur
    s’enracinent dans les traditions les plus anciennes de l’histoire de l’homme. Elles ont
    laissé des traces tangibles dans la pratique du vol chamanique ou l’état de transe semble
    être la condition indispensable à un renversement des lois physiques et au voyage de la
    conscience vers des mondes parallèles. Que ce vol soit réel ou qu’il ne soit qu’une
    décorporation de la conscience seul les praticiens de ces voyages pourraient en
    témoigner, ainsi que les participants aux cérémonies de guérison.
    C’est au Tibet que le vol extatique trouva son aboutissement en adaptant le
    chamanisme Bon à un bouddhisme fortement teinté de Shivaïsme, religion qui ellemême
    s’enracine dans un chamanisme asiatique très ancien. Foudre-Bénie, crée par
    Hergé, n’est que le reflet des personnages rencontrés par Alexandra David Neel ou
    Helena Petrovna Blavatski lors de leurs séjours au Tibet
    D’autres témoignages en provenance d’Inde accrédite la possibilité des yogis d’entrer
    en lévitation : les plus anciens d’entre eux se trouvent dans la vie d’Apollonius de Tyane,
    célèbre mage grec contemporain du Christ, qui selon son biographe, se serait rendu en
    Inde et aurait été témoins de la lévitation de certains « brahmanes » lors de cérémonies
    rituelles : alors qu’ils chantaient des hymnes sacrés en un vaste cercle, ceux-ci
    s’élevèrent à une hauteur de 2 coudées et flottèrent un long moment dans le vide.
    Mais d’autres récits antiques accréditent la pratique de la lévitation chez les mystiques
    hellénistiques :
    Julien l’Apostat fut élevé en l’air par Maximes son initiateur aux enseignements
    secrets, et ce le jour de son initiation aux Mystères de Diane à Ephèse ; il fut, lors de son
    ascension, entouré d’une nuée lumineuse.
    Jamblique, un néo-platonicien qui aurait influencé les pratiques des soufis
    musulmans, aurait été vu flottant à dix coudées du sol par ses esclaves alors qu’il priait ;
    il était alors baigné d’une lumière dorée. Il prétendit aussi avoir vu le Grand Pythagore
    quitter le sol.
    A la suite du grec Jamblique, les mystiques musulmans ne se privèrent pas de
    s’envoler lors de leurs dévotions et de leurs prières. En cela ils donnèrent naissance aux
    récits légendaires de tapis volant :
    Al Gazzali , dans ses écrits mystiques, cite la lévitation et la marche sur les eaux
    comme des dons d’Allah à ses serviteurs fidèles.
    Al Halladj, dont les extases et les propos lui valurent une condamnation la mort,
    fut convaincu de lévitation par de nombreux témoins lors de son procès devant les
    Ulémas.
    Djallal ud din Rumi, fondateur des Derviches Tourneurs cite un cas de lévitation
    dans son « Mathmawi » et certains de ses disciples ont fait part de phénomène d’envol
    extatique de la part de leur maître.
    2. La Lévitation en milieu chrétien.
    L’exemple fut donné par le Christ lui-même lorsqu’il se mit à marcher sur les eaux
    du Lac de Tibériade : Il invita Pierre à le rejoindre par le même chemin en puisant dans
    le pouvoir de sa foi ; comme chacun sait, Pierre n’eut pas la confiance suffisante pour
    maintenir son état de lévitation jusqu’à la barque de son maître et mouilla sa toge.
    Pierre ne sut pas opérer ce changement de regard sur la réalité permettant d’inverser
    des lois immuables. Le prodige requerrait un total changement de conscience mais il
    ressort cependant de ce récit qu’il n’était pas réservé au seul Fils de Dieu puisqu’un
    disciple put l’accomplir en partie.
    Cet événement évangélique fut le début d’une longue série.
    Si l’on exclut les récits trop anciens concernant les premiers anachorètes, stylistes et
    autres pères du désert qui risquent d’être teintés de merveilleux ; on ne compte par
    moins de 130 religieux et saints catholiques surpris en vol depuis le début du dixième
    siècle. Il s’agit aussi bien de femmes que d’hommes, nonnes, moines ou prêtres dont les
    expériences mystiques les libéraient parfois, voir régulièrement des lois de la pesanteur
    devant témoins. Pour nombre d’entre eux, ces prodiges de sainteté leur ont valu une
    canonisation.
    Il est évident que toute manifestation d’inversion de la pesanteur constatée en
    dehors du milieu clérical était immédiatement soupçonné de diablerie et condamné
    comme expression de sorcellerie : lorsqu’une nonne recluse lévitait elle était sainte ; s’il
    s’agissait d’une femme du peuple, un peu guérisseuse de surcroît, elle était conduite au
    bûcher. Les mêmes expériences pouvaient conduire à la Vie éternelle ou au feu de
    l’enfer.
