• MULTIPLICATION DES APPARITIONS MARIALES AUJOURD HUI

    EXTRAITS DU LIVRE DE L’ABBÉ RENÉ LAURENTIN

    INTITULÉ:
    “ MULTIPLICATION DES APPARITIONS DE LA VIERGE AUJOURD’HUI"


    ÉDITION FAYARD. (1988)
    À l'heure où les apparitions (présumées) de la Vierge se multiplient, le cardinal
    Sin a demandé à l'Abbé René Laurentin une conférence à Manille sur «Les
    apparitions de la Vierge aujourd'hui: que veut-Elle dire ? »
    L'Abbé René Laurentin pensa d'abord refuser: impossible de répondre sans
    imprudence ou présomption, sans anticiper ou usurper le jugement de l'Église. Mais
    le cardinal Sin posait tout haut une question audacieuse que beaucoup se posent tout
    bas. Tout en prenant garde aux pièges, l'abbé Laurentin a tenté de répondre. Il a
    multiplié ses enquêtes, amassé des dossiers, visité les apparitions en cours. Il a trié
    celles qui présentent les meilleurs caractères d'authenticité. Il les relate brièvement,
    de manière vivante souvent sous forme de reportages, s'agissant d'événements
    inachevés. Cette lecture est surprenante et passionnante.
    Ce livre, très attendu à l'échelle mondiale, voudrait réconcilier dans la lumière
    les adversaires systématiques et les inconditionnels des apparitions, au-delà des
    aveuglements, du scepticisme et de la crédulité.
    L'oeuvre de l'Abbé Laurentin a été honorée de nombreux prix littéraires
    (Académie Française et prix théologiques à l'échelle internationale: U.S.A.,
    Pologne, Philippines, etc.) et d'un volume de Mélanges que lui consacrent les
    cardinaux et collègues d'une douzaine de pays.
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    DAMAS (SYRIE) DEPUIS 1982 1
    Tout a commencé en novembre 1982. «Myrna» (Marie Al Akhras: 18 ans) et
    Nicolas Nazzour (la quarantaine) viennent de se marier en mai. Dans le patio de la
    grande maison qu'ils partagent avec d'autres membres de la famille, Myrna a installé
    une petite image, récemment achetée à Sofia (Bulgarie): moins qu'une icône, une
    mini-carte postale, imprimée en couleurs, à bon marché, dans un petit cadre
    plastique. Et voilà que, le 27 novembre, l'image a exsudé de l'huile, goutte à goutte.
    Une soucoupe d'albâtre en a été remplie.
    Le phénomène s'est renouvelé.
    Quelques jours avant, le 22 novembre, les mains de Myrna ont aussi répandu de
    l'huile, tandis que fortuitement, elle participait à la prière pour une malade, Leila, la
    soeur de Nicolas.
    Ce phénomène, qui s'est renouvelé, choque la raison. Myrna l'accueille
    candidement, simplement, comme un incompréhensible cadeau, lié à une onction
    plus profonde dont cette huile est le symbole. Serait-elle aussi une icône de
    Notre-Dame? L'Écriture nous enseigne que nous sommes l'image de Dieu, l'image
    du Christ, par onction de l'Esprit Saint. A Damas, un signe en a été donné: des
    malades ont demandé une onction de l'huile miraculeuse, et ils ont été guéris : Samir
    Hanna, le 11 décembre 1982, atteint d'un infarctus, suivi d'une hémorragie cérébrale
    qui avait entraîné une paralysie; Mme Ghalya Armouche (paralysie : 17 décembre),
    puis bien d'autres.
    Face à ces phénomènes, Myrna et Nicolas se demandaient: « Que veut donc le
    Seigneur? Peut-être qu'il nous demande quelque chose.» Et Myrna priait ainsi:
    "Mon Dieu, qu'en-ce que c'est que cette huile? Sans doute Ta puissance divine.
    Mais pourquoi m'as-tu choisie, moi, si faible, alors que des milliers méritent
    d'avantage cette grâce? Quoi qu'il en soit, que Ta volonté soit faite. Maintenant je
    T'offre tout: mes actions, mes fatigues, mes peines et mes joies pour T'honorer, rien
    d'autre. O Dieu, je mets en Toi tout mon espoir. Éloigne de moi tout acte contraire
    à Ta volonté."
    A partir du 15 décembre 1982, la Vierge est apparue à Myrna.
