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    La cosmologie de Moïse

    Antoine Fabre-d'Olivet

    Extrait de La Langue Hébraïque restituée

     

    Antoine Fabre-d'Olivet (1767-1824)I – La Principiation

    1. Dans le Principe, Ælohim, LUI-les-Dieux, l'Être des êtres, avait créé en principe ce qui constitue l'existence des Cieux et de la Terre.

    2. Mais la Terre n'était qu'une puissance contingente d'être dans une puissance d'être ; l'Obscurité, force astringente et compressive, enveloppait l'Abîme, source infinie de l'existence potentielle; et l'Esprit divin, souffle expansif et vivifiant, exerçait encore son action génératrice au-dessus des Eaux, image de l'universelle passivité des choses.

    3. Or, il avait dit, LUI-les-Dieux ; la Lumière sera, et la Lumière avait été.

    4. Et, considérant cette essence lumineuse comme bonne, il avait déterminé un moyen de séparation entre la Lumière et l'Obscurité.

    5. Désignant, LUI-les-Dieux, cette Lumière, élémentisation intelligible, sois le nom de Jour, manifestation phénoménique universelle, et cette Obscurité, existence sensible et matérielle, sous le nom de Nuit, manifestation négative et nutation des choses : et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la première manifestation phénoménique.

    6. Déclarant ensuite sa volonté, il avait dit, LUI-les-Dieux : il y aura une expansion éthérée au centre des eaux; il y aura une force raré­fiante opérant le partage de leurs facultés opposées.

    7. Et Lui, l'Être des êtres, avait fait cette Expansion éthérée ; il avait excité ce mouvement de séparation entre les facultés inférieures des eaux, et leurs facultés supérieures ; et cela s'était fait ainsi.

    8. Désignant, LUI-les-Dieux, cette expansion éthérée du nom de Cieux, les eaux exaltées : et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la seconde manifestation phénoménique.

    9. Il avait dit encore, LUI-les-Dieux : les ondes inférieures et gravi­tantes des cieux tendront irrésistiblement ensemble vers un lieu déterminé, unique; et l'Aridité paraîtra : et cela s'était fait ainsi.

    10. Et il avait désigné l'aridité sous le nom de Terre, élément termi­nant et final, et le lieu vers lequel devaient tendre les eaux, il l'avait appelé Mers, immensité aqueuse : et considérant ces choses, Lui l'Être des êtres, il avait vu qu'elles seraient bonnes.

    11. Continuant à déclarer sa volonté, il avait dit, LUI-les-Dieux : la Terre fera végéter une herbe végétante, et germant d'un germe inné, une substance fructueuse portant son fruit propre, selon son espèce, et possédant en soi sa puissance sémentielle : et cela s'était fait ainsi.

    12. La Terre avait fait pousser de son sein une herbe végétante et germant d'un germe inné, selon son espèce, une substance fructueuse possédant en soi sa puissance sémentielle selon la sienne : et Lui, l'Être des êtres, considérant ces choses, avait vu qu'elles seraient bonnes.

    13. Et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la troisième manifestation phénoménisme.

    14. Déclarant encore sa volonté, il avait dit, LUI-les-Dieux il y aura dans l'Expansion éthérée des cieux, des Centres de lumière, destinés à opérer le mouvement de séparation entre le jour et la nuit, et à servir de signes à venir, et pour les divisions temporelles, et pour les mani­festations phénoméniques universelles, et pour les mutations ontologiques des êtres.

    15. Et ils seront, ces Centres de lumière, comme des foyers sen­sibles chargés de faire éclater la Lumière intelligible sur la terre : et cela s'était fait ainsi.

    16. Il avait déterminé, LUI, l'Être des êtres, l'existence potentielle de cette Dyade de grands foyers lumineux; destinant le plus grand à la représentation du jour, et le plus petit à celle de la nuit ; et il avait déterminé aussi l'existence des facultés virtuelles de l'Univers, les étoiles.

