• Tariqa Tijaniya

    BAYE NIASSE L'AXE DES POLES

    BAYE NIASSE L'AXE DES POLES
     

    Cheikh Ibrahim Niass , C'est le Cheikh  le Maître  dans toutes ses dimensions. [C'est le maître accompli dans toutes les charges afférentes aux fonctions d'un maître : maître de Coran, des sciences islamiques classiques, auteur d'ouvrages, éducateur spirituel, éducateur par le comportement quotidien dans la famille, dans le travail et dans l'adoration]. Il est le porte-parole de son temps, la lumière de son époque, façonné d'un moule unique (incomparable), le lieu focal du regard divin parmi les créatures, la porte ouverte de ceux qui souhaitent accéder à l'Enceinte scellée de Dieu, l'unique de son siècle dans la science et dans la religion, le maître de son moment dans l'éducation spirituelle (tarbiyya), le symbole des biens dirigés, le sceau des gnostiques du quatorzième siècle de l'Hégire. Il est la beauté des jours et des nuits, la preuve des gnostiques (connaisseurs de Dieu) remarquables, la lueur de la communauté muhammadienne, le défenseur de la voie ahmadienne, ibrahimiyya, la pure (il s'agit là de la voie tijaniyya conforme à la foi pure (hanîfa) du père des croyants, le prophète Ibrahîm), la crème de ses hommes majestueux. Il est l'aube des sciences et des connaissances, la somme des deux mers des sciences et des [connaissances] puisées , la citadelle imprenable, la grotte élevée hors de portée, la perle de la couronne des nobles véridiques, la perle centrale du précieux collier des pôles hors pairs, le porteur du drapeau des honneurs parmi les créatures, le rassembleur des sciences dispersées parmi les grands savants soufis de la communauté, du premier au dernier. Il est doué des beaux caractères et des saintes qualités morales muhammadiennes. Il est la limite des sciences émises par la Vérité Qui Gratifie [haqqâniyya et wahbiyya], des connaissances divines issues de la miséricorde de Dieu [rahmâniyya et rbbâniyya]; station qui ne saurait être décrite, même avec prolixité et loquacité, par la simple grâce et la faveur de Dieu.

    Il est celui qui n'a point d'égal ni semblable, ni dans le présent ni dans le futur, celui-là qui s'est solidement installé sur la crête de la noblesse, de la pureté et de l'accomplissement par le biais de l'héritage muhammadien et de l'éducation spirituelle ahmadienne khatmienne [c'est-à-dire, de par la formation dans la tarîqa de Cheikh Ahmad Tijân, le sceau, khatm, des saints]. Paré des couronnes, des plus beaux joyaux de joaillerie, il possède les indications subtiles et des instructions conduisant vers les grandes réalisations, les expressions inspirantes.

    GENEALOGIE

    Il s'agit là de notre maître, notre intercesseur envers notre Seigneur, le pôle, l'unique, le saint (rabbânî), le grand gnostique, le ferme (samdânî) , Cheikh Ibrahîm Niass, fils de cAbdallah le Tijânî, fils de Seyyidi Muhammad, fils de Mademba, fils de Bakary, fils de Muhamadul Amîn, fils de Samba, fils de Ridà (RA).
    [Ridà, était lui un émigré arabe, qui s'est réfugié au Jolof, pourchassé à la suite d'une guerre sainte à laquelle il a pris part. Arrivé au Jolof, il a épousé la dame Djeyla, princesse issue de la famille du Roi de Jolof ou Bourba Jolof. Voir plus bas, la note de Ibrahim Abu Bakr Niass]

    NAISSANCE

    Il est né le soir du jeudi, quinzième jour du cinquième mois de l'année lunaire de 1320, après l'Hégire à Tayba, village fondé par son père. Le sens du nom de ce lieu de sa naissance [Tayba signifiant pure ; étant aussi un nom de la ville du Prophète (psl)] préfigurait déjà de l'avenir majestueux de cet imâm majestueux.

    ENFANCE ET FORMATION

    Il a grandi dans le giron de son père. Ce dernier, caractérisé par la chasteté, la crainte révérencielle, la bravoure, la vertu, une grande éducation, et par une grande dévotion, lui apprit le Coran, version warch can nâficiñ, jusqu'à la maîtrise complète.

