• Ouvrage

    ALEXANDRA DAVID-NÉEL

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    Née en 1868 à Saint-Mandé, près de Paris, morte à Digne en 1969, Alexandra David-Néel s'embarque à<o:p></o:p>

    23 ans pour le Sri Lanka et ne cessera plus de sillonner l'Asie. Disciple du géographe Elisée Reclus, polyglotte, elle fait œuvre d'exploratrice, de reporter et d'ethnologue au cours d'une longue pérégrination qui la mène de l'Inde au Tibet. Ses observations sont recueillies dans une trilogie qui paraît de<o:p></o:p>

    1926 à 1933, et dont le premier volet, Voyage d'une Parisienne à Lhassa connaît un succès mondial. Mais son nom reste avant tout attaché à la divulgation d'un système de pensée et d'une spiritualité dont la profondeur se dérobait jusque-là au public occidental. Elle consacre ainsi plusieurs écrits introductions générales ou romans initiatiques - au bouddhisme, parmi lesquels Le bouddhisme du Bouddha et Le lama aux cinq sagesses. Sa correspondance avec son mari, recueillie dans un <st1:personname>Jo</st1:personname>urnal de voyage, restitue l'itinéraire d'une aventurière qui, au cours d'une existence centenaire, s'est imposée comme l'un des plus grands dépositaires occidentaux de la sagesse orientale.<o:p></o:p>

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    LE BOUDDHISME DU BOUDDHA<o:p></o:p>

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    DU MÊME AUTEUR CHEZ POCKET<o:p></o:p>

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    AU  PAYS  DES   BRIGANDS GENTILSHOMMES IMMORTALITÉ  ET   RÉINCARNATION<o:p></o:p>

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    L'INDE où J'AI VÉCU<o:p></o:p>

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    JOURNAL (TOMES i ET 2)<o:p></o:p>

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    LE LAMA AUX CINQ SAGESSES<o:p></o:p>

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    <st1:personname productid="LA LAMPE DE SAGESSE">LA LAMPE DE SAGESSE</st1:personname><st1:personname productid="LA LAMPE DE SAGESSE"></st1:personname>

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    MAGIE D'AMOUR ET MAGIE NOIRE<o:p></o:p>

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    MYSTIQUES ET MAGICIENS DU TIBET<o:p></o:p>

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    <st1:personname productid="LA PUISSANCE DU N￉ANT">LA PUISSANCE DU NÉANT</st1:personname><st1:personname productid="LA PUISSANCE DU N￉ANT"></st1:personname>

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    LE SORTILÈGE DU MYSTÈRE<o:p></o:p>

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    SOUS UNE NUÉE D'ORAGES<o:p></o:p>

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    VOYAGE D'UNE PARISIENNE À LHASSA<o:p></o:p>

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    <st1:personname productid="LA VIE SURHUMAINE DE">LA VIE SURHUMAINE DE</st1:personname><st1:personname productid="LA VIE SURHUMAINE DE"></st1:personname> GUÉSAR DE LING<o:p></o:p>

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    Par Jean Chalon<o:p></o:p>

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    LE  LUMINEUX  DESTIN   D'ALEXANDRA   DAVID-NEEL<o:p></o:p>

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    ALEXANDRA DAVID-NEEL<o:p></o:p>

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    LE BOUDDHISME DU BOUDDHA<o:p></o:p>

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    Ses doctrines, ses méthodes<o:p></o:p>

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    et ses développements<o:p></o:p>

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    mahayanistes et tantriques<o:p></o:p>

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    au Tibet<o:p></o:p>

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    Édition augmentée et définitive<o:p></o:p>

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    ÉDITIONS DU ROCHER<o:p></o:p>

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    Nouvelle édition<o:p></o:p>

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    revue et augmentée de l'ouvrage d'Alexandra DAVID-NÉEL<o:p></o:p>

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    LE BOUDDHISME<o:p></o:p>

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    Ses doctrines, ses méthodes<o:p></o:p>

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    Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5, (2" et 3" a), d'une part, que les " copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective " et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, " toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite " (art. L. 122-4). Cène représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.<o:p></o:p>

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    (c) Editions du Rocher, 1977, 1989.<o:p></o:p>

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    Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S.<o:p></o:p>

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    ISBN : 2-266-10751-8<o:p></o:p>

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    PRÉFACE<o:p></o:p>

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    Quand la faillite menace une Société commerciale, il est de règle de procéder à un inventaire minutieux de ses ressources afin de se servir d'elles pour conjurer la catastrophe redoutée. Une conduite analogue n 'est-elle pas susceptible de donner, sur un autre terrain, des résultats également profitables et la situation actuelle du monde ne justifie-t-elle pas un inventaire du capital d'idées dont l'humanité est propriétaire ?<o:p></o:p>

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    J'écrivais ces lignes en 1936 dans la préface d'un livre sur le Bouddhisme. Sont-elles encore d'actualité ? - Je n 'hésite pas à affirmer qu 'elles le sont plus que jamais.<o:p></o:p>

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    Pendant les vingt-deux ans qui se sont écoulés depuis qu 'elles ont été publiées, une nouvelle guerre a eu lieu, bien plus dévastatrice et plus importante, quant à ses effets, que celle de 1914. Des bouleversements considérables l'ont accompagnée et suivie ; ils se poursuivent encore actuellement.<o:p></o:p>

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    Les conceptions sociales et morales d'un grand nombre de nos contemporains se sont singulièrement modifiées. Un désarroi se traduisant par une indifférence veule ou une attente angoissée de cela qui<o:p></o:p>

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    pourrait se produire a pris possession des esprits. Est-on encore justifié en parlant de la faillite de notre civilisation, ou faut-il employer le terme de catastrophe ? - Certains n 'y ont point manqué.<o:p></o:p>

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    Il est, cependant, une autre expression, moins dramatique, mais plus poignante, pour qualifier la situation incohérente dans laquelle se débattent aujourd'hui tous les peuples se réclamant de la civilisation occidentale : c'est l'expression décrépitude.<o:p></o:p>

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    La décrépitude est l'acheminement naturel vers la mort; elle atteint, inéluctablement, tout ce qui a commencé et qui, par conséquent, doit finir.<o:p></o:p>

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    De nombreuses civilisations se sont épanouies, ont brillé, puis ont disparu et nous pouvons nous représenter le temps où, comme il en est pour Ur de Chaldée, pour Babylone ou pour maintes autres cités jadis florissantes, seuls des vestiges exhumés par des archéologues indiqueront la place où s'élevaient Paris, Londres ou New York.<o:p></o:p>

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    Mais ce n 'est pas dans les millénaires futurs que nous vivons: c'est aujourd'hui, à l'époque présente. Dès lors, ne convient-il pas que nous nous efforcions d'écarter de nous, hommes de l'époque actuelle, le plus grand nombre possible d'éléments producteurs de souffrance, et de multiplier les facteurs susceptibles de contribuer à notre confort matériel et spirituel ? - Or, il existe un enseignement dont le but, formellement affirmé, consiste précisément dans la Suppression de la Souffrance.<o:p></o:p>

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    Ne serait-il pas sage de lui accorder notre attention ?<o:p></o:p>

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    "Je n'enseigne qu'une chose, ô disciples : la Souffrance et la Délivrance de la Souffrance. "<o:p></o:p>

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    Nous voici, d'emblée, en face d'un programme très simple, mais d'une ambition éminemment pratique. Certains ne manqueront pas de le trouver dénué de lustre, de l'estimer trop terre à terre, voire même vulgaire. Pourtant, ne correspond-il pas au plus ardent désir de tous les êtres ; au désir qu 'un examen attentif nous révèle comme étant leur unique désir travesti sous mille formes : le désir du bonheur ?<o:p></o:p>

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    A travers des routes tortueuses, des aberrations étranges, n 'est-ce pas notre bonheur, la suppression de cela qui nous fait souffrir, que nous cherchons ?<o:p></o:p>

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    Bien avant l'éveil d'un rudiment de conscience dans nos lointains ancêtres, ceux-ci, au fond des océans, y cherchaient le bien-être qui leur permettait de continuer à vivre, et la même aspiration, perpétuée tout au long des âges, habite toujours en nous.<o:p></o:p>

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    Il vaut donc la peine d'examiner cette Doctrine de la " suppression de la souffrance " qui fut proposée aux hommes, il y a vingt-cinq siècles, par un penseur né au pied des Himalayas.<o:p></o:p>

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    Tôt dénaturée par ceux qui l'avaient entendu prêcher, cette Doctrine fut, par la suite, singulièrement développée et transformée d'après les mentalités diverses de ceux qui s'en réclamaient. Sommes-nous capables d'en faire, aujourd'hui, un usage utile ? L'expérience peut être jugée digne d'être tentée.<o:p></o:p>

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    D'ailleurs, il n'est point question de demander des directives précises à des maîtres ayant vécu il y a des siècles et dans des milieux très différents du nôtre. Chercher à les copier n 'aboutirait qu 'à créer des cari-<o:p></o:p>

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    catures grotesques. Tout au contraire, rappeler certains préceptes fondamentaux, certaines disciplines mentales préconisées par ces maîtres, peut être profitable. Le contraste existant entre nos opinions habituelles et celles exprimées par des philosophes appartenant à d'autres temps et à d'autres pays que les nôtres, doit nous aider à mieux discerner ce qu 'il y a de bon à conserver et à fortifier dans notre bagage d'idées et de principes et ce qu 'il convient d'en rejeter. C'est là, il semble, un but excellent en lui-même et, alors même que l'étude, popularisée, des philosophies issues de l'Inde et de la Chine ne nous conduirait pas plus loin, ses senices seraient, déjà, très estimables.<o:p></o:p>

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    Le présent livre est le produit d'une collaboration poursuivie pendant un grand nombre d'années, avec mon très regretté fils adoptifle lama Yongden ', fidèle compagnon de mes aventureux voyages dont l'assistance m'a été infiniment précieuse pour recueillir, sur place, des documents concernant le Bouddhisme tibétain.<o:p></o:p>

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    Le bref exposé que nous avons fait des théories et des méthodes du Bouddhisme est, naturellement, fort loin de comprendre la totalité de celles-ci. L'immense littérature bouddhique qui, en plus de très nombreux ouvrages canoniques, comprend des milliers de cornmentaires et de traités philosophiques dus à des auteurs chinois, tibétains, japonais, et non classés dans les collections canoniques, ne peut pas être résumée en quelques centaines de pages. Mon collaborateur et moi n'avons eu pour but que de renseigner les lecteurs sur les particularités essentielles, ou les plus saillantes,<o:p></o:p>

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    1. Mort, en France, en novembre 1955.<o:p></o:p>

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    10<o:p></o:p>

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    des théories bouddhiques et des méthodes de culture mentale qui en découlent. Familiarisés avec celles-ci, ils seront capables, si le sujet les intéresse, d'étudier, avec fruit, les ouvrages beaucoup plus techniques que d'érudits orientalistes ont consacrés à l'examen, séparé, de différentes doctrines du Bouddhisme ou à certaines phases de son développement philosophique.<o:p></o:p>

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    LE BOUDDHISME DU BOUDDHA<o:p></o:p>

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    Ses développements mahâyânistes et tantriques au Tibet<o:p></o:p>

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    CHAPITRE PREMIER<o:p></o:p>

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    LE BOUDDHA<o:p></o:p>

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    Les ouvrages consacrés à l'étude d'une doctrine philosophique ou d'une religion débutent, généralement, par une biographie de leur fondateur ; celle-ci n'est nullement essentielle lorsqu'il s'agit du Bouddhisme. En effet, l'enseignement que nous connaissons sous le nom de Bouddhisme ne repose pas sur la personne du Maître qui l'a promulgué. Celui-ci ne se présente pas comme investi d'une autorité exceptionnelle pour communiquer aux hommes la teneur d'une révélation qu'il aurait miraculeusement reçue. Il ne se donne pas, non plus, comme possédant le pouvoir d'un sauveur capable d'annuler les conséquences funestes des erreurs des hommes. C'est à ceux-ci qu'il appartient de s'éclairer, de reconnaître le caractère erroné des croyances déterminant le comportement qui les maintient dans <st1:personname productid="la souffrance. Siddh¬rtha Gautama">la souffrance. Siddhârtha Gautama</st1:personname> est un Maître, rien qu'un Maître : il proclame des faits qui lui sont apparus au cours de ses investigations, de ses méditations et il indique les moyens propres à nous amener à voir ce qu'il a constaté, propres à nous<o:p></o:p>

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    13<o:p></o:p>

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    " éveiller ", comme il s'est " éveillé ", à nous délivrer, comme il s'en est délivré, du rêve peuplé de fantasmagories où l'ignorance nous retient.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha Gautama, glorifié sous le nom de Bouddha, n'est d'ailleurs pas tenu pour être unique dans l'histoire du monde. D'après la doctrine bouddhique, d'autres Maîtres, avant lui, ont prêché une doctrine analogue à la sienne, et d'autres la prêcheront encore dans l'avenir. Mais, toujours, c'est l'homme lui-même qui doit assurer son salut en faisant l'effort nécessaire.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " C'est à vous, ô disciples, de faire l'effort : les Bouddhas ne peuvent qu'enseigner. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cela qu'ils enseignent est à tous instants devant nous, il nous faut seulement exercer notre vue mentale pour le découvrir comme l'a fait le Bouddha. Lui-même s'est borné à nous inviter à " regarder " et à nous indiquer les moyens d'acquérir l'acuité de vision mentale indispensable pour discerner ce que la masse des hommes ne perçoit pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Que des Bouddhas paraissent ou qu'il n'en paraisse pas, un fait demeure : tout est impermanent "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Toutefois, les hommes s'accommodent mal de principes impersonnels ; le désir de les rattacher à une personnalité les domine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Bouddhistes n'ont pas échappé à cette tendance ; ils nous ont pourvu d'une biographie de leur Maître.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Très simple à l'origine, celle-ci, par les soins de dévots inaptes à saisir le sens élevé de l'enseignement qui leur avait été présenté, s'est promptement accrue d'" embellissements " empruntés d'une part aux histoires des héros<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    14<o:p></o:p>

