• MERE YVONNE AIMEE DE MALESTROIT

    Mère Yvonne-Aimée de Malestroit


    O Jésus Roi d'Amour J'ai confiance en ta Miséricorde Bonté
    1901-1951
    Elle naît en 1901 à Cossé en Champagne dans la Mayenne. Entrée en 1927 au Monastère des
    Augustines de Malestroit, elle en devient la supérieure dès 1935. Elle fonde la Fédération des
    Monastères d'Augustines en 1946 et est élue première Supérieure Générale. Le 3 Février 1951, elle
    meurt à Malestroit. Elle a 49 ans. Elle lance en 1928, le projet d'une clinique moderne qui ouvrira
    ses portes dès 1929."La vie la chargea de fardeaux croissants, pour alléger ceux des autres. Au pire
    des épreuves, elle resta encourageante, tonique, stimulante, toujours et pour tous, simplement et
    sans grandes phrases. Tout cela témoigne d'un amour extraordinaire, et extraordinairement
    efficace."
    P. René Laurentin
    Portait de Mère Yvonne Aimée de Malestroit
    Il y a donc 80 ans ce matin, dans le silence de cette église de Cossé en Champagne, Monsieur le
    Curé Guesdre a célébré la Sainte Messe et lu le même Evangile que nous venons d’entendre. Ce 16
    juillet 1901, la saison était magnifique, le soleil brillait, une grande paix baignait le bourg et les
    campagnes. Et, le soir, tandis que l’Angélus tintait au clocher roman et que les clochers d’alentour
    lui répondaient, une petite Yvonne venait de naître dans une vieille maison de Cossé, à deux pas de
    l’église, chez Monsieur et Madame Alfred Beauvais. Cette enfant qui deviendra Mère Yvonne
    Aimée, considèrera toujours comme une grâce d’être née en la fête de Notre Dame du Mont
    Carmel, sous le signe de la Vierge, Mère des Contemplatifs. Le 18 juillet suivant, Yvonne est
    baptisée dans cette église par Monsieur le curé. Plus tard, chaque année, au 18 juillet, Mère Yvonne
    Aimée ne cachera pas son bonheur : « c’est, disait-elle, l’anniversaire du jour où je suis devenue
    fille du Bon Dieu. » En 1942, elle était de passage ici, à Cossé, où j’étais moi-même invité. Elle me
    conduisait sur la tombe de Monsieur Alfred Beauvais, son Père, trop tôt disparu, « Monsieur Alfred
    » comme l’appelaient les paysans qui l’adoraient tant il était simple, droit, gai, spontané, généreux,
    large, accueillant. De lui, elle tenait beaucoup. De Madame Beauvais, elle avait l’activité intense et
    ordonnée ; et de ses ancêtres du Maine elle avait une foi catholique et un bel équilibre humain.
    J’entends encore Mère Yvonne Aimée évoquer sur place, ici, ses souvenirs d’enfance : les jeux dans
    la maison, les veillées devant la cheminée où flambaient des bûches, la petite grotte de Notre Dame
    de Lourdes dans le jardin où son jeune père l’emmenait prier. Elle m’a demandé de venir avec elle
    près des fonts baptismaux, ces fonts baptismaux où elle avait reçu la grâce de la seconde naissance.
    C’était vraiment un pèlerinage aux sources. En effet, à travers la brève existence que fut la sienne,
    un fleuve de grâce a jailli ici même, pour votre Fédération et pour L’Eglise.
    Mais qui était Mère Yvonne Aimée ?
    Pour répondre à cette question, il me semble que le mieux, c’est de vous citer des jugements
    autorisés qui ont été portés sur sa vie, sur son oeuvre, sur son expérience chrétienne. L’Historien
    Daniel Rops ne l’a pas connue mais, dit-il, il admire la beauté des textes rares que l’on connaît
    d’elle où précise-t-il, on croit entendre l’écho de sainte Catherine de Sienne ou de la Bienheureuse
    Marie de l’Incarnation. Par contre, le Général Audibert, chef de la Résistance de l’Ouest, a été le
    témoin et l’un des bénéficiaires de l’hospitalité qu’elle offrit aux blessés paras ou maquisards
    pendant l’occupation. Frappé de son courage et de sa présence d’esprit dans le danger et les risques
    énormes qu’elle prenait au nom de cette hospitalité chrétienne, il la saluait en souriant par ces deux
    mots : « Mon Général. » Et, à la nouvelle de sa mort, il écrivit douloureusement : « Quand disparaît
    un être de cette clarté, de cette puissance, de cette grandeur, il semble que le ciel s’obscurcisse pour
    nous. » Voici, maintenant, quelques jugements émanant d’autorités religieuses : Pour Dom Sortais,
    Abbé général de la Trappe, Mère Yvonne Aimée fut une grande Supérieure qui a bâti toute son
    oeuvre sur le roc de la foi. Personnellement, Dom Sortais avait remarqué le don qu’elle possédait de
    pacifier et d’épanouir les âmes. Dom Cozien, Abbé de Solesmes, relevait en Mère Yvonne Aimée, je
    le cite : « le sens de la prière, de la beauté de la liturgie, de la louange de Dieu, à l’école de L’Eglise.