    1 Christian Ravaz, Soufanieh. Les apparitions à Damas, Paris, Mambré, 1988, 164 pages.
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    Trois jours plus tard, le 18 décembre 1982, 23 h 37, l'apparition donne ce
    message, qui semble annoncer une nouvelle effusion de l'Esprit.
    Mes enfants, souvenez-vous de Dieu, car Dieu est avec nous. Vous connaissez
    toutes choses et vous ne connaissez rien. Votre connaissance est une
    connaissance imparfaite; mais viendra le jour où vous connaîtrez toutes
    choses, comme Dieu Me connaît. Faites le bien à ceux qui font le mal, et ne
    faites du tort à personne. Je vous ai donné de l'huile plus que vous n'en avez
    demandé, et Je vous donnerai quelque chose de bien plus fort que l'huile.
    Repentez-vous et ayez foi, et souvenez-vous de Moi dans votre joie.
    Suit un message d'évangélisation:
    Annoncez Mon Fils, l'Emmanuel. Qui L'annonce est sauvé, et qui ne L'annonce
    pas, sa foi est vaine. Aimez-vous les uns les autres. Je ne demande pas de
    l'argent à donner aux églises ni de l'argent à distribuer aux pauvres. Je
    demande l'amour. Ceux qui distribuent leur argent aux pauvres et aux églises,
    sans qu'ils aient l'amour en eux, ceux-là ne sont rien. Je visiterai les maisons
    davantage, car ceux qui vont à l'église quelquefois n'y vont pas pour prier.. Je
    ne demande pas que vous Me construisiez une église, mais un lieu de
    pèlerinage. Donnez. Ne privez personne de ceux qui demandent secours.
    Ces derniers mots semblent annoncer la multiplication des apparitions et viser
    ceux qui vont à la messe pour exhiber leurs toilettes. A l'apparition suivante, le
    samedi 8 janvier 1983, à 23 h 37 également (quatrième apparition), la Vierge n'eut
    d'autre langage que celui des larmes.
    Le message de la cinquième apparition, lundi 21 février 1983, 21h30, invite à
    l'humilité qui n'insulte pas les orgueilleux et pardonne. Elle invite à graver et répéter
    les mots:
    Dieu me sauve, Jésus m'éclaire, le Saint-Esprit est ma vie.
    C'est pourquoi je ne crains rien.
    Ici venait une interpellation à « mon fils Joseph » que l'assistance ne comprenait
    pas. Elle toucha au vif le père Malouli, lazariste. Nul ne savait qu'il s'appelait Joseph
    (il le manifesta en présentant sa carte d'identité). Cette interpellation rassurante
    répondait à sa demande d'un signe pour ne point s'engager à faux.
    Le message de la sixième apparition, jeudi 24 mars 1983, 21 h 30, est un
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    message d'oecuménisme et de prière, en ce pays où voisinent tant de confessions
    chrétiennes:
    L'Église est le Royaume des Cieux sur la terre. Qui l'a divisée a péché, et qui
    s'est réjoui de sa division a péché. Jésus l'a bâtie, elle était petite; et quand
    elle a grandi, elle s'est divisée; et qui l'a divisée n'a pas l'amour en lui.
    Rassemblez. Je vous dis: priez, priez, et priez. Qu'ils sont beaux Mes enfants à
    genoux, implorant. Ne craignez pas, Je suis avec vous. Ne vous divisez pas
    comme le sont les grands. Vous, vous apprendrez aux générations LE MOT
    d'unité, d'amour et de foi.
    Ce message de foi, de prière et de confiance invite à la conversion, en référence
    à la tristesse du Christ devant le péché, mais aussi aux menaces qui pèsent sur le
    monde: guerre, famine, maladies inconnues, qui n'ont pas été divulguées. C'est aussi
    un message de paix contre les divisions et diviseurs de l'Église, une invitation à
    fonder à neuf l'unité des chrétiens sur l'Amour.
    Myrna a reçu les stigmates le vendredi 25 novembre 1983, puis, deux autres
    fois: les jeudis et vendredis des années où orthodoxes et catholiques célébraient
    Pâques, le même jour: 1984 et 1987; ce qui n'arrivera plus qu’une fois dans ce
    millénaire: en 1990.
