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Rose-Croix (21)
LE SAINT GRAAL
Selon la légende du Graal, Joseph d'Arimathie recueillit dans une coupe, la coupe utilisée au cours de la Cène, le
sang qui coulait du flanc transpercé de Jésus crucifié. Il récupéra également la lance ensanglantée qui avait causé
cette blessure. Après bien des péripéties, ces objets furent confiés au roi Titurel. Celui-ci
construisit un château sur une haute montagne (le mont Salvat) et, entouré de saints et
chastes chevaliers, il assura la garde des précieuses reliques. Le château du Graal devint un
centre spirituel à partir duquel rayonnèrent de puissantes influences bénéfiques.
Cependant, plus bas dans la vallée vivait un chevalier noir, Klingsor, qui n'était pas chaste
mais qui voulait devenir chevalier du Graal. Le roi Titurel voyant son coeur rempli de
mauvais désirs lui refusa son admission. Klingsor décida alors de se venger et il jura que s'il
ne pouvait pas servir le Graal, le Graal le servirait.
Klingsor se mutila afin de conserver sa force créatrice et il devint un magicien noir. Il bâtit un château entouré
d'un jardin magique qu'il peupla de filles d'une grande beauté émettant le parfum des fleurs. Les chevaliers qui se
rendaient au château du Graal ou qui en revenaient devaient obligatoirement passer devant la demeure de
Klingsor et ils étaient attirés et séduits par les filles-fleurs. Beaucoup d'entre eux manquaient ainsi à leur voeu de
chasteté et ils devenaient prisonniers du magicien noir.
Le roi Amfortas, qui avait succédé à son père Titurel, constatant les ravages ainsi causés dans les rangs des
gardiens du Graal, décida de combattre Klingsor. A cette fin, il s'arma de la sainte lance. Mais Klingsor évita la
confrontation et il lui fit rencontrer Kundry, une femme resplendissante de beauté, la reine des filles-fleurs.
Amfortas succomba finalement aux charmes de Kundry et, tandis qu'il l'enlaçait, Klingsor surgit, s'empara de la
sainte lance et blessa Amfortas désarmé. Celui-ci fut sauvé par des chevaliers accourus à son secours, mais il
resta affligé d'une blessure qui ne pouvait pas guérir, et la sainte lance était maintenant aux mains de Klingsor.
Amfortas souffrait atrocement de sa blessure, à la fois physiquement et moralement. Pourtant, il existait une
prophétie disant qu'il pourrait être guéri par "un chaste fou, illuminé par la pitié". Mais le roi pensait que la mort
viendrait avant que cette occasion se présente.
Un jour, Parsifal, un jeune ingénu au coeur pur, arriva par hasard au château du Graal. Parsifal, dont le père était
mort en combattant au loin, avait été élevé par sa mère dans une épaisse forêt afin de le tenir à l'écart de
l'agitation du monde et des dangers de la guerre. Les chevaliers pensent que Parsifal pourrait bien être celui qui
serait capable d'accomplir la prophétie.
Parsifal assiste de loin à la célébration du service du Graal, dont l'objet est de soutenir l'ardeur des chevaliers en
les incitant à mener une vie pure et secourable. Le roi Amfortas redoute cette cérémonie car lorsqu'il découvre le
saint calice (le Saint Graal) sa blessure recommence à saigner douloureusement. Sans comprendre pourquoi,
Parsifal, ému de compassion, ressent la terrible souffrance d'Amfortas. Mais lorsque les chevaliers l'interrogent
après la cérémonie, il est incapable de s'expliquer et il est finalement mis à la porte du domaine.
Parsifal, en s'en allant, se dirige vers le château de Klingsor. Celui-ci le guette et se méfie de lui, car c'est un fou,
un fou ignorant la sagesse du monde (sagesse qui consiste principalement à défendre ses intérêts et à profiter
autant que possible des avantages et des plaisirs du monde). Celui qui possède cette sagesse peut être pris
facilement au piège des filles-fleurs, mais la simplicité de Parsifal le protège.Quand les filles-fleurs s'assemblent autour de lui pour le tenter, il apprécie seulement leur beauté et leur parfum.
