• Fulcanelli révélé ?

     

     

    Après plus de quinze années de réflexion, nous nous sommes enfin décidé à révéler la véritable identité de l'énigmatique FULCANELLI. Qui était le magistral auteur du Mystère des Cathédrales et des Demeures Philolosophales, dont la portée demeure considérable encore de nos jours, à l'orée du XXIème siècle

    FULCANELLI a légué dans son oeuvre, outre un enseignement inégalé en matière d'Alchimie et de Symbolisme Hermétique, de précieux éléments permettant de cerner sa véritable personnalité et d'établir ainsi avec certitude son identité patronymique.

    Suivant le fil conducteur habilement laissé aussi par Eugène Canseliet qui était l'unique disciple de FULCANELLI, nous nous sommes livré ici à une véritable enquête qui nous amené à nous pencher sur le milieu alchimique mais aussi scientifique des années 1880-1920. Il apparaît ainsi peu à peu clairement que celui qui se dissimulait derrière le pseudonyme de FULCANELLI, était également un membre prestigieux de l'Institut. En effet, ses divers mémoires et communications retenus par l'Académie des Sciences furent légion. Il est donc nullement étonnant qu'il ait fréquenté, suivant le propre témoignage d'Eugène Canseliet, des savants de son époque, tels le vieux Chevreul, Marcellin Berthelot ou bien encore Pierre Curie, mais aussi des hommes politiques très en vue, qu'il rencontrait chez son ami Ferdinand de Lesseps, l'homme à l'origine du fameux Canal de Suez !

    Cette minutieuse enquête fait revivre les moments intenses et les passionnantes découvertes qui jalonnèrent la vie du grand alchimiste dont le pseudonyme de FULCANELLI signifiant le Feu du Soleil, était parfaitement approprié. Celui-ci désignait en effet tout aussi bien ses préoccupations hermétiques que ses recherches d'ordre scientifique, qui lui valurent d'accéder à double titre à ... l'immortalité !

     


    Son élève et disciple Eugène Canseliet s'est efforcé de placer le lecteur sur la piste en laissant derrière lui de nombreux indices permettant de découvrir la réelle identité du Maître qui se profilait derrière le pseudonyme de FULCANELLI.

    A qui n'a-t-on pas attribué la véritable identité de FULCANELLI, dans l'entourage d'Eugène Canseliet ? Après avoir prétendu, par commencer, qu'il s'agissait de lui-même, ainsi que le pensait Paul le Cour, l'éminent fondateur d'Atlanta, les auteurs Jules Boucher, Robert Ambelain, Robert Amadou et plus récemment Geneviève Dubois (1) n'hésitèrent pas à proclamer haut et fort qu'il ne pouvait s'agir que du peintre Jean-Julien Champagne, à moins que ce ne fut R. Schwaller de Lubicz que fréquentait ce dernier, ou bien encore le célèbre écrivain Rosny-Aîné, auteur de la Guerre du Feu, ou peut-être l'érudit Pierre Dujols dont la librairie parisienne accueillait les hermétistes de l'époque.

    Selon Richard Khaitzine (2) , FULCANELLI n'était autre que le Dr Jobert qui, passionné d'Alchimie, aurait réalisé en public, en 1905, une authentique transmutation en or.

    Il faut savoir en outre, que Pierre Pelvet, dans une thèse de doctorat intitulée "L'Alchimie en France dans la première moitié du XX' siècle", identifiait FULCANELLI à F. Jollivet-Castelot, alors président de la "Société Hyperchimique de France. Quant à l'écrivain Jacques Bergier, il affirmait avoir rencontré un alchimiste qui n'était autre que FULCAGNELLI (in "Le Matin des Magiciens") et prétendait qu'il s'agissait de R.Schawaller de Lubicz

    Dans un récent ouvrage, un jeune auteur, Frédéric Courjeaud (3) est allé jusqu'à prétendre que FULCANELLI n'était autre que le célèbre astronome Camille Flammarion. Mais, en réalité, il n' en est rien, la vérité étant bien différente ainsi que nous allons le découvrir.