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    divins de l'Inde, de l'autre à diverses théories métaphysiques et, peu à peu, le plus sobrement clairvoyant de tous les penseurs s'est trouvé transformé en une figure mythologique, voire même cosmique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cependant, le voile que des contes fabuleux et des théories métaphysiques ont tissé autour du Bouddha n'est pas si épais que nous ne puissions entrevoir, sous ses plis, la physionomie réelle du personnage historique et purement humain que fut Siddhârtha Gautama.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " L'ascète Gautama, jeune en ses jeunes années, dans la force et la fleur de la jeunesse, au printemps de la vie, a pris des vêtements orange et quitté sa maison pour mener une vie errante... "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette rédaction est déjà conçue dans la note romancée qui dominera, plus tard, les récits concernant le Bouddha, mais le fait rapporté est historiquement exact et se place, tout naturellement, dans le cadre de la société indienne telle qu'elle existait bien avant le Bouddha, telle qu'elle s'est perpétuée longtemps après lui et telle que nous pouvons encore en découvrir certaines traces vivantes sous le tumulte et l'agitation de l'Inde moderne en proie aux luttes politiques et économiques.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    n est déjà fait mention, dans le Rig Veda, d'ascètes vêtus de sales robes jaunes qui suivent le cours du vent et ont conquis les pouvoirs des dieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    n s'agit là des ancêtres spirituels des sannyâsins qui, libérés de toutes attaches, ne possédant rien, errent au gré de leurs impulsions " libres comme le vent ", ainsi qu'il en a existé des milliers dans l'Inde et que l'on en rencontre encore de nos jours ; quelques-uns mystiques ou philosophes hautement vénérables et la majorité, passablement vulgaires, comptant, parmi eux, de nombreux imposteurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    15<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D est difficile de trouver dans les langages occidentaux, un terme traduisant exactement celui de sannyâsin et l'Inde semble avoir eu le monopole de la condition qu'il représente.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sannyâsa signifie " renoncement ", " rejet ". Le sannyâsin n'est en aucune manière un moine : c'est un ascète individualiste, totalement indépendant, qui a rejeté les trois mondes : celui des hommes, le nôtre, celui des ancêtres' et celui des Dieux2.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La formule consacrée que prononce le sannyâsin : Bou sanyastam maya - Bhouva sanyastam maya - Sva sanyasîam maya - est la plus altière de toutes celles que l'on a pu concevoir, n est interdit de la prononcer, sauf par celui qui fait profession de sannyâsa.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    On lui attribue une efficience intrinsèque. Celui qui la prononce coupe, automatiquement, les liens qui l'attachent aux trois mondes. Dans celui-ci, il n'aura pas de postérité, sa fortune déclinera, etc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Aucune formule de ce genre n'est employée dans l'ordination des moines bouddhistes Ces bhïkkhous) mais nous en rencontrons l'esprit dans les Écritures bouddhiques :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "Celui qui n'ayant plus de liens avec les hommes a rejeté ceux qu'il pourrait avoir avec les dieux. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    (Dhammapada, 419).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le rejet du sannyâsin diffère complètement de la<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:metricconverter productid="1. L">1. L</st1:metricconverter><st1:metricconverter productid="1. L"></st1:metricconverter>'expression " monde des ancêtres " est, parfois, expliquée comme signifiant la renommée posthume pour tes défunts ou le souvenir que les hommes gardent d'eux. Une conception plus populaire y voit une survivance du " double " éthéré de l'individu défunt.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. La béatitude dans un Paradis, parmi les dieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    16<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    renonciation du moine chrétien qui abandonne ce qu'il appelle les biens de ce monde pour gagner les joies du Ciel, ou de celle du mystique qui brûle du désir de s'unir à son Dieu et croit y parvenir par cet abandon. La " renonciation " du moine a le caractère d'un sacrifice, tandis que/Celui qui revêt la robe orange ' du sannyâsin le fait parce^ qu'il éprouve de l'aversion, de la répugnance pour ce7 que la masse des hommes considère comme les " biens " et les " joies " du monde. Suivant l'expression qu'un/sannyâsin employa un jour, en causant avec moi, il les rejette avec bonheur, éprouvant la satisfaction que l'on jeut ressentir en enlevant de sur soi un vêtement sale et en guenilles. Sannyâsa n'est pas un moyen auquel on a recoure pour atteindre un but. Sannyâsa est un but en soi, une joyeuse délivrance. Dans l'Antiquité comme dans les temps modernes, le sannyâsin s'est tenu pour affranchi des lois sociales et religieuses, comme libéré de tous liens, n marche sur une voie que lui seul connaît et ne doit de comptes qu'à lui-même. D est, par excellence, en dehors.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha Gautama devint un sannyâsin.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " C'est un dur assujettissement que la vie dans la maison ; la liberté est dans l'abandon de <st1:personname productid="la maison. Comme">la maison. Comme</st1:personname> il pensait ainsi, il abandonna sa maison. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A l'époque du Bouddha, les sannyâsins, dénommés alors çramanas, étaient généralement des isolés, ayant parfois reçu une sorte de consécration d'un çramana, leur guide spirituel - leur gourou, d'après le terme indien mais s'en étant, aussi, souvent passés, comme<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Teinte avec une terre nommée guéroua qui produit, suivant la quantité de poudre délayée dans l'eau, des teintes allant d'un rosé aurore à l'orange foncé presque rouge.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    17<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    le fit Gautama. Ils pouvaient être disciples de tel ou de tel Maître et vivre temporairement auprès de lui ; mais ils n'appartenaient à aucune congrégation régulièrement constituée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Entre les çramanas n'existait pas, non plus, le lien d'une foi commune. Tout au contraire, l'on comptait, parmi eux, des adeptes de doctrines différentes et chacun d'eux demeurait toujours libre de changer d'opinion. Certains d'entre eux professaient même une complète incrédulité à l'égard de toutes les doctrines, un agnosticisme total. L'Inde a connu les figures, paradoxales selon nous, du mystique matérialiste et de l'ascète athée ' et on les y rencontre encore de nos jours.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Un certain antagonisme existait entre les libres çramanas, affranchis de toutes obligations sociales, de toutes observances rituelles, et les Brahmines, gardiens héréditaires des traditions religieuses et seuls autorisés à célébrer le culte des Déités. D'autre part, sur le plan spirituel, les Kshatriyas s'étaient partiellement affranchis de la suprématie des Brahmines. Des membres de la noblesse princière égalaient, en savoir et en profondeur de pensée, les plus éminents des Brahmines ; ils les surpassaient, parfois, dans les joutes philosophiques qui, de tout temps, ont été en honneur dans l'Inde. Il arrivait même que des Brahmines se missent à l'école de Kshatriyas célèbres. Le Bouddha en compta de très nombreux parmi ses disciples.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Autour de Gautama se groupèrent des disciples, comme il en était pour d'autres Maîtres spirituels de son<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Il en est de même au Tibet et en Chine mais le contraste y est moins frappant à cause de la moindre intensité des sentiments religieux de la population.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    18<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    temps. Nous pouvons tenir pour ayant une base historique les relations qui rapportent les séjours de ces petits groupes dans des jardins mis à leur disposition ou réservés exclusivement à leur usage. Ces jardins, comprenant des logis, servaient d'abri à ces groupes pendant la saison des pluies et, celle-ci terminée, le Bouddha, avec quelques compagnons, reprenait la route, allant prêcher sa doctrine en divers endroits.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    fl n'y avait point là fondation d'un Ordre religieux. Ni vœux, ni cérémonièxTordination.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Approche-toi ", disait le BajjcMha, " la Doctrine est prêchée, mène la vie de brahmacharine1 poïïFlnettre un terme à la souffrance. " ^<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Sangha, par son organisation et l'espri^qui l'anime, diffère, d'ailleurs, complètement des OrdresTreligieux existant en Occident2.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A quel motif le jeune prince a-t-il obéi en quittant la maison paternelle ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Son acte n'a rien d'exceptionnel dans le milieu où il s'est accompli. Nombreux y étaient les jeunes Brahmines ou Kshatriyas, et les Vaicias, fils d'opulents marchands, qui cédant à l'attraction de la vie ascétique, rejetaient les servitudes de la famille.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les temps modernes voient encore se manifester quelques vocations de ce genre, en dépit des changements sociaux et politiques qui ont transformé l'Inde.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Étudiant célibataire.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Sangha signifie " assemblée " à l'imitation du Sanylia. un adversaire acharné du Bouddhisme : le célèbre philosophe Çankarâeharya établit, beaucoup plus tard, les dix classes de sannyâsins hindous orthodoxes vivant en communauté. Ceux-ci ont fini par monopoliser le titre de sannyâsin. laissant à leurs confrères indépendants celui, plus général, de sadliou.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bouddha vivait au V siècle avant Jésus-Christ et Çankarâcharya vers l'an 800 de notre ère.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    19<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Aucun récit véritablement historique, auquel nous pourrions accorder une foi complète, ne nous renseigne sur les raisons qui ont incité Siddhârtha Gautama, à " sortir de la maison ' ". Nous voici forcés de nous en tenir aux traditions, aux récits romancés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Examinons donc ces récits que des poètes, non sans mérite, ont consacrés à l'histoire du Bouddha.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Kshatriya Çouddhodhâna est chef d'un clan de Çakyas établis au pied des Himalayas, sur un territoire confinant à la frontière nord de l'Inde qui fait, aujourd'hui, partie du Népal. Un fils lui est né à qui les astrologues et les Sages du pays ont promis une glorieuse destinée. S'il demeure dans le monde, il deviendra un puissant monarque, toujours victorieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Sur le cercle de la grande terre qui a pour limite l'Océan, sans employer le châtiment ou les armes, après l'avoir soumis par sa loi et sa force, il exercera l'autorité de sa toute-puissance. Mais si, sortant de la maison, il s'en va errer en religieux sans asile, il sera Tathâgata, Arhat, Bouddha parfait et accompli, instructeur que nul ne guide dans le monde. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La prophétie est flatteuse. Çouddhodhâna ne peut que s'en réjouir. Cependant, bien que plein de respect pour les ascètes dont l'esprit dégagé de toutes préoccupations d'ordre matériel plane en des régions inaccessibles au vulgaire, il souhaite que son héritier suive la première des voies qui lui sont ouvertes. Il se promet bien de s'employer à l'y diriger.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cependant, dès sa prime jeunesse, Siddhârtha s'est montré enclin à des méditations prolongées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. " Sortir de la maison " était l'expression consacrée pour signifier que l'on se dégageait des liens familiaux et sociaux pour devenir un çramana, un ascète indépendant.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    20<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Étant allé, avec des compagnons de son âge, en partie de campagne dans un village de laboureursAil quitte les jeux auxquels il se livrait avec ses amis et,Véloignant d'eux, il va s'asseoir au pied d'un arbre, dansiin endroit écarté ; là il s'absorbe dans ses pensées. Ce temps s'écoule, Siddhârtha ne s'en aperçoit pas. Ses compagnons le cherchent en vain dans le village. Au palais. Çouddhodhâna s'inquiète parce que le jeune homme n'est pas revenu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Cherchant partout dans la maison, il demande : " Où est mon fils ?" La tante ' dit : "Je l'ai cherché partout sans pouvoir le trouver : il faut s'enquérir de l'endroit où le jeune homme est allé."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "Çouddhodhâna interrogea en hâte un eunuque, le garde de la porte et les gens de l'intérieur, de tous côtés. "A-t-il été vu par quelqu'un, mon fils, quand il est sorti ? - Apprenez. Seigneur, que votre beau jeune homme est allé au village des laboureurs."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Promptement. à la hâte, étant sorti avec les Çakyas. il alla au village des laboureurs.2 "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et là:<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Éblouissant de majesté, c'est ainsi qu'il vit celui qui vient en aide aux êtres. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Que pouvons-nous retenir de ce récit poétique ? - Un fait possédant tous les caractères de la réalité s'en dégage. L'incident du village des laboureurs a dû se produire maintes fois. Souvent, Siddhârtha s'écartait des siens pour aller s'asseoir, pensif, au pied d'un arbre, dans les jardins du palais.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quelle que soit l'estime en laquelle une conduite de ce<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Mahâprajapati, sœur de la mère de Siddhârtha, seconde femme de son père. Maya, la mère du jeune homme, est morte peu de jours après sa naissance et il a été élevé par sa tante.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Lalita Visiara, chap. xi.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    21<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    genre est tenue dans l'Inde profondément religieuse, elle ne laisse pas d'inquiéter le prince des Çakyas, déjà alarmé par les prédictions faites au sujet de Siddhârtha, lors de sa naissance. D faut se hâter de mettre un terme aux rêveries du jeune homme et ramener ses pensées vers le milieu traditionnel des Kshatriyas dont elles s'évadent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha doit se marier. Siddhârtha se maria.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les plus anciens textes ne mentionnent pas cette circonstance, ou ils ne lui accordent aucune importance. Ils se bornent à nous présenter, plus tard, Rahoula, le fils du Bouddha, qu'il a laissé avec sa mère lors de son " départ de la maison ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tout au contraire, les récits romancés légendaires s'attardent à décrire la pompe des cérémonies nuptiales. Ils ne cachent pas, non plus, qu'avec la jeune épouse et même avant qu'elle y fût entrée, l'appartement des femmes dans le palais que Çouddhodhâna avait offert comme résidence privée à son fils était amplement fourni de jeunes femmes : chanteuses, musiciennes, candidates concubines. Le nombre de celles-ci donné dans le Lalita Vistara est fantastique, mais nous devons comprendre que dans la phraséologie courante, il signifie simplement " un grand nombre " indéterminé '.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " En ce temps-là, le Bodhisatva (Siddhâitha). afin d'agir selon les usages du monde2, se montra au milieu de quatre-vingt mille femmes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. De même que nous disons parfois " trente-six choses ". Les Chinois disent " cent mille ". Les textes hinayânistes disent " cinq cents ", les Mahâyânistes " quatre-vingt-quatre mille ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Sur le Bodhisatva qui pratique une discipline consistant à conformer sa conduite au comportement habituel de la majorité des hommes, on pourra consulter mon livre : La Connaissance transcendante d'après les textes tibétains.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    22<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    livré aux jeux et aux plaisirs. Parmi celles-ci, Gopâ. fille de Dandapâni de la famille des Çakyas. fut solennellement reconnue pour la première épouse. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Çouddhodhâna s'est mépris. Son fils ne s'accoutumera pas au genre d'existence oisive et sensuelle que mènent les jeunes nobles de son pays. Tandis que les femmes s'ingénient à le distraire, des voix intimes sollicitent Siddhârtha.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Les femmes à l'esprit joyeux font entendre, avec les flûtes, les plus doux et les plus ravissants des accords, mais par la puissance des suprêmes Djînas ' on entend ces gothas2 variées et nombreuses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Souviens-toi du vœu que tu as fait autrefois ' quand tu as vu les êtres privés de protecteur : "Étant devenu un Bouddha exempt de passions, je les délivrerai de la vieillesse, de la mort et de toutes douleurs."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " C'est pourquoi, ô héros ! sors promptement de la meilleure des villes, établis-toi en un lieu fréquenté par les Rishis d'autrefois, étant devenu un Bouddha possédant la science sans égale des Djînas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Autrefois, tu as donné toutes tes richesses et ton coips qui t'était cher. Voici ton temps venu, distribue aux êtres l'eau inépuisable de la Loi4.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Sors promptement de cette ville excellente en te rappelant tes paroles d'autrefois : "Après avoir atteint l'état de Bouddha, je désaltérerai avec le breuvage d'immortalité ceux que la soif tourmente."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Pour les insensés que le doute torture, qui ont des pensées de singe, fais briller la lumière claire et pure de la sagesse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Par la puissance des Djînas des dix points de l'espace, ces gâthas exhortent le jeune prince qui se repose sur sa couche pendant qu'on le réjouit avec différentes sortes d'instruments mélodieux. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sous cette description poétique nous discernons le fait<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Les Djînas (les victorieux), des personnalités qui ont atteint l'illumination spirituelle : des Bouddhas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Gâtlia : une strophe en poésie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3. Allusion aux histoires des jâiakas, les contes décrivant les vies antérieures du Bouddha selon la croyance populaire aux réincarnations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4. En phraséologie bouddhiste, la Loi (le Dliamma - sanscrit dliamia) signifie la doctrine, la règle, et aussi, la Connaissance correcte, etc. Pour les Indiens, le terme dliarma comporte un grand nombre de sens différents.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    23<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    réel : Siddhârtha est absorbé dans les réflexions qui aboutiront à lui faire " abandonner la maison ". L'intensité de ses pensées a suspendu l'activité de ses sens. Le texte insiste :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dans les accords des luths et des flûtes. Siddhârtha entendait ceci :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Les trois mondes ' sont brûlés par les douleurs de la vieillesse et de la maladie : ce monde sans guide est consumé par le feu de <st1:personname productid="la mort. Pareils">la mort. Pareils</st1:personname> à des abeilles entrées dans un bocal, les êtres s'agitent et ne trouvent pas la voie de la délivrance de la mort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Instables sont les trois mondes, pareils au nuage d'automne. Pareilles aux scènes d'un drame sont la naissance et la mort des êtres. Comme le torrent de la montagne, passe la vie courte et rapide des êtres, comme l'éclair dans le ciel.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Sur la terre et dans le monde des dieux, les êtres sont dans la voie des trois conditions mauvaises2 et au pouvoir de l'existence, du désir et de l'ignorance'. Par cinq voies4 les ignorants roulent comme tourne la roue du potier.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Par des formes agréables, par des sons mélodieux, par des odeurs et des goûts agréables, par de doux contacts, te monde est enveloppé dans les filets du temps, comme un singe lié dans les filets du chasseur. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nos textes pourraient bien omettre, ensuite, les rencontres légendaires faites par Siddhârtha ; nous sommes parfaitement renseignés quant au sujet de ses méditations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cependant, les narrateurs insistent sur le caractère historique de ces rencontres. Vraisemblablement, des ren-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Suivant les Indiens, les trois mondes sont : notre monde, le monde des ancêtres et le monde des dieux (bhou, bhouwar. sn-a). Les Bouddhistes nomment : le monde du désir (notre monde), le monde de la pure forme et le monde sans forme (kâma lôka, riipa lôka, arûpa lôka).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. La maladie, la vieillesse et la mort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:metricconverter productid="3. L">3. L</st1:metricconverter><st1:metricconverter productid="3. L"></st1:metricconverter>'ignorance : l'absence d'une connaissance correcte de la nature des choses ; les vues erronées qui entraînent à commettre des actes matériels et mentaux producteurs de souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4. Les cinq sens - auxquels les Indiens ajoutent l'esprit : sixième sens s'exerçant dans le domaine des idées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    24<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    contres de ce genre, ou d'autres analogues, ont eu lieu et ont fourni un aliment aux pensées mélancoliques du jeune observateur. Il a vu un vieillard<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "... affaibli, à la tête blanche, aux dents branlantes, qui marche en chancelant, appuyé sur un bâton ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il interroge son cocher : " Qui est cet homme ? "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Cet homme. Seigneur, est accablé par la vieillesse, ses organes sont affaiblis, il est privé de force et d'énergie, incapable d'agir, il est relégué dans la forêt comme un morceau de bois. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha interroge encore :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Est-ce là une condition spéciale à sa famille ou bien est-elle commune à toute l'humanité ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Ce n'est. Seigneur, ni une loi spéciale à sa famille, ni une loi du royaume. Chez tous les êtres, la vieillesse succède à <st1:personname productid="la jeunesse. Vos">la jeunesse. Vos</st1:personname> parents, la foule de vos amis, tous finiront par <st1:personname productid="la vieillesse. Il">la vieillesse. Il</st1:personname> n'y a pas d'autre voie pour les êtres. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Une scène analogue est présentée au sujet de la maladie et le futur Bouddha conclut :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " La santé est donc comme le jeu d'un rêve. Quel homme clairvoyant ayant vu pareille condition pourrait avoir l'idée de la joie et du plaisir ? "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et puis vient la rencontre d'un mort et Siddhârtha se révolte :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Malheur à la jeunesse minée par la vieillesse ! Malheur à la santé que la maladie détruit ! Malheur à la vie trop brève... " Retourne au palais, cocher, je penserai à la délivrance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Plus tard, le Dhammapada ' dira :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Dhammapada. 144.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    25<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Quel sujet de joie y a-t-il dans ce monde ? Entourés de ténèbres, ne chercherez-vous pas une lampe ? "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le désir d'allumer cette lampe s'est complètement emparé de Siddhârtha et, selon les idées qui prévalent dans son milieu, il ne conçoit pas la recherche de l'illumination spirituelle sans l'abandon préalable de toutes attaches : " l'abandon de la maison ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les plus anciens textes bouddhiques ne nous fournissent aucun détail sur la façon dont s'est effectué cet abandon de <st1:personname productid="la maison. Par">la maison. Par</st1:personname> contre, les Écritures tardives du Mahâyâna n'ont pas manqué de le dramatiser en des descriptions romancées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha, s'étant éveillé au milieu de la nuit, passe dans l'appartement des femmes. Il les y voit dans la position où le sommeil les a surprises.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Les unes balbutient en dormant, d'autres, la bouche ouverte, laissent couler leur salive ; d'autres encore, inconscientes de leurs mouvements, étalent leur nudité dans un abandon sans grâce. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II semble à Siddhârtha que c'est un charnier, un champ de crémation qui s'étend devant lui, où des cadavres attendent d'être portés au bûcher.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'horreur le saisit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Maintenant ou jamais, il faut que je parte pour le grand départ. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha appelle son écuyer Chanda qui couche à la porte de son appartement : " Je pars cette nuit, lui dit-il, va et selle mon cheval. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cependant, tandis que Chanda exécute son ordre, Siddhârtha pense à son fils nouveau-né qu'il n'a pas encore vu. La naissance de celui-ci est parmi les causes qui ont précipité chez le futur Bouddha une résolution sans<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    26<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    doute formée depuis longtemps. " Un fils est né, c'est un lien de plus qui m'attache ", a-t-il dit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il se rend dans l'appartement de sa femme. La jeune mère dort étendue sur son lit, une main posée sur la tête de son enfant.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Si je veux voir mon fils, pense Siddhâitha. il me faudra écarter la main de la princesse, elle se réveillera et ce sera un empêchement à mon départ. Quand je .serai devenu un Bouddha, je reviendrai et je verrai mon fils. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Devant la porte du palais, Chanda attend avec le cheval Kanthaka. De mystérieuses influences assoupissent les gardes, éteignent le bruit des pas des fugitifs. Les portes de l'enceinte extérieure s'ouvrent d'ellesmêmes, comme vont aussi s'ouvrir les portes de la ville, et les voici dans la nuit, sur la route déserte1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le futur Bouddha chevauche pendant plusieurs heures pour arriver au bord d'une rivière. Là, il met pied à terre, enlève ses bijoux, les remet, avec le cheval, à Chanda, lui ordonnant de retourner à Kapilavastou. Ensuite, il se coupe les cheveux et la barbe, donne ses riches vêtements à un mendiant qui passe, revêt les haillons que celui-ci abandonne, et poursuit sa route en quête du moyen de vaincre la souffrance, d'aborder, par-delà la vie et la mort, à " l'autre rive ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'après la tradition, le Bouddha était alors âgé de vingt-neuf ans.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'Inde n'a guère imaginé qu'une recherche d'ordre<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Ce passage du Lalita Vistara s'était impérieusement rappelé à ma mémoire et je le récitai à voix basse à mon compagnon d'aventure, mon regretté fils adoptif, le lama Yongden, la nuit où nous quittâmes secrètement la Chine, en route pour Lhassa (Voyage d'une Parisienne à Umssa).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    27<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    spirituel puisse être effectuée par un penseur isolé, dans <st1:personname productid="la solitude. L'enseignement">la solitude. L'enseignement</st1:personname> d'un guide - d'un gourou<o:p></o:p>