    Les lévitations dites « démoniaques » furent l’apanage de Simon le Mage, pas assez
    chrétien pour être sanctifié. Mais aussi d’une religieuse espagnole : Madeleine de la
    Croix, qui au seizième siècle, déclara être sous l’influence du démon lors de ses vols
    répétés ; la peur qui s’emparait d’elle lorsqu’elle se sentait soulevée de terre lui fit
    attribuer le phénomène au diable lui-même. Religieuse, elle échappa au bûcher mais il
    fallut l’exorciser…
    Savonarole, l’hérétique florentin qui osa braver les pompes papales, fut convaincu
    de lévitation, ce qui aggrava son cas, puisqu’il n’était plus catholique ayant été
    excommunié. Il fut pendu et brûlé sur la place publique. La lévitation était alors un
    sport dangereux …
    3. Un siècle béni pour les lévitants : le 13eme siècle.
    Le treizième siècle semble avoir été une période bénie pour les mystiques en
    apesanteur. Parmi la trentaine de cas répertoriés officiellement par l’Eglise dans les
    « Acta Sanctorum », Christine l’Admirable (1150-1224) porta ses capacités au décollage
    comme une croix de douleur : cela commença en public au cours de sa cérémonie
    funèbre, car, ayant été découverte en état de catalepsie, elle fut considérée comme morte
    jusqu’au moment ou son corps s’éleva jusqu’à la voûte de l’église où elle resta
    suspendue. La panique s’empara de la foule des fidèles qui s’enfuirent, sauf sa soeur et le
    prêtre qui officiait le service funèbre, Thomas curé de Saint Trond. A partir de ce jour
    la vie de l’infortunée ne fut qu’une suite de tourments car on la regardait comme une
    possédée. De nombreux témoins la virent parfois perchée en haut des arbres ou au
    sommet des clochers où elle tentait de réfugier hors des regards, sans succès puisqu’on
    en parle encore…
    Saint Bonaventure fut surpris en état de lévitation un soir de 1260, par saint
    Thomas d’Aquin.
    Agnès de Bohême choisit un jour d’Ascension, non sans humour, pour se laisser
    aller à une splendide lévitation pendant laquelle elle disparut pendant plus d’une heure
    devant ses soeurs compagnes médusées.
    Saint Dominique, fondateur des frères prêcheurs, se trouvait à Castres en 1220
    invité d’un monastère bénédictin, peu avant sa mort, lorsqu’un religieux vint le chercher
    pour le repas des moines il fut trouvé en extase devant l’autel de la chapelle, perché à
    une bonne coudée du sol. Une autre fois le phénomène le surpris alors qu’il disait la
    messe en l’église de Saint Sixte à Rome.
    Gilles de Santarem, un dominicain de Coimbra, lévita en extase devant des dizaines
    de personnes qui se bousculèrent pour le voir, à tel point qu’ils en démolirent une partie
    du toit de sa cellule !
    François d’Assise, selon les « Fioretti », fut maintes fois surpris en apesanteur par
    frère Léon, alors qu’il s’était retiré dans une grotte du mont Alverne ; le corps du saint
    homme était tel que le frère Léon ne pouvait même par lui agripper les pieds pour le
    ramener au sol ; parfois François s’était élevé si haut qu’il disparaissait presque à la vue
    de son compagnon. Saint François était alors enveloppé d’un halo lumineux. Il aurait un
    jour entraîné frère Masséo avec lui bien au-dessus du sol. Les chroniques de l’époque
    apportent que d’autres compagnons de Saint François firent de même à l’exemple du
    fondateur de l’ordre… (Philippin et Pierre de Monticello)
    A Pise, ce fut la Bienheureuse Gerardesca qui fut surprise à 10 coudées de hauteur
    alors qu’elle chantait à la fête de saint Jean.
    A Sienne ce fut au tour du Bienheureux Franco d’être enlevé dans une lumière si
    éclatante que les autres frères crurent à un incendie : quand ils entrèrent dans sa cellule,
    ils surprirent Franco les yeux au ciel, la bouche entr’ouverte et les mains jointes, le
    corps soulevé de terre par une extatique vision de La Vierge. (Speculum carmelitaum)
    Quittons l’Italie pour la Hongrie où Sainte Elisabeth fut surprise en lévitation
    alors qu’elle se prosternait devant une statue de la Vierge, elle était franciscaine.
    Douceline, béguine provençale, avait de fréquentes extases qui lui faisaient quitter
    le sol. Elle fut surprise ainsi par un noble chevalier, Jacques de Vivaud, qui la vit
    suspendue dans le vide « par l’effet de cette merveilleuse force d’attraction qui
    l’entraînait vers Dieu (…) si haut que le chevalier et son fils, s’agenouillant tous deux en
    grande révérence, lui baisèrent la plante des pieds très dévotement » (vie de Sainte
    Douceline)
    4. Les grands noms de la lévitation au coeur de la Renaissance.
    Les chroniques religieuses des ordres monastiques et les « vies des Saints »
    regorgent de nombreux autres récits de lévitation entre le 10ème et le 16ème siècle, dont
    17 figurent dans les annales des 14ème et 15ème siècles. Mais arrêtons nous maintenant
    sur quelques célébrités chrétiennes des siècles de la Renaissance.