    Dès son enfance, il manifestait déjà des signes patents de réussite. Mais, il redoubla d'efforts et ne les ménagea pas, en vue de l'acquisition des sciences classiques, celles qui sont énoncées (mantûqa) et celles qui sont inspirées (mafhûma) (voir note 1). Il persévéra jusqu'à atteindre les objectifs en acquérant l'expertise avérée dans toutes les branches des sciences religieuses, en y occupant une place de premier choix, en très peu de temps. Alors, Dieu l'établit comme une miséricorde pour ses serviteurs, comme un avantage pour les métropolitains et pour les provinciaux.

    C'est son père, à l'autorité ancrée et à la célébrité répandue, qui s'est personnellement chargé de son éducation. Il reçut de lui, par la grâce de Dieu, les perles des utilités et le nectar des secrets, des invocations et des us et coutumes. Par la suite, Dieu lui accorda la grande ouverture et les sciences infuses [culûmuñ wahabiyyatuñ laduniyyatuñ : sciences infuses accordées par Dieu dans sa promiscuité, sciences qu'on acquiert pas par l'effort personnel ni par l'apprentissage]. Il ne les a apprises de personne.

    ENSEIGNEMENTS

    Il ne cessa de fructifier des acquis de sa science et d'en propager les résultats, jusqu'à ce que les foules, désireuses de sciences, affluèrent vers lui et s'inscrivèrent dans ses écoles. Ces écoles ont formé de grands savants, vertueux, et pratiquants. Les savants versés dans les sciences rationnelles et dans la gnose, ont témoigné de cela. Ses bénédictions se sont répandues sur l'ensemble des frères tandis que sa position a survolé celles de tous ses contemporains.

    [Un de ses disciples, Cheikh Mustafà Guèye, ira plus loin en disant : Cheikh Ibrahima Niass a formé des savants qu'aucune université n'a encore formé de semblables !].


    ITINERAIRE DANS LA VOIE TIJÂNIYYA

    Il a reçu l'autorisation dans la voie Tijâniyya de l'incomparable de son époque, la preuve de son siècle, le zamzam [pour dire le nectar] de ses litanies [ensemble des invocations journalières, hebdomadaires, mensuelles ou annuelles d'une voie çufi, voir [1] ], et de ses secrets, la somme de ses lumières et invocations, son maître et père, le savantissime, le guide parfait par l'exemple, le khalif de Cheikh Ahmad Tjânî sans le moindre doute, le porteur du drapeau de sa voie dans les pays de l'ouest, n'est-ce-pas lui, le guide, l'une des sommités parmi les montagnes, le rassembleur entre les sciences ésotériques [Charîcatu : lois officielles, ou monde extérieur] et les sciences ésotériques [haqîqatu : mysticisme ou loi interne ou réalité cachée des choses], ce qui fit de lui le meneur et guide de la voie tijâniyya, je veux nommer El Hadj Abdallah fils de Seyyid Muhammad, que Dieu ne cesse de l'élever vers la position la plus louée.

    Puis, son âme complète et fière, calme, agréante et agrée [l'enseignement çufi distingue sept dégrés de l'ame : l'âme (nafs) est d'abord encline au mal (aämmâratuñ bi-äl-sû-ï), puis (lawwâmatu ), puis inspirée du bien et du mal (mulhamatu), puis apaisée (mutmayïnnatu), puis agréante (râdiyyatu), puis agrée (mardiyyatu), puis enfin complète et totalement accomplie (kâmila) : dans cette dernière étape, il n'y a plus de séparation entre Dieu et l'esclave] s'enflamma d'aspirations et son souci supérieur, qui réduirait d'un seul coup les montagnes en poussière s'il s'y était attaqué [pour dire : les plus grandes difficultés ne résisteraient pas devant sa volonté], se dressa vers la cueillette des fruits des sciences infuses (haqqâniyya) et des goûts malakûtî et des secrets jabarûtî [Dans l'enseignement çufi et tijânî en particulier, Dieu possède cinq enceintes : le nâsût, le malakût, le jabarût, le lâhût et le hâhût]. Il y atteint un point incessible à tout autre, à cause de son élévation, dans le passé et dans le futur. A ce propos, le savantissime poète au style délicieux, mawnâk äl-tungudî, a dit, en éloge à Cheikh Ibrahîm Niass :