    - y a toujours paru indispensable ; ce n'est qu'après avoir reçu cet enseignement et les conseils propres à diriger ses méditations que le disciple est jugé capable de poursuivre, seul, son chemin.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'après la tradition, Siddhârtha Gautama s'adressa successivement à deux Maîtres jouissant d'un grand renom : Alara Kâlama et Roudraka, fils de Rama. Le premier résidait à Vaiçalis, le second à Rajagriha. Chez tous deux il se montra disciple attentif, prompt à saisir l'enseignement donné. Alara Kâlama, puis Roudraka, reconnaissant sa valeur intellectuelle, lui offrirent successivement de partager avec eux la direction spirituelle de leurs adeptes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cinq des disciples de Roudraka s'étaient même spécialement attachés à leur condisciple Siddhârtha, le jugeant supérieur à leur Maître commun.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Enfin, Siddhârtha ayant compris que les doctrines et les méthodes préconisées par Alara et par Roudraka ne conduisaient pas à la délivrance de la souffrance, il les quitta.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il ne paraît pas qu'il ait tenté d'autres expériences. Eni j tout cas, les Écritures bouddhiques n'en mentionnent! pas1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Comme tous les Indiens de son époque, Siddhârtha| croyait à l'efficacité des macérations pour développer lesi facultés intellectuelles et spirituelles2. f<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Mais certaines traditions rapportent vaguement des contacts que Sid-l dhârtha aurait eus avec d'autres Maîtres, avant de se mettre à l'écolet d'Alara Kâlama, puis à celle de Roudraka.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Une autre croyance courante dans le monde religieux de cette époque, était que, par le moyen de pratiques ascétiques d'une rigueur extrême, l'homme peut se hausser à la condition de dieu. Les dieux, croyait-on, conscients de ce fait, et jaloux de cette concurrence, s'ingéniaient à susciter<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    28<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il se retira sur une montagne couverte de forêts '. Ses cinq anciens condisciples le suivirent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Jeûnes prolongés, privation de sommeil, tout le programme de tortures que l'ingéniosité des ascètes indiens a élaboré, Siddhârtha l'épuisa et y ajouta devant les cinq témoins qui le contemplaient pleins d'admiration, attendant le moment où, victorieux, illuminé, leur ancien condisciple leur révélerait la Vérité qu'il avait enfin contemplée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il convient de signaler, ici, le caractère profondément rationnel du récit bouddhique. Alors que, dans la plupart des biographies de héros religieux, des visions ou des révélations surnaturelles récompensent les efforts de l'ascète, le Bouddhisme écarte le miracle, il le dédaigne. La Doctrine du Bouddha ne demande rien au merveilleux, ou surnaturel, elle s'adresse uniquement à notre intelligence.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Exténué, Siddhârtha défaille.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Revenu d'un évanouissement prolongé, il comprend <st1:personname productid="la le￧on. Il">la leçon. Il</st1:personname> a perdu son temps. Ce n'est pas en affaiblissant ses organes de perception que l'homme peut en amener le perfectionnement. Des sens d'une acuité accrue, de nouveaux sens même, peuvent procéder d'un développement de ceux que nous possédons ; on ne peut les attendre de leur destruction.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Renonçant au jeûne néfaste, Siddhârtha prend des aliments en quantité convenable et retrouve des forces2.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    des obstacles, des tentations aux ascètes, leurs émules, pour entraver leurs efforts et les empêcher d'atteindre leur but.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. La tradition place ce site près de l'actuel Bouddhgâya.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. D'après une tradition, c'est une femme nommée Soujata qui lui fournit son premier repas. Voici dans quelles circonstances : Soujata, demeurée sans enfant, avait imploré le dieu résidant dans un certain arbre afin d'avoir un fils. Ce fils était né et, pour témoigner sa reconnaissance au dieu, elle avait l'habitude d'aller lui offrir de temps en temps, des aliments qu'elle déposait au pied de l'arbre... Ce jour-là, elle s'avançait portant un plateau en or sur lequel se trouvait un bol rempli de riz cuit dans du lait exceptionnellement<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    29<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les cinq compagnons de l'ascète ne s'attendaient point à cette issue banale. Leur héros s'est déconsidéré à leurs yeux ; il s'est laissé vaincre par <st1:personname productid="la sensualit←. Pourquoi">la sensualité. Pourquoi</st1:personname> s'attarder davantage auprès de lui ? - II n'y a aucun enseignement à en attendre. Et tous les cinq ils le quittent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Alors, c'est de nouveau, pour Siddhârtha, la solitude complète dans la forêt bruissante d'innombrables luttes tragiques. Dans la ramure des banians gigantesques comme parmi le tapis des plantes menues étendu sous ses pieds, il contemple toujours le drame éternel de la vie et de la mort, la souffrance s'attachant aux êtres et l'horreur des dissolutions.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Enfin, une nuit, tandis qu'il méditait au pied d'un pippala1, des voiles se déchirèrent devant ses yeux, une succession d'états de conscience de plus en plus étendus et plus lucides l'amenèrent à briser le cadre étroit et illusoire de <st1:personname productid="la personnalit←. Une">la personnalité. Une</st1:personname> vision élargie de l'existence : mouvement incessant et perpétuelles transformations, lui livra le secret du Nin'âna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha Gautama était devenu un Bouddha.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Telle est, dans la simplicité des traditions primitives, l'histoire des recherches du Grand Sage indien et de la nuit mémorable où, près de la rive de la Néranjarâ2,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    crémeux. Or, Siddhârtha s'était précisément assis sous cet arbre. En l'apercevant, Soujata s'imagina qu'il était le dieu sylvestre qu'elle venait adorer et lui offrit le plateau. Siddhârtha mangea le riz cuit dans le lait.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Un épisode analogue est relaté dans la biographie de l'ascète-poète tibétain Milarespa (XT' siècle). Après une longue période de jeûne absolu, Milarespa " n'a plus la force de méditer ", comme il le raconte, ensuite, à son disciple Reschungpa. Sa sœur venant lui apporter une provision de vivres (Milarespa vit en ermite dans une caverne isolée), il commence à se nourrir, reprend des forces et se trouve capable de poursuivre ses méditations. - La leçon est identique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Ficus religiosa.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. La tradition place l'endroit exact à l'actuel Bouddhgâya, où s'élève le grand temple bouddhiste dont la propriété a fait pendant de nombreuses<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    30<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    naquit la pensée inspiratrice de ce Bouddhisme dont les diverses écoles allaient conquérir des millions d'adeptes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'imagination de dévots épris de merveilles a eu tôt transformé ces faits très simples. Certaines pages des écritures mahâyânistes font, de cette nuit, une féerie extraordinaire où l'on voit intervenir dieux, démons, les astres et les éléments.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cependant, certains découvrent sous cette fantasmagorie l'image symbolique de faits réels.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quand il est dit que la terre a tremblé sous la natte de koucha qui servait de siège au Bouddha, c'est qu'il a senti s'effondrer sous lui la masse des croyances auxquelles il avait adhéré jusque-là, sur lesquelles il avait basé sa conduite, sur lesquelles reposait le comportement de tous ceux qui l'entouraient. Tout s'effondrait sous lui. Et lui-même, l'individu qu'il avait cru être jusque-là : Siddhârtha Gautama, le fils de Çouddhodhâna. son Moi, il le voyait se dissocier, s'éparpiller, n'être plus qu'un tourbillon d'éléments réunis pour un bref instant par la force du Karma1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Maintenant, la lutte est terminée, la victoire gagnée, le but atteint : le Sage des Çakyas s'est éveillé du rêve qui retient les hommes prisonniers. Que fera-t-il ? - Ce n'est pas pour sa seule délivrance qu'il a entrepris sa lutte héroïque ; l'intense compassion que lui a inspirée le sort des êtres plongés dans la souffrance, le porte à leur faire partager sa délivrance : il doit leur en montrer <st1:personname productid="la voie. Mais">la voie. Mais</st1:personname> précisément, parce que. avec son illumination spirituelle, lui est venue une perception plus nette de la<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    années l'objet de contestations entre Hindous et Bouddhistes. Un compromis est intervenu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Karma = " action " est. dans la philosophie indienne, l'enchevêtrement continuel des causes et des effets.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    31<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    puérilité mentale de ceux à qui il doit s'adresser, il se rend compte de la difficulté, de la presque impossibilité, qu'ils auront à comprendre ce qu'il a à leur enseigner et son enthousiasme se mue en découragement : les hommes parviendront-ils jamais à percevoir la vision qui s'est dressée devant lui pendant cette nuit décisive, sous l'arbre de la Bôdhi ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Voici comment nous est dépeint, dans le Mahâvagga, le combat intérieur du Bouddha hésitant à quitter la forêt pour retourner, en apôtre, vers les foules.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Bhagavan1 s'assit au pied d'un banian.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Alors à l'esprit du Bhagavan se trouvant seul dans la solitude, cette pensée se présenta : "J'ai découvert cette vérité profonde, difficile à percevoir, difficile à comprendre, remplissant le cœur de paix, que seul le sage peut saisir. Pour les hommes qui s'agitent dans le tourbillon de ce monde2 ce sera une chose difficile à comprendre que la loi de l'enchaînement des causes et des effets. Ce sera, aussi, une chose difficile à comprendre que l'extinction de toutes les confections mentales3, le rejet des bases de la personnalité4, l'extinction de la convoitise, l'absence de passions, la paix, le nirvana. Si je prêche cette doctrine et que les hommes ne soient pas capables de la comprendre, il n'en résultera que de la fatigue et de la tristesse pour moi."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Et le Bhagavan réfléchissait ainsi, inclinait à demeurer en repos et à ne pas prêcher la doctrine. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Notre texte fait alors intervenir Brahmâ Sahampati et nous trouvons là l'occasion de noter l'idée que les Bouddhistes se font des dieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Bhagavan, un titre respectueux signifiant à peu pros : excellent, vénérable. Les sannyûsins indiens se le donnent souvent entre eux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Plus tard, les auteurs mahâyânistes compareront les hommes à des abeilles enfermées dans un bocal, s'y agitant douloureusement, se piquant l'une l'autre et se heurtant sans cesse aux parois du bocal dans lequel elles sont prisonnières.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3. Les samskâras : les conceptions imaginaires que l'esprit produit continuellement.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4. Les upadhis, traduits par Oldenberg comme substrata of existence. •• •.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    32<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Bouddhistes ne dénient pas l'existence d'individus différents des hommes, en certains points supérieurs à eux, que l'on dénomme dieux, mais ils ne leur rendent pas de culte. Certains croient à la possibilité d'entretenir des relations amicales avec tel ou tel dieu et croient, aussi, que parmi les dieux, il existe des degrés différents de puissance ou d'intelligence, comme il en existe parmi les hommes, mais ils ne croient point à l'existence d'un Dieu unique, créateur des mondes, omniscient, omnipotent et autogène, dont la volonté souveraine règle le cours de toutes choses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans le Mahâvagga, nous voyons Brahmâ Sahampati aborder le Bouddha en lui prodiguant les marques du plus profond respect. Celui qui possède la Connaissance est supérieur aux dieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Brahmâ Sahampati s'adresse au Bouddha :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Veuille, ô Maître, prêcher <st1:personname productid="la doctrine. D">la doctrine. D</st1:personname> y a des êtres dont les yeux de l'esprit sont à peine voilés d'une légère couche de poussière, mais s'ils n'entendent pas la doctrine, ils ne seront pas éclairés. Ceux-là embrasseront la doctrine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Ouvre-nous, toi, la porte de la Connaissance, fais-nous entendre la Vérité que tu as découverte.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Celui qui se tient debout à la cime du roc de la montagne étend au loin sa vue sur tout le peuple qui l'entoure. De même, ô Sage, élève-toi, aussi, très haut, jusqu'à la plus haute demeure de <st1:personname productid="la v←rit←. O">la vérité. O</st1:personname> toi, qui vois tout abaisse tes regards sur l'humanité perdue parmi la souffrance, dominée par la naissance et <st1:personname productid="la vieillesse. Debout">la vieillesse. Debout</st1:personname> ô héros victorieux ! Marche à travers le monde, ô chef des pèlerins qui t'es libéré toi-même. Prêche, ô Bhagavan, il en est qui comprendront ta parole. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Quand le Bhagavan eut entendu la requête de Brahmâ. il regarda le monde avec l'œil d'un Bouddha1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "Comme dans un étang de lotus, parmi les rosés des eaux, lotus<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. " Avec l'œil d'un Bouddha ", c'est-à-dire une vision parfaite à laquelle rien n'échappe : une clairvoyance spirituelle complète.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    33<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    bleus, lotus blancs nés dans l'eau, montant dans l'eau, les uns n'émergent pas de l'eau et fleurissent au fond, d'autres s'élèvent jusqu'à la surface de l'eau et d'autres émergent de l'eau et l'eau ne mouille plus leur fleur. De même, aussi, quand le Bhagavan, avec le regard d'un Bouddha, jeta les yeux sur le monde, il aperçut des êtres dont l'œil spirituel était à peine voilé d'une légère poussière et d'autres dont l'œil spirituel était recouvert d'une épaisse couche de poussière, des êtres d'un esprit vif et des êtres d'un esprit obtus, des êtres d'un caractère noble et des êtres d'un caractère bas, des êtres aisés à instruire et des êtres difficiles à instruire1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Et quand il eut vu toutes ces choses : "Large soit ouverte la porte de l'Éternel ! s'écria-t-il. Que celui qui a des oreilles entende. J'enseignerai la Loi salutaire."<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Alors Brahmâ Sahampati comprit : "Le Bhagavan prêchera la doctrine." Il s'inclina avec respect devant lui et disparut. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sous ce récit imagé nous voyons le Bouddha pesant, en lui-même, l'opportunité de divulguer les faits qui lui sont apparus et la doctrine qu'il a basée sur eux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A qui s'adresserait-il tout d'abord ? - H songea à ses anciens Maîtres, Alara Kâlama et Roudraka, mais apprit que tous deux étaient morts pendant son séjour dans <st1:personname productid="la for↑t. D">la forêt. D</st1:personname> pensa, ensuite, à ses anciens condisciples, les cinq ascètes qui l'avaient suivi dans la forêt.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ceux-ci l'avaient abandonné, mais le Bouddha comprenait à quel motif ils avaient obéi et il se sentait capable de leur démontrer l'erreur qu'ils avaient commise en considérant les austérités comme la voie conduisant à la sagesse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ayant été informé que les cinq çramanas vivaient à Isipatana (le parc des gazelles)2, le Bouddha s'y rendit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Les Tibétains font continuellement état de ces distinctions. Ils classi-U fient les hommes en trois grandes catégories, d'après leur degré d'intel-i ligence : les tha, esprits obtus; les dig, esprits à la capacité moyenne,! susceptible de développement ; et les rab, les esprits exceptionnellement! brillants. Chacune de ces divisions englobe de multiples subdivisions. Nousf trouvons une division analogue dans les philosophies indiennes basées sur les trois gunas : thamas, raja, satva.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Dans les environs de Bénarès. L'endroit s'appelle aujourd'hui Sar-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    34<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    C'est dans cet endroit que se place l'épisode le plus marquant du Bouddhisme : la première prédication du Bouddha, la proclamation des " Quatre Vérités " qui constituent la base de la doctrine bouddhique et qui ont prêté à de multiples développements philosophiques.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nous reprenons le récit du Mahâvagga :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Bhagavan, voyageant d'étape en étape, arriva à Bénaiès où se trouvaient les cinq çramanas. Et ces cinq çramanas aperçurent de loin le Bhagavan qui s'approchait. Quand ils le virent, ils se dirent entre eux:<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Amis, voici le çramana Gautama qui a renoncé à ses efforts et s'est remis à vivre dans l'abondance. Ne lui souhaitons pas la bienvenue, ne nous levons pas pour le recevoir, ne le débarrassons ni de son sac à aumônes, ni de son manteau, mais préparons-lui un siège, qu'il s'assoie s'il le désire.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Mais plus le Bouddha s'approchait des cinq çramanas, plus ceux-ci sentaient faiblir leur résolution. Ils allèrent au-devant de lui, le débarrassèrent de son sac à aumônes et de son manteau, lui apportèrent un siège, un tabouret pour ses pieds, de l'eau et une serviette. Et le Bhagavan, s'étant assis, se lava les pieds1. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les premiers devoirs de l'hospitalité ayant été remplis envers lui, le Bouddha aborde immédiatement le sujet qui l'amène :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Prêtez l'oreille, çramanas, l'Éternel2 est trouvé. Je vous enseigne <st1:personname productid="la doctrine. Si">la doctrine. Si</st1:personname> vous suivez la voie que je vous indique, en peu de temps vous atteindrez le plus haut but de la sagesse, celui pour lequel les jeunes gens de noble famille abandonnent leurs demeures et embrassent la vie religieuse. En cette vie vous posséderez la vérité, la connaissant et la voyant face à face.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    nath. <st1:personname productid="La Mab¬ B�dbi Society">La Mabâ Bôdbi Society</st1:personname> y a construit un beau temple et restauré le site en y plantant un parc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Les Orientaux, qui  marchent les pieds nus dans des sandales, éprouvent le besoin de se laver les pieds en entrant dans une maison au terme d'une étape.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Littéralement : le " Non-mort ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    35<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Après qu'il eut parlé ainsi, les cinq çramanas lui dirent : "Ami, jadis, malgré tes austérités, tu n'as pu atteindre <st1:personname productid="la parfaite Connaissance. Comment">la parfaite Connaissance. Comment</st1:personname> veux-tu, maintenant que tu as renoncé à tes efforts, que tu vis dans l'abondance, atteindre à la suprême science, à <st1:personname productid="la parfaite Connaissance">la parfaite Connaissance</st1:personname> ?" "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bhagavan poursuit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II existe deux extrêmes dont celui qui vit une vie spirituelle doit se garder. L'un est une vie adonnée à la sensualité, à la jouissance, cela est grossier et vil. L'autre est une vie de macérations, cela est pénible et vain.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Tathagâta a évité ces deux extrêmes et trouvé le Sentier du Milieu qui conduit à la clairvoyance, à la sagesse, à la tranquillité, au savoir, à la Connaissance parfaite, au Nirvana.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " C'est le Noble Sentier aux huit branches qui s'appellent : Vues justes, Volonté juste, Parole juste, Action juste, Moyens d'existence justes, Effort juste, Attention juste, Méditation juste1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Voici <st1:personname productid="la Noble V←rit←">la Noble Vérité</st1:personname> concernant <st1:personname productid="la Souffrance. La">la Souffrance. La</st1:personname> naissance est souffrance, la maladie est souffrance, la vieillesse est souffrance, la mort est souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est souffrance, ne pas réaliser son désir est souffrance. En résumé, les cinq éléments constituant notre être2 sont souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. " Juste ", c'est-à-dire : correct, parfait.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. D'après les Bouddhistes, ce sont : le couple forme matérielle (corps) et nom - sensation - perception - " assemblages " - conscience. Cette enumeration a donné lieu à différentes explications. En voici une que j'ai entendue au Tibet. Le groupe des cinq articles est divisé en deux parties soit : nom et forme, ming tang zug (ming tang gzugs). La dénomination : nom comprend tout le domaine mental. Chacun des termes : sensation, etc., s'applique non à une unité mais à un groupe d'éléments, ce qui est exprimé dans 1'énumération par les mots tsorwa poung po (tsorwaï phung po), etc. Poung po signifie un amas, un tas, un groupe. Nous avons donc là : le groupe des sensations, le groupe des perceptions, etc. - Les sensations ayant provoqué des perceptions, il s'ensuit un train de mémoires rappelant d'autres sensations qui ont été éprouvées. Les idées qui s'éveillent ainsi se rencontrent, se combinent, produisent des constructions mentales, des " assemblages " de représentations mentales. Une connaissance consciente des faits est éveillée. Du moins, elle peut l'être. Mais le contact, physique ou mental, ne produit pas toujours une sensation d'une intensité suffisante pour être pleinement perçue et enregistrée dans l'esprit, l'en rendant parfaitement et durablement conscient. La plupart des contacts physiques ou mentaux s'estompent et sombrent dans le subconscient, sans pourtant s'y anéantir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    36<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Voici <st1:personname productid="la Noble V←rit←">la Noble Vérité</st1:personname> concernant la Cause de la Souffrance : c'est cette soif (désir) qui conduit de renaissance en renaissance, accompagnée par la convoitise et la passion, cette soif qui, ici et là, est perpétuellement en quête de satisfaction, la soif de vie individuelle étemelle dans ce monde ou dans un autre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Voici <st1:personname productid="la Noble V←rit←">la Noble Vérité</st1:personname> concernant la Suppression de <st1:personname productid="la Souffrance. C'est">la Souffrance. C'est</st1:personname> l'annihilation de cette soif, le rejet, la libération du désir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Voici <st1:personname productid="la Noble V←rit←">la Noble Vérité</st1:personname> concernant la Voie qui conduit à la Suppression de <st1:personname productid="la Souffrance. C'est">la Souffrance. C'est</st1:personname> le Noble Sentier aux huit branches qui sont : Vues justes, Volonté juste, Parole juste, Action juste, Moyens d'existence juste, Effort juste, Attention juste, Méditation juste. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A la suite de ce discours, Kondanya adhère à la doctrine du Bouddha et, quelques jours plus tard, après de nouveaux entretiens, les quatre autres çramanas l'adoptent également.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Venez, ô disciples, leur dit le Bouddha, vivez une vie pure pour mettre un terme à la souffrance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Sangha ' est fondé. Le Bouddha va commencer la longue série de ses prédications.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'après la tradition, il est alors âgé de trente-cinq ans. Pendant près de cinquante années, à partir de ce jour, il répandra la Doctrine de la Délivrance, et son succès, parmi les intellectuels de son temps, sera considérable.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La classe sociale à laquelle le Bouddha appartenait influait, sans doute, sur la composition du cercle de ses disciples : brahmines philosophes, princes régnant sur de petits États, nobles et riches marchands, grands propriétaires terriens ; mais c'était, surtout, la tenue de ses discours, exigeant de leurs auditeurs un esprit cultivé, qui déterminait le caractère de ses premiers disciples. A cette époque, le Bouddhisme n'avait pas encore dégénéré, se<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. La Société des disciples du Bouddha.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    37<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    muant en religion, et les foules ignorantes de l'Inde n'y auraient point trouvé un aliment capable de nourrir leurs aspirations sentimentales.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Coupées de séjours plus ou moins prolongés dans les villes où il enseignait, les pérégrinations du Bouddha se poursuivaient pendant toute la durée des mois secs, c'està-dire pendant les trois quarts de l'année. La saison des pluies venue, le Bouddha se retirait avec quelques-uns de ses disciples dans une de ces demeures entourées d'un vaste parc qui avaient été offertes à la Communauté par de riches adhérents laïques. On cite, particulièrement, le Jetavana, donné par Anathapindika, et le Vélouvana, présent du roi Bimbisara.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A certaines heures une affluence considérable s'y pressait pour entendre le Bouddha, ou l'un de ses principaux disciples, expliquer la doctrine ou soutenir une discussion philosophique contre un adepte d'une autre doctrine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nombreux étaient ceux qui se sentaient subitement éclairés par ces discours et, souvent, à l'issue d'une prédication, l'on pouvait voir des auditeurs s'avancer vers le Maître pour donner publiquement leur adhésion à son enseignement1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Puis, la foule partie, le silence retombait sous la ramure des arbres géants ; les vastes jardins s'enveloppaient de<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. " Tes paroles sont merveilleuses, ô Maître. C'est comme si l'on redressait cela qui a été renversé, comme si l'on découvrait ce qui était caché, comme si l'on conduisait dans le droit chemin le voyageur égaré, comme si l'on allumait une lampe dans les ténèbres de sorte que ceux qui ont des yeux puissent voir ce qui les entoure. Ainsi, le Vénérable, par de multiples comparaisons, m'a fait connaître la vérité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Je mets ma confiance en Toi, Seigneur, dans la Loi et dans la Communauté des disciples, reçois-moi comme ton disciple à partir de ce jour, jusqu'à la fin de ma vie. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette formule stéréotypée d'adhésion figure à la suite de nombreux discours du Bouddha rapportés dans les Écritures canoniques. Les termes employés par les néophytes ont, évidemment, différé mais la formule représente le sens exact de leur adhésion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    38<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    quiétude, de sérénité. Rentrés dans leurs cellules, les disciples y repassaient dans leur esprit les discours prononcés, les problèmes envisagés, les controverses soutenues, tandis que la pluie chaude et lourde des tropiques chantait, monotone, sur le feuillage épais, berçant leurs méditations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il nous est encore dit que Siddhârtha Gautama retourna à Kapilavastou pour voir son père Çouddhodhâna et le convertit, qu'il revit, aussi, sa femme, la tante qui lui avait servi de mère et son fils Rahoula, que celui-ci devint son disciple et que, plus tard, les deux femmes embrassèrent également la vie religieuse. On parle, encore, de dissensions qui s'élevèrent parmi les disciples et de la jalousie de Dévadatta, cousin du Bouddha, qui, après avoir vainement essayé de supplanter son célèbre parent, attenta plusieurs fois à sa vie.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Là se bornent, à peu près, les informations dignes de notre confiance et pour retrouver les éléments d'une narration qu'il nous soit possible de tenir pour historique, il faut nous transporter aux derniers jours de la vie du Bouddha.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Maître est octogénaire. Vigoureux, infatigable, il a poursuivi, jusque-là, ses pérégrinations. C'est au milieu de celles-ci que lui vient le sentiment de sa fin prochaine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Écoutez-moi, frères, dit-il à ses disciples, toutes les choses composées doivent se désagréger. Travaillez avec diligence à votre délivrance. Je m'éteindrai sans retour avant peu. D'ici trois mois je serai mort<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Mes années ont atteint leur terme, ma vie approche de sa fin. Je vous quitte ; je pars me reposant sur moi seul. Soyez diligents, mes Frères, soyez réfléchis. Soyez fermes dans vos résolutions. Veillez sur votre propre esprit. Celui qui ne se lasse pas mais se tient fermement à cette vérité et à cette voie, traversera l'océan de la vie et mettra un terme à la souffrance '. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Mahâ Parinibbâna Sutta, in. 66.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    39<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cet avertissement donné à ses fidèles compagnons, le Bouddha continue ses voyages et ses prédications.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Bhagavan, après un séjour à Bhoga Gâma, se rendit à Pava et s'arrêta dans un petit bois de manguiers appartenant à Kunda, artisan en métaux'.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Alors Kunda, l'artisan en métaux, ayant appris que le Bhaghavan était arrivé à Pava et s'était arrêté dans son bois de manguiers, se rendit près de lui, le salua et s'assit, avec respect, d'un côté de lui2.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Quand il fut assis, le Bhaghavan l'instruisit, éveilla ses pensées et mit en lui de la joie par ses discours spirituels. Quand Kunda l'eut entendu, il s'adressa au Bhaghavan, disant : "Le Bhaghavan me ferat-il l'honneur de prendre son repas chez moi avec les Frères ?" - Et le Bhaghavan, par son silence, manifesta son acceptation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Alors, Kunda, voyant que le Bhaghavan acceptait son invitation, se leva, s'inclina devant lui et s'en alla. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le lendemain, le Bouddha prit son repas chez Kunda et fut, ensuite, atteint d'une violente attaque de dysenterie3, mais ayant projeté d'aller à Kousinara pour y prêcher, il refusa de s'arrêter et continua son voyage. Cependant, le vieux Maître (il avait quatre-vingt-un ans) avait trop présumé de ses forces. Il fit halte au bord de la route, près d'un bouquet d'arbres formé par trois santals.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Kunda est généralement considéré comme étant un forgeron, mais cet " artisan en métaux " peut tout aussi bien avoir été un orfèvre ou un chaudronnier. Il n'appartenait probablement pas à l'une des trois classes sociales supérieures de la société hindoue.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:metricconverter productid="2. C">2. C</st1:metricconverter><st1:metricconverter productid="2. C"></st1:metricconverter>'est-à-dire : pas en face de lui. Il était considéré comme un manque de respect de regarder quelqu'un de face. Il fallait se placer de façon à le voir de profil.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3. La nature du mets qui avait été servi au Bouddha à ce repas et qui, s'il n'avait directement causé sa mort, avait pourtant aggravé le mal qui lui avait fait envisager sa fin prochaine, a donné lieu à de nombreuses discussions. Certains ont cru qu'il s'agissait de sanglier, mais cette opinion n'a pas cours parmi les Indiens familiers avec les mets de leur pays et aussi avec ceux que l'usage permet d'offrir à un yogui. Il ressort de ces discussions que le plat dont le Bouddha mangea consistait en des champignons ou en un autre végétal dont les sangliers sont friands et qui, pour cette raison, était appelé "délices du sanglier". Les textes pâlis l'appellent sukara maddava.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    40<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Plie mon manteau, Ananda, dit-il à son cousin, et étends-le sous uioi. Je suis las et je veux me reposer. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Songeant, alors, aux reproches que ses disciples pourraient être tentés de faire à Kunda, au sujet du repas, cause immédiate de ses souffrances et, il le prévoyait, de sa mort, il appela son cousin Ananda et lui commanda de veiller à ce que nul ne trouble son dernier hôte à son sujet.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Un peu reposé, faisant un dernier effort, le Bouddha poursuivit son chemin et arriva au bord de <st1:personname productid="la rivi│re Hiranyavati">la rivière Hiranyavati</st1:personname> dans un petit bois de salas ' et, là, la fatigue le reprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "Je suis las, Ananda, prépare-moi une couche. Je voudrais m'étendre. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    fl y avait, dans ce lieu, rapportent les histoires du récit canonique, une sorte de table basse ou de large banquette en pierre2 ombragée par trois santaliers. Ananda y étendit une couverture et le Bouddha se coucha, calme, l'esprit lucide en pleine possession de lui-même.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Siddhârtha Gautama était arrivé à l'ultime étape de sa longue carrière.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Son cousin s'informe :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Maître, comment devons-nous agir envers votre dépouille ? "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce souci d'honorer un mort vénéré en lui faisant de<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Le santalier blanc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2. Ces banquettes se rencontrent, de distance en distance, sur le bord des routes où le portage se fait à dos d'homme. Les porteurs s'y reposent en se déchargeant de leur fardeau ou en appuyant seulement celui-ci sur la banquette tandis qu'eux-mêmes restent debout, le dos appuyé contre le bord de la banquette, et se soulagent, ainsi, du poids de leur charge.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    41<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    dignes funérailles, peut convenir au zèle pieux d'hommes du monde et témoigne de sentiments louables ; mais le véritable philosophe que doit être un disciple du Bouddha, pénétré de sa doctrine, a rejeté avec la sentimentalité vaine l'attachement aux rites qui la manifestent. 11 peut regarder un cadavre sans le dissimuler sous des fleurs, et traiter comme amas négligeable de chairs en décomposition la forme qui fut un Maître admiré et aimé.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Que les Frères ne s'inquiètent point de lui rendre des honneurs. Ananda. Soyez zélés, je vous en supplie. Ananda, à votre propre intérêt Dévouez-vous à votre propre bien. Il y a des hommes sages parmi les nobles et les Brahmines, des chefs de famille qui croient en moi. Ils s'occuperont de mes funérailles. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Mais la douleur du disciple est trop profonde. Il se retire à l'écart pour lui donner libre cours :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Hélas ! je demeure et le Maître s'en va. alors que j'aurais encore tant à apprendre de lui ! "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bouddha, remarquant l'absence de son parent et en comprenant la cause, le fait appeler. Quand il est près de lui, il lui reproche, doucement, le trouble où sa mort le jette.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Assez, Ananda ! Ne te trouble pas. Ne t'ai-je pas dit souvent qu'il est dans la nature des choses qui nous sont les plus proches et les plus chères que nous devions nous en séparer, les quitter, nous en priver ?<o:p></o:p>