    Les récits de la tradition chrétienne du 16ème siècle regorgent de témoignages
    sur les saints lévitant : 21 lévitant célèbres entrèrent ainsi dans les chroniques, et non des
    moindres, puisque y figurent des personnages comme Saint François Xavier, Saint
    Ignace de Loyola, Saint Pierre d’Alcantara, Saint Philippe de Néri, et surtout Saint Jean
    De La Croix et Sainte Thérèse d’Avila, les deux plus grandes figures spirituelles du
    Siècle.
    François Xavier, selon de nombreux témoins oculaires, passait beaucoup de son
    temps entre terre et ciel, « abîmé en contemplation profonde et en prière, il demeurait
    suspendu en l’air avec des rayons autour du visage » si l’on en croit les récits du père
    Bouhours. Plusieurs autres témoins oculaires attestent ces faits : « …Il s’élevait peu à
    peu de terre, et, saisis d’une sainte horreur, ils ne pouvaient le regarder fixement tant
    son visage était lumineux. (…) Quant on lui parlait des choses de Dieu, il s’éloignait tout
    à coup et son corps montait de lui-même en haut » (Vie de Saint François Xavier) Cela
    lui arrivait aussi en donnant la communion lors de la messe.
    Ignace de Loyola était lui aussi sujet à des ascensions lumineuses extatiques : il
    fut observé en secret par le fils de sa logeuse, au moment de ses oraisons ; parfois,
    raconte t’il , la chambre où Ignace était ravi en extase s’emplissait de lumière tandis que
    le saint agenouillé, les bras en croix, s’élevait de 4 ou 5 palmes.
    Saint Pierre d’Alcantara, franciscain contemporain de Sainte Thérèse, restait
    suspendu en l’air, au cours de ses extases, à la hauteur des lambris du choeur de l’église.
    Souvent, on le voyait planer dans le jardin du couvent à la hauteur des plus hautes
    branches. Un de ses vols extatiques aurait duré plus de 3 heures. Il franchi un jour, sans
    toucher terre, la distance qui le séparait de l’église et vint se poser comme un oiseau au
    pied du maître autel. Ces lévitations s’accompagnaient d’un rayonnement lumineux.
    Selon Jérôme Barnabé, qui écrivit une vie de Saint Philippe de Néri, celui-ci
    s’élevait fréquemment du sol en disant la messe ; il s’élevait alors de 5 ou 6 mètres ; le
    cardinal Sfodrate en fut l’un des nombreux témoins ; il raconta au pape Paul V que
    Philippe en oraison touchait presque le plafond. Une autre fois, alors qu’il priait pour la
    guérison d’un malade, plusieurs personnes le virent soulevé jusqu’au plafond, le corps
    baigné de clarté. On le vit aussi suspendu et lumineux, priant en la basilique du Vatican,
    devant le tombeau des apôtres. Philippe de Néri affirmait se sentir saisi avec force par
    un être invisible qui l’élevait en l’air ; il était si gêné de se montrer ainsi en public qu’il
    lui arrivait d’écourter ses prières afin prévenir tout envol devant témoins.
    5. Les géants : Thérèse d’Avila et Jean de la Croix.
    Thérèse d’Avila fut la première à oser témoigner elle-même, dans ses écrits
    mystiques, des phénomènes et des expériences spirituelles qu’elle traversait. Elle nous
    offre ainsi un témoignage personnel, direct et lucide, des lévitations qu’elle a vécues.
    Mais le mieux serait de lui laisser la parole :
    « …J’ai essayé de toutes mes forces de résister. Parfois j’obtenais quelque chose ;
    mais comme c’était luter en quelque sorte contre un très fort géant, je demeurais brisée
    et accablée de lassitude. (…) Lorsque je voulais résister, je croyais sentir sous mes pieds
    des forces étonnantes qui m’enlevaient ; je ne saurais à quoi le comparer. Nulle autre
    des opérations de l’esprit n’approche une telle impétuosité (…) Au commencement, je
    l’avoue, j’étais saisie d’une excessive frayeur en voyant ainsi mon corps élevé de
    terre.(…) Souvent mon corps en devenait si léger qu’il n’y avait plus de pesanteur ;
    quelquefois c’était à un tel point que je ne sentais presque plus mes pieds toucher la
    terre »
    Don Alvaro de Mendoza, évêque d’Avila témoigne du ravissement qui surprit
    Thérèse au moment où il lui donna la communion : juste avant de recevoir l’hostie, la
    sainte, saisie par l’extase, fut enlevée de terre et, dépassant la hanteur de l’embrasure
    par laquelle le prélat présentait l’hostie, elle ne put la recevoir ; un autre jours Thérèse
    se sentant arrachée de terre saisit les barreaux de la grille de clôture pour freiner son
    ascension, implorant une fois encore Dieu de lui épargner ces faveurs apparentes ; une
    autre fois encore, elle s’agrippa au paillasson qui couvrait les dalles de l’église et
    l’entraîna dans son envol.