    qutbu äl-tijâniyyati äl-chahîru wa tâjuhâ
    wa aïmâmuhâ wa jadûduhâ tîjânuhâ
    dhû äl-rutbati äl-culyâ äl-latî tanhattu can-
    hâ äl-cârifuna wa law samâ cirfânuhâ
    wa bihi äl-charîcatu qad tamakkana sîtuha
    wa bihi äl-haqîqatu samâ bunyânuhâ
    kiltâhumâ lawlâhu aäqfara rasmuhâ
    bayna äl-warà wa tadakdakat aärkânuhâ

    Célèbre pôle et couronne de la Tijâniyya ;
    Son guide ; et ses parents furent ses couronnes
    Doué de la station suprême inaccessible
    Aux gnostiques, même à la gnose très élevée
    Par lui, la renommée de la charîca s'est fortifiée
    Par lui, les fondements de la haqîqa se sont dressés
    N'eût été lui, les traces de toutes les deux seraient perdues,
    Et leurs piliers anéanties parmi la créature.


    Ensuite, il se dressa pour le service des créatures, jour et nuit, matin et soir, au moyen des sciences infuses et les connaissances divines.


    INSTALLATION AU SOMMET DES SCIENCES

    Il monopolisa et enfourcha le Coran [enfourcher : image pour dire << maîtriser>>], les traditions du Prophète (PSL), la littérature, l'enseignement, l'orientation, l'éloquence, la rhétorique dans ses multiples aspects, à un tel point qu'un autre s'y sentirait comme un pique-assiette. Les littéraires de son époque, des contrées immédiates et lointaines, ont tous témoigné de cela. Quand il s'exprime, les maîtres arabes de l'éloquence se mettent à genoux en lui tendant l'oreille, et qussuñ ibn sâcida devient bâqil à ses cotés. [quss, célèbre poète et littéraire arabe. On le donne souvent en exemple de quelqu'un de très doué, devant Bâqil, exemple d'homme plutôt insignifiant]. Il avait la maîtrise de toutes les sciences rationnelles et les sciences transmises []. Il les manipulait à sa guise dans multiples sens, y extrayait ses perles, à l'improviste, de ses mines.
    Quant aux vérités essentielles divines et les connaissances saintes, il en fut le dépositaire, la clé, la niche, la lanterne et le verre [termes typiques empruntés à la description coranique de la lumière divine : Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Il en est de Sa lumière comme d'une niche où trouve une lampe, dans un vers, le verre, comme un astre de grand éclat ..., Coran 24 :35]. Il jouissait de très nombreuses faveurs et des qualités immenses.

    SES HONNEURS ET SON COMPAGNONNAGE

    Ses honneurs, ses gloires, ses bienfaits envers la créature de Dieu, de toutes sortes, matériels et immatériels, sont si nombreux que toutes les plumes et les langues du monde ne peuvent les énumérer. Il a tété les mamelles de la gloire, de la bonne éducation et de l'effort librement consenti en vue de l'obtention de l'agrément de Dieu l'Affectueux et le Gracieux, de l'assistance aux pauvres et démunis et impotents. Il persévéra dans cette voie jusqu'à ce que sa renommée se propagea et illumina les horizons. Furent plantés devant lui les drapeaux de la victoire, sans contestation possible. Il ne cessa, durant sa vie, de gratifier excellence, surplus, dons et grâces, à tout instant, à tout moment. L'écoulement de ses bienfaits et de sa générosité, et de sa bienfaisance est comme un mouvement perpétuel de va et vient dans tous les recoins. En résumé, ses qualités sont innombrables hors de portée de toute inspection. Les chiffres, mêmes utilisés sur toutes les feuilles, ne sauraient y parvenir !