    - Comment serait-il possible, Ananda, que ce qui est né. amené à l'existence, composé, qui contient, inhérent à soi-même, le principe de sa dissociation, comment serait-il possible qu'une telle chose ne se dissolve pas ? - Cela ne peut pas être.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Depuis longtemps, Ananda, tu as été très proche de moi par des actes, des paroles, des pensées d'affection, de bienveillance. Tu as fait le bien. Persévère avec vigilance et, bientôt, tu seras délivré des grands maux, la sensualité, la croyance en l'individualité, l'illusion, l'ignorance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    42<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Puis, il se présenta encore un religieux, appartenant à une autre secte, nommé Soubhada. Il avait entendu parler du Bouddha et ayant appris qu'il s'était arrêté dans le bois de santaliers, il souhaitait le voir pour élucider certains de ses doutes philosophiques. Les disciples voulaient réconduire pour épargner à leur Maître la fatigue d'une conversation, mais celui-ci, les ayant entendus, appela Ananda et lui commanda de laisser approcher le religieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "Ne renvoyez pas Soubhada. Quoi qu'il veuille me demander, c'est animé d'un désir de s'instruire qu'il veut m'interroger et non pour me causer de l'ennui. Je dois donc répondre à ses questions. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Écartant, bientôt, les dissertations oiseuses de Soubhada, le Bouddha développe en un discours abrégé de la première prédication la vie de droiture fondement de sa doctrine et, convaincu qu'il a rencontré une vérité supérieure à celle des métaphysiciens, des rhéteurs ou des Brahmines ritualistes, Soubhada le prie de l'admettre parmi ses disciples.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Enfin, le Bouddha, sachant combien est difficile à l'homme la destruction de tout attachement idolâtre, le rejet de toute dévotion sentimentale, connaissant son besoin de Dieux anthropomorphisés ou de Maîtres humains déifiés, son incapacité à vivre seul sa vie spirituelle, s'adresse à Ananda :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " D se pourrait Ananda, que cette pensée naisse en vous : "La parole du Maître n'est plus : nous n'avons plus de Maître." Ce n'est point ainsi qu'il taut penser. La vérité, la doctrine que je vous ai enseignée à tous, voilà votre Maître lorsque j'aurai disparu. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Une phrase dépourvue d'emphase, rappelant, une fois de plus, cette loi de la perpétuelle transformation des<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    43<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    agrégats, qui servit de thème à tant de ses discours, clôt la prédication du Maître.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Sages n'accordent pas à la mort l'importance que lui prête le vulgaire et il y a longtemps que celui dont la forme visible va disparaître a contemplé, par-delà les bornes de la vie et de la mort, la véritable face de l'existence.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Écoutez-moi, mes frères, je vous te dis, la dissolution est inhérente à toutes les formations ! Travaillez sans relâche à votre délivrance ! "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce furent ses dernières paroles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quelques jours après, au soleil levant, les nobles ' de Kousinara élevaient un bûcher aux portes de la ville et y brûlaient la dépouille du Bouddha avec le cérémonial usité pour les rois.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Par " nobles ", tout au cours de ces textes, il faut entendre tes Kshatriyas, la caste à laquelle le Bouddha appartenait.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CHAPITRE II<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    LES BASES DE <st1:personname productid="LA DOCTRINE BOUDDHIQUE">LA DOCTRINE BOUDDHIQUE</st1:personname>

    <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p></o:p>

    II en est de l'enseignement du Bouddha comme de l'histoire de sa vie, nous ne pouvons en saisir, avec une certitude suffisante, que quelques traits fondamentaux. De même que les Évangiles qui sont actuellement aux mains des fidèles, ont été reconnus comme ayant été rédigés bien après la mort de Jésus et présentent, seulement, un exposé de traditions et d'opinions courantes parmi les Chrétiens contemporains de leur rédaction, les doctrines que nous font connaître les livres canoniques bouddhiques, même les plus anciens, sont, simplement, celles que professaient les rédacteurs de ces écrits et leurs contemporains.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ces doctrines différaient-elles de celles promulguées par le Maître ? L'on peut croire qu'avec le temps, l'enseignement originel avait subi certaines modifications ; la chose est habituelle et normale, mais il serait téméraire de s'aventurer à indiquer la nature de ces modifications. Moins raisonnable, encore, serait-il d'affirmer que Siddhârtha Gautama professait, sur des questions majeures, des opinions opposées à celles sur lesquelles est basé le Bouddhisme tel que nous le montrent les textes jugés les plus anciens. Sur quoi<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    45<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    s'appuierait-on pour prouver l'existence d'un enseignement " plus authentique " dont il ne demeure aucun document à notre disposition ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'ailleurs, toutes les discussions de ce genre sont oiseuses. D'après la déclaration expresse des textes canoniques, la doctrine ne dérive aucune autorité de la personne de celui qui l'a enseignée, elle prétend reposer sur des faits. II nous est donc loisible de vérifier si ceux qui nous sont signalés sont réels ou non.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Bien que la littérature bouddhique comprenne un nombre énorme d'ouvrages et qu'en termes poétiques, les auteurs bouddhistes parlent d'un " océan de doctrines ", toute cette littérature ne constitue, en réalité, qu'un gigantesque commentaire, constamment amplifié au cours des siècles, d'une doctrine très simple et de quelques directives dont l'énoncé peut trouver place sur deux pages ainsi que le montre le tableau ci-après.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sur le thème présenté par ce tableau, des milliers de penseurs ont, pendant vingt-cinq siècles, exercé leur raisonnement et leur imagination. Ainsi, ont été greffées sur lui de très nombreuses théories qui, parfois, s'écartent considérablement des données dont elles prétendent être le développement et, d'autres fois, sont même en contradiction complète avec elles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Pour étayer ce nouveau Bouddhisme formé en marge d'un autre plus rationnel, les auteurs de maints ouvrages ont fait exprimer leurs propres idées au Bouddha, dans des discours qu'il est censé tenir devant des auditeurs mythiques : dieux ou autres. Néanmoins, même dans ces discours imaginaires, les sujets traités se rapportent toujours, directement ou indirectement, à l'un des points fondamentaux dont j'ai dressé le tableau. L'on peut donc en conclure que ceux-ci consti-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    46<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    tuent bien la base de la doctrine bouddhique et que. vraisemblablement, les premiers disciples de Gautama les tenaient de leur maître.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    H est indispensable à quiconque désire étudier le Bouddhisme de commencer par se bien pénétrer de la doctrine exposée, ici, sous forme de table, afin de montrer la relation de ses différents enseignements entre eux. Faute de la bien connaître, la lecture des auteurs bouddhistes, spécialement celle des philosophes mahâyânistes, est propre à produire de la confusion dans l'esprit du lecteur et à lui faire concevoir des opinions totalement erronées concernant la véritable pensée de ces auteurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    TABLEAU DE <st1:personname productid="LA DOCTRINE BOUDDHIQUE">LA DOCTRINE BOUDDHIQUE</st1:personname>

    <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p></o:p>

    SOUFFRANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CAUSE DE U SOUFFRANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Elle peut être résumée en deux points<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1° Être en contact avec ce pour quoi l'on éprouve de l'aversion<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    ï Etre séparé de ce pour quoi l'on éprouve de l'attraction, ou, en d'autres termes, ne pas posséder ce que l'on désire<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    C'est V ignorance, base des onze autres anneaux de la chaîne des productions interdépendantes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les douze anneaux peuvent être rangés sous trois titres :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1° L'ignorance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2° Le désir engendré par l'ignorance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    y L'action qui suit le désir, comme moyen de le satisfaire.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Par l'effet des sensations éprouvées en accomplissant l'action, de nouveaux désirs naissent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    a) Désir d'éprouver de nouveau les mêmes sensations, si l'action a causé des sensations agréables.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    b) Désir d'éviter ces mêmes sensations, si l'action a<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce nouveau désir incite à l'accomplissement de nouvelles actions, soit pour amener les sensations souhaitées, soit pour prévenir la répétition des sensations désagréables.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ces actions, à leur tour, produisent des sensations qui, comme précédemment, font naître des désirs, et l'enchaînement des actions, des sensations et des désirs, déterminant de nouvelles actions, se poursuit à l'infini, tant que l'ignorance subsiste.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    LES QUATRE VÉRITÉS<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CESSATION DE LA SOUFFRANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    C'est la destruction de ]'ignorance qui produit la destruction du désir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le désir cessant d'exister, l'incitation à l'action ne se produit plus. L'action n'ayant plus lieu, les sensations résultant de son accomplissement ne se produisent plus et les désirs, dont ces sensations sont la source, ne naissent pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La cause ayant cessé d'exister, la révolution de la chaîne des productions interdépendantes cesse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:personname productid="LA VOIE QUI CONDUIT">LA VOIE QUI CONDUIT</st1:personname><st1:personname productid="LA VOIE QUI CONDUIT"></st1:personname> À <st1:personname productid="LA CESSATION DE LA">LA CESSATION DE LA</st1:personname> SOUFFRANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Elle consiste en un programme d'entraînement mental pouvant être résumé comme suit : Acquisition de Vues justes. Celles-ci comprennent une compréhension parfaite des<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    TROIS CARACTÈRES GENERAUX<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Impermanence de tous les<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    agrégats.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Souffrance inhérente à tous les<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Absence d'ego en tous les<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    QUATRE VÉRITÉS<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sa cause.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sa cessation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La voie qui conduit à cette cessation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ayant acquis des Vues justes, l'on connaît la nature réelle des objets composant le monde extérieur et la propre nature réelle de soi-même. Possédant cette connaissance, l'on cesse de désirer ce qui est producteur de souffrance et de repousser ce qui est producteur de bonheur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'on pratique une Moralité éclairée, au plus haut sens de ce terme. Celle-ci ne consiste pas en une obéissance passive à un code imposé par un Dieu ou par un autre Pouvoir extérieur. Ayant parfaitement reconnu, soi-même, quels sont les actes qu'il est bon d'accomplir et quels sont ceux dont il faut s'abstenir pour son plus grand bien et pour celui des autres êtres, l'on conforme sa conduite à la connaissance que l'on a acquise à ce sujet<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Moyens d'acquérir des Vues justes sont :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'Attention parfaite qui comprend l'étude - l'analyse des perceptions, des sensations, des états de conscience, de toutes les opérations de l'esprit et de l'activité physique qui y correspond - l'observation - la réflexion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La Méditation parfaite comprenant la concentration d'esprit, un entraînement physique et psychique visant à produire le calme du corps et de l'esprit, à développer l'acuité des sens (l'esprit comptant comme sixième sens) et à causer l'éveil de nouveaux sens procurant de nouvelles perceptions et permettant, ainsi, d'étendre le champ de ses investigations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CHAPITRE in<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:personname productid="LA SOUFFRANCE ET LA">LA SOUFFRANCE ET LA</st1:personname><st1:personname productid="LA SOUFFRANCE ET LA"></st1:personname> SUPPRESSION DE LA SOUFFRANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Je n'enseigne que deux choses, ô disciples : la souffrance et la délivrance de la souffrance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    (Samyuna Nikâya.)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La doctrine bouddhique est fondée sur l'existence de la souffrance, c'est la souffrance qui lui donne sa raison d'être, c'est la souffrance qu'elle propose, en premier lieu et avec insistance, à nos méditations. C'est là, sans doute, ce qui a attiré au Bouddhisme la réputation d'être une école de pessimisme. Pourtant, lorsque le Bouddhisme établit, au début de son enseignement, l'existence de la souffrance, il enregistre simplement un fait que tout homme doué de raison ne peut manquer de constater.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En présence de la souffrance, quatre attitudes sont possibles ; elles peuvent être brièvement décrites comme suit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - La négation, contre toute évidence, de l'existence de la souffrance ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - La résignation passive, l'acceptation d'un état de choses que l'on considère comme inéluctable ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    50<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3-Le "camouflage" de la souffrance à l'aide de sophismes pompeux, ou bien en lui prêtant, gratuitement, des vertus et des buts transcendants que l'on juge propres à lui conférer de la noblesse ou à en diminuer l'amertume ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - La lutte contre la souffrance, accompagnée de la foi en la possibilité de la vaincre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    C'est cette quatrième attitude que le Bouddhisme préconise.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il suffit de jeter les yeux sur le tableau précédent pour remarquer que, dès après avoir attiré notre attention sur le fait de l'existence de la souffrance, le Bouddhisme la dirige, immédiatement, vers un but tout pratique : " se délivrer de la souffrance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce tableau nous éclaire, aussi, sur le véritable caractère de la doctrine bouddhique. Nous ne nous trouvons point en présence d'une révélation concernant l'origine du monde et la nature de la cause première. Il n'y est point fait mention d'une divinité suprême ni d'aucune promesse d'aide extra-humaine à l'homme en proie à la souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nous avons, devant nous, un simple programme, le plan d'une sorte de combat intellectuel que l'homme doit soutenir seul et dont il est dit pouvoir sortir vainqueur par ses seuls moyens.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'invention de ce programme en quatre parties, dénommées les " Quatre Vérités ", est attribuée au Bouddha ; il est calqué sur sa propre conduite telle qu'elle nous est décrite par la tradition.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bouddha que celle-ci nous dépeint a pleinement saisi la nature misérable de l'existence des êtres sujets à la maladie, à la vieillesse, à la mort et à toutes les<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    51<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    espèces de douleur qui accompagnent " le contact avec cela pour quoi l'on éprouve de l'aversion - l'éloignement ou la séparation d'avec cela que l'on aime - la non-obtention des objets que l'on désire ". Toutefois, devant cet affligeant tableau, Gautama ne s'abandonne pas à un désespoir stérile. En quittant sa demeure, en brisant les liens sociaux et familiaux qui l'y attachaient, il n'obéit pas non plus, comme nombre d'Hindous l'ont fait, à une simple impulsion mystique ; il entame une lutte.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Seul, par l'unique force de son intelligence, il va chercher l'issue permettant d'échapper à la douleur indissolublement liée à toute existence individuelle. Il essaiera de franchir le courant torrentueux des perpétuelles formations et dissolutions : le samsara, le cercle éternel, le tourbillon sans limites dont l'idée hante les philosophes de son pays et que les croyances populaires illustrent par les transmigrations et les métempsycoses puériles. Il tentera cette évasion titanesque, non pas pour son propre salut seulement, mais aussi pour celui de la foule des êtres dont il a, de ses yeux de sage, contemplé la pitoyable détresse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Appeler à l'aide pour eux ou pour lui, il n'y songe même pas. Que peuvent les dieux ? Leurs demeures célestes, quelque splendides qu'elles puissent être, et leur vie, quelque haute qu'on puisse l'imaginer, sont soumises aux mêmes lois de la décrépitude et de la dissolution que les nôtres. Ils sont nos frères géants, nos frères sublimes : des tyrans redoutables peut-êtrepeut-être des protecteurs compatissants, mais ils n'ont point sauvé le monde de la souffrance, ils ne s'en sont point libérés eux-mêmes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Idéal chétif que celui d'une renaissance dans Tune<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    52<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    de ces hôtelleries paradisiaques : les svargas1. Savoir, comprendre, passer sur " l'autre rive " d'où se contemple un autre aspect des phénomènes, où l'agitation se mue en sérénité, où l'immuabilité se dégage du transitoire, cette victoire est-elle possible à l'homme ?... Le Bouddha l'a cru, et, triomphant, il s'est tourné vers nous pour nous apprendre à traverser l'océan de l'existence douloureuse, pour donner " au monde enveloppé des ténèbres de l'ignorance et du trouble, le beau rayon de la meilleure science " (Lalita Vistara).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quelque opinion que l'on conçoive quant à la singularité d'une pareille entreprise, il faut reconnaître que l'exemple de cette lutte héroïque est plus propre à inciter à une activité utile qu'à incliner vers la torpeur ceux qui la méditent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La souffrance que le Bouddhisme envisage, ont pensé certains, n'a rien de commun avec les douleurs ordinaires de <st1:personname productid="la vie. C'est">la vie. C'est</st1:personname> une sorte de souffrance métaphysique : la " douleur du monde " de la philosophie allemande. On ne peut guère s'empêcher de croire qu'un penseur de l'envergure du Bouddha a dû dépasser, dans sa perception de la douleur, les limites des souffrances matérielles ou morales banales ; mais il n'a, précisément, parlé que de celles-ci, évitant tout ce qui aurait été susceptible d'entraîner son enseignement vers les spéculations métaphysiques.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " La vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est souffrance, être séparé de ce que l'on aime est souffrance, ne pas réaliser son désir est souffrance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Les s-argas sont les différents paradis, demeures des dieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    53<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'enumeration peut aisément être réduite aux deux points indiqués dans notre tableau, car la vieillesse, la maladie et la mort sont " souffrance " parce que nous les avons en aversion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'autre part, si l'union avec ce que l'on n'aime pas, la séparation d'avec ce que l'on aime, la non-réalisation de ses désirs sont susceptibles d'englober de subtiles souffrances morales, il n'en est pas moins clair que toutes les douleurs les plus mesquines de la vie quotidienne se placent, naturellement, dans l'une ou dans l'autre de ces trois catégories.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Mettre un terme à toute souffrance est évidemment le but final que le Bouddhisme se propose d'atteindre, mais d'ici là, il nous encourage à poursuivre et à détruire les douleurs avec lesquelles nous nous trouvons en contact, soit qu'elles nous affligent nousmême, soit que nous les voyions affliger autrui. La morale bouddhique, qui est une sorte d'hygiène spirituelle, tend à détruire, en nous, les causes de souffrance pour autrui, tandis que l'enseignement fondamental du Bouddhisme : " Toute douleur émane de l'ignorance " et l'obligation enjointe à ses adeptes de s'efforcer à acquérir - en tous domaines - des vues justes, attaquent les causes de nos propres souffrances.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quant à ce Bouddha que les écrivains occidentaux se sont souvent complu à nous dépeindre sous l'aspect d'un nonchalant rêveur, d'un nihiliste élégant, méprisant l'effort, nous pouvons le tenir pour un mythe. La tradition bouddhique ne garde aucun souvenir d'un tel personnage. Le sage qui consacra cinquante années de sa vie à la prédication de sa doctrine, puis, âgé de plus de quatre-vingts ans, mourut en pleine activité, tombant sur le bord de la route qu'il suivait à pied, allant<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    54<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    norter son enseignement à de nouveaux auditeurs, ne ressemble guère à l'anémique désenchanté que l'on tente parfois de lui substituer.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En fait, si nous le considérons dans ses principes essentiels, le Bouddhisme est une école de stoïque énergie, d'inébranlable persévérance et de singulière audace dont le but est d'entraîner des " guerriers " qui s'attaquent à la souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Guerriers, guerriers, nous appelons-nous. Nous combattons pour la vertu élevée, pour le haut effort, pour la sublime sagesse, ainsi nous appelons-nous guerriers ! " (Anguttara Nikâya.)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et, d'après le Bouddhisme, la conquête de la Sagesse qui, pour lui, est indissolublement liée à la Connaissance, mène infailliblement à la destruction de <st1:personname productid="la Souffrance. Mais">la Souffrance. Mais</st1:personname> comment la volonté de combattre celle-ci nous viendra-t-elle, si nous ne lui accordons point une attention sérieuse, si dans l'intervalle de deux douleurs nous oublions, en prenant un instant de plaisir, que nous avons souffert la veille et que nous pourrons, de nouveau, souffrir le lendemain. Ou bien encore, si jouissant égoïstement de ce répit, nous demeurons insensible à la douleur d'autrui, sans comprendre que tant qu'existeront les causes productrices de cette douleur, celle-ci pourra nous atteindre à notre tour.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Pour ces raisons, le Bouddhisme attire, tout d'abord, notre attention sur <st1:personname productid="la souffrance. Non">la souffrance. Non</st1:personname> point - on l'a déjà vu - pour nous pousser au désespoir, mais afin de nous faire discerner, sous toutes ses formes et sous tous ses déguisements, l'ennemi que nous avons à combattre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CHAPITRE IV<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    LES ORIGINES INTERDÉPENDANTES (PRATITYASAMUTPADA)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Bien avant le temps du Bouddha, l'idée de causalité dominait dans les milieux intellectuels de l'Inde. Dès sa jeunesse, Siddhârtha Gautama avait entendu énoncer cette doctrine dont il allait faire un des articles fondamentaux de son enseignement : Tous les phénomènes proviennent d'une cause.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cause impersonnelle tenant à la nature même des choses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Imbu de ce principe, Gautama devait, tout naturellement, rechercher la cause de la souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:personname productid="La " Cause">La " Cause</st1:personname><st1:personname productid="La " Cause"></st1:personname> de la Souffrance " nous est décrite, par le Bouddhisme, sous la forme d'un processus en douze points dénommé pratîtyasamûtpâda '.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le terme pratîtyasamûtpâda signifie " origines interdépendantes " ou " origines combinées et dépendantes " selon le professeur Stcherbatsky. Le professeur de <st1:personname productid="La Vall←e Poussin">La Vallée Poussin</st1:personname> l'explique comme : " Apparition, production des êtres en considération des causes et des conditions. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La théorie des " douze origines interdépendantes " occupe la première place dans la doctrine bouddhique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. En pâli, paticcasammûpada.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    56<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Elle est en relation directe avec les " Quatre Vérités ", bases du Bouddhisme, elle en est une partie inséparable. Il s'ensuit que tous les auteurs bouddhistes, depuis les premiers temps de la rédaction du canon bouddhique, jusqu'à nos jours, ont étudié, expliqué et commenté, sans trêve et de nombre de manières, cette série de causes indiquées comme étant les productrices de la souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il nous est rapporté que, dans l'esprit de Gautama, méditant au pied d'un arbre, surgit soudainement la " vue " des origines, ou productions interdépendantes. Une fois de plus, il se demandait : Qu'est-ce qui cause la vieillesse, la mort, la maladie, la douleur, les lamentations ? Ou, plus littéralement : Qu'est-ce qui doit exister afin que la vieillesse, la mort, etc... existent ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il se répondit : C'est la naissance - le fait d'être né<o:p></o:p>