    Lorsqu’elle fut surprise par soeur Sainte Anne de l’Incarnation à 25 cm du sol ;
    Thérèse lui demanda, au nom de l’obéissance, de ne rien dire de ce qu’elle venait de
    voir. Elle ne révéla son témoignage, sous serment, que treize ans après la mort de la
    sainte au cours d’une longue série de dépositions officielles.
    Toutes les lévitations de Sainte Thérèse d’Avila furent consignées dans les « Acta
    authentica canonizationis », au sein des quels figurent de nombreuses dépositions. On y
    ajoute que les ravissements de la sainte s’accompagnaient parfois de luminescence.
    L’apothéose fut la rencontre entre Sainte Thérèse et Saint jean de la Croix ; cet
    événement est commémoré sur une peinture du parloir du couvent de l’Incarnation :
    Thérèse écoutait, à travers le grillage du parloir, Jean de la Croix lui parler des
    Mystères de la Sainte Trinité ; lorsque le saint s’éleva, pris d’un ravissement extatique
    soudain, entraînant avec lui son siège suspendu au dessus du sol. Dans un même
    mouvement d’apesanteur mystique, Thérèse s’éleva à son tour, accompagnant dans un
    même vol son saint visiteur. C’est à cet instant que soeur Béatrice de Jésus entra par
    hasard dans le parloir… Et c’est grâce à son témoignage que nous connaissons cette
    extraordinaire communion en apesanteur entre deux êtres hors du commun.
    6. La médaille d’or : Giuseppe da Copertino.
    Le 17eme siècle fut particulièrement riche en envols mystiques ; on dénombre pas
    moins de 32 lévitants officiels, acceptés et répertoriés par l’Eglise. Certain d’entre eux
    accompagnaient le phénomène de stigmates et de luminescence ; beaucoup effectuèrent
    leurs vols extatiques devant de nombreux témoins ; D’autres firent jurer par celui qui
    les surprenait en état de lévitation de n’en rien révéler avant leur mort.
    Mais le champion toutes catégories du vol extatique fut un pauvre moine un peu
    simple d’esprit qui naquit à Naples en 1603 : Joseph Desa, cordonnier issu d’une famille
    pauvre. Désireux d’entrer, à l’age de 17 ans, dans la vie religieuse il fut refusé aussi bien
    par les franciscains que par les capucins pour incapacité physiques et intellectuelle.
    Les actes de son procès en canonisation ont retenu plus de 70 cas de ravissements
    corporels accompagnés le plus souvent de déplacements dans l’espace et de longs vols
    extatiques. Dans ce domaine, aucun saint, remarque la bulle de canonisation, ne peut lui
    être comparé.
    Apres bien des errances de monastères en obscure cure, Joseph de Copertino, (du
    nom de la localité dont le couvent accepta enfin de l’accueillir), fut ordonné prêtre ; ce
    fut là le début de sa célébrité, car le simple fait de dire la messe le plongeait dans des état
    de conscience modifiée ; or cela se déroulait toujours sous les yeux d’un public médusé.
    Le bon père Joseph ne se contentait pas de s’élever en l’air lors de ses extases, il
    s’envolait littéralement : une nuit de noël ; il invita quelques bergers à jouer fifres et
    musettes dans l’eglise ; cela propulsa le prêtre dans un vol de plus de 25 mètres, au
    terme duquel il atterrit sur le maître autel au beau milieu des chandeliers. Il lui arriva,
    un autre jour, de monter en chaire, non par l’escalier prévu à cet effet, mais par la voie
    des airs ; il termina sa lévitation à genoux sur le rebord, en équilibre, les bras en croix.
    Un simple détail le faisait décoller, vers une croix, vers une statue ou vers un arbre
    sur lequel il allait se poser tel un oiseau, et dont il était incapable de redescendre sans
    qu’on lui prête main forte.
    Le 10 juillet 1667 il décolla d’une terrasse dans un état extatique et vola jusqu’à un
    amandier situe à plus de 30 mètres ; effectuant son voyage à plus de 2 mètres 50 du sol.
    On le vit aussi planer au dessus des arbres d’un jardin après avoir lancé en l’air un
    agneau. Il resta ainsi en apesanteur pendant plus de 2 heures, ne redescendant qu’après
    le coucher du soleil.
    Il lui arrivait aussi d’inviter un compagnon à partager ses envols subits ; c’est ce qui
    arriva au confesseur du couvent qui fut arraché du sol lorsque Joseph lui pris la main ;
    il le fit tournoyer en l’air dans le vide pendant de longues minutes ; le pauvre homme en
    fut profondément effrayé. Il fit de même avec un aliéné qu’on lui avait amené.
    On ne compte plus ses envolées dominicales car Joseph ne pouvait terminer une
    messe sans un soudain décollage ; il lui arrivait de traverser toute la longueur de la nef
    pour rejoindre le sommet d’un arbre à l’extérieur de l’eglise. De passage à Assise, il
    lévita vers une statue de la Vierge par-dessus la têtes des notables présents dans l’eglise
    du couvent d’Assise parmi lesquels figurai le Grand Amiral de Castille et son épouse ;
    celle-ci s’en évanouit de frayeur et il fallut des sels pour la ranimer.