    MA VISITE A DAMAS
    Je livre ici les notes de ma visite à Soufanieh pour le cinquième anniversaire:
    26 novembre 1987. J'étais arrivé la veille:
    Me voici à Damas, la ville au seuil de laquelle Saul, le persécuteur, vit le
    Seigneur: souvenir vivant ici. La maison de Myrna et Nicolas est située dans le
    quartier de Soufanieh: une maison comme bien d'autres, ombragée par un eucalyptus,
    au bord d'un ruisseau, face à une mosquée et à un gros avion Boeing, qu'on avait
    amené sur ce terrain vague en forme de place, pour devenir restaurant... si les
    autorités de la mosquée n'y avaient mis bon ordre. Dans cette maison, un jeune foyer
    comme beaucoup d'autres: lui, orthodoxe; elle grecque catholique. Nicolas est un
    homme capable. Diplômé en haute coiffure pour dames en Allemagne, il a fait, au
    retour, avec autant de chance que d'habileté, une opération de commerce qui l'a mis
    dans l'aisance, Il en avait profité pour fonder un restaurant de luxe à Lattakié sur le
    littoral. Mais ce qui est advenu à se femme lui a fait abandonner son exploitation. Il
    a tourné la page et vendu le restaurant. A perte. Myrna brune, souriante et calme,
    élève avec une tendresse avisée leur premier enfant, une petite fille très vivante:
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    Myriam, née le 15 octobre 1986. Elle attend le second. Qui penserait qu'elle a des
    apparitions et a reçu trois fois les stigmates, comme François d'Assise?
    Cette maison familiale est devenue une sorte de sanctuaire. Le patio à ciel
    ouvert, où se trouvait l'icône, a été couvert. Il est devenu la pièce intérieure et
    centrale de la maison. Les pèlerins y défilent et prient calmement devant la
    minuscule image. Le Père Malouli en recueille l'huile pour les malades, qui se
    trouvent bien de cette onction. La petite Myriam visite aussi Notre-Dame, d'un bel
    élan de son siège à roulettes. Sous l'icône, une inscription rouge très visible:
    Excusez-nous, mais nous n'acceptons ni argent ni don. Myrna et Nicolas ont mis
    cela de leur bon coeur, sans se douter que ce désintéressement est un facteur
    important de leur crédibilité. L'huile a coulé de l'icône, le 26 novembre. Elle a rempli
    le récipient, mais de nuit. On s'en est aperçu après. Par contre, j'ai assisté deux fois à
    l'effusion d'huile de Myrna. La première fois, le 25 novembre 1987, à mon arrivée.
    C'était inattendu, j'étais allé chez le Nonce apostolique avec Myrna, son mari et sa
    petite fille. L'enfant s'était endormie sur un canapé, tandis que nous parlions,
    Nicolas, le mari, dit à mi-voix: Regardez les mains de Myrna. De l'huile suintait.
    Une religieuse qui était là vint la recueillir sur des tampons de ouate, comme signe de
    bénédiction. Myrna restait là très simple, comme qui reçoit ce qui la dépasse.
    LE CINQUIÈME ANNIVERSAIRE
    Le lendemain, 26 novembre, en la vigile du cinquième anniversaire de la
    première apparition une foule s'était agglomérée dans toute la maison. Elle débordait
    sur la rue. On s'attendait à quelque chose. On m'a fait avancer jusqu'à la chambre de
    Myrna et de Nicolas qui donne sur le patio. C'est là qu'elle s'étend pendant les
    extases, où elle est coupée du monde extérieur. Tout a commencé dans l'obscurité.
    Une panne d'électricité (incident fréquent à Damas) était survenue un peu avant
    l'extase. Myrna était encore debout. Quand la lumière est revenue, on put constater
    que des gouttes d'huile étaient tombées sur la descente de lit. Les mains étaient
    luisantes. Ceux qui étaient autour recueillaient l'huile, avec des tampons de ouate.
    Myrna est sortie de l'extase au bout d'une petite heure. Elle était insensible. Un des
    médecins qui suivent le phénomène de près, le Dr Gamil Margi (converti de
    l'athéisme par ces événements et guérisons), a fait divers tests, penché sur le lit ...
    examen des yeux, manipulation énergique des globes oculaires, sans qu'elle réagisse.
    Il a fortement pincé l'avant-bras gauche, à noircir la peau, sans plus de réaction. Mais
    au sortir de l'extase, Myrna a presque aussitôt tâté cet avant-bras gauche de sa main
    droite. Elle avait retrouvé la sensibilité. Cela lui faisait un peu mal. Elle n'y voyait
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    pas encore. La vue est revenue au bout de quelques minutes. C'est en aveugle qu'elle
    a dicté le dernier message du Christ au Père Malouli. En voici l'essentiel: Je veux
    que tu joignes Mon Coeur à ton coeur délicat pour que nos coeurs s'unissent.