    » il ajoutait ces mots qui vont loin : « Toute la vie de Mère Yvonne Aimée a été sous l’emprise de
    Dieu. » Monseigneur Picaud, Evêque de Bayeux et Lisieux. Les Carmélites de Lisieux admirent la
    manière dont Monseigneur Picaud a compris sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et Mère Yvonne
    Aimée. De Mère Yvonne Aimée, il a dit en pesant ses mots : « Elle a été un grand témoin du monde
    surnaturel. » Le Cardinal Larraona qui fut le Secrétaire de la Sacrée Congrégation des Religieux, a
    déclaré : « Je me souviens très bien de Mère Yvonne Aimée. En prenant l’initiative de rassembler en
    Fédération les Monastères de son Ordre, elle a fait une oeuvre exemplaire dont nous pouvons ici, à
    Rome, nous inspirer. » Il m’est impossible ce matin d’analyser tous les traits d’Yvonne Aimée. Sa
    personnalité a suivi une progression constante et atteint vers l’age de 40 ans une plénitude humaine
    et chrétienne. Je soulignerai seulement deux points : sa conformité à la volonté de Dieu, a foi et son
    amour envers l’Eucharistie. Une parole de Jésus qu’elle conservait dans son coeur, la bouleversait et
    éveillait en elle un écho sans fin. C’est celle-ci, en saint Marc : « Qui est ma mère, qui sont mes
    frères ? Promenant un regard sur ceux qui étaient assis autour de Lui, Jésus ajouta : Voici ma mère
    et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. » De
    même, Mère Yvonne Aimée pouvait rester très très longtemps à méditer cette autre parole de Jésus
    qu’elle trouvait inépuisable : « Ce ne sont pas ceux qui disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront
    dans le Royaume des Cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père. » A ses novices elle disait,
    dans la ligne des paroles précédentes : « Mes petites soeurs, l’amour est d’abord dans la volonté. »
    Cette mystique de la volonté situait Mère Yvonne Aimée dans le grand courant spirituel qui part de
    sainte Thérèse de Lisieux, de saint François de Sales, de saint Ignace de Loyola, de saint Bernard,
    de saint Augustin, de tant d’autres saints, de la Vierge Marie, Servante du Seigneur et de Jésus Luimême,
    dont la nourriture était de faire la volonté de son Père. Pour Mère Yvonne Aimée, comme
    pour ces Maîtres spirituels, la volonté divine n’a rien d’un commandement abstrait et impérieux.
    Cette volonté divine est sagesse, vérité, miséricorde. Elle est appel à la liberté et appel à l’amour
    comme le serviteur du Psaume 122 qui a les yeux fixés sur les mains de son Maître, comme
    l’épouse tendre, calme et spontanée qui tressaille au moindre vouloir du Bien Aimé. Yvonne Aimée
    écoutait sa voix, sa parole dans L’Eglise. Elle s’est tenue attentive toujours à ses moindres signes.
    Elle va tout droit au service de Jésus Roi d’Amour. Un jour elle m’a dit : « ma voie est celle des
    Anges qui ne font jamais attendre Dieu. » Déjà, petite première Communiante de 10 ans, elle avait
    écrit de son sang : « Je veux n’être qu’à Toi, mais je veux surtout ta volonté. » On comprend, estime
    un théologien, la montée en flèche d’une âme ainsi livrée à Dieu, jusqu’à l’abandon total. A l’amour
    qui t’emporte, ne demande pas où il va.
    Yvonne Aimée et l’Eucharistie
    Pendant la célébration elle se tenait très droite et très recueillie dans sa stalle. Au moment de
    l’élévation, avant de se prosterner, elle fixait l’Hostie et le Calice un regard intense, un regard
    brillant et souvent le soir et parfois la nuit, elle venait près de la grille du choeur prier longuement, à
    genoux devant le Saint Sacrement. Vous avez en main des textes où elle laisse jaillir sa foi envers
    l’Eucharistie. Vous savez quel événement intérieur, décisif, a été sa première Communion, oui, un
    grand événement spirituel. Et vous savez aussi à quel point elle prié pour les prêtres. C’est à l’âge
    de 22 ans que, pour la première fois, non sans une intuition prophétique, elle commença de
    rechercher les hosties profanées. On a vu Yvonne Aimée jeune fille, revenir blessée et couverte de
    sang après avoir reçu des coups alors qu’elle cherchait à arracher des hosties emportées par des gens
    sacrilèges et impies. Dans ce charisme qui frappe beaucoup l’écrivain Julien Green – il en parle
    dans son journal et il appelle Mère Yvonne Aimée « une femme admirable » – dans ce charisme de
    recherche, Monseigneur Picaud voyait une récompense de la foi intrépide d’Yvonne Aimée. Avec le
    recul du temps, on pourrait aussi y découvrir un rappel de la tradition constante de L’Eglise
    affirmant à l’encontre des Novateurs, que la présence réelle du Corps et du Sang du Seigneur
    subsiste en dehors de la célébration liturgique. Peut-être aussi, pourrait-on lire un rappel de ce
    respect extraordinaire dont les chrétiens, fût-ce au péril de leur vie, se doivent d’entourer le pain
    rompu pour un monde nouveau, l’admirable sacrement où se révèle le plus, disait-elle, la
    Miséricorde de Jésus, sacrement qui construit l’unité fraternelle des communautés chrétiennes.