    A Rome, Joseph de Copertino effectua une magnifique lévitation devant le pape
    Urbain VIII lui-même.
    La plus célèbre lévitation du Père Joseph à Assise eut pour témoin le prince Jean-
    Frederic de Brunswick. Celui-ci en fut tellement bouleversé qu’il abandonna la religion
    luthérienne, se convertit au catholicisme et entra dans l’ordre franciscain.
    Marie de Savoie, venue s’entretenir à Assise avec le père Joseph, le vit en lévitation
    lorsqu’il dit la messe devant elle.
    Pour terminer cet extraordinaire extrait de la panoplies de lévitations vécues par
    Joseph de Copertino, il faut citer le témoignage de son chirurgien, Francesco de
    Pierpolo, qui affirma avoir assisté à une lévitation du prêtre volant : au cour de
    l’opération qu’il effectuait sur une jambe, celui-ci s’éleva et demeura suspendu en l’air
    pris d’une soudaine extase ; il fallut l’appeler vigoureusement par son nom pour qu’il
    daigne redescendre.
    Ces phénomènes commencèrent immédiatement après son ordination en 1628 ; ils
    durèrent jusqu’à sa mort en 1663. Pendant cet intervalle, Joseph de Copertino fut
    généralement exclus du choeur, des processions et même du réfectoire à cause du trouble
    que ses envolées soudaine entraînaient dans la communauté ; l’on craignait aussi les
    railleries due au caractère quelque peu comique de ces envols survenant parfois en des
    moments incongrus.
    Les siècles suivants connurent leur lot de lévitants : une quarantaine répertoriés
    au 18 et 19eme siècle dont les plus célèbres furent Saint Alphonse de Ligori au 18eme
    qui lévita en pleine cathédrale de Foggia, devant la foule des fidèles, en décembre 1745.
    6. Un pouvoir mystérieux à l’oeuvre.
    Les lois immuables de la Gravitation Universelle semblent contredire les
    témoignages et les observations sur ces femmes et ces hommes capables de s’envoler
    telle un bulle de savon, sans aucun respect pour Newton.
    Un certain nombre de conditions semblent requise pour permettre un envol : la
    gravité dépendrait de la qualité de conscience du candidat, car tous les saints
    personnages dont nous avons parlé ne lévitaient qu’en état de ravissement extatique,
    souvent avec perte de la conscience ordinaire.
    Un état de conscience modifié est aussi une condition indispensable aux lévitations
    médiumniques profanes qui ne saisissent le sujet qu’au cours d’une transe. Le cas de
    Daniel Douglas Home, au 19eme siècle, en témoigne.
    Si l’on écoute les commentaires des mystiques chrétiens, on apprendra sans
    surprise qu’ils attribuent tous leurs décollages à la Grâce divine et au pouvoir des anges,
    attirés par le parfum de leurs prières, qui descendent vers ces âmes pures afin de les
    porter plus près de Dieu.
    Tandis que les mediums nous parlerons, quant à eux, d’esprits désincarnés et
    d’entités astrales venus les tirer par les cheveux au cours de leur transe.
    Cela ne suffit pas a expliquer par quel étrange pouvoir les lois de la gravitation
    ont pu brusquement s’inverser. Peut être pourrait on se tourner vers les hypothèses
    nouvelles, issues de la physique quantique, pour tenter de comprendre ce qui se passe au
    cours de tels transports mystiques ; un état modifié de la conscience jette un regard
    nouveau sur le réel ; or, selon la physique quantique, le monde extérieur serait le reflet
    de notre conscience, en cela elle rejoint les enseignements traditionnels de l’Inde selon
    lesquels nos pensées créent le monde. Le ravissement des saints ouvrirait-il un regard
    tellement différent sur la réalité que la conscience, alors illuminée, en modifierait les lois
    physiques ? Une autre voie de recherche nous conduit à observer les composantes
    énergétiques des corps subtils. En cela les Traditions de l’Ide nous enseignent que l’éveil
    spirituel s’accompagne d’une brusque montée de l’énergie interne appelée « Kundalini
    Shakti » ; énergie apparentée à l’Esprit Saint chrétien. Serait il possible que l’éveil
    spirituel associé à la montée de la Kundalini le long de la colonne vertébrale puissent
    entraîner une inversion de la pesanteur ?
    Cette énergie est de nature ignée, elle est expérimentée comme un feu intérieur par
    les yogis de l’Inde et du Tibet ; or les lévitations chrétiennes s’accompagnent toujours de
    phénomènes lumineux : les saints sont nimbés de clarté ou auréolés de lumières ; parfois
    ils dégagent une chaleur inhabituelle.