    17. Les préposant dans l'expansion éthérée des cieux, ces foyers sensibles, pour faire éclater la Lumière intelligible sur la terre.

    18. Pour représenter dans le jour et dans la nuit, et pour opérer le mouvement de séparation entre la lumière et l'obscurité : et considé­rant ces choses, LUI, l'Être des êtres, il avait vu qu'elles seraient bonnes.

    19. Et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la quatrième manifestation phénoménique.

    20. Ensuite, il avait dit, LUI-les-Dieux : les Eaux émettront à foison les principes vermiformes et volatiles d'une âme de Vie, mouvante sur la terre, et voltigeante dans l'expansion éthérée des cieux.

    21. Et Lui, l'Être des êtres, avait créé l'existence potentielle de ces immensités corporelles, légions de monstres marins, et celle dé toute âme de Vie, animée d'un mouvement reptiforme, dont les eaux émettaient à foison les principes, selon leur espèce, et celle de tout oiseau à l'aile forte et rapide, selon son espèce : et considérant ces choses, LUI-les-Dieux, il avait vu qu'elles seraient bonnes.

    22. Il avait béni ces êtres, et leur avait déclaré sa volonté, disant : propagez-vous et multipliez-vous, et remplissez les eaux des mers ; afin que l'espèce volatile se multiplie sur la terre.

    23. Et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la cinquième manifestation phénomé­nique.

    24. Et LUI-les-Dieux avait dit encore : la Terre émettra de son sein un souffle de vie selon son espèce, animé d'un mouvement progres­sif, quadrupède et reptile, Animalité terrestre, selon son espèce : et cela s'était fait ainsi.

    25. Il avait donc déterminé, Lui, l'Être des êtres, l'existence potentielle de cette Animalité terrestre, selon son espèce, et celle du genre quadrupède, selon son espèce; et considérant ces choses, il avait jugé qu'elles seraient bonnes.

    26.Continuant ensuite à déclarer sa volonté, il avait dit, LUI-les-Dieux : nous ferons Adam, l'Homme universel, en notre ombre réfléchie, suivant les lois de notre action assimilante ; afin que, puissance collective, il tienne universellement l'empire, et domine à la fois, et dans le poisson des mers, et dans l'oiseau des cieux, et dans le quadrupède, et d'ans toute l'animalité, et dans toute vie reptiforme se mouvant sur la terre.

    27. Et Lui, l'Être des êtres, avait créé l'existence potentielle d'Adam, l'Homme universel, en son ombre réfléchie ; en son ombre divine il Pavait créé; et puissance collective, l'avait identifié ensemble mâle et femelle.

    28. Il avait béni son existence collective, et lui avait déclaré collectivement sa volonté, disant : propagez-vous et multipliez-vous; remplissez la Terre et subjuguez-la ; tenez universellement l'empire et dominez dans le poisson des mers, et dans l'oiseau des cieux, et dans toute chose jouissant du mouvement vital sur la Terre.

    29. Et il lui avait également déclaré, LUI-les-Dieux, voici : je vous ai donné, sans exception, toute herbe germant d'un germe inné, sur la face de la Terre entière, ainsi que toute substance portant son fruit propre, et possédant en soi sa puissance sémentielle, pour vous servir d'aliment.

    30. Et à toute animalité terrestre, à toute espèce de volatile, d'être reptiforme se mouvant sur la terre, et possédant en soi le principe inné d'un souffle animé de vie, j'ai donné en totalité l'herbe verdoyante pour aliment. Et cela s'était fait ainsi.

    31. Alors considérant toutes ces choses qu'il avait faites en puissance, comme présentes devant lui, il avait vu, LUI-les-Dieux, qu'elles seraient bonnes selon leur mesure. Et tel avait été l'occident, et tel avait été l'orient, le but et le moyen, le terme et le départ, de la sixième manifestation phénoménique.