    - qui cause la venue de la vieillesse, de la mort, de la maladie, de la douleur, des lamentations.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister afin que la naissance se produise ? - le devenir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans beaucoup de traités bouddhiques - traductions de textes originaux ou directement composés en langues occidentales - nous trouvons, ici, le terme existence au lieu de devenir et celui-ci, bien que justifié, si l'on saisit le sens que les Bouddhistes y attachent, prête à quelque confusion. Ce que les textes expriment par le mot bhâva est l'existence sous la forme de mouvement, de continuelle apparition de phénomènes se succédant ; en somme, de devenir. Le terme sat que nous rencontrons dans la terminologie du Védanta, où il signifie Y être à l'absolu, l'existence unique, le Parabrahm immuable, est étranger au Bouddhisme.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    57<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Comprenant donc l'existence sous la forme active d'un continuel devenir, nous saisirons mieux l'explication donnée par le Bouddha à Ananda, qui est rapportée dans le Mahâ Nidâna Sutta du Dîgha Nikâya.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - J'ai dit que la naissance dépendait de l'existence. Ceci doit être compris de la façon suivante : suppose, Ananda, qu'il n'y ait absolument aucune existence pour personne et d'aucune façon ; ni existence dans le monde du désir, ni existence dans le monde de la pure forme, ni existence dans le monde sans forme ' ; s'il n'y avait, nulle part, aucune existence, l'existence ayant entièrement cessé, la naissance se produiraitelle ? (Y aurait-il naissance ?)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Non, vénérable.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Ainsi l'existence est-elle la cause, l'occasion, l'origine de la naissance, la naissance dépend d'elle. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Avec l'existence (devenir), nous sommes arrivés au second article de 1'enumeration des origines interdépendantes. Celle-ci continue comme suit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour qu'il y ait " devenir "? - L'action de saisir, d'attirer à soi.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que cette préhension ait lieu ? - La " soif " (le désir).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que cette " soif " se produise ? - La sensation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour qu'il y ait sensation ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    - Le contact.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour qu'il y ait contact ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    - Les sens et leurs objets.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ces sens sont au nombre de six pour les Bouddhistes qui comptent l'esprit pour un sixième sens dont l'objet est les idées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Kâma lôka - rûpa lôka - arûpa lôka. Les trois mondes ou génies d'existence, reconnus par les Bouddhistes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    58<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que les sens existent ? - Le corps matériel et l'esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que le corps et l'esprit (le domaine de la forme matérielle et celui du mental) existent ? - La conscience-connaissance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le terme vijiiâna est d'une traduction difficile ; il s'agit, ici, de la faculté d'être conscient.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le mot anglais consciousness s'approche beaucoup de son sens exact. Le professeur de <st1:personname productid="La Vall←e Poussin">La Vallée Poussin</st1:personname> traduit par : " intelligence-connaissance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que cette conscienceconnaissance existe ? - Les formations ou confections mentales (volitions, actions mentales en général).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Qu'est-ce qui doit exister pour que ces formations mentales existent ? - L'ignorance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En étant arrivé là, le Bouddha, nous disent les Écritures canoniques, passa ce processus en revue, en sens inverse :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'ignorance n'existant pas - les formations mentales n'existent pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les formations mentales n'existant pas - la conscience-connaissance n'existe pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La conscience-connaissance n'existant pas - la forme matérielle et l'esprit n'existent pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La forme matérielle et l'esprit n'existant pas - les six sens n'existent pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les six sens n'existant pas - le contact n'existe pas (n'a pas lieu).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le contact n'existant pas - la sensation n'existe pas (ne se produit pas).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La sensation n'existant pas - la soif (le désir) n'existe pas (ne se produit pas).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La soif (désir) n'existant pas - la préhension (l'action de saisir, d'attirer à soi) n'existe pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    59<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La préhension n'existant pas - l'existence (devenir) n'existe pas (ne se produit pas).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'existence (devenir) n'existant pas - la naissance n'existe pas (ne se produit pas).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La naissance n'existant pas - la vieillesse, la mort, la maladie, la douleur n'existent pas (ne se produisent pas).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ainsi cesse toute cette masse de souffrance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Présentée de cette manière, cette enumeration paraît avoir pour seul but de nous apprendre le moyen de ne pas renaître1 et d'éviter, ainsi, les maux inhérents à toute vie et la mort inéluctable qui <st1:personname productid="la termine. Telle">la termine. Telle</st1:personname> est, en effet, la façon dont le pratîtyasamûtpâda est généralement compris par les Bouddhistes théravadins.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'école philosophique des Théravadins est plus généralement connue sous le nom de Hinayâna. Hinayâna signifie " moindre véhicule " ou " véhicule inférieur" et, dans le langage imagé de l'Orient, ce terme " véhicule " désigne, ici, un corps de doctrines et de directives pratiques propres à conduire le fidèle vers la Connaissance, l'Illumination spirituelle et la cessation de <st1:personname productid="la souffrance. Il">la souffrance. Il</st1:personname> va de soi que ce ne sont pas les adeptes de cette école - qui comprend plusieurs sectes<o:p></o:p>

    - qui ont eux-mêmes appliqué aux doctrines qu'ils professent l'épithète humiliante de " moindre " ou " inférieure ". Elle leur a été donnée, par dénigrement, par leurs adversaires philosophiques qui intitulent leurs propres doctrines Mahâyâna, le " grand véhicule ", avec le sens non pas de grand en dimension, mais de supérieur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. J'ai cru inutile d'indiquer que les Bouddhistes, comme les Hindous, croient à la pluralité des vies. C'est là un fait bien connu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    60<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le développement des " douze origines ", disent les fhéravadins (Hinayânistes), s'étend sur trois vies successives : notre vie précédente, notre vie actuelle et notre vie future. Comme suit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Ignorance<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VIE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Formations ou<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    PROCESSUS<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    PRÉCÉDENTE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    confections men-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'ACTION<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    tales, volitions,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    etc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Conscience<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    connaissance<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - Corporéité    et<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    mental<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    5-Six organes des<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    PROCESSUS DE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sens et leurs ob-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    RENAISSANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    jets<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    6 - Contact<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    7 - Sensation<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VIE ACTUELLE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    8-Soif (désir)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    9-Préhension (atta-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    chement,  action d'attirer à soi)<o:p></o:p>

    10- " Devenir"<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    PROCESSUS D'ACTION<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    (existence)<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    VIE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    FUTURE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    11 - Renaissance<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    12 - Décrépitude et<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    PROCESSUS<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    DE RENAISSANCE<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    mort<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les renaissances successives sont montrées dans ce tableau comme étant le résultat de deux processus alternés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Processus d'action, constitué par l'activité<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    61<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    mentale exercée sous l'influence de l'ignorance. Cette activité se manifeste par le désir, par l'acte d'attirer à soi, de saisir par la pensée, par l'attachement. Le " devenir ", ou l'existence sous forme d'actes mentaux et physiques, s'ensuit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Processus de renaissance, la renaissance étant la conséquence du désir et de l'attachement et amenant, avec elle, la conscience-connaissance, la corporéité et le mental, les six sens, le contact et la sensation ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Processus d'action : le désir, l'attachement, etc., surgissent par l'effet de l'existence :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    a) de la sensation ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    b) du contact qui produit la sensation ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    c) des six sens par l'intermédiaire desquels le contact a lieu ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    d) du corps et de l'esprit sans lesquels ces six sens n'existeraient pas ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    é) de la conscience-connaissance influencée par l'ignorance qui produit des appréciations erronées quant aux rapports que les sens lui fournissent, et engendre des désirs tendant à la préhension, à l'attachement, etc., bref à un nouveau<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - Processus de renaissance conduisant, comme les précédents, à la décrépitude et à la mort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et ainsi tourne la ronde des vies successives.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ceux d'entre les Bouddhistes qui adhèrent à la conception particulière du pratîtyasamûtpâda qui vient d'être exposée ci-dessus, conçoivent généralement ces vies successives sous la forme de " séries " (santûnà) de " lignes " autonomes qui vont leur train et dont<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    62<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1'origin6' inconnaissable, se perd dans la nuit des temps. C'est à ces " séries " que ces Bouddhistes appliquent la déclaration attribuée au Bouddha : " inconnaissable est le commencement des êtres enveloppes par l'ignorance, que le désir conduit à de continuelles renaissances. " D'après les auteurs de cette théorie, ces " séries ", sans commencement perceptible, peuvent avoir une fin, cette fin consistant dans la cessation de l'activité de la " série " qui atteint, alors, le nirvana.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Fidèles à la doctrine qui nie l'existence du " moi ", doctrine professée - au moins théoriquement - par toutes les sectes bouddhistes, les adhérents de la théorie des " séries " ne manquent pas d'affirmer que la " série " est un simple processus au cœur duquel il n'existe aucun individu, aucun " moi ". Cependant, en dépit de leurs explications, nous ne pouvons manquer de voir une forme déguisée du " moi " dans cette idée de " série ", de " ligne " de vie qui traverse les âges en tant que processus isolé.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le jeu du pratîtyasamûtpâda appelle des rapports avec le dehors, avec ce qui est extérieur à la " série ". Les sens ne produisent la sensation qu'après qu'ils ont eu contact avec un objet. Cet objet est extérieur à eux et s'il s'agit, par exemple, d'un contact d'idée, " l'idéeobjet " appartient nécessairement à une autre " série " que celle qui éprouve la sensation due au contact avec cette idée. Un élément étranger pénètre donc dans la " série " qui a éprouvé le contact et la sensation qui s'est ensuivie. Cette introduction d'un élément étranger dans une " série " particulière, la communion de celle-ci avec une autre " série " détruiront l'autonomie de la première, modifieront la marche de son activité et<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    63<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    feront qu'elle entraînera dorénavant, unie à elle, une part d'une autre " série " qui partagera son sort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Que la " série " soit composée, comme on nous le dit, de moments successifs, sans aucun " fil " qui les relie entre eux et passe de l'un à l'autre, comme le fil passe à travers chaque perle d'un collier, il n'en demeure pas moins que tant qu'on la représente comme cheminant, parfaitement autonome, à travers le temps et parvenant, isolément, à la cessation, assimilée au nirvana, une idée de personnalité y restera attachée. L'indépendance totale d'une " série " de ce genre, visà-vis des innombrables " autres séries " est d'ailleurs impossible.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Lorsque l'on étudie le pratîtyasamûtpâda, il faut bien se garder d'envisager les douze articles qui le composent sous l'aspect d'une procession de faits qui se succèdent dans l'ordre donné. La coexistence de certains d'entre eux est constante. L'ignorance est toujours présente ; si elle disparaissait, les onze autres " origines " disparaîtraient également. Corps et esprit, les sens, ne peuvent, non plus, manquer d'être présents car ils sont nécessaires à l'existence des autres membres de <st1:personname productid="la ronde. Le">la ronde. Le</st1:personname> contact et la sensation exigent l'existence de sens et d'objets. Le désir, l'acte de saisir un objet désiré ou celui de repousser un objet pour lequel on ressent de l'aversion, mettent en jeu la conscience-connaissance qui a porté un jugement à la suite de la sensation éprouvée. Le désir, l'acte de saisir, l'attachement sont, eux-mêmes, une source de sensations que la conscience-connaissance enregistre et sur lesquelles elle exerce son activité. Ces associations, cette coopération constante d'origines interdépendantes, conditionnées, coordonnées, sont, en fait, ce qui<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    64<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    constitue le processus d'action et le processus de renaissance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La succession de ces processus indiqués comme embrassant trois vies (passée, actuelle et future) se justifie mal. En réalité, c'est d'instant en instant que se produit toute la révolution du pratîtyasamûtpâda.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nous rencontrons, parmi les adeptes du Mahâyâna, une intéressante diversité d'interprétations de la chaîne des " origines interdépendantes ". En plus des cornmentaires classiques des docteurs illustres du " Grand Véhicule ", nombreuses sont les façons particulières de concevoir le jeu du pratîtyasamûtpâda chez les philosophes et les mystiques contemporains.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Selon certains Tibétains, le terme ignorance, le premier en tête de l'énumération des " origines ", peut équivaloir à P" inconscience". Envisagées de cette manière, les origines interdépendantes qui, d'après les Théravadins (Hinayânistes) se rapportent exclusivement aux êtres animés et particulièrement aux hommes, élargissent leur champ d'action qui embrasse, alors, tout l'univers.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Naissance prend le sens général de surgir, quoi que ce soit qui surgisse, dans le domaine de la matière ou dans celui de l'esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Désir (soif) n'est plus nécessairement lié à la conscience-connaissance portant un jugement sur la sensation ressentie. Il peut émaner du subconscient, se manifester comme impulsion irraisonnée provenant d'une réaction due à la nature des éléments qui composent l'agrégat impermanent qui nous apparaît comme une " personne " ou une " chose ". Il peut même, dit-on, procéder simplement de l'instinct de la conservation qui réclame obscurément les aliments nécessaires pour<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    65<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    faire subsister le " groupe " existant, quelle que soit la nature de celui-ci. Le désir, la soif de l'existence se manifestent chez la plante comme chez l'animal. Au désir, à la préhension l'on peut aussi rattacher, est-il encore dit, les attractions d'ordre naturel telles que l'action de la pierre-aimant1 qui attire les aiguilles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En étudiant la théorie des douze origines, il faut tenir compte de ce que le Bouddhisme voit, en tout, des groupes, des assemblages. L'origine indiquée - que ce soit l'ignorance, le désir ou n'importe laquelle des dix autres figurant dans le pratîtyasamûtpâda - n'est pas une unité. Le nom qui nous est donné couvre un groupe d'éléments constitutifs et ce groupe n'est pas stable ; il se modifie avec une rapidité vertigineuse. Objecter ici que, si infinitésimale que soit leur durée dans le temps, l'on n'éprouve qu'un seul désir et l'on ne pense qu'une seule pensée au même moment serait discuter hors de <st1:personname productid="la question. Encore">la question. Encore</st1:personname> que certains nient le fait que le même moment ne puisse être occupé par plusieurs pensées ou désirs simultanés - une opinion dont je leur laisse la responsabilité - il faut comprendre, ici, que désir, pensée ou n'importe quoi, est le produit de causes multiples et contient, en soi, les éléments divers qu'il tient de son ascendance. La question telle qu'elle est envisagée par certains commentateurs du pratîtyasamûtpâda - entre autres par un gradué de Dergé avec qui je la discutai - s'apparente quelque peu avec celle de l'impossibilité qu'il y a pour deux corps d'occuper la même place dans l'espace. Et mon interlocuteur écartait tous raisonnements à ce sujet<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. En tibétain : khab len rdo = " pierre preneuse d'aiguille ". Aimant naturel.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    66<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    en déclarant : Mille choses existent dans ce que vous voyez comme une seule chose et occupent le même espace. Tous les phénomènes passés qui ont produit la forme et l'esprit que vous dénommez un guéshés (un gradué d'une université monastique) - il désignait ainsi sa propre personne - sont avec ce guéshés, assis sur une chaise, dans cette chambre. Exprimant cette idée d'une manière plus en rapport avec l'esprit occidental, on pourrait dire que tout ce qui a servi à constituer l'atavisme d'un individu est présent dans l'espace occupé par celui-ci.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quand on connaît, est-il dit, que les phénomènes surgissent en dépendance de causes et disparaissent en dépendance de causes, quand on connaît comment, dans le monde, tout s'agrège et se désagrège, les conceptions vulgaires d'existence et de non-existence disparaissent. Ou bien encore : " Le monde a coutume de s'en tenir à une dualité : être ou non-être. Mais pour celui qui perçoit, avec sagesse, comment les choses se produisent et disparaissent dans le monde, il n'y a ni être ni non-être. " (Samyutta Nikâya).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Rien n'existe en soi parce que tout phénomène est le produit de causes, et rien ne peut être détruit, puisqu'il devient cause à son tour, après avoir été effet. Toutefois, la dernière de ces affirmations rencontre des contradicteurs.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il est à remarquer que chez les Hinayânistes, comme chez les Mahâyânistes, la théorie du pratîtyasamûtpâda exclut toute idée de Cause première, de Dieu créateur, et d'ego qui transmigre. Les livres canoniques abondent en affirmations à ce sujet.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Personne ", nous est-il expliqué, " n'accomplit l'action, personne n'en goûte les fruits, seule la succes-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    67<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sion des actes et de leurs fruits tourne en une ronde continuelle, tout comme la ronde de l'arbre et de la graine, sans que nul puisse dire quand elle a commencé. Il est tout aussi impossible de percevoir quand, au cours de futures naissances, les actes et les fruits cesseront de s'enchaîner. " - Notons qu'il n'est point question, ici, de séries de lignes autonomes de processus qui sont destinées à finir isolément en atteignant le nirvana. Ce passage semble plutôt dépeindre un mouvement se rapportant à l'univers entier. " Ceux qui ne discernent pas cet enchaînement croient à l'existence d'un ego ; les uns tiennent celui-ci pour éternel, les autres le déclarent périssable, de ces deux opinions naissent de nombreuses théories contradictoires. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "On ne peut pas trouver le fruit dans l'action, ni l'action dans le fruit, cependant nul fruit n'existe sans l'existence d'une action. Nulle réserve de feu n'existe dans le combustible, ni ailleurs, en dehors de lui ; cependant, sans combustible il n'y a pas de feu. De même, nous ne pouvons pas trouver le fruit dans l'action, ni en dehors d'elle ; les actions existent à part de leurs fruits et les fruits existent séparés des actions, mais les fruits naissent en tant que produit des actions. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " La ronde sans fin des naissances n'est causée par aucun dieu, seuls vont leur train les éléments produits par des causes et des matériaux qui constituent les êtres. Une ronde d'action, une ronde de fruits (voir le tableau précédent), la naissance surgissant de l'action, ainsi tourne et tourne le monde. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Lorsqu'un disciple ", est-il encore dit, " a saisi de cette manière cette ronde de l'action et de ses résultats<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    68<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    (qui se présentent sous la forme de nouvelles actions), jl comprend que le corps et l'esprit existent en dépendance de causes. Il comprend, alors, que les "groupes" de parties constituantes - que nous appelons des êtres, des personnes - qui ont surgi dans le passé, à cause d'actions accomplies, ont péri, mais que, comme résultat des actions accomplies par ces "groupes", d'autres "groupes", d'autres êtres ont surgi. Pas un seul des éléments qui se trouvaient dans les anciens "groupes", n'a transmigré de l'existence précédente dans celle-ci et pas un seul élément des "groupes" actuels ne passera dans une prochaine existence. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Croire que celui qui accomplit une action est le même que celui qui en recueillera le fruit est une opinion extrême. Croire que celui qui accomplit une action et celui qui en recueille le fruit sont deux personnes complètement différentes est une autre opinion extrême. Le Bouddha a évité ces deux extrêmes et promulgué : l'ignorance existant, les formations mentales (les " confections ") existent - les formations mentales existant, la conscience-connaissance existe, etc. (voir l'énumération des douze origines interdépendantes qui a été donnée) '.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Quelle que soit l'interprétation donnée au pratîftasamûîpâda, l'ignorance mentionnée en tête de l'énumération des " origines " n'y est jamais tenue pour une cause première d'ordre métaphysique. Ce terme est généralement pris dans son acception la plus simple : ignorance = ne pas savoir. " Rien ne permet d'attribuer à Yavidya (ignorance) des Bouddhistes un carac-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. D'après le Visudhi Magga.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    69<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    tère cosmique et métaphysique : c'est un facteur psychologique, l'état de celui qui est ignorant ", écrit le professeur de <st1:personname productid="La Vall←e Poussin.">La Vallée Poussin.</st1:personname>