    Mais cela n’explique toujours pas comment l’énergie de vie qui nous habite, en
    opérant le mariage alchimique avec la conscience ravie par l’extase, en vient à modifier
    les lois de Newton…
    Si on ne parle plus de lévitation en milieu chrétien de nos jours, c’est sans doute
    parce que les prêtres actuels ne sont plus des mystiques et que, par ailleurs, au coeur des
    monastères et des couvents, de telles manifestations, si elles se produisent, doivent être
    tenue secrètes par les autorités ecclésiastiques, très frileuses devant le miracle et le
    merveilleux
    Ou bien alors il faudrait admettre que la qualité générale de la conscience de
    l’homme occidental s’est sclérosée autour du seul connu, interdisant toute possibilité qui
    sortirait des limites rationnelles communément admises. C’est ainsi que les fées ont
    disparu à jamais de nos forets…
    Jean Bernard Cabanes
    Bibliographie :
    La Lévitation. Olivier Leroy. ed. du cerf. 1928
    La lévitation chez les mystiques. Joachim Bouflet. Le jardin des livres. 2007
    Vie de Thérèse d’Avila
    Vita de Giuseppe da Copertino. Roma MDCCXII
    POUVOIR DU SON ET LEVITATION
    Les archéologues et les historiens se sont souvent interrogés sur les techniques
    utilisées par les bâtisseurs de la préhistoire et les architectes de l’antiquité. De
    nombreuses théories furent avancées pour tenter d’expliquer comment des
    communautés dépourvues de machines et de savoir scientifique ont pu réaliser des
    monuments comme Stonehenge en Angleterre, dont les monolithes proviennent de
    plusieurs centaines de kilomètres ; ou comme les temples préhistoriques de Malte dont
    les blocs pèsent plusieurs dizaines de tonnes ; et ce à une époque où ni la roue ni le palan
    ou le levier n’étaient inventés.
    A Baalbek ; dans la plaine de la Bekaa au Liban, les colonnes d’un temple romain
    reposent sur une terrasse formée de 3 monolithes géants, pesant chacun près de 1000
    tonnes, provenant d’une carrière située à plus d’un kilomètre du sanctuaire, ou gît
    encore le plus grand des bloc de pierre jamais taillé par l’homme : 21,50m de long ,
    4,80m de large et 4,20m de haut. Ces monolithes sont bien antérieurs au temple romain
    lui même et l’on ne sait rien de la civilisation qui les a placé là ; ni comment ces hommes
    oubliés ont pu transporter de tels blocs de pierre que nos moyens techniques actuels se
    refuseraient de prendre en charge ; car il eut été bien plus simples au regard des moyens
    mécaniques utilisables à l’époque de scinder en centaines de grandes pierres ces dalles
    immense ; c’eut été plus facile à transporter !
    Les pyramides d’Egypte nous interpellent aussi, et les thèses s’entrecroisent pour
    expliquer comment ces milliers de blocs de calcaires ont pu être placés et montés si
    haut ;
    L’une de ces hypothèses fait appel à une antique science perdue : celle de la
    lévitation des pierres. Certains chercheurs ont avancé la possibilité d’un pouvoir de
    concentration mental ; D’après la légende locale, les statues de l’Ile de Pâques auraient
    été déplacées grâce à un pouvoir particulier : le « mana ».
    Mais il semblerait qu’il faille plutôt envisager l’existence d’un pouvoir particulier
    des ondes sonores sur la matière. L’on sait déjà que le son peut détruire, les murailles de
    Jéricho en témoignent, et Hergé, après avoir fait léviter « Foudre Bénie » dans ses
    aventures tibétaines, nous en montre une illustration fracassante dans « l’Affaire
    Tournesol ». Tournons nous donc vers le mystérieux Tibet.
    En Chine, les traditions taoïstes affirment détenir le secret de la lévitation par la
    pratique du chant, tenaient ils ce savoir des tibétains ?
    Une étrange cérémonie sur le toit du Monde
    Un témoignage moderne sur les interactions entre les vibrations sonores et la
    gravité nous a été donné par un industriel suédois, constructeur d’avion, entre les deux
    guerres : Lors d’une expédition sur les hauts plateaux tibétains, Henry Kjellson assista
    à une bien étrange cérémonie : Cela se passait au début des années 30 ; invité dans une
    lamaserie reculée par un ami tibétain, Kjellson fut convié à assister à un rituel qui le
    laissa sans voix : on le conduisit au pied d’une falaise au flanc de laquelle s’ouvrait une
    grotte située à plus de 400 m . Destinée aux retraites solitaires des moines, il était
    nécessaire d’aménager une sorte de terrasse protégée par un muret devant l’ouverture
    de la grotte, mais il était impossible de hisser les pierres nécessaires à une telle hauteur.
    Dans son rapport Kjellson raconte comment les moines s’y prirent pour amener des
    grosses pierres d’une surface de 1m50 ² en haut de la falaise : des centaines de moines se
    placèrent par groupes en des endroits choisis et savamment mesurés, autour d’une sorte
    de coupe polie dans le sol rocheux de 1m de diamètre et de 15 cm de profondeur, cette
    cuvette se trouvait à 100 m de la falaise. 19 musiciens se placèrent à 63 m en retrait de
    cette alvéole, tandis que, derrière eux, 200 moines étaient disposés en lignes radiales
    écartées les une des autres d’un angle de 5 degré. Les distances entre les groupes de
    moines les musiciens et la coupelle étaient mesurée avec précision par les lamas qui
    utilisaient pour cela de longues lanières de cuir ; Tout le monde avait sa place et
    l’ensemble était disposé en un vaste arc de cercle ayant la cuvette de pierre pour centre.