    SON AUTORITE EN POESIE ET PROSE

    Quant à son excellence en poésie (nazm), prose (nathr), en rhétorique (badîca), allitération (aäjnâs), en éloquence (fasâha et bayân) de la plume et de la langue, ni Sahbân ni Hasân ne sauraient rivaliser avec lui. [Sahbân bn wâyïl et Hasân sont deux très grands poètes et littéraires arabes, donnés en exemple de sommités dans ces domaines]

    SON ŒUVRE

    Il a écrit plusieurs ouvrages, rapports, notes et ouvrages-réponses, importants et utiles, y condensant les connaissances éparpillées dans textes de l'élite des imâms et guides sûrs .
    On peut citer parmi ses ouvrages

    1 - Kâchifu äl-aïlbâs can faydati äl-khatmi aäbî äl-cabbâs
    Le dévoilement des voiles de la profusion du Sceau, Abûl Abbâs
    2 - Masarratu äl- majâmici fî masâyïli äl-jâmici
    La joie des assemblées à propos des questions relatives à la grande mosquée
    3 - Äl-khamru äl-halâlu fî madhi sayyidi äl-rijâl
    Le vin licite à propos de l'éloge du Seigneur des hommes
    4 - Taysîri äl-wusûli aïlà hadrati äl-rasûl
    Le rapprochement de la liaison vers l'enceinte du Prophète
    5 - Tîbu äl-aänfâsi fî madâyïhi äl-khatmi aäbî äl-cabbâs

    6 - Rawdu äl-muhibbîna fî madhi sayyidi äl-aârifîna
    Le jardin des amoureux à propos au seigneur des gnostiques
    7 - Äl-nûru äl-rabbânî fî madhi äl-sayyidi aähmada äl-tijânî
    La lumière rabbanique à propos de sieur Ahmad Tijân
    8 - Rûhu äl-aädabi, limâ hawàhu min hikamiñ wa aädabiñ
    La quintessence de l'éducation spirituelle.
    9 - Nûru äl-basari fî madhi sayyidi äl-bachari
    La clairvoyance de la vision dans l'éloge du seigneur des hommes
    10 - Äl-sirru äl-aäkbar wa äl-kibrûtu äl-aähmar
    Le plus grand secret et le souffre rouge
    11 - Tuhfatu äl-aätfâli fî haqâyïqi äl-aäfcâl
    Le cadeau des enfants à propos des réalités des verbes
    12 - Äl-faydu äl-aähmadî fi äl-mawlidi äl-muhammadî
    La profusion ahmadienne sur la naissance muhammadienne
    13 - Tabsiratu äl-aänâmi fî aänna äl-cilma huwa äl-aïmâm
    Eclairage des hommes que la science est le guide
    14 - Ruhu äl-hibbi fî madhi äl-qutb
    L'Esprit de l'Amour dans l'éloge du pôle (qutb)
    15 - Tabsiratu äl-aänâmi fî jawâzi ruwüya Tabsiratu äl-aänâmitu äl-bâriyï fî äl-
    yaqzati wa äl-manâm

    Eclairage des hommes sur la possibilité de la vision de Dieu, en état de veille et en état de sommeil.

    Qu'il te suffise pour preuve de son mérite, sa haute autorité, la grandeur de ses préoccupations, son élection par le seigneur, comme le puits de breuvage de ceux qui ont soif, le point de refuge des pèlerins aspirants, le secoureur de ceux qui cherchent protection, le succès des nécessiteux, l'aliment de ceux qui frappent aux portes. Considère aussi l'avènement de la fayda [profusion mystique permettant au Cheikh me mettre en contact les disciples avec l'enceinte sacrée divine] , celle-là même qui a été prédite par Cheikh Ahmad Tijâni, le pôle , le sceau caché, le muhammadien, le connu. Il s'était propagé que celle-ci devait se produire à la fin des temps. Des milliers de disciples ont atteint, par son intermédiaire, à la gnose parfaite, en témoins occulaires. Des délégations, par groupes, lui sont venues de toute part, de toute race, ont embrassé notre Voie, voie des grâces rabbâniques et des dons gnostiques.

    Tous ceux qui ont pris ce wird précieux, ont obtenu le secours spirituel (madad) et se sont installés dans les contrées de la gnose.