    Ce faisant, tu sauves des âmes souffrantes. Ne déteste personne pour que ton
    coeur ne s'aveugle pas sur ton amour pour Moi. Aime tout le monde comme tu
    M'as aimé, surtout ceux qui t'ont haïe et qui ont dit du mal de toi. Ces mots font
    allusion au dialogue du 26 novembre 1985, où le Christ avait demandé:
    - Veux-tu être crucifiée au glorifiée?
    - Glorifiée ! Avait-elle répondu naïvement, car cette jeune maman souriante et
    tendre n'est nullement « maso ».
    Le Seigneur a souri, dit-elle, et a demandé de nouveau:
    - Par le Créateur ou par la créature?
    - Par le Créateur! A-t-elle répondu sans hésitation.
    - Cela se fait par la crucifixion.
    Myrna le savait bien. Elle qui avait reçu, deux ans auparavant (25 novembre
    1983), les stigmates de la Passion. Tout cela est assez déroutant et ne peut que
    heurter la sagesse des sages fussent-ils théologiens. Les stigmates, à quoi bon? Mais
    ce phénomène qu'a inauguré saint François d'Assise fut reçu dans l'Église avec tant
    de ferveur que plusieurs papes du XIII siècle punirent les prédicateurs qui parlaient
    contre ces stigmates. Il y avait déjà des esprits forts. Ce signe rappelle vivement et
    fructueusement aux amis et voisins de Myrna: le Christ a souffert pour nous. On l'a
    trop souvent oublié. Et ce n'est pas absolument du passé, car les souffrances du Fils
    de Dieu sont contemporaines de son JE éternel. Contemporaines de l'éternel. Elles
    gardent une mystérieuse pérennité. Elles restent actuelles. Elles nous invitent à
    continuer dans notre corps, ce qui manque à ses souffrances pour son corps qui est
    l'Église (Col 1,24). Mais l'huile? C'est « une huile ordinaire» de l'huile d'olive
    exceptionnellement pure, ont constaté les chimistes consultés, sur simple échantillon,
    sans mention des circonstances. Ce n'est même pas une huile parfumée, mais « une
    huile ordinaire »! A quoi bon? Les oliviers ne vous suffisent-ils pas?
    LE PLÉBISCITE DU "SENSUS FIDELIUM"
    Le peuple de Dieu, sensible aux signes du Ciel, a largement plébiscité ceux de
    Soufanieh: comme autrefois la Médaille miraculeuse et les apparitions de Lourdes ou
    de Fatima... Comme autrefois il canonisait par acclamations.
    Cette prière spontanée est heureusement aidée, suivie, guidée, orientée, par des
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    prêtres convaincus. Le Père Malouli, lazariste de 71 ans, et le Père Zahlaoui, du
    Prado. Ils assument cette tâche avec une ferveur réaliste, chacun avec son
    tempérament: l'un plus ardent, l'autre plus réfléchi, qui pense à long terme.
    QUE PENSE L'AUTORITÉ ?
    La hiérarchie épiscopale, comme toujours, préfère attendre et ne pas pécher par
    précipitation. Et le problème est encore compliqué par la diversité des confessions
    religieuses dans cette ville antique. Trois patriarches résident aujourd'hui à Damas:
    grec orthodoxe, syrien orthodoxe et grec catholique, ainsi que de nombreux évêques
    de différents rites. J'ai pris contact avec ces autorités pour qu'elles n'apprennent pas
    par d'autres ma visite d'expert, tout à fait informelle et privée.
    Le patriarche syrien m'a paru personnellement intéressé, mais son autorité n'est
    pas concernée, car Nicolas et Myrna ne sont point de ses ressortissants.
    Le patriarche grec catholique, Maximos V, ne s'en occupe pas selon le principe
    oecuménique reçu à Damas: une famille où le mari est orthodoxe relève du patriarcat
    orthodoxe.
    Ce dernier patriarcat s'intéressa un moment à l'événement. L'icône, qui attirait
    tant de monde, fut transportée en grande pompe, avec grande foule, dans l'église de
    Sainte-Croix, le 9 janvier 1983. J'en ai vu le film grandiose. Mais l'icône transférée
    cessa de couler. La déception fut amère. Au bout de 43 jours, l'image, présumée
    miraculeuse, fut renvoyée dans un sac d'emballage en plastique moins glorieusement
    qu'elle n'était partie. Et là, le phénomène recommença.