    Les musiciens disposaient de 13 grands gongs de peaux, suspendus horizontalement à
    des chevalets de bois ; ils étaient orientés vers le centre, tout comme les trompes géantes
    et les trompettes qui les accompagnaient
    Les moines placèrent alors une grosse pierre au centre de l’alvéole.
    Soudain les chants des récitants firent vibrer l’air glacé ; rythmé, maniant les
    combinaisons d’harmoniques d’étrange manière, ils alternaient avec les sons cuivrés des
    trompettes tibétaines et le grondement grave des trompes ; les gongs faisaient résonner
    la parois de la falaise. Tout semblait être codifié dans une partition minutieusement
    écrite avec une rigueur quasi scientifique ; il ne s’agissait en aucune façon d’un rituel
    religieux ; Kjellson assistait médusé à un procédé scientifique utilisant les combinaisons
    de rythmes et de sons, accompagné d’un souci de l’orientation mesurée des vibrations
    sonores vers un point focal, l’ensemble devant obéir à une combinaison de lois codifiées
    dans un but mécanique bien précis.
    Au bout d’un moment le rocher central se mit à vibrer ; alors, sur un violent coup de
    gong, il décolla lentement et entama une ascension de 400 m en décrivant une
    magnifique parabole avant d’aller se poser en douceur sur la terrasse de la grotte.
    L’action de la combinaison savante des ondes et des rythmes sonores sur la pierre,
    placée dans le creux de l’alvéole centrale, avait permis une inversion de la gravité.
    Kjellson remarqua que, par ce moyen, les moines parvenaient à envoyer 5 à 6 blocs
    par jour en haut de la falaise.
    En 1939, un ami de Kjellson, le Dr Jarl, qui travaillait pour la Oxford Scientific
    Society, fut appelé au Tibet pour soigner le lama rimpoche de ce monastère. Lors de son
    séjour auprès des moines, il put filmer à deux reprise cet étrange rituel de lévitation des
    pierres. Mais l’Oxford Society s’appropria ces films car elle désirait les garder secret
    jusqu’en 1990 ; ils ne sont pas encore sorti des archives de cet auguste institution à ce
    jour malgré tous les efforts de nombreux chercheurs.
    La pierre de Shivapur
    Il y a quelques siècles, un saint homme vivait à Shivapur, près de Poona en Inde.Il
    avait pour nom Qamar Ali Darvesh.
    Les gens avaient pris l’habitude de se moquer de ce mystique musulman, car il était
    de constitution chétive ; d’ailleurs il mourut à 18 ans. Un jour, il déclara que la force
    physique n’était rien en comparaison avec les forces que seul les hommes de Dieu
    savaient utiliser et, pour appuyer ses dires, il promit un prodige à tous ceux qui le
    vénérait : par la simple action de chanter son nom, 11 hommes pourraient soulever au
    dessus de leur tête une grosse pierre simplement en la touchant d’un doigt.
    De nos jours, une mosquée s’élève au dessus de son tombeau ; et une grosse pierre
    trône dans la cour du sanctuaire. Elle pèse 63 kg, et si un homme peut la soulever de
    quelques centimètres à bras le corps, il est difficile d’imaginer que l’on puisse la
    propulser en l’air par un simple toucher du doigt, même en s’y mettant à 11…
    Cependant, au cours de la prière quotidienne, certains dévots du soufi se rendent auprès
    de cette pierre, et, se plaçant autour d’elle, ils se mettent à chanter son saint nom
    « Qamar Ali Darveeeesh.. », en insistant longuement sur la dernière syllabe. Lorsque le
    chant atteint une certaine intensité, ils se baissent tous ensemble vers la pierre et posent
    l’index de la main droite sur sa circonférence extérieure, elle est alors immédiatement
    propulsée en l’air bien au dessus de leur tête et se maintient en suspens tant que dure la
    vibration sonore de la dernière syllabe. Dès qu’ils cessent de chanter, ils reculent
    brusquement afin de laisser retomber la pierre sur le sol. Ils sont 11 : l’expérience fut
    tentée avec un participant de moins, la pierre ne bougea pas ; elle fut renouvelée avec 12
    personnes ; rien ne se passa ; on essaya avec les 11 hommes requis mais sans chanter le
    nom du saint, la pierre demeura immobile.
    Le phénomène requiert donc 11 voix d’hommes capables d’atteindre l’intensité
    sonore nécessaire pour modifier le champ vibratoire de cette pierre et en inverser la
    pesanteur, tout du moins tant que dure la puissance du chant. L’action du magnétisme
    humain communiqué par le toucher collectif, n’est pas à exclure, rappelant les
    innombrables expériences de tables tournantes pratiquées dans les milieux spirites.