    <o:p></o:p>

    <o:p> </o:p>

    <o:p></o:p>

    Toutefois, certains Bouddhistes ont conçu le caractère de cette ignorance comme plutôt positif que négatif, faisant de l'ignorance non pas seulement l'absence de connaissance, mais le contraire de la connaissance, c'est-à-dire l'erreur ; une connaissance fausse, obscurcie, souillée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Leur théorie peut trouver un point d'appui dans l'énoncé même du praiïtyasamûtpâda. Si une chose est l'origine d'une autre, il est évident que cette première chose n'est pas une pure non-existence, qu'elle a quelque chose de positif, capable d'activité. L'on nous dit que Y Ignorance consiste à ignorer les Quatre Vérités, bases du Bouddhisme et, par conséquent, la chaîne des origines interdépendantes - excluant l'existence d'un ego - qui correspond à <st1:personname productid="la Seconde V←rit←">la Seconde Vérité</st1:personname> : " La Cause de la Souffrance. " Cependant, afin qu'elle puisse engendrer des formations mentales, l'ignorance doit sortir de la passivité du pur non-savoir, il faut qu'elle devienne savoir, mais faux savoir : erreur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Celui qui ignore l'enchaînement des origines interdépendantes, qui ignore que la " personne " est un agrégat d'éléments instables, celui-là ne demeure pas inerte. Il entretient des vues : jouet de l'illusion, il croit à l'existence d'un " moi " non composé et permanent, il imagine qu'il existe une Cause première créatrice et directrice du monde et il la personnifie, il en fait un " moi " géant. Ainsi, son non-savoir se transmue en notion erronée et devient l'origine d'actes mentaux (confections, volitions) qui tiennent d'elle et partagent sa condition d'erreur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    70<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il nous est encore dit que l'ignorance est l'ignorance de l'origine et de la fin du " groupe " constituant <st1:personname productid="la personne. L'ignorance">la personne. L'ignorance</st1:personname> consiste, encore, à tenir pour éternel ce qui est transitoire, pour heureux ce qui est douleur. Donc l'ignorance n'est pas seulement le manque de connaissance, mais la connaissance fausse ; elle est ce qui cache les choses et empêche qu'on les perçoive telles qu'elles sont en réalité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Concevant l'ignorance de cette manière, il devient plus aisé de saisir l'idée maîtresse du pratîtyasamûtpâda, qui fait de Y Ignorance, non point une véritable origine initiale, un point de départ, mais une origine parmi d'autres origines, conditionnée elle-même, par cela qui existe parce qu'elle existe, mais sans l'existence de quoi elle n'existerait pas non plus.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il s'agit, il ne faut pas l'oublier, d'un cercle, d'une " ronde ", et non pas d'une ligne droite de filiation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    On ne peut pas proprement parler d'antécédents de l'ignorance, car dans tous les états d'existence qu'il nous est possible de percevoir, l'ignorance est présente. Les textes canoniques déclarent nettement que l'ignorance est sans commencement perceptible, mais l'existence de l'ignorance et sa continuité sont dites dépendre d'" aliments " qui, s'ils cessaient d'exister, entraîneraient la cessation de l'ignorance. C'est précisément à supprimer ces " aliments " que s'attache le disciple désireux d'atteindre l'illumination spirituelle.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les auteurs bouddhistes varient légèrement dans renonciation des supports de l'ignorance, mais la nomenclature la plus courante est la suivante :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Manque de maîtrise sur nos sens ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Inconscience des impressions ressenties ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Inattention. Attention mal dirigée. Étourderie :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    71<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - Incrédulité quant aux Quatre Vérités et aux ensei-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    gnements qui en dépendent ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    5 - Manque de connaissance de la Doctrine des Quatre<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Vérités que l'on n'a pas entendu exposer ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    6 - Non-fréquentation des gens éclairés qui ont atteint<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    le but de la Doctrine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En conséquence des uns ou des autres de ces faits, des actions néfastes sont commises par le corps, par la parole, par l'esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ces actions néfastes nourrissent : la convoitise, la méchanceté, la torpeur, l'orgueil, le doute (quant aux Quatre Vérités et aux disciplines qui s'y rapportent).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A leur tour, la convoitise, la méchanceté, la torpeur, l'orgueil et le doute alimentent et perpétuent l'ignorance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Repartant de l'ignorance, l'on peut continuer l'enchaînement comme suit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'ignorance - entendue comme connaissance erronée - donne lieu à des formations mentales (volitions, etc.).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Celles-ci étant conditionnées par une connaissance erronée peuvent conduire à :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La convoitise - la méchanceté - la paresse - la torpeur - l'orgueil - le doute.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La convoitise, la méchanceté, la paresse, la torpeur, l'orgueil, le doute et les actes accomplis avec le corps, la parole ou l'esprit, qui en sont l'expression, conduiront à diminuer ou à empêcher d'acquérir : l'attention dirigée vers des objets utiles - une claire conscience<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    72<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    des impressions que nous ressentons - la foi en la Doctrine des Quatre Vérités que l'on ne se donnera pas la peine d'écouter expliquer ou d'étudier d'une autre manière. - Ils conduiront aussi à produire ou à accroître la négligence apportée à rechercher et à fréquenter ceux qui sont parvenus à la compréhension de la Doctrine des Quatre Vérités et qui ont atteint son but.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A cause du manque de maîtrise des sens, parce que les passions obscurciront l'intelligence, parce que la paresse physique et mentale, le doute, l'incrédulité a priori l'en empêcheront, l'esprit ne pourra pas se maintenir alerte, adonné aux investigations produisant la connaissance correcte, prêt à étudier la Doctrine qui démontre la Cause de la Souffrance et les Moyens par lesquels on y met un terme. Parce que ces mêmes causes feront négliger la fréquentation de ceux qui sont capables d'enseigner cette Doctrine et peuvent être un exemple des résultats produits par ces Moyens, pour ces diverses raisons :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L''ignorance (connaissance erronée) sera maintenue ou accrue.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette ignorance (connaissance erronée) donnera lieu à des formations mentales (volitions, etc.) inspirées par des notions fausses... et la " ronde " continuera.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans le tableau que j'ai dressé des théories fonda mentales du Bouddhisme, j'ai indiqué la description abrégée de cette " ronde " : ignorance - désir - acte. qui est attribuée à Nâgârjuna et est courante parmi les Tibétains lettrés. Ceux-ci -je parle des contemporains<o:p></o:p>

    - paraissent souvent fortement opposés aux théories<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    73<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    semi-populaires développées dans des ouvrages tels que le Bardo thôstol, qui dépeignent le pèlerinage d'une entité quelque peu semblable au jtva des Hindous ou à l'âme des Chrétiens, qui peregrine sous l'influence de l'ignorance, des formations mentales et des autres articles du pratîtyasamûtpâda qui deviennent, alors, en quelque sorte, des actes accomplis ou ressentis par un individu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Rien ne transmigre, disent les adversaires de ces théories. La chose qui existe actuellement n'existait pas auparavant, elle a été produite par des causes multiples à l'instant même où elle a surgi (où elle est née).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le fil qui unit les douze articles du pratîryasamûtpàda est pure activité et l'on peut considérer que l'existence du " groupe " tenu pour être une " personne " s'achève à chaque révolution du cycle du pratîtyasamûtpâda, car le fait de cette révolution est de produire un ou plusieurs autres " groupes ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'illusion qui nous fait croire à la stabilité prolongée des " groupes " (êtres ou choses) est un effet de l'infériorité de nos moyens de perception physiques et mentaux. En réalité le " groupe " est un tourbillon où les formations mentales, la conscience-connaissance, la corporelle et le mental, les sens, le contact, la sensation, le désir, la préhension, le devenir, la naissance, la dissolution (mort), se meuvent, s'entrecroisent, s'enchevêtrent. Et ce " groupe-tourbillon " lui-même se forme, se déforme et se reforme à chaque instant.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Bouddhistes tibétains, me faisait-on encore observer, déclarent clairement qu'aucune des " origines " mentionnées dans le pratîtyasamûtpâda ne peut prétendre à être une source isolée et autonome d'action et que toutes, même Y ignorance, n'ont que le rang de<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    74<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    causes coopérantes. Ceci est indiqué par le mot rkyén répété à chaque article de 1'enumeration, au lieu de rgyud qui serait une cause capable de production à elle seule. Mais il est à noter que ceux qui professent ces théories n'admettent pas que quelque chose puisse être l'œuvre d'une seule cause et le rgyud ne sert, dans leur langage, qu'à indiquer une cause principale à laquelle sont toujours nécessairement associées des causes secondaires ou coopérantes : rkyén.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nous reviendrons sur ce thème de l'ignorance et sur la place de tout premier plan qui lui est donnée dans la doctrine bouddhique, lorsque nous examinerons la quatrième des " Vérités " fondamentales, la Voie qui conduit à la Délivrance de <st1:personname productid="la souffrance. Il">la Souffrance. Il</st1:personname> suffira d'ajouter, ici, que l'ignorance est considérée, par le Bouddhisme, comme la plus grave des fautes, une " souillure ", c'est le terme employé par les Écritures bouddhiques, et la pire des souillures mentales.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "La paresse est la ruine des foyers, l'indolence est la ruine de la beauté, la négligence est la perte du veilleur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " L'inconduite est une souillure pour la femme, la parcimonie est une souillure pour celui qui donne. Faire le mal est une souillure dans ce monde et dans les autres.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Mais plus grande que toutes ces souillures, l'ignorance est la pire des souillures. Oh ! disciples, rejetez cette souillure et soyez sans souillure " (Dhammapada).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Enfin, rappelons, avant de clore ce chapitre, que l'ignorance autour de laquelle pivote la ronde du pratîtyasamûtpâda est bien expliquée comme étant l'igno-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    75<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    rance des " Quatre Vérités " (Souffrance, Destruction de la Souffrance, Cause de la Souffrance, Voie qui conduit à la Délivrance de la Souffrance), mais qu'elle est plus spécialement l'ignorance du fait qu'il n'existe en la " personne ", ni en quoi que ce soit, un " moi " non composé et permanent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    CHAPITRE V<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    LE SENTIER AUX HUIT EMBRANCHEMENTS<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les conditions qui produisent la souffrance nous ont été indiquées par le pratîtyasamûtpâda qui est l'objet de la seconde et de la troisième des " Quatre Vérités ", bases du Bouddhisme. <st1:personname productid="La Quatri│me V←rit←">La Quatrième Vérité</st1:personname> vise à dépeindre <st1:personname productid="la " Voie">la " Voie</st1:personname> " qui conduit à <st1:personname productid="la " D←livrance">la " Délivrance</st1:personname> de la Souffrance " ; en d'autres termes, les moyens par lesquels peut être entravée et détruite l'œuvre des " origines interdépendantes ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le nom technique de cette Voie de la Délivrance est : Octuple Sentier ou Sentier aux huit embranchements. Ces huit embranchements nous sont présentés sous la forme concise d'une enumeration en huit articles, partagés en trois divisions qui se rapportent respectivement à la sagesse, - à la moralité, - à la concentration d'esprit. Comme suit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Vues justes Volonté parfaite<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Parole correcte<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Action correcte<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Moyens d'existence corrects<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Effort parfait<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sagesse<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    moralité<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    77<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Attention parfaite Méditation parfaite<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    concentration d'esprit<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans les textes pâlis, sanscrits et tibétains, le même adjectif qualifie chacun des huit termes de cette enumeration : sammâ en pâli, samyak en sanscrit, yang dag pa en tibétain qui, tous les trois, expriment l'idée de perfection.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Sentier aux huit embranchements constitue le programme d'action que le Bouddhisme propose à ses adhérents pour combattre et détruire <st1:personname productid="la Souffrance. Et">la Souffrance. Et</st1:personname> la souffrance nous ayant été représentée comme l'œuvre des " douze origines interdépendantes ", l'on peut dire que le Sentier aux huit embranchements et le praiïtyasamûtpâdu s'affrontent comme deux adversaires.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'Ignorance nous a été indiquée comme la cause de la Souffrance ; le Sentier va lui opposer les Vues justes, c'est-à-dire le savoir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Vues justes viennent en tête de 1'enumeration des branches du Sentier, elles en sont la plus importante. Mieux encore, l'on peut dire que les Vues justes dominent tout ce programme en huit articles, qu'il n'existe que par elles et pour elles, chacun des sept autres articles n'ayant qu'un rôle d'aide, de serviteur apportant sa collaboration à l'édification et au maintien des Vues justes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le début dans le système d'entraînement moral et intellectuel qu'est le Sentier, dépend d'une Vue juste. Cette Vue juste initiale, c'est la pensée qui vient à l'homme s'arrêtant dans sa marche et se demandant : est-il raisonnable de ma part, est-il salutaire de suivre,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    78<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sans réfléchir, la foule moutonnière qui chemine bêlant en choeur sans savoir pourquoi ? - Ai-je examiné les doctrines que je professe, les opinions que j'émets ? Suis-je certain que les actes que j'accomplis sont bien véritablement ceux qu'il est convenable, sensé et utile d'accomplir ? - Je passerai l'examen de mes croyances et de ma conduite et m'assurerai si elles sont bien fondées ou non, si elles conduisent au bonheur ou à <st1:personname productid="la douleur. A">la douleur. A</st1:personname> cette détermination s'ajoute celle d'examiner impartialement des doctrines et des directives, autres que celles que l'on a suivies jusqu'alors, afin de juger leur valeur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tout naturellement, les Bouddhistes considèrent comme Vue juste celle qui porte à se tourner vers l'enseignement du Bouddha et à faire loyalement l'expérience des théories et des méthodes qu'il préconise.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Bien qu'elles n'y figurent pas comme un neuvième article, il faut comprendre que les Vues justes, par lesquelles débute 1'enumeration des branches du Sentier, terminent aussi celui-ci comme son achèvement, son couronnement. Le but du Sentier est, en effet, d'amener à la Connaissance juste, parfaite et, par là, de libérer du samsara, la " ronde " illusoire et douloureuse, de faire atteindre ce que les Bouddhistes appellent " l'autre rive ", d'où se découvre un autre aspect des choses et où tombent d'elles-mêmes nos vaines ratiocinations et spéculations devenues sans objet.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    De même que la chaîne des origines interdépendantes, le Sentier aux huit embranchements a donné lieu à de nombreux commentaires et il s'en faut que tous les Bouddhistes l'envisagent de la même manière.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    79<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Chez les Théravadins, la tendance générale est de mettre en relief son caractère de code de moralité. Nyanâtiloka, représentant l'attitude de ses collègues, les moines bouddhistes de Ceylan, écrit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Toute entreprise altruiste et noble est nécessairement basée sur un certain degré de compréhension correcte (vue juste), n'importe qui en est l'auteur, un Bouddhiste, un Hindou, un Chrétien, un Musulman ou même un Matérialiste. C'est pour cette raison que la compréhension correcte (ou vue juste) figure au début du Sentier comme son premier embranchement. Toutefois, l'ordre dans lequel les différentes "branches" sont rendues "parfaites" est : moralité, concentration d'esprit, sagesse. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Ainsi, conclut Nyanâtiloka, les vues justes sont l'Alpha et l'Oméga de tout l'enseignement du Bouddha. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tous les Bouddhistes sont d'accord quant à l'opinion exprimée dans cette dernière phrase, mais il s'en faut de beaucoup que tous acceptent l'ordre de perfectionnement énoncé plus haut.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Voici l'ordre dans lequel j'ai entendu classer les " branches " du Sentier, par les lamas lettrés :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I. CONCENTRATION D'ESPRIT<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Attention Méditation Volonté et Effort<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'origine commune de ces quatre articles du programme d'entraînement spirituel dénommé le " Sentier " est une première Vue juste qui fait comprendre l'utilité de la recherche de la vérité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    H. SAGESSE    I   Vues justes<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    80<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La pratique de ces quatre exercices produit, ensuite, <jes -dire="" conduit="" justes="" la="" o:p="" ordre="" un="" vues=""></jes>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans la mesure où les Vues s'approchent de la perfection, c'est-à-dire où la sagesse croît, la<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    in. MORALITÉ.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Parole Action<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Moyens d'existence<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    devient aussi de plus en plus parfaite.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nous allons examiner, séparément, chacune de ces " branches " en suivant l'ordre qui vient d'être indiqué.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'ATTENTION<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Comment les Bouddhistes envisagent-ils l'attention ? - Un verset du Dhammapada va nous répondre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " La vigilance (l'observation attentive) est la Voie qui mène à l'immortalité. La négligence est la Voie de <st1:personname productid="la mort. Les">la mort. Les</st1:personname> vigilants ne meurent pas. Les négligents sont déjà comme s'ils étaient morts " (Dhammapada).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ces déclarations tranchantes, étonnantes quant à leur forme et à leur esprit, demandent une explication.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La vigilance, l'attention conduit à l'immortalité, ou plus exactement à la " non-mort " (amrita) ', parce qu'elle fait découvrir la véritable nature des êtres, des choses et du monde que nous voyons sous un faux<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. La signification généralement donnée à " immortalité " est : ne pas mourir après être né. L'idée de la " non-mort " telle qu'elle est comprise par les Bouddhistes, correspond plutôt à la notion d'éternité, celle-ci ne comportant ni naissance, ni mort.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    81<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    aspect parce que nous les regardons à travers les notions fausses que nous avons adoptées sans examen critique. L'attention vigilante nous conduit à voir correctement et, nous dit le Bouddhisme, à atteindre un point de vue d'où s'entrevoit l'au-delà des paires de contraires : vie et mort, être et non-être, tels que notre vision fragmentaire nous les représente.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Celui qui ne pratique pas l'attention est le jouet des influences multiples avec lesquelles il vient à être en contact ; il ressemble à un bouchon inerte qui est à la merci des vagues. Il ne réagit pas, il subit inconsciemment l'action de son ambiance physique et psychique. C'est un cadavre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'une façon générale, l'attention consiste, d'abord, à observer soigneusement tous ses mouvements, tous ses actes physiques et mentaux. Rien ne doit nous échapper de ce qui se passe en nous. Et rien ne doit nous échapper, non plus, de ce qui se passe autour de nous, dans le rayon que nos sens peuvent atteindre.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il faut, nous disent les Écritures bouddhiques, être conscient que l'on se lève quand on se lève, que l'on s'assied quand on s'assied et ainsi de tout mouvement.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il faut être conscient des sentiments qui s'élèvent en nous, les reconnaître : voici que naît en moi de la convoitise, de la colère, voici que des désirs sensuels surgissent. Ou bien : je viens d'avoir une pensée noble, une impulsion généreuse, etc. Et encore : je me sens déprimé ou excité ; je suis en proie à la torpeur, rien ne m'intéresse, ou mon intérêt va à des objets vulgaires. Ou bien : je me sens plein d'énergie, plein de zèle pour l'étude, désireux de m'employer pour le bien d'autrui, etc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Lorsque la faculté de l'attention s'est aiguisée, que<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    82<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    l'on est parvenu à ne rien laisser échapper des faits qui se produisent en soi et autour de soi, l'on passe à l'investigation de ceux-ci et à la recherche de leurs causes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Pourquoi la colère s'allume-t-elle soudainement en moi ? - Parce que cet homme m'a offensé, m'a nui... Avais-je ou non donné lieu aux sentiments qui l'ont porté à m'offenser, à me nuire ? Est-ce, de sa part, une vengeance justifiée...? A-t-il agi par stupidité, par aveuglement, induit par des vues erronées concernant ce qui lui serait profitable d'une façon ou d'une autre...? Et quel effet produira, sur moi, mon accès de colère ? - Me sera-t-il de quelque manière profitable ?<o:p></o:p>