    Le poète déjà cité, äl-tungudî, a dit à ce propos

    Yâ khayra man zujira äl-citâqa libâbahu
    Wa tanâfasat fî zawrihi rukbânuhâ
    aïnna äl-khlalâyïqa fawzuha fî zawrikum
    wa bi tarki zawritiha lakum hirmânuhâ
    fâzat binafhatika äl-khalâyïqu wa aïftaqà
    sawdânuhâ fî zawrukum baydânuhâ
    hazana äl-tarîqu, aälanta limurîdikum
    lâ sakhrahâ yakhchà wa lâ safwânahâ
    aänta äl-aïmâmu aïmâmuha wa tabîbuhâ
    khirrîtuhâ luqmânuha sultânuha
    wa lâ aänta tabbacuhâ wa qaysaruhâ aänû
    charwânuhâ wa najachuhâ wa khâqânuhâ

    O toi le meilleur vers qui les chameaux sont dirigés vers sa porte,
    Et vers qui les caravanes, en visite, se font la course
    Le bonheur des êtres est dans la visite qu'ils te font
    leur malheur est dans leur abandon de celle-ci

    Les êtres s'épanouissent de ton souffle et, les blancs,
    Suivirent les noirs vers toi,
    Gardien de la Voie, tu l'as amolli pour tes disciples au point
    Qu'ils ne craignent ni la pierre ni la roche
    Tu es l'imâm, son imâm, son medecin,
    Son guide, son luqmân, son prince
    Tu es son tubbacu, son qaysar, son charwân, son najâch, son khâqân

    *************** =============

    1 – Cheikh Ibrahima Niass : äl-bayân wa äl-tabyîn cani äl-tijâniyyati wa
    tijâniyyîn. Traduit par l'Assise sous le Titre : Lumières sur la Tijâniyya.

    Mardi 15 Août 2006
    Lu 2156 fois
    Baye Niasse : Il y a 106 ans...
    C'est ce samedi que sera célébré le cent sixième anniversaire de la naissance de Baye Niasse. Occasion pou nous de revisiter l'œuvre de l'homme avec un de ses disciples, Cheikh Baye Niang.

    Par Baye Cheikh NIANG


    Cent six ans se sont passés depuis la naissance de El Hadji Ibrahima NIASS. Le samedi 12 août 2006, la communauté musulmane dans son ensemble va célébrer cet anniversaire à travers un grand rassemblement qui aura lieu à TAIBA NIASSENE, lieu où il naquit en 1900 de l'ère chrétienne.

    Cet homme multidimensionnel aura marqué l'humanité toute entière à travers une influence religieuse qu'aucune autre personne n'a eu depuis lors. A travers le monde, ses talibés, par milliers vont affluer vers la cité religieuse de TAIBA pour communier ensemble. Nous profitons de cette occasion pour visiter une partie de son œuvre gigantesque afin de permettre aux générations présentes et futures de mieux connaître cet illustre personnage.

    Mais Sidi Barham ou Baye NIASS, comme aimaient l'appeler ses amis du monde entier mérite t-il toute la dévotion que lui vouent encore ses talibés ? Oui ! Car rares sont les hommes de Dieu qui ont pu réunir autant de « baraka » durant leur cursus spirituel : connaissances théosophiques remarquées, très vaste culture didactique, esprit de méthode, d'organisation, d'éducation et serviabilité démesurée.

    En cet anniversaire, l'occasion n'est pas fortuite pour parler de l'œuvre colossale du Cheikh dont le besoin d'expansion de l'Islam aura conduit dans les quatre coins du monde et fait de lui un Ambassadeur considéré du Sénégal. Ce fait qui dépasse le cadre confrérique et même religieux honore tous les fils de notre pays et du continent africain.

    Les principaux axes de sa mission qui ont marqué toute sa vie s'articulent autour de :

     sa science ésotérique d'initiation islamique qui défraya la chronique des années trente et lui attira des jalousies ;
     sa politique d'expansion de l'islam à travers le monde (Afrique, Asie, Amérique) ;
     l'efficacité de ses méthodes d'enseignement et la pérennité de ses institutions scolaires.