Klingsor juge alors nécessaire d'utiliser le puissant pouvoir de séduction de Kundry. Celle-ci fait appel aux
sentiments de Parsifal. Elle lui parle de l'amour que sa mère éprouvait pour lui et du chagrin qu'elle a ressenti
lors de son départ. Elle lui dit qu'il existe un autre amour entre un homme et une femme, un amour qui pourrait
combler ses désirs, et elle imprime longuement sur ses lèvres un ardent baiser …
Un lourd silence s'établit … Parsifal est profondément troublé. Mais le souvenir de l'atroce souffrance
d'Amfortas lui vient à l'esprit et le calice du Graal lui apparaît. Il se libère alors des bras de Kundry en s'écriant :
« Je connais maintenant l'affreuse tentation qui affole mes sens … Je sais pourquoi le monde entier est troublé,
agité et souvent honteusement égaré par les épouvantables passions du coeur… Car l'amour qui brûle en toi n'est
que sensualité, et entre cet amour et celui d'un coeur pur il y a un abîme aussi profond que celui qui sépare le Ciel
de l'Enfer ».
Lorsque Kundry doit s'avouer vaincue, elle entre dans une violente colère et elle fait appel à Klingsor. Celui-ci
arrive armé de la Sainte Lance qu'il jette avec force sur Parsifal. Mais la pureté de Parsifal le protège et la Lance
plane inoffensive au-dessus de sa tête. Il la saisit et il fait avec elle le signe de la croix. Le château et le jardin
magique de Klingsor tombent aussitôt en ruines.
Pendant des années, Parsifal va parcourir le monde et il rencontrera de nombreuses difficultés. Jamais,
cependant, il ne fera usage de la sainte lance pour combattre un ennemi ou pour subvenir à ses besoins
personnels. Il ne s'en servira que pour soulager des affligés, nourrir des affamés ou guérir des malades.
Après toutes ces tribulations, il arrive un jour au château du Graal. Cette fois-ci il est accueilli avec joie par les
chevaliers, qui reconnaissent la sainte lance. Parsifal approche la Lance de la blessure du roi. La plaie se referme,
Amfortas est guéri.
Parsifal reste définitivement au château du Graal. Il succède à Amfortas et il devient le roi et le gardien du Graal.
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Ce récit est un résumé de la légende du Graal reprise par Richard Wagner dans son célèbre drame musical :
Parsifal. Max Heindel a commenté cette légende et nous ne donnerons dans ce Flash que la signification de la
Coupe et de la Lance qui constituent l'essentiel du symbolisme du Graal.
Dans l'école des mystères du Saint Graal (qui existait au moyen-âge dans le Nord de l'Espagne), on faisait
remarquer à l'aspirant que la force créatrice dont l'homme dispose pour accomplir l'acte de reproduction était de
même nature que celle utilisée par la plante pour reproduire son espèce.
Mais dans le règne humain, depuis la « chute de l'homme », la passion sensuelle est liée à la fonction de
reproduction, alors que dans le règne végétal l'acte créateur est accompli sans aucune passion, en toute pureté.
On disait par conséquent à l'aspirant :
« Tu dois redevenir pur et exempt de passion. Cette Coupe que tu vois devant toi (la Coupe du Graal) représente
le calice de la fleur qui contient la semence. Elle est l'emblème de la pureté, le haut idéal auquel tu dois aspirer ».
Quant à la Lance, qui a été imprégnée du sang christique, elle symbolise le pouvoir spirituel développé par ceux
dont le coeur est pur et la vie exemplaire.
Max Heindel a encore donné la signification ésotérique du Saint Calice ou du Saint Graal :
« La coupe de la nouvelle alliance est un organe éthérique construit à l'intérieur de la tête et de la gorge par la
force sexuelle non dépensée. Cet organe apparaît à la vue spirituelle comme la tige d'une fleur partant de la partie
inférieure du tronc. Ce calice, ou coupe de la semence, est véritablement un organe créateur, capable de
prononcer le verbe de vie et de pouvoir ».« Les aides invisibles (les initiés) construisent cet organe en même temps que le corps de l'âme. On leur apprend
à l'utiliser la nuit quand ils sont en dehors du corps physique et à prononcer le verbe qui fait disparaître la
maladie et reconstruit les tissus sains ».
Dans la légende que nous venons de résumer, on nous dit que Parsifal entre finalement au château du Graal et
qu'il ne le quittera plus. Cela signifie qu'il est parvenu à un degré supérieur d'initiation et qu'ayant appris toutes
les leçons que comportent les vies terrestres, il n'aura plus besoin de se réincarner.
« Celui qui vaincra, j'en ferai un pilier dans le Temple de mon Dieu et il n'en sortira plus. »
(Ap 3-12)