• La méditation à travers

     

    différentes traditions

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    Méditation zen

    "S'il vous plaît, pensez du tréfonds de la non-pensée; ne pensez pas du tréfonds de la pensée, c'est Hishiryo, le secret du Zen."
    Maître Dogen, dans le Fukanzazengi.

    " Pendant les premières minutes de zazen, le cerveau est semblable à une fenêtre ouverte par laquelle souffle un fort courant d'air; des pensées s'élèvent sans cesse. Puis, avec la prolongation de la pratique, le flot des pensées décroît puis s'arrête. Lorsque le vent cesse de souffler, la pièce retrouve le calme; le cerveau devient un lieu paisible: l'extinction de la pensée instaure l'état de concentration. (.) La véritable condition de l'esprit qui doit résulter de la pratique du Zazen est à la fois concentration subjective et observation objective." Taisen Deshimaru, La pratique de la concentration, Zen et vie quotidienne, Ed.Zen-Retz, 1978

    " La véritable essence, c'est la méditation, qui consiste à se regarder soi-même. De l'intérieur. (.) Assis en zazen, on laisse les images, les pensées, les formations mentales, surgissant de l'inconscient, passer comme nuages dans le ciel - sans s'y opposer, sans s'y accrocher. Comme des ombres devant un miroir, les émanations du subconscient passent, repassent et s'évanouissent. Et l'on arrive à l'inconscient profond, sans pensée, au-delà de toute pensée, vraie pureté. (.) Simplement assis, sans but, ni esprit de profit, si votre posture, votre respiration et l'attitude de votre esprit sont en harmonie, vous comprenez le vrai zen, vous saisissez la nature de Bouddha."

    Taisen Deshimaru, Questions à un Maître Zen, Ed.Retz

    Méditation par Krishnamurti

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    "Alors qu'est-ce que la méditation?
    Tout d'abord la méditation requiert de l'attention, c'est-à-dire que vous devez consacrer toute votre énergie à l'observation.
    L'attention diffère de la concentration.
    La concentration est un effort réalisé par la pensée pour focaliser son énergie sur un sujet particulier(.).
    La concentration implique le contrôle de la pensée, en ne lui permettant pas de s'égarer mais en la maintenant fixée sur un certain sujet.
    Dans la concentration, il y a le contrôleur et ce qu'il contrôle. Ce qui veut dire que la pensée s'est divisée entre le contrôleur et le contrôlé.
    C'est un tour que la pensée se joue à elle-même. (.)
    Dans l'attention, il n'y a pas de contrôleur.
    Peut-on vivre dans ce monde avec une famille et des responsabilités, sans le moindre contrôle?
    Voyez la beauté de cette question.
    Depuis des milliers d'années notre cerveau est entraîné à inhiber, à contrôler et maintenant il ne fonctionne jamais dans sa totalité. (.)
    La plupart des méditations importées d'Asie impliquent le contrôle; contrôler la pensée pour avoir l'esprit en paix. Le silence, la tranquillité et l'immobilité absolue de l'esprit, du cerveau sont nécessaires pour percevoir et réaliser cela.
    Quand y a-t-il attention? Evidemment pas avec l'effort! Quand on fait un effort pour être attentif et que l'on essaie de transformer cette inattention en attention. Mais pour avoir une perception d'une façon immédiate et profonde, pour voir instantanément la fausseté de toutes les organisations religieuses afin d'être en dehors d'elles, pour voir instantanément que l'observateur est l'observé, on ne fait aucun effort.(.) Quand on regarde une montagne, de par sa majesté, nos sens sont pleinement actifs, on s'oublie donc soi-même. Quand on regarde le mouvement de la mer ou le ciel orné d'une fragile lune, quand on est entièrement conscient avec tous nos sens, il y a là une attention complète et en elle n'existe aucun centre. Ce qui signifie que l'attention est le silence total du cerveau. (.) Le silence (de la méditation) est l'action de tout le cerveau avec tous les sens en activité.
    C'est la liberté qui engendre le silence total de l'esprit.
    Ce n'est qu'un tel esprit, un tel esprit-cerveau qui est totalement tranquille, non pas de cette tranquillité née de l'effort, de la détermination, du désir ou d'un mobile. Cette tranquillité est la liberté de l'ordre qui est vertu, qui est rectitude du comportement. Seulement dans ce silence existe ce qui est sans nom, ce qui est intemporel. C'est la méditation."
    Krishnamurti, Causeries de Saanen, 1981