    La Science Initiatique

    Il s'agit là d'une méthode éducative ou plus exactement d'une voie menant directement à la connaissance divine, connue sous le terme de '' Tarbiya''. Cette science initiatique qui utilise le « Zikr » (incantation du nom d'Allah) est l'ultime voie de salut du croyant. Dieu n'a-t-il pas dit : « Cherchez à me connaître avant de m'obéir ? » et d'ajouter : « Souvenez-vous de moi, je me souviendrai de vous. »

    S'il est vrai que la foi est une plante de serre qui doit être régulièrement entretenue, il est tout aussi patent qu'elle doit être solidement implantée.

    Seulement tout dépend du maître, car des marabouts, il y en a toujours eu, mais les objectifs visés ainsi que les méthodes utilisées sont tributaires de la profondeur de leurs sciences, de leurs degrés de spiritualité et de la facilité d'accès à leurs enseignements.

    C'est là, un des aspects de l'originalité des méthodes de Cheikh Ibrahima NIASS. Parler de l'œuvre du Maître revient à parler du maître lui même, de son aura, c'est à dire son rayonnement spirituel. L'histoire de Baye NIASS remonte bien avant sa naissance. Sa Vénérable mère, peu avant son apparution, vit en songe la lune qui descendit du ciel et disparut dans son corps. Elle en parlera au père, El Hadji Abdoulaye NIASS qui lui recommanda de garder le secret. Quelques mois après, le 17 octobre 1900, naquit le Cheikh. De Grands Saints firent des révélations sur la vie du jeune Ibrahima tandis que d'autres prédirent qu'il était chargé d'une mission prophétique. Parmi ces visionnaires, citons Waladul Hajj qui quitta sa Mauritanie natale sous la conduite d'une lumière divine, à la recherche du '' Qoutbou Zamane'' (Maître Elu de son temps). Celui ci, après de vaines recherches en Mauritanie descendit au Sénégal, précisément à Dakar mais la lumière divine le conduisit à Kaolack où après la visite de plusieurs familles religieuses il aboutit finalement à la maison de El Hadji Abdoulaye NIASS. C'est là, enfin qu'il trouva l'enfant prodige qui était encore en bas âge. Le Saint homme retourna en Mauritanie mais reviendra plus tard prendre contact avec El Hadji Ibrahima NIASS. C'est ainsi que prit forme les relations entre la famille du Cheikh et les '' Chérifs '' de ce pays.
    En 1929, il fut proclamé Qoutbou Zamane. L'authenticité de sa pensée religieuse n'a jamais perdu de son essence car la flamme de son ordre confrérique a toujours été bien entretenu par ses ''Moukhadams'' (représentant)

    Pionnier de l'Intégration Africaine

    L'islam est une religion qui s'adresse à tous les peuples et à toutes les nations. Sa cible : tous les êtres de la planète sans distinction, son champ d'action tous les pays du monde. Du temps du Prophète (P.S.L) comme après sa disparition, l'islam a connu une expansion continue. Alors, propager le message divin devient donc un sacerdoce pour Sidi Barham. Baye NIASS comprit vite la mission qui lui revenait dans cette profession de foi. Il a toujours déclaré : « le Sénégal est très islamisé et bien servi dans le domaine de la formation religieuse et de l'enseignement coranique. Beaucoup de Dahras qui y existent et plusieurs saints y cohabitent. Notre devoir, c'est de porter la lumière vers les peuples qui vivent encore dans l'obscurantisme. »

    La Gambie étant le pays le plus proche fut visitée la première. Les talibés de Cheikh Ibrahima constituent encore de nos jours la frange la plus représentative de la communauté musulmane de ce pays.

    Le Mali, la Haute – Volta (Burkina Faso), le Niger, la Sierra Léone, le Ghana et le Nigeria suivirent. C'est dans ce dernier pays surtout que le miracle du Cheikh s'est accompli ; des milliers de fidèles en extase, se prosternaient pour rendre hommage au Maître à chaque fois qu'il foulait le sol de Lagos. Cette verve religieuse persiste toujours dans ce vaste pays. Des statistiques estiment à près de cent millions le nombre de disciples nigérians, membres de la confrérie du guide spirituel. Mais la percée de ce Grand Maître ne saurait s'arrêtait en si bon chemin. Le Maghreb et le Machrek furent aussi sur le tableau d'affiche. Baye NIASS fut vite reconnu et considéré par les dignitaires du monde arabe. Il eut tous les honneurs au Maroc, en Egypte, en Libye, en Arabie Saoudite, dans les Emirats du golfe pour ne citer que ceux – là.