     


    - LE "BLASON" DU MAITRE

    Dans notre livre L'Alchimie : Science & Mystique (éd. De Vecchi, Paris), nous avions déjà examiné en son temps, 1"'écu final" qui clôt Le Mystère des Cathédrales et dont l'anagramme - à une lettre près - désigne F-U-L-C-A-N-E-L(L)-I !

    Eugène Canseliet en fournit ainsi la lecture héraldique :

    Sur champ de gueules, cette céréale /un épi de blé/ surmontant l'hippocampe, tous deux d'or et issant de champagne (4) de même.

     

    selon Robert Ambelain (in La Tour Saint-Jacques), la devise "Uber Campa Agna "aurait tout simplement désigné le peintre Champagne dont le prénom, pour la circonstance, aurait été emprunté à son père : Hubert; ce prénom figurant après ceux de Jean-Julien sur l'acte officiel de décès de l'artiste et sa soeur l'utilisant dans une lettre adressée à R. Schwaller de Lubicz. Quoi qu'il en soit, rien n'interdisait en effet que l'illustrateur de FULCANELLI signât son oeuvre d'un ultime dessin sous la forme d'un écusson doté d'une devise pour le moins équivoque, d'autant que le principe d'assonnance phonétique propre à ceux qui maîtrisent le Langage des Oiseaux, ajoutait encore à la légende !

    Il est assez singulier de remarquer en outre que 1'hippocampe était synonyme de la "corne du dieu Amon" égyptien, pour les hermétistes et qu'il servait à désigner ainsi leur "Sel d' Harmonie" présidant à la réalisation du Grand OEuvre alchimique. Peut-être, est-ce pour cette raison - comme nous leconfia Serge Hutin - que le symbolique "cheval marin" était à l'honneur dans la famille des Lesseps à laquelle appartenait le fameux Ferdinand qui avait percé le Canal de Suez ? Sans doute, ce blason à l'hippocampe servait-il d' "écusson d'agrément"à la prestigieuse famille ! Notre regretté ami pensait quant à lui, que sa présence avenue Montaigne, désignait sans conteste Pierre de Lesseps, qui s'intéressait à l'Alchimie, comme étant FULCANELLI lui-même !

    Et si, dans un tout autre registre, "uber" était à prendre dans le sens de "rébus", le blason du Maître se lisant comme tel ?

    Alors, rien ne s'opposerait à y voir la queue de l'hippocampe désigner la lettre "J" comme initiale d'un prénom (Jean, Jacques, Joël ? ... ). En outre, le "J" pénétrant la champagne héraldique (5), il semblait la "violer" (phonétiquement violet). De plus, la champagne d'or formant la lettre "V", on pourrait y deviner l'initiale du mot précédent !

    Une dernière hypothèse subsiste : si l'on sait en effet que le totem ou emblême archaïque du pays d'Armor, l'Armorique, était un hippocampe (6), n'aurait-on pu y déceler une allusion à la cité bretonne d'Hennebont d'où était originaire l'épouse de Pierre Dujols et qui aurait alors désigné logiquement ce dernier comme étant FULCANELLI. Mais alors, pourquoi aurait-il signé son Hypotypose au Mutus Liber, du pseudonyme de Magophon (littér."la voix du mage") plutôt que de celui de FULCANELLI ? On s'explique mal en effet une telle incohérence ! Toutefois, un élément cabalistique ne manquera pas de retenir toute notre attention : songeons qu'Eugène Canseliet ne manquait jamais de rappeler que de même que Julien Champagne était l'ami intime de Pierre Dujols, FULCANELLI l'affectionnait et se plaisait à voir en lui le descendant des prestigieux Valois qui avaient régné sur la France. Or, le mot "Valois" fournit l'anagramme "violas", accusatif latin du sustantif viola, désignant ... une "violette" !