    Méditation par Arnaud Desjardins

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    "N'est un méditant que celui qui peut faire silence au point de disparaître, celui qui ne demande rien, ne cherche rien, ne se souvient de rien, ne prévoit rien, ne compare rien, a renoncé à toutes les expériences transcendantes. L'égoïste n'est jamais un méditant. Celui qui demeure prisonnier d'une méthode d'une technique non plus. Celui qui se bat avec lui-même pour concentrer son attention encore moins.
    Il existe toutes sortes de méditations qui demeurent entière-ment à l'intérieur du mental. (.)
    Et pourtant la Vérité est là: lumineuse, resplendissante par elle-même. Entre elle et la conscience ordinaire de l'homme, une série de couches de nuages.
    La méditation est un effort pour se frayer un passage à travers ces nuages. Si les nuages sont trop nombreux et trop épais, si celui qui veut les traverser est trop faible, cet effort, dût-il durer mille ans, est peine perdue."
    Arnaud Desjardins, Les chemins de la sagesse, vol.3, Ed. La Table Ronde, 1972.

    Méditation chrétienne

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    Vous ne pouvez pas entrer ou sortir de la méditation, c'est le support de toute activité. (.)
    Au début, il est important d'accepter la possibilité que notre nature réelle soit la tranquillité, le silence.
    Vous serez alors ouvert à une autre perspective.
    Commencez à remarquer que, dès l'instant qu'un désir est satisfait, il y a un moment fugitif sans désir, lorsqu'il ne reste plus de pensée. Ce moment libre de désir est de même nature que le silence que vous êtes continuellement. C'est une petite fenêtre à travers laquelle, si vous regardez, la lumière inonde votre chambre pleine de pénombre.
    La même tranquillité apparaît dans l'espace entre deux pensées ou lorsqu'une action a été accomplie et qu'il n'y a rien à faire tout de suite après. Cette tranquillité est accomplissement.
    Dans la vie quotidienne, il y a des moments où le processus arrive tout naturellement à un arrêt.
    Mais ce n'est pas une absence de production.
    Vous vous sentez dans la plénitude parce que la volonté n'a pas été impliquée. Prenez note juste avant de vous endormir, lorsque le corps abandonne d'idée d'être un corps. Il est comme le soleil couchant. (.)
    Aucune position ne peut aider ou empêcher d'être dans la tranquillité, mais comme le corps et le mental ne font qu'un, un corps détendu vous amène à un mental tranquille.
    Toute position qui est confortable est la bonne position.
    Toute technique a pour but de stopper le mental. Mais en fait, elle engourdit le mental en le fixant sur un objet. Le mental perd sa vivacité et sa subtilité naturelles.
    Ce n'est plus un mental ouvert. La méditation, ce n'est pas méditer sur quelque chose. Vous concentrer sur un objet vous maintient prisonnier du connu.
    La méditation appartient à l'inconnaissable.(.)
    Tout ce qui monte à la surface est conflit, crée, par le réflexe de se prendre pour une fraction, une entité séparée. Lorsqu'il n'y a plus de centre de référence, ces conflits montent comme des bulles du fond de l'océan et, ne rencontrant aucun obstacle à la surface, ils disparaissent pour toujours dans l'espace vide de votre présence."
    Jean Klein Qui suis-je ? La quête sacrée. A.Michel, 88