    Les gens ont fait là-dessus des hypothèses: C'est qu'à l'église il y avait des
    troncs, autour de l'icône. Or l'un des messages de Notre-Dame disait «Je ne demande
    pas de donner de l'argent pour les églises... Je demande l'amour.»
    Ce qui avait déterminé Myrna et Nicolas à mettre l'inscription interdisant toute
    obole.
    DES CONTRÔLES
    Dans la situation complexe de Damas, où les autorités resteront sans doute
    longtemps sur la réserve, il est utile d'éclairer le terrain en première approximation.
    Les contrôles scientifiques ont été sévèrement conduits: de l'extérieur. La
    police (qui abîma l'icône en la démontant) a sondé aussi les murs et environs. Les
    médecins ont solidement établi qu'un corps humain (le corps de Myrna) ne saurait
    produire de l'huile. Cependant, nulle supercherie n'est décelable.
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    S'il y avait eu supercherie, les escrocs auraient d'ailleurs parfumé l'huile.
    Ç'aurait été plus crédible. Et ils n'auraient point interdit les dons. Ils les auraient
    téléguidés au contraire.
    Il fallait que ces contrôles soient faits. Il faudra les poursuivre.
    Myrna reste très semblable à ses amies (charmantes et profondes) qui étaient
    autour d'elle pendant l'extase. L'une, jeune mère de famille, parlant un français
    parfait; et l'autre, docteur en médecine, en spécialisation. Myrna est de cette même
    race méditerranéenne, formée par une antique culture, proche de la vie. Ses dons
    mystiques n'altèrent point son naturel et ne créent pas de cassure dans sa vie de
    famille. Au contraire: le 25 novembre 1983, la Vierge lui a confirmé:
    -Je ne suis pas venue séparer. Ta vie conjugale restera comme elle est.
    D'où venaient donc Myrna et son mari? Où allaient-ils? Je cherchais à
    comprendre leur limpidité rare, leur capacité d'accueil.
    -Avant, étais-tu fervente? Ai-je demandé.
    -Ordinaire.
    Ses parents, qui étaient là, me l'ont confirmé.
    -Allais-tu à la messe chaque dimanche?
    -Seulement de temps en temps.
    -Quelle est la place de la prière dans ta vie? A quelles heures? Le
    matin? Le soir?
    -Pas de temps de prière précis, sauf le chapelet et la prière en famille.
    Elle prie aussi quand elle travaille. C'est, chez elle, un état évident, quoiqu'elle
    ait quelque pudeur ou maladresse à s'exprimer là-dessus.
    - Votre foyer est-il plus uni après qu'avant?
    - C'est pareil, mais bien plus profond.
    Parmi les messages connus, le Seigneur lui a dit, le 26 novembre 1985: Va à la
    terre où la corruption s'est généralisé.
    Et, le 6 novembre 1986:
    Que les choses de la terre ne te troublent pas, car par mes blessures, tu gagnes
    l'éternité.
    J'ai encore demandé:
    Au début, tu voyais la Vierge. Maintenant, le Christ.
    Comment Le vois-tu ?
    - Dans une lumière où il est une lumière plus forte.
    Je ne distingue pas les traits.
    - Les stigmates, c'est douloureux?
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    - Oui...
    - Plus que les douleurs de l'enfantement?
    - L'enfantement, c'est plus long, mais les stigmates, c'est plus intense.
    - Pendant les stigmates, vois-tu la Passion du Christ?
    - Non, je le vis, mais je ne le vois pas.
    Myrna, intuitive, vit profondément son expérience. Mais elle a du mal à
    formuler ses réponses. Elle hésite, sourit, parfois ne trouve pas et préfère ne rien dire
    que parler à côté. Cela contraste avec la netteté lapidaire des messages de
    l'apparition, qu'elle dicte sans hésitation: aussitôt, car après elle les oublie. Ces
    messages la dépassent, car elle est incapable de penser de telles maximes. J'ai
    interrogé aussi Nicolas, son mari:
    - Ces événements ont-ils changé ta vie?
    - Plus que cent pour cent.
    - Mais qu'est-ce que ça a changé?
    - D'abord le retour à la foi. Elle s'était éclipsée pendant mes études de haute
    coiffure en Allemagne. Ensuite, la mentalité. Avant, je ne croyais pas au péché.
    Maintenant, je le perçois bien. Je luttais, je savais prendre ma revanche, et les
    messages m'ont appris à pardonner bien au-delà du talion.
    - Et ton mariage? A-t-il changé? Lui ai-je demandé.