     


    - Le "Sieur de La Violette"

    Si Eugène Canseliet mentionna le spagyriste "Joseph Duchêne alias le Sieur de La Violette et pas moins de douze fois le nom de Viollet le-Duc dans ses livres, c'est qu'il ne manqua jamais l'occasion de faire allusion à l'homophonie du patronyme du Maître. De même, il n'omit pas davantage d'évoquer le Feu du Soleil ("Vulcain-Hélios") servant à désigner le pseudonyme de FULCANELLI. Souvenons-nous également que l'allusion qu'il fit souvent au distingué auteur de "La Poussière de Soleils", Raymond Roussel - que J-J Champagne surnommait "la classe" - n'y était certes pas plus étrangère ! Eugène Canseliet ajoutait d'ailleurs, à propos de cette oeuvre singulière, l'interprétation hermétique qu'en donna le poète "à l'étoile scellée". André Breton, en effet, s'interroge dans Fronton Virage, concernant un "secret" de grande envergure dissimulé par celui qu'il considère comme "le plus grand magnétiseur des Temps modernes", dont l'oeuvre est jalonnée de procédés "cabalistiques" faisant appel au langage des Oiseaux qui voile d'énigmatiques vérités : "Est-il bien concevable qu'un homme, étranger à toute tradition initiatique, se considère comme tenu à emporter dans la tombe un secret d'un autre ordre (qui ne serait après tout que le sien seul), tout en fournissant des indications qui paraissent témoigner d'un très vif désir de le faire retrouver ?"

    Ce "secret" était bien-entendu, outre celui du déroulement du Grand OEuvre, celui de la personnalité profane de FULCANELLI que Raymond Roussel connaissait parfaitement pour l'avoir rencontré plus d'une fois avenue Montaigne, à l'hôtel particulier des Lesseps. L'auteur de La Doublurey fréquentait par ailleurs J-J Champagne pour lequel il nourrissait une grande estime.

    Au nombre de ces indices semés par Eugène Canseliet figure également la légendaire rencontre qu'il fit avec FULCANELLI, en 1915, à Marseille. Il précise dans ses Alchimiques Mémoires que celle-ci se serait déroulée rue Dieudé où le Maître logeait alors dans un bel immeuble. Après avoir consulté 1"'Annuaire des rues de Marseille" de l'époque, il apparaît effectivement qu'au numéro 4 demeurait un certain Ch. Violette, relieur de son état. Cette qualification faisait-elle allusion à la célèbre sentence du Mutus Liber des alchimistes : "Lege, lege, relege ... labora et invenies" (Lis, lis, relis... ) par le truchement de la cabale phonétique ? Toujours est-il que l'homme en question ne pouvait que "s'întéresser aux vieux livres" ainsi que sa femme de ménage l'avait présenté en ces termes à Eugène Canseliet, alors étudiant aux Beaux-Arts, place Carli. Mais cette fabuleuse rencontre entre le Maître et le disciple tenait-elle davantage de l'histoire ou de la légende, en son sens étymologique du terme : legenda=ce qui doit être lu ? La question demeurait inéluctablement posée quand on sait à quel point les hermétistes sont férus de cabale phonétique !

    En tous cas, le patronyme de Violette était clairement postulé, de même que l'appartenance de FULCANELLI à la communauté scientifique de la fin du XIX' siècle ne semblait faire aucun doute, compte-tenu des témoignages figurant dans ses oeuvres et que nous allons brièvement évoquer ci-dessous.

    Après avoir passé en revue un certain nombre d'éminents scientifiques, dont des membres de l'Institut, manifestant leur intérêt pour l'Alchimie, tels Raspail, le vieux Chevreul, jeanBaptiste Dumas, Marcellin Berthelot ... FULCANELLI n'hésite pas à écrire : "Si nous n'étions tenu par la promesse que nous leur avons faite, nous pourrions ajouter à ces savants les noms de certaines sommités scientifiques, entièrement conquises à l'art d'Hermès, mais que leur situation même oblige à ne le pratiquer qu'en secret..." (in Les Demeures Philosophales)

    Dans un second passage, FULCANELLI souligne toute la difficulté du chemin à accomplir pour un scientifique, afin d'appréhender la réalité alchimique : "Défiez-vous donc de faire intervenir, en vos observations, ce que vous croyez connaître, car vous serez amenés à constater qu'il eût mieux valu n'avoir rien appris plutôtque d'avoir tout à désapprendre.

    Ce sont là, peut-être des conseils superflus, parce quels réclament, dans leur mise en pratique, l'application d'une volonté opiniâtre dont les médiocres sont incapables. Nous savons ce qu'il en coûte pour troquer les diplômes, les sceaux et les parchemins contre l'humble manteau du philosophe. Il nous a fallu vider, à vingt-quatre ans, ce calice au breuvage amer. Le coeur meurtri, honteux des erreurs de nos jeunes années, nous avons dû brûler livres et cahiers, confesser notre ignorance et, modeste néophyte, déchiffrer une autre science sur les bancs d'une autre école..."