    - Vais-je le manifester par des actes ? - Quels actes me suggère-t-il d'accomplir ? - Quels pourront être les résultats de ces actes ? - L'examen se poursuit de cette façon en multipliant les questions et en examinant si la colère est fondée, raisonnable, profitable.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tous les sentiments : convoitise, sensualité, etc.. peuvent faire l'objet d'examens de ce genre. Il faut leur adjoindre des sentiments moins grossiers : orgueil, vanité, etc., et aussi les sentiments considérés comme louables : sympathie, bienveillance, modestie, etc.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Celui qui pratique l'attention, selon la méthode bouddhique, ne doit pas se laisser aller à ses impulsions sans les examiner. Il ne doit pas non plus s'approuver ou se blâmer en se basant sur les injonctions de codes moraux dont il n'a pas questionné l'autorité et la justesse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    S'il fait la charité, s'il accomplit un acte de dévouement, il doit s'interroger sur les motifs auxquels il a obéi, scruter ses sentiments et la genèse de ceux-ci, tout comme il doit le faire lorsqu'il a commis une<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    83<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    action dite mauvaise. Le résultat de cette sorte d'examen arrivera, plus d'une fois, à déplacer les valeurs morales et à faire voir sous un jour peu favorable la belle action dont on était prêt à s'enorgueillir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'attention que l'on porte sur soi, il faut aussi la porter sur son entourage de gens et de choses. 11 faut les scruter, sans intentions malignes, avec calme et une impartialité teintée de bienveillance. La première révélation que l'attention nous apporte est que nous, et les autres, sommes de pauvres êtres très pitoyables et, cette découverte étant faite, c'est avec une compassion émue que le Bouddhiste considère tous les êtres et lui-même.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    En somme, la pratique de l'attention parfaite est un moyen d'apprendre à se connaître soi-même, de connaître le milieu dans lequel on vit et, par conséquent, d'acquérir des Vues justes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Bouddhistes ont inventé de nombreux exercices destinés à cultiver systématiquement la faculté de l'attention et à donner aux sens et à l'esprit une acuité particulière de perception.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Fidèles à leur conception de la " chaîne des origines interdépendantes " qui tient celle-ci pour s'appliquant spécialement à l'homme, les Hinayânistes concentrent leur attention spécialement aussi sur l'homme. Ils distinguent, ainsi, quatre " Attentions fondamentales ". savoir :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'observation du corps. L'observation des sensations. L'observation des pensées.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'observation des phénomènes internes et du travail de l'esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    84<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    l.-L'observation du corps<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'observation du corps comprend :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I - L'observation de la respiration.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " L'esprit attentif, le disciple aspire et expire. Quand il aspire longuement, il sait : "J'ai aspiré longuement." Quand il a expiré longuement, il sait : "J'ai expiré longuement" (lentement).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " De même, le disciple perçoit, en en étant pleinement conscient, quand l'aspiration et l'expiration ont été courtes. Il s'entraîne en calmant la fonction respiratoire, en la contrôlant, se disant : "Je vais aspirer, je vais expirer, lentement ou rapidement" (profondément ou superficiellement). "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II observe ainsi son corps et celui des autres, il observe l'apparition et la disparition des corps ; il comprend : des corps, seulement, sont présents, ici.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2-L'observation des positions du corps.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le disciple est clairement conscient de sa position, soit qu'il marche, qu'il demeure assis, debout ou couché. Il comprend, selon la vérité : " Je marche, je suis assis, je suis debout ou je suis couché. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II s'observe ainsi, il observe les autres et il cornprend : des corps, seulement, sont présents, ici.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Comment devons-nous entendre ces déclarations énigmatiques : il comprend selon la vérité : je marche, etc., ou bien il comprend : des corps, seulement, sont présents, ici ? - Voici ce que nous dit un corn-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    85<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    mentaire orthodoxe, celui qui a cours parmi les religieux bouddhistes du Hinayâna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Quand il dit : je marche, je suis assis, je suis debout, je suis couché, le disciple éclairé comprend qu'il n'y a pas de personne permanente, de "moi" réel qui marche, s'assied, se couche ou se tient debout. Il comprend que c'est par une simple convention de langage que l'on attribue ces actes à un je inexistant. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La même leçon s'attache à la déclaration : " Des corps, seulement, sont présents, ici. " Le disciple doit saisir qu'il ne s'agit que de formes transitoires, qu'il n'y a là que des apparences passagères mais point d'homme, de femme, ni de " moi " réels et durables.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - L'observation de ses mouvements.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le disciple est clairement conscient quand il va, quand il vient, quand il regarde un objet, quand il en détourne les yeux. Il est clairement conscient quand il se courbe ou qu'il se redresse, clairement conscient en mangeant, en buvant, en goûtant, en satisfaisant ses besoins naturels, en s'endormant, en se réveillant, en parlant et en se taisant. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le commentaire nous explique qu'en accomplissant ces diverses actions, le disciple est conscient de son intention, de son avantage, de son devoir et de la réalité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce dernier terme le ramène à reconnaître l'irréalité du " moi " permanent à l'existence duquel croient les hommes dupes de l'illusion.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - L'observation de l'impureté du corps.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le disciple passe une sorte de revue anatomique de son corps, il le considère sous l'aspect d'un sac (la peau) rempli de choses malpropres : os, moelle, sang,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    86<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    bile ; organes divers : cœur, poumons, foie, estomac, entrailles. " La description ne nous fait grâce d'aucun détail répugnant, nous y trouvons les glaires, la morve, les excréments.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    5 - Analyse du corps.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le disciple conclut que le corps qui va, qui vient, qui se livre à diverses actions n'est qu'un produit de la réunion des quatre forces élémentaires : solidité, fluidité, chaleur, mouvement1. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    6 - Les méditations du cimetière.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Celles-ci avaient lieu, autrefois, dans les cimetières mêmes. Ces cimetières de l'Inde ancienne où l'on jetait les corps sans les ensevelir et où ils attendaient, pendant des jours, leur crémation, lorsque celle-ci avait lieu. Le spectacle macabre que réclament ces méditations est moins aisé à trouver de nos jours bien que la vue de cadavres ne soit pas un incident exceptionnel dans l'Inde ou au Tibet. Toutefois, les moines hinayânistes se contentent généralement d'images reproduisant les neuf tableaux décrits dans les textes ou, plus simplement encore, se les figurent en pensée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Voici ces neuf tableaux d'après le Dîgha Nikâya :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Un corps gisant dans le cimetière depuis un,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    deux ou trois jours, gonflé, d'un bleu noirâtre, en proie à la décomposition.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Un corps gisant dans le cimetière, déchiqueté par<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    les corbeaux ou par les vautours, dépouillé de sa chair par les chiens ou par les chacals et rongé par les vers.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Considérées aussi comme: inertie, cohésion, radiation, vibration et symbolisées respectivement par la terre, l'eau, le feu, l'air ou le vent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    87<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Un squelette taché de sang, auquel quelques<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    morceaux de chair restent encore attachés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - Un squelette dépouillé de toute chair, taché de<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sang, tenu ensemble par les tendons et les muscles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    5 - Un squelette sans aucun reste de chair, sans trace<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    de sang, tenu ensemble par les tendons et les muscles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    6 - Les os dispersés. Ici, un os de la main, là un os<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    du pied ; ici, un morceau de la colonne vertébrale ; plus loin, le crâne.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    7 - Les mêmes os blanchis par l'effet du temps,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    devenus de la couleur des coquillages.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    8 - Ces os amoncelés, un an plus tard.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    9 - Ces os desséchés, réduits en poussière.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et après chacune de ces contemplations, le disciple se dit : " Ainsi deviendra mon corps, ainsi deviendra le corps des autres. Il considère comment les corps surgissent, comment ils disparaissent. Il se dit : il n'y a là que des corps (et pas de " moi " permanent). Alors, il possède la compréhension, la pénétration, il vit indépendant, libre d'attachement pour quoi que ce soit dans le monde. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Celui qui a pratiqué cette attention appliquée au corps surmontera toute tendance au mécontentement, il ne sera pas dominé par la peur ou par l'anxiété. Il endurera, avec calme, la chaleur, le froid, la faim, la soif, le mauvais temps, les paroles méchantes ou injurieuses, les souffrances physiques. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    88<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II. - Observation des sensations<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le disciple observe les sensations agréables et les sensations désagréables qu'il éprouve. Il observe celles que les autres manifestent et il se dit : " II n'y a, ici. que des sensations (sous-entendu, il n'y a pas de " moi " permanent). "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    in. - Observation des pensées<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le disciple note la nature de ses pensées au fur et à mesure qu'elles surgissent : pensées de convoitise, de colère ; pensées causées par l'erreur ou pensées qui en sont exemptes. Il perçoit que ses pensées sont concentrées ou, au contraire, qu'elles s'éparpillent. Il perçoit ses pensées nobles, élevées, et celles qui sont basses et viles. Il perçoit ses pensées stables et ses pensées fugitives, ses pensées libres et celles qui lui sont suggérées, celles qu'il subit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il observe aussi ce qu'il peut percevoir des pensées d'autrui et se dit : il n'y a, là, que des pensées (sousentendu, il n'y a pas de " moi " permanent).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    IV. - Observation des phénomènes internes et du travail de l'esprit<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Le disciple perçoit quand il y a en lui de la sensualité, ou de la colère, ou du relâchement, ou de l'excitation, ou de l'agitation, ou des doutes. Et il sait, aussi, quand il en est exempt. Il connaît la façon dont la sensualité, la colère, le relâchement, etc.. sont produits et il sait comment on les domine.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    89<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Le disciple observe les cinq éléments (skandhas) qui constituent ce que l'on nomme une " personne ", savoir : la forme physique - la sensation - la perception - les confections mentales - la conscience. \ observe comment chacun de ces éléments constitutifs du groupe dénommé " personne " surgit puis disparaît.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Le disciple connaît comment des liens se forment à cause des sens et de leurs objets (par l'effet du contact et de la sensation qui le suit) et il sait comment on peut briser ces liens.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4 - Le disciple discerne quand existent, en lui, l'attention, la recherche de la vérité, l'intérêt, le calme, la concentration, la sérénité et quand il en est dénué. Il discerne : je possède telle ou telle de ces qualités et telle autre me manque. Il sait comment naissent les éléments de la connaissance et comment ils sont portés à la perfection.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Un autre pratique qui se rattache au système bouddhique de culture de l'attention, consiste à exercer la mémoire de la façon suivante : à la fin de la journée, on se représente les actes que l'on a accomplis, les sentiments que l'on a éprouvés, les pensées que l'on a eues. L'examen s'opère à rebours, c'est-à-dire en commençant par la dernière sensation que l'on a éprouvée, le dernier acte que l'on a accompli, la dernière pensée que l'on a eue et en remontant progressivement jusqu'aux premiers instants succédant au réveil. Les faits les plus insignifiants doivent être rappelés au même titre que les plus importants, car s'il est bon d'évaluer, au passage, la valeur des diverses péripéties intimes ou extérieures par où l'on a passé, le but de l'exercice, est. simplement, de nous apprendre à ne rien laisser s'effa-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    90<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    cer des choses que nos sens ont perçues ou des idées qui ont traversé notre esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bouddhisme assigne un rôle de premier plan à <st1:personname productid="la m←moire. L'un">la mémoire. L'un</st1:personname> de ses préceptes est qu'il ne faut jamais rien oublier. Tout ce que l'on a vu, entendu, perçu, de quelque manière que ce soit, même une seule fois et pendant une minute seulement, doit être enregistré dans la mémoire et ne jamais s'effacer1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La constante présence d'esprit, la ferme volonté et l'inaltérable clairvoyance préconisées par le Bouddhisme reposent, en grande partie, sur la possibilité d'un appel immédiat et, pour ainsi dire, automatique, aux multiples expériences et analyses de toutes natures, effectuées antérieurement.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'examen d'une seule journée n'est qu'un exercice de débutant. Après un entraînement dont la durée varie, selon les aptitudes de ceux qui le pratiquent, l'examen embrasse successivement deux journées, une semaine, un mois, comprenant, parfois, non seulement les incidents enregistrés à l'état de veille, mais les rêves qui se sont succédé pendant le sommeil. Certaines récapitulations générales des phases de la vie écoulée peuvent englober plusieurs années et remonter jusqu'aux premiers jours de l'enfance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cet exercice n'est pas spécial au Bouddhisme, il est connu de la plupart des écoles hindoues d'entraînement mental et fortement recommandé par elles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Parmi les innombrables sensations qui ont impressionné son organisme, un nombre infime, seulement, se révèle d'une façon consciente et coordonnée à la<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. La mémoire (enjointe au disciple) consiste à ne jamais oublier les êtres ou les choses avec qui l'on a été en contact (Abhitlharma des Tibétains).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    91<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    mémoire de l'individu, les autres demeurent inertes ou ne se manifestent que par des impulsions et des tendances confuses. Ce que nous dénommons hérédité et atavisme peut être assimilé en ce sens à la mémoire lointaine d'éléments qui sont présents dans notre personne actuelle. Certains pensent donc qu'un patient entraînement pourrait agir à la façon du révélateur qui, sur une plaque photographique impressionnée, fait apparaître les images qu'elle portait sur elle mais qui demeuraient invisibles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'on peut, sans difficulté, accepter l'idée d'amener à la lumière une partie du contenu de notre subconscient ou même la totalité de ce contenu, mais beaucoup trouveront exagéré de croire à la possibilité de faire entrer, dans notre conscience présente, le souvenir de sensations qui ont impressionné certains des éléments composant notre personne actuelle, alors qu'ils faisaient partie d'autres " groupes ", individus ou choses.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Aussi irréalisable que puisse nous sembler cette recherche de la vie éternelle, dans le passé, elle n'est pourtant pas irrationnelle en son principe. Les Occidentaux, qui ont tant discuté sur la nature de la vie future et le mystère de l'au-delà de la mort, seraient mal venus de railler ceux qui poursuivent le mystère de l'au-delà de la naissance, puisqu'en somme, celui-ci ne sort pas des bornes de la réalité et consiste en faits qui se sont produits, en matière qui a existé et qui, par conséquent, peut, et même doit, avoir laissé des traces.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il faut, toutefois, noter qu'aucune théorie n'a le rang de dogme en Bouddhisme et celles qui viennent d'être exposées ci-dessus ne font point partie du fonds de doctrines essentielles que nous proposent les livres canoniques.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    92<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les développements donnés au précepte de l'attention parfaite, nous conduisent à la psychanalyse, assez récemment mise à l'honneur en Occident, mais pratiquée depuis des siècles parmi les Bouddhistes. Nous avons déjà vu qu'il est enjoint au disciple d'être conscient de tous les mouvements intérieurs dus à son activité mentale et de rechercher les causes les plus proches de ces mouvements afin de juger la valeur de celles-ci et la réaction qui y correspond, comme dans l'exemple que j'ai donné de l'homme qui se met en colère parce qu'il estime avoir été offensé par un autre homme. A mesure qu'il progresse dans la pratique de l'attention, le disciple est engagé à pousser ses investigations au-dessous de cette " surface " de sa conscience.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'offense qui lui a été faite n'est que " l'occasion " qui a donné lieu à une de ses propensions de se manifester. D'où lui vient cette propension ? Qu'est-ce qui, dans la composition de son corps physique ou de son mental, est l'origine de cette propension, qu'est-ce qui la fait subsister, la nourrit ? - La recherche est presque toujours ardue, d'autant plus que les Bouddhistes -je développerai ce sujet plus loin conçoivent la " personne " comme un agrégat instable et que tel élément qui entrait dans sa composition hier, et, par sa présence, créait une propension à la colère peut avoir été éliminé ' aujourd'hui ou bien être retombé dans l'obscurité presque insondable du tréfonds de la " personne ". En dehors de " l'occasion " qui, dans le cas que nous examinons, est une offense, et de la " propension " à la colère, d'autres facteurs sont actifs. La " propension " à la colère ne surgit pas dans le vide, elle est entourée d'autres " propensions " qui<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1   Voir dans les Appendices : " Parabole tibétaine ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    93<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    l'influencent, la fortifient ou la combattent et " l'occasion ", elle aussi, est modifiée par des circonstances accessoires de lieu, d'environnement, de temps, etc., qui augmentent ou diminuent son pouvoir et l'action qu'elle exerce sur la " propension ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les recherches dans le domaine du subconscient (auquel, bien évidemment, ils ne donnent pas ce nom ') sont très minutieusement et très profondément poussées par les disciples de certains maîtres tibétains. Une particularité est à noter à leur sujet. Tandis qu'en Occident, les procédés hypnotiques jouent souvent un rôle dans les investigations concernant le subconscient et que celles-ci sont poursuivies par un enquêteur sur un sujet dont la volonté a été, préalablement, plus ou moins engourdie, au Tibet, le disciple est instruit et entraîné en vue de procéder à l'enquête sur lui-même, sans immixtion étrangère.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    A noter, encore, que cet entraînement vise à faire atteindre une réalité qui dépasse de beaucoup la simple vérité telle qu'elle apparaît à l'homme dont la vision intérieure est insuffisamment développée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    On a rapporté, dernièrement, qu'un savant américain avait inventé une potion qui forçait ceux qui la buvaient à dire <st1:personname productid="la v←rit←. Quelle">la vérité. Quelle</st1:personname> vérité ? - pourrait-on demander. Les révélations faites par le buveur de la potion correspondraient, tout au plus, à ce que celui-ci tient pour être la vérité, c'est-à-dire à ce qui apparaît comme vérité à la surface des choses et ne l'est peutêtre plus, dès que l'on plonge sous cette surface.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'enquête qui se rattache à Y attention parfaite effectue précisément cette plongée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <st1:metricconverter productid="1. L">1. L</st1:metricconverter><st1:metricconverter productid="1. L"></st1:metricconverter>'expression souvent employée par les maîtres mystiques tibétains est : " les profondeurs de l'esprit ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    94<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Une autre application de l'attention parfaite est l'attention appliquée aux rêves.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    De même que les Hindous védantins, beaucoup de Bouddhistes considèrent l'absence habituelle de rêve comme un signe de perfection mentale. A ceux qui ne l'ont pas atteinte, il est conseillé de s'efforcer de demeurer conscient tout en rêvant, en d'autres mots de savoir que l'on rêve.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La chose a été déclarée impossible par des philosophes et par des médecins occidentaux. Lorsque l'on s'aperçoit que l'on rêve, c'est que l'on est déjà presque réveillé, déclarent-ils. Il est difficile pour des Occidentaux n'ayant pas vécu pendant de nombreuses années parmi les Asiatiques de l'Inde, de la Chine ou du Tibet et n'ayant pas fait une longue expérience de leurs méthodes, de se rendre compte des possibilités psychiques de ces races entraînées, depuis des siècles, dans un sens complètement différent de celui où nous ont conduits les religions d'origine sémitique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Être conscient que l'on rêve, tandis que le rêve se déroule et que l'on éprouve les sensations qu'il comporte, ne semble pas extraordinaire en Orient. Certains se livrent, sans se réveiller, à des réflexions sur les faits que leur rêve leur présente. Parfois, ils contemplent, avec l'intérêt que l'on prend à une représentation théâtrale, la suite des aventures qu'ils vivent pendant leur sommeil. J'ai entendu dire à quelques-uns qu'ils avaient, parfois, hésité à commettre en rêve des actions qu'ils n'auraient pas voulu accomplir étant éveillés et que, mus par le désir d'éprouver la sensation que leur action devait leur procurer, ils avaient écarté leurs scrupules parce qu'ils se rendaient compte que l'acte qu'ils allaient commettre n'était pas réel et<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    95<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    n'aurait pas de répercussion dans la vie qu'ils reprendraient à leur réveil. N'en aurait-il vraiment pas ? -- Les avis sont partagés à ce sujet.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tsong Khapa, le réformateur du Bouddhisme tibétain et le fondateur de la secte des Gelougspas1 qui constitue actuellement le clergé officiel du Tibet, considère comme très important de conserver le contrôle de soi pendant le sommeil.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans son ouvrage principal : le Lamrirn, il déclare : il est essentiel de ne pas perdre le temps que l'on consacre au sommeil, soit en demeurant, une fois endormi, inerte comme une pierre, soit en laissant vagabonder son esprit en des rêves incohérents, absurdes ou néfastes. Les manifestations désordonnées d'activité mentale auxquelles il se livre en rêve, entraînent, pour le dormeur, une dépense d'énergie qui pourrait être employée à des buts utiles. De plus, le; actes que l'on accomplit ou les pensées que l'on entre tient pendant les rêves, ont des résultats identiques l ceux qu'ont les actes et les pensées de l'homme éveillé. Il convient donc, écrit Tsong Khapa, de ne pas " fabriquer du mal " en dormant.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette théorie étonnera, probablement, beaucoup d'Occidentaux. Comment, se demanderont-ils, un acte imaginaire peut-il avoir les mêmes résultats qu'un acti réel ? - Faudra-t-il donc mettre en prison l'hommi. qui aura rêvé qu'il volait la bourse d'un passant ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette comparaison est incorrecte, elle ne correspond pas au point de vue de Tsong Khapa et d'un grand nombre de Bouddhistes. Pour eux, il ne peut être<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Gelougspas = "ceux qui ont des coutumes vertueuses ". Généralement dénommés " bonnets jaunes ", le Réformateur leur ayant prescrit cette coiffure pour les distinguer des moines qui n'avaient pas accepté sa réforme, ceux-ci portant un bonnet rouge.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    96<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    question de " prison " ni de " juge " condamnant le voleur. La croyance en la rétribution du bien et du mal par un pouvoir conscient et personnel n'a pas cours chez eux. Dans les conceptions populaires, le rôle de Yânia, le juge des morts, consiste simplement à appliquer des lois inflexibles dont il n'est pas l'auteur et qu'il ne peut réviser en aucune façon. D'ailleurs, lorsqu'ils préconisent la pratique de Y attention étendue jusqu'à la période du sommeil, Tsong Khapa et les autres maîtres bouddhistes qui partagent ses vues ne s'adressent pas au commun des fidèles, mais seulement à ceux qui sont déjà familiarisés avec les doctrines relatives à la constitution du " groupe " que nous tenons, à tort, pour le " moi ". D'après eux, les conséquences les plus graves des pensées ou des actes ne sont pas leurs conséquences extérieures, visibles, mais les modifications d'ordre psychique qu'ils produisent dans l'individu qui en est l'auteur. La volonté d'accomplir un acte, même si celui-ci n'est pas accompli ensuite, détermine un changement dans le groupe d'éléments qui forme l'individu et crée, en celui qui en a eu la volonté ou le désir, des affinités et des tendances qui entraînent une modification de son caractère.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette surveillance assidue de la conduite que l'on tient en rêve, nous ramène à l'investigation du subconscient, à la psychanalyse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans le cours de notre développement, dit Freud, nous avons effectué une séparation de notre existence mentale, la divisant en un ego cohérent et en une partie inconsciente et réprimée qui est laissée en dehors de lui. Dans les rêves, ce qui est ainsi exclu frappe, demandant admission aux portes, bien que celles-ci soient gardées par des résistances.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    97<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Freud n'a pas été le premier à deviner cette intrusion du contenu du subconscient dans la conscience du dormeur et ses conséquences : les rêves singuliers dans lesquels le dormeur éprouve des sentiments qui ne lui sont nullement habituels, dans lesquels il pense et agit de façon inaccoutumée, bref revêt une personnalité différente de celle qui est la sienne à l'état de veille.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tsong Khapa, au xve siècle, se référant, dit-on, à un enseignement plus ancien, croyait que les manifestations de notre réelle nature sont entravées par l'état de contrainte qui est toujours le nôtre à l'état de veille, lorsque nous sommes conscients de notre personnalité sociale, de notre entourage, des enseignements, des exemples que la mémoire nous rend présents et de mille autres choses. Le secret de cette réelle nature réside dans des impulsions qui ne dérivent d'aucune considération basée sur ces données. Le sommeil, en les abolissant, dans une large mesure libère l'esprit des entraves par lesquelles il est retenu à l'état de veille et laisse plus libre jeu aux impulsions naturelles.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'après cette théorie, c'est donc l'individu véritable qui agit pendant le rêve et ses actes, bien qu'imaginaires du point de vue de celui qui est éveillé, sont très réels en tant que volitions et comportent toutes le conséquences attachées à ces dernières c'est-à-dirt comme nous l'avons dit plus haut, une modification d caractère de l'individu.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Se fondant sur ces idées, nombre de maîtres mahâyâ nistes recommandent l'observation attentive de 1 conduite que l'on tient en rêve et des sentiments dor on est animé durant ceux-ci, afin d'arriver à se connaître soi-même. Ils ont, toutefois, soin de conseiller à leurs<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    98<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    disciples de s'appliquer aussi à discerner les effets, sur la conscience du dormeur, de réminiscences dérivées je l'état de veille ou de sensations physiques. Par exemple, un homme qui a froid en dormant, peut rêver qu'il campe dans la neige avec des compagnons. Mais sj, au cours de ce rêve, il enlève la couverture ou le manteau qui couvre l'un de ceux-ci, afin de se réchauffer en s'en enveloppant, cet acte fictif dénote de réelles tendances égoïstes chez le dormeur. Si celui-ci, toujours en rêve, use de violence pour s'approprier la couverture de son compagnon, on peut conclure que l'égoïsme, le désir de bien-être priment, chez lui, les sentiments de bienveillance et d'humanité et pourront, si l'occasion s'en présente, le porter aux actes violents à l'état de veille.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Certains des exercices compris dans le programme d'entraînement de Vattention d'après les Hinayânistes, sont critiqués et même tout à fait désapprouvés par d'autres Bouddhistes. Il en est ainsi de la contemplation de l'impureté du corps décrite ci-dessus. " II est aussi absurde de mépriser son corps que de l'admirer ", me disait un moine chinois. Tenir certaines choses pour répugnantes, éprouver du dégoût pour elles et, ce qui est pire, cultiver ce dégoût, est contraire à l'enseignement bouddhique qui condamne ce genre de distinctions.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    De même, les méditations du cimetière pratiquées comme il a été dit. sont aussi jugées sans intérêt par nombre de Mahâyânistes. Ils leur reprochent d'attacher au corps physique une importance qu'il n'a point et d'assimiler, d'une manière détournée, sa dissolution à la dissolution de notre personnalité. Pourquoi, demandent-ils, s'attacher à provoquer l'émotion à pro-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    99<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    pos de la désagrégation d'un corps humain ? -. Celle-ci est du même ordre que la désagrégation d'une plante ou d'une pierre. Le Bouddhiste éclairé perçoit l'impermanence de toutes choses et la contemple, en tout, avec une égale sérénité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Chez les Mahâyânistes, la pratique de rattention vise souvent à imprimer dans l'esprit le spectacle de la mobilité des formations mentales.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il est recommandé au disciple de s'asseoir dans un endroit isolé et, là, dans le calme, de contempler le défilé des pensées et des images subjectives qui, sans qu'il les ait voulues et appelées, surgissent d'ellesmêmes en lui, se pressant, s'entre-heurtant comme les vagues d'un torrent. Le disciple doit considérer attentivement cette procession rapide, sans chercher à en arrêter le cours. Il arrive ainsi à comprendre, graduellement, que le monde est semblable à cette procession qu'il contemple en lui, qu'il consiste en une succession de phénomènes surgissant et s'évanouissant sur un rythme vertigineux. Il voit que, comme l'enseignait le philosophe bouddhiste Santarakchita, " l'essence de la réalité est mouvement ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    L'origine de ce mouvement est inconnaissable. Il est " l'énergie surgissant par elle-même ", comme disent les auteurs bouddhistes tibétains. Le disciple n'est donc pas engagé à rechercher la cause initiale qui engendre cette énergie, ce ne serait que reculer le problème car il lui faudrait, alors, rechercher ce qui a produit cette cause et, remontant ainsi de cause en cause, poursuivre son enquête éternellement. Ce qu'il doit voir, c'est la vie telle qu'elle se manifeste dans l'espace d'un moment.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Une pratique assidue de l'attention, d'après ce sys-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    100<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    tème, conduit, dit-on, à percevoir les objets environnants et à se percevoir soi-même, sous l'aspect d'un tourbillon d'éléments en mouvement. Un arbre, une pierre, un animal, cessent d'être vus comme des corps solides et durables pour une période de temps relativement longue et, à leur place, le disciple entraîné discerne une succession continuelle de manifestations soudaines n'ayant que la durée d'un éclair, la continuité apparente des objets qu'il contemple et de sa propre personne étant causée par la rapidité avec laquelle ces " éclairs " se succèdent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Arrivé à ce point, le disciple a atteint ce qui, pour les Bouddhistes, constitue la Vue juste. Il a vu que les phénomènes sont dus au jeu perpétuel des énergies, sans avoir pour support une substance d'où ils émergent ; il a vu que l'impermanence est la loi universelle et que le " moi " est une pure illusion causée par un manque de pénétration et de puissance de la perception.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il peut être intéressant de donner ici une idée de la manière dont les Tibétains se livrent à l'observation de l'esprit. Le fragment ci-dessous est traduit du Pyag tchén gyi zin bris (prononcer Tchag tchén gyi zindï).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " 1 - L'esprit doit être observé dans son état tranquille de repos ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " 2 - II faut examiner quelle est la nature de cette "chose" immobile ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "3-Examiner comment cela, que l'on dénomme esprit, reste en repos et comment il se meut en sortant de sa tranquillité ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II faut examiner :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    101<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " 1 - Si son mouvement se produit en dehors de l'état de tranquillité ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " 2 - S'il se meut même en étant au repos ;<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    "3-Si son mouvement est, ou n'est pas. une autre chose que l'immobilité (l'état de repos).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II faut examiner quel est le genre de réalité de ce mouvement et, ensuite, quelles conditions amènent l'arrêt de ce mouvement. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II est dit qu'après une observation prolongée l'on arrive à conclure que " cela qui se meut n'est pas différent de cela qui demeure immobile ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Arrivé à ce point, il faut se demander si l'esprit qui observe cela qui se meut et cela qui demeure immobile, est différent d'eux, s'il est le "moi" de ce qui se meut et de ce qui reste immobile.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " L'on constate, alors, que l'observateur et l'objet observé sont inséparables. Et comme il est impossible de classer ces deux réalités (l'observateur et l'objet observé) comme étant, soit une dualité, soit une unité elles sont dénommées : le "but au-delà de l'esprit" et le "but au-delà de toutes les théories".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II est dit dans le Sûtra intitulé Les Questions dt Kaçyapa :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Par le frottement de deux bâtons l'un contre l'autre, le feu est produit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Et par le feu né d'eux, tous deux sont consumés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " De même, par l'intelligence née d'eux,<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le couple formé par "l'immobile" et par le "mouvant" et l'observateur, considérant leur dualité, sont également consumés. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    102<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Voici encore d'autres sujets d'investigations proposés dans l'ouvrage nommé ci-dessus. " L'esprit est-il fait de matière ? " S'il est matériel, de quel genre de matière est-il<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    fait?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " S'il est une chose objective, quelle est sa forme et sa couleur ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " S'il est un principe "connaissant", est-il une idée qui se manifeste temporairement ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Qu'est donc cette chose immatérielle qui se manifeste sous diverses formes ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Qu'est-ce qui la produit ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Si l'esprit était une véritable entité, il serait possible de le considérer comme une sorte de substance. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Continuant de la sorte, le disciple arrive à conclure que l'esprit n'est ni matériel ni immatériel et qu'il ne peut pas être rangé dans la catégorie des choses dont on peut dire : elles sont ou elles ne sont pas.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le disciple se demande aussi :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " L'esprit est-il une chose simple ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Est-il une chose composée ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " S'il est simple, comment se manifeste-t-il de différentes manières ?<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " S'il est composé, comment peut-il être amené à cet état de "vide" dans lequel il n'y a plus qu'unité ? "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Continuant ses investigations, le disciple arrive à reconnaître que l'esprit est exempt des deux extrêmes : unité et pluralité.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il est dit :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " En face de moi, derrière moi, dans les dix directions ',<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Les quatre points cardinaux, les points intermédiaires, le zénith et le nadir.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    103<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Partout où je regarde, je vois "cela même" (l'identité)1.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Aujourd'hui, ô mon maître, l'illusion a été dissipée.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dorénavant je ne poserai plus de questions à per-<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    sonne. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Nâgârjuna, le plus illustre des philosophes mahâyânistes, passe pour avoir recommandé la pratique de l'attention dans les termes suivants :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Souviens-toi que l'attention a été déclarée le seul chemin où ont marché les Bouddhas. Observe continuellement ton corps (les actions accomplies par le corps, l'activité des cinq sens, leurs causes, leurs résultats) afin de le connaître.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Être négligent dans cette observation rend vains tous les exercices spirituels.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " C'est cette attention continuelle qui est appelée "ne pas être distrait". "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et pour terminer cette étude succincte de l'attention bouddhique, rappelons la définition de la mémoire, telle qu'elle est enjointe au disciple :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " La mémoire consiste à ne jamais oublier les êtres et les choses avec qui l'on a été en contact, ne fût-ce qu'une seule fois " (Abhidharma).<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    LA MÉDITATION<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les Bouddhistes sont unanimes pour définir la méditation parfaite comme étant la concentration de la pensée sur un unique objet. Toutefois, cette définition<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    I. En sanscrit, larhâtà. un terme qui revient constamment dans les ouvrages mahâyânistcs. En tibétain, téjingni. écrit dé bjin giiid.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    104<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    initiale nous ayant été donnée, l'unanimité cesse. Les Bouddhistes ont inventé d'innombrables pratiques auxquelles ils donnent le nom de " méditation ". Malgré le nombre de celles-ci, il n'est pas impossible d'en opérer le classement et, d'une façon générale, nous pouvons les diviser en deux catégories :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Les pratiques qui ont pour but d'agir sur l'esprit, de faire naître, en lui, des tendances qui n'y existaient point auparavant, de fortifier certaines tendances déjà existantes ou d'en détruire d'autres.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Dans la même catégorie peuvent être rangées les pratiques tendant à produire des états de conscience différents de celui qui nous est habituel afin de percevoir, par ce moyen, des faits ou des objets qui nous demeurent inconnaissables dans notre état de conscience ordinaire. L'on peut encore dire que ces pratiques visent à provoquer l'intuition.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Sur un plan plus humble, peuvent encore être englobés dans cette catégorie les exercices destinés à produire le calme de l'esprit et la sérénité, préludes indispensables à la vigilance, à l'analyse, à l'investigation et à tout ce qui constitue l'attention parfaite.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Les pratiques dont le but est d'apaiser, puis de faire cesser l'agitation de l'esprit, d'arrêter l'activité de la " folle du logis " et la production des idées spontanées, " non voulues ", qui surgissent, puis sombrent dans l'esprit, continuellement remplacées par de nouvelles venues. Les exercices de ce genre tendent à discipliner la pensée, à l'obliger à se tourner vers l'objet qui lui est désigné et à demeurer fixée sur lui, sans s'en écarter. Un autre de leurs buts est la suppression complète de toutes les pensées appartenant à notre<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    105<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    état de conscience habituel, afin de découvrir le tréfonds de l'esprit qu'elles masquent. Nous dirions, en langage occidental, que l'objectif poursuivi est de prendre contact avec le subconscient.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cette suppression de l'activité de l'esprit est mentionnée par les anciens Maîtres du Yoga hindou. Patanjali définissait la méditation comme la " suppression des mouvements, ou opérations de l'esprit " (citta vritti nirodha) et nous trouvons dans le commentaire du Lamdon1 la définition suivante : " La méditation est la source secrète du pouvoir d'abandonner les ratiocinations en même temps que leur semence. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    II ne faut pas se méprendre sur le sens de ces déclarations. Leur véritable signification est très imparfaitement rendue, quelquefois, même, complètement déformée par les traductions. On a fait dire à Patanjali que la méditation était " la suppression du principe pensant ". Il n'est point question de cela. 11 ne s'agit nullement d'attenter à l'intelligence de l'individu, de l'engager à demeurer inerte, " sans penser ", bien que certains soi-disant " maîtres spirituels " aient prescrit, à leurs disciples, cet impossible exercice. La suppression qui est enjointe est, comme il a déjà été dit, celle des opérations (vritti) de l'esprit qui confectionnent des idées, la suppression des fantaisies de l'imagination. Le précepte répété à satiété dans <st1:personname productid="la Prajti� P¬ramit¬">la Prajtiô Pâramitâ</st1:personname> et dans tous les ouvrages philosophiques appartenant à cette école, est : " N'imaginez pas. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Voyons, maintenant, quelques exercices se rattachant à la première des catégories mentionnées cidessus. Nous lisons dans le Majjhima Nikâya :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Écrit Inm sgrom - la " lampe du chemin ", ouvrage lihéiain.<o:p></o:p>