    Une autre pierre, plus petite, se trouve aussi dans la cour de la mosquée, elle
    demande 9 hommes, pas un de plus, et le même chant pour être soulevée dans les mêmes
    conditions.
    Il n’est pas nécessaire d’être dévot du saint, ni même d’être musulman, pour
    participer au prodige car des visiteurs étrangers, après avoir appris à chanter
    correctement le saint nom, purent collaborer avec succès à cet étrange phénomène.
    La clef de ce prodige, qui attire des dizaines de visiteurs chaque jour, semble bien
    résider dans l’utilisation du chant, et de la vibration sonore associée au nom de : Qamar
    Ali Darvesh. Il ne semble pas que l’expérience ait été tentée en dehors de la mosquée
    avec une autre pierre.
    L’extraordinaire château de corail.
    Il existe un site très visité en Floride : des centaines de visiteurs viennent chaque
    jours s’émerveiller devant l’architecture étrange du « Coral Castle » de Edward
    Leedskalmin.
    Cet ensemble unique de monuments mégalithiques fut bâti par un seul homme, en
    offrande à la femme qu’il aimait. Edward a toujours refusé l’aide de quiconque et c’est
    en solitaire qu’il édifia ce château surréaliste entre 1920 et 1940 composé de blocs de
    corail sculptés dont certain pèsent plusieurs dizaines de tonnes. Entreprise herculéenne
    pour un homme qui ne dépassait pas 1m 50 et pesait 45 kg !
    Le Coral Castle de Ed. Leedskalmin n’est pas seulement un monument cyclopéen
    de plus de 1100 tonnes de roches, c’est aussi un complexe ésotérique et astronomique, à
    l’instar des grands ensembles mégalithiques atlantiques de l’Europe préhistorique : Les
    alignements de grandes pierres levées sont orientés vers l’étoile polaire et indiquent les
    différentes phases de la lune ; on y rencontre aussi un trône de géant, un coeur de pierre
    de plusieurs tonnes , des portes dignes de la Puerta del Sol de Tianhuanaco. Un
    obélisque de 25 tonnes ; un portail monumental de 9 tonnes qui possède la particularité
    de bouger sous la pression d’un doigt. Le mur d’enceinte, haut de 2m50 n’est composé
    que de larges pierres de plusieurs tonnes ; l’une d’entre elles est perchée à plus de 7
    mètres du sol . Le plus grand mégalithe amené et dressé en ces lieux étranges par le petit
    homme pèse 35 tonnes… A chaque détour de ce labyrinthe de titan, le visiteur va de
    surprise en étonnement.
    Edward intriguait son entourage, évidemment : Que pouvait bien vouloir édifier
    cet homme ? Pourquoi n’acceptait il aucune aide ? Et surtout, Comment diable faisait il
    pour charrier et placer des blocs de plusieurs tonnes dans son jardin secret sans l’aide
    d’aucune machine ? Sinon parfois un léger palan. Cela ressemblait au scénario de
    certains contes anciens dans lesquels des fées, ou le diable lui-même, venaient
    nuitamment édifier une tour ou un palais, avec les pouvoirs d’un autre monde.
    Curieusement, Ed. préférait travailler lui aussi la nuit, à la lueur d’une lampe à pétrole,
    bien à l’abris des regards.
    L’entreprise intriguait suffisamment pour attirer les curieux ; Edward fut
    espionné à son insu ; et de nombreux témoignages , parus dans la presse de l’époque,
    racontent comment le petit bâtisseur chantait parfois en plaçant les mains sur ses
    rochers de corail, et comment certains curieux virent s’élever les roches comme des
    ballons…
    Interrogé, vers la fin de sa vie, sur ses méthodes d’architecture surprenantes,
    Edward Leedskalmin confirma les observations de son voisinage ; il avoua détenir un
    antique secret de bâtisseur : l’influence du son sur la pesanteur :
    « J’ai découvert le secret des pyramides, j’ai trouvé comment les égyptiens et les
    anciens bâtisseurs du Pérou, du Yucatan et d’Asie, avec des outils primitifs, élevèrent et
    mirent en place des blocs de plusieurs tonnes » déclara t’il un jour.
    Il affirma aussi utiliser le magnétisme tellurique en accord avec les alignements
    célestes (il rédigea un opuscule sur ce sujet : « magnetic current ») ; il disait percevoir
    des points lumineux lui indiquant le parcours du magnétisme terrestre et la présence de
    concentration des forces de vie, le « chi » des chinois… Il ne révéla jamais comment il
    détenait cette connaissance secrète, ni quelles en étaient les lois et les techniques.
    Un peu plus au sud, en pays Maya, certaines légendes disent que les pyramides de
    la jungle du Yucatan furent bâties au son des flûtes car elles avaient le pouvoir d’alléger
    les pierres.
    La femme qu’il aimait n’est jamais venue le rejoindre dans son palais de corail…
    et c’est seul et malade que Edward Leedskalmin quitta ce monde en 1951, emportant, en
    apesanteur, son secret dans un monde sans gravité.
    Jean Bernard Cabanes





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