    L'aveu du Maître est ici patent. Comment en effet, FULCANELLI aurait-il pu se montrer plus éloquent quant à sa qualité de scientifique appartenant au sérail !

    Au vu de ce qui précède, il semblerait pour le moins expédient de chercher à identifier FULCANELLI parmi les membres de. la prestigieuse Académie des Sciences, où tout au moins parmi les scientifiques qui virent retenus et donc publiés leurs Mémoires concernant leurs découvertes et présentés à l'Institut de France. De même, paraîtrait-il logique qu'il faille le chercher parmi les chimistes, voire les physiciens éminents de son temps !

    Dans un autre registre, il conviendrait de ne pas oublier que si les allusions à la couleur violette étaient fréquentes dans l'ouvrage en question de Raymond Roussel :"lys d'or du drapeau violet" (pp.122-124-125), toutefois, c'est le titre même de Poussière de Soleilsqui retenait l'attention d'Eugène Canseliet; cette expression faisant allusion, de toute évidence, au rayonnement Solaire. Eugène Canseliet désignait-il ainsi les recherches scientifiques effectuées par l'éminent savant dont le pseudonyme de FULCANELLI ("le Feu du Soleil") aurait tout autant servi à illustrer son état d'alchimiste que son identité réelle ?

    Si l'on se réfère à l'idée que le blason du Maître doive être analysé tel un "rébus", la lettre "J" (formée par la queue de l'hippocampe) semblerait alors violer la champagne de l'écu, celle-ci pouvant suggérer de plus la lettre "V". Ainsi, les initiales du patronyme de FULCANELLI auraient très bien pu être J.V. son nom devenant, pourquoi pas J. V.(iollet) ?

    Nous avons examiné avec force détails et moult intrusions dans l'univers de l'Institut de France, toutes les hypothèses possibles qui nous ramènent à une seule et unique solution qui est mise en lumière dans notre livre: "Fulcanelli révélé", à paraitre ces jours-ci (oct. 2000) aux éditons De Vecchi, le "mystère FULCANELLI" s'y trouvant ainsi définitivement éclairci ! (7)

     


    - FULCANELLI et les mystères de Séville

    Au cours des années cinquante, Eugène Canseliet effectua un bien curieux périple en Espagne, dont il confia secrètement le récit à son ami l'écrivain Claude Seignolle. Celui-ci désirait publier cette bien étrange histoire dans un recueil de témoignages plus ou moins fantastiques mais dans lequel devait apparaître le nom de leurs auteurs. Claude Seignolle céda toutefois à la tentation de publier ce récit, moyennant la condition expresse de demeurer dans le plus strict anonymat. Ce qui fut fait lorsque l'ouvrage parut en 1969, sous le titre générique d'Invitation au château de l'étrange (éd. Maisonneuve et Larose).

    Eugène Canseliet eut certainement connaissance de la publication de son témoignage demeuré dans l'anonymat et il décida deux ans plus tard, soit en 1971, de parler et de s'ouvrir davantage à propos de cet étrange voyage qui l'aurait mené dans la région de Séville, en Andalousie. Le journaliste Henri Rode l'interviewa à ce sujet dans le premier numéro de la revueLeGrand Albert : "Je voyageais en Espagne, avoura-t-il, non loin de Séville, où j'étais l'hôte d'amis possédant une belle demeure avec terrasse et double escalier donnant sur le parc. Je sentis tout de suite Fulcanelli dans l'ambiance. Surtout lorsque je découvris de ma fenêtre - ajoutant encore au charme du tableau - la présence d' un bambin d'environ dix ans et d'une petite fille, qui semblaient descendus d'un tableau de Vélasquez. Un poney et deux lévriers les accompagnaient. Mais, après une de ces longues nuits de travail dont je suis coutumier, la découverte que je fis me parut plus persuasive encore : dans une grande allée au feuillage dense, une jeune femme, une reine,s'avançait, portant le collier de la Toison d'or et suivie d'une duègne. Tout cela très vif, très lumineux. La jeune femme me fit un chaud signe de tête, et j'étais sûr que Fulcanelli me soufflait : 'Tu me reconnais ?" A quoi je répondis : "oui." Mais comment traduire de telles certitudes..."