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    106<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le disciple vit une vie sainte, une vie vertueuse, il est maître de ses sens et clairement conscient. Il cherche un endroit solitaire où il puisse s'établir, dans la forêt, au pied d'un arbre ou dans une caverne sur la montagne.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " A midi, quand le disciple a fini de manger les aliments qu'il a mendiés, il s'assoit les jambes croisées, le buste droit, l'esprit présent et concentré.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II rejette la convoitise, ses pensées sont libérées de la convoitise, son cœur est débarrassé de la convoitise.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II rejette la colère, ses pensées sont libérées de <st1:personname productid="la col│re. Entretenant">la colère. Entretenant</st1:personname> des sentiments d'amour envers tous les êtres vivants, il débarrasse son cœur de la colère.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II rejette <st1:personname productid="la nonchalance. Aimant">la nonchalance. Aimant</st1:personname> la lumière, avec un esprit vigilant, avec une conscience clairvoyante, il débarrasse son cœur de la nonchalance.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II rejette l'agitation, le vagabondage de l'esprit, son cœur demeure plein de paix ; il débarrasse son esprit de l'agitation.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II rejette le doute. Plein de confiance dans le bien, il débarrasse son cœur du doute.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " II a rejeté les cinq obstacles ' et appris à connaître les entraves qui paralysent l'esprit. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Et maintenant, ayant purifié son esprit, le disciple peut aborder les quatre jhânas du degré inférieur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le terme pâli jhâna équivaut au mot sanscrit dhyâna ; il a été préféré, ici, parce que ce sont spécialement les Écritures du Hinayâna, rédigées en pâli, qui traitent des jhânas. Jhâna est ordinairement traduit par " extase " ou par " transe ". Je me permettrai de suggérer " états de conscience " comme une traduction approximative. Elle est loin d'être parfaite, mais<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1. Sensualité, colère, nonchalance, agitation, doute.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    107<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " extase ", qui évoque les ravissements des mystiques communiant avec l'objet de leur adoration, et, plus encore, " transe ". qui fait penser aux médiums des séances spirites, sont, tous deux, complètement inadéquats. Le lecteur pourra, du reste, se rendre compte lui-même de ce que sont les jhânas, par la description suivante.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1 - Éloigné des impressions qui leurrent les sens, éloigné des choses mauvaises, raisonnant et réfléchissant, le disciple entre dans le premier jhâna. un état d'enthousiasme et de bonheur né de la concentration.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le premier jhâna est exempt de convoitise, de colère, de nonchalance, d'agitation d'esprit et de doute. Sont présents en lui le raisonnement, la réflexion, l'enthousiasme et le bonheur.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    2 - Ayant supprimé la ratiocination et la réflexion mais retenant l'enthousiasme et le bonheur, le disciple obtient la paix intérieure et l'unité d'esprit qui constituent le second jhâna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    3 - Après que l'enthousiasme s'est dissipé, le disciple demeure dans la sérénité, ayant les sens et la perception alertes, avec une conscience clairvoyante. Il éprouve, alors, dans son cœur, ce sentiment dont les sages disent : " Heureux est l'homme qui possède la sérénité et un esprit réfléchi. " II entre ainsi dans le troisième jhûna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    4-Enfin, quand le disciple a rejeté le plaisir et la souffrance, qu'il a renoncé à la joie et à la douleur passées, il entre dans l'état de sérénité affranchie de plaisir et de souffrance, dans l'état neutre de clairvoyance d'esprit qui constitue le quatrième jhûna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    108<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Par une progression graduelle, ces quatre jhânas conduisent donc le disciple à des attitudes d'esprit de plus en plus rapprochées de l'attitude parfaite, telle que le Bouddhisme <st1:personname productid="la con￧oit. Au-del¢">la conçoit. Au-delà</st1:personname> de ces quatre jhânas que j'ai dénommés inférieurs, les Bouddhistes en mentionnent quatre autres d'un caractère tout différent. Nous les étudierons à leur tour.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Considérons, maintenant, un genre de méditation, inclus dans notre première catégorie, qui vise à exciter certains sentiments en celui qui la pratique.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Il existe un type classique de ces méditations, c'est celle dite des " quatre sentiments infinis " ou des " quatre sentiments sublimes ". Elle est décrite dans le Mahâ Sudassana Sutta, un ouvrage présentant une certaine analogie de forme littéraire avec l'Apocalypse.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Le Bouddha est censé raconter à son disciple et cousin Ananda les événements qui constituent le sujet du livre. Faits et personnages sont imaginaires et l'action se passe dans un monde fantastique. Voici le passage qui se rapporte à la méditation du héros : le Grand Roi glorieux.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Grand Roi glorieux, ô Ananda, monta à la chambre de <st1:personname productid="la Grande Collection">la Grande Collection</st1:personname>1 [cette expression imagée est parfois tenue pour signifier que le héros est rentré en lui-même, la " collection " étant comprise comme les éléments constituant la " personne ". D'autres considèrent <st1:personname productid="la " Grande Collection">la " Grande Collection</st1:personname> " comme étant les trois mondes - du désir, de la forme et sans forme - avec tous les êtres qu'ils renferment. Il existe nombre d'autres interprétations], et s'arrêtant sur le seuil, il s'écria avec une émotion intense :<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    1   Ou bien " assemblage " ou " groupe ".<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    109<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " - Arrière ! n'avancez plus, pensées de convoitise ! Arrière ! n'avancez plus, pensées de mauvais vouloir ! Arrière ! n'avancez plus, pensées de haine ! "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Puis il pénétra dans la chambre et s'assit sur un siège d'or. Alors, ayant rejeté toutes passions, tous sentiments contraires à la droiture, il atteignit le premier jhâna, un état de bien-être et de joie, produit par la solitude, un état de réflexion et de recherche.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Écartant la réflexion et la recherche, il atteignit le second jhâna, un état de joie et de bien-être produit par la sérénité, un état d'où la réflexion et la recherche sont absentes, un état de quiétude et d'élévation d'esprit.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Cessant de se complaire dans la joie, il demeura conscient, maître de soi, et atteignit le troisième jhâna, éprouvant ce confort intime que les sages proclament, disant : " Celui qui, maître de soi, demeure dans l'indifférence éprouve un intime bien-être. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Écartant ce bien-être, rejetant la douleur, étant mort à la joie comme à la souffrance, il atteignit cet état de parfaite et très pure maîtrise de soi-même et de sérénité constituant le quatrième jhâna.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ce sont là, avec quelques différences de rédaction, les quatre attitudes d'esprit qui nous ont déjà été décrites. Elles sont classiques dans toutes les sectes bouddhistes. Mais, ici, l'exercice continue. Le Mahâ Sudassana Sutta est d'inspiration mahâyâniste, il nous présente le Roi Glorieux comme étant le Bouddha lui-même dans une de ses vies précédentes et, pour être fidèle à l'esprit du Mahâyâna, le héros ne demeurera pas absorbé en lui-même, il va sortir de la " chambre " pour s'intéresser au monde.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Le Grand Roi glorieux, ô Ananda, sortit alors de la chambre de <st1:personname productid="la Grande Collection">la Grande Collection</st1:personname> et, entrant dans la chambre d'or, il s'assit sur un siège d'argent.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    110<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dans une pensée d'amour il considéra le monde et son amour s'étendit, tour à tour, sur les quatre régions. Puis, le cœur plein d'amour, avec un amour croissant sans cesse et sans mesure, il enveloppa le monde tout entier, jusqu'à ses confins.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dans une pensée de sympathique pitié il considéra le monde et sa sympathique pitié s'étendit, tour à tour, sur les quatre régions. Puis, le cœur plein de sympathique pitié avec une sympathique pitié croissant sans cesse et sans mesure, il enveloppa le monde tout entier, jusqu'à ses confins.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dans une pensée de joie il considéra le monde et sa joie s'étendit, tour à tour, sur les quatre régions. Puis, le cœur plein de joie, avec une joie croissant sans cesse et sans mesure, il enveloppa le monde tout entier, jusqu'à ses confins.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    " Dans une pensée de sérénité, il considéra le monde et sa sérénité s'étendit, tour à tour, sur les quatre régions. Puis, le cœur plein de sérénité, avec une sérénité croissant sans cesse et sans mesure, il enveloppa le vaste monde, tout entier, jusqu'à ses confins. "<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Tous les Bouddhistes sont engagés à pratiquer ces méditations en suivant l'exemple du Roi Glorieux. Leur utilité et leurs résultats sont envisagés de différentes manières.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Les uns pensent - et non sans raison - que chez celui qui, chaque jour, s'entraîne à exciter, en lui, certaines tendances, certains sentiments, ceux-ci finissent par lui devenir habituels. Cette façon de les provoquer soulève, toutefois, des objections parmi les partisans de l'entraînement purement intellectuel que l'on est fondé à tenir pour le plus conforme à l'esprit du Bouddhisme originel.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    111<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ils ne contestent pas que la conduite et les sentiments d'un homme puissent être modifiés par des pratiques de ce genre mais ils voient là un effet de ce que, dans nos pays, l'on dénomme autosuggestion. Les pratiques de ce genre sont néfastes, disent-ils, parce qu'elles créent des habitudes machinales au lieu de porter à des actes conscients et raisonnes. De plus, celui qui s'est accoutumé à obéir à des suggestions de ce genre est susceptible de tomber, à un autre moment, sous l'influence d'une suggestion d'un ordre opposé et de considérer le monde avec haine tout comme il l'avait considéré avec amour, sa haine étant aussi peu motivée que l'était son amour.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Une autre objection se rapporte au caractère émotif de la méditation des " quatre sentiments infinis ", lorsqu'elle est pratiquée sans être accompagnée par le raisonnement. Le disciple qui se met temporairement dans des états d'esprit qui ne lui sont pas naturels, est apte à concevoir une fausse opinion de lui-même et à tenir pour acquis des sentiments fictifs qui ne se traduiront jamais par des actes. De toute façon, du reste, l'émotion est proscrite par le Bouddhisme comme s'apparentant à l'ivresse et contraire au sobre équilibre mental indispensable pour atteindre aux Vues justes.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    La méditation sur les " sentiments infinis " est aussi envisagée d'un point de vue purement altruiste. Il ne s'agit plus, alors, de cultiver les " sentiments infinis " afin de les faire siens. L'effet recherché est de projeter sur tous les êtres, par la force de la concentration de pensée de celui qui médite, chacun des quatre " sentiments infinis ". Au monde qui souffre à cause de la haine, de la colère et de tous les sentiments funestes qui s'y manifestent, le disciple, en méditation, envoie<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    112<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    une pensée-force qui est amour. Celle-ci doit agir sur le monde, influencer les esprits, les incliner à la bienveillance, à l'amitié. Il envoie une pensée de sympathique pitié qui adoucira la douleur de ceux qui souffrent, de ceux que personne ne plaint. Il envoie de la joie qui accroîtra la joie de ceux qui sont heureux, et qui en apportera à ceux qui en sont dénués. Il envoie, enfin, une pensée de sérénité qui apaisera les inquiétudes, les angoisses, les désirs exaspérés.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    Ceux qui conçoivent de cette manière l'action de la méditation des " quatre sentiments infinis " tiennent la pensée pour une énergie capable de produire des effets dont l'ampleur dépend de la force avec laquelle elle a été émise.<o:p></o:p>

    <o:p> </o:p><o:p></o:p>

    D'après une autre façon, encore, de pratiquer la méditation des " quatre sentiments infinis ", le disciple commence à adresser ses pensées d'amour à ceux qui lui sont naturellement les plus chers. Il dirige ensuite ses pensées vers ceux qui tiennent une place moindre dans son affection et continuant ainsi, en progression descendante, il arrive aux simples indifférents à qui, simplement, il ne souhaite pas de mal et il transf