    - Il est devenu saint, sacré. Quand j'ai découvert Myrna, je lui ai dit «A quoi
    bon se marier à l'église? Qu'est-ce que cela ajouterait?» Elle y tenait; nos familles
    aussi. Je m'y suis soumis par convention, plus que par conviction. Lorsque l'huile
    a commencé à couler, j'ai dit à Myrna: «N'en parle pas, ça nous compliquerait trop
    la vie.» Myrna m'a obéi, mais elle était perplexe. Alors la Vierge lui dit, à
    l'apparition suivante: «N'ayez pas peur, ouvrez vos portes. Ne privez aucun de
    ceux qui attendent secours.»
    Et ce que Nicolas avait prévu est arrivé: leur maison familiale bien agencée, est
    aujourd'hui soumise à des visites incessantes. Ils ne sont plus chez eux. C'est gênant
    pour leur liberté, leur travail, leur repos.
    A ce moment-là, les « Frères musulmans» sévissaient. Il y avait risque de
    représailles de ce côté, et aussi du côté des Églises, pour ce foyer mixte. Ils ont
    assumé avec une abnégation tranquille cette aventure difficile, peu conforme à une
    vie normale. La maman de Nicolas passe tout son temps à nettoyer le patio, pour
    qu'il reste digne de Notre-Dame, par une propreté impeccable.
    On ne cesse d'aménager la maison, pour qu'elle réponde aux besoins: consolider
    et rehausser la barrière de la terrasse, qui risquait de craquer sous la pression de la
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    foule. J'ai demandé à Nicolas:
    -Es-tu plus heureux ou moins heureux qu'avant?
    -Il y a eu perte financière, mais je suis plus heureux dans mon coeur. Je perds
    la terre, mais j'ai gagné le ciel.
    DES FRUITS
    Au-delà des constats et inspections policières ou scientifiques, le Christ invite à
    discerner ces visites, selon un principe simple : « On juge l'arbre à ses fruits.» Et les
    fruits sont remarquables, dans la famille de Myrna comme chez les visiteurs.
    Donnons, pour conclure, le premier message du Christ à Myrna, le jeudi de
    l'Ascension (31 mai 1984), au cours d'une extase:
    Ma fille, Je suis le Commencement et la Fin. Je suis la Vérité, la Liberté et la
    Paix. Je vous donne Ma paix.2 Que ta paix ne repose pas sur la langue des
    gens, que ce soit en bien ou en mal, et pense du mal de toi-même.
    Car celui qui ne cherche pas l'approbation des gens, et qui ne craint pas leur
    désapprobation, jouit de la paix véritable. Et cela se réalise en Moi. Vis ta vie,
    sereine et indépendante. Que les fatigues entreprises pour Moi ne te brisent
    pas. Réjouis-toi plutôt. Je suis capable de te récompenser, car tes fatigues ne
    se prolongeront pas, et tes douleurs ne dureront pas. Prie avec adoration, car
    la Vie éternelle mérite ces souffrances. Prie pour que la volonté de Dieu
    s'accomplisse en toi, et dis:
    Bien aimé Jésus,
    Accorde-moi de reposer en Toi
    par-dessus toutes choses,
    par-dessus toute créature,
    par-dessus tous tes anges,
    par-dessus tout éloge,
    par-dessus toute joie et exultation,
    par-dessus toute gloire et dignité,
    par-dessus toute l'armée céleste.
    Car Toi seul es le Très-Haut,
    Toi seul es puissant et bon par-dessus tout.
    2 On a reconnu dans ces formules initiales les mots clés de l'Évangile sur le Christ: Ap
    1,8; Jn 14, 6; Jn 8, 36 (sur la liberté): Éph 2, 14; Jn 14,27.
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    Viens à moi et console-moi.
    Délie mes chaînes,
    et accorde-moi la liberté.
    Car sans Toi, ma joie est incomplète,
    sans Toi ma table est vide.
    Alors Je viendrai pour dire:
    “Me voici venu, car tu M'as invité.”
    En mars 1988, Myrna et Nicolas ont été invités aux États-Unis, pour diffuser
    leur message, par le Dr Antoine Mansour, de Los Angeles, un des médecins du
    Président Reagan, pour un séjour de six mois. La maman de Nicolas continue
    d'accueillir et de nettoyer la maison où est restée la petite image de Notre-Dame.

    Corrections mineures apportées au texte par Gabriel Berberian (2007) (dans les Messages et des erreurs mineures dans l’appellation de certaines personnes.