    Que peut-on en déduire ? Qu'il s'agissait d'une proche parente du grand Adepte, apparue ainsi dans un tel accoutrement ? Ou bien, tel que le suggère d'ailleurs Kenneth Rayner Johnson (in The Fulcanelli Phenomenon, éd.Neville Spearman, Jersey), qu'il s' agissait d'un phénomène de type "initiatiques" comme lors d'une transe chamanique et symbolisant de plus ici parfaitement l'archétype de lAndrogynat hermétique !

    Quoi qu'il en soit, le caractère prodigieux revêtu par ces expériences relatées par Eugène Canseliet mérite bien qu'on s'y appesantisse quelque peu. Il fournit d'ailleurs d'autres détails au cour de divers entretiens ultérieurs. Il livra à ce propos dans Le Feu du Soleil (avec R. Amadou, éd. J-J Pauvert) : "Il (Fulcanelli) n'est plus là. Il est sur la terre, mais c'est le Paradis terrestre. Qu'est-ce qu'il fait maintenant ? Je n'ai rien vu. Je l'ai vu en arrivant, quand il m'a reçu en complet-veston/... / Et puis, je l'ai vu quand je travaillais au laboratoire. Il est venu me voir où je travaillais, au laboratoire, et je 1 'ai vu, je 1 'ai vu deux fois.

    Il faut encore ajouter à cela, un témoignage posthume qui fut fourni cette fois par le regretté Jean Laplace. Celui-ci, en effet, peu de temps après le décès d'Eugène Canseliet (en 1982), découvrit avec Isabelle, la fille du défunt, dans la propriété familiale de Savignies, une chemise cartonnée contenant des documents relatifs au fameux Finis Gloriae Mundi, le troisième ouvrage, non publié, de FULCANELLI, ainsi qu'une précieuse relique afférente au mystérieux voyage à Séville, qu'il évoqua en ces termes : "I...I un petit rectangle de bristol phographique dentelé sur ses bords à la mode des années cinquante. Je suis tellement impressionné par ce que représente cette vénérable relique, que je n'ose en révéler l'existence... Qu'en faire? Détruire ? Il serait regrettable de volatiliser à tout jamais l'esprit magistral fixé sur la plaque sensible à tout ce qui irradie."

    Puis, dans une note en bas de page : "Il ne faut pas comprendre qu'un ectoplasme s'y soit imprégné. Je parle ici du visage qui n'a gardé du commun des mortels que la forme humaine et s'est enrichi d'une indescriptible expression." (in J. Laplace, Index général..... dans l'OEuvre complète d'E. Canseliet,éd. J-J Pauvert)

    Aurait-on été étonné si FULCANELLI s'était adressé ainsi à son disciple, lors de leurs retrouvailles à Séville : "Ne me touche pas !..." lui aurait-il déclaré, renouvelant en cela le Mystère pascal où triomphe le Corps de lumière, seul digne d'immortalité glorieuse ...

    C'est précisément ce que la plaque sensible de l'appareil photographique avait dû saisir et que Jean Laplace, aujourd'hui disparu, tenta sincèrement de nous faire accroire !


    Finis Gloriae Mundî" ("La Fin de la Gloire du Monde")

    Le troisième ouvrage de FULCANELLI, qui fut soustrait suivant le désir de son auteur, à toute éventuelle publication, s'intitulait "Finis Gloriae Mundi" ("La Fin de la Gloire du Monde"). Le propos, ainsi que l'on s'en doute, devait en être grave ! Eugène Canseliet n'hésita pas d'ailleurs à l'évoquer de la manière suivante : "Dans la passive résignation des peuples asservis par le scientisme, je comprends mieux, après bientôt un demi-siècle, la ferme décision prise par Fulcanelli, que son troisième livre ne fût pas publié. . - "(in La Tourbe des Philosophes, n°4)

    Il faut dire que Finis Gloriae Mundi désigne aussi le titre d'un saisissant tableau conservé à l'Hôpital Santa-Caridad (de la Sainte-Charité), comme par hasard àSéville, en Espagne ! Ce panneau de deux mètres de côté fut exécuté par l'artiste Juàn de Valdès Léal, en 1672, à la commande de Miguel de Manara, dit Don Juàn. Lors de son séjour en Andalousie, Eugène Canseliet fut saisi par l'expression de ce macabre joyau.