    Méditation


    "Le regard que nous portons sur le monde passe généralement à travers un prisme mental alourdi par le contenu de la mémoire: idées préconçues, peurs, a priori. Cette vision statique est un obstacle à une globalité de la perception. Lorsque le regard se dénude de son passé - images mentales, projections et résidus, une compréhension nouvelle apparaît non plus basée sur des connaissances acquises, mais sur une vision directe.
    Dans le langage courant, lorsqu'on parle de méditation, il s'agit en général d'une attention soutenue sur une idée, un mot, un objet, un projet. L'on peut noter que lorsque l'esprit est attentif à quelque chose, l'incessant mouvement des pensées se ralentit, voire s'interrompt.
    Il n'est en effet pas possible d'être attentif à deux choses à la fois. Ce qui se passe généralement, c'est que l'attention se déplace à une vitesse extrêmement rapide d'un objet à l'autre. Cette rapidité donne l'impression de la simultanéité. Mais sous un regard plus discriminatif, il n'y a plus simultanéité mais succession. Ainsi, par exemple, si l'attention se maintient suffisamment longtemps sur une image ou un son, le mouvement des pensées s'interrompt. Il reprend dès que l'attention se relâche.
    Ceci est le premier stade de la méditation. Apaiser l'activité mentale par une attention soutenue.
    Lorsque l'esprit a l'habitude d'être davantage focalisé, moins dispersé, vient le stade suivant, celui d'une attention plus souple, relâchée, qui est une sorte de permanente écoute, de vigilance lucide de présence continuelle à l'ensemble de ce qui est perçu: pensées, images, sons, sensations, émotions.
    Progressivement, le regard se défocalise de l'objet et reste en quelque sorte suspendu en lui-même, ouvert, sans tension, non directif. Les situations ne sont alors plus appréhendées à travers la peur ou le plaisir, mais sont comme intégrées à une totalité, l'observateur n'étant plus dissocié de ce qui est observé. Cette qualité globale d'observation est propice à une réponse harmonieuse, adaptée à la situation. La méditation est alors un vécu, qui n'est ni méthode, ni technique, mais directe expression de la vie en elle-même."
    Dr Jean-Marc Mantel, Colloque 19 Mars 1994 à Lyon,
    sur l'approche spirituelle en psychiatrie
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    Méditation bouddhiste tibétaine

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    "Dans la tradition bouddhiste, on a souvent recours à l'image du soleil apparaissant derrière les nuages pour expliquer la découverte de l'illumination. Dans la pratique de la méditation, nous chassons la confusion de l'ego pour entrevoir la lumière de l'éveil. Si nous savons comment nous débarrasser de l'ignorance, de l'encombrement intérieur, de la paranoïa, nous nous ouvrons à une vision fabuleuse de la vie. On découvre une nouvelle façon d'être. (.)
    "Une histoire touchant le Bouddha raconte qu'il donna un jour son enseignement à un célèbre joueur de cithare qui voulait étudier la méditation.
    Le musicien demanda: "Dois-je contrôler mon esprit, ou le laisser aller complètement?"
    Bouddha répondit: "Puisque tu es un bon musicien, dis-moi donc comment tu accordes ton instrument;"
    Le musicien dit:" Les cordes sont ni tendues, ni trop lâches."
    "Il en est de même de ta pratique de la méditation, dit le Bouddha, tu ne dois rien imposer de force à ton esprit, ni le laisser vagabonder. C'est l'enseignement qui consiste à laisser l'esprit être ouvertement, à sentir le flux d'énergie sans chercher à le dominer et sans cesser de le contrôler, à s'harmoniser avec la structure énergétique de l'esprit.
    C'est la pratique de la méditation."
    Pratique de la voie tibétaine,Chögyam Trungpa, Ed Seuil

    Méditation hébraïque

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    "Le but de la méditation est de s'élever et de trouver le meilleur équilibre physique, spirituel et intellectuel: jouissance d'être (.) La santé de l'être. (.) Etre en bonne santé, c'est donc, pour la pensée hébraïque, se situer dans une position de "création", de récréation incessante de soi et du monde." Cette santé "se fonde sur une conscience dynamique de soi, corporelle et mentale".
    "Dans la tradition cabaliste issue de l'école du Rabbi Abraham Aboulafia, la finalité de la méditation est d'atteindre des niveaux de connaissance qui sont ceux de l'expérience prophétique. L'expérience prophétique s'atteint par un ensemble de techniques de récitation des Noms divins et de mots-clefs liés à des techniques de respiration et de visualisation. Pour Aboulafia, cette expérience prophétique doit mener l'homme à s'unir avec les puissances célestes et à ouvrir les chemins de l'immortalité de l'âme."
    Pratique de la méditation hébraïque.
    1- Respiration.
    2- Respiration et vibration.
    3- "Après les exercices concernant la respiration du souffle circulatoire et l'énergétisation des lettres-corps et des vocalises vibratoires, la méditation hébraïque se consacre à un ensemble de méditations par visualisation. selon la technique proposée par Aboulafia, il s'agit d'utiliser la forme des lettres hébraïques comme support à la méditation."
    Marc-Alain Ouaknin, Tsimtsoum, Introduction
    à la méditation hébraïque, Albin Michel, 1992