    Il effectua d'ailleurs un voyage en Chine où il séjourna pendant plusieurs mois et eut beaucoup d'adeptes. Les Etats Unis seront plus tard explorés par son petit-fils et Imam de la grande mosquée de Médina Baye (cité religieuse créée par le Cheikh ), Cheikh Hassane CISSE qui a converti beaucoup d'américains à la religion musulmane.

    Rappelons aussi que Cheikh Ibrahima NIASS a reçu plusieurs honneurs aussi bien au Sénégal qu'à l'étranger. Il a participé à d'innombrables rencontres islamiques à travers le monde et n'a jamais eu de répit pour aller répondre à l'appel du monde musulman. Il était membre fondateur de l'Académie de Recherches Islamiques de l'Université 'Al Azar du Caire, de la Ligue Islamique Mondiale, de la première Organisation de la Conférence Islamique (dont le siége était au Pakistan où il accepta les fonctions de Vice-Président), du Conseil Supérieur des Affaires Islamiques au Caire, de l'Association de l'Union des Universités Islamiques dont le siége est à Fez. Il a été également l'invité d'honneur du premier congrès de l'O.C.I tenu en 1969 à Rabat. Il fut gratifié du titre de Docteur Honoris Causa de l'Université Islamique de Libye.

    Enseignant et Formateur

    L'importance que Cheikh Al Islam portait sur l'enseignement et l'éducation de la jeunesse se contaste de visu dès qu'on foule le sol de Médina Baye. L'apprentissage de la religion par l'enseignement du coran et le respect de la discipline occupe une place de choix chez le Saint Homme. Il a créé plusieurs écoles avec des programmes différents selon les matières à enseigner. C'était un vrai éducateur, un innovateur averti. Baye Niasse a su adapté l'enseignement traditionnel aux nouvelles exigences du monde moderne ; profitant ainsi des instruments et structures disponibles pour améliorer son travail. Il effectuera des périples dans plusieurs pays islamiques pour tisser des relations avec des responsables d'Instituts, d'Universités, et de Grandes Ecoles.

    Pour le Cheikh, deux perspectives se dessinaient d'ores et déjà : construire un vrai centre d'enseignement et envoyer de jeunes étudiants poursuivre leurs études à l'étranger. C'est ainsi qu'il créa l'Institut El Hadji Abdoulaye NIASS inauguré en 1970 à Kaolack. Cette école devait remplacer les Dahras traditionnels pour la formation de diplômés en vue de leur intégration dans les structures étatiques tout en participant à l'expansion de l'Islam. Cheikh Ibrahima NIASS voulait en outre montrer à la génération naissante la meilleure façon de profiter des progrès technologiques sans monnayer sa foi. L'Institut El Hadji Abdoulaye NIASS a été reconnu par le Gouvernement Sénégalais en 1975 et par les Gouvernements de beaucoup de pays africains et arabes. Pour rapprocher davantage cette structure scolaire des fidèles éloignés, il fut décidé de créer des écoles annexes. C'est ainsi que plusieurs unités scolaires ont été mises en place dans certaines villes du Sénégal, du Ghana, du Nigeria, de la Sierra Léone, de la Mauritanie et de la Gambie

    Parler de l'oeuvre de Cheikh Al Islam, revient à évoquer l'histoire d'un saint homme dont les réalisations au cours de ses soixante quinze ans de vie terrestre dépassent l'entendement humain; un Maître qui aura sacrifié toute son énergie au service de l'Islam. Quel hommage mérité devrait-on donc rendre, à la mémoire de Baye NIASS , en ce jour d'anniversaire de sa naissance ? On ne saurait le dire ; seulement perpétuer son oeuvre.
    PAR Cheikh Baye Niang