    On peut y voir en effet au premier plan le cadavre d'un évêque en décomposition avancée, au fond de son cercueil. Face à lui, tête bêche, se trouve dans sa bière un chevalier - en qui E. Canseliet crut voir un membre de l'Ordre de Calatrava, successeur des Templiers - nullement affecté par la putréfaction cette fois et dont les yeux ouverts et la fraîcheur du teint laissent entendre qu'il repose paisiblement et échappe ainsi à toute usure du temps. On y décèle à la quasi-unanimité le personnage de Don Juàn en personne. Au second plan, une main portant la marque de la crucifixion, mais curieusement féminine, sort des nuées, portant le fléau d'une balance dont chacun des plateaux est souligné par les inscriptions nimas ("ni plus"), nimenos ("ni moins") ! A gauche, à l'entrée de la crypte, se tient une chouette en posture hiératique, symbole de la sagesse, semblant juger gravement la situation. A l'arrière-plan se devinent squelettes et ossementsdispersés qui participent au caractère déjà passablement macabre de cette scène intitulée Finis Gloriae Mundi, ainsi que l'indique le phylactère attaché au premier cercueil si inquiétant puisqu'il semble bien que l'Eglise soit ici à jamais déchue au seul profit de l'éveil initiatique symbolisé par le chevalier simulant la mort.

    D'ailleurs, le motif d'un autre tableau qui fait face, ne laisse planer aucun doute à ce sujet puisqu'il nous présente quant à lui la mort dotée de la faux moissonneuse - le pied squelettique foulant le monde symbolisé par le globe terrestre semblant mépriser les attributs pontificaux, telle la tiare et la croix papales, aussi bien d'ailleurs que les richesses du pouvoir temporel représentées par des joyaux et des épées dispercées cà et là. Le squelette indique de l'index de sa dextre la locution latine In ictu oculi (En un clin d'oeil") ; ce qui ajouté à la précédente sentence nous donne :

    La Fin de la Gloire du Monde..... En un clin d'oeil

     

    Avant sa disparition, hélas trop précoce, Jean Laplace eut la bonne fortune de découvrir, ainsi que nous le précisions précédemment, au sein de la fameuse chemise cartonnée demeurant à l'abri dans la maison de Savignies, les éléments constitutifs du synopsis de ce qu'aurait dû être le troisième livre du Maître. A ce sujet, il est à souligner qu'un faux Finis Gloriae Mundi, ne suivant en rien ce synopsis, a paru il y a quelques mois, dans l'indifférence générale. Démontrant magistralement qu'il s'agissait d'un "faux grossier", J-P Thomas indiqua alors dans sa critique intitulée "Finis Gloriae Mundi ou l'histoire d'une imposture caractérisée" : "le lecteur avisé s'épargnera quant à lui une dépense bien inutile de temps et d'argent en négligeant de se procurer une oeuvre aussi sournoise et nuisible au second degré que ridicule et insipide au premier

    Mais grâce à son oeuvre déjà considérable, la mémoire de FULCANELLI demeurera a jamais immortelle ...

    (1) G. Dubois : Fulcanelli dévoilé, éd. Dervy, Paris.

    (2) R. Khaitzine : Fulcanelli et le cabaret du Chat-Noir", éd. Ramuel ; et en collaboration avec J. Dreue : CD-Rom La chronique d'un mystère annoncé, sur www.contrepoints.com

    (3) F. Courjeaud : Fulcanelli. Une identité révélée, éd. Claire Vigne, Paris.

    (4) la champagne désignant en héraldique, le tiers inférieur du blason.

    (5) la champagne étant en héraldique le tiers inférieur du blason

    (6) Tandis que les Ducs de Bretagne adoptaient l'hermine dans leurs armoiries, se référant ainsi à la Princesse Hermione.

    (7) Cf. également, notre livre à paraître, en collaboration avec Johan Dreue : Fulcanelli ... les alchimistes de la République, www.contrepoints.com