    Plusieurs années avant le Concile, Mère Yvonne Aimée souhaitait des messes du soir. On songe à la
    joie qu’elle aurait éprouvée à communier sous les deux Espèces et avec quelle ferveur elle aurait
    suivi ce Congrès Eucharistique international qui s’ouvre ce soir à Lourdes. Mes soeurs, vous avez le
    droit d’être heureuses de compter dans votre Ordre une Yvonne Aimée, ce guide sûr, cette lumière
    éblouissante, ce feu brûlant et vous avez raison de commémorer ici sa naissance et son baptême.
    Oui, le bourg de Cossé n’aura jamais vu tant de blanches Augustines. Elle doit en être ravie, comme
    elle l’est, certainement, de votre volonté d’approfondir sans cesse votre vocation canoniale qu’elle
    trouvait si grande et qu’elle a travaillé, 30 ans avant le Concile, à bien adapter aux temps nouveaux
    dans une fidélité créatrice. Pour sa part, au-delà des charismes qui la mettaient au service de
    l’Eglise, sa vie a été toute simple parce que basée sur la charité qui est la loi essentielle de vos
    Communautés Elle était grande dans sa manière d’aimer. Il y avait en elle quelque chose
    d’eschatologique. Il y avait en elle parfois, comme une anticipation prophétique du monde futur. Et
    pourtant, pourtant, elle était incroyablement humaine, tout entière au moment présent et bien de son
    temps. Elle a beaucoup réalisé : jeune fille au service des pauvres dans les bidonvilles de Paris,
    Prieure de Malestroit, fondatrice et première Supérieure Générale de votre Fédération. Il se trouvait
    des personnes qui disaient que tout lui réussissait. Elle était la première à rire de cette réflexion
    naïve, à ne pas se croire infaillible, à encaisser des échecs, des déceptions, des contradictions.
    Certes, elle a marqué des points et accompli une oeuvre considérable et durable ; mais il aurait
    manqué quelque chose à la beauté de sa vie si tout lui avait réussi humainement. Et, pour que sa
    configuration au Christ fut plus étroite, elle a reçu, vers l’âge de 20 ans, une grande grâce de
    compassion. Elle a enduré dans son corps, dans son coeur et dans son âme, des souffrances inouies,
    un martyre à certaines heures, mais sans jamais le faire peser sur son entourage. Plus elle avançait
    dans la vie, plus elle s’enveloppait de silence. Au sein de l’action qui mobilisait ses qualités de
    femme, on la devinait très petite devant Dieu et comme revêtue de douceur et de force, comme
    immergée dans la paix et la joie qui sont les fruits de l’Esprit Saint. Elle n’avait qu’à exister, sa vie
    était un appel, sa vie est un appel. Frères et Soeurs, en terminant, je dirai simplement ceci : il n’y
    aura jamais qu’un moyen de connaître en profondeur Mère Yvonne Aimée, c’est de l’invoquer.
    L’expérience le montre : sitôt qu’on s’adresse à elle, elle se dévoile en répondant.
    Abbé Paul Labutte, Homélie à Cossé en Champagne, le 16 juillet 1981
    Neuvaine à Mère Yvonne-Aimée de Jésus
    Ô Yvonne-Aimée, tant chérie de Notre Seigneur Jésus, du fond de ma petitesse et de mes faiblesses,
    je m'adresse à toi qui as été comblée de tant de grâces et de bénédictions par le Seigneur. Daigne
    solliciter pour moi la grâce de ........ si la Justice de Dieu le permet. Ô Jésus, Roi d'amour, qui a
    inspiré à Ta Servante Yvonne-Aimée une participation généreuse à Ta tendresse infinie pour les
    âmes, une ardente dévotion envers la Sainte Eucharistie, une fidélité inébranlable à Ton service,
    daigne, nous T'en supplions, glorifier en elle tous Tes dons, et m'accorder par son intercession, la
    grâce que j'implore avec confiance de Ta divine et miséricordieuse bonté. Ô Toi, qui vit et règne
    avec Dieu le Père dans l'unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen
    Ô mon Dieu, ne me laisse pas succomber à la tentation mais délivre-moi du Malin.
    Ô Seigneur écoute ma prière et que mes cris s'élèvent jusqu'à Toi.
    Ô Jésus, Roi d'Amour, j'ai confiance en Ta miséricordieuse bonté